Présentation du projet "Le(s) territoire(s) du CRDT"
Voir les autres présentations pour la suite du projet
Dossier complet ici : https://www.researchgate.net/institution/Universite_du_Quebec_a_Rimouski_UQAR
Ouvrage ici : https://www.uqar.ca/uqar/recherche/unites_de_recherche/grideq/edition/parution_territoire_du_crdt.pdf
3. Étudier le
« territoire
du CRDT » ?
Le « territoire du CRDT » renvoie aux injonctions
contradictoires pesant sur la recherche, soit au cœur du
fonctionnement du monde scientifique (Gingras ; Gibbons ; Lamont)
Double enjeu :
– comprendre la production scientifique du CRDT
comme constitutive d’un territoire pratique et
intellectuel propre...
– ... selon une lecture pragmatique des tensions pesant
sur la recherche (autonomie/hétéronomie)
Méthode impliquant deux perspectives complémentaires,
pour rendre compte de ce « territoire »
4. 1ère
perspective
L’espace
intellectuel
Le « territoire » du CRDT est analysé comme le cœur intellectuel d’une
entreprise scientifique,
– différenciée (terrain, objet, paradigme ou théorie)
– mais assurant une convergence de chercheurs vers une connaissance
nouvelle,
– dans le cadre des dynamiques autonomes du champ scientifique
(cf. élucidation, progrès collectif, avancement de la science : Bourdieu)
Cette analyse valorise la tension entre :
– les logiques traditionnelles de constitution d’un champ scientifique
(cf. son organisation nationale, autonome et disciplinaire ;Warren) ,
– et les pressions des sociétés contemporaines (Bernatchez ; Burawoy)
L’approche intellectuelle, traditionnelle pour l’étude de la
science « normale » (Kuhn, 2008), examine le contenu ou la
substance de la production scientifique du CRDT ;
5. 2ème
perspective
L’espace
pratique
Le « territoire » du CRDT est analysé comme le construit résultant des
pratiques scientifiques des chercheurs (communications, publications,
collaborations, vulgarisation, etc.) pour faire tenir ensemble une portion de la
réalité (parmi d’autres possibles).
Il s’agit moins de représenter avec justesse la « réalité » qu’à réaliser des
assemblages de phénomènes hétérogènes (techniques, sociaux et
intellectuels) susceptibles de s’imposer dans la concurrence scientifique pour
leur conférer du sens.
Selon cette approche, la science passe souvent moins par les « grands récits »
et leurs « canons » (pratiques, institutionnels, méthodologiques, intellectuels,
etc.) que par des « petits régimes » précaires, liant des pratiques de traduction
et d’explication (Latour ; Barnes, Hayter), traçant la frontière entre science et
société (cf. l’hétéronomie avant l’autonomie scientifique)
L’approche « réaliste », issue des science studies, se focalise sur les
pratiques « réelles » de la science, en particulier sur la « traduction »
entre des mondes différents (les instruments, les collègues, les alliés,
le public et les liens intellectuels entre eux : Latour ; Barnes)
6. Un
croisement
heuristique
?
Le croisement entre ces deux approches met donc en valeur deux
dynamiques différentes de la production scientifique du CRDT.
Nous les associons dans un pari épistémologique prudent : une
variante « faible » de la science traditionnelle, conçue comme
produisant des « vérités » partielles, c’est-à-dire qui représentent la
réalité avec une relative justesse mais dont l’extension varie en
fonction d’une conception « réaliste » des pratiques de la science.
7. Un
croisement
heuristique
?
L’hypothèse au cœur de cette recherche est que cette combinaison
permet une étude du « territoire du CRDT », en fonction de deux
grandes dimensions de la science :
Conformément aux définitions « réalistes », le « territoire du
CRDT » est un espace pragmatique, créé par les pratiques d’une
entreprise scientifique collective et ses modes de production (cf. les
tensions structurant le « métier » de chercheur et les opérations de
traduction pour faire tenir une entreprise scientifique) - observables
donc partiellement par l’étude quantitative des pratiques de
publication;
Conformément à une acception plus traditionnelle de la
science, le « territoire » du CRDT est un espace intellectuel centré sur
une définition conceptuelle du « développement territorial » ou du
« territoire » ; faute d’état de l’art disponible, l’observation se fera par
une étude bibliométrique de ses productions scientifiques et une
analyse textuelle de leurs titres
9. Problématique
Le CRDT et
les études
québécoises en
dév. territorial
Les synthèses des études régionales québécoises rappellent que diverses tensions en
font un domaine de connaissance structurellement hétérogène :
• Porosité à l’égard des politiques publiques territoriales et des effets de mode : décourage la
cumulativité des connaissances (Côté) et favorise des notions floues et ambivalentes (Jean) ;
• Prédilection pour l’empirie, en dépit d’une connaissance solide des théories nécessaires (Lacour,
Proulx ;Vermot-Desroches) ;
• Effet centrifuge des échanges systématiques avec la littérature spécialisée internationale : fragilise
l’instauration d’une tradition méthodologique et théorique nationale (Polèse ;Vermot-Desroches).
Mais cette hétérogénéité est aussi enrichissante :
• Elle est aussi une force, démontrant la capacité des études régionales à :
• 1) nourrir des échanges entre disciplines,
• 2) produire (aussi) des connaissances « utiles »,
• 3) entretenir des liens substantiels avec le terrain et ses acteurs
• 4) participer à l’internationalisation de la production du savoir
• Elle caractérise les sciences sociales québécoises dans leur ensemble, comme l’illustre le cas de la
sociologie : assez éclatée sous l’effet combiné de l’absence de tradition sociologique consensuelle et
d’une grande ouverture à l’international (Warren ; Fournier)
Il faudrait donc envisager ces tensions comme des forces dynamiques …
10. Problématique
‚
Le CRDT
et ses
tensions
Déplacer le questionnement sur son apport académique autour de la
tension entre :
• leur encastrement dans la société québécoise et ses spécificités (rapport au
terrain et méthodes ouvertes à leurs acteurs)
• la constitution « autonome » d’un corpus intellectuel original (rendu nécessaire
par l’inapplicabilité des modèles théoriques exogènes)
Une entreprise scientifique est donc une instance de gestion de tensions et
de contradictions entre :
• des pratiques autonomiques (ou « pures » au regard des canons traditionnels de
l’université)
• des pratiques hétéronomiques (ou ouvertes à la société environnante)
Il faut donc replacer l’espace scientifique créé par le CRDT au sein du contexte
des sciences sociales québécoises.
11. Problématique
ƒ
Le CRDT, entre
autonomie
scientifique et
encastrement
sociétal
Cette approche dément l’analyse binaire (science « pure » / science
appliquée, disciple « pure » / interdiscipline « achevée », etc.) parfois
privilégiée pour comprendre les transformations actuelles de la
production de la connaissance (cf. Gibbons : modes 1 et 2)
Pour les envisager en termes d’hybridité, de tensions et de
complexité, nous suivrons les propositions de M. Burawoy :
La science est organisée en fonction d’une division du travail
scientifique, produisant différents types de connaissance selon les
réponses apportées à deux questions fondamentales :
« La connaissance pour qui ? »
Son public : académique ou extra-académique
« La connaissance pour quoi ? »
Sa finalité : instrumentale ou réflexive
12. La division
du travail
scientifique
(Burawoy,2009b,p.134)
Public académique Public extra-académique
Savoir
instrumental
(visée : résolution
des énigmes
scientifiques ou
pratiques)
Science professionnelle
(résolution d’énigmes
scientifiques par la production
d’un savoir disciplinaire acquis
par des programmes de
recherches)
Forme pathologique :
enfermement
Science appliquée
(résolution de « problèmes » de
politiques publiques par la
production d’un savoir utile aux
commanditaires)
Forme pathologique :
servilité
Savoir réflexif
(visée : discussion
des finalités et
fondements
scientifiques ou
sociétaux)
Science critique
(discussion de la connaissance
professionnelle par des
programmes de recherche
alternatifs)
Forme pathologique :
dogmatisme
Science publique
(ouverture d’un dialogue sur les
directions de la société)
Forme pathologique :
effets de modes
13. Un projet scientifique est donc un ensemble de
pratiques assemblant des logiques autonomes et
des logiques hétéronomes de production de
connaissance scientifique, avec en particulier :
– des tensions internes et externes qui structurent
chaque mission
– Des capacités différentes pour chaque discipline /
tradition / groupe à opérer des choix stratégiques
en privilégiant un « équilibre complexe » de
manière volontariste et originale entre ces missions
et entre leurs modalités externes et internes.
Ouvre donc à remplacer les catégories
dichotomiques usuelle (modes 1 et 2) par des
catégories assouplies et modulables.
Source : Fournis, adapté de Burawoy, 2009a, p. 876
La « mosaïque disciplinaire »
15. Le corpus
Les
publications
du CRDT
Publications des membres
Telles que recensées dans les rapports annuels présentés au FRQSC
(sur la base des fiches individuelles)
Période : 2003-2014 (11 ans - depuis la création du centre)
Effectif total : 1062 publications - moyenne de 88,5 par an
16. Démarche
décembre 2015
à
février 2016
• Recension des références bibliographiques
à partir des rapports annuels
• Saisie des données bibliographiques (Zotero)
• Conversion (Excel)
• Analyse de données statistique (Excel)
• Analyse lexicale (IRaMuTeQ)
17. Caractères
observés
POUR CHAQUE RÉFÉRENCE :
Type de publication
(RAC, COC, livre, direction de livre ou revue, actes de colloques, rapports, revue sans comité)
Année de publication
Nombre d’auteurs ayant collaboré
Institution de rattachement des auteurs membres
Langue et pays de publication
Titre
Deux périodes de 6 ans : 2003 à 2008 et 2009 à 2014
19. JEUDI
Le projet « Le(s) territoire(s) du CRDT »
Premier volet : L’espace intellectuel
Champ, objets et influences des territoires
– Présentation - Quelques réponses du CRDT
– Tables rondes - Le CRDT : héritages et spécificités ?
– Tables rondes - Les pôles : entre territoires et pratiques ?
– Retour en plénière - Conclusion
20. VENDREDI
Projets Nouvelles initiatives
Deuxième volet : L’espace pratique
Les pratiques de production et de diffusion du CRDT
– Créneau pour répondre au questionnaire
– Présentation - Le(s) territoire(s) scientifique(s) du CRDT
– Tables rondes
– Retour des tables rondes et synthèses
21.
22. Bibliométrie
en sciences
sociales
quelques
obstacles
Permet la mise en valeur de quelques tendances structurelles de la
transformation des modes de production scientifique.
Mais, les banques de données sont d’un intérêt limité en SHS. Deux points :
(1) Absence de consensus pour classer les revues et les disciplines :
Décisif pour l’étude d’un sous-champ peu identifié, qu’il soit interdisciplinaire ou
émergeant (productions publiées dans des revues correspondant à plusieurs
disciplines, éventuellement classées différemment selon les banques de
données).
(2) Construction proche des sciences dures et naturelles, elles sont centrées sur :
– les pratiques de publication (par ex. privilégiant RAC vs. ouvrages)
– des objets privilégiés ( "universels" vs. objets locaux)
– certaines langues de diffusion (l’anglais), sous-estiment les publications des
chercheurs franco-canadiens (ex. Web of Science - Erudit, Larivière et Malacuso
(2011))
Cela oblige à compléter les données des banques pour prendre en compte les
publications non anglophones, celles consacrées à des objets locaux, et des
types de publications autres.
(Archambault et Vignola Gagné, 2004; Larivière et al., 2006)