Le neuf n’est pas toujours la seule option. Les solutions de « rebuild » et « reman », largement imbriquées, permettent de faire durer les machines. Les constructeurs se sont diversement impliqués dans ces démarches, avec des offres qui peuvent être sophistiquées, et des garanties qui peuvent être supérieures à celle du neuf. Un choix qui est soumis à plusieurs critères.Quelles sont les offres ? Quels sont les critères de choix ? Comment réagissent les clients ?
Reconditionnement des matériels de carrière des composants et des pièces : l'autre solution
1. DOSSIER
À la manière des chats qui ont plusieurs vies, une machine de production peut aussi avoir
une voire deux vies supplémentaires, grâce au programme de reconditionnement que
proposent certains constructeurs. Certes, très peu le mettent en avant, mais on sent la
volonté d’apporter ce service à des clients fidèles dont on sait qu’ils le resteront. Quelques
contraintes doivent être prises en compte, comme la différence de prix entre le
reconditionnement et le prix de machine neuve : l’idéal serait de ne pas dépasser 50 % du prix
d’achat, avec une restauration complète, nécessitant la mise à nu du châssis pour réparer les
fissures. Il est même possible de changer ce qui peut paraître accessoire – mais qui ne l’est
pas forcément – comme les flexibles d’hydraulique, le joystick et le siège du conducteur,
puisqu’il s’agit de repartir pour une durée de vie au moins équivalente et avec une garantie
identique à celle d’une machine neuve. Si du moins la logique recherchée est de préserver un
matériel plutôt que l’investissement réalisé.
Et puis il faut veiller à ce que la machine n’ait eu aucune casse, que ses organes fonctionnent
correctement, et qu’il est toujours possible d’effectuer des mesures d’usure.
Bref, c’est avec de grosses machines qu’il est plus judicieux d’effectuer ce genre
d’opération… histoire de retomber sur ses pattes.
RECONDITIONNEMENT
DES MATÉRIELS ET DES PIÈCES
42 n°260 • Juillet-août 2018•
mc260_Mise en page 1 25/07/18 17:42 Page42
2. L’alternative au neuf
Reconditionnement
des matériels et des pièces :
l’autre solution
Le neuf n’est pas toujours la seule option. Les solutions de “rebuild” et de “reman”, lar-
gement imbriquées, permettent de faire durer les machines. Les constructeurs se sont
diversement impliqués dans ces démarches, avec des offres qui peuvent être sophisti-
quées, et des garanties qui peuvent être supérieures à celle du neuf. Un choix qui est
soumis à plusieurs critères.
D
éfaut de financement pour acheter une
machine neuve, désir de garder un engin
d’une ancienne génération plus “simple” et
que l’on connaît, nécessité de disposer d’une machine
alors que les délais de livraison de la nouvelle sont très
longs, remplacer un tombereau rigide en conservant
l’homogénéité d’une flotte de plusieurs camions de la
même génération, maintien d’une chargeuse d’une
génération précédente avec des tombereaux “anciens”,
mais aussi démarche purement économique, etc. Le
recours au reconditionnement a bien des motifs.
Le reconditionnement des matériels de génie civil, ce
sontle“rebuild”etle“reman” :ondoitcevocabulaire,
couramment utilisé, à Caterpillar, initiateur de ces
offres dans le secteur.
Caterpillar : trois niveaux
« C’est en effet une idée de Cater-
pillar, mais opérée par les conces-
sionnaires, dont Bergerat Mon-
noyeur depuis 2008 », précise
François Carrier, responsable des
marchés carrières et terrassement,
chez Bergerat Monnoyeur. Le
concessionnaire français de
Caterpillar offre trois niveaux de
reconditionnement : le CPT
(Certified PowerTrain), le CPT+,
et le CCR (Cat Certified
Rebuild). Comme son nom l’in-
dique, le premier porte sur la
chaîne cinématique, moteur, convertisseur, boîte de
vitesses, réducteurs… « On peut y ajouter d’autres
interventions, souvent sur la cabine », explique Tony
Simoes, responsable marketing service chez Bergerat
Monnoyeur. C’est le CPT+. Le CCR comprend un
démontage complet de la machine et un grenaillage
du châssis. 95 % des opérations de Bergerat sont du
type CPT+. Les pelles, de la 319
à la 390, bénéficient d’un pro-
gramme de reconditionnement
spécifique (le CHR, Certified
Hydraulic Rebuild), axé sur les
composants hydrauliques.
Les machines qui ont fait l’objet
d’un “rebuild” bénéficient de la
garantie constructeur de 36 mois
ou 6 000 heures. La majorité des
opérations de “rebuild” sont opé-
rées dans les ateliers de Bergerat
Monnoyeur, mais elles sont pos-
sibles chez le client, « une
DOSSIER
43Juillet-août 2018 • •n°260
« Pour amortir un “rebuild”
important, il faut être sûr
d’utiliser la machine pendant
toute sa deuxième vie. »
François Carrier,
Bergerat Monnoyeur
DR
« À la fin de leur première vie,
le nombre de pièces épuisées
dans les pelles est important.
Aussi le “rebuild” atteint
rapidement le prix du neuf. »
Tony Simoes, Bergerat Monnoyeur
DR
Dans les ateliers de
Bergerat Monnoyeur
à Bruxelles :
trois possibilités
de révision sont
proposées : CPT
(révision de la chaîne
cinématique), CPT+
(révision de la chaîne
cinématique +
équipements
supplémentaires),
CCR (révision
complète
de la machine).
m&cm&c
mc260_Mise en page 1 25/07/18 17:42 Page43
3. Volvo CE : les concessionnaires français
en tête dans le reconditionnement
Sur le stand Volvo CE à Intermat, on a pu voir une chargeuse sur pneus
L90E de 2004 (15 850 heures de service) ayant bénéficié du programme
de reconditionnement réalisé par le concessionnaire Cimme Sodimat,
installé à Soissons.
Ce programme, appelé Certified Rebuild Program, a été initié en 2016. Il
se décline en trois volets allant crescendo vers le reconditionnement
complet d’une machine. Le premier niveau, Certified Powertrain Rebuild,
permet d’intervenir sur le groupe motopropulseur afin de ramener la
consommation de carburant de la machine à un niveau équivalent à ce
qu’il était lors de sa mise en service. Des organes sont remplacés dans le
cadre du programme d’échange standard Volvo Reman par des pièces
identiques, refaites à neuf, dans les usines du groupe.
Le second niveau, Certified Hydraulics Rebuild, concerne les pelles (sur
roues comme sur chenilles) d’un poids en ordre de marche supérieur à
12 tonnes. Il vise à restaurer le système hydraulique afin de redonner
plus de productivité à la machine et des temps de cycles plus rapides.
Le dernier volet de ce programme, Complete Machine Rebuild, envisage
la reconstruction complète de la machine, y compris en intervenant sur
le groupe motopropulseur et sur l’hydraulique, avec – au final – la
réfection de la peinture. C’est de ce programme qu’a bénéficié la
chargeuse sur pneus L90E qui était présentée à Intermat.
Le reconditionnement intégral a l’avantage de faire bénéficier la
machine des dernières mises à jour sur certains organes, qui ne sont
accessibles que sur les modèles récents. Volvo a désormais intégré sur
ces machines refaites à neuf l’outil CareTrack qui permet d’optimiser le
fonctionnement de la machine grâce à des rapports sur la
consommation de carburant, avec les surconsommations, les ralentis, et
sur l’efficacité du conducteur pour identifier son besoin en formation.
Ces trois programmes visent à améliorer l’efficacité opérationnelle des
machines pour que leurs propriétaires maîtrisent mieux les coûts
d’exploitation. Ils sont réalisés par un concessionnaire de Volvo CE.
En Europe, la France est le pays où les concessionnaires Volvo CE ont
réalisé « une belle performance », avec 30 reconstructions ayant bénéficié
du programme Complete Machine Rebuilt, depuis sa mise en place.
demande rare », précise Tony Simoes. Depuis
2012, Bergerat Monnoyeur a “remanufacturé”
35 machines par an, en moyenne.
“Reman” et échange standard
Avecsonoffre“Reman”Caterpillarproposedes
composants reconditionnés. « C’est une offre
mondiale, commente Tony Simoes, responsable
marketing service. Nous y avons ajouté une offre
d’échange standard Bergerat pour le marché fran-
çais. Nous disposons ainsi d’un stock et si vous me
demandez un moteur de 980 H, je vous réponds :
j’en ai un et vous l’aurez dans les 24 heures. ». S’il
le souhaite, le client peut demander le recondi-
tionnement de son propre sous-ensemble, mais
ce type de demande diminue, constate Tony
Simoes. C’est le service « apparenté échange
standard».
Le CTR (Centre technique de rénovation) de
Bergerat, situé à Brie-Comte-Robert (77) a
traité478élémentsen2017,dont150moteurs
et une centaine de boîtes de vitesses.
Les pièces “reman” de Caterpillar sont garanties
12 mois, contre 18 mois pour les échanges stan-
dard de Bergerat Monnoyeur. « Nous avons
confiance dans notre système », dit Tony Simoes.
Lespiècesremanufacturéescoûtentdel’ordrede
60%à80%duprixduneuf.
Liebherr : reconditionnement
à la carte
ChezLiebherr,iln’yapasde
“rebuild” total, mais une
offre qui peut aller jusqu’à
un “rebuild” partiel. La stra-
tégie “reman” de Liebherr
s’appuie sur les prestations
d’un “centre de
compétences”,
situé à Ettlingen
(Allemagne), site
pilote qui traite
les composants
de matériels de
chantier (moteurs et hydraulique), mining
(moteurs en V), mais aussi grues mobiles et
grues portuaires (treuils, etc.). « Notre offre
comporte trois niveaux », explique Philippe
Hoerner, expert produits chez Liebherr
France :«l’échangestandard»decomposants,
la«révisiongénérale»etla«réparation».Les
pièces qui font l’objet d’un échange standard,
provenant de l’usine d’Ettlingen, coûtent envi-
ron 75 % du prix du neuf et bénéficient de la
même garantie. La révision générale s’appuie
sur une expertise de la machine, et fait l’objet
d’un devis tenant compte de la durée de la
seconde vie escomptée par le client. Ce sont les
pièces de la machine qui seront recondition-
nées. Cette opération revient à 50 % du prix
DOSSIER
44 n°260 • Juillet-août 2018•
Volvo CE propose
le programme
Certified Rebuild
Program
depuis 2016.
VolvoCEVolvoCE
« Nous dimensionnons
nos interventions en fonction
du nombre d’heures
souhaitées pour la machine. »
Philippe Hoerner,
Liebherr France
MichelRoche
mc260_Mise en page 1 25/07/18 17:42 Page44
4. du neuf et la garantie est identique à celle du neuf.
Dans l’option “réparation”, les composants sont ana-
lysés dans le centre de compétences “reman” d’Ettlin-
gen. Les réparations finales sont effectuées après la
validation par le client de son devis personnalisé.
Les prestations “reman” de Liebherr France portent
surtout sur des pelles hydrauliques. À signaler un
reconditionnementlourdparLiebherrFrancededeux
pelles de carrière de 70 t. « Ces machines, un peu surdi-
mensionnées par rapport à leur tâche, n’avaient pas de
problème de structure », commente Philippe Hoerner.
Objectif : 20 “rebuild” par an
pour le réseau Volvo
« Notre offre est adaptative selon la durée de vie souhai-
tée par le client pour sa machine », explique Cyrille
Freisse, le directeur des services de Volvo CE Europe
SAS. La France et la Grande-Bretagne ont été les pré-
curseurs dans leur demande d’une
offre “rebuild” de la part de Volvo
CE, explique le responsable.
L’offre de Volvo CE, inaugurée en
2013, s’étend du reconditionne-
ment complet au reconditionne-
mentpartielavecunminimumde
deux gros composants à changer
(moteur plus boîte de vitesses,
boîte de vitesses et ponts, etc.).
Volvo a une offre spécifique pour
les pelles hydrauliques (pompes,
distributeurs, vérins, etc.) Les
machines reçoivent des compo-
sants reconditionnés dans deux sites : Flen (Suède)
pour les moteurs de plus de 7 l, Limoges (87) pour les
moteurs en dessous de cette taille, une partie des
boîtes de vitesses des tombereaux articulés, etc.
L’unitédeLimogesestégalementdotéed’unatelierde
reconditionnement des filtres à particules, qui s’ap-
puiesurl’expériencedeVolvoTrucks.Lescomposants
installés dans les machines reconditionnées bénéfi-
cient d’une garantie de 3 ans ou 5 000 heures, à com-
parer avec les 2 ans de garantie des composants neufs
(sans extension de garantie) ou pour les composants
“reman” montés soi-même. Deux des distributeurs de
Volvo CE, Kléber Malécot et Cimme-Sodimat, opè-
rent en France 10 à 12 reconditionnements de
machines par an. La totalité du réseau devra être
agréée pour cette tâche avant la fin de l’année 2019.
« Notre objectif est d’au moins deux rebuild par distri-
buteurdit“débutant”,quatrepourlesexpérimentés,soit
une vingtaine en vitesse de croisière annuelle », détaille
Cyrille Freisse.
DOSSIER
45Juillet-août 2018 • •n°260
SMBP : un client habitué
Christian Laye, le patron de la SMBP, est un habitué du
“rebuild” de Bergerat Monnoyeur. « C’est
intéressant pour les chargeuses à partir d’une
certaine taille. On le fait au moins une fois. On
change les moteurs, ponts, les réducteurs, les
commandes finales, etc., à partir de 17 000 h
sur des 980 sur lesquelles on n’a rien dépensé.
Cela nous coûte 220 000 à 230 000 € pour
une machine qui est vendue 400 000 €
neuve ». Le carrier a aussi totalement reconditionné trois 771
à 12 000 -13 000 h, âgés de 4 ans. « Pour des machines qui coûtent plus
de 550 000 €, le “rebuild” est sur la base de la moitié. Et l’on profite,
du démontage pour changer des pièces peu accessibles, renforcer le châssis
des tombereaux… Tout se fait chez nous, bien sûr. » Et d’ajouter : « On part
sur une garantie de 3 ans, et on économise de l’argent pour l’achat de
machines supplémentaires. »
Christian Laye, SMBP :
« On a fait un “rebuild” sur une
330 Caterpillar. Ça ne vaut pas
le coup. Il y a trop d’usure. »
m&c
« Nos pièces “reman”
sont systématiquement
dotées des dernières
évolutions techniques. »
Cyrille Freisse,
Volvo CE
MichelRoche
Contrôle sur
un bloc moteur
réusiné à l’usine
Liebherr d’Ettlingen
en Allemagne.
Liebherr
mc260_Mise en page 1 25/07/18 17:42 Page45
5. nous demandent des devis de prolongation de vie pour
des machines de moindre tonnage, comme des tombe-
reaux HD 405, sans doute pour comparer avec le prix
du neuf, sous la pression des restrictions de crédit »,
complèteXavierVidal.Lespiècesremanufacturéesde
Komatsusontgaranties24moisou10 000h(compo-
sants majeurs).
Le concessionnaire Sami TP :
pas de stratégie mais…
« Notre métier, c’est d’abord de vendre des matériels
neufs et de revendre les reprises sur le marché de l’occa-
sion », dit Frédéric Hermant, le
directeur général de Sami TP Arc
Atlantique. « Je ne suis pas force de
proposition mais j’écoute les
demandes des clients. Nous avons
coutume de remplacer des compo-
sants importants. Nous
sommes de plus en plus
présentsdanslescarrières,
et l’un de nos clients,
Colas Centre-Ouest, nous
a demandé de recondi-
tionner un HD 605 qui
affichait 16 000 h. Nous
formons au maximum nos personnels et nous en
recueillons à présent les bénéfices pour notre stratégie de
service. Le client s’est déclaré très satisfait », dit Frédéric
Hermant. « Nous avons photographié les opérations au
jourlejouretnouslespublieronssurnotresiteInternet.»
Pour les « grosses » machines
« Le prix d’un reconditionnement total d’une machine
chez Bergerat Monnoyeur (CCR) est de l’ordre de 65 %
du prix de la machine neuve », explique Tony Simoes.
DOSSIER
46 n°260 • Juillet-août 2018•
Entreprise Charier :
« On décide au coup par coup »
« Nous décidons au cas par cas, en fonction du potentiel de vie
restante de nos machines, en regardant le neuf, voire l’occasion et
le reconditionnement », déclare Bruno Baerst, de la direction
matériels et achats Charier CM. Le carrier fait appel au service
“rebuild” de Bergerat Monnoyeur pour des bouteurs D6, D8,
D10 et pour des tombereaux rigides. « Cette année, nous allons
le faire pour une chargeuse 980 ». Le carrier utilise aussi des
pièces reconditionnées par les constructeurs : « C’est comme
pour le rechapage des pneus, on préfère le nominatif. Mais on est
parfois déçus par les pièces “reman” car la durée de vie n’est pas
ce que l’on escomptait ». L’entreprise Charier fait aussi appel au
“sourcing” d’Haladjian. « Mais il n’est pas évident de faire
monter ces pièces par des techniciens de Bergerat Monnoyeur… ».
Bruno Baerst,
Entreprise Charier :
« On est parfois
déçu par la durée
de vie des pièces
remanufacturées. »
DR
L’approche par composants
de Komatsu
« Faute d’un parc suffisant dans les catégo-
ries concernées, nous n’avons pas d’offre cali-
brée pour le reconditionnement de nos
machines », explique Xavier Vidal, direc-
teurtechniquedeKomatsuFrance.«Nous
avons une approche par composants :
moteur, alternateur, démarreur, radia-
teur ». La filiale française du constructeur
japonais s’appuie sur une offre de pièces
remanufacturées dans une usine située en
Indonésie. « Nous nous adaptons au
client », ajoute Xavier Vidal. Les interven-
tions de Komatsu France demeurent peu
nombreuses, un moteur par an environ.
« Depuis quelques temps, certains clients
« Depuis quelques temps,
certains clients nous
demandent des devis pour
des machines de moindre
tonnage, sans doute pour
comparer avec le prix
du neuf, sous la pression
des restrictions de crédit. »
Xavier Vidal,
Komatsu France
DR
« Nous formons au maximum
nos personnels et nous
en recueillons à présent
les bénéfices pour notre
stratégie de service. »
Frédéric Hermant, Sami TP
MichelRoche
Komatsu effectue
une approche
par composant.
m&c
mc260_Mise en page 1 25/07/18 17:42 Page46
6. Lesformulespluslégères(CPTetCPT+)descendent
à 35 %-40 % du prix du neuf.
L’addition est lourde, mais les captives financières,
celle de Caterpillar comme celle de Komatsu, peuvent
financer le reconditionnement d’une machine,
comme l’achat de pièces remanufacturées.
Selon l’avis général, les matériels concernés doivent
dépasser un certain tonnage, et un certain nombre
d’heures.ChezCaterpillar,cesonttouslesmodèlesde
décapeuses, mais au minimum le D6 pour les bou-
teurs, le 740 pour les tombereaux articulés, pour les
chargeusesdela966àla994(ilyenauneenBelgique,
zone de chalandise de Bergerat Monnoyeur). Au-delà
de 80 t pour les pelles, de 60 t de charge utile pour les
tombereaux, dit-on chez Komatsu. Les grosses
machines étant assez rares en France, les premiers
matériels concernés sont les tombereaux rigides. Ils
constituent 35 % des matériels concernés par le
“rebuild” de Bergerat, devant les chargeuses 988 et
plus (15 %), les chargeuses de 950 à 982 (12 %), les
compacteursdedéchets(10%),lesbouteurs(8%),les
pelles (7 %) les tombereaux articulés (7 %).
Côté Volvo CE, ce sont principalement des tombe-
reaux articulés de type A25 ou A30 et des chargeuses
(L150, L180, L220), « en attendant les rigides
Volvo CE »… explique Cyrille Freisse.
Amortir les interventions ?
Pour une somme globale de 140 % à 165 % du prix de
la machine neuve, on peut l’utiliser pendant deux vies,
avec en outre une garantie supérieure à celle du neuf !
Exemple détaillé par Tony Simoes : « Le déclencheur,
c’est une chaîne cinématique à refaire. Sur un 775, à
20 000 h (environ 3 ans), un CPT+ reviendra à
300 000 €, à comparer au prix du neuf, à savoir
600 000 €, pour une deuxième vie, sachant que Cater-
pillar l’a conçu pour trois vies ». Le recours à un
deuxième “rebuild”, pour une troisième vie de la
machine,mêmesielleestprévueparlesconstructeurs,
expose l’exploitant à se priver des évolutions impor-
tantes intégrées dans les nouvelles générations de
matériels.
Il y a une contrainte, le délai demandé pour un
“rebuild” complet : il est de 11 à 12 semaines pour un
CCRcompletsurunetrèsgrossemachine(777,992),
de 7 à 8 semaines sur les CPT de base à partir de la
chargeuse966,pourprendredesexemplesdeBergerat
Monnoyeur.
Et il y a aussi un risque : « Si l’on doit revendre le maté-
riel avant la fin de la deuxième vie, sa cote d’occasion
n’amortira pas le prix du reconditionnement »,observe
François Carrier.
Haladjian : le circuit court
Haladjian s’intéresse au marché des pièces remanu-
facturées. « Nous intervenons surtout en milieu de
première vie des machines, vers 9 000 –
12 000 h, voire un peu plus pour les maté-
riels de carrière, explique Jérôme Labbé,
directeur pièces chez Haladjian. Si nos
clients le souhaitent, tout comme certains
constructeurs de machines, nous pouvons
commander directement des
composants “reman” auprès des
motoristes, comme Cummins,
Perkins, et d’autres. De même
pour l’hydraulique. » n
Michel Roche
DOSSIER
47Juillet-août 2018 • •n°260
Bia reconditionne en Afrique
Déjà possesseur d’un atelier spécialisé dans le
reconditionnement des composants à Dakar
(Sénégal), Bia Africa, le distributeur de
Komatsu dans 20 pays africains, va se doter
de deux nouveaux ateliers, l’un en Zambie,
l’autre au Burkina Faso. « Ces installations vont
nous permettre de reconditionner les
composants des machines de nos clients dans de
bonnes conditions, en complément des pièces
“reman” disponibles chez Komatsu », explique
Éric Perben, le directeur général de Bia Africa.
Le concessionnaire rénove, jusqu’au reconditionnement complet, des
flottes entières suite à des contrats qui le lient à ses clients miniers. Ces
composants, souvent de taille et de poids imposants, sont montés chez
le client. En cours, la rénovation de 80 machines en Zambie (PC 5500,
HD 860 et HD 960, D 374 et D 475, GD 825), etc. Bia va développer cette
offre pour des machines qui atteignent les 20 000 h en 3 à 4 ans : « Nous
avons encore sous contrat une PC 3000 qui affiche 53 000 h ! », annonce
Éric Perben.
Eric Perben, Bia :
« Le reconditionnement des
machines est toujours opéré
chez nos clients miniers. »
MichelRoche
« Nous nous adressons
directement aux programmes
“reman” des fabricants
de composants. »
Jérôme Labbé, Haldajian
MichelRoche
Rebuild lourd :
un tombereau
articulé Caterpillar
740 “désossé”
dans l’atelier
de Verneuil-sur-
Seine (78)
de Bergerat
Monnoyeur.
D
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