Architecture des royaumes de taïfa
L'architecture des royaumes de taïfa est
l'architecture qui succéda au XIe siècle en
al-Andalus à l'architecture omeyyade après
l'éclatement du Califat de Cordoue en une série
de royaumes appelés "royaumes de factions"
ou "royaumes de taïfa".
Il reste très peu d'édifices de cette période :
taïfa houdide de Saragosse :
palais de l'Aljaferia, un témoin exceptionnel de cette
période
taïfa ziride de Grenade :
Porte d'Elvira
Bañuelo de l'Albaicín
Aux alentours de l'an 1000, la population musulmane d'al-Andalus
était constituée de trois factions ethniques :
la faction dite "autochtone", regroupant les muladis, descendants
des habitants originels de la Péninsule ibérique. Ils formaient la
majorité des habitants d'Al-Andalus.
la faction dite "arabe" regroupant les Arabes proprement dits, les
descendants des Berbères ayant participé à la conquête
musulmane au VIIIe siècle ainsi que les descendants des chrétiens
convertis
la faction berbère constituée des descendants des mercenaires
berbères recrutés par le Califat de Cordoue durant le Xe siècle
la faction Saqāliba constituée de mercenaires et d'esclaves slaves
utilisés comme garde prétorienne par le Califat.
Lorsque le Califat de Cordoue s'effondra en 1031, al-Andalus
éclata en une série de royaumes contrôlés chacun par une de ces
factions ethniques et appelés pour cette raison "royaumes de
factions" ou "royaumes de taïfa".
Malgré cette filiation directe, l'architecture de
l'époque des royaumes l'originalité du palais de
l'Aljaferia à Saragosse.
L'arc
outrepassé
brisé
Le grand
arc
polylobé
brisé
L'arc recti-
curviligne
L'arc outrepassé brisé a été repris par l'architecture
almohade, l'architecture nasride et l'architecture
musulmane en général.
Le grand arc polylobé brisé a été repris par
l'architecture almohade (niveau inférieur de la
Giralda de Séville) et par l'architecture mudéjare :
il orne en abondance le Patio de las Doncellas
(Cour des Demoiselles) de l'Alcazar de Séville.
L'arc recti-curviligne se développa très fort dans
l'architecture almohade et devint "arc à
lambrequins"2 : ce type d'arc orne la travée centrale
des quatre étages supérieurs de la Giralda de
Séville ainsi que le portique du Patio del Yeso à
l'arrière de l'Alcazar de Séville.
L'Aljaferia est un palais fortifié construit durant la
seconde moitié du XIe siècle, à l'époque d'Al-Muqtadir,
à Saragosse, en tant que résidence des rois Bani Hud.
Elle reflète la splendeur de la taifa de Saragosse au
moment de son apogée politique et culturelle.
Après la reconquête de Saragosse en 1118 par
Alphonse Ier le Batailleur, le palais servit de résidence
aux rois chrétiens d'Aragon, dont l'Aljaferia devint le
principal élément de diffusion de l'art mudéjar
aragonais. Il devint la résidence royale de Pierre IV le
Cérémonieux. Postérieurement, en 1492 fut menée la
reconversion des appartements de l'étage principal en
palais des rois catholiques.
En 1593 fut mise en chantier une autre
reconversion qui en fit une forteresse militaire,
dans un style Renaissance (que l'on peut
observer dans l'environnement, les fossés et les
jardins), et plus tard encore, une caserne. Le
palais eut encore à subir d'autres
transformations et déprédations, en particulier
durant le siège de Saragosse de la guerre
d'Indépendance, jusqu'à sa restauration dans la
seconde moitié du XXe siècle. Le palais est
actuellement le siège des Cortes d'Aragon.
Son état actuelle :
À l'origine, la construction fut menée à
l'extérieur de l'enceinte romaine, sur
l'esplanade appelée La Almozara, où les
musulmans s'entraînaient à de grandes parades
militaires. Avec l'expansion de la ville, le palais
se trouva peu à peu inclus dans le tissu urbain.
On a pu cependant aménager une étroite zone
paysagée qui l'isole, entre autres, de l'autoroute
voisine.
Le palais est située en espagne dans la commune de saragosse
1) Pont
2) Fossé
3) Porte d’entrée
4) Muraille musulmane
5) Cour de Saint Martin
6) Chapelle de Saint Martin
7) Tour du Trouvère
8) Oratorie ou mosquée
9) Cour de Sainte Isabelle
Zone aménagée pour
le siège du Parlement ( les
« Cortes de Aragón » )
10)Rez-de-Chaussée :
salle du palais islamique ;
1er étage, salles des
RoisCatholiques ;2ème étage,
salles
du palais chrétien
médiéval
11)Cour d’armes
12)Casernes de Charles III
13)Tours néogothiques de 1868
14)Hémicycle
Zone monumentale
L'Aljafería de Saragosse fut déclarée Monument National
d’Intérêt Historico-Artistique le 4 juin 1931. Malgré tout, en 1947 encore,
elle se présentait comme un épouvantail lamentable couvert de haillons, selon
l’expression de l’architecte Francisco Íñiguez Almech, qui plus de trente ans
durant, entreprit un lent et minutieux travail de rachat qui, après sa mort
en 1982, fut poursuivi par les architectes Ángel Peropadre Muniesa, Luis
Franco Lahoz et Mariano Pemán Gavín.
A tout ceci, il convient d’ajouter l’installation du Parlement
d’Aragon dans une partie de l’ensemble monumental, les travaux ayant
été dirigés depuis 1985 par les architectes Franco et Pemán.
En 2001, le mudéjar d’Aragon fut déclaré Patrimoine de
l’Humanité par l’UNESCO.
Valeurs Historiques
Son importance réside en ce qu'elle est l'unique témoignage conservé
d'un grand édifice de l'architecture islamique en Espagne à l'époque des Taifas.
Avec la mosquée de Cordoue (Xe siècle) et le chant du cygne de la culture
islamique que fut l'Alhambra de Grenade (XIVe siècle), nous devons inclure dans
la triade de l'architecture hispano-musulmane l'Aljaferia de Saragosse comme
parfait exemple de réalisation de l'art taifa (es) de la période intermédiaire des
royaumes indépendants antérieurs à l'avènement des almoravides.
Valeurs Esthitiques
Ce palais, avec son décor de stucs peints, est le reflet de la splendeur
atteinte par le royaume-taifa de Saragosse.
Les aménagements et agrandissements continus, du XIIe siècle au
XIVe siècle, furent le principal foyer de rayonnement et d'inspiration de l'art
mudéjar aragonais.
De structure quadrangulaire, l'enceinte est composée de grosses tours
semi-circulaires, à l'exception de l'une d'entre elles, rectangulaire, nommée « tour
du Troubadour » (Torreón del Trovador).
-BORRÁS Gualis, Gonzalo, «La ville islamique»
-CABAÑERO SUBIZA, Bernabé et alt., La Aljafería, Zaragoza, Cortes de
Aragón
-SEBASTIAN Exposito -Le Temple d'Or de la Aljafería, Saragosse, Institut
d'études islamiques