#VENDEE_GLOBE #NUTRITION
✅ Un article qui rappelle l'importance du / de la nutritionniste dans le Sport de Haut Niveau.
⛵ Charlie Dalin a sollicité la diététicienne, diplômée en nutrition du sport, Virginie Auffret pour adapter son programme alimentaire.
Une bonne conservation, une utilisation pratique, un régime adapté aux zones géographiques traversées...
Des plats lyophilisés, des barres énergétiques, des oléagineux, des fruits secs, de la viande séchée (pas de poisson séché ?), quelques produits frais, etc. comme carburant face aux 5K calories dépensés quotidiennement.
1. JOUR DE FOOD
La liste de course au largeQue mange-t-on lors d’un tour du monde en solitaire sans escale et sans
assistance? Avant le grand départ du Vendée Globe, le 8 novembre, le skippeur
Charlie Dalin nous ouvre la cale de son voilier, «Apivia».
PAR CHARLES PATIN O’COOHOON. PHOTOS CHARLOTTE ROBIN/L’ÉQUIPE
P
our tenir bon la barre, Charlie Dalin a dû faire
des provisions. À quelques jours du Vendée Glo-
be, le skippeur d’Apivia a fait un ravitaillement
de poids à bord de son monocoque de 60 pieds
où chaque détail compte. Au total, 160 kg de vic-
tuailles pour boucler les 25 000 milles (près de
50 000 kilomètres) d’un tour du monde en soli-
taire. Parmi les plus de 70 jours de
course en mer, une quarantaine
seront passés sous les 10 °C. Pour
résister aux éléments grâce aux ali-
ments, ce Havrais de 36 ans au CV
fourni* s’est bien entouré. « Je me
suis toujours intéressé au rôle de l’ali-
mentation dans la préparation physi-
que depuis mes études en Angleterre
(il a suivi une formation d’ingénieur et
d’architecte à l’école d’architecture
navale de Southampton). Avant, je m’en
occupais seul, mais le Vendée étant
une course longue et exigeante,
j’ai fait appel à une nutritionniste spé-
cialisée. »
Habituée à suivre d’autres marins
comme Sébastien Josse ou Nicolas
Troussel, mais aussi des sportifs de
tous horizons (les joueurs du
FC Lorient et les rugbymen du
RC Vannes en Pro D2, notamment), la
nutritionniste du sport Virginie Auf-
fret a rejoint l’aventure en mars der-
nier. « Avec Charlie, nous avons
démarré par une enquête alimentaire
à terre pour élaborer ensuite un pro-
gramme journalier en mer. »
« Sur terre, je suis un gros mangeur,
explique Dalin. Je fais attention à mon
alimentation mais j’aime ça. Au petit
déjeuner, je prends des flocons d’avoine, une poignée
d’amandes, une banane et parfois un œuf sur le plat. Pour le
reste, je suis un inconditionnel des glucides, je ne peux pas
imaginerunrepassansféculent.J’aimeaussilescuisinesdu
monde comme le curry vert, le riz sauce soja, le poulet poêlé
au curry… » En mer, le rapport est très différent : l’alimenta-
tion doit jouer le rôle de carburant. « J’aime que le temps
passé devant le réchaud soit efficace. » L’impératif étant que
les aliments aient une bonne conservation et soient prati-
ques d’utilisation. Virginie Auffret a construit un régime de
course rythmé par les différentes zones traversées : chaude,
froide et tempérée.
Dans le paquetage ? Des plats lyophilisés comme un poulet
curry et riz, une tartiflette (pour les mers du Sud) ou un par-
mentier de bœuf stérilisé, des barres énergétiques, des olé-
agineux, des fruits secs, de la viande séchée, sans oublier
quelques produits frais comme des
bananes et du fromage sous vide. Pour
compenser les quelque 5 000 calories
brûlées en moyenne chaque jour, Char-
lie Dalin s’alimentera trois fois par jour,
à 5h30, 15h30 et 22 heures. Et le goût
de l’alimentation en sachet n’a pas l’air
de le gêner : « Les recettes ont beau-
coup évolué. Je les complète avec un
peu d’huile, du parmesan ou des her-
bes.Etpasderisquederoutine,onafait
en sorte qu’un même plat ne revienne
pas plus de cinq fois. »
Sans exclure les petits plaisirs en soli-
taire, que Virginie Auffret appelle « les
doudous alimentaires ». « Je suis dans
ma période viande de bœuf séchée ! dit
Dalin. J’ai eu ma phase chocolat noir,
mais j’en ai trop mangé. C’est comme
une chanson que j’aime bien, j’ai ten-
dance à trop l’écouter. » Pour le récon-
fort, la nutritionniste a aussi prévu une
petite canette de soda et des chips le
vendredi soir. L’alcool ? « Je ne suis pas
très consommateur, j’ai toujours eu un
bateau sec », sourit-il. Il y aura quand
même deux mini-bouteilles symboli-
ques pour certains passages mar-
quants, comme le cap Horn.
S’il a une petite idée de ce qu’il mange-
ra la veille du départ, « sûrement des
pâtesoudupoisson»,CharlieDalinestincapabledeseproje-
ter sur son arrivée aux Sables-d’Olonne. Mais il ne sera cer-
tainement pas contre une bonne salade de pommes de terre
bien fermes. l
* Vainqueur de la Transat AG2R Concarneau-Saint Barthélemy
avec Gildas Morvan en 2012, 2e
de la Solitaire du Figaro en 2015,
championdeFranceÉlitedecourseaulargeensolitaireen2016
et vainqueur de la Transat Jacques Vabre Normandie-Le Havre
avec Yann Eliès à bord de l’Imoca «Apivia», en 2019.
«PAS DE RISQUE
DE ROUTINE, ON A FAIT
EN SORTE QU’UN MÊME
PLAT NE REVIENNE
PAS PLUS DE CINQ FOIS»
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2020
2. Pour compenser les 5 000 calories qu’il brûlera quotidiennement pendant plus
de deux mois, le Havrais de 36 ans s’alimentera trois fois par jour. Au menu :
des plats lyophilisés comme un poulet curry et riz ou une tartiflette, mais aussi
des barres énergétiques, des oléagineux, des fruits secs, de la viande séchée,
sans oublier quelques produits frais comme des bananes et du fromage sous vide.
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