2. 2Prix des parkings
Septembre 2013
Résumé
Alors que le stationnement en centre-ville passe de plus en plus souvent par les parcs de
stationnement payants (37 % des places dans les grandes villes), la croissance incontrôlée des
tarifs (2,5 fois l’inflation entre 1985 et 2005) a interpelé l’UFC–Que Choisir. Dans une démarche
inédite, les prix de plus de 800 parkings, répartis dans 236 villes, ont été relevés.
Le prix moyen d’une heure de stationnement en parking atteint 1,80 €, avec des pics à plus de
5 € à Paris.
Le prix à l’heure est d’autant plus crucial que, dans 54 % des cas, toute heure entamée est due !
Au total, près de 8 parkings sur 10 facturent des tranches horaires indivisibles de trente minutes
au moins.
A l’instar de l’exemple espagnol, une facturation au temps réel de stationnement doit être
instaurée. Celle-ci aurait deux avantages :
- Une économie moyenne de 16,3 % pour les consommateurs ;
- Une plus grande rotation des véhicules, et par suite une amélioration de la fluidité du
stationnement comme de la circulation en voirie.
3. 3Prix des parkings
Septembre 2013
Contenu
I. Etat des lieux des parcs de stationnement _______________________________ 4
1. 650 000 places en parc de stationnement ____________________________________ 4
2. Une réduction continue des places de stationnement en voirie___________________ 4
3. Une hausse des tarifs deux fois et demi plus rapide que l’inflation ________________ 5
4. La concurrence en panne sèche ____________________________________________ 6
II. L’heure de stationnement en parking revient en moyenne à 1,80 € ___________ 7
1. Un prix moyen de la 1ère
heure de 1,80 € _____________________________________ 7
2. Variation des prix entre villes : le grand écart _________________________________ 7
III. Gare à la minute de trop !___________________________________________ 9
IV. Tarification à la minute : économies pour le consommateur et meilleure fluidité
du stationnement______________________________________________________ 10
1. Gain économique : 16,3 % d’économies pour les consommateurs ________________ 10
2. Gain environnemental : améliorer la rotation des véhicules_____________________ 11
V. Méthodologie de l’étude ____________________________________________ 13
1. Relevé des tarifs________________________________________________________ 13
2. Estimation de l’économie réalisable par les consommateurs ____________________ 13
VI. La demande de l’UFC-Que Choisir____________________________________ 15
4. 4Prix des parkings
Septembre 2013
I. Etat des lieux des parcs de stationnement
1. 650 000 places en parc de stationnement
La France compte environ 3 millions de places de stationnement urbaines.
Sur ce total, 1,7 million de places ne sont pas réglementées, et 1,3 million font l’objet d’un
contrôle – que le parking soit payant ou gratuit. On estime que la moitié des places réglementées
sont situées en voirie, l’autre moitié dans un parc de stationnement (aussi appelé ouvrage), qu’il
soit souterrain ou en surface
1
.
La présente étude se concentre sur ces dernières, et cherche à analyser le prix et le mode de
tarification des 600 000 à 650 000 places de stationnement en ouvrage (qui sont le plus souvent
payantes).
2. Une réduction continue des places de stationnement en voirie
En milieu urbain, l’enjeu du stationnement en parking fermé est croissant. En effet, le nombre de
places disponibles en voirie (payantes ou gratuites) ne cesse de se réduire.
Ainsi, 40 % des villes ont « supprimé significativement » des places en voirie entre 2005 et 2010
2
.
A Paris, la diminution a atteint, entre 2001 et 2011, plus de 15 % des places disponibles. Par
conséquent, dans les grandes agglomérations françaises, le stationnement en ouvrage est
devenu un passage obligé pour les consommateurs.
1
Données Fédération nationale des métiers du stationnement
2
Source : CERTU, février 2013 (Stationnement : vers une véritable intégration dans les politiques
urbaines ?)
5. 5Prix des parkings
Septembre 2013
Ainsi, selon une étude du CERTU citée par la FNMS, en moyenne dans dix grandes villes de
France, 37 % des places payantes (donc de centre-ville principalement) sont en ouvrage, et 63 %
en voirie.
3. Une hausse des tarifs deux fois et demi plus rapide que l’inflation
La montée en puissance des parcs de stationnement en France s’est accompagnée d’une
croissance très rapide de leurs tarifs.
6. 6Prix des parkings
Septembre 2013
Ainsi, entre 1985 et 2005 (dernière période connue), le prix d’une heure de stationnement en
parc a plus que doublé (+ 129 %)
3
quand, sur la période, l’inflation générale n’était que de
51,6 %
4
. Le prix des parkings a par conséquent augmenté deux fois et demi plus rapidement que
l’inflation générale.
En 2011, selon Effia
5
, les Français auraient ainsi dépensé 600 millions d’euros pour se garer
dans les parcs de stationnement, paiements à l’heure et abonnements confondus.
4. La concurrence en panne sèche
Le marché de la gestion de parkings est particulièrement concentré en France. Ainsi, Vinci, le
leader mondial du secteur, gère plus du tiers des places de parkings en France (parkings gratuits
et payants confondus). Avec ses deux principaux concurrents (Q-Park et Effia), cette part monte
à plus de 50 %. Conséquence de cette concentration du marché, la France apparaît comme un
pays particulièrement rentable pour les opérateurs privés.
Ainsi, Q-Park, leader européen du secteur, affiche un coût moyen pondéré du capital (CMPC),
indicateur qui reflète la rentabilité attendue par les investisseurs, de 9,1 % en France, contre 8,6 %
seulement en moyenne européenne. A titre de comparaison, le CMPC obtenu par Q-Park est de
8,3 % en Allemagne, et même de 7,9 % en Grande Bretagne !
6
3
Source : CERTU, « 20 ans de politiques de stationnement public dans les villes centres des
agglomérations françaises »
4
Source : INSEE
5
« Le stationnement, enjeu de mobilité urbaine », mars 2013, Fédération des villes moyennes / Effia
6
Source : Q-Park, Annual Report 2012
7. 7Prix des parkings
Septembre 2013
II. L’heure de stationnement en parking revient en
moyenne à 1,80 €
Afin de connaître en détails les prix et les modes de tarification des parcs de stationnement
français, l’UFC–Que Choisir a relevé les tarifs de 826 d’entre deux, répartis dans 236 villes et 77
départements.
1. Un prix moyen de la 1ère
heure de 1,80 €
Sur les 826 parkings enquêtés, le prix moyen de la première heure de stationnement s’élève à
1,80 €.
Les tarifs sont très variables d’un parking à l’autre : les prix relevés varient de 25 centimes à
Saint-Nazaire jusqu’à 5 € ou plus dans certains parkings de Paris. Le prix médian de la 1
ère
heure
de stationnement s’élève quand à lui à 1,60 € : c’est-à-dire que 50 % des parkings enquêtés
étaient plus chers, et 50 % moins chers.
A noter que 3 % des parkings offrent la 1
ère
heure de stationnement.
2. Variation des prix entre villes : le grand écart
Le prix du stationnement en ouvrage varie énormément selon les villes.
8. 8Prix des parkings
Septembre 2013
Les prix moyens constatés sont très variables au sein des grandes villes. Ils dépassent 2,40 € à
Marseille, Toulouse ou Bordeaux, atteignant même plus de 3,30 € à Paris. A l’inverse, à Lyon ou
Lille, l’heure coûte moins de 2 €.
A l’intérieur-même de la capitale, les tarifs font le grand écart. Ainsi, il est possible de se garer
une heure pour 2,20 € à 2,50 € dans les 12
ème
, 13
ème
, 17
ème
, 18
ème
ou 19
ème
arrondissements,
mais le tarif dépassera 4,50 € à 5 € dans les 1
er
, 2
ème
, 7
ème
et 8
ème
arrondissements.
9. 9Prix des parkings
Septembre 2013
III. Gare à la minute de trop !
Les parkings en ouvrage fonctionnent aujourd’hui avec une tarification par tranche horaire, où
chaque tranche entamée est due. En conséquence, un surcoût massif pour le consommateur et
une moins bonne fluidité du stationnement.
Parmi les 826 parkings étudiés, 54 % fonctionnent avec des tranches de tarification d’une heure
pleine. Dans ces cas-là, une durée de stationnement d’une heure et une minute ou de deux
heures auront par exemple un coût identique.
Si la majorité des parkings fonctionnent avec des heures indivisibles, 22 % ont adopté une
facturation par demi-heures, 6 % par tranches de 20 minutes.
La tarification par tranche horaire indivisible, à fortiori quand cette tranche est d’une longue durée,
est déconnectée de la consommation réelle. Cette situation est injuste économiquement pour le
consommateur. Elle est par ailleurs à l’origine d’effets pervers qui nuisent à la bonne fluidité du
trafic et du stationnement.
.
10. 10Prix des parkings
Septembre 2013
IV. Tarification à la minute : économies pour le
consommateur et meilleure fluidité du
stationnement
Les parkings français fonctionnent avec une tarification à la tranche horaire indivisible, dans 54 %
des cas d’une durée d’une heure. Pourtant, en Espagne, ou dans certains parkings de Belgique,
la tarification tient compte de la durée réelle de stationnement : à l’intérieur d’une tranche horaire,
le prix payé s’effectue au prorata du temps de stationnement réel. Par exemple, si l’heure de
stationnement coûte 3 €, quarante minutes ne sont facturées que 2 €
7
.
Cette mesure permettrait d’une part de réduire le coût des parkings, et par ailleurs d’améliorer la
fluidité du stationnement comme de la circulation.
1. Gain économique : 16,3 % d’économies pour les consommateurs
Généralisée en France à l’ensemble des parkings, la tarification à la minute permettrait une
baisse moyenne des tarifs de 16,3 % pour les stationnements de moins de 12 heures.
L’économie réalisée est d’autant plus importante que la durée de stationnement est courte, et
que la tranche horaire indivisible est longue.
Ainsi, l’économie permise par une facturation à la minute atteindrait en moyenne 20,9 % pour les
parkings facturés à l’heure, 14,3 % pour les parkings avec facturation à la demi-heure indivisible,
et 10,4 % pour les parkings fonctionnant avec des tranches de 20 minutes. L’économie se réduit
7
40 min / 60 min *3 €
11. 11Prix des parkings
Septembre 2013
à 10,2 % pour les parkings fonctionnant par tranches de 15 minutes, et à 7,6 % si les tranches
horaires sont de 10 minutes
8
.
L’économie réalisée dépend enfin du temps effectivement passé dans le parking. En effet, plus le
consommateur se situe dans le début d’une tranche horaire indivisible, plus il a à gagner à une
facturation au prorata de son temps réel de stationnement. Par ailleurs, la mesure est plus
favorable aux durées courtes de stationnement, puisque l’économie ne porte par définition que
sur la tranche horaire en cours, et pas sur les précédentes.
Ainsi, dans un parking avec une tarification horaire, l’économie atteint 67 % pour un
stationnement de 20 minutes, 33 % pour un stationnement d’une heure et 20 minutes, et plus que
22 % pour une durée de 2 heures et 20 minutes.
2. Gain environnemental : améliorer la rotation des véhicules
La facturation à la minute, au-delà des économies massives qu’elle générerait pour les
consommateurs, permettrait d’améliorer la fluidité du stationnement, en luttant contre deux effets
pervers de la tarification par tranches indivisibles.
8
Estimations UFC – Que Choisir, à partir des données de durée de stationnement de l'Enquête
Globale de Transport de voyageurs en Ile de France, réalisée en 2009-2010 par le STIF (Syndicat
des Transports d'Ile de France) et exploitées à notre intention par Houda Boujnah, chercheuse
au LVMT (Laboratoire Ville Mobilité Transport, commun à l'Ecole des Ponts ParisTech, à l'Ifsttar
et à l'Université Paris-Est Marne la Vallée)
12. 12Prix des parkings
Septembre 2013
Améliorer la vitesse de rotation dans les parkings
Avec une tarification indivisible à l’heure, les consommateurs ont aujourd’hui une incitation à
occuper leur place de stationnement au maximum, puisque toute heure entamée est due. Cette
logique nuit à la vitesse de rotation des véhicules, et diminue artificiellement le nombre de places
disponibles.
La tarification à la minute permettra au contraire d’augmenter la fluidité du stationnement dans
les parkings, puisque chacun sera incité à n’occuper une place qu’en fonction de son besoin réel
de stationnement.
Fluidifier le trafic en voirie et réduire la pollution en rendant les parcs de stationnement
attractifs pour les arrêts de courte durée
La tarification à l’heure indivisible dissuade les usagers d’utiliser les parkings pour des arrêts de
durée limitée. Une tarification à la minute rendra intéressant un stationnement en ouvrage, même
pour un arrêt de moins d’une demi-heure. Ainsi, des véhicules qui aujourd’hui circulent dans
l’attente d’une place en voirie (aujourd’hui privilégiée pour les arrêts courts) seront sortis de la
circulation grâce à cette mesure. De même, les arrêts sur des emplacements non-autorisés (en
« double-file », par exemple) seront moins nombreux.
La fluidification du trafic en ville sera source d’économies de carburants et d’une moindre
pollution des centres-villes.
13. 13Prix des parkings
Septembre 2013
V. Méthodologie de l’étude
1. Relevé des tarifs
Les prix et les modalités de facturation (tranches horaires) ont été relevés du 30 août au 06
septembre 2013, sur les sites internet des principaux gestionnaires de parcs de stationnement :
Vinci, Q-Park, Effia, Spie Batignolles et SAEMES.
Au total, les informations ont été obtenues pour 826 parkings, répartis dans 236 villes et 77
départements. Elles concernent un total de 365 000 places de stationnement.
2. Estimation de l’économie réalisable par les consommateurs
Pour estimer le gain moyen que représenterait une facturation du stationnement à la minute,
nous avons retenu plusieurs hypothèses :
- A l’intérieur d’une tranche horaire (par exemple entre deux heures et trois heures de
stationnement), les départs s’effectuent d’une manière linéaire : autant d’automobilistes
quittent leur place après 2h05 de stationnement qu’après 2h06 ou 2h50. Une exception a
été retenue pour la première heure, où nous avons supposé qu’aucun automobiliste ne
quittait sa place avant 20 minutes pour les parkings tarifés à l’heure indivisible, et avant
10 minutes pour les parkings tarifés à la demi-heure ou aux 20 minutes ;
- La durée de stationnement dans un parking est supposée la même en région parisienne
(seule région où sont connues ces durées
9
) que dans le reste de la France ;
9
Données de durée de stationnement de l'Enquête Globale de Transport de voyageurs en Ile de
France, réalisée en 2009-2010 par le STIF (Syndicat des Transports d'Ile de France) et exploitées
à notre intention par Houda Boujnah, chercheuse au LVMT (Laboratoire Ville Mobilité Transport,
commun à l'Ecole des Ponts ParisTech, à l'Ifsttar et à l'Université Paris-Est Marne la Vallée)
14. 14Prix des parkings
Septembre 2013
- Le raisonnement est construit à coût horaire moyen constant.
Notre estimation de l’économie moyenne concerne uniquement les consommateurs qui ont
recours à un parking en ouvrage pour 12 heures au maximum, et hors formules d’abonnement.
15. 15Prix des parkings
Septembre 2013
VI. La demande de l’UFC-Que Choisir
La tarification à la minute répond à un double enjeu. De pouvoir d’achat, tout d’abord, en
diminuant en moyenne le coût de stationnement de 16,3 %. D’amélioration du cadre urbain
ensuite, puisqu’en fluidifiant le stationnement dans les parkings comme sur la voirie, il diminuera
le temps d’attente avant de trouver une place disponible et réduira le nombre de véhicules
circulant dans la seule attente d’un emplacement libre, et par conséquent la pollution.
C’est pourquoi l’UFC–Que Choisir appelle les Sénateurs à adopter la tarification à la durée réelle
de stationnement lors de l’examen du projet de loi Consommation, qui débute le mardi 10
septembre 2013 au Sénat.