Nous avons confronté les travaux et résultats de DataCités à l'expérience de 15 praticiens à travers le monde : élus, techniciens, innovateurs ou chercheurs, nous leur avons demandé comment ils comprenaient les enjeux et les mutations en cours pour la transition numérique des villes.
Il en ressort un panorama riche de la diversité de points de vue des personnes que nous avons rencontrées, de leurs expériences et de leurs convictions pour déployer les bénéfices des données au service du bien commun. Et éviter que les citoyens comme les villes ne soient dépossédés d'une source de valeur importante.
3. 16 entretiens réalisés
Energie
Civic tech
Rôle de l’acteur
public &
collectivités
Communs
● Adrien Kantin, consultant chez Yélé Consulting
● Philippe Tessier, ancien animateur du Groupe Energie-Climate de
l'association des Ingénieurs Territoriaux de France, directeur de projet
énergie et environnement à l'UGAP
● Olivier Duhagon, Directeur Régional Pays de Loire chez Enedis
● Laurent Schmitt, Directeur Général chez ENTSO-E
● Stéphane Vincent, executive officer à la 27e Région
● Matt Stokes, Chercheur chez NESTA (projet Digital Social Innovation)
● Danny Lämmerhirt, Chercheur chez Open Knowledge Foundation
● Javier Creux & Mara Balestrini, Ideas for Change
● Michel Briand, professeur à Telecom Bretagne, ancien membre du Membre
du Conseil National du Numérique, élu de Brest à l’aménagement
numérique du territoire
● Isabelle Pellerin, 3ème Vice-présidente - Rennes Métropole en charge de
l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation.
● Jean-Luc Sallaberry, Responsable du Département Numérique chez
Fédération nationale des collectivités concédantes et régies
● Brett Goldstein, chercheur à Université de Chicago (précédemment CDO
Chicago)
● Jean-Marc Lazard, Fondateur d’OpenDataSoft
● Valérie Peugeot, Orange Labs
● Francis Jutand, Deputy Executive Director at Institut Mines-Télécom
● Dominique Cardon, sociologue français
● Tom Symons, Chercheur chez NESTA (projet DECODE)
3
DataCités-CC-BY-SA
5. Introduction
Les experts ont été invités à réagir sur les principales hypothèses émises sur nos 5 axes de travail.
Pour chaque axe de travail, nous allons vous présenter les hypothèses, les schémas partagés et les
principales réactions des experts.
Intérêt général
Alliances
stratégiques
Rôle de l’acteur
public
Rôle des individus
Gestion des données
Explications des
hypothèses et des
schémas
Schémas Réactions des
experts
1
2
3
4
5
5
DataCités-CC-BY-SA
6. Même si tous les cas étudiés dans le benchmark n’en sont pas au sens strict, nous sommes
devant des services d’intérêt général dans une acception large : « des services marchands et
non marchands que les autorités publiques considèrent comme étant d’intérêt général et
soumettent à des obligations spécifiques ». Nos analyses montrent que nous sommes passés
d’une logique où l’acteur public est seul garant de l‘intérêt général à une logique où l’intérêt
général, s’il est toujours porté par l’acteur public, est aussi revendiqué par des acteurs privés et
par des communautés d’individus.
A titre d’exemples :
• Waze vise à réduire la congestion urbaine. Il revendique l’intérêt général à travers la
multitude d’usagers à qui il apporte un service.
• Me SOL Share transforme des particuliers et microentreprises en acteur économique de la
transition écologique avec la mise en place de micro-grids. L’intérêt général est revendiqué
par le lien avec les communautés locales.
• LeTaxi rend compte d’une évolution du maintien de l’intérêt général par l’acteur public, dans
la mesure où l’Etat donne aux opérateurs de taxi les moyens de se battre avec les startups
mondiales comme Uber.
Dès lors, de nouvelles alliances se forment et le rôle des acteurs publics et des individus se
transforment. Nous détaillerons ces points dans les designs suivants.
L’intérêt général largement revendiqué
6
DataCités-CC-BY-SA
7. … challengé par
les acteurs privés,
communautaires
et les usagers
eux-mêmes
Acteur public
Acteurs privés
Usagers
Communautés
Opérateur de
l’intérêt général
Intérêt
général
?!
Intérêt
général !?
Intérêt
général
!?
Basé sur la multitude,
légitimé sur l’usage
Légitimé sur la
proximité avec le
public
Légitimé sur
son mandat
J’ai le
choix...
7
DataCités-CC-BY-SA
8. Verbatims sur l’intérêt général
« Pour moi la légitimité est une vraie question. Est-ce que, étant Google, je suis légitime parce que je fais un
moteur de recherche utilisé par tout le monde ? Appeler cela légitime me semble abusif ou alors … tout
acteur privé qui propose un service, qui fabrique un service est légitime » Est-ce que Europe est un acteur
légitime parce que des gens écoutent l'information qu'ils leur donnent ? Cela ne me semble pas évident. Cette
légitimité peut faire partie d'un acte de communication ou abriter des tentatives de capture, donc la
légitimité nécessiterait pour moi en soi d'être réinterrogée.” Francis Jutand
‘Le garant de l’intérêt général, c’est quand même bien l’acteur public, c’est son
mandat. Après, que des acteurs privés y participent, c’est clair, notamment dans les
DSP. Usagers porteurs d’intérêt général ? Je ne vois pas très bien, si c’est le cas d’Uber
qui se revendique de l’intérêt général, je trouve ça abusif, alors dans ce cas, l’épicier
du coin est aussi le représentant de l’intérêt général. » Philippe Tessier
« Oui, nous sommes dans une ouverture. Oui de nouveaux acteurs
s'immiscent. Un groupe d'acteurs est pourtant absent de ce schéma.
Il y a quelque chose qui se joue en France du côté de l'ESS. Nous
disposons chez nous d'un tissu coopératif et associatif, ne serait-ce
que parce qu'ils présentent les garanties de soutenabilité, de
légitimité, d'inclusivité, qu'ils ont une approche éthique en ligne
avec l'intérêt général » Stéphane Vincent
« Il faut rajouter
les acteurs de
l'Économie Sociale
et Solidaire »
Adrien Kantin
“L’acteur public demeure le garant de l’intérêt général. Nous
sommes des représentants des citoyens, élus par les citoyens.
Le risque de ce qui se présente comme de l’intérêt général soit de
l’intérêt particulier. La présence de la collectivité et des
représentants démocratiquement élus des citoyens d’un territoire
c’est important. “ Isabelle Pellerin
A propos des acteurs privés : « je
n’arrive pas à appeler ça intérêt
général. C’est un service utile, utile
au consommateur. Si c’est d’intérêt
général, tous les services sont
d’intérêt général. Amazon ne
prétend pas être un service d’intérêt
général parce qu’il vend des livres.
Pour moi cette image d’intérêt
général est un habillage marketing
qui cache une gouvernance
complètement privée dans laquelle
les consommateurs et les pouvoirs
publics n’ont aucune voix au chapitre
et que la valeur est concentrée entre
les mains de quelques acteurs »
Valérie Peugeot 8
DataCités-CC-BY-SA
9. Remarques des experts sur la redéfinition de l’intérêt
général
Quels sont les
critères qui
confèrent une
légitimité en
matière d’intérêt
général ?
Régulation
Quels sont les
acteurs qui
respectent ces
critères et peuvent
se revendiquer de
l’intérêt général ?
Gouvernance
Modèle participatif ; qui
réunit tous les acteurs
concernés notamment
acteur public et citoyens
Régulation / Autorité /
Commande publique
Répartition / distribution
de la valeur vs.
concentration
+ +
L’acteur public demeure le garant de l’intérêt général de par son mandat.
Les acteurs privés, via des délégations de service public, contribuent à cet intérêt
général
Les acteurs privés qui développent des services hors commande publique créent des
services innovants, utiles mais nous ne sommes pas face à des services d’intérêt
général. Se revendiquer d’intérêt général est un acte de communication.
Les communautés et les individus eux-mêmes défendent des intérêts particuliers
(l’intérêt de la communauté et l’intérêt privé)
En France, il y a une nouvelle catégorie d’acteurs à prendre en compte : les acteurs
de l’économie sociale et solidaire. Ils présentent une approche éthique en ligne
avec l'intérêt général
9
DataCités-CC-BY-SA
10. Les alliances stratégiques ici mentionnées ont des formes juridiques variées. Il peut s’agir de soutien
financier ou moral, de partenariat, de rachat, d'actionnariat, etc.
Dans certains cas, ces alliances se combinent.
Alliances entre
concurrents
Alliances avec
un acteur du
numérique
Alliances avec
les acteurs
locaux
Alliances avec
un acteur
public légitime
Des concurrents dont
le cœur de métier
n’est pas numérique,
s’allient pour contrer
les “géants du web”.
Cela se fait par choix
(les constructeurs
automobiles dans
Here) ou par
obligation (les
opérateurs de taxi
dans Le.Taxi).
Des acteurs
s’adossent à des
géants du web pour
asseoir leur légitimité
et gagner en parts de
marché. Ainsi de
Here avec le géant
chinois Baidu ou de
Waze avec Google.
Terradona ou encore
Qurrent s’appuient
sur des acteurs
locaux (commerces,
services de
proximité…) pour
disséminer leurs
solutions auprès d’un
public local.
Elles consistent à
développer des
partenariats avec des
acteurs qui
représentent l’intérêt
d’un secteur ou
encore d’une
communauté. Easy
Transport, Ride
Austin, Qurrent et
Open Data System
développent - entre
autres - cette
stratégie.
Typologie des alliances
10
DataCités-CC-BY-SA
11. L’acteur numérique
dominant permet de
revendiquer l’intérêt
général par la somme des
individus touchés.
Cette fédération permet
d’augmenter le nombre de
données et de se
positionner stratégiquement
sur un marché.
Elle se fait en direct, sans
intermédiation. Elle permet de
capter des communautés
locales.
L’acteur public fait l’intermédiaire avec les
acteurs locaux. Il est garant de l’intérêt
général.
Alliance entre
concurrents
Alliance avec
un acteur du
numérique
Alliance avec un
acteur public légitime
Alliance entre
acteurs locaux
11
DataCités-CC-BY-SA
12. Remarques des experts sur les alliances
De nombreuses alliances se
créent et l’acteur public
doit trouver sa place dans
ces nouvelles alliances pour
ne pas en être écarté
“Je partage l'analyse telle qu'elle
ressort des constats [DataCités]. Les
acteurs publics vont avoir énormément
de mal à reprendre la main. Avec le
numérique, les villes sont confrontées à
un "saut quantique". Stéphane Vincent
Les alliances entre opérateurs de services
publics et startups : “Les alliances avec les
opérateurs traditionnels sont clés notamment
pour les startups “ “Ces opérateurs ont envie
d’innover mais ils sont dans une situation
compliquée car ce sont les acteurs les plus
bousculés et les plus challengés.” Adrien
Kantin
“C’est une remarque qu’on nous
fait souvent : les acteurs bougent
autour de vous, s’organisent, et
finalement, qu’est-ce que la
collectivité peut faire dans tout ça
?” Isabelle Pellerin
Des alliances absentes de la
photographie
En synthèse, la forme de l’alliance ne détermine pas s’il s’agit d’un service d’intérêt général
“On a été approché par des entreprises : ERDF, Dassault Sytem...ils nous
demandent comment peut-on travailler ensemble ? Ce type de relation
demandée par les entreprises aux collectivités est nouveau pour elles. C’est
compliqué pour nous de savoir comment travailler avec eux dans un cadre
juridique légal.” Isabelle Pellerin
“Où sont les alliances
entre les communautés
de communs et les
acteurs publics de la
ville ?” Valérie Peugeot
12
DataCités-CC-BY-SA
13. Acteur public
L’acteur public est challengé par les acteurs privés qui revendiquent le respect de l’intérêt général à
travers leurs services. Au-delà de la planification et du financement des services publics traditionnels,
l’acteur public diversifie ses rôles et ses actions.
Régulateur
L’acteur public
légifère l’ouverture
des données
publiques mais
réglemente aussi
plus largement les
secteurs avec des
politiques sociales
et économiques. Le
cas de la ville
d’Austin qui a
imposé ses
réglementations à
Uber et Lyft
contribuant à leur
faire quitter la ville,
rend compte de ce
rôle.
Réutilisateur
de données
Plusieurs exemples
existent où les
acteurs privés
partagent
gratuitement
certaines de leurs
données aux
collectivités pour
qu’elles mesurent
puis optimisent
leurs services
publics. Waze
rentre dans cette
catégorie.
Client
Dans certains cas
comme Terradona
et Qurrent, les
acteurs publics
achètent les
données aux
fournisseurs de
services. C’est
d’autant le cas
lorsque les données
collectées sont
rares et
difficilement
accessibles par
ailleurs.
Créateur de
communs
C’est sans doute le
rôle le plus
innovant porté par
l’acteur public. Easy
Transport, BANO
ou Le.Taxi en sont
des exemples
phares. A travers
ces projets, l’acteur
public accompagne
et soutient la
création de
communs, voire les
développe
lui-même en mode
startup d’Etat.
Investisseur
L’acteur public
investit dans les
services qui lui
semblent les plus
prometteurs et
garants de l’intérêt
général. Ainsi la
Caisse des Dépôts
investit dans
Terradona,
l’Ademe et la CE
financent Easy
Transport et
l’European
Investment Bank
investit dans Enevo.
1313
DataCités-CC-BY-SA
14. Réutilisateur
de données
Garant de diagnostics
fiables sur les besoins
des administrés et
d’amélioration des
services publics. Les
données leur sont
remises gratuitement.
Régulateur
Garant des équilibres
sociaux, de la
concurrence, du
respect de la vie
privée, etc.
Client des
données
Garant de diagnostics
fiables sur les besoins
des administrés et
d’amélioration des
services publics. Les
données leur sont
vendues.
Garant du
développement d’offres
adaptées et
respectueuses de l’intérêt
général.
Investisseur
Garant du
développement de
plateformes
communes entre des
acteurs économiques
de la circulation des
données, du respect
des “loyautés” et des
solidarités.
Promoteur de l’open
data.
Créateur de
communs
14
Les postures de
l’acteur public
DataCités-CC-BY-SA
15. Remarques des experts sur le rôle de l’acteur public
Régulateur
Réutilisateur
de données
Client
Créateur de
communs
Investisseur
Les deux rôles fondamentaux de
l’acteur public pour garantir l’intérêt
général (accessibilité, continuité,
égalité, etc…)
L’acteur public
serait plutôt
accompagnateur
ou protecteur de
communs. Il réunit
les conditions
favorables à la
création de
communs.
C’est le statut des données qui
détermine si l’acteur public est client
ou réutilisateur de données
Ces deux rôles posent la question des
compétences des collectivités. Elles ont
besoin de se doter de data analyst pour
analyser les données auxquelles elles
ont accès
Des rôles absents
de ce schéma
Innovateur Observateur
Animateur
d’un
écosystème
collaboratif
Tiers de
confiance /
médiateur
Finalement, un acteur public ne devrait-il pas savoir manier tous ces rôles en fonction de ses
ressources, des besoins des citoyens et des défis à relever ?
15
DataCités-CC-BY-SA
16. Verbatims des experts sur le rôle de l’acteur public
Je pense que la réflexion sur le créateur de communs c'est une réflexion adjacente à la réflexion sur la
démocratie. C'est reconnaître que dans un monde complexe les choses ne peuvent pas se réguler,
s'organiser, se gouverner de façon simple sans créer des acteurs intermédiaires” Francis Jutand
“De toute façon, les données vont devoir être croisées entre secteur. Les régulateurs se disent qu’ils
doivent avoir les données pour survivre, mais la mutation sera plus puissante qu’ils ne l’imaginent. Vers
des régulateurs de plusieurs secteurs ? transport / énergie / télécom ?” Jean-Luc Sallaberry
“La gouvernance contributive renvoie au fait que la collectivité n’est plus seulement prescriptrice
/fournisseuse, mais animatrice de réseaux d’acteurs sur le territoire. La collectivité porte une direction
mais ce n’est pas forcément elle qui assure la mise en oeuvre de ces services. On peut imaginer que les
pouvoirs publics deviennent animateur de collaboratif.” Michel Briand
“Cela manque peut-être de cette notion
d'observation. Être capable de faire un
diagnostic de ce qui est en train de se
développer, donc se définir par rapport à
ce qui est en train de se développer :
est-ce qu'on va être investisseur,
régulateur, incitateur de commun, etc ?
Cette observation par la collectivité me
semble quelque chose de clair pour guider
la collectivité.”
“On manque de compétences
& data analyst” Isabelle
Pellerin
“A la FNCCR, on préconise le
modèle d’un acteur public
de la gestion des données,
comme étant le médiateur
de la gestion des données,
avec les données du service
public et des données issus
de plusieurs domaines (ie
d’autres acteurs, privés
notamment).” Jean-Luc
Sallaberry
“Tous ? Je n'ai pas envie de
sélectionner car un acteur
public intelligent c’est celui
qui sait utiliser tous les
leviers” Valérie Peugeot
“Innovateur ! Quand même ! Animateur du débat public, créateur des
infrastructures de la contribution, restituteur / médiateur “ Valérie
Peugeot 16
DataCités-CC-BY-SA
17. Individus
Quatre rôles se dégagent de nos analyses pour les individus : consommateur passif, consom’acteur, smart
citizen et commun’acteur (dit aussi commoner). Les individus remplissent ces rôles au gré de l’usage qu’ils
font des dataservices, selon la façon dont ils partagent, l’intensité avec laquelle ils partagent et la finalité
de ce partage. La plupart du temps, c’est le service lui-même qui détermine le rôle que peut jouer
l’individu.
Consommateur
passif
Consom’acteur Smart Citizen
Commun’acteur
ou commoner
Les données de
l’individu sont captées
sans aucune action de
sa part et en échange
d’un service
hyperindividualisé. La
donnée est privatisée
by design. Here ou Uber
convoquent ce statut
pour leurs utilisateurs.
Quand le promoteur du
service prétend
organiser la
convergence de
l’intérêt général et de
l’intérêt particulier.
Waze se réclame
implicitement de
l’intérêt général
(résorber les
congestions urbaines)
mais promet surtout un
bénéfice particulier (la
trajectoire la plus
rapide grace au
crowdsourcing).
Quand l’acteur public le
sollicite pour contribuer
à un service public. Son
action est alors
bénévole, civique et
gracieuse. L'appellation
possible est aussi
"connected citizen" dès
lors que la médiation
est numérique. MLT
Transport à Montreal
incarne ce statut.
Quand il est sollicité
pour contribuer à un
commun, au sein d’une
communauté de pairs
(wikis ou civic techs).
Dans les projets d’utilité
publique comme Easy
Transport ou Open
Power Grid, le bénéfice
individuel est faible,
voire nul en échange
d’une implication
importante.
1717
DataCités-CC-BY-SA
18. Consommateur
passif
Contribue sans aucune
action, ses données étant
captées de manière passive.
Bénéficie d’un service
personnalisé en échange.
Consom’acteur
Bénéficie d’un service
personnalisé, partage ses données
et participe à l’intérêt général de
manière consciente par ce biais.
Smart Citizen
A la demande d’un acteur public,
contribue à un service public par la
production de données et l’
évaluation de la loyauté.
Commoner
Contribue à un commun,
au sein d’une communauté
de pairs (wikis ou civic
techs).
volum
e
disponible
degré
d’im
plication
18
Les postures de l’individu
DataCités-CC-BY-SA
19. Réactions des experts sur le rôle des individus
Il y a consensus sur la
nécessité d’engager le
citoyen de manière plus
active et de le sensibiliser
aux enjeux des données
Le rôle de l’acteur public
est précisément de
mobiliser les citoyens
“Aujourd’hui la question est de savoir comment on passe de consommateur
passif à consom’acteurs ou smart citizen. Cela reviendrait à mettre en
place le green button américain chez nous. Je suis un peu pessimiste”
Adrien Kantin
“Je dirais que la collectivité a un rôle de faire monter les gens. De faire en
sorte que les gens ne soient pas seulement des consommateurs passifs mais
de les transformer dans les trois autres rôles. On pourrait parler d’
éducation contributive” Michel Briand
Les facteurs qui expliquent
le difficile passage de
consommateur passif à
smart citizen
Les enjeux économiques
des acteurs privés
”Les acteurs économiques
ne se laisseront pas faire
;le modèle Wikipedia ne
marche pas quand les
enjeux économiques sont
énormes” JL Sallaberry
“La valeur est dans les
traces de plus en plus
passives “ Dominique
Cardon
L’accessibilité / le
déploiement à des
publics moins avertis
et moins connectés
“Les usagers de
Brooklyn dont vous
parlez, c’est une
petite communauté
de personnes, avec
une connaissance sur
un sujet, public
privilégié ou averti”
Isabelle Pellerin
Les enjeux
économiques des
usagers eux-mêmes
A propos de la
sensibilisation sur la
question de l’énergie
: “Les gens s’en
fichent, cela ne coûte
pas assez cher.”
Adrien Kantin
19
DataCités-CC-BY-SA
20. Quatre façons de valoriser les données
La donnée comme “actif
abondant”
En réaction aux acteurs qui organisent la rareté des données, des acteurs comme Navitia
ou Catalogue visent à rendre les données abondantes (celles liés à l’expérience utilisateur
du moins). En ouvrant les données, ces acteurs organisent l’abondance de ce qui, pour les
acteurs du numérique, est le principal levier d’innovation.
La donnée comme
“ressource d’intérêt
général”
Le soutien à l’ouverture et au partage des données représente un modèle alternatif de
gestion des données. Ce modèle contribue à l’intérêt général ; ce qui n’exclut pas que ces
agents poursuivent leur intérêt bien compris.
La donnée comme
“patrimoine stratégique”
Pour les acteurs de la mobilité, la donnée est un patrimoine stratégique. Pour la plupart,
la marchandisation de la donnée n’est pas la finalité première des acteurs comme Waze,
RideAustin, Uber ou encore Google Maps. La donnée est un actif qui leur permet de
dominer leur marché, en concentrant la demande par exemple.
La donnée comme
“matière première”
Les cas étudiés dans le domaine de l’énergie et des déchets ne déploient pas de stratégie
particulière pour capter d’autres données, ni pour partager ou ouvrir les leurs. Seul
Qurrent les monétise auprès d’autres acteurs de l’énergie. Ces acteurs accordent à la
donnée la valeur d’une matière première.
La valeur désigne l’intérêt ou l’importance que les acteurs portent à la donnée, voire le prix qu’ils lui
confèrent. Le benchmark met en lumière les différences de valeur que les acteurs accordent aux données.
On retrouve la notion de plasticité de la valeur des données, qui avait été développée dans le programme
DatAct (“La valeur de la donnée doit être dynamiquement estimée en fonction de débouchés évolutifs et
d’usages différentiés”).
20
DataCités-CC-BY-SA
21. Mode de gestion des données
basé sur l’ouverture et le
partage des données en vue
de créer des services
inexistants ou incomplets.
Mode de gestion des
données basé sur la
mobilisation large des
données et la capacité à les
rendre accessibles en vue
de minimiser le rôle central
des acteurs du numérique.
Mode de gestion des
données qui permet aux
acteurs d’être dominant
sur un marché, en
concentrant la demande
par exemple.
Mode de gestion des
données qui permet aux
acteurs d’optimiser les
services qu’ils
proposent.
“Actif
abondant”
“Ressource
d’intérêt général”
“Patrimoine
stratégique”
“Matière
première”
Les valeurs d’usage
de la donnée
21
DataCités-CC-BY-SA
22. Réactions des experts sur la gestion des données
La loi pour une République
Numérique à faire évoluer ?
Les experts apportent des
précisions sur la propriété
des données
« Les données des services délégués par les collectivités appartiennent
au peuple français, c’est la traduction de la loi pour une république
numérique (...) « il n’y a pas de propriété sur les données, il y a que de
l’usufruit. Je plaide pour un usufruit d’intérêt général ». Jean-Luc
Sallaberry
“ Dans le cas des services développés en réponse à un appel d'offre, on
rentre assez vite dans le cadre des données d'intérêt général de la loi
République Numérique. Cette loi reste au milieu du gué à mon sens
puisque l'entreprise est censée restituer les données au commanditaire,
mais pour autant elle n'a pas d'obligation d'être en opendata. A mon
sens, ce devrait systématiquement être reversé en Opendata. Dès le
moment où c'est financé par de l'argent public, ça devrait être mis en
opendata au moins pour les données d'usage “ Valérie Peugeot
A propos de la donnée en
tant que “patrimoine
stratégique”
“Le modèle de gestion des
données dépend du niveau de
dépendance à la publicité et de la
capacité à trouver des modèles
économiques alternatifs.
Il y en a peu. “ Valérie Peugeot
“Les données de l’énergie peuvent
créer de la valeur dans des
champs qui n’ont rien à voir avec
l’énergie. Un assureur pourrait
créer une assurance Pay As You
Live “ Adrien Kantin
22
DataCités-CC-BY-SA
24. Fiche expert - Adrien Kantin
Adrien Kantin est consultant chez Yélé Consulting, société de conseil fondée il y a 6
ans et spécialisée dans le secteur de l'énergie. Yélé accompagne des acteurs dans
la mise en place de démarches d’innovation dans lesquelles la donnée a une place
centrale.
● ENERCOOP : modèle économique innovant qui promeut des
valeurs d’intérêt général
● Brooklyn Grid
● Tecsol : autre cas d’usage de la blockchain qui permet de
recharger un véhicule électrique avec sa propre
consommation solaire
QUI
Projets“Je pense que l’élément clé, qui manque
dans le débat aujourd’hui c’est le fait que
la donnée a un coût à chaque étape
(collecte, traitement, stockage, …). La
question est de savoir si ce coût doit être
supporté par la collectivité directement
ou par des opérateurs. “
Les
spécificités
du secteur
de l’énergie
face au
numérique
Intérêt général : décentralisation plus faible de l’intérêt général car les usagers finaux sont
peu sensibles à la question énergétique et que la dimension technique de ce secteur,
notamment de la partie réseau, limite l’innovation. Dans l’énergie, la blockchain est plus
révolutionnaire que la donnée pour aider les individus à s’emparer de la question énergétique
Alliances stratégiques : ne pas négliger les alliances entre startups et opérateurs de services
publics urbains traditionnels (Suez, Veolia, etc.). Les startups ont un rôle de modernisation de
ces opérateurs et seront peut être à terme rachetées par ces acteurs.
Rôle de l’acteur public : “régulateur” et “investisseur” sont les deux rôles clés
Rôle des individus : consommateur passif essentiellement - possibilité de mobiliser le
consom’acteur par l’intégration de l’énergie à un sujet plus global comme celui de la maison
Gestion des données : la donnée issue du secteur de l’énergie peut être une matière première
pour créer des services hors énergie (exemple : assurance PaY As You Live)
24
DataCités-CC-BY-SA
25. Fiche expert - Michel Briand
Actuellement directeur adjoint de la Formation à Telecom Bretagne et co animateur
du magazine Innovation-pédagogique, Michel Briand était élu de 1995 à 2014 à Brest,
en charge d’internet et du multimédia.
● Communauté auto-organisée sur Facebook pour covoiturer entre Rennes
et Nantes (projet issu du programme Domino)
● Fermes éoliennes créées par des habitants en Bretagne
● ENERCOOP, modèle alternatif dans l’énergie
● Alliance dangereuse entre Education nationale et Microsoft
● Alliance intelligente entre Barcelone et la AirbNb (rôle de régulateur)
QUI
“Les données ne sont pas
neutres, elles sont
politiques. Elles sont
marquées socialement.”
L’acteur
public doit
mettre en
place une
gouvernance
contributive
La gouvernance contributive renvoie au fait que la collectivité n’est plus seulement
prescriptrice /fournisseuse mais aussi animatrice de réseaux d’acteurs sur le territoire. La
collectivité porte une direction mais ce n’est pas forcément elle qui assure la mise en
oeuvre de ces services.
La gouvernance contributive s’appuie sur la coopération et les communs à l’échelle du
territoire local. Les 3 grands principes sont : “faire avec” i.e engager les citoyens ; “être en
attention” i.e mobiliser ; “donner à voir”
L’acteur public doit favoriser un écosystème d'émancipation contributive
Constat
Avec le développement de nos usages des outils numériques, notre société devient plus
contributive : il est possible pour chacun d’échanger, de s’exprimer et d’être lu par des
personnes du monde entier, mais aussi d’innover et d’entreprendre en réseau.
Projets
25
DataCités-CC-BY-SA
26. Fiche expert - Valérie Peugeot
Vice-présidente du Conseil national du numérique de janvier 2013 à janvier 2016
(mandat de trois ans), où elle était en charge des questions de «transition numérique
et société de la connaissance», Valérie Peugeot est chercheuse aux Orange Labs et
Présidente de l’association Vecam.
• Mes Infos, projet porté par la FING en partenariat avec
Orange → modèle alternatif avec une restitution à l’individu
• Charte des communs à Bologne : forme d’alliance entre les
communautés et l’acteur public
• Mairie de Barcelone a créé des infrastructures qui
permettent aux citoyens d’entrer dans la gouvernance de la
ville
QUI
Projets« C’est très tendance de prétendre qu’on
va sauver le monde quand on est un acteur
privé » ; « On a besoin de cette innovation
mais cela ne doit pas être un prétexte
pour pour détricoter la gouvernance de la
ville, à ne pas mettre toutes les parties
prenantes autour de la table, à faire
participer tous les habitants »
Pour une
donnée
ouverte
d’intérêt
générale
Intérêt
général
• Dans le cas d’une commande publique : faire évoluer la loi pour une République
Numérique et obliger toutes les entreprises qui fournissent des services publics (même
celles qui ne sont plus détenues par l’Etat) à partager les données liés à l’usage des
service en open data
• Dans le cas d’une commande privée (service bottom-up) : encourager l’open data et la
mise en commun (gratuite) des données en insistant sur ses bénéfices
La vraie question lorsqu’on s’interroge sur l’intérêt général c’est :
• la gouvernance : elle doit être participative, inclusive
• la répartition de la valeur : elle doit être partagée
De ce point de vue là les associations et les coopératives sont des modèles intéressants
Evolution de l’intérêt général dans les 10 années à venir : l’intérêt général est
dépendant d’une vision politique. On risque de se diriger vers des modèles conservateurs
avec une forte recentralisation du pouvoir qui favorise les intérêts privés des proches du
pouvoir
26
DataCités-CC-BY-SA
27. Fiche expert - Isabelle Pellerin
Isabelle Pellerin est élue et vice-présidente déléguée à l'enseignement supérieur, la
recherche et l’innovation à Rennes Métropole. Isabelle Pellerin a mis en place il y a
deux ans un comité de pilotage pour pallier à l’absence de délégation à la donnée.
● Rennes souhaite mettre en place un service public de la donnée
avec une gouvernance partagée (élus, techniciens, acteurs
économiques, associations, régions)
● RennesGrid
● Smart Saint Sulpice
QUI
Projets“ll faut rester vigilant sur
l’utilisation de la donnée. Je
compare cela à la recherche clinique.
Le citoyen doit savoir comment sa
donnée est utilisée, pourquoi,
combien de temps. Il sait pourquoi il
donne un peu de lui même.”
Le rôle de
l’acteur
public vu par
Rennes
Métropole
● Intérêt général : L’acteur public demeure le garant de l’intérêt général. Il représente les
citoyens grâce à des représentants élus.
● Alliances stratégiques & rôle de l’acteur public : même si de nouvelles alliances
s’opèrent, l’acteur public peut jouer le rôle de tiers de confiance, garantir
l’interopérabilité de la donnée et s’assurer de l’acceptation par le citoyen de l’utilisation
de ses données
● Rôle des individus : la ville doit jouer un rôle de sensibilisation de ses habitants aux
enjeux de la donnée.
● Gestion des données : Rennes reste propriétaire de ses données et en gère l’accès.
Rennes revendique la donnée comme un bien commun. Si elle génère de la valeur, elle
doit être redistribuée.
L’enjeu clé
● Passage d’un projet d’expérimentation local à un déploiement pérenne à plus grande
échelle (les enjeux sous-jacents : statut juridique, gouvernance, modèle économique et
confiance)
27
DataCités-CC-BY-SA
28. Fiche expert - Francis Jutand
Le concept de loyauté c'est dire que face à la complexité l'important est d'assurer la
confiance entre ceux qui échangent. La valeur sur laquelle on peut créer la
confiance, c'est la loyauté.
La loyauté revient à donner ses intentions ; et à en rendre compte.
La loyauté est importante car aujourd'hui on fait face à une intensification des capacités
d'échange, d'argumentation, de discussions effrénées.
Le rôle de l’acteur public est d’exiger la loyauté pour éviter la monopolisation des
services d’utilité publique par des acteurs comme Waze qui renversent le rapport de
force entre acteur public et acteur privé.
La justiciabilité. La loyauté est un concept opposable en justice y compris dans le droit
anglo-saxon. C'est important de se doter de moyen de contrôle.
Directeur général adjoint de l’Institut Mines-Télecom, Francis Jutand est également
l’auteur du rapport sur l'ouverture des données de transport et l’instigateur da la
notion juridique “donnée d’intérêt général”
“Ils pourraient acheter les données des collectivités. Le troc
a l’avantage pour Waze d’éviter de poser la question de la
valeur. La démarche de Waze c’est une démarche en trois
étapes avec augmentation de la domination par alliances
tout en gardant le contrôle de ce qui est fait.”
QUI
A propos de Waze“L'intérêt général, c'est l'affrontement entre
les intérêts d'un ensemble et les intérêts
d'individus. La donnée intensifie tous les
mécanismes qui président à la construction
des "intérêts" : général, particulier,
communautaire, individuel. L'irruption de la
donnée conduit à une énorme accélération du
concept d’intérêt général “
Le concept
de loyauté
28
DataCités-CC-BY-SA
29. Fiche expert - Jean-Luc Sallabery
Jean-Luc Sallabery est responsable du département numérique à la FNCCR (Fédération
Nationale des Collectivités Concédantes et Régies). La FNCCR fait valoir, aux niveaux
national et européen, le point de vue de ses adhérents auprès des pouvoirs publics et
des entreprises concessionnaires (eau, déchets, etc.)
● GIP ATGERI en Aquitaine : mise en place d’une régie de
données, à l’origine des données de cartographie puis
mélangée aux des données de la filière bois
● Projet SMILE : projet smartgrid en Bretagne
● Projet Pride : plateforme de gestion des données
QUI
Projets
“Il n’y a pas de propriété sur les
données, il y a que de l’usufruit.
Un usufruit pour celui qui recueille les
données”, Jean Luc Sallabery plaide pour
un usufruit d’intérêt général.
La FNCCR
préconise le
modèle d’un
acteur public
médiateur de
la gestion des
données
(données
publiques et
privées)
● Il préconise une structure de gestion de données, à la maille régionale. Les enjeux
stratégiques de développement et la cartographie sont des enjeux régionaux.
● Cette structure doit être ouverte. Toutes les collectivités territoriales doivent
pouvoir y adhérer quel que soit leur niveau.
● Cette structure doit fonctionner grâce à une convention de mise à disposition des
données du secteur privé vers le secteur public
● L’acteur public doit jouer un rôle de tiers de confiance pour des questions de
neutralité et pour s’assurer que les données des privés ne soit pas communiqués à leurs
concurrents
29
DataCités-CC-BY-SA
30. Fiche expert - Stéphane Vincent
Stéphane Vincent est délégué général de la 27e Région, laboratoire de
transformation publique. Cette association indépendante épaule les collectivités
territoriales désireuses d’améliorer leurs services au public. au travers de
programmes expérimentaux.
QUI
Projets
“C’est en effet plus compliqué de
produire de l'intérêt général dans ce
nouveau contexte. Cette rupture
numérique appelle du temps,
serons-nous à temps ? “
● Un laboratoire d’innovation au Danemark réfléchit à la
conception de son service et aux usages avant de passer
commande
● GIP e-Bourgogne : plate-forme électronique de services
dématérialisés
● Bologne et sa charte des communs
Constats
Stéphane Vincent plaide pour un schéma directeur des usages. Il déplore un manque
d’adaptation culturelle des collectivités au numérique. Le numérique impose de passer
d’une culture de gestion à une culture servicielle, basée sur les usages. Les administrations
cède à la facilité en acquérant et en administrant des produits sur étagère alors qu’elles
devraient concevoir des services adaptés aux usages de leurs territoires.
● Élaborer un schéma directeur des usages puis en fonction, ensuite construire un schéma
directeur des rôles des acteurs publics et intégrer le numérique dans des documents
d'urbanisme, d'aménagements territoriaux type SRADDT
● Créer des "capsules-laboratoire" pour développer une vision plus systémique, plus agile des
choses (cf. Etalab)
● Encourager la posture du citoyen actif en inscrivant cette dimension dans un projet politique
● Créer des écosystèmes locaux, favoriser la coopération entre les territoires
Idées d’
évolution
30
DataCités-CC-BY-SA
31. Fiche expert - Philippe Tessier
Philippe Tessier est directeur de projet énergie et environnement à l'UGAP (Union
Générale des Achats Publics et aussi animateur du groupe « Energie Climat » de
l’AITF (Association des Ingénieurs Territoriaux de France).
La vision de Philippe Tessier sur les évolutions à venir dans le secteur de l’énergie :
● Gestionnaires de réseaux : un marché assez stable car réservé à des délégataires en situation de monopole
qui sont peu mis en danger par les collectivités
● Fournisseurs d’énergie : segment de marché qui devrait être le plus impacté par le numérique grâce à la
mise en place de compteurs communicants
○ Nouveaux services : autoconsommation, crowdfunding, plateformes d’achats groupés
○ Nouvelles offres : TURP (Tarif d'Utilisation des Réseaux Publics d'Electricité) ou de MDE (Maitrise des
dépenses énergétiques).
○ Nouvelle tarification : Engie a par exemple sorti une offre « 30% moins cher le week-end
Philippe Tessier observe un changement de point de vue de la part des fournisseurs en faveur de l’ouverture
données depuis la loi de transition écologique et croissance verte.
● En Belgique, les collectivités font la promotion des
groupements d’achat entre particuliers en s’appuyant sur
des plateformes numériques d’achat groupé comme
Wikipower
● En France, l’UFC Que Choisir joue un rôle similaire
QUI
Projets
“Le garant de l’intérêt général, c’est
quand même bien l’acteur public, c’est
son mandat. Après, que des acteurs privés
y participent, c’est clair, notamment dans
les DSP. Veolia remplit une mission
d’intérêt général.”
31
DataCités-CC-BY-SA
32. Fiche expert - Dominique Cardon
Sociologue et anthropologue, Dominique Cardon est professeur au Médialab
(SciencesPo). Il s’intéresse particulièrement à l’usage et à l’appropriation du big
data par les individus.
● Le sociologue Antonio Casilli propose de fiscaliser les
grandes entreprises du numérique pour rémunérer les
données des usagers.
● Étalab porte une nouvelle vision de l’organisation de l’État
(“plateforme”, “start-up”), qui s’inscrit plus largement
dans la réforme numérique de l’administration (CAE).
QUI
Projets
“Les acteurs privés ont une vision
complètement individualisée de l'intérêt
de chaque individu. L'idée d'une
collectivité d'ego est complètement
absent de la conception de l'Etat.”
Une crise
de l’intérêt
général
Dominique Cardon souligne que les communs sont propres à une communauté, et à ce titre
ils ne servent pas nécessairement l’intérêt général. Cependant, le monopole légitime de l’
État dans la définition de l'intérêt général et son rôle de dépositaire garant sont de plus en
plus contestés par les transformations de nos sociétés (complexification, individualisation),
la perte de confiance dans les institutions, les manquements de l’État.
● Les individus pourraient être dépositaires de valeurs plus respectueuses des conditions
d'universalité de l'intérêt général que les institutions.
● Vers un État plateforme : implication des citoyens dans la définition, voire l’organisation et
la gestion des politiques publiques. Mise à disposition par l’État de systèmes d’appariements
pour que les individus auto-organisent ou assurent en partie le service public.
● Rétribution de celui qui donne ses données -- monétairement ou non -- nécessaire mais
difficile à mettre en œuvre car elle ne vaut rien tant qu’elle est individuelle et brute.
Idées d’
évolution
32
DataCités-CC-BY-SA
33. Fiche expert - Olivier Duhagon
Olivier Duhagon est directeur de la région Pays de la Loire chez Enedis, entreprise à
la fois nationale et locale. Il est responsable de la mise en place du compteur Linky.
● Le compteur Linky, dont la mise en place s’étale jusqu’en
2021, mesure et transmet automatiquement la
consommation d’énergie.
● Enedis ambitionne de devenir garant du respect des
contrats sur une plateforme d’échanges de données d’
énergie entre producteurs et acheteurs.
QUI
Projets
“Enedis passe de la gestion de réseau à la
gestion de systèmes : facilitation et mise
en oeuvre des énergies renouvelables,
mise à disposition des données de
consommation.”
Pour le
maintien et la
modernisation
des missions
de service
public
● Les missions de service public permettent de garantir l’universalité du service. Les
entreprises titulaires de missions de service public sont concurrencées par des
nouveaux acteurs ; elle doivent se moderniser en conséquence ; mais cela ne doit pas
signifier la fin des missions de service public.
● La mission de service public devrait s’enrichir d’un volet de gestion des données, à
travers une plateforme.
● Enedis serait tiers de confiance dans la transaction entre l’acheteur des données et
l’individu qui les produit. Il garantirait que le producteur des données est consentant
pour la diffusion et l’utilisation qui en sont faites.
33
DataCités-CC-BY-SA
34. Fiche expert – Brett Goldstein
Entrepreneur et investisseur, spécialiste des questions de criminalité, Brett
Goldstein a été l’un des premiers CDO (Chief Digital Officer) d’une grande ville aux
US (Chicago, en 2011), où il a mis en œuvre une politique d’Open Data ambitieuse. Il
est désormais professeur à l’Université de Chicago
● Il a mis en place le premier outil d’assistance prédictive
pour les forces de police, à Chicago
● La plateforme de supervision et d’Open Data qu’il a lancée,
WindyGrid devenue OpenGrid, est primée, Open Source et
reprise par d’autres villes
QUI
Projets
“Une ville veut prévenir les problèmes
avant qu’ils n’arrivent car c’est une
mauvaise expérience pour les citoyens, et
plus coûteux. La donnée permet
d’apporter des réponses spécifiques et
localisées à chaque problème”
Une
communauté
autour des
données
Le secteur public est riche en données. Comment faire mieux que mettre à disposition des
données brutes et statiques ? Il vaut mieux utiliser des données imparfaites que pas de
données, et cela permet de les améliorer => Utilisez vos propres données !
Les données permettent de personnaliser les politiques publiques
Beaucoup d’acteurs privés sont prêts à contribuer avec des données, du temps, des
compétences. Parfois ce sont des relations publiques, parfois un désir de contribuer à la
communauté. Ce qui compte c’est tout le positif que l’on peut en tirer en faveur du bien
commun. En acceptant que ce n’est pas parfait tout de suite, qu’il faut améliorer
Le CDO peut travailler avec le directeur des achats pour s’assurer que chaque appel
d’offres traite les données comme il faut. Il faut une volonté politique du maire
Investir dans les IHM pour toucher les utilisateurs de données non experts
Le passage d’une approche « matière première » à un « patrimoine stratégique » est
critique pour les acteurs publics aussi bien que privés
Approche
transversale
portée par les
dirigeants
34
DataCités-CC-BY-SA
35. Fiche expert – Javier Creus
Javier Creus est le fondateur d’Ideas for Change, qui développe des projets à impact
sociétal en mobilisant les citoyens et en utilisant des technologies Open Source.
Ideas for Change a notamment développé « l’approche de Bristol »
● « L’approche de Bristol », une méthodologie déclinée dans
plusieurs villes, Bristol et Barcelone en particulier
● Son nouveau projet Salus.coop est très ambitieux dans le
domaine des données personnelles de santé
QUI
Projets
“Les acteurs privés ont une vision
complètement individualisée de l'intérêt
de chaque individu. L'idée d'une
collectivité d'ego est complètement
absent de la conception de l'Etat.”
Les
citoyens au
centre
• Les citoyens comprennent mal la valeur des données, ce qu’ils peuvent en faire, et
comment les contrôler aujourd'hui, au-delà de cercles militants/avertis
• L’approche de Bristol démontre que l’on peut travailler avec les citoyens pour découvrir /
qualifier les problèmes locaux
• Des solutions IoT Open Source pour générer de la donnée, par les citoyens, et discuter avec
les élus sur la base de ces données
• D’abord, remettre les données entre les mains du citoyen, et lui fournir de l’information
• L’inciter à partager volontairement, de manière éclairée (ex : données de santé pour la
recherche)
• Fournir les outils techniques, ouverts, si possibles décentralisés, pour maîtriser la donnée, ne
pas dépendre d’un silo ou une solution technique particulière
• Accompagner le processus pour faire dialoguer citoyens, élus et techniciens autour de la
donnée
Principes
de
fonctionne
ment d’un
commun
Data
35
DataCités-CC-BY-SA
36. Fiche expert – Jean-Marc Lazard
Jean-Marc Lazard est le fondateur d’OpenDataSoft. Il a une grande expérience de
l’ouverture des données publiques et de leurs modalités.
• Son entreprise OpenDataSoft, basée en France, est
désormais internationale
• OpenDataSoft vient de lancer un partenariat avec Waze pour
faciliter les échanges de données de tous ces clients avec cet
acteur
QUI
Projets
“La vision de la Smart City très
programmatique a vécu, du moins en
Europe. On est passé à une vision agile
basée sur l’observation quantitative et
l’auto-évaluation par les villes”
Une crise
de l’intérêt
général
La régie de donnée, cela a beaucoup de sens, il faut éviter la centralisation à chaque échelle,
utopique. La « plateforme unique », difficilement réalisable et opérationnelle
Aux US les données sont très fragmentées entre services et niveaux de gouvernement
indépendants => l’Open Data, un choix de rationalisation / efficacité, y compris interne
La mise en qualité des données, leur amélioration continue, c’est essentiel. Les ouvrir, cela
oblige à enclencher ce processus
Pour un bâtiment, un quartier, une ville, assurer l’interopérabilité des données, l’accessibilité
et la transférabilité : les villes doivent fixer les règles et s’assurer que les outils existent
Des acteurs comme RTE / GRT Gaz mutualisent leur plateforme, pour capitaliser sur les données
de l’énergie à plusieurs
La technologie est de plus en plus une « commodité » (remise en cause chaque année), donc
une plateforme ne doit pas être liée à une solution
Aux US les villes expriment collectivement au marché leurs besoins, leurs ambitions
Alliances
entre
acteurs de
la ville
36
DataCités-CC-BY-SA
37. Fiche expert – Matt Stokes
Chercheur chez NESTA, Matt Stokes est responsable du projet DSI (Digital Social
Innovation). Il a une connaissance approfondie de nombreux projets exploitant la
technologie et les données pour créer de l’impact sociétal
● Le projet Digital Social Innovation, qui arrive à sa
conclusion. Nous avons publié un article sur ce sujet
QUI
Projets
“Pour les citoyens contributeurs, il faut
distinguer ce qu’ils produisent et
comment, de ce qu’ils en retirent, qui
n’est pas forcément financier, et qui
fonde le modèle de contribution »
Intérêt
général et
impact
social
L’intérêt général se confond-il avec l’impact sociétal des projets ?
Les projets d’innovation sociale (DSI) se heurtent à 4 barrières :
• Compétences numériques des citoyens,
• Le financement, car les grandes entreprises sont plus adaptées aux processus d’achat
complexes (marchés publics)
• Le secteur public a peur de perdre en pouvoir ou contrôle
• La sécurité des données personnelles
• Il y a un manque de coopération entre acteurs de l’ESS ou DSI (Digital Social Innovation). Les
acteurs privés sont mieux organisés, ont plus de soutien (startups, entrepreneurs, industriels)
• Attention, les modèles de financement par le secteur public peuvent masquer une
dépendance et un manque de maîtrise des modèles Open Source / Open Data soutenables
• Problème de fond des outils numériques et des données : préservent les inégalités existantes,
sans forcément les aggraver, mais sans les réparer. Comment faire mieux ?
Comment
faire
croître les
projets
d’intérêt
général ?
37
DataCités-CC-BY-SA
38. Fiche expert – Tom Symons
Chercheur chez NESTA, Tom Symons est responsable du projet DECODE, projet
européen mené en coopération avec les villes de Barcelone et Amsterdam, pour
remettre les citoyens en contrôle de leurs données personnelles.
● Le projet DECODE veut redonner aux individus la maîtrise
de leurs données personnelles
QUI
Projets
“Les villes visionnaires s’intéressent aux
données personnelles pour l’engagement
citoyen, de nouveaux processus
démocratiques et construire une nouvelle
forme de Smart City”
L’acteur
public et le
citoyen
• Beaucoup de nos travaux démontrent le potentiel de coopération entre les villes, les
acteurs privés et des ONG. Les données personnelles c’est un sujet nouveau
• Aujourd’hui les partages de données personnelles (anonymisées) passent par les opérateurs
telco/transport. Comment passer à un « contrôle démocratique des données » ?
• Nous constatons l’intérêt des citoyens. Quand on leur donne le choix ils ouvrent
volontairement des données très personnelles (localisation, comportements) s’ils en
comprennent le sens
• Certaines villes comme Barcelone font beaucoup d’innovation sociale grâce à de nombreux
contributeurs actifs, volontaires et engagés
• Les contributions « passives » sont aussi très importantes : il faut travailler le design pour
rendre la contribution intuitive. On surestime ce que l’utilisateur est prêt/capable de faire
• Il faut privilégier l’engagement volontaire mais que la contribution de données soit aussi peu
intensive que possible
L’engagement
des
contributeurs
38
DataCités-CC-BY-SA
39. Fiche expert – Danny Lämmerhirt
Chercheur chez Open Knowledge International, Danny a mené plusieurs projets
qualifiant et recensant des initiatives à travers le monde où des données sont
générées par les citoyens pour résoudre des problèmes sociétaux
Global Open Data Index, observatoire des politiques d’Open
Government dans le monde
« Data and the City: How can public Data infratructure change
lives in urban regions. »
QUI
Projets
“Il y a de nombreuses recherches sur les
partenariats entre gouvernement et
communautés, pour ”
Les alliances
• Se rappeler que la Data n’est pas neutre, son sens est variable selon le contexte
• Qui fournit « l’infrastructure de la Data » ? Qui initie le projet ? Quels sont le contexte et
la gouvernance ? Cela définit un projet de crowdsourcing, partage ou ouverture de
données
• L’alliance entre ONG/associatif et secteur public semble naturelle pour l’intérêt général,
mais parfois elle échoue car intérêts divergents
• En revanche là où le gouvernement est faible, la donnée permet à des acteurs de la
société civile d’agir ensemble et soutenir l’Etat dans ses missions
• Il y a la phase de collecte où l’utilisateur peut être impliqué : et ensuite ? Waze s’arrête,
d’autres projets utilisent la donnée pour construire des projets avec l’utilisateur, avec la
ville (Living Lots NYC)
• Les individus s’impliquent soit contre rémunération (Mechanical Turk), soit parce qu’ils
s’approprient un problème à résoudre, ils bénéficient de leur propre action
Rôle des
contributeurs
39
DataCités-CC-BY-SA
40. Fiche expert – Laurent Schmitt
Secrétaire Général de ENTSO-E, l’association européenne des gestionnaires de
réseaux de transport électrique (équivalents à RTE en France), Laurent travaille sur
l’usage des données pour le système électrique, en lien avec les Smart Cities
• NTSO-E a développé la Transparency Platform qui centralise
les informations sur les réseaux électriques à l’échelle
européenne
• ENTSO-E coordonne et stimule les efforts de tous ses
membres (réseau de transport d’électricité) dans les
coopérations autour de la donnée
QUI
Projets
“Les villes représentent des
communautés, elles jouent un rôle de
broker qui facilite l’intelligence des
citoyens et l’action des acteurs privés
pour offrir les bonnes solutions”
Le jeu
d’acteurs
dans l’
énergie
• L’énergie est touchée par la transition sur les modèles de données, mais lentement car ce sont de
grosses infras
• On peut distinguer d’abord les acteurs privés qui construisent la ville, ceux qui construisent les
bâtiments, ou les acteurs du numérique (Nest), ceux qui proposent des services de réseau (batteries
pour du trading énergétique)
• Les acteurs traditionnels du réseau produisent de la donnée et la diffusent pour les besoins du marché
de l’énergie. Plus on se rapproche du compteur individuel, plus la donnée est personnelle
• Les villes sont du côté des « communautés » vu de l’énergéticien, dans un rôle de broker qui peut
agréger des besoins, faire le relais avec les individus
• Elles pourraient développer le positionnement de tiers de confiance autour des données, faciliter la
portabilité, éviter les lock-in avec une technologie ou un acteur privé
• Ville peut libérer des données, notamment à l’échelle du bâtiment ou du quartier, car elle a le pouvoir
de négociation nécessaire
• L’alliance avec les acteurs technologiques comme ESRI est un sujet important dans l’énergie
Idées d’
évolution
40
DataCités-CC-BY-SA
41. Fiche expert – Enrique Dans
Professeur d’innovation et de transformation digitale à l’IE Business School, Enrique
Dans travaille sur les enjeux de l’Intelligence Artificielle et de services exploitant des
données. Il est aussi conseiller auprès de startups de ces secteurs d’activité, et
travaille sur les modèles économiques qui en dérivent
● Les algorithmes de « Machine learning » et leurs
conséquences sur les modèles économiques
● Publication quotidienne de cas d’études sur son blog
(anglais)
QUI
Projets
“Madrid a une politique qui exige des
opérateurs de services urbains de partager
leurs données. Et ils la font respecter”
Les alliances
pour
l'innovation
• Bien comprendre la logique derrière les alliances, c’est le plus intéressant souvent. Les
acteurs publics ne peuvent favoriser un acteur donc prennent des mesures générales,
équitables
• Les villes de toute taille organisent des hackhathons en Espagne, c’est populaire, pour
résoudre des problèmes locaux
• Dans la gestion de déchets l’IA est appliquée pour prédire le remplissage des poubelles et
adapter les tournées
• La multiplication des capteurs jusque dans nos poches (smartphone) joue un rôle déterminant
• Waze a eu un positionnement de pionnier dans le crowdsourcing de sa cartographies =>
rachat par Google problème de légitimité potentielle. Doivent donner des gages d’intégrité
• Telefonica est un opérateur téléphonie réputé pour la gestion des données, qui les vend de
manière traditionnelle. Mais ils se positionnent avec une plateforme Aura pour redonner la
maîtrise de leurs données à ses clients
Données
personnelles
41
DataCités-CC-BY-SA
43. Jeu d’acteurs - trois scénarios principaux
Scénario de monopolisation
des services
Scénario de centralisation
des données
● Des intermédiaires en situation de
domination qui stockent, gèrent et
analysent les données, tout en les
monétisant.
● Des acteurs privés qui proposent
des services urbains et impactent
la vision des politiques urbaines, à
l’image des supermarchés et
centres commerciaux il y a
quelques décennies.
● Le plus probable, il se développe
rapidement. Déjà à l’action dans
plusieurs secteurs (agriculture,
distribution, mobilité…).
● Une centralisation des données en
biens communs.
● Une régulation des services mis en
place.
● Des législations fortes pour obliger
les acteurs privés à mettre les
données d’usage en opendata
lorsqu’il s’agit d’une commande
publique.
● L’absolu nécessaire pour éviter
le scénario de dépendance.
SCÉNARIO
RISQUÉ
SCÉNARIO
SOUHAITÉ
Scénario de gestion
collaborative
SCÉNARIO
SOUHAITÉ
● La création de services se fait par
des acteurs privés et
communautaires (associatifs…).
● Des communs sont créés sur les
territoires (pas uniquement des
données).
● Les acteurs de l’ESS jouent un rôle
essentiel.
● L’idéal en termes d’équilibres
entre les catégories d’acteurs et
de gestion collaborative de
l’intérêt général.
Deux scénarios
à joindre.
43
DataCités-CC-BY-SA
44. Le rôle de l’acteur public
● Un combat est à mener par les acteurs publics contre les acteurs privés dominants qui
cherchent à imposer leurs services et leur vision des politiques territoriales.
Objectif
principal
Rôles
attendus
● Les acteurs publics sont avant tout des investisseurs.
● Ils agissent aussi par la régulation et doivent notamment se positionner en “garde-fou”
pour préserver la vie privée des individus et garantir la cybersécurité.
● Les collectivités doivent animer un écosystème d’acteurs pour faire émerger des
innovations et pour inciter les acteurs à mettre leurs données en opendata même quand
il s’agit d’une commande privée. Ils sont médiateurs, incitateurs...
● Dès lors qu’il s’agit d’une commande publique, il faudrait obliger les acteurs privés à
reverser les données en opendata (réutilisables).
● Passer d’une logique de gestion des services publics à une logique partenariale et
servicielle, ce qui suppose de changer de culture et de sortir des organisations en silo.
● Passer d’une administration où l’on choisit les services sur étagère sans stratégie
globale, à une logique d’expérimentations et de prescription par les collectivités des
services attendus qui garantissent l’intérêt général.
Changements
nécessaires
Moyens
identifiés
● Intégrer la dimension numérique dans les schémas d’aménagement du territoire ou
encore les schémas de transition écologique et créer des schémas régionaux
d’information et d’accès aux données.
● Créer des living labs des biens communs sur les territoires.
● Protéger les communs par la loi, l’entrée dans le capital, les impôts, etc.
● Créer un acteur public de la gestion des données, capable d’interagir avec toutes les
échelles territoriales. 44
DataCités-CC-BY-SA
45. Deux points de vue complémentaires de l’intérêt général
Centré sur la puissance publique
Structuré autour de
communautés et d’instances
d’intérêts privés
● Ce sont les acteurs publics qui sont garants
de l’intérêt général.
● Ils représentent les individus qui les ont
élus.
● Ils assurent la gouvernance de l’intérêt
général.
● L’intérêt général est la résultante d’une
confrontation entre des intérêts individuels
et les intérêts d’un ensemble.
● L’intérêt général se structure au sein de
communautés et aussi d’acteurs privés, les
entreprises.
● Lorsque l’acteur public faut dans sa vision
de l’intérêt général, les communautés
prennent la relève et le redéfinissent.
● Les acteurs privés proposent des services qui sont de l’intérêt de
ceux qui les utilisent. Ce n’est pas de l’intérêt général pour
autant.
45
DataCités-CC-BY-SA
46. Les différences entre les secteurs de la mobilité et de l’
énergie
Energie
● Dans les pays où l’énergie est peu chère,
mobiliser les individus est difficile dans la
mesure où l’accès à l’énergie n’est pas une
contrainte.
● L’implication des individus est plus forte
dans les pays où l’accès à l’énergie est
discontinu.
Mobilité
● Les individus s’impliquent aisément dans le
secteur des mobilités dans la mesure où
c’est une contrainte quotidienne et la
première source de revenus.
L’implica-
tion des
individus
L’implica-
tion des
startups
● Pour que les nouveaux entrants créent des
services, il est nécessaire de les
accompagner en raison de la complexité
technique du fonctionnement du réseau.
● Les startups créent de nombreux services
car il est facile de se mettre à la place des
usagers et d’identifier leurs besoins.
● Une couche servicielle déjà en place, un
marché à structurer.
● Une couche servicielle à construire,
sachant qu’on va vers un modèle où les
individus vont payer pour un service et non
plus pour l’énergie elle-même. Un marché
à inciter et à construire.
Le
développe-
ment de
services
Structura-
tion
● Modèle jacobin en France, descendant.
● Modèle collaboratif dans les pays du Nord
ou dans les pays émergents.
● Modèle ouvert.
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DataCités-CC-BY-SA
48. Définition
Qu’est-ce qu’un facteur critique ?
Les démarches de prospective opérationnelle s’appuient
sur un ensemble de paramètres appelés facteurs critiques
qui conditionnent le futur du champ étudié. Ces facteurs
peuvent être caractérisés par une “situation historique” -
c’est-à-dire la manière dont ils ont évolué jusqu’à
aujourd’hui - mais leur évolution à venir relève par
définition d’incertitudes, d’autant plus fortes que
l’horizon est lointain. Le travail de prospective consiste
alors dans un premier temps à envisager des hypothèses d’
évolution.
Comment repérer les facteurs critiques ?
Il s’agit d’identifier, à partir d’une base de connaissances,
les facteurs jugés les plus sensibles et stratégiques pour le
champ étudié à l’échelle déterminée. La sélection de ces
facteurs implique des experts / professionnels
connaisseurs des problématiques concernées. Cette
mobilisation d’acteurs est d’autant plus nécessaire que les
scénarios d’évolution des facteurs critiques sont incertains
et doivent donc faire l’objet de choix pour construire une
vision d’avenir partagée par les parties prenantes.
Résultat visé
Le repérage de facteurs critiques, la
sélection des facteurs les plus sensibles pour
le champ concerné, puis la formulation de
perspectives d’évolutions possibles
constituent un outil mobilisable en atelier
prospectif pour permettre aux parties
prenantes du projet de formuler une vision
prospective des besoins à satisfaire et
d’identifier des pistes d’offres et de solutions
innovantes.
La planche 4 propose le rubricage retenu
pour expliciter les facteurs critiques. Les
fiches facteurs critiques sont réparties sur
trois planches pour plus de lisibilité.
48DataCités - CC-BY-SA
49. Titre du facteur critique
Description
Historique
Situation actuelle
Qualification du facteur
Dynamique du facteur
Maturité du facteur
Impacts sur les modèles
alternatifs
Définir le facteur et son périmètre, ses caractéristiques > Cette rubrique
donne une idée de l’ampleur du facteur et donc de en quoi il impacte
potentiellement le projet.
Des faits, des chiffres, des observations… le tout à des périodes passées >
Cette rubrique donne une idée de dynamique du facteur (inertie/rythme de l’
évolutibilité).
Le niveau du facteur aujourd’hui, son état de force ou de maturité > Cette
rubrique donne une idée de la maturité du facteur (germe, émergence,
croissance, maturité, déclin…).
Tendance lourde ou tendance émergente / germe de changement /
incertitude (crise, risque)
Inertie + ou ++ ou +++ (donc lent)
Evolution + ou ++ ou +++ (donc rapide)
Naissant, croissant, à maturité, en déclin, en voie de disparition
Fort/moyen/faible sur tel ou tel moyen (un aspect peut être fort, un autre
faible)
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DataCités-CC-BY-SA
50. Facteurs critiques étudiés dans Datacités
Facteurs technologiques
● La montée en charge de la blockchain
● L’APIfication au sein des entreprises
Facteurs législatifs
● L’évolution des lois autour du numérique, à l’échelle européenne et nationale
● L’intégration du numérique dans les schémas d’aménagement du territoire et autres schémas de
planification
Facteurs collaboratifs
● L’implication des acteurs de l’ESS
● L’implication citoyenne
Facteurs économiques
● Le modèle freemium
● Les coûts liés à la production et à l’exploitation des données
Facteurs liés à la gouvernance et à la gestion des données
● La montée des acteurs intermédiaires qui stockent, gèrent et analysent les données
● La centralisation des données publiques en bien commun
Facteurs politiques
● La nouvelle donne politique mondiale (Trump, Brexit, etc.)
Facteurs culturels
● L’adaptation culturelle des collectivités au numérique et à la donnée
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