Abus de confiance Droit Penal Marocain Programme ENCG S5
1. L’abus de confiance
Définition :
Il y a abus de confiance quand une personne s'approprie un bien que lui a remis sa victime,
propriétaire. Ce bien peut être une somme d'argent, une marchandise, un effet de
commerce (document bancaire ou commercial tel que chèque, traite). C'est aussi le cas pour
les données informatiques. Par exemple, si un commercial prend un fichier clients de son
entreprise pour l'utiliser dans son nouvel emploi.
NB : L’immeuble ou prestation de service sont exclus du domaine d’abus de confiance
Pour prouver l'abus de confiance, il faut d'abord démontrer :
- que (par opposition au vol) le bien a été remis au terme d'un accord écrit ou verbal
explicite entre la victime et l'auteur de l'abus de confiance
- que le bien a été détourné (utilisé de façon autre que ce qui avait été convenu), a été
dissipé (donné, vendu) ou n'a pas été rendu dans les délais prévus.
Usage abusif
Défaut ou retard dans la restitution de la chose
- Il faut également démontrer que l'auteur de l'abus de confiance a agi en toute
connaissance de cause (en sachant qu'il contrevenait gravement à l'accord initial).
Exemple d’abus de confiance :
- Confier de la contrebande à Sara T pour la rendre après une semaine
- Un salarié au lieu de travailler avec l’ordinateur, il se connecte sur facebook
- Détruire la chose afin de se venger de la personne : il s’agit du contournement de
l’objectif voulu par le propriétaire
La nature de la remise
Elle doit être antérieure
Elle doit être acceptée
Elle doit être volontaire
Elle doit être personnelle et exclusive
2. Les éléments constitutifs de l’infraction 547
- Pour que l'infraction soit constituée, il faut nécessairement un accord préalable (écrit
ou oral) entre la victime et l'auteur de l'infraction. Cet accord peut, par exemple,
prendre la forme d'un contrat de travail, de prêt ou de mandat
- La remise de la chose doit avoir été volontaire (dans le cas contraire, les faits
pourraient alors être qualifiés de vol). Ainsi, l'auteur de l'infraction doit avoir eu
conscience du caractère temporaire de la détention et donc du fait que la victime ne
lui a pas cédé la propriété de la chose.
- La réalisation du détournement qui peut apparaître sous la forme d'une non-
restitution, d'une destruction, d'un don, d'une vente, d'une détérioration, ... Par ses
actes, l'auteur de l'infraction s'approprie la chose alors que celle-ci ne lui appartient
pas. La victime en subit un préjudice qui peut être matériel ou moral, réel ou
éventuel
Immunité familiale
Elle s’applique dans l’abus de confiance
Tentative
Elle n’est pas punissable
Complicité
Sanction :
Puni de l'emprisonnement de six mois à trois ans et d'une amende de 200 à 2.000
dirhams.
Si le préjudice subi est de faible valeur, la durée de la peine d'emprisonnement sera
d'un mois à deux ans et l'amende de 200 à 250 dirhams
C’est une infraction moins grave que le vol et l’escroquerie car l’auteur n’utilise ni la
violence ni la ruse
Il n'est par contre pas nécessaire d'établir que l'accord initial lors de la remise des biens
était vicié dès le départ par un mensonge ou une tromperie. Cela différencie l'abus de
confiance de l'escroquerie.
Elle suppose la violation de la confiance, (cette personne trahit la confiance)
3. Le non empêchement d’un crime (délit)
Définition
Quiconque pouvant, sans risque pour lui ou pour des tiers, empêcher par son action
immédiate, soit un fait qualifié crime, soit un délit contre l'intégrité physique d'une
personne, s'abstient volontairement de le faire
Tous les crimes sont concernés
Pour les délits : contre l’intégrité physique de la personne
La contravention : elle n’est pas incriminée
L’empêchement du crime doit être avant l’entière consommation de l’infraction soit par
l’avertissement de la police, voisins, soit par intervention personnelle
Les éléments constitutifs de l’infraction
- L’élément l égal : article 430
- L’élément moral : Conscience de l’existence du crime et de la possibilité de
l’intervention
- L’élément matériel : La non intervention
Sanction
L’infraction est punie de l'emprisonnement de trois mois à cinq ans et d'une amende de 120
à 1.000 dirhams ou de l'une de ces deux peines seulement.
4. La non assistance d’une personne en péril
Définition
C’est l'abstention volontaire de porter à une personne en péril l'assistance sans risque pour
lui, ni pour les tiers, et ayant la possibilité de la lui prêter soit par son action personnelle, soit
en provoquant un secours
Les éléments constitutifs de l’infraction
- L’élément l égal : article 431
- L’élément moral : Conscience de l’existence d’une personne en péril et de la
possibilité de l’assister
- L’élément matériel : La non assistance
NB : Si la personne est morte et l’autre s’est abstenue de lui porter secours
De même un simple état de fatigue ne peut pas être un moyen pour ne pas intervenir
Sanction
L'emprisonnement de trois mois à cinq ans et d'une amende de 120 à 1.000 dirhams ou de
l'une de ces deux peines seulement.
Le faux document
Définition
Le faux en écritures est l'altération frauduleuse de la vérité, de nature à causer un préjudice
et accomplie dans un écrit par un des moyens déterminés par la loi
L’objectif de l’incrimination est de protéger la confiance du public notamment les
contrats
Est coupable d’infraction de faux document toute personne :
- Qui fabrique le faux document
- Qui le détient
- Qui l’utilise
Remarques :
- Pour incriminer le faux document, est ce que le contrat doit avoir un effet juridique
pour l’incriminer ?
Doctrine extensive : n’importe quel contrat peut faire l’objet de cette incrimination
5. Doctrine restrictive : seuls les contrats ayant un effet juridique peuvent être
incriminés
- Est-ce que le support doit être écrit ou bien numérique ?
Même le faux document numérique peut constituer une infraction
Les éléments constitutifs de l’infraction
- L’élément légal : l’existence du texte (article 351)
- L’élément moral :
- L’élément matériel : il faut que le document soit consommé, et puis l’altération
préjudiciable de la vérité dans un document avec volonté de tromper.
Le législateur s’intéresse aux résultats et à la façon par laquelle on les a réalisés.
Le faussaire est celui qui utilise une personne inconsciente du délit, en effet e
caractère personnel de la responsabilité pénale considère que ce faussaire est lui qui
a fabriqué ce document.