1. THEME 4 : NOUVEAUX HORIZONS GEOGRAPHIQUES ET CULTURELS DES
EUROPEENS A L’EPOQUE MODERNE
Question 1 : L’élargissement du monde (XVème- XVIème siècles).
Introduction :
Les historiens ont retenu 2 dates symboliques pour marquer le passage du Moyen Age à l’époque moderne : 1453 et 1492.
1492 marque l’ouverture des Européens au monde. Au XVème siècle, le monde s’organise autour de vastes territoires plus ou
moins unifiés (Chine de Ming, Empire ottoman, empires aztèque et inca) et de régions plus morcelées (royaumes européens).
De vastes zones d’échanges et de circulation relient déjà ces mondes.
Quel nouveau regard les Européens portent-ils sur le monde ?
I. De Constantinople à Istanbul : un lieu de contact entre civilisations.
Quel est le dynamisme des sociétés islamiques à l’époque moderne ?
1) Constantinople au XVème siècle.
Constantinople est la capitale de l’Empire byzantin, c'est-à-dire l’Empire romain d’Orient créé en 395. En raison des conquêtes
de l’Empire ottoman, les empereurs byzantins règnent sur un empire devenu minuscule. Néanmoins, la ville conserve les
traces de son passé prestigieux.
Elle est également une capitale religieuse : le patriarche de Constantinople est le chef des chrétiens orthodoxes. L’importance
de la fonction religieuse de Constantinople est représentée par la basilique Sainte-Sophie, le plus vaste édifice religieux de la
chrétienté.
Cet héritage fait également de Constantinople une capitale culturelle. Les traces de l’antiquité sont partout présentes :
forums, acropole (référence grecque), hippodrome (10 000 personnes), palais impérail. Ses bibliothèques, ses écoles et ses
artistes sont renommés.
De par sa position géographique, aux confins de la chrétienté et au contact de l’empire ottoman et de l’Asie. Elle se trouve
notamment sur la route de la Soie.
Pour cette raison, de nombreuses communautés de marchands sont établies à Constantinople : surtout des gênois, mais aussi
des Français, Vénitiens et Catalans.
Cependant, le pouvoir byzantin est très affaiblit par des querelles internes et la menace constante de l’Empire ottoman.
2) Constantinople devient Istanbul.
Alors que s’achève la Reconquista à l’ouest, en Europe orientale l’Islam progresse aux dépens de la Chrétienté. L’Empire
Ottoman est un concurrent sérieux à la volonté de domination européenne. Pour cette raison, il inquiète et fascine.
En 1453, au terme de 55 jours de siège, le sultan ottoman Mehmet II s’empare de Constantinople. Immédiatement, il en fait la
capitale de l’Empire ottoman et la rebaptise Istanbul. Il s’attache aussi à repeupler la ville, qui ne comptait plus que 40 000
habitants en 1453.
Cet effort est un succès : au début du XVIème siècle, Istanbul est la ville la plus peuplée d’Europe avec 400 000 habitants (elle
retrouve sa population du XIIème siècle). Istanbul est une ville cosmopolite : Les chrétiens forment 1/3 de la population de la
ville (surtout des Grecs, des Slaves et des Arméniens) et la ville reste également un refuge pour les Juifs chassés d’Espagne par
la Reconquista.
2. 3) L’Empire Ottoman et le monde.
À la richesse culturelle et humaine de leur capitale répond l’intérêt des Turcs pour le monde.
Dès le début du XVIesiècle, leur flotte se manifeste dans l’océan indien; de nombreuses sources
attestent de la curiosité des Ottomans pour les territoires américains et les nouvelles routes ouvertespar les navigateurs
européens.
Pourtant, ils échouent dans leurs ambitions de conquête: ils effectuent peu de voyages, découvrent l’Amérique à partir des
traductions italiennes, ne partagent pas le développement économique européen et disposent de peu de moyens pour
diffuser leur pensée (ils n’adoptent l’imprimerie qu’au XVIIIe siècle).
II. La découverte d’un nouveau monde par un Européen : Christophe Colomb.
Quelles sont les conditions techniques, économiques, politiques et culturelles qui permirent de concrétiser ces découvertes ?
1) Le contexte et les motivations de l’expédition.
A la fin du XVème siècle, les Européens cherchent à atteindre plus rapidement les Indes (c'est-à-dire l’Asie du Sud-Est) et leurs
richesses (or, épices).
Les Portugais ont choisi de contourner l’Afrique.
Qui est Christophe Colomb ?
Christophe Colomb est un gênois né en 1451. A 20 ans il devient marin dans des compagnies commerciales génoises. Il se
passionne pour la géographie et la cartographie. Il pense que, grâce à la rotondité de la Terre, il est possible d’atteindre les
Indes en navigant vers l’Ouest. Il trouve le soutien des rois d’Espagne, Isabelle de Castille et Ferdinand d’Aragon.
Quelles sont les motivations de ces expéditions ?
- L’accumulation depuis l’Antiquité de récits mythologiques et de connaissances géographiques, ainsi que des
innovations techniques (Caraques (grande nef capable de naviguer en haute mer), Caravelles, astrolabe, portulans)
poussent à la découverte.
- L’Espagne achève la Reconquista et encourage les mouvements d’évangélisation (Christophe Colomb présente
d’ailleurs son projet aux Rois catholiques comme une mission d’évangélisation)
- Dans un contexte de concurrence commerciale, il faut trouver de nouveaux territoires à exploiter.
- Les Ottomans s’étant rendu maître de la route de la soie depuis la chute de Constantinople et les Portugais
contrôlant la route maritime contournant l’Afrique, il faut trouver de nouvelles routes pour atteindre les Indes.
2) Les voyages de découverte.
Le 3 août 1492, l’expédition de l’amiral Colomb, constituée de 87 hommes et de trois navires, la Pinta, la Niña, et la Santa
Maria, quitte l’Espagne. La traversée dure trois semaines et au soir du 11 octobre, la terre est en vue. Le 12 octobre Colomb
débarque sur une île des Bahamas baptisée immédiatement San Salvador. Il pense avoir atteint une île proche du Japon. Son
premier contact avec les indigènes, qu’il nomme « indiens », se passe bien car ils sont pacifiques mais leur langue est
inconnue. L’amiral explore ensuite les Bahamas, l’île actuelle de Cuba, puis celle de Saint Domingue.
Gravure p 156 : Quelle est l’attitude des Espagnols ?
L’image est divisée en deux : à gauche, les Espagnols, on distingue les trois navires de Colomb en train d’accoster, de
débarquer l’équipage et de planter une croix dans le sol, rappelant la mission évangélisatrice de l’expédition. Les Espagnols
portent des vêtements raffinés et sont lourdement armés. A droite, on distingue un monde sauvage et peuplé d’indigènes nus.
Le contraste entre les deux parties de l’image illustre le choc des civilisations.
3. Les Espagnols ont une attitude dominatrice et conquérante. Colomb est représenté tel un souverain et encadré par deux
soldats. De leur coté, les indigènes sont pacifiques et inoffensifs (ils offrent des cadeaux et ne possèdent pas d’armes).
D’autres sont peureux et fuient à l’arrivée des Espagnols.
Lorsqu’il retourne en Espagne, il est persuadé d’avoir atteint son but et d’avoir ouvert une nouvelle route vers les Indes.
Il fait par la suite 3 autres voyages jusqu’en 1504 au cours desquels il découvre les principales îles des Caraïbes (Cuba, Saint-
Domingue) ainsi que l’Amérique centrale
Colomb n’a jamais réalisé et admis qu’il avait découvert un nouveau continent.
Colomb ouvre les horizons des Européens mais le sien reste fermé : c’est davantage un homme de la fin du Moyen Age qu’un
homme de la Renaissance.
C’est Amérigo Vespucci, un navigateur italien qui en a l’intuition et qui donne son prénom au nouveau continent : l’Amérique.
Pendant les voyages de Colomb, le portugais Cabral découvre le Brésil en 1500. C’est finalement Magellan, lors de son tour du
monde entre 1519 et 1522 qui va atteindre l’Asie par l’ouest, après avoir contourné l’Amérique par le sud et traversé l’océan
Pacifique. L’Amérique du Nord est explorée pour l’Angleterre par Cabot (1498) et par le français Jacques Cartier.
III. Tenochtitlán, une cité aztèque à l’épreuve de la conquête espagnole.
Quelles sont les conditions de la conquête espagnole et ses conséquences sur la civilisation aztèque ?
Au cours des voyages de découverte, les explorateurs prennent possession des terres au nom de leur souverain. En 1494, le
traité de Tordesillas est signé par les Espagnols et les Portugais qui se partagent les terres découvertes ou à découvrir. C’est
ainsi que se constituent très rapidement d’immenses empires coloniaux portugais et espagnols.
1) Tenochtitlán, capitale de l’empire aztèque.
La cité de Tenochtitlan est fondée dans l’actuel Mexique en 1325. Vers 1500, elle est peuplée de 150 000 à 300 000 habitants,
ce qui en fait une des plus grandes villes du monde. Elle est la capitale d’un empire de 10 à 15 millions d’habitants.
Les Aztèques ignorent l’existence du reste du monde, écrivent en hiéroglyphes (écriture utilisant des dessins) et sont
polythéistes.
La religion aztèque exige des sacrifices humains (souvent des prisonniers de guerre).
Récit : Le prisonnier est renversé sur une pierre de sacrifice au sommet d’une pyramide. Un prêtre lui ouvre le thorax avec un
couteau en silex. Le cœur encore palpitant est offert à la divinité puis le corps est jeté en bas de la pyramide.
Pour l’inauguration du Grand Temple de Mexico, sous le règne de Moctezuma II peu avant la conquête espagnole, on sacrifia
des victimes pendant 4 jours. Les spécialistes pensent qu’il y a pu avoir plus de de 80 000 sacrifices humains.
Les Aztèques croient que Quetzalcoatl, l’un de leur dieu, parti vers l’Est, reviendra un jour.
2) La conquête espagnole.
En 1519, les premiers conquistadors espagnols (conquérants espagnols) débarquent au Mexique avec à leur tête Hernan
Cortès.
Il est impressionné par la ville mais sa motivation réside dans la quête de l’or et l’évangélisation des Indiens. => doc 3 p 173
En 1521, avec une armée bien inférieure en nombre (500 hommes à peine) à celle des Aztèques, il conquiert l’Empire, puis
celui des Incas, avec une grande violence.
Comment expliquer la chute de l’Empire aztèque ? => schéma
L’effondrement de la cité aztèque en 1521 et la prise de Cuzco (capitale Inca) en 1533 mettent en évidence une combinaison
de facteurs: l’impact des maladies infectieuses, les dissensions politiques locales, la supériorité de l’armement ibérique, l’accès
rapide deseuropéens à l’information via l’imprimé, le choc anthropologique, la fascination issue d’un imaginaire fantastique,
armature mentale de la conquête.
4. 3) La société coloniale.
Encomienda : colonisation espagnole de terres peuplées d’autochtones.
Dès la conquête, Tenochtitlan est rebaptisée Mexico et les Espagnols bâtissent une nouvelle ville en effaçant les traces de la
civilisation aztèque.
Sur les ruines des civilisations aztèque et inca, les Espagnols édifient une nouvelle société coloniale.
L’exploitation du nouveau monde a nécessité l’immigration d’hommes et de femmes: 240 000 Espagnols ont rejoint le
nouveau continent au cours du XVIe siècle. Dès les années
1530, une organisation administrative hiérarchisée est mise en place. La destruction systématique des cultures indiennes est
organisée, et une économie coloniale est mise en place qui réduit en esclavage les populations indiennes puis fait appel à la
traite négrière.
Parallèlement, l’évangélisation massive et l’acculturation chrétienne des populations indiennes (conversion au mode de vie
chrétien) sont organisées.
Cependant, cette violence à l’égard des Amérindiens interroge les intellectuels comme Bartolomé de Las Casas. Ce
questionnement s’accentue avec le constat des ravages de la conquête qui heurtent les consciences d’une partie des
Espagnols. La question indienne devient l’enjeu d’un débat qui traverse le siècle => doc 4 p 171.