Exposé présenté par Dr. Alawadi Zelao lors de l'atelier national sur la participation des minorités aux élections municipales et législatives au Cameroun organisées par Laimaru, MBOSCUDA, CAEPA & Pionniers au monastère du Mont Fébé, Yaoundé, 28-29 Septembre 2012.
Positionnement géographique des activités économiques du CamerounNino NJOPKOU
"Un atlas de développement physique est par définition une collection d informations géospatiales ou non (cartes, graphiques, tableaux, images) couplées aux textes de description ou d’explication, organisées autour des thèmes cohérents. Il sert à mesurer le niveau d’équipement du pays et la répartition des éléments constitutifs.
L’objectif de cet atlas est de faciliter la lisibilité du potentiel naturel et socio- économique du Cameroun, en vue de favoriser l’optimisation de sa valorisation.
Car, à travers les cartes et les graphiques choisis à dessein, il est question de mettre à la disposition des décideurs et autres acteurs du développement du Cameroun, un ensemble de données fiables, avérées, de nature à faciliter le choix des options à opérer et à promouvoir dans la perspective de l’émergence à l’horizon 2035, d’un pays prospère, uni dans sa diversité, démocratique, intégré, géré durablement, hautement compétitif, mieux ancré dans son environnement régional et international."
Violence révolutionnaire et construction de l’imaginaire politique chez Frant...AJHSSR Journal
Résumé : Cet article s’est proposé d’interroger la pensée révolutionnaire de Frantz Fanon afin de montrer que la
construction de l’imaginaire politique chez cet auteur est tributaire de la symbolique de la violence qu’il a mis sur
pied. En effet, après avoir dénoncé le projet des impérialistes visant à refuser l’humanité à l’Africain et à exploiter
sous toutes ses formes les ressources africaines, Fanon a montré que la sortie de cette situation alarmante requiert
l’usage par le colonisé de la violence car l’impérialiste ne parle et ne comprend que le langage de la barbarie.
Toutefois, en préconisant la solution violente comme panacée face à la sauvagerie coloniale, cet auteur a semblé
nous inviter à tourner le dos à la raison pour laisser place à l’instinct. L’auteur de cet article a pensé que dans notre
contexte postcolonial actuel marqué par la montée des foyers de conflits et des formes plurielles d’extrémisme
seul le compromis ou le dialogue soit privilégié face à toute situation de résolution des conflits.
MOTS CLES : violence révolutionnaire, colonialisme, libération, dialogue.
LES BAMILEKE de l'Ouest du Cameroun - 1960Nino NJOPKOU
Ce nouveau volume de notre collection est consacré à
l'étude de quelques aspects de ce que l'on appelle le problème
Bamiléké; il est l'aboutissement d'une enquête difficile
entreprise au Cameroun par M. Tardits en 1957 dans le cadre
du Conseil supérieur des Recherches sociologiques outre-mer
et qui a porté en particulier sur certains faits économiques
et politiques d'une brûlante actualité.
Les populations dites « Bamiléké » occupent, sur les plateaux du Cameroun occidental, la région de Dschang, zone
fraîche où prospèrent les cultures vivrières, le café arabica
et l'élevage.
Les Bamiléké se sont en outre répandus, comme
travailleurs, transporteurs et commerçants dans la région
voisine du Moungo, à Douala et dans tout le Sud Cameroun.
Cette société Bamiléké en pleine croissance évolue rapidement et pose au moins trois questions essentielles:
1- l'adaptation des institutions traditionnelles à des circonstances nouvelles;
2- le développement économique rendu nécessaire par
la croissance de la population;
3- la coexistence des immigrants Bamiléké et des indigènes
dans diverses régions du Sud Cameroun, et notamment
à Douala.
Positionnement géographique des activités économiques du CamerounNino NJOPKOU
"Un atlas de développement physique est par définition une collection d informations géospatiales ou non (cartes, graphiques, tableaux, images) couplées aux textes de description ou d’explication, organisées autour des thèmes cohérents. Il sert à mesurer le niveau d’équipement du pays et la répartition des éléments constitutifs.
L’objectif de cet atlas est de faciliter la lisibilité du potentiel naturel et socio- économique du Cameroun, en vue de favoriser l’optimisation de sa valorisation.
Car, à travers les cartes et les graphiques choisis à dessein, il est question de mettre à la disposition des décideurs et autres acteurs du développement du Cameroun, un ensemble de données fiables, avérées, de nature à faciliter le choix des options à opérer et à promouvoir dans la perspective de l’émergence à l’horizon 2035, d’un pays prospère, uni dans sa diversité, démocratique, intégré, géré durablement, hautement compétitif, mieux ancré dans son environnement régional et international."
Violence révolutionnaire et construction de l’imaginaire politique chez Frant...AJHSSR Journal
Résumé : Cet article s’est proposé d’interroger la pensée révolutionnaire de Frantz Fanon afin de montrer que la
construction de l’imaginaire politique chez cet auteur est tributaire de la symbolique de la violence qu’il a mis sur
pied. En effet, après avoir dénoncé le projet des impérialistes visant à refuser l’humanité à l’Africain et à exploiter
sous toutes ses formes les ressources africaines, Fanon a montré que la sortie de cette situation alarmante requiert
l’usage par le colonisé de la violence car l’impérialiste ne parle et ne comprend que le langage de la barbarie.
Toutefois, en préconisant la solution violente comme panacée face à la sauvagerie coloniale, cet auteur a semblé
nous inviter à tourner le dos à la raison pour laisser place à l’instinct. L’auteur de cet article a pensé que dans notre
contexte postcolonial actuel marqué par la montée des foyers de conflits et des formes plurielles d’extrémisme
seul le compromis ou le dialogue soit privilégié face à toute situation de résolution des conflits.
MOTS CLES : violence révolutionnaire, colonialisme, libération, dialogue.
LES BAMILEKE de l'Ouest du Cameroun - 1960Nino NJOPKOU
Ce nouveau volume de notre collection est consacré à
l'étude de quelques aspects de ce que l'on appelle le problème
Bamiléké; il est l'aboutissement d'une enquête difficile
entreprise au Cameroun par M. Tardits en 1957 dans le cadre
du Conseil supérieur des Recherches sociologiques outre-mer
et qui a porté en particulier sur certains faits économiques
et politiques d'une brûlante actualité.
Les populations dites « Bamiléké » occupent, sur les plateaux du Cameroun occidental, la région de Dschang, zone
fraîche où prospèrent les cultures vivrières, le café arabica
et l'élevage.
Les Bamiléké se sont en outre répandus, comme
travailleurs, transporteurs et commerçants dans la région
voisine du Moungo, à Douala et dans tout le Sud Cameroun.
Cette société Bamiléké en pleine croissance évolue rapidement et pose au moins trois questions essentielles:
1- l'adaptation des institutions traditionnelles à des circonstances nouvelles;
2- le développement économique rendu nécessaire par
la croissance de la population;
3- la coexistence des immigrants Bamiléké et des indigènes
dans diverses régions du Sud Cameroun, et notamment
à Douala.
Nick Mai (LAMES, AMU/CNRS, France, London Metropolitan University, UK) “ ‘Ass...antiAtlas of Borders
La protection humanitaire des groupes de migrants vulnérables a imposé de nouvelles frontières biographiques. Les migrants cherchent à obtenir la bienveillance de l’Etat et un statut légal en réalisant et incorporant des discours humanitaires mettant l’accent sur la victimisation et de la souffrance. Seuls ceux dont les performances de souffrance en tant que sujets dignes de protection humanitaire sont jugés crédibles et bénéficient d’une telle protection. Genre et sexualité sont devenus des répertoires narratifs stratégiques à travers lequel les frontières humanitaires et biographiques sont inscrites sur les corps des migrants. Le projet “Emborders”, à la fois projet de realization cinématographique et de recherché scientifique, reproduit les différentes représentations et les récits des migrants ciblés par la protection humanitaire tels qu’ils ressortent des entretiens avec les autorités, avec des chercheurs en sciences sociales ainsi qu’avec les autres migrants et les familles. Il s’appuie sur des histoires vraies et des gens réels, qui sont jouées par des acteurs afin de protéger l’identité des personnes interrogées originaux et refléter la nature intrinsèquement fictive de toute narration de soi. En utilisant des acteurs pour reproduire de vraies personnes et des histoires de la vie réelle, le projet remet en cause ce qui constitue finalement une réalité crédible et acceptable en termes scientifiques, filmiques et humanitaires. Samira est une installation d’art-science à deux écrans, présentant l’histoire de Karim. Elle assemble différents moments et scripts ethnographiques tels qu’ils sont apparus à travers le travail de terrain à Marseille. Karim est un homme migrant algérien commerçant le sexe, tout comme SAMIRA, la nuit à Marseille. Il a quitté l’Algérie comme un jeune homme dont les seins commençaient à se développer à la suite de la prise d’hormones ce qui lui a permis d’obtenir l’asile en France, en tant que femme transgenre. Vingt ans plus tard, alors que son père se meurt et que Samira/Karim est en passe de devenir le chef de la famille, elle se fait chirurgicalement enlever les seins et se marie avec une femme afin d’obtenir un nouveau passeport lui permettant de retourner en Algérie pour assumer son nouveau rôle.
Analyse postcolonialiste d'un séjour d'études en travail social comparé, par ...EcoleTravailSocialUQAM
Analyse postcolonialiste d'un séjour d'études en travail social comparé, par Erika English, étudiante 1er cycle en travail social (UQAM), 19 mars 2015.
7141 . aux origines coloniales de la crise ecologique 1Gian Paolo Pezzi
Pour les chercheurs dé-coloniaux, le dérèglement climatique serait lié à l’histoire esclavagiste de la modernité occidentale. Selon eux, le capitalisme s’est structuré sur des monocultures intensives qui ont détruit la biodiversité. C’est une petite phrase qui n’a pas manqué de faire réagir les nombreux critiques de Greta Thunberg, la jeune égérie suédoise du combat contre le dérèglement climatique. Lecture réservé aux abonnés.
Le rôle et la place de la femme rurale dans le fonctionnement des institution...propac
Comprendre le rôle et la place de la femme rurale dans le fonctionnement des institutions et de la société Africaine, Situer l’engagement de la femme rurale au sein de l’exploitation agricole familiale et rurale en Afrique
Forum Africain de la Femme Rurale organisé par la PROPAC
Présenté par
MESSY Dédé Charles Théodore
Ingénieur des programmes et projets
Expert Consultant en Ingénierie de développement
Sahel est un mot tiré de l'Arabe, qui veut dire «Côte» et ou «Frontière», c'est une région naturelle du nomadisme et du pastoralisme, qui a aussi la caractéristique de porter le sceau de la pénétration Islamique en Afrique.
Par deux vagues successives majeures, l'une au septième siècle et l'autre au onzième siècle et comme la mention précédente l'indique et comme les routes caravanières en attestent et contrairement aux idées que l'on pourrait se forger dans son esprit, cette rencontre entre les Africains de cette région et l'Islam, s'est faite d'abord et surtout dans un contexte de communication lié au commerce.
Le commerce transsaharien, constituait un réseau d'approvisionnement d'une importance capitale pour le continent et surtout à mon sens, témoignait de la volonté de dépasser la frontière naturelle du désert du Sahara en reliant non seulement le Nord et le Sud, le Bilad Sudan au Maghreb mais aussi la côte de la Méditerranée à celle de la Mer Rouge...
Ludo Martens
"Au milieu du XXième siècle est sorti le fameux livre "Panafricanisme ou communisme?" dans lequel Georges Padmore a tracé la perspective d'une Afrique indépendante, basée sur l'entreprise privée, adoptant une orientation sociale-démocrate et hostile au communisme.(1) Aujourd'hui, nous pouvons dire que ce panafricanisme-là a définitivement échoué.
Lorsque, bientôt, l'Afrique entrera dans le XXIième siècle, seul un panafricanisme basé sur le marxisme-léninisme pourra exprimer une position révolutionnaire, anti-impérialiste et socialiste."
Nick Mai (LAMES, AMU/CNRS, France, London Metropolitan University, UK) “ ‘Ass...antiAtlas of Borders
La protection humanitaire des groupes de migrants vulnérables a imposé de nouvelles frontières biographiques. Les migrants cherchent à obtenir la bienveillance de l’Etat et un statut légal en réalisant et incorporant des discours humanitaires mettant l’accent sur la victimisation et de la souffrance. Seuls ceux dont les performances de souffrance en tant que sujets dignes de protection humanitaire sont jugés crédibles et bénéficient d’une telle protection. Genre et sexualité sont devenus des répertoires narratifs stratégiques à travers lequel les frontières humanitaires et biographiques sont inscrites sur les corps des migrants. Le projet “Emborders”, à la fois projet de realization cinématographique et de recherché scientifique, reproduit les différentes représentations et les récits des migrants ciblés par la protection humanitaire tels qu’ils ressortent des entretiens avec les autorités, avec des chercheurs en sciences sociales ainsi qu’avec les autres migrants et les familles. Il s’appuie sur des histoires vraies et des gens réels, qui sont jouées par des acteurs afin de protéger l’identité des personnes interrogées originaux et refléter la nature intrinsèquement fictive de toute narration de soi. En utilisant des acteurs pour reproduire de vraies personnes et des histoires de la vie réelle, le projet remet en cause ce qui constitue finalement une réalité crédible et acceptable en termes scientifiques, filmiques et humanitaires. Samira est une installation d’art-science à deux écrans, présentant l’histoire de Karim. Elle assemble différents moments et scripts ethnographiques tels qu’ils sont apparus à travers le travail de terrain à Marseille. Karim est un homme migrant algérien commerçant le sexe, tout comme SAMIRA, la nuit à Marseille. Il a quitté l’Algérie comme un jeune homme dont les seins commençaient à se développer à la suite de la prise d’hormones ce qui lui a permis d’obtenir l’asile en France, en tant que femme transgenre. Vingt ans plus tard, alors que son père se meurt et que Samira/Karim est en passe de devenir le chef de la famille, elle se fait chirurgicalement enlever les seins et se marie avec une femme afin d’obtenir un nouveau passeport lui permettant de retourner en Algérie pour assumer son nouveau rôle.
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Analyse postcolonialiste d'un séjour d'études en travail social comparé, par Erika English, étudiante 1er cycle en travail social (UQAM), 19 mars 2015.
7141 . aux origines coloniales de la crise ecologique 1Gian Paolo Pezzi
Pour les chercheurs dé-coloniaux, le dérèglement climatique serait lié à l’histoire esclavagiste de la modernité occidentale. Selon eux, le capitalisme s’est structuré sur des monocultures intensives qui ont détruit la biodiversité. C’est une petite phrase qui n’a pas manqué de faire réagir les nombreux critiques de Greta Thunberg, la jeune égérie suédoise du combat contre le dérèglement climatique. Lecture réservé aux abonnés.
Le rôle et la place de la femme rurale dans le fonctionnement des institution...propac
Comprendre le rôle et la place de la femme rurale dans le fonctionnement des institutions et de la société Africaine, Situer l’engagement de la femme rurale au sein de l’exploitation agricole familiale et rurale en Afrique
Forum Africain de la Femme Rurale organisé par la PROPAC
Présenté par
MESSY Dédé Charles Théodore
Ingénieur des programmes et projets
Expert Consultant en Ingénierie de développement
Sahel est un mot tiré de l'Arabe, qui veut dire «Côte» et ou «Frontière», c'est une région naturelle du nomadisme et du pastoralisme, qui a aussi la caractéristique de porter le sceau de la pénétration Islamique en Afrique.
Par deux vagues successives majeures, l'une au septième siècle et l'autre au onzième siècle et comme la mention précédente l'indique et comme les routes caravanières en attestent et contrairement aux idées que l'on pourrait se forger dans son esprit, cette rencontre entre les Africains de cette région et l'Islam, s'est faite d'abord et surtout dans un contexte de communication lié au commerce.
Le commerce transsaharien, constituait un réseau d'approvisionnement d'une importance capitale pour le continent et surtout à mon sens, témoignait de la volonté de dépasser la frontière naturelle du désert du Sahara en reliant non seulement le Nord et le Sud, le Bilad Sudan au Maghreb mais aussi la côte de la Méditerranée à celle de la Mer Rouge...
Ludo Martens
"Au milieu du XXième siècle est sorti le fameux livre "Panafricanisme ou communisme?" dans lequel Georges Padmore a tracé la perspective d'une Afrique indépendante, basée sur l'entreprise privée, adoptant une orientation sociale-démocrate et hostile au communisme.(1) Aujourd'hui, nous pouvons dire que ce panafricanisme-là a définitivement échoué.
Lorsque, bientôt, l'Afrique entrera dans le XXIième siècle, seul un panafricanisme basé sur le marxisme-léninisme pourra exprimer une position révolutionnaire, anti-impérialiste et socialiste."
Les mécanismes internationaux de promotion et de protection des minorités: le cas des Montagnards du Cameroun
1. Système des Nations Unies de protection et de promotion des droits des minorités :
l’exemple des minorités Montagnardes à l’Extrême-Nord Cameroun
Alawadi Zelao1
Introduction
Les Montagnards constituent un ensemble des groupes sociaux qui vivent dans la zone
géographique dénommée par la littérature française les Monts-Mandara2. Ils se trouvent en grand
nombre démographique dans la région de l’Extrême-Nord et principalement dans les
départements du Mayo-Tsanaga (Mafa, Kapsiki, Bana, Goudé…), dans le département du Mayo-
Sava (Zoulgo, Guemjek, Mada, Podoko, Mouktélé…) et dans le département de Diamaré
(Mofou, Mboko, Molko…)3. Les Montagnards ont pour écosystème naturel la montagne. Mais
avec les dynamiques historiques (conquêtes Foulbé/Mandara, colonisation européenne), certaines
communautés montagnardes ont commencé progressivement à coloniser les plaines et s’y sont
définitivement installées.
Depuis la période de la guerre sainte (jihad) lancée par Othman Dan Fodio, les Montagnards
vivent une situation de tutelle de la part des sociétés musulmanes. Au temps colonial allemand et
français, les montagnards ont gardé leur attitude de résistance face aux forces extérieures. Avec
l’avènement de l’indépendance, la situation des Montagnards n’a pas changé avec la prise de
pouvoir Ahmadou Ahidjo qui a œuvré à l’islamisation de la partie septentrionale du Cameroun.
Aujourd’hui, la marginalisation se manifeste sur le triple plan social (imposition du modèle
d’organisation sociale propre aux musulmans), politique (sous-représentativité dans les instances
électives et institutionnelles) et économique (pauvreté aigüe). Cette communication présente les
caractéristiques des minorités Montagnardes, indique les sources du droit international qui
consacre la protection et la promotion des minorités à l’échelle mondiale et montre en quoi un tel
arsenal juridique intéresse la situation des minorités Montagnardes à l’Extrême-Nord du
Cameroun.
I- Les Montagnards et leur figure de minorité
a) Des communautés autochtones subissant les assauts de l’histoire
Dans la littérature consacrée aux peuples autochtones, il est généralement mis en exergue
l’antériorité de ces groupes dans leur site d’installation en rapport des groupes sociaux qui
développent les velléités de domination. Une Etude du problème de discrimination à l’encontre
des populations autochtones des Nations Unies souligne justement que : « Les populations
1
Ph/D en Sociologie politique, enseignant-chercheur, Tel (+237) 74 66 55 25, E-mail : alazelao@yahoo.fr
2
Antoinette Hallaire, Paysans montagnards. Les monts Mandara, Paris, ORSTOM, 1991.
3
D’autres groupes montagnards tels les Dowayo (Poli), les Fali (Bénoué) et une partie des Guidar (Guider) sont
installés dans la région du Nord.
2. autochtones sont constituées par le descendants actuels des peuples qui habitaient l’ensemble ou
une partie du territoire actuel d’un pays au moment où sont venues d’autres régions du monde
des personnes d’une autre culture ou d’une autre origine ethnique qui les ont dominés et les ont
réduits, par la conquête, l’implantation des populations ou d’autres moyens à un état de non-
domination ou colonial »4. Ainsi, les communautés autochtones se trouvent dans leur site
écologique de longue et entretiennent avec celui-ci une relation symbiotique voire mythique.
Urvoy situe autour du 6ème siècle l’installation des Montagnards dans leur site écologique actuel.
A juste titre, les Montagnards constituent les premiers habitants de la partie septentrionale du
Cameroun. Ils font partie de la famille des sociétés paléonigritiques dont l’encastrement spatial
longe sur plusieurs siècles. En rapport avec les peuples des plaines et notamment les sociétés
conquérantes musulmanes (Foulbé, Kanouri, Mandara, Kotoko…), les Montagnards ont un
ancrage assez lointain dans les montagnes qu’ils continuent d’occuper.
La rencontre des Montagnards avec ces peuples étrangers fut marquée très tôt par des scènes de
conflits et de violence endémique5. Les montagnes qui constituent de grandes enclaves
démographiques vont subir les battues esclavagistes des empires borno, mandara et pour certains
groupes installés dans la partie méridionale (Kapsiki, Hidé, Bana, Goudé…) l’impérialisme
culturel des Foulbé. C’est principalement vers ces régions que les caravanes d’extraction
humaine ont été organisées en vue de se constituer de mains d’œuvre servile bon marché. Dans
la plupart des villages des Montagnes aujourd’hui, il est rappelé dans les récits ce moment de
grande agitation qui a véritablement provoqué des bouleversements dans leurs sociétés. Depuis,
la relation entre Montagnards et peuples conquérants est marqué du sceau de la dépendance
esclavagiste. Pour les différents groupes musulmans, les Montagnards sont des peuples à utiliser
dans des travaux domestiques, à constituer en marchandise dans des transactions économiques,
bref à maintenir dans une position sociale fruste, marginale et déshumanisant.
Il faut prendre le contexte historique d’alors au sérieux pour cerner l’amplitude d’une telle
variable. Pour des sociétés structurées sur le modèle des « paliers sociaux »6, à l’intérieur
desquelles il existe les « hommes libres » et les « esclaves »7, l’idéologie esclavagiste rentre dans
un code social institué. Elle est une norme sociale forte qui organise les relations internes entre
les membres de la société et détermine la relation externe aux autres groupes sociaux. Dans ce
sens, que le rapport des Montagnards aux sociétés conquérantes ait reposé sur des pratiques
esclavagistes traduit plus un état de nature qu’un accident de l’histoire. Il faut saisir cette réalité
4
Cité par Isabelle Schulte-Tenckhoff, La question des peuples autochtones, Bruxelles, Bruylant, 1997, p. 7.
5
Alain Beauvilain, Crises et peuplement au Nord-Cameroun, Tome 2, 1989.
6
Georges Gurvitch, La vocation actuelle de la sociologie, Paris, Puf, 1968, p. 66.
7
Pierre-François Lacroix, « Matériaux pour servir à l’histoire des Peul de l’Adamawa », Etudes camerounaises,
n°37-38, 1952, pp. 3-61.
3. comme inhérente à une dynamique historique qui a sa propre idéologie ajustée à l’esclavagisme
comme paradigme8.
b) Des communautés autochtones vivant dans un espace écologique spécifique
Les Montagnards ont pour site écologique naturel la montagne. La montagne remplit plusieurs
fonctions : culturel, religieux, politique, écologique et idéologique9. En raison de la forte
inscription des peuples dans ces lieux, la montagne fait désormais partie constitutive de la vie
collective. Le regard exotique appréhende l’espace montagneux comme un lieu qui peut rendre
difficile les conditions d’existence des communautés. C’est bien là une appréhension
préconstruite qui est en décalage avec l’empirie du milieu. Avec le temps, les différentes
communautés ont réussi à domestiquer les éléments de la montagne au point d’en établir une
interdépendance quasi mythique10. Ainsi contrairement à la littérature coloniale qui postule de
l’extranéité de la montagne dans l’histoire des Montagnards, il faut désormais mettre en exergue
la complicité systémique qui régit le rapport entre montagne et Montagnard.
Les Montagnards eux-mêmes accordent un intérêt profond à leur environnement. Toute la
dynamique d’interaction est bâtie sur l’anthropogisation de la montagne comme lieu de vie, de
religion et d’identité. Selon Jean-Claude Fritz : « Les peuples autochtones ont développé à un
niveau élevé la connaissance du milieu, son utilisation et en ont construit des représentations
cohérentes dans la logique symbolique. Ils figurent pour un certain nombre d’entre eux dans ce
que le scientifique américain Dasmann appelle les ‘peuples des écosystèmes’ »11. Ni réalité
externe, ni force exogène, la montagne se décode aux yeux des Montagnards comme une
composante consubstantielle à leur histoire, à leur vécu anthropologique et cosmogonique. En
montagne, les Montagnards trouvent une vie authentique, organisent une sociabilité pérenne,
accomplissent leur religiosité originelle et codifient une économie d’existence forte. Or la
rencontre des Montagnards avec les forces extérieures, d’abord les sociétés musulmanes
conquérantes, par la suite les autorités coloniales européennes et enfin l’Etat postcolonial, va
buter sur une série de contradictions sociales, culturelles et idéologiques.
Dans la mouvance des dynamiques historiques, la montagne et les Montagnards sont regardés
sous le prisme des préjugés, des appréhensions idéologiques et de présupposés subjectifs. La
dynamique de dépeuplement des régions montagneuses amorcée sous la colonisation française
indique bien que la montagne ne fut pas considérée comme un espace anthropologiquement
8
Paul Lovejoy, Transformations in slavery. A history of slavery in Africa, Cambridge, Cambridge University Press,
1983.
9
Alawadi Zelao, « Dynamique spatiale et stabilité des représentations socio-identitaires chez les peuples des
montagnes au Nord-Cameroun », Elizabeth Tamajong (dir), Les mutations en Afrique, Yaoundé, PUCAC, 2009, pp.
11-40.
10
Jeanne-Françoise Vincent, Les princes montagnards du Nord-Cameroun, Paris, L’Harmattan, 1991.
11
Jean-Claude Fritz et al. (dir), La nouvelle question indigène. Peuples autochtones et ordre mondial, op. cit., p. 75-
76.
4. chargé12. La thèse des « montagnards refoulés »13 aura également servi de ce que les
Montagnards ne sont que des habitants saisonniers de leur milieu écologique. Le déplacement
des Montagnards en plaine va se traduire chez beaucoup d’entre eux par l’abandon de leurs us et
coutumes, des pratiques culturales à l’œuvre en montagnes et de l’assimilation des valeurs
sociales étrangères. Le processus d’acculturation va provoquer l’aliénation des peuples de
montagnes qui confrontent l’ordre musulman en plaine. Les politiques migratoires mises en
œuvre par l’Etat du Cameroun au lendemain de l’indépendance a également contribué à la perte
du sens écologique traditionnel chez les Montagnards. La migration hors des montagnes a des
répercussions sur la conservation de l’équilibre écologique en territoire montagnard. L’érosion
des sols, la disparition progressive des cultures en terrasse, la spéculation foncière imposée par
les chefs musulmans (lamido), l’introduction de cultures de rentes (coton) sont quelques facteurs
qui précipitent aujourd’hui la crise écologique chez les Montagnards.
c) Des communautés autochtones attachées à leurs valeurs traditionnelles
L’attachement des peuples autochtones aux valeurs traditionnelles est un trait essentiel de leur
identification. C’est ce qui les distingue des autres groupes qui sont très tôt entrés en relation
avec la modernité. Outre qu’elles vivent dans un environnement écologique difficile d’accès, les
minorités montagnardes restent profondément ancrées dans leur vie ancestrale et traditionnelle.
Ainsi dans les villages des montagnes, la vie sociale reste globalement orchestrée par les fêtes et
cérémonies traditionnelles. Il s’agit entre autres de la fête des taureaux chez les Mofou, les
Zoulgo, les Guemjek ou le Maray chez les Mafa. La fête des taureaux est une grande scène
culturelle et cultuelle qui regroupe les membres d’une même communauté et à laquelle sont
conviés les peuples voisins. Les activités saisonnières sont également fortement marquées par la
religiosité traditionnelle. Ce sont les ancêtres, ces vieux prêtres qui donnent le ton à chaque
nouvelle saison en appelant les membres de la communauté aux semailles.
Des rites et des incantations sont organisés pour s’assurer de la bénédiction des divinités et des
oracles. Car chez les Montagnards la vie sociale baigne essentiellement dans le sacré. Malgré les
mutations entraînées par la modernité, la plupart des Montagnards vivent dans leur site
écologique naturel : la montagne. Aux yeux des groupes sociaux qui les voisinent, cette vie dans
les montagnes révèle un état primaire et fondamental d’existence. Ainsi les Montagnards sont
considérés comme des attardés culturels. Leur encastrement écologique dans les montagnes
traduit tout simplement qu’ils refusent de s’ouvrir au monde extérieur et donc d’accéder au
développement. La descente en plaine des peuples des montagnes est en effet une violation des
droits culturels des Montagnards qui doivent désormais vivre hors de leur site écologique.
12
Jean Boutrais, La colonisation des plaines par les montagnards au nord du Cameroun (monts Mandara), Paris,
ORSTOM, 1973.
13
Jean-Claude Froélich, Les montagnards paléonigritiques, Paris, Berger-Levrault, 1968.
5. Comme le souligne le Rapport de Groupe de Travail d’Experts : « Les peuples autochtones sont
victimes d’une marginalisation culturelle qui a pris différentes formes et qui est causée par une
combinaison de facteurs. La perte des principales ressources de production a négativement
influé sur les cultures des peuples autochtones, les privant du droit à maintenir le mode de vie de
leur choix et de conserver et développer leurs cultures et leur identité culturelle selon propre
volonté »14. Les Montagnards subissent l’impérialisme culturel des sociétés musulmanes depuis
leur pénétration au Nord-Cameroun. La domination culturelle des Montagnards se manifeste
également par l’imposition du système lamidal15 dans toute la partie septentrionale du
Cameroun. La relégation au second plan des structures traditionnelles propres aux Montagnards
constitue une entorse à l’expression de leur identité. Désormais ils doivent vivre selon les normes
sociales des groupes dominants, ce qui les expose à une déperdition culturelle permanente.
Ce qu’il faut davantage savoir ce que la relation entre les Montagnes et leur milieu écologique
repose essentiellement sur une relation symbiotique, de réciprocité et de mutualité. Tous les
peuples des montagnes gardent une mémoire vive de la montagne malgré les changements
intervenus avec la modernité. De la montagne, les peuples autochtones y puisent des ressources
diverses à leur médication, à leur subsistance et à leur habitat. L’attachement à la montagne
s’explique en ce qu’elle représente une part importante de l’identité des peuples qui y vivent
depuis des lustres.
d) Des communautés marginalisées
Les Montagnards connaissent une situation de marginalisation qui se traduit par leur éviction des
centres de décision et des lieux d’accumulation des ressources16. Tant sur le plan politique
qu’économique, les Montagnards sont à la traîne et maintenus à l’arrière-plan des groupes
dominants essentiellement constitués des musulmans. La marginalisation politique et
économique des montagnards remonte au régime d’Ahmadou Ahidjo, premier président
camerounais, qui avait mis en place le processus d’islamisation qui a fonctionné sur le terrain
politique par un mécanisme d’exclusion de certains groupes sociaux dans la partie septentrionale.
Durant cette période l’élite administrative et politique était constituée des Foulbé et d’autres
islamisés.
Les chefs traditionnels montagnards étaient fortement conviés de se convertir à l’islam, parfois
par crainte de représailles et de discrimination. Aujourd’hui, la plupart des chefferies
14
Rapport du Groupe de Travail d’Experts de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples sur
les Populations/Communautés autochtones, Copenhague, Danemark, 2005, p. 47.
15
Organisation sociale des foulbé au Nord-Cameroun.
16
Au Cameroun depuis l’ouverture démocratique, la marginalisation politique des minorités est davantage une
réalité complexe. Lire Ibrahim Mouiche, Démocratisation et intégration sociologique des minorités ethniques. Entre
dogmatisme du principe majoritaire et centralité des partis politiques, Dakar, CODESRIA, 2012.
6. traditionnelles chez les Montagnards fonctionnent sur le modèle des lamidats, système
d’organisation sociale propre aux Foulbé. Si dans le contexte de l’ouverture démocratique des
années 1990, les Montagnards ont commencé à manifester un réveil politique dans certaines
localités17, il est à souligner que de manière globale leur situation politique montre toujours une
mise en marge. Au sein des communautés Montagnardes des revendications se manifestent par le
biais des mémorandums envoyés à l’adresse des pouvoirs publics18. Les montagnards accusent
jusqu’ici un retard de développement alors que les infrastructures de développement sont
concentrées en territoire musulman. Cette réalité est surtout manifeste dans le département du
Mayo-Sava où il s’observe une grande opposition des composantes ethnico-religieuses avec une
discrimination à l’encontre des communautés non-musulmanes. L’élite musulmane élabore un
ensemble de stratégies qui visent à l’exclusion des minorités montagnardes des instances de
décision. L’espace sociopolitique est largement monopolisé par les musulmans. Aussi bien au
niveau de l’exécutif municipal, du parlement que de la direction politique (sections notamment)
du Rassemblement démocratique du peuple Camerounais (Rdpc), l’élite musulmane domine
l’activité politique. Du coup les montagnards sont mis à la traîne et servent de « bétail électoral »
aux groupes sociaux dominants.
II- Principales sources de promotion des droits des Minorités à l’échelle
internationale et africaine
Aussi bien à l’échelle internationale qu’africaine, il y a plusieurs résolutions et
recommandations qui portent sur la protection et la promotion des droits des minorités. Ces
instruments ont l’avantage de prendre en compte la spécificité qui caractérise les minorités à
travers le monde. Nous évoquons ici les principales résolutions des Nations Unies et celles de
l’Union Africaine.
a) Au niveau international
- 1992 : l’Assemblée Générale a adopté par consensus la Déclaration des Nations Unies
sur les Droits des Minorités (résolution 47/135). Il s’agit du principal document de
référence en la matière,
Droit à la protection des minorités par les Etats,
Droit de jouir de leur propre culture,
Droit de participer pleinement à la vie publique (civile, politique)…
17
Alawadi Zelao, « Contexte de démocratisation et conduites politiques des peuples des montagnes au Nord-
Cameroun : le charisme identitaire à l’épreuve des mutations sociopolitiques », Alawadi Zelao et al. (dir), Le
Cameroun septentrional en transition. Perspectives pluridisciplinaires, Paris, L’Harmattan, 2012, pp. 169-206.
18
« Mémorandum des Montagnards Chrétiens et Animistes du Département du Mayo-Sava (Extrême-Nord) », La
Météo hebdo, n°245, du 22 juin 2009, pp. 8-10 ; « Mémorandum des Chefs traditionnels non-musulmans de
l’arrondissement de Tokombéré », La Météo hebdo, n°282 du 05 avril 2010.
7. - 1994 : Projet de Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones,
adopté par la Sous-commission de la protection et de la promotion des droits de
l’homme ;
- 1995, Convention-cadre du Conseil de l’Europe pour la protection des minorités
nationales du 1er février 1995 ;
- 1998 : la résolution 52/123 de l’Assemblée générale des Nations Unies portant sur la
Promotion effective de la Déclaration sur les droits de des personnes appartenant à des
minorités nationales ou ethniques, religieuses et linguistiques ;
- 2004 : la résolution 59/174 de l’Assemblée générale des Nations Unies en date du 20
décembre 2004 a proclamé la seconde décennie internationale (2005-2014) des
populations autochtones, avec pour but de : « renforcer encore la coopération
internationale aux fins de résoudre les problèmes qui se posent aux peuples autochtones
dans les domaines tels que la culture, l’éducation, la santé, les droits de l’hommes,
l’environnement et le développement économique et social, au moyen de programmes
orientés vers l’action et de projets concrets, d’une assistance technique accrue et
d’activités normatives dans les domaines en question »,
- 2005, le Groupe de Travail pour les minorités a adopté un commentaire visant à faciliter
l’interprétation et la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les Minorités.
Il y est dit que : « Dans les Etats où il existe des minorités ethniques, religieuses ou
linguistiques, les personnes appartenant à ces minorités ne peuvent être privées du droit
d’avoir, en commun avec les autres membres de leur groupe, leur propre vie culturelle,
de professer et de pratiquer leur propre religion ou d’employer leur propre langue ».
- 2007, La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, adoptée
par l’Assemblée générale des Nations Unies le 13 septembre 2007.
b) Au niveau africain
Il faut surtout évoquer principalement :
- La « Résolution sur les droits des peuples/communautés autochtones en Afrique »
adoptée lors de la 28ème session ordinaire et qui a prévu la création d’un Groupe de travail
avec le mandat suivant :
Examiner le concept de peuples et de communautés autochtones en Afrique ;
Analyser les implications de la Charte africaine sur les droits humains et le bien-être
des communautés autochtones ;
Formuler des recommandations appropriées pour le suivi et la protection des droits
des communautés autochtones ;
Présenter un rapport à la Commission africaine (ce rapport est déjà disponible depuis
2005).
- 2007 : La Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance, qui
stipule en son article 43 que : « Les Etats parties veillent à ce que tous les citoyens aient
8. accès à l’enseignement primaire gratuit et obligatoire, en particulier les filles, les
populations des zones rurales, les minorités, les personnes vivant avec handicap et autre
groupe social marginalisé »
En définitive, il est à souligner qu’au plan international un arsenal des dispositifs normatifs et
juridiques existe, qui encadre la protection et la promotion des droits des peuples et
communautés autochtones. Il faut ajouter à cela les rencontres scientifiques, les conférences et la
mobilisation des acteurs de la société civile qui, à de différents niveaux contribuent par des
actions multiformes à la sauvegarde de la dignité et de la liberté des minorités. Mais en dépit de
cette forte mobilisation, il reste que la situation des minorités est toujours préoccupante. Certes
les minorités ne vivent pas les mêmes conditions de vie partout à travers le monde.
S’agissant des Minorités montagnardes de l’Extrême-Nord au Cameroun, celles-ci continuent de
subir une série des discriminations sur le plan culturel, économique et politique. Elles vivent des
conditions de marginalisation et d’exclusion qui affectent considérablement leur capacité à
préserver leur identité et leur participation à la gestion des affaires dans la communauté
nationale. Pour palier à cette marginalisation multiforme, il faut surtout que les pouvoirs
respectent et mettent en œuvre les normes internationales de protection des minorités et veuillent
à ce que les Montagnards ne soient plus soumis à l’exclusion des groupes sociaux dominants et
qu’ils soient désormais partie prenante des politiques de développement engagés en leur
direction. Les minorités Montagnardes devraient désormais trouver une oreille attentive auprès
de l’Etat du Cameroun qui est signataire d’un ensemble d’accords et de résolutions à l’échelle
internationale. La résolution 59/174 de l’Assemblée générale des Nations Unies sus-évoquée
portant sur la « seconde décennie internationale des populations autochtones » a énoncé cinq (05)
objectifs à atteindre ; lesquels objectifs intéressent directement les minorités Montagnardes :
1) Promouvoir la non-discrimination et l’intégration des peuples autochtones dans la
conception, la mise en œuvre et l’évaluation des initiatives, régionales et nationales en
matière de législation, de politiques, de ressources, de programmes et de projets ;
2) promouvoir la participation pleine et entière des peuples autochtones à la prise des
décisions qui concernent directement ou indirectement leur mode de vie, leurs terres et
territoires traditionnels, leur intégrité culturelle en tant que peuples autochtones disposant
des droits collectifs ou tout autre aspect de leur vie, sur la base du principe du consentement
préalable, libre et éclairé ;
3) redéfinir les politiques de développement afin qu’elles soient fondées sur le principe
d’équité et culturellement acceptables, en respectant notamment la diversité culturelle et
linguistique des peuples autochtones ;
4) Adopter des politiques, des programmes, des projets et des budgets axés sur le
développement des peuples autochtones et notamment des objectifs d’étape concrets et
mettant un accent particulier sur les femmes, les enfants et les jeunes autochtones ;
9. 5) Mettre en place de solides mécanismes de suivi et renforcer le système de
responsabilisation à l’échelon international, régional et surtout national pour ce qui a trait à
la mise œuvre des cadres juridiques, politiques et opérationnels pour la protection des
peuples autochtones et l’amélioration de leur conditions de vie ».
Dans un mémorandum envoyé aux pouvoirs publics en 2009, les Montagnards ont souligné
que : « Majorité démographique », respectueuse des institutions de la République,
communautés très laborieuses et industrieuses disséminées sur l’ensemble du territoire
national, cette catégorie sociologique vit aujourd’hui une situation d’exclusion, de
marginalisation, de discrimination qui défie tout indicateur de développement humain. Les
montagnards chrétiens et animistes du département du Mayo-Sava vivent une véritable
condition de sous-citoyenneté chronique qui se traduit par leur éviction systématique de
toutes les instances du pouvoir politique, économique, administratif et traditionnel »19. Ainsi
les minorités Montagnardes ne jouissent pas d’une intégration effective dans la communauté
nationale et leurs droits (culturels, civils et économiques) sont loin d’être reconnus et
respectés par les autorités publiques camerounaises.
Conclusion
Les minorités bénéficient aujourd’hui d’un ensemble de dispositifs normatifs et
réglementaires au niveau international. Le système des Nations Unies, par le biais d’une
batterie de déclarations et de résolutions veillent effectivement à la protection et à la
promotion des droits des minorités à travers le monde. Au Cameroun, c’est la Constitution
du 18 janvier 1996 qui a consacré la reconnaissance juridique des minorités. Aussi ce pays
a-t-il ratifié un certain nombre de résolutions prises par les organismes internationaux de
défense des droits des minorités20. Certes au plan pratique, les minorités vivent encore des
situations de marginalisation qui s’expriment sur le plan social, culturel, économique,
politique et institutionnel.
Dans ce registre, les Montagnards de l’Extrême-Nord du Cameroun constituent des
minorités à part entière. Contrairement aux Mbororo et au Pygmées qui sont des peuples
nomades et semi-nomades, les Montagnards sont installés dans leurs sites actuels depuis de
longue date (VIème siècle) et l’ont effectivement domestiqué. A juste titre ils peuvent être
considérés comme les premiers habitants de la partie septentrionale du Cameroun. Mais
depuis la pénétration guerrière des sociétés islamiques et la prise de pouvoir par les
musulmans à l’avènement de l’indépendance du Cameron en 1960, les Montagnards sont
restés largement en dehors de la gestion des affaires de la cité. Les communautés des
19
“Mémorandum des Montagnards Chrétiens et Animistes du Département du Mayo-Sava (Extrême-Nord)”, La
Météo hebdo, n°245, du 22 juin 2009, pp. 8-10.
20
Pour une lecture juridico-normative de minorités au Cameroun voir James Mouangue Kobila, La protection des
minorités et des peuples autochtones au Cameroun. Entre reconnaissance interne contrastée et consécration
universelle réaffirmée, Paris, Dianoia, 2009.
10. montagnes vivent de nos jours une discrimination sur le triple plan social, économique et
politique.
Au plan social, ils subissent l’impérialisme culturel des musulmans qui imposent leurs
coreligionnaires pour commander aux montagnards. C’est le cas des Zoulgo, des Guemjek,
des Mboko et des Molko dans l’arrondissement de Tokombéré. Il faut également
mentionner l’ensemble des montagnards migrants dans la région du Nord notamment dans
les localités de Ngong, de Lagdo, de Touboro, de Maimboum, de Gouna…qui vivent
pratiquement sous la tutelle des chefs Foulbé.
Au plan économique, les Montagnards vivent une paupérisation constante en raison
justement de la spéculation foncière et de l’exploitation de leurs mains d’œuvre par les chefs
musulmans.
Au plan politique, les Montagnards sont exclus des instances électives et institutionnelles
comme il est constaté dans le département du Mayo-Sava (voir document annexe).
Le défi aujourd’hui est d’œuvrer à l’éducation et à la sensibilisation de minorités
Montagnardes par rapport à leurs droits culturels, civiques et économiques. Un tel travail
incombe aux partenaires au développement, aux mouvements associatifs, aux leaders
d’opinion et avec notamment la participation des populations elles-mêmes.
11. Documents
Département du Mayo-Sava
L’exécutif municipal
Arrondissements Maires Identité ethno-religieuse
Mora ABBA BOUKAR Mandara/Musulman
Kolofata MADI GALDA Mandara/Musulman
Tokombéré KARI DEGUER Molko/Musulman
Le parlement
Arrondissements députés Identité ethno-religieuse
Mora - ABBA BOUKAR Mandara/Musulman
- SALOMON fils de Mouktélé/Chrétien
DOVOGO
Kolofata RAMADAN Kanouri/Musulman
Tokombéré CAVAYE YEGUIE DJIBRIL Mada/Musulman
La direction du RDPC, parti dominant dans le Mayo-Sava
Arrondissement Sections président Identité ethno-religieuse
Mora Mayo-Sava Nord ABBA BOUKAR Mandara/Musulman
kolofata Mayo-Sava Ouest TALBA Mandara/Musulman
DOUNGOUSS
Tokombéré Mayo-Sava Sud NABA HANS Mada/Musulman
Source : « Mémorandum des Montagnards chrétiens et animistes du département du Mayo-
Sava (Extrême-Nord) », La météo hebdo, n°245, 22 juin 2009, p. 9.