En acceptant de réduire leur consommation électrique lors de pics de demande, les industriels faciliteraient l’équilibrage des réseaux de distribution. Or, ils ont de solides arguments pour ne pas jouer la carte de la flexibilité. Une étude les identifie pour la première fois,
de manière empirique.
GEM executive lab summary n°13 Effacement de consommation électrique: pourquoi les industriels hésitent
1. Pour déterminer les réticences des industriels, les
chercheurs ont interrogé environ 200 entreprises
allemandes de Bavière et du Bade-Wurtenberg.
Elles appartenaient aux secteurs du métal, de la
chimie, de l’alimentaire, du papier, du caoutchouc,
du plastique, de la mécanique et de l’électronique,
tous consommateurs significatifs d’électricité.
Des économies qui restent
à démontrer
Si elles hésitent à pratiquer l’effacement
électrique, c’est d’abord par crainte de voir leur
production brutalement interrompue. Autres
objections fortes, les risques pour la qualité des
produits et le flou autour des économies qu’elles
pourraient réaliser. Certes, les opérateurs de
réseaux proposent des incitations financière. Mais
l’effacement a aussi un coût, difficile à évaluer,
ce qui n’aide pas les industriels à s’engager.
Les moins réticents sont ceux qui fabriquent en
continu : beaucoup disposent en effet de sources
d’énergie de secours qui pourraient prendre le
relais en période d’effacement. A l’inverse, les
usines qui fabriquent par campagnes ponctuelles
ou en juste-à-temps sont moins ouvertes à
l’effacement : pour elles, il est plus important de
produire au moment qu’elles auront choisi.
D’autres objections proposées par les chercheurs
ont moins d’influence : manque de visibilité
sur le contexte technique et financier, coût des
investissements préalables, travail supplémentaire
occasionné, manque de compétence des salariés…
Un gisement de flexibilité sans
doute surestimé
A la lumière de cette étude, on réalise que
l’effacement électrique n’a pas forcément le
potentiel d’économies et de flexibilité qu’on
lui prête sur le papier. Les auteurs suggèrent
plusieurs pistes correctives : incitations
financières accrues, démonstrations et études
de cas, conditions pratiques plus simples, claires
et flexibles, prise en compte des situations
où l’industriel ne peut pas s’arrêter…
Ils s’interrogent aussi sur les profils d’entreprises
à cibler : plutôt que de se focaliser sur quelques
« gros » industriels, très consommateurs mais
peu enclins à la flexibilité, ne faudrait-il pas
viser davantage d’entreprises de taille moyenne,
même si elles consomment moins ?
En acceptant de réduire leur consommation électrique lors de pics de
demande, les industriels faciliteraient l’équilibrage des réseaux
de distribution. Or, ils ont de solides arguments pour ne
pas jouer la carte de la flexibilité. Une étude
les identifie pour la première fois,
de manière empirique.
GEM LAB Executive Summaries #13
L’essentiel de la recherche à
Grenoble Ecole de Management
Effacement de consomma-
tion électrique : pourquoi
les industriels hésitent D’après l’article :
Barriers to electricity load shift in
companies : A survey-based exploration
of the end-users perspective
Energy Policy 76 (2015) 32 - 42 - http://
dx.doi.org/10.1016/j.enpol.2014.11.015
Mark Olsthoorn, Joachim Schleich, Marian
Klobasa, 2014
A retenir:
Trois objections majeures des industriels : risque d’arrêt brutal de l’activité,
baisse de la qualité des produits, difficulté à évaluer les économies possibles
Les industriels à process continu sont plus ouverts à l’effacement électrique
que ceux qui fabriquent par campagnes ou en juste-à-temps
Il faudra de fortes actions incitatives pour que la pratique s’installe dans l’industrie.
Contact :
exec.summaries@grenoble-em.com
INSPIRING IDEAS AND TALENT*
Mark Olsthoorn
Mark Olsthoorn prépare un PhD au sein du
département Management et Technologie
de GEM. Spécialiste des sujets qui associent
enjeux énergétiques et changement
climatique, il s’intéresse en particulier à
l’adoption des innovations, au développement
durable, à l’économie et au management
technologique et aux approches systémiques.
La recherche à Grenoble
Ecole de Management
GEM investit pour produire des connais
sances pertinentes et influencer les débats
scientifiques mondiaux. Nos équipes de
chercheurs solidement ancrées dans la
communauté scientifique internationale,
contribuent aux débats scientifiques et
à l’évolution socio-économique de
nos partenaires et de notre
environnement
2. Jamais le secteur de
l’énergie n’avait connu tant de
bouleversements. Le changement climatique,
les menaces géopolitiques, la montée des prix,
l’émergence des énergies renouvelables créent de
l’incertitude et de la rareté à tous les niveaux. Pour
éclairer les décideurs, les chercheurs de GEM se
penchent sur l’ensemble des acteurs impliqués :
Entreprises utilisatrices : comment réduire
leur vulnérabilité énergétique, maîtriser leurs
coûts et diversifier leurs sources d’énergie ?
Entreprises du secteur énergie : comment
évoluer du rôle de distributeur de produit à celui
de fournisseur de services énergétiques ?
Consommateurs : comment les orienter vers des
comportements
moins gourmands en énergie
et moins pénalisants pour le climat ?
Etats : comment mesurer l’efficacité des
politiques sur l’énergie et le climat ?
GEM, partenaire associé de la KIC InnoEnergy,
collabore avec le pôle de compétitivité sur
les énergies renouvelables Tenerrdis et édite
une publication biannuelle de référence, le
Baromètre des marchés de l’énergie.
INSPIRING IDEAS AND TALENT*
Gérer les incertitudes de la
transition énergétique
Changement climatique, géopolitique,
marchés, énergies renouvelables…
Sur quels leviers agir pour sécuriser nos approvisionnements en énergie
dans un contexte de fortes tensions ? Comment les nouvelles
technologies de l’énergie bousculent-elles les marchés ?
Quelles sont les stratégies et les motivations des
acteurs ? Les recherches de GEM sur
l’énergie ont pour but d’éclairer
les décideurs.
Pour aller plus
loin sur la
thématique
de l’énergie :
Grenoble Campus
12, rue Pierre Sémard - BP 127
38003 Grenoble Cedex 01 - France
Paris Campus
64/70 rue du Ranelagh
75016 Paris - France
grenoble-em.com
Résumés managériaux :
#2 - Jonatan Pinkse : « Véhicules propres : les
Etats poussent, les constructeurs freinent »
#10 - Joachim Schleich : « Un tout
petit effet rebond pour l’éclairage
basse consommation »
grenoble-em.com/resumes-manageriaux
Scoop it :
scoop.it/t/energymanagement
Equipes de recherche :
Management de l’énergie
grenoble-em.com/management-de-lenergie
Enquètes :
Le baromètre du marché de l’énergie :
deux fois par an, les grandes
tendances et les principaux défis du
secteur énergétique en France
grenoble-em.com/barometre-
gem-du-marche-de-lenergie
Evénements :
Le Forum de l’Energie, chaque année au
mois de mars. En 2015 le 24 mars.
grenoble-em.com/agenda-
forum-de-lenergie-2015
Dans le cadre des Jeudis de l’entreprise
digitale, (par l’EMSI chaque mois à
Grenoble) Conférence du 9 avril 2015 :
Energie et Innovations Numériques, des
smart Grids aux Smart Cities
grenoble-em.com/agenda-conference-
energie-et-innovations-numeriques-
des-smart-grids-aux-smart-cities
Meet the Expert, chaque mois à Paris
et à Grenoble
grenoble-em.com/meet-expert
Ces partenaires soutiennent activement nos activités de recherche et
d’enseignement dans le domaine de l’énergie.
Entreprises : Schneider, Dalkia, Air Liquide, Alstom Organisations : KIC InnoEnergy, Tenerrdis
Formations:
Mastère Spécialisé en Management
et Marketing de l’Énergie :
Ce programme vise à répondre aux besoins
des entreprises d’intégrer les compétences
de professionnels de haut niveau,
experts sur les questions énergétiques
et notamment sur l’intégration des
nouvelles technologies de l’énergie et
des services d’efficacité énergétique.
Accessible en formation initiale ou
continue, en français et en anglais
grenoble-em.com/mastere-specialise-en-
management-et-marketing-de-lenergie
En partneriat avec la KIC InnoEnergy:
• Summer Program in Energy Management
• Energy Economics PhD and
Post-graduate program
Renseignements :
fanny.trouve@grenoble-em.com
Publications académiques :
Schlomann B., Schleich J., Adoption of
low-cost energy efficiency measures in
the tertiary sector – an empirical analysis
based on energy survey data , Renewable
Sustainable Energy Reviews, 2015, vol.
43, pp. 1127–1133.
dx.doi.org/10.1016/j.rser.2014.11.089
Mills B., Schleich J., Household
Transitions to Energy Efficient Lighting,
Energy Economics, 2014, vol. 46, no.
November, pp. 151-160.
dx.doi.org/10.1016/j.eneco.2014.08.022
Hahn T., Pinkse J., Private environmental
governance through cross-sector
partnerships: Tensions between
competition and effectiveness,
Organization and Environment , 2014, vol.
27, no. 2, pp. 140–160.
dx.doi.org/10.1177/1086026614530996
Bohnsack R., Pinkse J., Kolk A., Business
models for sustainable technologies:
Exploring business model evolution in the
case of electric vehicles, Research Policy,
2014, vol. 43, no. 2, pp. 284-300.
dx.doi.org/10.1016/j.
respol.2013.10.014