Les risques des médicaments du marché pour le traitement du paludisme - Conférence de la 4e édition du Cours international « Atelier Paludisme » - Philippe BRASSEUR - Institut de Recherche pour le Développement - Sénégal - brasseur.pmg@wanadoo.fr
ALIMENTATION ET PERSONNES AGÉESALIMENTATION ET PERSONNES AGÉESALIMENTATION ET...
Les risques des médicaments du marché pour le traitement du paludisme
1. Les risques des médicaments
du marché pour le traitement
du paludisme
Philippe Brasseur
2. Médicaments contrefaits
• Atteint tous les pays à des degrés divers :
- aux USA environ 1% circulent
- en Asie, Afrique et Amérique du
sud,entre 10% et 50%
• Les plus concernés :
- antibiotiques
- antipaludiques
3. Distribution
• sans emballage d’origine :
- vendeurs ambulants
- les marchés
- les boutiques
• avec un emballage contrefait
- pharmacies
- ONG
- hôpitaux
4. Dérivés de l’artémisinine
• en Asie, l’artesunate est le plus concerné
• deux études effectuées à 2 ans d’intervalles
sur des boites d’artesunate acheté en
Thailande, Vietnam, Cambodge, Laos et
Myanmar démontrent l’augmention des
contrefaçons:
5. Newton et al., Lancet, 2001, 357: 1948-1950
• en 1999-2000 :
• sur 104 boites achetées en pharmcie ou en
magasin 38% étaient des contrefaçons
• 30 ne contenaient pas d’artésunate (29%)
• les contrefaçons concernaient les 5 pays
• comprimés identiques mais de goût amer
• Prix < de 30% à 45% du prix local
• Les faux hologrammes des boites du Vietnam et
du Cambodge étaient reconnaissables
6. • la quasi-totalité des boites portaient la
mention :
• « Manufactured by Guilin Pharma, China »
• la circulation de ces produits contrefaits
est en progression
• dans les mêmes pays entre 2002 et 2003 :
- sur 188 boites achetées, 53% étaient des
contrefaçons ne contenant pas ou des
doses faibles de principe actif
• la détection au niveau du conditionnement
est devenue difficile
7. Dondorp et al.,Trop. Med. Intern. Hlth, 2004, 9: 1241-1256
• dans les mêmes pays entre 2002 et 2003 :
sur 188 boites achetées, 53% étaient des
contrefaçons ne contenant pas ou des
doses très faibles de principe actif
• la détection au niveau du conditionnement
est devenue très difficile
8. • Les hologrammes de Guilin Pharma portés sur
80% des boites contrefaites vendues
actuellement au Cambodge et 44% de celles
vendues au Laos sont pratiquement impossible à
distinguer de ceux portés sur les boites d’origine.
• cependant la mention « Guilin Pharma » au bas
de l’hologramme manque
• on n’a pas détecté encore de contrefaçons sur les
injectables (artésunate, artéméther), ni sur les
comprimés d’artemether, de DHA (cotecxin°) ou
d’artesunate/méfloquine (malarine°).
9.
10. Mefloquine
• sur 44 boites de mefloquine, 9% étaient des
contrefaçons et contenaient en moyenne
18,1mg/comprimé au lieu de 250mg indiqué
sur l’emballage
• provenace indiquée Mepha Ltd, Aesch-
basel, switzerland
• l’aspect des comprimé est impossible à
distinguer des vraies
11. • Au sénégal, Keur Serigne-bi est la + grande officine
clandestine de Dakar
• au début les tradi-praticiens y exerçaient en
phytothérapie
• ensuite la fraude s’étant installée impunément à
Touba, les petits marabouts commencèrent le trafic
des médicaments
• aujourd’hui ils vendent des médicaments dont
certains viennent de pays anglophone, des
placebos à base de farine ou autre et des stocks de
périmés provenant des services d’hygiène
• Les plaquettes périmées sont remises dans des
boites et revendues à Keur Serigne-Bi, Sandaga,
Tilène ou Castors
12. Contrefaçons en Afrique
Cameroun
• sur 284 boites d’antipaludiques en comprimés
achetées sur le marché parallèle en 2001 et 2002
dans différentes régions du pays on ne trouvait
pas de principe actif ou à des doses faibles ou
d’autres produits
• cela concernait 38% des boites de chloroquine,
74% de celles de quinine et 12% de celles de SP
• lieu de fabrication indiqué : UE, Asie, Afrique
dans 41% des cas
13. • des comprimés vendus pour de la quinine
au Cameroun contenaient en réalité de la
chloroquine à la dose de 100mg/comprimé
• cette analyse a permis d’expliquer le prurit
ou les échecs au traitement constatés par
les cliniciens
• au Ghana, Sierra Leone et Nigeria, les
sirop d’halofantrine pédiatriques vendus
en 2002 ne contenaient pas d’halofantrine
mais des sulfamides
14. Production et distribution des contrefaçons
• se fait à large échelle et reste sous estimée
• les réseaux de fabrication et de distribution
les + connus sont en Chine, aux Indes et au
Nigéria
• la Pharmaceutical Society of Nigeria
reconnaît qu’au moins 70% des médicaments
circulant au Nigéria sont des contrefaçons
dont beaucoup proviennent des Indes, du
Pakistan, d’Indonésie ou d’Egypte
15. Circuits de distribution
• Les circuits de distributions sont compliqués et
transitent souvent par plusieurs pays
• en 2000, les douanes belges ont saisi un lot de
57600 boites de fausses capsules d’halofantrine en
provenance de Chine et à destination du Nigéria et
aussi de 4400 boites de fausses ampicilline
(amplivox°) et 11000 boite de fausses amoxicilline
(amoxil°)
• elles portaient toutes le label du Laboratoire GSK
16. Circuits de distribution
• Les distributeurs chinois de ces contrefaçons se
préparaient à exporter 43 tonnes de 17 différents
médicaments contrefaits avec le label de 7
compagnies pharmaceutiques internationales
• en 2001 les autorités chinoises ont fermé 1300
usines fabriquant des faux médicament
• en 2004, ils ont arrêté 22 producteurs de lait en
poudre falsifié et fermé 3 usines après la mort de
50 enfants
17. Lutte contre les contrefaçons
• difficulté d’identifier les fournisseurs des boutiques,
des marchands ambulants et des vendeurs sur le
marché
• forte demande de la part des populations pour
avoir des antipaludiques à meilleurs prix
• l’artesunate contrefait coûte entre 30% et 45%
moins cher que le produit d’origine
• campagnes d’information par radio, TV, affiches
sur les dangers des médicaments vendus sur le
trottoir
• arsenal législatif et réglementaire permettant
contrôle et répression des contrevenants
18. Lutte contre les contrefaçons
• Tout dépend de la volonté politique des pays
• dans plusieurs pays les pouvoirs publics ont
même été accusés d’être impliqués dans
l’accréditation de contrefaçons ou de limiter
volontairement la diffusion des informations sur
leur circulation
• les firmes pharmaceutiques ne tiennent pas à
divulguer l’existence de produits faux portant leur
label de peur de discréditer et de limiter la vente
du produit d’origine
19. Lutte contre les contrefaçons
• En Thailande, la plupart des cas de paludisme
sont traités dans des centres gérés par le
gouvernement
• l’approvisionnement est faits avec des
antipaludiques répondant aux critères du contrôle
de qualité
• au Cambodge l’artesunate/mefloquine en blister
actuellement délivrée dans le secteur public et
privé est soumise au contrôle de qualité et aucune
contrefaçon n’a été detectée
20. Risques liés aux contrefaçons
• au Ghana un faux sirop de paracétamol contenant
du diéthylène glycol a provoqué la mort de prés de
500 enfants
• en Chine, on a estimé à 192 000 le nombre de
malades décédés en 2001 du seul fait de la
consommation de faux médicaments
• pour les antipaludiques, l’absence totale de principe
actif peut être responsable de décès
• leur sous dosage provoque des échecs
thérapeutiques et augmente les coûts
• Il peut favoriser la survenue de résistances
21. Détection des contrefaçons
• comparaison avec le conditionnement d’origine
• souvent les antipaludiques vendus sur le
marché n’ont plus de conditionnement
• aspect, couleur, poids, taille, inscriptions sur les
comprimés
• on peut détecter la présence de chloroquine,
amodiaquine, quinine, proguanil, mefloquine par
des réactions colorées (Saker Salomon)
• L’artesunate par décomposition alcaline donne à
pH 4 une coloration jaune en présence de sels
de diazonium
22. Détection des contrefaçons
• La German Pharma Health Fund à
Francfort a développé un système simple
de chromatographie en couche mince
appelé « Minilab » qui permet une
évaluation semi-quantitative de la
chloroquine, quinine, SP, artesunate
• la fiabilité est bonne
• permet de dédecter : surdosage, sous
dosage et absence de produit actif
23. Auto-médication non contrôlée
• Des campagnes de traitement du paludisme à
domicile sont actuellement encouragées par l’OMS
dans des régions endémiques où l’accès aux soins
est difficile
• après la mise en place du protocole, on observe que
les antipaludiques utilisés sont souvent achetés
dans des boutiques de quartier, le marché ou
auprès de vendeurs ambulants
• l’absence de conditionnement et d’indication sur leur
contenu accroît les risques
• ils sont souvent pris en même temps que des
produits traditionnels qui peuvent interférer
24. Conclusions
• la production de faux médicaments est une vaste
entreprise qui est encore sous estimée
• Il touche les pays les plus pauvres
• leur usage est responsable d’une augmentation
de la mortalité et de la morbidité
• provoque une perte de confiance du public pour
les médicaments et les structures sanitaires
• la collaboration entre les laboratoires, les
gouvernements et les organisations
internationales de commerce, les douanes sont
insuffisantes pour enrayer leur prolifération
25. Conclusions
• La dissémination des faux antimalariques
dans les régions endémiques constitue un
obstacle au contrôle du paludisme
• ils constituent un danger pour le malade
• leur contrôle est insuffisant
• Il nécessite la mise en place d’unités de
contrôle des médicaments qui n’existent
pas encore dans de nombreux pays
africains