Au terme de trois mois d'ateliers et de rencontres citoyennes dans les quartiers, la Ville de Montpellier a invité les Montpelliérains à participer aux Assises du projet urbain Montpellier 2040.
L'équipe conduite par les architectes urbanistes Bernardo Secchi et Paola Viganò, associés au cabinet Mensia Conseil dirigé par Hervé Nadal, économiste, y a présenté le résultat de cette phase de concertation. Sous la responsabilité et avec la participation des représentants de la municipalité, elle a soumis au débat les lignes directrices du projet urbain, avant sa finalisation à l'automne 2013. Ces Assises étaient ouvertes à tous. Animées par Etienne Ballan, sociologue, elles visaient à donner une large place aux échanges afin de permettre l'expression du plus grand nombre.
L’attractivité des territoires par La construction et l’aménagement L’exemp...
Journal des assises du projet urbain Montpellier 2040
1.
2. MONTPELLIER 2040
> EDITO
Depuis plus de 30 ans, montpellier a connu un
essor exceptionnel qui l'a hissé au rang de métropole. Si aujourd’hui, cet essor se poursuit avec la
même vitalité, les contextes locaux, nationaux et
internationaux ont profondément changé.
A l’échelle locale, la croissance démographique, les
ressources et les réserves foncières qui ont permis l’extension de la ville s’amenuisent. A une autre échelle,
les crises économique et financière, le réchauffement
climatique, l’épuisement des ressources, la surexploitation de nos richesses dressent les nouveaux enjeux
de notre développement.
LA CROISSANCE
N'EST PAS UNE FIN EN SOI
Extrait de la délibération du Conseil Municipal de Montpellier
en date du 1er octobre 2012 adoptée à la majorité des suffrages
exprimés (48 pour, 2 contre).
L’heure est donc venue de renouveler notre vision et
notre stratégie. Telle est l’ambition du projet urbain
de Montpellier pour les 30 ans à venir. Tel est le sens
de la démarche prospective Montpellier 2040. Ce travail mérite réflexion et débat.
Dans cet objectif, la Ville de Montpellier a souhaité bénéficier de regards extérieurs et sans complaisance.
A l’issue d’un concours international, le choix de la
Ville s’est porté sur l’équipe d’architectes-urbanistes
conduite par Paola Viganò et Bernardo Secchi associée au cabinet Mensia.
Nous avons également souhaité que cette démarche
interroge les Montpelliérains dans le cadre de débats citoyens, de contributions et de confrontation
d’idées, car dessiner le futur de notre ville ne doit
pas être qu’une affaire de spécialistes. C’est l’affaire
de tous.
Le Conseil Municipal a exprimé cet objectif et cette
méthode par sa délibération du 1er octobre 2012.
Lancé le 4 décembre 2012 lors d’une conférence inaugurale, le débat s’est poursuivi durant les mois de février, mars et avril 2013 durant cinq semaines d’ateliers et de rendez-vous dans les quartiers afin que
l’ensemble des montpelliérains puisse y prendre part.
A mi-parcours de la démarche, les Assises du 7
mai 2013 sont l’occasion de rendre compte de cette
phase d’ateliers.
Cette publication, réalisée avec l’équipe SecchiVigano-Mensia, en propose un premier aperçu,
de premiers enseignements pour guider la suite
du projet.
« …S’agissant du défi de la croissance démographique, la Ville de Montpellier, fidèle à sa tradition de tolérance et d’ouverture, entend réaffirmer sa fonction d’accueil de populations nouvelles, qu’elles soient d’ici
ou d’ailleurs. Elle souhaite valoriser durablement les fruits de cette dynamique, source d’enrichissement
et vecteur de créativité. De manière complémentaire, la Ville de Montpellier assumera pleinement son rôle
central à l’échelle métropolitaine en veillant, par une intensification de son développement au plus près des
transports publics notamment, à contribuer à l’exigence collective d’économie d’espace et d’énergie. Elle
entend, par-là, proposer une alternative attractive, accessible et efficace à la périurbanisation généralisée qui
menace le grand territoire métropolitain.
Pour autant, cette croissance ne doit pas être une fin en soi au risque de mettre en péril les fondements
mêmes des qualités qui contribuent au rayonnement montpelliérain. De surcroît, les évolutions démographiques qui s’annoncent à l’échelle nationale et régionale, notamment marquées par une accélération du
vieillissement de la population et un moindre apport migratoire, dessinent des tendances lourdes desquelles
la Ville de Montpellier ne pourra s’abstraire.
Le Maire de Montpellier
Dans ce contexte, le débat à venir sur la vision prospective de Montpellier à l’horizon 2040 ne peut se réduire
à l’examen d’hypothèses contrastées de croissance démographique. Croissance il y aura.
La question posée n’est donc plus tant celle du « combien » mais bien celle du « comment ». Comment
anticiper, comment encadrer la croissance urbaine, comment l’inscrire dans le territoire et dans la ville ?
C’est cette question du comment qui a vocation à structurer à la fois la réflexion prospective et le débat
citoyen. »
—2—
3. ASSISES DU MARDI 7 MAI 2013
> DÉCRYPTAGE
IMAGINONS ENSEMBLE
LA VILLE DE DEMAIN
IMAGINER...
LA VILLE DE DEMAIN
ENSEMBLE...
C’est jeter un regard sur le futur ; sur le futur proche
et lointain. C’est interroger ses opportunités, évaluer les
obstacles qu’il faut surmonter pour le construire à partir
d’aujourd’hui. Imaginer ce n’est pas que rêver. L’imagination est alimentée par l’expérience et l’échange, par la
connaissance et la recherche scientifique.
C’est construire un parcours qui, à partir d’aujourd’hui,
nous conduit vers une nouvelle étape du développement de la ville, de son cadre pour y habiter, y travailler, s’y cultiver, s’y déplacer. Et si possible y vivre mieux.
C’est construire une génération d’interventions réalistes
pour faire évoluer ce cadre urbain, se donner une stratégie, faire des choix, établir des priorités..
Parce que chacun de nous a un imaginaire différent,
parfois opposé aux imaginaires des autres, basé souvent
sur des préjugés et des intérêts tout à fait légitimes, mais
difficiles à composer.
Le projet urbain de Montpellier prend appui sur une
connaissance de la ville et de son territoire à différentes
échelles. Une connaissance détailée, fruit de longues
promenades dans les quartiers et de l’écoute de leurs
habitants. Une connaissance plus globale et objective,
fruit des études conduites par diverses équipes de
chercheurs et concepteurs montpelliérains.
A ce stade, un premier regard a permis de dégager
trois pistes de travail à privilégier : la piste des enjeux
environnementaux (la gestion des eaux, de la biodiverbiodiver
sité, de l’énergie), celle de la cohésion sociale et celle
de la mobilité conçue comme un droit élémentaire de
citoyenneté. Ces pistes de travail placent la question des
espaces ouverts et des espaces publics au centre de la
réflexion sur le futur de la ville et de son territoire.
—3—
La démarche d’élaboration du projet urbain de Montpellier a donné une grande importance à l’écoute des
opinions des citadins: 5 promenades dans différents
quartiers, 80 heures de « portes ouvertes » à la Maison
de la Démocratie, 5 séminaires avec des experts, des
dizaines d’entretiens avec des témoins privilégiés et 5
cafés projet urbain au terme des semaines d’atelier.
Au global, plus d'un millier de citoyens se sont déjà
impliqués.
4. MONTPELLIER 2040 — MARDI 7 MAI 2013
> RETOUR SUR LES ATELIERS
PAR L'ÉQUIPE SECCHI-VIGANÒ-MENSIA
5 TEMPS FORTS,
À TRAVERS LES QUARTIERS
L’équipe Secchi-Viganò a proposé d'arpenter la ville selon 5 grands secteurs : Centre, Nord, Est, Ouest et
Sud. Chacun d’eux a fait l’objet d’un travail approfondi et donné l’occasion aux Montpelliérains d’aller à
la rencontre de leur ville.
LA MÉTHODE
A l’issue d’un concours international,
l’équipe Secchi-Vigano Mensia a été
chargée par la Ville d’élaborer le projet urbain Montpellier 2040. Ce projet n’est pas le fruit d’un travail mené
dans un bureau fermé. Il est le résultat
d’un long processus de participation,
de consultation et de communication.
Nous avons considéré la commande
de la municipalité avec précaution et
nous avons pensé que la meilleure
façon de procéder était d’installer ici,
à Montpellier, le lieu de production du
projet. Nous avons décidé de déplacer
(relocaliser) in situ “la fabrique”. C’est
à partir de cela que les 5 Ateliers ont
pris sens, chacun étant conçu à la fois
comme le lieu et le moment de la production d’un projet collectif.
Chaque atelier a débuté par une promenade publique permettant de rencontrer les citoyens et de découvrir
certaines parties de la ville avec eux.
Chaque projet doit en effet se nourrir de
la connaissance de ceux qui pratiquent
quotidiennement la ville. Les 5 ateliers
se sont concentrés sur 5 parties de la
ville et ils ont été à chaque fois l’occasion de développer des questions-clés
pour l’avenir de Montpellier.
Les 5 ateliers et leurs promenades n’ont
pas vocation à être exhaustifs. Ils forment plutôt une série d’approches sensibles de la ville et de ses habitants ;
des approches aptes à construire un
débat commun et puis une vision commune à l’horizon 2040.
ATELIER 1
NORD
ATELIER 2
SUD
ATELIER 3
CENTRE
Changement climatique, transition
énergétique: comment bâtir la ville
résiliente ?
Industrie, agriculture, bureaux,
commerces : l’économie et ses
espaces dans la ville de demain
Centralité, proximité :
quelle offre urbaine? Quels modes
de ville?
Un territoire au menu : le Nord de la ville.
De la colline du bois de Montmaur au faubourg Boutonnet, la première promenade
publique a permis d’arpenter les espaces
du campus montpelliérain, de découvrir le
ruisseau du Chambéry et la richesse des
parcs privés qui composent un environnement urbain souvent désiré.
Elle a révélé également les matériaux
que nous percevons comme une
“périphérie” propre à Montpellier ; une
“périphérie” faite de lotissements et de
grands ensembles souvent refermés sur
eux-mêmes. Autant d’opportunités pour
construire de nouvelles porosités, perméabilités et continuités.
A la différence d’autres villes universitaires, le campus montpelliérain présente
l’intérêt d’être proche du centre. Il dispose
du potentiel pour devenir un ingrédient
majeur de la centralité de demain. C’est
un lieu stratégique pour la ville ; un lieu à
réinvestir.
La deuxième promenade a longé le cours
du Lantissargues. Départ de l’EAI où l’économie créative et un nouveau cycle urbain
vont redonner vie à l’ancien site militaire. Au
Mas Drevon, c’est l’économie présentielle
qui renforce les lieux de sociabilité comme
le marché Tastavin. Une fois (difficilement)
T
franchi le faisceau ferroviaire, direction le
marché-gare, principale infrastructure de
la logistique urbaine dans une zone de la
Restanque où la ville doit composer avec
ses activités économiques. Au-delà de
l’
l’A9, autour du Mas de Saporta, c’est la
découverte des campagnes urbaines ; de
celles qui alimentent la ville.
Des Arceaux aux Aubes, entre Verdanson et Ecusson, la troisième promenade
a traversé différentes époques d’une ville
en transformation permanente. Centre
historique, faubourgs, avenues arborées :
un paysage perçu comme figé mais que
la ville doit sans cesse réinventer.
E
Et si les vastes espaces publics des Arr
rceaux accueillaient de nouveaux fêtes
foraines et jeux de tambourin : nostalgie
ou modernité ? Et si le Verdanson devenait
E
une grande promenade publique à travers
la ville ? Le Verdanson côté nature, habité
par de multiples espèces animales et
végétales ; le Verdanson côté béton, déjà
investi par les graffeurs qui en font le symbole d’une nouvelle expression urbaine.
La ville, son patrimoine évoluent, se transforment. Des lieux de centralité pratiqués
par tous mais qui doivent être pensés
aussi pour leurs habitants.
“S’adapter au changement
climatique : c’est prendre
en compte la vulnérabilité
et non traiter l’aléa, c’est
favoriser l’infiltration,
le rôle du végétal comme
facteur de rafraichissement
de la ville…”.
“Ne pas rejeter, donner
une place à toutes formes
d’activités dans la ville.”
“Considérer les temps
sociaux et les temps
de la vie.”
(séminaire 1)
—4—
(Séminaire 2)
(Séminaire 3)
5. MONTPELLIER 2040
ATELIER 4
OUEST
ATELIER 5
EST
Habitat, espace public :
quelles conditions pour la production
urbaine demain ?
mobilité, grand territoire:
quelle ville au cœur d’une métropole
en mouvement ?
La quatrième promenade nous a conduits
(sous une pluie battante) de Celleneuve à
la Mosson, en passant par le Petit-Bard,
la Pergola, le parc Malbosc et la Paillade.
La dernière promenade a permis d’aborder
les nouvelles échelles de la métropole en
transformation. Pour parcourir ces échelles
et franchir les limites de la commune en
direction de Lattes, nous avons fait le choix
du vélo. Au départ de l’hôtel de ville, nouvelle
centralité en devenir, nous avons traversé les
quartiers de la Rauze puis de la Céreirède
au-delà de l’autoroute A9, là où de nouvelles infrastructures routières et ferroviaires
vont prendre place. Au cœur de ces vastes
chantiers à venir, la Céreirède se décrit
comme « le jardin de Montpellier », petit
quartier d’agriculture maraichère soumis aux
caprices du Lez et de ses débordements.
Plus à l’ouest, s’ouvre un autre paysage de
plaine inondable : celui de la prairie. Une fois
revenus sur les digues du Lez, notre parpar
cours révèle le grand paysage du risque. Le
chenal de la Lironde, creusé pour accueillir
les débordements du Lez en cas de crues
exceptionnelles, dessine une grande liaison entre Montpellier et l’étang du Méjean,
une composante d’un nouveau “parc de la
lagune” à imaginer pour demain.
La promenade a emprunté des chemins très
anciens, comme les chemins de St Pierre,de
la deuxième écluse, du Mas rouge ; des chemins avec lesquels il faudra composer pour
relier Montpellier et son parc lagunaire malgré la coupure des infrastructures.
Des quartiers marqués par des tensions
sociales, une précarisation préoccupante de ses habitants ; une image parpar
fois dégradée. Dans ce territoire de la
ville, les équipements (collèges, lycées
notamment), composent un système de
grandes “plaques” urbaines étanches qui
mettent les quartiers à distance. Même
le parc Malboc peine à relier plutôt qu’à
séparer. Malgré ces fractures urbaines, on
découvre des valeurs fortes : des quartiers
solidaires et des jardins familiaux où l’entreaide demeure une vertu partagée ; un véritable monument naturel : le pli géologique
de Montpellier qui se découvre au-dessus
de la rivière Mosson souvent méconnue et
pourtant magnifique.
Le séminaire a souligné combien la question de l’habitat ne peut se réduire à une
simple approche quantitative. Habiter,
c’est bien plus que se loger. On habite sa
ville ou son quartier autant que son logement. C’est donc en termes d’intensités
urbaines (qualité de vie, proximité des
transports et des services urbains) qu’il
faut penser l’offre résidentielle.
“L’espace public, colonne
vertébrale de la ville et du
projet urbain.”
(séminaire 4)
“Les mobilités ont produit
une ville diffuse,
une ville-territoire dont
les dimensions ont dépassé,
depuis longtemps, les limites
de Montpellier.
Penser la ville de demain
ne peut pas s’envisager
sans inscrire la réflexion
à ces nouvelles échelles.”
—5—
(séminaire 5)
6. MONTPELLIER 2040 — MARDI 7 MAI 2013
> DÉBAT
3 TRAJECTOIRES
POUR SUSCITER LE DÉBAT
Ces trajectoires sont une ébauche du travail qui ont servi de base aux discussions et aux travaux menés
avec les Montpelliérains.
“Ce qu’on suggère,
explique l’urbaniste
Paola Viganò, c’est que
les grandes images
de Montpellier, utilisées
dans le passé, peuvent
être enrichies de contenus
nouveaux et capables,
encore, de donner des
directions, de motiver
des projets, d’amener
Montpellier dans le futur.
Les trois images ou figures
de l’avenir que nous
présentons ne sont pas
en opposition : elles
peuvent, au contraire,
se rapprocher et renforcer
si elles sont traversées par
des objectifs communs ”
“Montpellier, une ville
de plus en plus fragmentée,
exposée au risque
du repli sur soi.”
“Ne pas devenir
la chambre d’hôtes
de la mondialisation.”
MONTPELLIER LA BELLE VIE
MONTPELLIER “THE PLACE TO BE”
Cette figure revisite une dimension centrale de ce qu’est aujourd’hui Montpellier : une ville de plus en plus fragmentée,
exposée au risque du repli sur soi.
Montpellier “la surdouée”, et après ? Une ville de l’avant-garde,
une ville universitaire et de recherche, une ville de festivals, en
perpétuel mouvement, qui se nourrit de flux et assume son statut de ville de mélange mais qui sait mieux en capter la valeur.
Montpellier “The place to be” peut devenir une ville exemplaire
qui se confronte d’une manière innovante à la crise énergétique et au changement du climat, une ville où les émissions de
CO2 serait nulles, qui utiliserait 100% d’énergie renouvelable,
qui recyclerait les déchets et qui se recyclerait elle-même. Il ne
s’agit pas seulement de faire des éco-quartiers, mais de faire
en sorte que toute la ville et son territoire s’imposent comme
une référence de la qualité de vie en Europe.
Dans une société toujours plus individualisée, cette image se
décline plutôt comme “souci de soi”, selon deux versions possibles : la première prend appui sur les inégalités sociales, dont
le “souci de soi” est une traduction consumériste (le jardin, la
piscine, le bateau, le restaurant sont réservés à ceux qui en ont
les moyens); la deuxième version, plus collective, met le bienêtre et la santé de tous au centre des préoccupations. Pour ce
qui concerne le projet urbain, elle porte une forte attention aux
espaces publics conçus comme les principaux lieux de sociabilité et d’urbanité.
De nombreuses villes européennes ciblent le secteur de la santé
(recherche et soins) comme un nouveau moteur de développement. Montpellier, qui possède déjà une forte densité d’établissements dans ce domaine, peut devenir une ville de la santé au
sens large du terme, qui ne vise pas seulement une population
de retraités, mais aussi une population jeune et sportive.
Plus globalement, Montpellier “La belle vie” cherche à repenser
son modèle originel pour l’infléchir.
Elle ne vise pas la rupture radicale avec le modèle hédoniste
sur lequel elle s’est construite mais cherche à le prolonger en le
réinventant. Elle ne doit plus se rendre dépendante de la seule
économie résidentielle. Ce faisant, elle invente et met en œuvre
une nouvelle manière d’être ensemble dans la cité, un modèle
sociétal plus raisonné, plus collectif, plus sobre, économe et
soutenable dans un contexte de crise, voire lui-même producteur de valeur, y compris économique, pour le territoire.
—6—
“Montpellier,
une référence
de la qualité de vie
en Europe.”
7. MONTPELLIER 2040
MONTPELLIER L'HUMANISTE
BERNARDO SECCHI ARCHITECTE - URBANISTE
Montpellier peut se revendiquer comme une ville d’accueil et
de tolérance. L’étranger n’y est pas l’ennemi caché. Même si
l’intégration n’est pas toujours parfaite, même si la ville est souvent clôturée, si les impasses ne communiquent pas entre elles,
Montpellier lutte contre les phénomènes d’exclusion.
Le “nouveau récit” de Montpellier 2040 sera le moteur du projet urbain.
Les trois trajectoires que nous proposons ne sont pas exclusives les
unes des autres. Au contraire, combinées entre elles, elles peuvent
être autant de facettes de Montpellier 2040, imprimées dans son code
génétique et imprégnant les politiques publiques.
Accueillir ne se résume pas à construire du logement.
Ce qui est important, c’est que les grandes images de Montpellier,
utilisées dans le passé, puissent être enrichies de contenus nouveaux
et capables de donner des directions, de motiver des projets, d’amener
Montpellier dans le futur.
Mettre en œuvre une politique d’accueil, une politique “humaniste”, implique une action forte pour améliorer la situation des
quartiers en difficulté.
Mieux équilibrée sur le plan démographique, Montpellier
“l’humaniste” n’est ni la ville qui subit l’évasion des ménages
les plus aisés pour ne conserver que les plus modestes, ni la
ville de l’entre soi bourgeois qui chasse les ménages de classe
moyenne vers la grande périphérie. La ville doit renouveler sa
capacité à se rendre accessible à tous.
Montpellier ville hédoniste devient la ville de la belle vie. Montpellier
la surdouée veut être le meilleur lieu où vivre (the place to be), et
Montpellier ville accueillante et tolérante s’affirme comme la ville
humaniste. Ainsi, Montpellier 2040 deviendra un véritable un projet
de ville.
“Des fractures
dans la ville,
mais des solidarités
dans les quartiers”
“Montpellier,
la ville accessible
à tous”
—7—
8. MONTPELLIER 2040 — MARDI 7 MAI 2013
> DU RÊVE À LA RÉALITÉ
DES PREMIÈRES PISTES
POUR GUIDER LE PROJET
Les ateliers et la concertation citoyenne ont confronté cet imaginaire au réel, relevant les contrastes de la
ville. Pour réaliser ses rêves, Montpellier devra relever de nouveaux défis. Cela passera par un changement
de cap : miser sur le recyclage de la ville, son réinvestissement, sa transformation. Cela passera aussi par
la capacité à se mobiliser pour atteindre des objectifs réalistes, aujourd’hui formules par l’équipe SecchiViganò-Mensia et enrichis par la contribution des habitants.
UNE VILLE LISIBLE
ET ACCESSIBLE À TOUS
DÉSIRABLE, UNE VILLE
SANS VOITURE
VERS UNE VILLE
À ÉNERGIE POSITIVE
LA VILLE
MOSAÏQUE
> Renouveler les notions de centralité et
de proximité.
> Adresser l’offre d’équipements des
quartiers à toute la ville.
> Interroger l’interconnexion entre les
lieux
> Faire du tramway le vecteur de nouvelles centralités.
> Miser sur les transports publics et les
mobilités actives (marche à pied, vélo)
30% des déplacements en voiture sont
inférieurs à 3 km !
> Amplifier l’offre de transport,
> Rendre la ville adaptée aux vélos, accessible à tous.
> Permettre le développement de nouvelles formes de fret urbain non polluant.
> D’abord economiser l’énergie et produire plus d’énergies renouvelables.
> Miser sur la récupération, les échanges
gratuits.
> S’adapter au changement climatique.
> Réduire l’imperméabilisation des sols, favoriser l’infiltration, limiter les ruissellements.
> Rafraichir la ville en développant la présence du végétal.
> Recycler la ville, c’est aussi recycler
l’énergie grise qu’elle contient déjà.
> Valoriser la variété des formes d’habitat
dans la ville.
> Travailler avec la singularité des quartiers.
T
> Surmonter la fragmentation des tissus
urbains.
> Investir dans les interstices et à l’intérieur de chaque espace. Avenues, rues,
A
places, jardins, promenades...l’ensemble
de la palette des espaces publics doit
contribuer à redonner de la lisibilité à l’espace de la ville.
> Requalifier les lieux habités et de penser
à nouveau, avec beaucoup d’imagination
les typologies d’habitat ou d’activités héritées du passé.
CAMPUS, UN NOUVEAU CŒUR DE VILLE ?
La place de l’université dans la ville de Montpellier est à redéfinir et à valoriser. Le
Campus devra relier ses espaces les uns avec les autres et, surtout, les ouvrir sur la
ville. A l’horizon 2040, grâce à la nouvelle ligne de tramway 5 et à la reconquête des
espaces publics, le centre-ville pourra s’élargir vers le nord en direction du Campus.
Autour de la place de la Voie Domitienne pourra notamment prendre forme un nouvel
espace central, doté de services et d’équipements répondant aux besoins de la ville et
de l’université.
—8—
9. MONTPELLIER 2040
LA VILLE
PRODUCTIVE
QUELLE(S) VILLE(S) POUR
QUEL TERRITOIRE ?
> Réinvestir le site militaire de l' E.A.I pour
en faire une zone d'économie créative,
renforcée par des lieux de sociabilité et
de présence permanente.
> Injecter de la mixité dans les zones d’activité pour accueillir les nouveaux styles de
vie et d'activités.
> Promouvoir un modèle économique renouveromouvoir
renouve
lé qui intègre les fonctions économiques comme
une composante vivante de la ville mixte.
> Ouvrir la réflexion aux échelles supérieures, tout invitant désormais à penser
la ville de Montpellier comme le territoire
support d’une économie productive modérément consommatrice d’espace.
> Penser le foncier, l’eau et l’énergie
comme des ressources limitées, à préserpréser
ver en commun
> Déterminer le rôle de Montpellier au
cœur de la ville-territoire
> Reconsidérer les interdépendances
entre les villes pour construire de nouvelles solidarités.
NOURIR LA VILLE
Le marché-gare accueille des productions agro alimentaires de la région. Il est aujourd’hui la plateforme d’échanges entre les producteurs et les marchés de la ville.
Et s’il devenait demain le grand marché des Montpelliérains ?
—9—
10. MONTPELLIER 2040 — MARDI 7 MAI 2013
> SUPPORT-SURFACE
UNE NOUVELLE MATRICE
QUI RÉCONCILIE LA VILLE
À SON TERRITOIRE
LES ÉLÉMENTS NATURELS ET LES LIEUX DE FLUX (AVENUES ET LIGNES DE TRAMWAY) SONT AUTANT DE LIGNES
DE FORCE POUR MONTPELLIER QUI ONT STRUCTURÉ SES PAYSAGES ET SON FONCTIONNEMENT URBAIN. DES
VASTES PLAQUES URBAINES ET ESPACES NATURELS OU AGRICOLES À MIEUX CONNECTER.
PAOLA VIGANÒ ?
RECONNECTER LA VILLE
À LA PLAINE LAGUNAIRE
“La plaine asséchée est, parmi les paysages de la
ville, celui le moins valorisé. Territoire de risque
(inondation), mais en même temps d’érosion par
les constructions et les infrastructures, il nous parait
nécessaire de le protéger et de le valoriser , non pas
en l’éloignant de la ville, mais en le rapprochant. Territoire de transition, il permet d’apprécier la distance
entre Montpellier et la mer et en même temps sa
proximité. Les nouvelles infrastructures autoroutières
et ferroviaires vont encore morceler ce territoire qui
peut être lu comme une grande surface marquée
par toutes les traces de l’eau: les canaux, les digues,
les drainages, les arbres alignés....
Redécouvrir la plaine asséchée peut introduire en
ville un paysage méconnu, mais stratégique dans les
transformations de Montpellier et dans sa relation à
la mer. Il s’agit de rendre perméable le grand faisceau des infrastructures et de reconnecter ainsi la
ville à ce paysage.”
DES LIGNES
DE CONTINUITÉ
DES SURFACES
COMME “COMMON SPACE”
Les grands éléments naturels qui traversent la ville, les
lieux de flux (les avenues et les lignes de tramway) qui
structurent les mobilités à l’intérieur de la ville et les relations avec sa proche périphérie, sont autant de lignes
de force pour le territoire : ces lignes structurent à la fois
le paysage et le fonctionnement urbain. Faire la ville de
demain – consolider la ville d’aujourd’hui – autour de ces
lignes de force apparaît comme un enjeu à la fois de clarification et de défragmentation de la structure urbaine et
de conciliation entre logique de flux et logique de lieux.
La ville est aussi occupée par des surfaces plus ou moins
vastes, souvent fermées et monofonctionnelles. Qu’il
s’agisse des emprises universitaires, de lycées ou collèges, de terrains de sport, de « plaques » d’activités ou
de commerciales, le thème qui se pose à l’horizon 2040
est celui de leur réinvestissement. Il s’agit d’imaginer
une utilisation plus intense d’espaces utilisés souvent à
mi-temps, de profiter des surfaces sous-utilisées et de
proposer un mix fonctionnel plus élargi. A l’intérieur des
“plaques” il y a aussi des espaces ouverts dont la ville
pourrait profiter pour regagner des nouvelles continuités.
DES POINTS
ET DE NOUVELLES CENTRALITÉS
Le projet urbain a pour ambition, avec la stratégie des “points”,
de créer de nouvelles centralités, de créer des “clusters” difdif
fus sur le territoire ; des “clusters” scolaires et sportifs, des
espaces publics de parcs et jardins. Il s’agit d’imaginer des
résonnances entre les espaces, avec une mixité de fonctions,
pouvant aller jusqu’à la polyvalence des lieux.
— 10 —
Parmi les grandes surfaces à l’échelle de la ville-territoire,
les espaces agricoles, les espaces du risque lié à l’eau,
les bois, sont autant d’occasion pour réfléchir sur la continuité entre les différents morceaux de la ville-territoire.
Il s’agit d’imaginer une nouvelle structure spatiale qui
place Montpellier au cœur de sa nouvelle échelle métropolitaine.