Mick Fortune - Voices for Libraries abf Lille 23 juin 2011
David Mangin Abf 11 06 09
1. La « ville passante », une utopie concrète
par David Mangin,
architecte urbaniste (SEURA architectes)
Auteur de « La ville franchisée » (éditions de la Villette 2004)
Prix « La ville à lire » 2005 France Culture et revue Urbanisme
Grand Prix de l’Urbanisme 2008
Congrès de l’ABF – 11 juin 2009
2. DM, blog, 10 mars 2008
«Pas de politique à l’atelier», disait-on, paraît-il, à l’École des beaux-
arts avant 1968. L’architecture considérée comme un art devant, bien
entendu, échapper aux malheureuses contraintes de l’industrie et du
commerce et a fortiori de la politique (surtout celle de la gauche…).
Moyennant quoi l’étudiant en architecture apprenait dans une belle et
même abstraction les ordres grecs le matin et traçait les plans de
grands ensembles l’après-midi à l’agence du même mandarin.
Donc pas de politique à l’atelier, disions-nous.
Et pourtant ce lundi matin de premier tour des élections municipales,
bien des architectes auront dépouillé les résultats électoraux pour
savoir si tel ou tel de leurs élu(e)s préféré(e)s va repasser ou être en
ballottage (dé)favorable. Les projets seront-ils continués, relancés,
freinés, accélérés…, après des agapes électorales qui ne sont en
général pas très propices aux décisions.
Et, ailleurs, de nouveaux maires constructeurs vont-ils émerger et
porter dans leur ville mais aussi dans leurs partis politiques des
valeurs urbaines (la diversité, la foule, les migrations, les services,
la mobilité résidentielle par la location, la ville la nuit par exemple,
bien souvent absentes du débat politique) ? On aura promis des
écoquartiers de faible densité un peu partout, mais cela est-il bien
suffisant pour répondre à la double crise du logement et d’un foncier
raréfié ?
La «ville» nouvelle est-elle un horizon indépassable ?
Et y aura-t-il des élus pour porter l’exigence d’élections au suffrage
direct d’élus d’agglomération capables politiquement de porter des
choix métropolitains et de sortir du saupoudrage et de l’étalement
urbain ?
Ainsi, l’architecte est bien entre les deux tours : à droite la tour est
droite, de très grande hauteur, active, compétitive, dominatrice et sûre
d’elle-même en attendant d’être dépassée par sa voisine (ça me
rappelle quand j’étais petit avoir vu à l’ORTF un architecte de Chicago
interviewé à propos de la tour Montparnasse et suggérant que, quand
l’esthétique d’une tour est contestable ou contestée,
il n’y avait qu’à en construire d’autres à côté pour noyer le poisson); à
gauche, la tour est gauche mais solidaire, permet d’accueillir
plus de logements sociaux, ne dépasse pas les 50 mètres ce qui évite
les charges d’un IGH, offre à tous des vues rasantes sur le velum des
centres historiques, et un cloître à l’intérieur pour la vie en
communauté; au Modem la tour n’est ni droite ni gauche mais elle est
nord-sud côté pile bureaux, côté face logements; et chez les Verts la
tour est couchée dans un parc. On le voit il y a bien des détours pour
faire des tours et ce n’est pas nouveau