Mémoire de fin d'études sur la communication digitale et l'industrie musicale.
"Comment gérer au mieux la communication d'un groupe émergent sur les réseaux sociaux et internet en prenant en compte la saturation de l'information sur ces derniers ?"
Conference Esc Pau Alban Martin Cocreation Et Economie Du Gratuit Octobre 2009
La Communication digitale dans l'industrie musicale
1. MÉMOIRE DE 4EME ANNÉE
LA COMMUNICATION DIGITALE DANS L’INDUSTRIE
MUSICALE
« Comment gérer au mieux la communication d’un groupe
émergent sur les réseaux sociaux et internet en prenant
en compte la saturation de l’information sur ces
derniers ? »
Directeur de Mémoire: Roger Vicot
Parrain: Francis Zegut
Claire Conrardy
3. 2
Sommaire
Remerciements p.4
Introduction p.5
Partie 1. Industrie et promotion dans le milieu musical: explications p.8
1. L’industrie musicale et son évolution p.8
1.1. Histoire de l’industrie musicale p.8
1.2. La crise des années 2000, certainement la plus grosse crise de l’industrie
musicale
p.10
1.2.1. Les causes de cette crise p.10
1.2.2. Les conséquences p.13
1.2.3. Le streaming, en passe de devenir la solution p.15
2. La promotion musicale: du traditionnel au numérique p.17
2.1. La structure traditionnelle de la production et de la promotion musicale p.18
2.2. L’apparition d’internet et des réseaux sociaux : un nouveau moyen de
communication
p.19
2.3. Les artistes s’occupent eux-mêmes de leur promotion p.19
2.3.1. Le Do-it-Yourself p.19
2.3.2. Le crowdfunding p.22
Partie 2. Une stratégie de communication ? Oui, mais sur le web ! p.24
1. Mise en place d’une stratégie de communication sur le web p.24
1.1. La nécessité d’être présent sur internet p.24
1.2. Définir sa stratégie 2.0 p.28
1.2.1. Explorer et comprendre le monde digital qui nous entoure p.28
1.2.2. Construire et développer sa présence en ligne p.29
1.2.3. Créer des contenus en adéquation avec son public p.30
1.2.4. Animer et engager son audience p.31
1.2.5. Analyser les retombées p.33
1.3. Les différents outils mis à disposition des artistes p.35
1.3.1. Le site internet p.35
1.3.2. Les réseaux sociaux p.35
1.3.3. Les sites spécialisés dans la musique p.44
4. 3
1.3.4. La mailing list et la newsletter p.47
2. La saturation de l’information p.48
2.1. La saturation de l’information : explications p.48
2.2. Les solutions envisageables p.49
2.3. Exemples de solutions trouvées par les artistes p.52
Partie 3. Domino and the Ghosts: les propositions applicables p.55
1. Présentation du groupe Domino and the Ghosts p.55
2. La stratégie de communication digitale p.56
2.1. Mise en place de la stratégie p.56
2.1.1. Première rencontre avec le groupe p.56
2.1.2. Analyse du contexte p.56
2.1.3. Deuxième rencontre avec le groupe: les propositions p.58
2.2. Cette stratégie là et pas une autre : les raisons p.58
2.3. Le déroulement p.59
3. Résultats obtenus après six mois de pratique p.64
4. Et après… p.65
Conclusion p.66
Bibliographie p.67
Annexes p.70
Interview de Francis Zegut p.70
Interview de Laurie Cotteaux p.73
Interview du groupe Last Train p.78
Interview du groupe Malemort p.79
Interview du groupe Coldstone p.80
6. 5
Introduction
La filière musicale est aujourd’hui secouée par les habitudes d’écoute de la musique offertes
par le numérique. L’émergence d’internet, du peer-to-peer et de toutes les autres
innovations, qui rendent la musique plus accessible, ont fait paniquer les acteurs de l’industrie
musicale. A chaque nouveau support musical apparu (le vinyle, le CD, et maintenant le fichier
mp3), une crise a suivi, avec une baisse des ventes du support précédent. Mais pour autant,
une crise ne fait pas forcément disparaître un support. Cette dématérialisation de la musique,
résultat du développement des nouvelles technologies, a tout simplement changé la manière
de consommer la musique : dans un premier temps, on la télécharge gratuitement et
illégalement. Le piratage des œuvres musicales devient un véritable fléau pour l’industrie.
C’est ainsi que des lois, comme la loi Hadopi, ont vite fait leur apparition pour tenter de le
contrer. Maintenant, on l’écoute en ligne, sur des sites comme YouTube ou sur des
plateformes de streaming comme Spotify ou Deezer. Tout est alors remis en cause et les rôles
sont donc redistribués : les entités physiques (disquaires, grandes surfaces) se voient
remplacées par des magasins en ligne (iTunes Store par exemple). Le CD se vend beaucoup
moins bien, mais les plateformes de streaming se développent et prennent le relais. Leur
nombre d’utilisateurs augmente chaque jour un peu plus (on compte 60 millions d’utilisateurs
pour Spotify début 2015, contre 40 millions un an plus tôt1
). Cette nouvelle manière d’écouter
de la musique semble être la solution à la crise que traverse, depuis une dizaine d’années
maintenant, l’industrie musicale. Cependant, est-ce un bon point pour les artistes de proposer
leurs œuvres sur ces plateformes ?
Quoiqu’il en soit, on parle beaucoup des réseaux sociaux depuis quelques temps. L’utilisation
des nouvelles technologies, la croissance du nombre d’internautes (3,2 milliards en septembre
20152
), le web marketing, nous démontrent que les réseaux sociaux sont nécessaires
aujourd’hui. En seulement quelques années, internet, qui a pour vocation d’instaurer un
dialogue entre différentes personnes, est devenu un espace social et communautaire.
Maintenant, il ne concerne plus uniquement la sphère privée. Et les usages, dits
« professionnels », se sont de plus en plus développés. Les réseaux sociaux sont apparus et
sont devenus des lieux d’écoute et de diffusion. Dans ce contexte, les artistes et groupes de
musique sont en mesure de travailler leur présence numérique. Mais pourquoi être présent
sur les réseaux sociaux ? Tout simplement parce que de nos jours, ils sont un bon outil pour
diffuser sa musique et le meilleur moyen pour se faire connaître. En effet, une présence bien
gérée sur les réseaux sociaux peut promouvoir le groupe plus efficacement que la publicité
traditionnelle. Ils permettent notamment de se montrer sous un nouveau jour : l’artiste
1
Source nextinpact.com
2
Source archimag.com
7. 6
devient alors plus accessible, plus humain. Et c’est grâce à cela qu’il est possible de créer une
relation de confiance et de proximité avec les gens qui le soutiennent et le suivent. Tout a
commencé avec le site MySpace, fondé en 2003, qui est vite devenu indispensable pour tous
ces groupes et artistes émergents. Il remplace alors pour la première fois un moyen de
diffuser sa musique sans pour autant passer par des professionnels. Et par la suite, ce sont les
réseaux sociaux tels que Facebook et Twitter qui font leur entrée petit à petit dans le monde
d’internet, avec pour vocation, au départ, de ne servir que de lieu de discussion et d’échange.
Au fur et à mesure que les années passent, ils se transforment progressivement en véritables
outils de communication, offrant ainsi aux artistes des applications très intéressantes et
surtout des statistiques leur permettant de se situer un peu plus. L’apparition des plateformes
de crowdfunding a également joué un rôle important dans toute cette désintermédiation. Les
artistes peuvent désormais enregistrer et produire leur album sans l’aide des majors, mais
avec celle du public.
Internet et les réseaux sociaux étant gratuits, tout un chacun peut s’y connecter. Il est
également très facile pour n’importe qui, d’écrire quelque chose et de le poster sur n’importe
quel site, à n’importe quel moment. C’est d’ailleurs cette facilité de publication et cette
instantanéité qui vont entraîner, ce qu’on appelle maintenant, la saturation de l’information.
Beaucoup trop de messages sont publiés au même moment, de la même façon. Il est alors
très difficile, pour l’internaute, de s’y retrouver parmi cette masse d’informations. « Ce que
l'information consomme est assez évident, cela consomme l'attention du destinataire. Ainsi,
une richesse d'informations crée une pauvreté d'attention »3
. D’autant plus que celles-ci
peuvent très bien être de mauvaise qualité. Comme le dit si bien Michael Kinsley4
, « la
possibilité qui nous est offerte à tous d'exprimer nos opinions est magnifique, mais pas la
perspective de les lire ». Personne ne peut tout vérifier et les artistes doivent faire attention
à ce que certains mots ne leur portent pas préjudice.
Mais alors comment gérer aux mieux la communication de groupes émergents sur les réseaux
sociaux et internet, en prenant en compte la saturation de l’information ? Ce mémoire va
aborder différents points qui vont nous aider à répondre à cette question de manière
objective. Dans un premier temps, nous allons expliquer l’industrie et la promotion musicale :
quelle est leur évolution et comment ont-elles appréhendé l’arrivée d’internet ? La deuxième
partie va nous permettre d’entrer plus en profondeur dans l’apprentissage des réseaux
sociaux, de les expliquer, d’apprendre comment les utiliser à bon escient lorsque l’on est un
jeune groupe…et le plus important, pourquoi, aujourd’hui, il faut absolument avoir une
présence digitale. La troisième et dernière partie, quant à elle, peut être considérée comme
3
Herbert Simon, théoricien de l’économie de l’attention
4
Journaliste au Time Magazine
9. 8
Partie 1 – Industrie et promotion dans le milieu musical : explications
1. L’industrie musicale et son évolution
« L'industrie musicale (appelée également industrie du disque ou encore industrie
phonographique) désigne les activités qui contribuent à l'offre de produits musicaux obtenus
par un processus industriel de reproduction (en général, le disque). Le terme fait référence
plus explicitement à la filière de l'édition phonographique ; en réalité, il faudrait parler d’«
industries musicales » au pluriel, regroupant ainsi toutes les activités de reproduction de la
musique, par le processus industriel (produit physique) ou par le numérique (produit
dématérialisé). De ce fait, on y englobe généralement l'édition musicale et même la facture
instrumentale (voire aujourd'hui les logiciels de composition et de musique de synthèse) ».6
La filière industrielle du disque peut être définie en quatre grandes étapes7
: la création
artistique, l’industrialisation (la transformation d’une œuvre en un produit reproductible), la
promotion, et la commercialisation. D’après Nicolas Curien et François Moreau, la création
artistique répond à deux objectifs distincts : trouver un auteur et/ou compositeur, puis
administrer l’exploitation de l’œuvre en trouvant un interprète et une maison de disque. La
deuxième étape correspond à la production. Il va s’agir ici de produire et financer l’intégralité
de l’enregistrement ainsi que de reproduire l’œuvre sur un support matériel.
L’industrie du disque s’organise dans les années 1920, sous l’égide de multinationales comme
Columbia, Pathé, Gramophone ou encore Edison. Depuis, il y a eu beaucoup de fusions et de
rachats. Aujourd’hui, le secteur est divisé entre les grosses maisons de disques (qui détiennent
environ 70% des parts de marché) comme Universal Music Group, Sony Music Entertainment
et Warner Music Group, et les labels indépendants tels que [PIAS] ou encore Naïve.
1.1. Histoire de l’industrie musicale
En 1877, Thomas Edison invente le phonographe, qui permet pour la toute première fois de
reproduire la voix sur un support (un cylindre) enregistré. Mais on peut dire que tout
commence, en 1887, lorsque l’ingénieur allemand Emile Berliner invente le gramophone et le
disque. En effet, pour gagner de la place, le support d’enregistrement n’est plus sous forme
de cylindre, mais de galette de zinc (90 et 100 tours/minute) qui prendra par la suite, le nom
de disque de par sa forme. De plus, son invention permet de séparer distinctement
l’enregistrement et le processus de reproduction. Elle offre alors un très gros avantage : le
coût de reproduction qui baisse fortement. Le gramophone est officiellement lancé dans le
6
Définition Wikipédia.
7
L’industrie du disque par Nicolas Curien et François Moreau
10. 9
commerce en 1896 et rencontre rapidement un franc succès. L’histoire de la musique
enregistrée débute alors en se mêlant à l’aventure industrielle occidentale.
Bien que l’industrie musicale se soit fortement développée jusqu’en 1920, l’offre de musique
enregistrée est très faible. Les quelques entreprises spécialisées dans l’enregistrement
proposent un catalogue limité : ne sont proposés que des titres populaires, repris par
différents artistes. De ce fait, le niveau des ventes est bas. Alors la radio fait son apparition
aux Etats-Unis. Les familles américaines s’équipent très rapidement en récepteur radio qui
concurrence alors les ventes de gramophone et entraine la première crise de l’industrie
musicale. Selon Garofalo (1999) – From Music Publishing to MP3, le chiffre d’affaires du
secteur passe de 106 millions de dollars en 1921 à seulement 6 millions en 1933. Les
compagnies n’arrivent pas à faire face à la concurrence de la radio qui apparaît, aux yeux des
artistes et des maisons de disque, comme un remplaçant du disque. C’est pourquoi elle prend
des parts de marché à l’industrie musicale, mais personne n’envisage alors de s’associer aux
radios. C’est bien plus tard que des alliances finiront par se former entre la production de
disque et la diffusion radio. Cette dernière deviendra alors un outil puissant de promotion
musicale. Dans les années 1930, on commence donc à se servir de la radio pour faire
augmenter les ventes de disque.
En 1948, deux autres changements majeurs font leur entrée dans l’histoire de l’industrie
musicale. C’est en effet l’année de lancement des disques 33 et 45 tours (plus connus sous le
nom de vinyle) par la société Columbia (alors devenue CBS). Ces nouveaux formats deviennent
vite la référence. En Europe, c’est EMI que se convertit en premier, en 1952. Au départ, le 33
tours est créé pour le répertoire classique et permet d’enregistrer la taille d’un album complet,
11. 10
alors que le 45 tours est créé pour le répertoire de musiques populaires, avec seulement deux,
voire trois titres. Cette période d’après-guerre marque aussi la montée du rock’n’roll. Ces deux
bouleversements déclenchent une forte croissance des ventes et une modification
structurelle de l’industrie du disque. Elle devient la période des labels indépendants.
Dans les années 1970, le manque de nouveautés et la saturation du vinyle entraînent une
nouvelle chute des ventes. Mais une nouvelle innovation va changer la donne : la cassette
audio. Elle permet l’écoute mobile de la musique et la copie privée. Grâce à ça, les ventes
redécollent. On passe alors de 4,75 milliards de dollars de chiffre d’affaires mondial à 7
milliards, entre 1973 et 19788
.
En 1982, on découvre un nouveau support musical, le Compact Disc (CD). Le CD a l’avantage
de pouvoir contenir plus de morceaux que le vinyle. Il va donc le remplacer petit à petit. La
création du walkman (lecteur CD portatif) favorise également l’augmentation des ventes.
Le dernier changement majeur dans l’histoire de l’industrie phonographique est l’arrivée
d’internet et du format mp3 entre les années 1990 et 2000. Ce changement de format, que
l’on appelle format numérique, est une avancée technologique de taille. En effet, elle permet
de télécharger la musique gratuitement, et de ce fait, illégalement, sans avoir à bouger de
chez soi. Mais le problème, c’est que les artistes ne sont pas rémunérés pour les fichiers qui
sont échangés entre les internautes, puisqu’on ne passe plus par des intermédiaires légaux.
Cela fait considérablement chuter la vente des CDs.
1.2. La crise des années 2000, certainement la plus grosse crise de l’industrie
musicale
Aucun domaine n’a été épargné avec le développement d’internet et surtout pas l’industrie
musicale. Comme on a pu le voir précédemment, depuis sa création, l’industrie de la musique
enregistrée a connu pas mal de crises. Elles sont toutes principalement dues à des innovations
techniques et technologiques. Mais la plus importante est celle survenue dans les années
2000, et qui d’ailleurs, est toujours d’actualité. Elle touche à la fois le support, avec la
dématérialisation de la musique, et la promotion, avec l’apparition de nouveaux outils.
1.2.1. Les causes de cette crise
On sait que chaque nouvelle innovation technique et/ou technologique a engendré une crise,
le temps que l’industrie s’adapte. Mais les causes de la plus grosse crise qu’ait jamais connu
l’industrie musicale peuvent être multiples.
8
Chiffres Fédération Internationale de l’Industrie Phonographie - IFPI
12. 11
C’est lors de l’arrivée d’internet à grande échelle dans les années 1990 que s’est posé un
problème : le téléchargement de la musique numérique. En effet, en 1999, avec la plateforme
Napster qui permet de télécharger, nait le peer-to-peer9
. Elle connaît un franc succès dès le
départ, avec des millions d’utilisateurs dans le monde. D’autres plateformes telles que KaaZaa,
eMule ou encore Limewire vont elles aussi, faire leur apparition. C’est à partir de ce moment-
là que les ventes de CDs seront en baisse. On va alors accuser ce « piratage » de la musique,
puisqu’elle est téléchargée gratuitement et illégalement, d’être responsable de cela. Les
industriels de la musique enregistrée vont mettre très longtemps à réagir, avant d’installer
des offres légales de téléchargement. La première chose qu’ils ont faite a été d’essayer de
faire condamner ces logiciels de peer-to-peer : tentatives qui aboutiront au fur et à mesure
que les années passent.
Le gouvernement français a lui aussi tenté de limiter, voire éradiquer, le téléchargement illégal
en votant, en 2009, la loi création et internet (également appelée loi Hadopi). Cette dernière
a créé la Haute autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet
(Hadopi), qui est un organisme indépendant français de régulation. Elle a été complétée, la
même année, par la loi Hadopi 2. Les deux lois sont codifiées dans le code de la propriété
intellectuelle, qui définit donc les missions de l’autorité. L’Hadopi en a trois :
- Promouvoir le développement de l’offre légale10
et observer l’utilisation licite et illicite
des œuvres sur internet ;
- Protéger les œuvres à l’égard des atteintes aux droits qui leur sont attachés dans le
cadre de la réponse (ou riposte) graduée (procédure qui vise dans un premier temps à
avertir l’internaute par e-mail puis dans un second temps par courrier recommandé,
pour le prévenir qu’il risque une sanction après avoir téléchargé illégalement des
œuvres) ;
- Réguler l’usage des mesures techniques de protection.
L’image ci-dessous décrit très bien les différentes étapes du fonctionnement de l’Hadopi. Et
on se rend vite compte de la lenteur d’exécution de la sanction. L’amende maximale encourue
par un particulier est de 1 500 euros, ce qui n’est pas forcément dissuasif pour les personnes
qui téléchargent beaucoup.
9
Littéralement « pair à pair ». Technologie qui permet l’échange direct de données entre ordinateurs
reliés à internet, sans passer par un serveur central - Larousse
10
http://offrelegale.fr
13. 12
En mars 2016, on constate que plus de 7 millions d’avertissements (premières et deuxièmes
recommandations) ont été envoyés depuis sa création. Cependant, « seulement » 872
dossiers ont été transmis, en tout et pour tout, au parquet (dont 85 pour mars 2016)11
.
L’Hadopi ne communique aucuns chiffres quant aux condamnations prononcées. Il est donc
difficile de dire si elle a rempli sa fonction ou non.
Mais de toute façon, tout risque de changer. En effet, le 29 avril 2016, les députés français ont
voté en faveur de la suppression de l’Hadopi, qui devrait prendre effet le 4 février 2022. Et
c’est certainement un mal pour un bien, quand on sait que l’Etat aura versé au total plus de
100 millions d’euros à l’Hadopi pour la faire fonctionner.
Dans tous les cas, il ne faut pas oublier qu’il y a du bon et du mauvais avec le téléchargement.
C’est positif lorsque les internautes l’utilisent pour se faire une idée d’une œuvre. Ils sont alors
plus susceptibles de l’acheter si cela correspond à leurs goûts musicaux. C’est ce que l’on
appelle l’effet sampling. Par contre, ce que l’on retient le plus, c’est l’effet négatif : les
internautes téléchargent, mais n’achètent pas par la suite. C’est l’effet de substitution. Ce
dernier est plus présent chez les jeunes, alors que l’effet sampling l’est plus chez les personnes
plus âgées12
. Ce peer-to-peer joue un rôle certain dans la crise du disque, mais il n’est pas la
seule et unique cause.
11
Source http://nextimpact.com
12
Eric Boorstin – Music Sales in the Age of File Sharing
15. 14
En France (figure ci-dessus) :
- On constate une chute du marché global de 5,3%. Les ventes de musique enregistrée
atteignent les 458,6 millions d’euros, ce qui équivaut à une baisse de 7% par rapport à
2013 ;
- Le marché physique de la musique enregistrée a chuté de 11,5%, dont -12% pour les
albums.
Ces chiffres ne sont pas vraiment une surprise. On sait que depuis quinze ans Internet a
redessiné la façon de consommer et d’écouter la musique. En effet, depuis 2002, le marché
de la musique a perdu près de 65% de sa valeur, passant ainsi de 1,3 milliard d’euros à 570
millions d’euros, dont un quart depuis 2008.
Dans le monde :
- On remarque une stabilité entre le marché digital, qui représente 6,85 milliards de
dollars, et le marché physique, qui atteint les 6,81 milliards de dollars ;
- Le chiffre d’affaire de la musique enregistrée (physique + digitale) baisse de 1,2%,
contre -5,3% en 2013. On constate donc que la baisse est moins importante ;
- Les ventes digitales dans le monde ont augmenté de 6,9% (figure ci-dessous) ;
- Les revenus mondiaux du streaming ont augmenté de 39%.
Le téléchargement légal (achat de titres sur iTunes par exemple) a quant à lui baissé de 14%
entre 2013 et 2014. La musique en format mp3 n’est donc visiblement plus l’avenir de la
musique. Il est remplacé petit à petit par le streaming. En effet, en France, le nombre de titres
écoutés est passé, en un an, de 8,6 à 12 milliards13
.
13
Tous les chiffres de le partie 1.2.2. sont issus du site snepmusique.com
16. 15
1.2.3. Le streaming en passe de devenir la solution
Lorsque l’on parle de streaming musical, deux sites reviennent : le suédois Spotify, et le
français Deezer. Tous deux créés au milieu des années 2000, le secteur se développe de plus
en plus (naissance d’Apple Music14
en 2015 par exemple pour concurrencer les deux
premiers). Mais est-ce que ce système légal d’écoute de la musique sur internet est finalement
la solution pour contrer cette profonde crise de l’industrie ?
Les plateformes de streaming sont gratuites, et financées par des publicités. Depuis la
dématérialisation de la musique, les gens ont perdu l’habitude de payer pour l’obtenir. Un
abonnement de 10 euros par mois permet alors de retirer ces pubs, et de pouvoir écouter sa
musique partout (ordinateur, tablette, smartphone), quand bon nous semble, même sans
connexion internet. On consomme alors la musique à volonté. Avec le streaming, on n’est plus
propriétaire des morceaux, mais locataire.
Même si le vinyle a fait son grand retour ces dernières années, il ne pourra plus jamais
remplacer les fichiers mp3 ou le streaming. Mais selon Nicolas Poço15
et David Godevais16
,
« les deux pratiques sont complémentaires ». Beaucoup de personnes écoutent leur musique
en ligne, mais elles continuent d’acheter le support physique. Le rapport à l’objet est toujours
présent chez certains.
« 1000 streams17
génèrent aujourd’hui pour l’artiste le même revenu que la vente d’un
album »18
. Si l’on se fie à cette affirmation, on peut dire que le streaming est une bonne chose
pour les artistes. Quand on sait qu’aujourd’hui, les consommateurs de musique écoutent plus
volontiers le même titre plusieurs fois qu’un album complet, il est intéressant de considérer
le streaming comme une bonne alternative à la vente de musique physique. De plus, la
consommation de streaming est de plus en plus importante. Les revenus du streaming dans
le monde ont augmenté de 39% en 2014.
En France, comme l’indique le graphique ci-dessous, on peut remarquer que les courbes du
téléchargement et du streaming ont fini par s’inverser. En effet, les revenus du streaming ont
augmenté de 34%, atteignant les 72,6 millions d’euros (on parle de 78,5 millions d’euros en
2015) alors que ceux du téléchargement ont baissé de 14% pour un chiffre de 53,8 millions
d’euros19
, et ce pour la première fois. Mais les ventes physiques représentent toujours 58%
14
A atteint les 13 millions d’inscrits en avril 2016 – source siecledigital.fr
15
Disquaire à Paris
16
Directeur du Club Action des Labels Indépendants Français
17
Un stream correspond à l’écoute d’un titre
18
Pascal Nègre, ex-PDG de Universal France
19
Chiffres SNEP
17. 16
des revenus de l’industrie musicale en 2015. Néanmoins, le streaming connaît la plus forte
progression, puisqu’il devient la deuxième source de revenus dans le secteur, avec 25% de son
chiffre d’affaires. En 2010, il ne représentait que 4%20
.
Au 24 mars 2016, le streaming représente dorénavant le premier générateur de revenus de
l’industrie musicale aux Etats-Unis. Selon la RIAA21
(Recording Industry Association of
America), il totalise 34,3% (7% en 2010 et 27% en 2014) des revenus. Le téléchargement en
ligne, lui, représente 34%, et les ventes physiques chutent à 28,8%. Les chiffres sont proches,
mais on constate que le streaming est tout de même en première position. La raison
principale ? Le nombre d’abonnements payants a augmenté de 52,3% en 2015, par rapport à
l’année précédente. De plus, Apple Music vient de lancer, en mai 2016, un abonnement à tarif
spécial. Les étudiants des Etats-Unis, d’Australie, de Nouvelle-Zélande, du Royaume-Uni,
d’Irlande, d’Allemagne ou du Danemark peuvent bénéficier d’un tarif réduit s’ils souhaitent
s’abonner au service de streaming. Ainsi, à la place des habituels 9,99€ par mois, ils pourront
payer 50% moins cher, à savoir 4,99€. D’autres pays, dont la France, devraient suivre très
prochainement. Apple Music est le premier service de streaming à proposer des tarifs réduits,
et ce, certainement dans le but d’obtenir de nouveaux utilisateurs, et d’inciter les jeunes à
« streamer » leur musique plutôt qu’à la télécharger. Ne reste plus qu’à voir les résultats
obtenus sur les prochains mois. Il est très probable que les leaders Deezer et Spotify se
mettent à proposer également des offres similaires pour concurrencer.
20
www.lemonde.fr
21
www.riaa.com
18. 17
On pourrait donc en conclure qu’effectivement le streaming peut être une solution.
Cependant, on se doit de nuancer ces propos. En effet, beaucoup d’artistes refusent de rendre
disponible leur catalogue musical, ou une partie, sur les plateformes de streaming. Mais
qu’est-ce qui les rend si frileux face à cette idée ? Beaucoup trouvent qu’ils ne gagnent pas
assez de revenus avec le streaming. On constate en effet qu’un artiste gagne seulement 100€
lorsqu’il est écouté 250 000 fois en streaming payant, et 1 million de fois en streaming
gratuit22
! Ce qui équivaut à 0,0001
euros par titre et par artiste23
. On est
finalement loin de l’image positive
qu’essaie de véhiculer l’ancien patron
de Universal France. C’est pourquoi
certains artistes comme Taylor Swift,
ne souhaitent pas que l’on puisse
écouter leur musique gratuitement.
D’autres encore, comme Neil Young,
évoquent une mauvaise qualité de son.
Du côté français, on va retrouver Jean-
Jacques Goldman et Francis Cabrel
pour les plus réticents. Ce dernier n’est
pas intéressé par ce nouveau modèle
de diffusion. Il « considère que [ses]
chansons [lui] appartiennent et qu’[il]
peut les mettre sur le support qu’[il]
choisit ».
De plus, les plateformes de streaming ne sont pas encore rentables. Deezer ne l’est pas du
tout, et Spotify a 93 millions d’euros de pertes, et ce malgré un chiffre d’affaires en hausse de
74%. Cela s’explique par des coûts d’acquisition des droits très élevés (environ 70% des
revenus générés par Spotify par exemple).
2. La promotion musicale : du traditionnel au numérique
Au départ, lorsqu’un individu se consacre à la musique, c’est souvent par passion. Au fur et à
mesure qu’il écrit et travaille ses propres compositions, il est alors tenté d’intégrer l’industrie
musicale.
22
adami.fr
23
Calcul avec la règle de trois : (100*1)/1 000 000 = 0,0001
19. 18
2.1. La structure traditionnelle de la production et promotion musicale
L’artiste doit principalement démarcher des maisons de disque dans l’espoir d’être repéré, de
signer un contrat et de sortir un album. Avant de partir pour cette phase, longue et laborieuse,
il doit tout de même enregistrer une maquette aboutie (au départ sous forme de CD) qu’il
pourra leur présenter. Les maisons de disques sont des sociétés éditrices de musique. Les
principales, telles qu’Universal Music ou Sony, sont également appelées des majors. Elles
reçoivent énormément de maquettes, et n’ont malheureusement pas la possibilité de
produire tous les artistes. La plupart du temps, des années de travail sont nécessaires pour
enfin réussir à les attirer et les séduire. Lorsque l’artiste y est enfin arrivé, l’industrie de la
musique et son monde professionnel s’ouvrent à lui. Bien que les majors apportent un soutien
financier et sont très efficaces au niveau de la promotion et de la distribution, il n’est
cependant pas garanti d’avoir une carrière longue et tranquille.
Les grandes maisons de disques détiennent chacune des labels24
, divisés en trois entités
distinctes (production, marketing et promotion). Dès le départ, les majors se soucient très peu
de signer des groupes et des artistes indépendants (que l’on peut qualifier d’« alternatifs »).
En effet, leurs projets artistiques sont bien souvent à l’opposé du succès commercial, et ça ne
leur plait pas. De ce fait, elles ont complétement laissé la découverte de nouveaux artistes aux
labels indépendants. Un label indépendant est une « structure de production de disques
indépendante des grosses compagnies, majors, de l’industrie du disque »25
. Les années 1950
définissent alors les rôles entre les majors et les indépendants : les premiers sont vus comme
des promoteurs, tandis que les seconds sont des découvreurs de nouveaux talents musicaux.
Ces derniers entrent alors dans un mouvement de résistance et d’opposition face aux grosses
maisons de disque. Depuis, ils n’ont cessé de se développer, soutenant chaque jour un peu
plus de nouveaux styles musicaux.
Aujourd’hui, il ne reste que trois majors : Universal Music Group, Sony Music Entertainment
et Warner Music Group. A eux trois, ils détiennent environ 70% du marché mondial de la
musique enregistrée26
. Cependant, l’arrivée de la musique sous forme de fichier numérique
permet à tout un chacun de s’autoproduire, sans pour autant passer par les maisons de
disque. D’ailleurs, « dans les années 70, il y avait 500 enregistrements par an, aujourd'hui,
c'est 50 000. Les artistes ont de plus en plus de solutions pour diffuser leurs œuvres, comme
YouTube ou Facebook »27
.
24
Société qui édite des disques
25
Définition Larousse
26
André Nicolas, http://rmd.cite-musique.fr/observatoire/document/MME_S12011.pdf
27
Stephan Bourdoiseau, directeur général Wagram Music
20. 19
2.2. L’apparition d’internet et des réseaux sociaux : un nouveau moyen de
communication
Internet, tel qu’on le connaît aujourd’hui, est apparu dans les années 1990. Son nombre
d’utilisateur a augmenté de façon exponentielle au fur et à mesure.
C’est principalement avec l’apparition de MySpace que tout a commencé. Fondé en 2003,
MySpace est connu pour héberger beaucoup de pages de groupes de musique et artistes qui
y présentent leurs compositions musicales. En octobre 2005, MySpace est le quatrième site
web le plus consulté au monde, devant Facebook. Mais voilà, les réseaux sociaux ont une
durée de vie limitée, et MySpace est vite arrivé à son terme, se faisant allégrement dépassé
par son concurrent, Facebook.
L’arrivée des réseaux sociaux ou des plateformes de streaming a démultiplié les échanges. Les
artistes sont maintenant aptes à communiquer plus facilement et au plus grand nombre sur
leurs projets. Internet offre aux artistes un nouveau terrain de jeu. Ils se sont emparés du
numérique et s’en servent de plus en plus professionnellement, pour informer leur public sur
tout ce qui les concerne.
L’image ci-dessus nous montre le nombre d’utilisateurs, en France, sur les réseaux sociaux
principaux. On se rend bien compte qu’ils sont fortement utilisés, avec une large avance de
Facebook et YouTube.
2.3. Les artistes s’occupent eux-mêmes de leur promotion
2.3.1. Le Do-It-Yourself
Il y a encore une dizaine d’années en arrière, pour qu’un artiste ait une chance de voir sa
musique commercialisée, il devait démarcher lui-même les maisons de disque et se faire
22. 21
d’expérience…et de fans. Ceci étant dit, il faut ajouter que leur présence sur les réseaux
sociaux est plutôt bonne. Début mars 2016, ils ont dépassé la barre des 10 000 fans sur
Facebook. Ils sont également présents sur Twitter et Instagram. Les trois comptes sont liés.
Les informations sont donc quasiment les mêmes partout, mais ça marche. Ils postent
principalement leurs actualités, les dates de concerts, et surtout, ils postent beaucoup de
photos qui montrent leurs instants de vie (on les voit par exemple sur le bord de la route,
lorsque leur camionnette les a lâchés alors qu’ils se rendaient à un de leur concert). Ils
prennent également le temps de répondre aux messages privés que les fans leur envoient, et
n’hésitent pas à « liker » les commentaires de chacun. Les fans ne peuvent que se sentir
proches du groupe, et c’est la meilleure chose qui soit.
Nous pouvons également prendre l’exemple du rappeur français Youssoupha. Il a sorti son
premier album avec une maison de disque au pire moment possible, en plein effondrement
des ventes de CDs. Ses deux premiers albums ne se sont pas bien vendus et plus aucune
maison de disque n’a voulu de lui. Il a alors décidé de devenir entrepreneur et de créer la
sienne. Selon lui, les artistes doivent se remettre en question s’ils souhaitent vivre de leur
musique. Depuis qu’il est à son compte, il vend environ cinq fois plus d’albums.
Face à la crise du disque, les artistes eux-mêmes se sont emparés d’internet afin d’en tirer le
meilleur profit. Ils peuvent plus facilement diffuser et promouvoir leur musique et peuvent
atteindre un plus large public, et en quelques sortes économiser de l'argent car ils n'ont pas
besoin de passer par des structures pour cela. Actuellement, les artistes ont développé
différentes manières d’utiliser Internet.
Certains parviennent à se faire connaitre en créant un buzz, comme Kamini en 2006. Son clip
Marly-Gomont, qui se moque de la vie à la campagne a eu un franc succès sur YouTube. Grâce
à ça, il s’est fait repérer et a pu sortir deux albums.
D’autres encore permettent aux internautes de télécharger gratuitement leur musique sur
leur site. Cela peut être un bon moyen pour eux d’attirer les gens vers leurs concerts et de
vendre des produits dérivés.
Youssoupha, dont on a parlé précédemment, a eu la bonne idée de développer sa propre
application mobile. Ses fans peuvent y retrouver ses derniers titres, échanger entre eux, et
même l’utiliser pendant les concerts de l’artiste. Il y propose souvent des concours, qui
peuvent permettre aux fans de le rencontrer.
Les artistes, en plus de s’occuper eux-mêmes de leur promotion, tentent également de gérer
sans aucune aide, le financement de leur album. Pour cela, plusieurs sites ont vu le jour avec
un nouveau moyen de récolter de l’argent en ligne : le crowdfunding.
23. 22
2.3.2. Le crowdfunding
Le crowdfunding, ou financement participatif, est le terme désignant une collecte de dons
faite auprès d’une multitude de personnes dans le but de financer un projet. Il peut s’agir de
dons avec ou sans contrepartie. On retrouve deux types de personnes dans ces campagnes de
financement : le porteur de projet et l’épargnant. Le premier crée une campagne pour éviter
de faire un crédit bancaire alors qu’il n’a pas les fonds nécessaires pour démarrer son projet.
Le second investit de l’argent dans un projet qui lui tient à cœur (qu’il l’ait découvert
récemment ou non). Les deux se rencontrent sur un site internet dédié. Chaque porteur
présente son projet, et l’épargnant choisi celui qu’il souhaite financer, à hauteur de ce qu’il
souhaite investir.
Ces derniers temps, beaucoup de jeunes artistes passent par ce système pour tenter de
financer la création de leur album. Parmi les artistes français ayant choisi ce système, on
retrouve par exemple Grégoire. En décembre 2007, il s’inscrit sur le site de crowdfunding My
Major Company29
. Deux mois plus tard, il a réussi à récolter les 70 000 euros dont il avait
besoin pour financer la production de son premier album. Il est arrivé exactement la même
chose à la chanteuse Joyce Jonathan.
En France, il existe plusieurs sites de financement participatif : Kiss Kiss Bank Bank, Akamusic,
ou encore Ulule. Chaque site prend une commission sur le montant des sommes récoltées,
pouvant aller de 5 à 12%. Il faut savoir qu’en 2014, en France, 152 millions d’euros ont été
collectés via le crowdfunding, tous types de plateformes confondus. C’est deux fois plus qu’en
2013 ! La même année, les projets musicaux ont représenté 3,9 millions d’euros sur Ulule, et
4,8 millions sur Kiss Kiss Bank Bank30
.
Mais attention, même si internet peut permettre de percer dans le milieu musical, il n’offre
pas forcément de garantie en termes de revenus.
Pour réussir sa campagne de crowdfunding, il faut être conscient que cela suppose beaucoup
d’efforts et de travail.
Après avoir construit une communauté autour de son projet, il est très important de bien
choisir sa plateforme de crowdfunding. En effet celles-ci ne proposent pas toutes les mêmes
services : le niveau de communication n’est pas forcément identique, la gestion de fin de
projet non plus (chez certaines, par exemple, si la somme n’est pas récoltée, l’opération est
annulée sans frais, ce qui n’est pas négligeable). De plus, elle doit être bien connue du grand
public parce que les donateurs doivent pouvoir se connecter sans but précis au départ et se
sentir en confiance s’ils décident de participer à un projet.
29
A arrêté ses activités de financement participatif en mars 2016
30
Source https://muzrsleblog.com/
24. 23
Son objectif doit être réaliste si on veut pouvoir l’atteindre. En établissant un budget et en
analysant, par la suite, le nombre de soutiens que l’on pense pouvoir obtenir, on peut y
parvenir. A savoir que l’on peut ne financer qu’une partie du projet et qu’il vaut mieux lancer
une petite campagne et en dépasser l’objectif, que l’inverse.
Les plateformes vérifiant la qualité du projet, il va sans dire qu’il doit être présenté de la façon
la plus précise et la plus parfaite possible. Pour cela rien de tel que de répondre aux questions
quoi, qui, ou, quand, comment, pourquoi. Ces questions répondent à la règle des 6W31
, que
l’on retrouve en journalisme. Elles aident, dans cet ordre précis, à écrire sur un sujet et à
développer. Comme il ne faut pas oublier qu’il faut donner envie aux gens de faire un don, on
peut éventuellement ajouter des photos. Il ne faut pas, non plus, hésiter à proposer des
contreparties intéressantes pour l’épargnant. Elles peuvent l’inciter à faire un don plus
important que ce qu’il avait prévu. Cela peut être un exemplaire d’un EP dédicacé, une photo
dédicacée, un tee-shirt à l’effigie du groupe ou de l’artiste, etc.
Pour réussir le lancement de son projet, il faut communiquer intelligemment sur les réseaux
sociaux et le suivre. Il faut choisir le moment le plus propice pour mettre en route sa
campagne. L’horaire de diffusion est primordial et la communication doit être massive et
percutante : mots-clés, phrases d’accroche, images, etc. Le but est évidemment de dépasser
la communauté construite en amont et de lui montrer que le projet est important. Il faut, bien
entendu, éviter toute communication négative, au risque de décourager les futurs
épargnants.
Gérer la fin de campagne est tout aussi important que le lancement. Pour atteindre son
objectif de campagne, si celui-ci ne l’est pas, il faut relancer massivement et mettre la main à
la poche si nécessaire, pour éviter de perdre tous les dons reçus. Par contre si on a réussi, on
se doit, bien entendu, de remercier vivement les contributeurs et de les tenir informés de
l’avancée ‘’physique’ du projet sans oublier d’envoyer les contreparties.
Comme on a pu le constater, l’industrie de la musique s’est redessinée au fil des ans,
changeant à chaque apparition d’un nouveau format musical. Mais c’est l’arrivée d’internet
qui a chamboulé le plus ce monde, créant une crise sans précédent. Cela dit, les artistes ont
su mettre à profit ce nouveau moyen de communication, s’en servant alors pour promouvoir
leurs œuvres auprès d’un nouveau public. Dans la partie suivante, nous allons voir en
profondeur pourquoi il est intéressant d’être présent sur le web, quels sont les outils les plus
utiles pour les musiciens, et pourquoi ils le sont.
31
What, who, where, when, how, why
26. 25
Les réseaux sociaux et internet en général permettent tout d’abord de se créer un public. En
effet les artistes prennent de plus en plus conscience de ce qui est aujourd’hui le plus
important : les fans. Ils sont vraiment un atout essentiel. Et quel meilleur endroit qu’internet
et les réseaux sociaux pour les retrouver ? En effet, le numérique permet un élargissement du
public. En 2015, les réseaux sociaux, devenus incontournables, ont dépassé la barre des deux
milliards d’utilisateurs actifs dans le monde. Tous ces utilisateurs doivent être considérés
comme des fans potentiels. Être présent sur internet et, plus particulièrement, sur les réseaux
sociaux, est vraiment devenu stratégique. Mais pourquoi ?
Une présence web offre des avantages. Pour commencer, il ne faut pas oublier que les réseaux
sociaux sont absolument partout. On y est connecté 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, et ce
d’autant plus depuis l’arrivée des smartphones, premier moyen de communication, et des
tablettes. Ils offrent une vitrine virtuelle du travail du groupe. De ce fait, ils peuvent être utiles
pour créer du trafic sur son site internet (si l’on s’y prend bien, et quel que soit le réseau, il y
a possibilité de laisser un lien qui renvoie à son site). Ensuite, ils offrent un très bon moyen de
développer une relation de proximité avec ses fans : on instaure une certaine relation de
confiance puisqu’on se montre plus humains avec eux. La distance entre eux et l’artiste est
alors réduite. Ou semble l’être. Car en effet, tous les comptes Facebook, Twitter, ou autres,
ne sont pas forcément tenus par les groupes eux-mêmes. Les groupes et artistes qui
s’occupent eux-mêmes de gérer leurs réseaux sociaux, sans même passer par l’aide d’un
community manager34
, sont surtout ceux qui sont le moins connus.. On peut de nouveau
prendre l’exemple de Last Train, qui gère toutes ses pages sans avoir de professionnel à ses
côtés. Il existe cependant des artistes plus connus qui préfèrent gérer ça eux même. On peut
citer Louis Bertignac, ex-guitariste du groupe de rock Téléphone. Bien qu’il soit célèbre en
France et compte plus de 350 000 fans sur sa page Facebook, il prend un malin plaisir à
s’occuper de sa page tout seul. Et pour cela, il passe énormément de temps sur son compte.
Mais bien évidemment, certains délèguent le travail à des professionnels de la
communication, et dans ce cas, les comptes ne sont pas gérés de la même façon. Il y a moins
de réponses aux commentaires, aux messages privés, les posts sont moins personnels, etc. Ce
qui ne dérange pas les fans pour autant. Si on prend l’exemple de la page fan de Noel
Gallagher, ex-membre du groupe anglais Oasis, on se rend compte, sans aucun doute possible,
qu’elle est tenue par des community managers, et non par l’artiste lui-même. Souvent même,
lorsqu’il se produit en France, c’est son label, [PIAS] en l’occurrence, qui prend la main sur la
page. Il poste alors en français dans le but de toucher toute cette communauté. Mais c’est
beaucoup plus impersonnel que si c’était Noel Gallagher, lui-même qui le faisait. Il y a une
nette différence avec une page écrite par un artiste, comme on peut le voir avec l’exemple ci-
34
Métier qui consiste à animer une communauté sur un réseau social
31. 30
recruter des fans, d’échanger de façon privilégiée avec eux, de faire des tournées… Il faut donc
réfléchir à ce que l’on veut faire et comment. Il faut aussi revoir ses objectifs assez souvent en
fonction de sa propre évolution. Il ne faut pas oublier que le marketing musical est centré sur
la relation entre l’artiste et le fan.
On continue en définissant sa cible. C’est une partie essentielle de l’élaboration de sa
stratégie. Bien identifier sa cible permet de ne s’adresser qu’aux personnes potentiellement
intéressées par sa musique. On peut la définir grâce à différents critères : âge, sexe, lieu
d’habitation, profession, etc.
Ensuite, il est important de trouver les influenceurs de sa cible. Il peut s’agir de blogueurs,
comme on l’a vu précédemment, de professionnels de la musique, ou autres. Il est nécessaire
de faire de la veille pour trouver les bonnes personnes. A partir de là, on va pourvoir créer sa
base fan, c’est-à-dire qu’il va falloir acquérir de nouveaux fans.
Puis il faut choisir les réseaux sociaux sur lesquels on va être présent, et déployer son action.
C’est grâce aux étapes précédentes que l’on va pouvoir se décider. Par exemple, sa cible peut
aider à choisir sur quel réseau social le groupe va développer sa présence. Il faut essayer au
mieux d’être là où elle est le plus. Mais il faut tout de même faire attention. Le but n’est pas
d’être partout et n’importe comment. Il vaut mieux être sur peu de réseaux sociaux à la fois
mais bien gérer leur utilisation, que l’inverse.
1.2.3. Créer des contenus en adéquation avec son public
Il est difficile de faire de l’auto-promotion sans ennuyer ses fans. Il est vital de créer du
contenu qui les intéresse (ce que l’on appelle le Connect With Fans) et d’organiser des
opérations. La meilleure chose à faire est de respecter un équilibre en terme de publications.
Le rapport le plus conseillé est le 70/20/10 : 70% des publications doivent être en rapport avec
l’histoire du groupe et sa personnalité. Il s’agit alors de construire son identité. Les fans
doivent pouvoir sentir qui est la personne derrière chaque artiste. Il faut réussir à montrer qui
on est vraiment. Pour cela, il suffit, par exemple, de poster des photos du groupe pendant les
répétitions, de remercier les fans qui soutiennent le groupe, de montrer des instants de vie,
etc. En résumé, il faut rendre le groupe accessible aux yeux des fans. 20% doivent
correspondre à des partages d’autres artistes, mais il faut faire très attention à garder un
contenu pertinent. Il ne faut pas en faire trop et ne partager que des groupes avec qui on a
une actualité commune, comme par exemple, un concert. Il sera alors facile de profiter de
leur audience. Enfin, les 10% restant doivent être des posts d’auto-promotion.
Mais comment écrire sur les réseaux sociaux ? Il faut savoir qu’on lit 25% moins vite sur écran
que sur support papier, et que seulement 16% des lecteurs lisent complètement les contenus
32. 31
proposés44
. C’est pourquoi il est très important d’utiliser des mots-clés qui vont attirer
l’attention des lecteurs. Il faut également privilégier les phrases brèves, en se rappelant
qu’une phrase correspond à une idée.
1.2.4. Animer et engager45
son audience
Il faut établir un planning des interventions. Elles doivent se faire de façon régulière et surtout
à une fréquence suffisamment élevée pour que la cible reste intéressée. A l’intérieur du
groupe, ou à l’extérieur si un community manager est choisi, les rôles doivent être clairement
répartis en ce qui concerne l’animation de chaque réseau social. Qui va s’occuper de quoi ?
Après avoir obtenus des fans, le but est bien entendu de les fidéliser et de les rendre les plus
actifs possible. Ça doit être donnant-donnant. Il faut comprendre par-là que les fans
s’engageront si l’artiste s’engage avec eux. Quand on le peut, il ne faut pas hésiter à leur
répondre quand ceux-ci lui envoient un message privé, ou qu’ils laissent un commentaire. Il
n’est bien évidemment pas facile de répondre à tout le monde lorsque l’on reçoit des dizaines,
44
Chiffres Ministère de la Culture
45
On dit d’un fan qu’il est engagé lorsqu’il aime, commente ou partage le contenu que l’on propose.
33. 32
voire des centaines de messages. Louis Bertignac sait trouver les bons mots pour ses fans dans
des moments pareils. En général, il poste lui-même un petit message sur son mur, en
s’excusant de ne pouvoir répondre à tout le monde, tout en promettant de lire absolument
tous les mails. Un petit mot, un remerciement leur fera plaisir et les aidera à se fidéliser.
L’artiste peut également offrir de petites attentions à ses fans, leur donner l’impression d’être
privilégiés. Cela peut aller d’informations exclusives aux cadeaux. Mais un nombre de fans
trop important limite très vite les interactions que l’artiste peut avoir avec eux.
Pour engager les fans, il faut savoir quel type de publication fonctionne le mieux. Il s’agit
principalement des photos, des questions et des posts courts.
Les photos ont un taux d’interaction supérieur de 39% par rapport aux posts moyens. Les
questions, elles, ont 100% plus d’interaction quand elles sont posées à la fin du post. Les posts
de moins de 80 caractères, quant à eux, ont un taux d’interaction supérieur de 23% par
rapport aux autres posts46
.
Il faut avoir une communication interactive qui permet d’échanger avec ses fans. En effet,
c’est une partie très importante dans sa stratégie digitale. Pour cela on peut choisir entre du
contenu à valeur ajoutée (articles, dossiers…), du contenu visant à distraire (jeux, concours,
vidéos humoristiques…), du contenu promotionnel (bons de réduction pour le
merchandising…). Il devient alors important de préparer des opérations qui vont inciter la cible
à s’engager. Pour cela, il faut bien gérer son temps. Il ne faut pas oublier également d’être soi-
même, de rendre les choses personnelles, d’informer, d’avoir sa propre opinion, de poser des
questions, de poster régulièrement. Par contre, plusieurs choses sont à bannir de son
comportement sur le web : il ne faut pas envoyer du contenu tout le temps, il ne faut pas
annoncer des choses qui ne se feront jamais, ne pas être trop prévisible, ne pas insulter
d’autres artistes, etc. Il faut se rappeler que plus l’engagement est important, plus il est
probable d’augmenter sa base fan. Les réseaux sociaux et internet sont tout un art. Il faut
vraiment faire attention à ce que l’on poste, sous risque de perdre et en crédibilité, et en
nombre de fans. L’exemple le plus récent est sans aucun doute ce qui s’est passé avec Jesse
Hughes, affirmant lors d’une interview télévisée que les vigiles du Bataclan étaient complices
des terroristes47
. Ces accusations, que l’on retrouve en vidéo un peu partout, ont fait le tour
de la planète en seulement quelques heures et n’ont été appréciées ni par ses fans, ni par la
communauté musicienne. Il a tout de même tenté de rattraper le coup en s’excusant
publiquement à l’aide d’un communiqué publié sur Facebook et Twitter.
Les concours sont un très bon moyen d’augmenter l’engagement des fans. Mais avant de se
lancer dans l’organisation d’un concours, encore faut-il être sûr d’en avoir réellement besoin.
46
Source Les Fiches outils des réseaux sociaux, éditions Eyrolles, 357p
47
Attentats du 13 novembre 2015, tuant 130 personnes, dont 90 au Bataclan, salle de concert parisienne
où les Eagles of Death Metal, groupe de Jesse Hughes, donnaient un concert.
36. 35
1.3. Les différents outils mis à disposition des artistes
L’avantage d’internet, c’est qu’il existe maintenant une multitude d’outils de communication,
mis à la disposition de tous et qui, pour la plupart, sont gratuits. N’importe qui peut
maintenant faire sa propre communication, sans pour autant être un expert en la matière.
Mais quels sont les outils les plus intéressants qu’un artiste peut utiliser, comment s’en servir,
et surtout pourquoi ?
1.3.1. Le site internet
Bien évidemment, c’est l’outil indispensable, aujourd’hui, puisque tout le monde en parle. Dès
que l’on veut savoir quelque chose sur un groupe ou un artiste, connu ou fraichement
découvert, c’est automatique : on va sur internet ! Il est véritablement considéré comme une
« vitrine virtuelle » dont on ne peut se passer.
Contrairement aux réseaux sociaux qui ont une durée de vie limitée, un site web sera toujours
présent. Cela fait de lui une base de développement pour l’artiste qui l’utilise, et ce, d’autant
plus qu’il peut lui permettre de s’adresser non seulement aux fans mais aussi aux
professionnels, en mettant en avant, ses contacts, sa musique, etc. Il faut penser également
que l’on contrôle totalement son site : on peut donc le créer, comme bon nous semble, sans
avoir à craindre une éventuelle censure ou suppression de sa page. Grace à ce site, le public
pourra toujours retrouver celui qu’il cherche. Il est donc très important.
Avoir un site internet a aussi d’autres avantages. Parmi ceux-ci, et cela peut sembler anodin,
on peut le personnaliser : il offre donc la possibilité de se différencier des autres en créant
une sorte de carte de visite telle qu’on la souhaite. On peut y retrouver tout ce qui peut être
essentiel pour se « vendre » : biographie, discographie, contacts, liens, agenda, blog, etc.
Lorsque l’on souhaite développer et diffuser sa propre image, c’est un véritable atout. Et
surtout, et c’est le plus important et le plus appréciable, il nous permet de vendre sa musique
et dérivés alors que ce n’est pas toujours possible sur tous les réseaux sociaux actuels.
Il ne faut pas, non plus, oublier l’intérêt des adresses e-mails que le site permet de recueillir
pour encourager la communication directe avec son public. Capter des fans est peut-être, en
effet, le but premier.
1.3.2. Les réseaux sociaux
Les réseaux sociaux sont des outils qui vont permettre aux artistes de faire connaître leur
musique. Il faut continuellement être à la recherche d’un équilibre entre l’artiste et le fan,
tout en utilisant des stratégies adaptées. Comme on a pu le voir, l’artiste doit se focaliser sur
37. 36
le fan, qui est devenu, avec internet et ces réseaux, un véritable prescripteur. En un seul clic,
il peut être au courant des moindres faits et gestes de son artiste préféré. Et par le même
geste, il peut également interrompre cette relation. C’est pourquoi il est primordial de
construire et de faire perdurer une relation de confiance et d’échange avec lui. Il faut se rendre
compte que plus le fan se sentira proche de l’artiste, plus il sera enclin à créer du contenu.
Ainsi, l’artiste ou le groupe de musique pourra plus facilement augmenter sa visibilité. Mais
pour cela, il faut aussi choisir sur quel réseau social on va être présent. Quels sont-ils ? Quelles
sont leurs spécificités à chacun ? Quelles sont leurs forces et leurs faiblesses ? Il en existe un
nombre incalculable, mais certains, et ce sont les plus connus, sont quasiment inévitables pour
un artiste émergent.
Facebook
C’est inévitablement le réseau où il faut être puisque c’est probablement le plus puissant, si
l’on considère le nombre de connections par jour. Il faut créer sa fanpage pour pouvoir
obtenir de nouveaux fans qui devront être le plus actifs possible. En effet, on considère qu’une
communauté de fans sera essentielle pour relayer une production musicale et une
communication. Ce réseau qui permet d’informer son public en publiant du contenu tel que
les futures dates de concerts, les nouveaux projets, les actualités générales de l’artiste ou du
groupe, etc., est donc l’outil le plus utile pour un groupe émergent. Il ne faut pas oublier que
le public aime se sentir concerné et que s’il se sent proche, il partagera en diffusant, à son
tour, le contenu de l’artiste. Et là, il n’y a pas de meilleur moyen pour être visible. On peut
également partager du contenu d’autres artistes, sur ses pages, pour qu’ils puissent à leur
tour en faire de même.
Le choix de Facebook est d’autant plus judicieux, qu’il fournit des données intéressantes sur
sa page. On peut y retrouver, en détail, le nombre de fans sur une période donnée (il est
surtout intéressant de regarder les dates de mouvement des fans) et la composition
démographique de son audience (âge, sexe, pays, ville de résidence, langue parlée). Cette
analyse permet de savoir où on en est, et comment communiquer avec ses fans pour les
engager et les fidéliser au mieux, afin d’avoir la meilleure présence possible.
Facebook est important aussi, parce qu’il propose tout un tas d’applications différentes, que
l’on peut ajouter à sa fanpage, et qui offrent un potentiel de développement considérable.
Certaines d’entre elles, comme ReverbNation ou Bandpage sont utiles pour la diffusion et la
distribution de la musique ; d’autres, comme YouTube, Vod50
ou ZuPort51
, sont utiles pour la
diffusion de vidéos ou de photos. Par contre, l’artiste doit savoir que seulement quatre
50
Pour diffuser ses vidéos
51
Pour diffuser ses photos Flickr
38. 37
applications (en plus des photos) sont visibles directement sur la partie supérieure de la
fanpage. Cet endroit regroupe le contenu le plus important, il faut donc bien choisir quelles
applications vont être mises en valeur ou non.
Matrice SWOT de Facebook :
Forces
- Réseau où il y a le plus d’utilisateurs
actifs
- Bonne présence sur les terminaux
mobiles
- Gratuit
- Facile d’utilisation
Faiblesses
- Ça prend du temps de s’occuper de sa
page, on doit poster très régulièrement
- Trop de publications, peut être difficile
d’être visible
Opportunités
- De nouveaux outils sont proposés
(vidéos live par exemple)
Menaces
- Forte concurrence, il y a beaucoup
d’autres réseaux à côté
- Concurrence de Twitter et YouTube
avec la vidéo live
Malgré les avantages qu’offre Facebook, le réseau social a ses limites. Et celles-ci peuvent se
révéler négatives pour l’artiste.
On peut en effet, prendre l’exemple du groupe de métal français Sidilarsen. Il a sorti son
nouvel album, Dancefloor Bastards, le 29
avril 2016. Tant qu’il ne voulait pas
sponsoriser les publications contenant le
titre de l’album, Facebook l’a laissé poster
normalement. Cependant, il a tout de
même constaté que l’impact était
bizarrement très faible par rapport à
d’habitude, sans savoir pourquoi. Le jour
où le groupe a voulu diffuser le premier
titre de l’album, il a souhaité sponsoriser le
post et c’est là qu’il y a eu problème.
Facebook, interdisant toute injure et tout
propos violent, est intervenu pour refuser
la sponsorisation. Le groupe a alors fait une
39. 38
réclamation auprès de Facebook, en expliquant que Sidilarsen avait toujours prôné le respect
et qu’il s’agissait uniquement d’un titre d’album avec peut-être un peu de provocation, mais
surtout avec beaucoup d’humour. Finalement, la sponsorisation a été accordée, mais le
groupe a tout de même constaté que l’impact des posts était ultra bridé. Comme il connaît
parfaitement son taux d’engagement, il a très clairement vu que ça ne fonctionnait pas
normalement. Avec le temps et à force d’expérimenter des publications, il a pu déterminer
que lorsqu’il écrit « Dancefloor Bastards », dans son post ou dans le texte du lien (par exemple
dans la description de la vidéo YouTube), il est très très ralenti au niveau du rayonnement, et
les statistiques le confirment. La seule chose qui passe correctement, c’est le « Dancefloor
Bastards » écrit sur la pochette de l’album, car il est écrit à la main et qu’un des « A » est à
l’envers. Les robots ne détectent donc pas la pseudo « injure ».
Twitter
Même si Twitter est plus petit que Facebook, c’est le réseau préféré et indispensable des
artistes et des professionnels des médias, parce que c’est le réseau par excellence pour
communiquer autour d’un événement, au moment où il se déroule, et relayer des
informations pertinentes en quasi temps réel. Et c’est la viralité de l’information qui en fait sa
force. Comme les internautes parlent beaucoup sur ce site, c’est donc un bon moyen pour un
groupe ou un artiste de savoir ce qui se dit sur lui et de mesurer l’audience. Il est ainsi plus
facile de s’adapter à ses fans et de modifier certaines choses si besoin. Twitter permet aussi
de leur répondre facilement et rapidement : cela permet donc de créer une relation de
proximité avec eux.
On peut prendre l’exemple de Katy Perry, qui est aujourd’hui la personne la plus suivie sur
Twitter, avec plus de 84 millions d’abonnés. Son compte Twitter lui permet de communiquer
sans cesse avec ses fans. Elle partage avec eux des moments de sa vie quotidienne, tout en
leur annonçant ses actualités musicales.
Mais même si c’est un puissant et innovant outil d’information, il est dans une mauvaise passe
financière parce qu’il peine à générer des profits. De même, son poids en termes d’utilisateurs
est à nuancer car il fait moins bien que ses concurrents. Est-il envisageable de le voir
disparaitre ? Malgré une équipe dirigeante fragilisée par le départ de cinq personnes de
l’exécutif, Twitter a entrepris des changements pour être mieux positionné face à ses
concurrents. Depuis janvier dernier, Twitter a débuté l’intégration de l’application Periscope
(diffusion d’une vidéo en direct). D’après Kayvon Beykpour52
, « la France est un des pays au
monde où on utilise le plus Periscope, et ce n’était pas le cas il y a quatre semaines »53
.
52
Co-fondateur de Periscope (avec Joe Bernstein, Aaron Wasserman et Tyler Hansen)
53
Source Les Inrocks – 18 mars 2016
41. 40
On se rend compte que depuis 2007, les heures de vidéos importées n’ont cessé d’augmenter,
avec la plus grosse progression depuis le milieu de l’année 2013. En effet, en à peine trois ans,
elles ont été multipliées par quatre, et sont passées à plus de 400 heures de vidéos
téléchargées sur le site par minute55
.
On a vite compris le potentiel que représente ce réseau et il est donc impensable de ne pas y
être présent. C’est, en effet, l’endroit idéal pour faire d’innombrables vues sans pour autant
avoir besoin de gros moyens de production. Prenons l’exemple du jeune guitariste français
MattRach. Il s’est fait connaître grâce à ses vidéos de reprises qu’il a lui-même postées sur
YouTube. Elles sont très basiques, certainement filmées avec un simple appareil photo, le
montrant en train de jouer de la guitare debout dans sa chambre. On est loin des clips vidéos
des grands artistes. Et pourtant, les vues se sont très vites accumulées. Au 23 mars 2016, sa
vidéo la plus regardée56
comptabilise plus de 20 millions de vues.
Cependant, il faut bien faire attention à créer des vidéos dans un but précis, qui s’inscrivent
dans une stratégie globale.
YouTube est important aussi parce que la vidéo est une façon plus attractive de promouvoir
sa musique. A savoir que la vidéo est un outil de communication puissant, qui permet de
délivrer rapidement un message à ses fans et qui est très partagé sur les réseaux sociaux et
internet en général. De plus, toutes ses fonctionnalités sont gratuites. N’importe qui peut
donc se lancer sur ce réseau. La création, début 2013, de YouTube One Channel, qui permet
55
Source webrankinfo.com
56
MattRach – The New Canon Rock https://www.youtube.com/watch?v=owAj5LiXG5w
42. 41
d’adapter sa présentation au bon support (tablette, smartphone, etc.) est un avantage
supplémentaire pour se décider pour YouTube.
De même, le site, qui favorise de plus en plus l’interaction sociale entre les membres en
permettant de commenter, d’aimer, ou encore de partager la vidéo vers d’autre réseaux tels
que Facebook ou Twitter, peut être un bon moyen de développer sa viralité sur internet.
Il est vrai qu’il existe également un deuxième site de streaming vidéo, Dailymotion.
Cependant, celui-ci est beaucoup moins utilisé que YouTube et n’est, de ce fait, pas forcément
utile pour développer sa visibilité sur internet.
Matrice SWOT de YouTube :
Forces
- Les vidéos sont très partagées
- Facile d’utilisation et gratuit
- Offre un bon référencement sur Google
Faiblesses
- On peut télécharger (illégalement) les
vidéos et leur contenu
Opportunités
- Développement de la vidéo live
- Plus célèbre que son concurrent
français Dailymotion
Menaces
- Concurrence de Facebook et Twitter
avec la vidéo live
Instagram
Il a largement dépassé Twitter car l’image efface la barrière de la langue : Il peut donc être
intéressant pour un groupe ou un artiste d’y être présent. Ce partage d’images permet aux
fans d’être immergés dans le quotidien du groupe, et donc par la même occasion de se sentir
proche de lui. Il permet également d’avoir une présence sur ce réseau pour augmenter le trafic
et la visibilité du groupe (avec 2 millions d’utilisateurs actifs en France, si on s’y prend bien,
c’est facile). De plus, on peut, si besoin, publier ses photos sur Facebook et Twitter : on pourra
ainsi toucher encore un plus grand nombre de personnes.
Aujourd’hui, on peut parler de marketing par l’image. Mais qu’est-ce que c’est exactement ?
C’est tout simplement un terme général que l’on utilise pour désigner les réseaux sociaux
spécialisés dans le partage d’images. Ils sont devenus, en l’espace de quelques années,
indispensables si l’on souhaite mener à bien une stratégie de communication complète sur les
réseaux sociaux. Le petit moins : ils nécessitent beaucoup de temps.