Thèse réalisée dans le cadre de mon MBA spécialisé Marketing et Commerce sur Internet - Promo 2016-2017 Institut Léonard de Vinci.
L’objectif de cette thèse est de comprendre comment le streaming a-t-il impacté l’industrie musicale.
Dans un premier temps j'ai cherché à comprendre comment fonctionnait l'industrie musicale, quelle était son histoire, ses acteurs, son économie de marché. Je me suis concentrée sur les plateformes de streaming et leurs modèles économiques disruptifs pour ce secteur. J'ai regardé aussi quel était le profil des consommateurs d'aujourd'hui, les nouveaux usages et leurs attentes liés au streaming musical.
Dans un deuxième temps, j'ai analysé l'incidence de l’essor du streaming sur la nouvelle génération d’artistes auto-entrepreneurs, portés par le règne et la puissance des playlists à travers le monde.
Dans un troisième et quatrième temps, j'ai regardé quels étaient les enjeux de cette industrie musicale en pleine transformation numérique. Ils sont nombreux donc je me suis concentrée sur la problématique des droits d’auteurs et du transfert de valeur.
Etre musicien et gérer son image en ligne - HEMU 2011
Thèse " Comment le streaming a-t-il impacté l'industrie musicale ? " - Emilie Amsellem
1. Responsable E-business/Responsable E-marketing
Code NSF 312 - 326, certification professionnelle de niveau I (Fr) et de niveau 7
(Eu) enregistrée au RNCP par arrêté du 7/07/2017 publié au JO le 19/07/2017.
Promotion 2016 - 2017
Thèse professionnelle de :
AMSELLEM Emilie
INSTITUT LEONARD DE VINCI
12 Avenue Léonard de Vinci
92400 Courbevoie
COMMENT LE STREAMING
A-T-IL IMPACTÉ L’INDUSTRIE MUSICALE ?
Date de remise : 16/01/2018
2. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 1/157
3. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 2/157
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier chaleureusement mes proches pour leurs encouragements,
mon mari pour son soutien inconditionnel, mon fils qui fut un formidable mini coach
avec ses conseils si avisés.
Mais aussi Alexandre Stopnicki, Christophe Dané et l’équipe pédagogique, pour la
qualité des enseignements reçus, leur enthousiasme et leur #bienveillance.
Une spéciale dédicace à la Team des Geekettes : pour tous ces moments de
partage, d’exaltation, de doutes, de rigolades, de ces si nombreuses heures
studieuses, pour les 3550 messages et GIF collectors échangés sur WhatsApp !
PREAMBULE
Je suis très heureuse d'avoir suivi de l'enseignement du MBA MCI. Ce fut une année
incroyablement riche et intense. J'ai pris conscience des profonds changements qui
s'opéraient dans notre monde tant au niveau du marketing, du digital, de la
transformation numérique et des innovations technologiques. Je m'en doutais déjà
mais je ne m'étais pas rendue compte, prise dans mes encours professionnelles, à
quel point le monde avait changé, que tant de nouveautés s'offraient à nous et que le
meilleur est sans doute encore à découvrir. #memepaspeur #MBAMCI !
4. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 3/157
SUJET DE MA THESE
Cette thèse professionnelle est rédigée dans le cadre de mon MBA spécialisé en
Marketing et Commerce sur Internet afin de compléter et valider mon cursus.
Pourquoi avoir choisi de travailler sur le streaming musical ?
Il fallait choisir un sujet en rapport avec le digital, j'ai alors pensé à la musique :
- tout d'abord parce qu'elle est omniprésente dans ma vie, j'en écoute tous les jours,
quelle que soit mon humeur, mes états d'âme, mes envies, quel que soit le moment
de la journée, quel que soit le lieu où je suis
- la musique parce que des amis travaillent dans ce secteur et que j'étais curieuse de
mieux comprendre leur environnement professionnel
- la musique parce qu'elle est ancestrale, multi générationnelle, parce que tout le
monde en écoute, parce qu’elle est vecteur de partage et d’émotion dans ce monde
connecté où tout va de plus en plus vite.
Avec du recul, je me rends compte que ce choix était en fait une façon pour moi,
inconsciemment, de mieux appréhender la transformation digitale avec un sujet que
j'aime et qui me paraissait à priori simple à aborder.
Au cours de mes recherches j'ai pu découvrir d'innombrables choses, je suis partie
de zéro dans un secteur que je ne connaissais pas. J'ai pigé énormément d'articles,
de vidéos, téléchargé je ne sais plus de combien de rapports et communiqués en
tout genre pour m'immerger au cœur de l’industrie musicale.
J’ai voulu que cette thèse soit compréhensible aussi bien pour des novices et des
proches, qui m’auraient suivi au fil de cette folle année, que des professionnels du
secteur pour lesquels je l’espère j’ai restitué fidèlement leur univers.
5. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 4/157
L’objectif de cette thèse est de comprendre comment le streaming a-t-il
impacté l’industrie musicale.
Dans un premier temps j'ai cherché à comprendre comment fonctionnait l'industrie
musicale, quelle était son histoire, ses acteurs, son économie de marché. Je me suis
concentrée sur les plateformes de streaming et leurs modèles économiques
disruptifs pour ce secteur. J'ai regardé aussi quel était le profil des consommateurs
d'aujourd'hui, les nouveaux usages et leurs attentes liés au streaming musical.
Dans un deuxième temps, j'ai analysé l'incidence de l’essor du streaming sur la
nouvelle génération d’artistes auto-entrepreneurs, portés par le règne et la puissance
des playlists à travers le monde.
Dans un troisième et quatrième temps, j'ai regardé quels étaient les enjeux de cette
industrie musicale en pleine transformation numérique. Ils sont nombreux donc je me
suis concentrée sur la problématique des droits d’auteurs et du transfert de valeur.
6. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 5/157
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS..................................................................................................... 2
PREAMBULE .............................................................................................................. 2
SUJET DE MA THESE................................................................................................ 3
SOMMAIRE................................................................................................................. 5
INTRODUCTION......................................................................................................... 7
PARTIE 1 : NOUVEAUX JUKE-BOX 2.0 ET TRANSFORMATION DE L’ECOUTE12
1- Les modèles économiques des plateformes.................................................... 13
1.1 Acte à l’achat ............................................................................................................................... 13
1.2 Ecoute illimitée ........................................................................................................................... 13
1.3 Des modèles économiques pas encore rentables ....................................................................... 14
2- Les plateformes de distribution......................................................................... 15
2.1 Les pure players stars du marché ............................................................................................... 16
2.1.1 Spotify le leader mondial ..................................................................................................... 17
2.1.2 Deezer le plus français ......................................................................................................... 19
2.1.3 Tidal la Jay'z family .............................................................................................................. 22
2.1.4 Soundcloud l’un des pionniers ............................................................................................. 23
2.1.5 Qobuz la qualité a un prix .................................................................................................... 24
2.2 Les géants de l’Internet ............................................................................................................... 26
2.2.1 Apple Music du téléchargement au streaming .................................................................... 27
2.2.2 Amazon Music un nouvel acteur de poids ........................................................................... 28
2.2.3 Google Play Music / YouTube Red futur service de streaming 3 en 1 ................................. 31
2.2.4 Facebook bientôt dans la musique ...................................................................................... 33
3- Tableau comparatif des plateformes de streaming ...................................................................... 34
4- Les spécialistes de la distribution numérique ............................................................................... 36
Le cas Believe Digital .................................................................................................................... 36
5- De nouveaux acteurs nés de la transformation numérique ......................................................... 40
Le cas de la startup Soundcharts .................................................................................................. 41
3- Les nouveaux usages des consommateurs..................................................... 47
3.1 Les différents modes d’écoute .................................................................................................... 50
3.2 Des pratiques contrastées selon les pays ................................................................................... 50
3.3 La progression des abonnements ............................................................................................... 51
3.4 Le succès des playlists ................................................................................................................. 53
3.5 L’augmentation des usages légaux ............................................................................................. 55
3.6 Le piratage de la musique diminue mais perdure ....................................................................... 55
3.7 L’écoute via smartphone en pleine expansion ........................................................................... 57
3.7.1 Focus sur les « Digital natives » ........................................................................................... 59
3.7.2 Focus sur les « Smartphone natives » ................................................................................. 60
CHAPITRE 2 : ARTISTES AUTO-ENTREPRENEURS, REGNE DES PLAYLISTS 64
1- Une nouvelle generation d’artistes ................................................................... 65
1.1 Les 4P appliqués au marketing musical ...................................................................................... 65
1.2 L’artiste patron auto-entrepreneur ............................................................................................ 67
1.3 Les nouvelles relations entre les artistes et les fans : du DIY au DIT ........................................... 69
1.4 L’émergence d’une nouvelle génération d’artistes .................................................................... 70
1.5 Johnny Hallyday, les écoutes en streaming s’envolent ............................................................... 74
7. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 6/157
2- Une playlist pour chaque instant....................................................................... 78
2.1 Les playlists, piliers de l’écoute en streaming ............................................................................. 78
2.2 Le rôle éditorial des plateformes de streaming .......................................................................... 81
2.3 Un tremplin pour les artistes ...................................................................................................... 82
CHAPITRE 3 - INTERMINABLE DEBAT SUR LES DROITS D’AUTEUR............... 85
1- Un acteur majeur : la SACEM............................................................................. 86
1.1 - Modalités et enjeux pour gérer les droits d’auteur .................................................................. 86
1.2 - L’intelligence artificielle pour traiter les big data de la musique en ligne ................................ 89
2- La Blockchain pour simplifier les droits d'auteur............................................ 92
2.1 La Blockchain c’est quoi ? ........................................................................................................... 93
2.2 Pourquoi les entreprises s’intéressent à la Blockchain ? ............................................................ 96
2.3 - La Blockchain, une voix d’avenir pour l’industrie de la musique .............................................. 99
2.3.1 - Servir de base de données sécurisée et transparente pour les droits d’auteurs ............ 101
2.3.2 - Apporter de la transparence dans une chaîne de valeur aujourd’hui opaque ................ 103
2.3.3 - Automatiser et personnaliser la gestion des droits d’auteurs ......................................... 104
2.3.4 - Permettre de mieux connaître le public d’un artiste et s’adapter en conséquence ....... 105
2.3.5 - Transformer la gestion et le rôle des billets de concerts ................................................. 105
3- Un problème: le sentiment de destruction de valeur .................................... 107
4- Un espoir: la valeur créée par le streaming va augmenter ........................... 108
4.1 - Le panier moyen des consommateurs de musique a augmenté ............................................ 109
4.2 - L’enjeu du streaming financé par la publicité ......................................................................... 109
4.3 - Les pistes d’amélioration pour améliorer les revenus ............................................................ 110
5- Mais à qui profite le streaming ? ..................................................................... 111
5.1 - Le point de vue des plateformes de streaming ....................................................................... 112
5.2 - Le point de vue des artistes .................................................................................................... 113
5.3 - Le point de vue des maisons de disque .................................................................................. 118
6- La tentative de médiation Schwartz ................................................................ 121
PARTIE 4 : TRANSFERT DE VALEUR : IL EST TEMPS DE LEGIFERER .......... 125
1- De nouveaux modes d’accès pour les contenus culturels .................................. 126
2- Fournisseurs d’accès vs plateformes en ligne .................................................... 128
3- Problématique de la rémunération ...................................................................... 129
4- La solution : réviser le droit d’auteur ................................................................... 132
5- Le monde de la musique se mobilise.................................................................. 134
CONCLUSION ........................................................................................................ 137
ANNEXES ............................................................................................................... 144
Sources littéraires ........................................................................................................................... 144
Sources vidéos ................................................................................................................................ 146
Sources web .................................................................................................................................... 153
8. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 7/157
INTRODUCTION
Depuis plus de 15 ans, la révolution du numérique a bouleversé l’industrie
musicale qui a dû adapter ses modèles économiques en connaissant une crise sans
précédent, notamment via le processus de numérisation avec l’arrivée d’internet, qui
a dématérialisé ses productions.
Mp3, piraterie, sonneries téléphoniques, plateforme de téléchargement et enfin le
streaming. Parmi toutes les mutations que le marché de la musique a connues, c’est
la 1ère fois de l’histoire de cette industrie que les gens ne vont pas acheter un
bien physique (un disque, une cassette, un DVD, un téléchargement) mais vont
payer pour avoir accès via des abonnements à des plateformes de streaming
comme Deezer, Spotify, Apple Music… aujourd’hui comme des acteurs
incontournables de la filière musicale.
Pour environ 10€ par mois, il est maintenant possible d’avoir accès facilement à
toute la musique que l’on souhaite, une sorte de juke-box illimité et que l’on peut
partager. C’est un vrai changement de paradigme, une véritable révolution :
de l’ère de la possession à l’acte, nous sommes passés à l’ère de l’accès par
abonnement.
Comme l’expliquait déjà Jérémy Rifkin dès 2000 dans son livre l’âge de l’accès,
l'explosion des technologies de l'information et de la communication est à
l'origine d'une mutation sans précédent et il avait su à l’époque être visionnaire
du monde connecté dans lequel désormais nous vivons. Les marchés laissent la
place aux réseaux, les biens aux services, les vendeurs aux prestataires et les
acheteurs aux utilisateurs. Ainsi l’économie devient de plus en plus virtuelle
et s’étend à tous les niveaux de la vie de l’individu : les rapports humains sont
marchandisés, la culture devient un bien de consommation banalisé, monétisé
et qui a perdu en valeur.
Selon l’IFPI1
dans le Global Music Report 20162
, c’est la première fois que le
marché mondial de la musique enregistre un chiffre d’affaires des ventes
numériques supérieures à celles des ventes physiques. Et en 2016, après plus
1
http://www.ifpi.org/about.php
2
http://www.snepmusique.com/actualites-du-snep/global-music-report-2017-synthese-francaise/
9. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 8/157
d’une décennie de pertes, le marché́ de la musique enregistrée français a affiché́ une
croissance de 5.4%. Un retour qui s’inscrit dans la tendance observée
mondialement. Alors que l’on compte à présente environ 112 millions
d’utilisateurs en abonnements payants dans le monde, le marché français
retrouve aussi un peu de croissance, avec 28 milliards de titres streamés et 4
millions de personnes qui ont ou utilisent un abonnement musical. Donc presque
5% de la population française est abonnée à des plateformes de streaming.
On rentre donc dans un marché de masse, ce qui est très important pour les
professionnels du secteur qui ont perdu 65% de leur chiffre d’affaire depuis l’âge d’or
du CD des années 2000.
Le streaming est devenu la 1ère
façon de consommer la musique dans le monde.
Goldman Sachs prévoit d’ailleurs que les revenus issus du streaming augmenteront
de 500% d’ici 20303
. Et c’est désormais plus de 40 millions de titres qui sont mis à
disposition sur des centaines de plateformes numériques légales. Ce qui est surtout
intéressant c'est que les abonnés croissent plus que les utilisateurs totaux. Cela
signifie que ceux qui sont prêts à payer croissent plus vite que ceux qui utilisent en
gratuit et financé par la publicité4
.
Même si les chiffres sont encourageants, cette profonde mutation avec l’arrivée du
numérique à bouleverser les modèles économiques du secteur. Les plateformes de
streaming audio en plein développement, qui ont offert au final une alternative au
piratage, s’imposent maintenant comme des acteurs incontournables. Mais elles
peinent à trouver un modèle économique rentable entre l’abonnement gratuit
générant des revenus par la publicité, l’abonnement à 10€ et le modèle bundle
(accès par le biais des opérateurs téléphoniques). D’où les nombreux
questionnements sur leurs capacités à rémunérer à juste titre les créateurs de
contenus, la valeur d’un stream n’étant pas du tout égal à la valeur d’un titre à
l’époque du CD.
Un point capital est que chaque nouveau système, chaque nouvelle révolution
technologique a fait disparaître et apparaître de nouveaux artistes. Par exemple
3
https://www.lalettre.pro/Soundcharts-annonce-une-levee-de-fonds-de-2-65-M_a14328.html
4
https://www.youtube.com/watch?v=-fONbhvk9FU&t=1421s
10. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 9/157
Pink Floyd en 1973 correspond à la chaîne hi-fi (l’album The Dark Side of the Moon
ayant servi pour tester la qualité de ce nouveau support de diffusion). Dire Straits en
1985 au le lecteur CD (1er album entièrement conçu en numérique qui se vendra à
1 million d’exemplaires), et en 2017 des artistes comme Jul, PNL ou Damso, donc
le rap francophone, sont portés par le streaming. Mais pourquoi est-ce les musiques
urbaines ou l’électro qui émergent cette fois-ci ?
Par ailleurs, grâce à l’évolution constante des usages numériques, le développement
du smartphone et de la 4G, de nouveaux modes de consommation surtout chez
les jeunes sont apparus pour écouter de la musique partout, tout le temps et sur tous
les supports. Leurs attentes ont changé, nous sommes maintenant à l’ère de la «
fast culture » et ils privilégient l’immédiateté, la facilité d’accès, la gratuité et la
consommation de formats très courts5
, d’où le fait qu’ils aillent en majorité écouter
la musique sur YouTube. Ce qui pose un gros problème de rémunération des
artistes et les producteurs de musique.
L’industrie musicale est maintenant confrontée à plusieurs enjeux majeurs.
Pour les plateformes, il s’agit de marketer et communiquer sur leurs offres pour
séduire un autre public que les jeunes, afin d’augmenter leur audience et le nombre
d’abonnement payant. Il s’agit également de convaincre les marques, les
annonceurs de faire ou d’augmenter leurs revenus publicitaires en capitalisant sur
les datas encore peu exploitées. Mais comment dégager plus de bénéfices pour
avoir plus d’argent à redistribuer ? Leurs avenirs économiques et celle de toute la
filière en dépendent.
Pour les majors ou les labels indépendants, comment faire pour capitaliser et
trouver de nouveaux artistes qui plaisent aux jeunes tout en préservant la
diversité culturelle et que les autres musiques (la variété française, le jazz, le
classique…) puissent s’exprimer ? Le règne de la playlist est-elle le nouveau Top 50
et amenée à durer ?
Pour la nouvelle génération d’artistes auto-entrepreneurs, la donne aussi a
changé. Il n’y a jamais eu autant d’artistes et de projets musicaux et émerger dans
ce nouvel environnement numérique est devenu encore plus complexe car c’est la
bataille de l’attention. Comment mieux monétiser et promouvoir sa musique dans un
5
https://www.hadopi.fr/actualites/les-8-14-ans-lemergence-dune-generation-de-smartphone-natives
11. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 10/157
monde qui a changé de modèle économique avec le streaming ? Quelles sont les
nouvelles relations des artistes avec leurs fans ?
Pour les organismes de gestion collective, comme la Sacem, la multiplicité des
supports de consommation de la musique va de pair avec la multiplication des
données. En 2016, la SACEM a géré un peu plus de 590 milliards d’actes (un acte
étant un streaming ou un téléchargement). La gestion de la data est donc devenue
capitale et l’investissement dans la technologie décisif, pour pouvoir gérer les
droits d’auteur qui viennent du streaming, complexifiée par le fait que les accords
sont maintenant globaux puisque touchent de très nombreux territoires d’exploitation.
L’intelligence artificielle et la blockchain seront-elles la solution pour plus de
clarté et de transparence dans la répartition des droits d’auteur pour toute la
filière ?
Mais pour l’industrie de la musique, le numérique n’est pas qu’une
bénédiction. En émancipant la musique de son support, la dématérialisation et le
streaming ont mis à mal le modèle économique sur lequel était assise cette industrie
depuis l’irruption du disque. Si cela n’a pas entamé́ le pouvoir des majors au sein de
la filière, cela a permis l’irruption de nouveaux intermédiaires, les Google, Apple ou
Amazon, qui ont fait de la musique et du streaming une brique de leurs écosystèmes
alors que ce n’étaient pas leur cœur de métier.
Et au détriment des créateurs. YouTube par exemple est la plateforme où l’on
consomme le plus de la musique, elle représente plus de 80% des écoutes en
ligne, alors elle ne génère que 10% des revenus. YouTube, donc Google, se
cachant derrière le fait que juridiquement c’est un hébergeur et non pas une
plateforme de musique en ligne, donc qu’il n’est pas responsable de la musique
distribuée sur son site.
C’est là tout le paradoxe du numérique : en même temps qu’il libère les usages
et démultiplie les possibilités de la création, il met en jeu la pérennité́ des
conditions qui la rendent possible, en ne rémunérant pas correctement ceux
qui créent et qui investissent dans la musique. Ce paradoxe, qu’on appelle le
transfert de value, ne trouvera sa solution qu’en légiférant pour obliger les géants du
Web à contribuer à son financement. Enquête au pays du streaming....
12. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 11/157
NOUVEAUX
JUKE-BOX 2.0
&
TRANSFORMATION
DE L’ECOUTE
1
13. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 12/157
PARTE 1 : NOUVEAUX JUKE-BOX 2.0 ET
TRANSFORMATION DE L’ECOUTE
Source Rapelite
6
En préambule, notons que nous parlerons
ici uniquement du marché de la musique
enregistrée (par opposition donc à la
musique live) qui est composé :
- du marché physique (incluant la vente de
CD, DVD et vinyle)
- des droits voisins (copie privée, radio,
TV...)
- et du marché du numérique
(téléchargement, streaming, mobile).
Nous nous focaliserons sur le volet digital et les différents modèles économiques des
plateformes de musique en ligne :
- les services d’écoute via un acte d’achat, le téléchargement (un modèle de
possession)
- les services à la demande avec une écoute illimitée, avec ou sans abonnement
et publicité : le streaming (donc un modèle d’accès).
6
http://www.rapelite.com/news/dossier-le-streaming-une-aubaine-pour-lindustrie-du-disque-mais-jusquou
14. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 13/157
1- LES MODELES ECONOMIQUES DES PLATEFORMES
Récapitulatif non exhaustif des modèles économiques des plateformes de musique en ligne
1.1 Acte à l’achat
Il s’agit des plateformes de téléchargement.
Elles permettent d'acheter en ligne des titres et des albums à télécharger en fichier
MP3 ou MP4 (moins d'1€ le titre et environ 10 € l'album). Aujourd'hui ce modèle est
en perte de vitesse face aux avantages que propose le modèle du streaming.
ITunes était 1er
dans le développement de ce type de plateforme, mais Fnac ou
encore Amazon l’ont également adopté.
1.2 Ecoute illimitée
On distingue 3 types de plateformes.
Les plateformes avec accès par abonnement payant, dit « premium »
Elles donnent accès à un catalogue de titres et d'albums moyennant un forfait
mensuel. Le modèle peut proposer une séance d'essai gratuite, mais oblige le
paiement d'un abonnement à terme. Les géants du web comme et Tidal ont
notamment choisi cette approche. C'est ce modèle qui a remporté le plus d’adhésion
chez les clients.
15. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 14/157
Les plateformes hybrides avec publicité ou abonnement, dit « fremium »
Contre l’écoute de publicités ou moyennant un forfait mensuel, elle permet d’écouter
l’ensemble du catalogue. Ce modèle proposant en général une phase d'appel
gratuite, tout l'enjeu est de convertir les utilisateurs en abonnés payants. Spotify et
Deezer sont les principaux opérateurs utilisant ce modèle.
Les plateformes avec accès 100% publicité, donc gratuit
C'est le modèle privilégié par les plateformes de diffusion vidéo comme YouTube,
Dailymotion ou encore Facebook qui donnent un accès immédiat à leurs contenus
moyennant l'exposition à des messages publicitaires.
1.3 Des modèles économiques pas encore rentables
Bien que l’essor du streaming soit indéniable, et qu’il soit source de valeur pour
l’industrie musicale, la rentabilité n’est pas encore au rendez-vous malgré les
investissements massifs dans la technologie. Les plateformes comme Spotify ou
Deezer sont toutes très largement déficitaires et les artistes ne sont pas rémunérés à
juste titre car le modèle de calcul des revenus issus du streaming ne leur laisse
qu’une très faible part et les maisons de disque ne s’y retrouvent pas non plus.
D’un côté les plateformes de streaming sont contraints de conserver une offre
gratuite pour tenter de séduire un large public et surtout de nouveaux utilisateurs.
L’idée étant de les faire tester pour les inciter par la suite à souscrire à un
abonnement payant qui rémunère mieux l’ensemble de la filière musicale.
De l’autre, les maisons de disque et les labels se sont engagés dans un bras le fer
contre les plateformes afin qu’elles restreignent au maximum les possibilités de leurs
offres gratuites. Pourquoi ? Tout simplement parce que les revenus publicitaires
issus du streaming gratuit sont inférieurs à ceux des abonnements payants.
Selon les Echos7
et le Financial Times, en 2014 aux Etats-Unis, les abonnements
payants ont rapporté aux majors 800 millions, soit presque 3 fois plus le streaming
gratuit dont les revenus s’élevaient seulement à 295 millions de dollars. (source
Financial Times). Le débat est vaste, nous aurons l’occasion d’y revenir.
7
Musique : les maisons de disques se dressent contre Apple et Spotify (mars 2015)
16. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 15/157
A RETENIR
Les modèles économiques des plateformes de musique en ligne sont :
- l’acte à l’achat : plateforme de téléchargement (Itunes)
- l’écoute illimitée : 3 types de plateformes
* avec accès par abonnement payant dit « premium » (Tidal)
* hybrides avec publicité ou abonnement dit « fremium » (Deezer, Spotify)
* avec accès 100% publicité donc gratuit (Youtube, Facebook)
- Le modèle payant est beaucoup plus rentable que le modèle gratuit, et génère
jusqu’à 3 fois plus de revenus (comme aux Etats-Unis) pour la filière musicale en
fonction des marchés.
- C’est donc la course aux abonnés puisque ce sont eux qui contribuent à la
croissance du chiffre d’affaires des plateformes de streaming, jusqu’à 90 % dans le
cas de Spotify8
.
- Malgré l’essor du streaming au niveau mondial, les plateformes de streaming
audio sont encore déficitaires car elles ont dû investir massivement dans la
technologie pour développer leur expansion. Leurs modèles économiques ne
permettent pas encore de rémunérer correctement l’ensemble de la filière, bien
qu’elles reversent déjà 70% de leurs chiffres d’affaires aux ayants droit.
2- LES PLATEFORMES DE DISTRIBUTION
Alors que le téléchargement s'est imposé comme le principal mode d'achat au
moment de l'éclosion des ventes de musique numérique, le streaming a rapidement
pris le dessus au cours des 2 dernières années. Les plateformes de streaming
représentent ainsi 79 % des ventes sur le marché numérique en France en 2016,
soit une hausse de 10% par rapport à 2015.
Source ZDNET
9
/ SNEP - via ZDNet.fr/chiffres-cles
8
Source cabinet MIDIA Research
9
CHIFFRES CLES : LE MARCHE FRANÇAIS DE LA MUSIQUE SUR INTERNET (MARS 2017)
HTTP://WWW.ZDNET.FR/ACTUALITES/CHIFFRES-CLES-LE-MARCHE-FRANCAIS-DE-LA-MUSIQUE-SUR-INTERNET-39790982.HTM
17. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 16/157
Les acteurs sur le marché du streaming sont nombreux, c’est la guerre du stream.
Toutefois ils s’accordent au moins sur un point : la concurrence stimule la croissance
globale.
« Aujourd’hui, le moteur du développement, c’est la concurrence. Le point clé, c’est
de faire croître le marché et non pas de chasser sur les terres des autres acteurs. »
indique Will Page, Directeur du département économique, Spotify
(Source Global Music Report)
Pour Michael Nash, Executive Vice President of Digital Strategy d’Universal Music :
« La concurrence est absolument essentielle pour faire progresser le système en ce
moment. Elle stimule l’innovation et crée une forte dynamique pour les artistes et les
consommateurs, qui disposent de plateformes vraiment axées sur le service et la
qualité. Nous devons avoir toujours plus de concurrence et plus d’innovation. »
(Source Global Music Report)
On comprend ainsi pourquoi le paysage concurrentiel est en mouvement dans le
streaming musical et continue d’attirer de nouveaux acteurs, comme les géants du
numérique, les GAFA, même si à la base ce n’était pas leur cœur de métier.
Voici les principales plateformes qui comptent aujourd’hui dans le paysage musical.
Enquête dans le monde des plateformes de streaming audio (Spotify, Deezer,
Napster, Tidal, Soundcloud, Qobuz), en passant par les géants du web et leurs
plateformes de distribution de musique en ligne (Apple Music, Amazon Music
Unlimited, Google Play Music) mais aussi Facebook qui semble récemment vouloir
se lancer dans l’aventure.
2.1 Les pure players stars du marché
A RETENIR
En 2016, selon l’étude GFK10
réalisée pour le SNEP11
(qui se focalise sur les ventes
des maisons de disque aux distributeurs numériques), deux acteurs se partagent
l'essentiel des revenus du streaming du marché français : Deezer (42%) et Spotify
10
GFK : institut d’études référent en France sur les marchés et sur les comportements des consommateurs
11
SNEP : le Syndicat National de l’Edition Phonographique
18. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 17/157
(27%). mais des plateformes comme Soundcloud, Qobuz et Tidal émergent
également. On note aussi la présence de Napster12
(12%) mais dont nous ne
parlerons pas ici.
S’il fallait résumer chaque des acteurs en quelques mots, je dirais : Spotify le leader
mondial, Deezer le plus français, Tidal la Jay-Z’s family, Soundcloud le pionnier pour
les musiciens et Qobuz la qualité à un prix.
2.1.1 Spotify13
le leader mondial
Créé en 2006 le groupe suédois Spotify propose un catalogue de plus de 30
millions de titres à écouter soit gratuitement (mais entrecoupés de publicités), soit
via un abonnement à 9,99 € par mois. Les familles bénéficient depuis 2016 d’un
tarif spécial à 14,99 € valable pour 6 personnes (pour s’aligner Deezer et Apple
Music), tout comme les étudiants depuis avril 2017 avec le forfait Spotify Premium à
4,99€ par mois.
Les utilisateurs abonnés peuvent accéder à l'ensemble du catalogue sans publicité et
disposer de fonctionnalités supplémentaires (création de playlist, partage de titres...).
Avec Spotify, vous pourrez écouter votre musique partout où vous le
souhaitez. Que ce soit sur tous les supports « classiques » (mobile, ordinateur,
tablette, voiture) que via des enceintes connectées (Sonos, Amazon Alexa, Google
12
Napster : 1
ère
plateforme d’échange de fichiers peer to peer spécialisée dans le partage de fichiers
audio en 1999
13
https://www.spotify.com
19. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 18/157
Home, Bose...), votre Playstation ou Xbox pour jouer en musique ou encore via la
TV (Android ou Samsung Smart TV, Google Chromecast, Amazon Fire TV...).
Depuis mars 2016, Facebook intègre un lien vers Spotify dans sa messagerie
instantanée Messenger. Les utilisateurs peuvent ainsi envoyer une chanson une
playlist directement dans leurs échanges de messages.
D’après Bruno Crolot, le Managing Director France et Benelux de chez Spotify, le
groupe ne fait pas de communication sur les chiffres locaux, mais sur les chiffres
globaux. En mars 2017 Spotify aurait 50 millions d'abonnés payants dans le
monde, pour plus de 100 millions d'utilisateurs au total. Il est disponible dans
60 pays14
.
Forte croissance sur le marché français
Encore devancé par le français Deezer dans l'Hexagone, le nombre d'abonnés de
Spotify en France aurait augmenté de 150 % entre janvier et octobre 2015 (source
Xerfi). La hausse est notamment liée à un accord signé avec l'opérateur de
téléphonique Bouygues Telecom, qui propose un accès promotionnel à ses clients.
Une entreprise toujours déficitaire
Spotify se finance principalement par les abonnements. En 2015 près de 89 % du
chiffre d'affaire de Spotify provenait des abonnements payants, contre 11 %
pour la publicité. Si Spotify a réalisé un chiffre d'affaire en hausse de 80 % en 2015,
le groupe n'a cependant toujours pas dégagé de bénéfice opérationnel, ni de
bénéfice net. Spotify reste cependant optimiste et espère des bénéfices en 2018. Il
continue toutefois de lever des fonds auprès des investisseurs, dont notamment les 3
majors Universal Music Group, Sony et Warner Music Group, qui détiendraient 18 %
de son capital.
Depuis sa création, Spotify déclare avoir versé près de 2 milliards de dollars
aux ayants droits, avec entre 0,006 et 0,0084 dollar par titre écouté, indique Le
Monde en 2013.
14
https://www.youtube.com/watch?v=-fONbhvk9FU&index=76&list=PLAhGyU-iUgfHfeDQJ_BAsDpjSbXSN31Bu
20. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 19/157
Au niveau de l’expérience utilisateur sur la plateforme, Numérama qui les a toute
testé, indique que le service est facile à utiliser avec une ligne éditoriale assez
complète, sans être à un niveau qui nous permet de découvrir le nouveau groupe
inconnu pakistanais qui marchera dans 10 ans.
2.1.2 Deezer15
le plus français
Voici à présent l’histoire du français Deezer racontée par Alexis de Gemini, le Directeur
Général de Deezer France, lors de son intervention à la conférence Business &
Decision Pilotage & Performance en octobre dernier en Tunisie. (transcription
complète de l’interview disponible en annexe).
« Il y a dix ans, en avril 2007, c'est un jeune développeur d'à peu près 25-26 ans,
Daniel Marhely, qui tout seul, dans un petit bureau, a décidé de créer un site qui au
départ était un blog, qui s'appelait « Blogmusik.net » et qui est devenu Deezer
quelques mois après. Pourquoi est-ce que Deezer a été créé ?
C'est tout simplement pour répondre à un besoin. A l'époque la musique était
fortement touchée par le piratage. Mais pour pirater de la musique, il fallait télécharger
dans des ordinateurs, synchroniser les ordinateurs avec des ipod et puis in fine pouvoir
écouter de la musique.
Daniel lui il avait envie d'aller plus vite que ça, il avait envie de pirater de la musique
mais d'une manière plus facile. Il a donc pensé à créer un lieu digital, le cloud, qui
15
https://www.deezer.com
21. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 20/157
encore à l'époque n'existait pas et d'y réunir, non seulement la bibliothèque musicale
de ses amis, la sienne, mais l'ensemble des morceaux qu'il allait pouvoir chercher sur
Internet.
En clair au départ Deezer, c'est un blog digital, dont la musique est hébergée
dans le cloud sur internet et qui va pouvoir permettre aux gens d'écouter de la
musique sans passer par le téléchargement, mais via la synchronisation.
En bref, c'est une simplification pour écouter de la musique plus rapidement.
En revanche au départ Deezer ne possède pas les droits de la musique qu'elle diffuse
c'est un blog pirate. Au bout de quelques semaines, pour être précis au bout de quatre
mois, c'est la Sacem qui va écrire à Deezer et lui demander de clarifier sa position.
Ce sera chose faite puisque Daniel Marhely va accueillir Jonathan Benassaya qui va
s'associer avec lui. Jonathan va avoir pour responsabilité de signer les premiers
contrats, non seulement avec la Sacem, puis après avec les producteurs, qui vont
permettre à Deezer de devenir un site légal de diffusion de musique, un site légal
de streaming.
Pour conclure Deezer a 10 ans. Il est aujourd'hui passé d'une personne à 350
personnes à Paris, avec au cœur de la culture de l'entreprise, des développeurs
c'est à dire des personnes qui savent développer à la fois des serveurs qui
hébergent de la musique, une application et un site web qui permet au client
final de l'écouter.
Avec aujourd'hui plus de 12 millions de personnes qui écoutent de la musique, 35 à
45 millions de références sont dans nos serveurs, plus de 125 000 chansons
arrivent tous les jours chez Deezer. Donc l'entreprise a dû s'adapter, à ce catalogue,
à sa gestion et au partage de cette musique simultanément avec des millions de gens.
Donc de cette petite structure, Deezer est devenue non seulement une startup mais
aujourd'hui une entreprise française de taille respectable, puisqu'on parle de plus de
300 millions d'euros de chiffre d'affaires à la fin de l'année 2017, au niveau du
groupe et des investisseurs français et étrangers qui nous accompagnent.
Voilà en gros Deezer ce que c'était, et ce que c’est devenu. »
Deezer en chiffres16
- 1er
rang en France malgré des pertes de parts de marché perdu depuis 2 ans
16
https://www.deezer.com/fr/company
22. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 21/157
- 4e
rang mondial derrière Spotify, Apple Music et Amazon
- présence dans plus de 185 pays, développement en Europe et Amérique latin mais
encore peu présent aux États-Unis
- l’un des plus gros catalogues du marché avec 43 millions de titres
- partenariat avec Orange qui propose une offre privilégiée à ses clients
mobile. Et un gros compte aujourd'hui avec plus d'un million de clients en commun
(sur 1,5 millions d'abonnés français de Deezer). Le groupe développe ce modèle
dans environ 30 autres pays
- 100 millions : c’est la dernière levée de fond de Deezer en 2016 pour continuer
à assurer son développement aussi bien technique qu’en terme de territoire pour
affronter la concurrence
- chiffres d’affaires : Hans-Holger Albrecht, le directeur général de Deezer espère
atteindre 300 millions en 2017, avec plus de 12 millions d'utilisateurs actifs et
plus de 6 millions d’abonnement payants.
Deezer est-il rentable ?
Selon son directeur général toujours : « Si on enlevait les coûts marketing,
Deezer serait rentable aujourd'hui. Mais nous avons décidé d'investir et de
capturer une bonne part de marché. Cela viendra dans deux ou trois ans, il n'y a pas
d'urgence. Nous avons connu une croissance annuelle de 25 % à 35 %, le marché
est encore très jeune. Dans la plupart des pays, moins de 10 % du public utilise le
streaming, en France c'est 7 %. Donc nous allons continuer à croître. Quand j'ai pris
mes fonctions chez Deezer, il y a deux ans et demi, la majorité des gens étaient
sceptiques sur les perspectives l'industrie du streaming. Ils n'y croyaient pas. Le
sentiment a complètement changé. ». Espérons qu’il voit juste.
Au niveau de l’expérience utilisateur, comme l’indique le site Numérama qui a
testé la plupart des plateformes de streaming :
- le service français est au niveau de son concurrent suédois en terme de prix et de
fonctionnalités
- la qualité sonore est au standard habituel, à l’instar de Spotify
- un très bon développement des fonctions sociales et des playlists
23. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 22/157
- la ligne éditoriale serait plus orientée sur la scène française et européenne avec
des inédits
- des Deezer Sessions, des lives d’artistes pour le service
- les différents accès à la plateforme, que ce soit sur le site ou l’app sont user centric.
2.1.3 Tidal17
la Jay-Z’s family
A la base Tidal est une plateforme suédoise proposant un catalogue de musique
haute définition, sans compression, un must pour les audiophiles, à l’instar de
Qobuz en France. Racheté en 2015 par le fond d’investissement de Jay-Z, Tidal
est un service entièrement payant plus cher que ses concurrents à 19,99$, même
s’il propose également une offre à 9,99$ mais sans qualité HD, avec seulement 25
millions de titres à disposition.
Au niveau des abonnés, le chiffre n’est pas très clair. En 2016, Tidal a annoncé aux
labels avoir fidélisé 850 000 personnes, mais la même année on parle de 1,2 millions
selon une note interne ou encore de 3 millions de personnes.
Ce qui est clair, c’est que Tidal n’a pas réussi à décoller contrairement à Apple Music
qui compte aujourd’hui environ 30 millions d’abonnés et que le leader Spotify en
revendique 100 millions dans le monde.
A son re-lancement par Jay-Z, Tidal a bénéficié de l’appui de grands noms de
la pop US et de célébrités proches comme Beyoncé, Kanye West, Madonna,
Daft Punk... avec une promesse forte pour les artistes : une répartition plus
équitable des revenus du streaming. Des arguments attractifs aussi pour les
17
www.tidal.com
24. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 23/157
consommateurs : des contenus exclusifs, de nombreuses vidéos en avant-première,
des nouveaux albums à découvrir avant tout le monde, avis aux amateurs de stars
US.
D’après la presse norvégienne, Tidal aurait de gros problèmes de liquidités et
risquerait même de fermer boutique en 2018, même avec les 200 millions $ que
l’opérateur téléphonique américaine Sprint a réinjecté, détenant ainsi un tiers du
capital de Tidal18
.
A l’heure où les investissements massifs se multiplient : alliance de Spotify et de
Tencent (le géant chinois du numérique), rachat de Shazam (l’application de
reconnaissance musicale) par Apple, lancement d’une nouvelle plateforme par
Google sur YouTube (sans doute un service d’abonnement payant combinant
Google Play Music et YouTube Red), l’avenir nous dira si Tidal saura survivre à tout
ça.
2.1.4 Soundcloud19
l’un des pionniers
Intéressons-nous à présent à SoundCloud, encore une autre plateforme de
streaming suédoise. Fondé en 2007, certains diront que c’est le plus grand
disquaire indépendant du web avec ses 120 millions de titres ! A la base,
SoundCloud permettait simplement aux artistes de partager leurs enregistrements,
c’était un lieu de partage et d’échange : maquettes, autoproduction, remix… c’était
le terrain de jeu des musiciens même non professionnels.
18
http://www.numerama.com/business/227211-le-paradoxe-tidal-le-service-na-jamais-ete-aussi-valorise-et-en-
mauvaise-sante-quaujourdhui.html
19
https://soundcloud.com/
25. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 24/157
Alors que Myspace ne donnait accès à la musique des artistes que sur son site,
SoundCloud a évolué et permet maintenant d’intégrer les fichiers audio partout
ailleurs pour permettre aux artistes d’atteindre une plus large audience.
Autre innovation originale : le lecteur audio est matérialisé sous forme d’une onde
qui permet une navigation rapide comme sur un séquenceur audio. D’après
Wikipédia, « ce lecteur permet aussi l'ajout de commentaires à des endroits précis du
fichier, possibilité extrêmement pratique pour les collaborations à distance. »
Mais SoundCloud hébergeait du contenu dont elle ne détenait pas les droits.
En 2015, la plateforme a dû négocier avec les majors pour se mettre en règle, ce qui
donnera lieu à la création en 2016 d’une offre payante pour trouver des revenus : la
formule Go déclinée en Go et Go+. SoundCloud Go+ permet d’écouter plus de 150
millions de titres, des exclusivités, sans publicité et même sans connexion pour
9,99€ par mois (donc tarif aligné sur la concurrence), des données statistiques
supplémentaires sont débloquées en fonction de l'abonnement choisi, par exemple le
nombre d'écoutes par titre par utilisateur et le pays d'origine des écoutes. » (source
Wikipédia).
Le forfait GO à 5,99€ offre moins de titres (120 millions) et une qualité de son
standard façon Spotify. Bien que plus concurrentielle, SoundCloud est devenue
une plateforme presque comme les autres.
Alors qu’en l’espace de 10 ans, SoundCloud a pu atteindre jusqu’à 175 millions
d’utilisateurs, le modèle là aussi n’est toujours pas rentable. Et malgré une
nouvelle levée de fonds en 2016 avec Twitter qui a investi 70 millions de dollars,
SoundCloud a annoncé la suppression de 40 % de ses postes en juillet 201720
.
2.1.5 Qobuz21
la qualité à un prix
20
http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/08/11/streaming-musical-soundcloud-evite-la-faillite-mais-change-
de-patron_5171602_3234.html
21
www.qobuz.com
26. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 25/157
Fondée en 2008, en même temps quasiment que Deezer, la startup française
Qobuz était d’abord un service de téléchargement puis s’est transformé en
devenant en plus une plateforme de streaming.
Son principal argument commercial : la qualité d’écoute, une qualité sonore
bien supérieure aux autres acteurs du marché. Selon le journaliste Sophian
Fanen « l’entreprise française est l’un des leaders mondiaux de l’accès haute
définition à la musique en offrant un streaming en qualité CD, voire en qualité master
studio pour certains disques, donc une qualité supérieure même à celle d’un un
compact-disc. ».
Spécialisée dans la musique classique, qui représentait 30% de son chiffre d’affaires
en 2016, les mélomanes avertis se raviront aussi de jazz, de savantes22
, de musique
du monde, avec une vraie ligne éditoriale bien loin des playlists d’ambiance de
Spotify par exemple.
Toutefois avec son positionnement élitiste, Qobuz n’a séduit qu’une niche minoritaire
et l’entreprise a finalement été racheté en 2015 par Xandrie23
. Elle a depuis réorienté
sa stratégie pour tenter de séduire un public plus large, tout en continuant de parler
aux amateurs exigeants avec ses 40 millions de titres, tous en qualité CD.
Elle propose maintenant24
4 types d’abonnement : un prix d’appel Premier à 9,99€ /
mois pour s’aligner sur ses concurrents avec une qualité d’écoute MP3, une offre Hi-
Fi à 19,99€ / mois avec une qualité CD (et oui la qualité à un prix), un forfait Sublime
à 219,99$ / an toujours en HD mais qui permet en plus le téléchargement de MP3, et
enfin une offre Sublime + à 349,99€ / a, le meilleur abonnement de musique au
monde (selon Qobuz) avec streaming et téléchargement Hi-Res illimité.
A titre de comparaison, Qobuz propose une qualité et des offres semblables à celles
de Tidal mais avec une ligne éditoriale plus avantageuse et une volonté plus
marquée pour la diversité musicale.
22
https://lesjours.fr/obsessions/la-fete-du-stream-2/#qobuz
23
Xandrie est le spécialiste international de la culture et du divertissement digital. http://www.xandrie.com/fr/a-propos/
24
http://www.numerama.com/pop-culture/244561-nouvelle-offre-en-streaming-nouvelle-appli-nouveau-format-musical-le-
francais-qobuz-se-relance.html
27. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 26/157
2.2 Les géants de l’Internet
A RETENIR
Les géants du web Apple, Google et Amazon se retrouvent parmi les principales
plateformes de distribution de musique en ligne.
- Apple, leader des sites de téléchargement en France, a également fait évoluer son
offre et se positionne désormais également sur la distribution de musique en
streaming avec Apple Music (11% des revenus du streaming audio en France en
2016 et N°2 mondial), et vient tout juste d’annoncer le rachat de Shazam.
- Amazon, déjà actif dans la distribution de musique sur support physique, et qui était
principalement positionné sur le segment du téléchargement, se lance dans la
conquête du streaming musical. En moins d’un an, Amazon Music Unlimited est
déjà 3e
au niveau mondial derrière le leader Spotify et Apple. Et il espère grossir sa
base utilisateur et disrupter l’expérience utilisateur en capitalisant sur la voix via
son enceinte connectée Echo.
- Google semble vouloir aussi chambouler le marché du streaming (alors que ses
revenus ne représentaient que 4% des streaming audio en 2016 en France) en
fusionnant YouTube Red et Google Play Musique.
- Et enfin Facebook semble vouloir accélérer son offensive dans les contenus en
se lançant dans le streaming audio via le projet « Watch ».
- La bataille commerciale et technologique s’intensifie entre les géants du secteur,
une opportunité supplémentaire d’engranger toujours plus de données
personnelles et d’enrichir leurs offres de services et produits25
.
25
http://www.liberation.fr/futurs/2017/12/12/entre-apple-et-spotify-la-bataille-du-streaming-s-intensifie_1616186
28. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 27/157
2.2.1 Apple Music26
du téléchargement au streaming
Apple s’est d’abord imposé comme le leader sur le marché du téléchargement
légal de musique Itunes dès 2001. En 2015 il détenait d’ailleurs 79 % des parts de
marché, loin devant Google (Google Music Play) et Amazon (Amazon MP3).
Mais depuis quelques années, l'offre de téléchargement légale perd
progressivement du terrain au profit du streaming. Le groupe Apple acquiert
alors en janvier 2015 Musicmetric, une startup britannique spécialisée dans
l'analyse de données concernant les ventes de morceaux musicaux et leurs
diffusions sur les réseaux sociaux. Avec ce rachat, le groupe cherche à s'adapter aux
nouveaux usages et à se renforcer dans le domaine musical.
Apple s’est alors adapté à l’évolution des modes de consommation en créant en juin
2015 une offre de streaming musical en propre, Apple Music.
Cette nouvelle plateforme de streaming propose uniquement une offre
d’abonnement payant à 9,99 € par mois après 3 mois d’essai gratuit (donc aucune
version gratuite avec publicité) mais aussi des offres spéciales étudiant à 4,99€ et
famille 9,99€ / mois, qui permettent d'accéder à un large catalogue musical, 40
millions de morceaux, des webradios mais également des playlists par genre.
26
https://www.apple.com/fr/music/
29. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 28/157
Apple est donc venu se positionner sur un marché fragmenté, où l'offre est
abondante (Spotify, Deezer, Tidal, Soundcloud…) mais homogénéisée tant terme de
prix et que de la qualité audio.
Toutefois comme l’indique Sophian Fanen dans les Jours dans sa série d’articles La
Fête du stream27
: « Apple Music mise en particulier sur deux piliers pour faire venir
les abonnés : des sorties d’albums en exclusivité négociées grâce à ses liens
historiques avec les maisons de disques, et pléthore de playlists faites à la main
par des connaisseurs pointus. S’y ajoute Beats 1, une radio en ligne qui mise sur
les DJ stars.
Même si la plateforme reste à la traîne de ses concurrents sur l’ergonomie et la
recommandation automatisée, Apple Music s’est installée dans le paysage musical
assez rapidement. Aidée par son intégration systématique dans les iPhone et
iPad de la marque, la plateforme revendiquait 20 millions d’abonnés payants
fin 2016. »
2.2.2 Amazon Music28
un nouvel acteur de poids
Attaquons-nous à présent au géant Amazon. Je vous épargnerais son historique
puisque globalement, nous en entendons parler tous les jours ou presque. En
revanche il est intéressant ici de comprendre la stratégie d’Amazon et de son
impressionnante conquête dans le monde du streaming musical.
27
https://lesjours.fr/obsessions/la-fete-du-stream-2/#apple-music
28
https://music.amazon.fr
30. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 29/157
En effet, en tout juste 1 an, Amazon Music fait partie du top 3 des plateformes
de streaming avec 12% de parts de marché, pas loin derrière Apple Music (19%)
et le leader Spotify (40%), selon l’analyse de Midia Research.
Il faut savoir qu’Amazon était déjà un acteur majeur de la distribution de musique
enregistrée. Que ce soit sur supports physique ou numérique, il est :
- le 1er
distributeur de titres musicaux sur support physique par correspondance
- le 2e
acteur mondial sur le marché du téléchargement de musique numérique,
derrière Apple
- et enfin comme nous l’avons vu la 3e
plateforme de streaming musical dans le
monde29
.
Amazon Music Unlimited a été lancé tout d’abord en octobre 2016 aux États-Unis,
puis au Royaume-Uni et en Allemagne avec seulement 1 million de titres. Fort de
son succès et après de nombreuses négociations de licence avec les maisons de
disque et les labels, le service vient d’arriver en France, en Italie et en Espagne avec
un très large choix : 50 millions de titres disponibles, soit le plus gros catalogue
du marché (hors Soundcloud).
Grâce à la puissance de frappe du géant américain et pour tenter de se faire une
place sur ce marché hyperconcurrentiel en plein développement, Amazon Music ne
propose, comme Apple, que des abonnements payants avec écoute illimitée.
29
https://www.numerama.com/business/277013-surprise-amazon-music-serait-le-troisieme-geant-du-streaming-
avec-16-millions-dabonnes.html
31. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 30/157
Une offre individuelle à 9,99€ / mois avec 1 mois gratuit, et une offre famille à 14,99€
/ mois. Jusque-là c’est cohérent avec la concurrence.
En revanche pour les personnes déjà abonnées au service de streaming vidéo
Amazon Prime, soit 40 millions de personne : une offre spéciale à 8,25 € / mois.
De quoi espérer faire grossir sa base utilisateurs.
Mais Amazon ne s’arrête pas là. Il propose un prix à 3,62 € / mois par mois aux
utilisateurs de son enceinte connectée Echo (soit déjà plus de 5 millions
d’utilisateurs aux Etats-Unis). Et ça c’est une vraie nouveauté !
Comme l’a indiqué Jérôme Delhaye, directeur du Midem, l’un des grands salons
mondiaux dédiés à la musique : « C’est la première fois qu’un acteur propose
un service musical adjoint à un objet connecté, la borne Echo ».
Le magazine Challenges30
souligne « C’est d’ailleurs en couplant son enceinte
intelligente, son assistant vocal Alexa et son service musical qu’Amazon compte
proposer à ses abonnés des innovations inédites. ». Une facilité d’usage inédite
pour de nouveaux modes de consommation.
Il semblerait qu’Amazon opte pour la même stratégie que pour son service de
vidéo à la demande, Amazon Prime Vidéo, qui avait été lancée à un prix
imbattable à 2,99€ pour ses abonnés Prime afin de concurrencer Netflix.
Une quête pour apporter toujours plus de contenus et d’expérience à ses
utilisateurs.
Et c’est là où Amazon a pris tout le monde de vitesse. Alors que ses concurrents se
concentrent surtout sur des améliorations techniques de leurs plateformes
(interface, UX, performances des algorithmes de recommandations des playlists...)
mais aussi sur leurs lignes éditoriales, Amazon lui disrupte l’expérience
utilisateur et capitalise déjà sur la « voix » qui nous le verrons, fait partie des
enjeux du futur du streaming musical.
30
https://www.challenges.fr/high-tech/amazon-lance-amazon-music-unlimited-son-service-de-streaming-musical-
en-france_499495
32. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 31/157
Comme le souligne Daniel Findikian, expert dans la transformation digitale de
l’industrie musicale, directeur de l’école EMIC Paris et ancien Directeur Digital de
EMI Music, dans une tribune écrite pour elisenews.com : « Amazon et son Echo
adressent le grand public et c’est pour cette raison que c’est une révolution pour
l’industrie de la musique. Echo est la nouvelle radio, le nouvel iPod, l’assistance
vocale et l’enceinte connectée modifie complètement l’expérience et la
consommation de musique. »
Sachant que le marché français du streaming audio a progressé de 37 % en 2016,
les opportunités apparaissent bien réelles pour Amazon. A suivre !
2.2.3 Google Play Music31
/ YouTube Red32
futur service de
streaming 3 en 1 ?
Comme le dit si bien Numérama « Google ne serait pas Google s’il ne tentait pas
de faire tout ce qui est à faire » ! Donc bien évidemment la firme Mountain View est
aussi présente dans le paysage du streaming musical. C’est déjà un acteur majeur
de la musique en ligne avec 2 plateformes : Google Play Music et YouTube Red
mais dont les positionnements ne sont pas clairs finalement pour le grand public.
Courant juillet 2017, Lyor Cogen, le directeur des projets musicaux de YouTube, a
d’ailleurs annoncé la fusion à venir des deux services pour simplifier et
harmoniser l’offre de Google dans la musique en ligne. Une volonté évidente
31
https://play.google.com/music/listen?hl=fr&u=0#/sulp
32
https://www.youtube.com/red?hl=fr&gl=FR
33. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 32/157
de conquérir un marché en forte croissance et de concurrencer sérieusement les
leaders mondiaux33
.
Essayons de comprendre ce que proposent à date Google Play Music et
YouTube Red.
Créée en 2011, Google Play Music propose une offre similaire à ses concurrents :
pour 9,99€ par mois, vous pourrez écouter un catalogue de plus de 35 millions de
titres avec une qualité classique, des podcasts, des playlists automatiques via des
algorithmes de recommandation en fonction de vos écoutes et la possibilité de
stocker des musiques dans le cloud. Google Play Music est disponible dans 64 pays,
dont la France.
Contrairement à ses concurrents, Google n’a jamais fortement communiqué sur cette
plateforme. On notera par ailleurs que Samsung a choisi Google Play Music par
défaut sur son nouveau Galaxy S834
.
En 2016, le nouveau service YouTube Red, moyennant un abonnement mensuel,
permet d’accéder à des contenus liés à la musique sans publicité, à YouTube,
YouTube Gaming et YouTube Music. Il permet également de regarder de vidéos
hors connexion, des films, des séries et de basculer d’un mode vidéo à un mode
audio. Autrement dit, YouTube Red propose du streaming audio et du streaming
vidéo35
. Il n’est proposé que dans 5 pays dont la France ne fait pas partie36
.
Grâce à la puissance de YouTube, qui cannibalise déjà 40% de l'écoute en
ligne de musique dans le monde, qui attire plus d’1 milliard de visiteurs par
mois (selon Bloomberg) et dont la domination de son système d'exploitation
Android, équipe environ 80% des smartphones dans le monde, Google semble
avoir tout pour s’imposer dans avec cette nouvelle offre.
Pour reprendre la formule du Figaro37
« Le géant innovera-t-il en proposant la
première plateforme de streaming trois-en-un, avec un abonnement
comprenant le streaming audio, vidéo et de jeux ? » Ce nouveau projet
s’appellera-t-il « Remix » ? Nous le saurons en 2018.
33
https://www.theverge.com/2017/7/26/16048084/youtube-red-google-play-music-merging
34
http://www.businessinsider.fr/samsung-a-ete-malin-en-choisissant-google-play-music-comme-appli-de-streaming-musique-
par-defaut-sur-son-galaxy-s8/
35
http://www.lemonde.fr/pixels/article/2017/07/27/google-va-fusionner-ses-deux-services-de-streaming-google-play-music-et-
youtube-red_5165610_4408996.html
36
https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/comment-google-veut-chambouler-le-marche-du-streaming-musical-
745936.html
37
http://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2017/12/08/32001-20171208ARTFIG00185-youtube-va-lancer-une-application-de-
musique.php
34. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 33/157
2.2.4 Facebook bientôt dans la musique
Il semblerait que Google, Apple et Amazon vont devoir devront aussi composer
avec le 4e
GAFA car Facebook accélère son offensive dans les contenus.
Lors de l’annonce des résultats du 2e
trimestre 2017 de Facebook auprès de ses
investisseurs, le PDG et fondateur Mark Zuckerberg a indiqué « l’avenir se dessine
sous le prisme du partage de la vidéo, et non plus de photos ou de textos ». Dans
sa stratégie d’expansion, sa nouvelle lubie est de devenir le premier
hébergeur mondial de contenu vidéo via sa nouvelle plateforme de streaming
Watch, qui rentrera en concurrence frontal avec YouTube et Netflix (car il
souhaite également créer des productions originales avec entre autres des séries
TV).
N’ayant pas le temps de créer un système qui identifiera les musiques utilisées
illégalement, comme le Content ID de YouTube, des négociations seraient en cours
avec les maisons de disque et les différents labels pour acheter des licences
musicales.
Deux autres faits renforcent l’idée que Facebook se prépare à une offensive
dans le streaming audio. Tout d’abord d’après Elisenews38
, Facebook aurait
acheté la startup Source3, société spécialisée dans l’analyse de propriété
intellectuelle, dans la gestion des copyrights. Leurs fondateurs auraient d’ailleurs
revendu leur précédente startup RightFlows à YouTube.
Et enfin Facebook recrute dans le secteur musical comme l’a annoncé Music
Business Worldwide39
. Tamara Hrivnak40
a été embauchée en début d’année en tant
que directrice de Global Licensing Musique, et il recrutait en juillet un
manager en music business development.
L’idée serait de préserver l’industrie musicale en devançant YouTube, dont les
rapports avec le secteur musical sont déjà très compliqués du fait de la faible
rémunération des artistes. C’est un pari ambitieux mais risqué, car Watch pourrait
tout aussi bien devenir un YouTube bis.
38
http://elise.news/2017/07/facebook-industrie-musicale-2/
39
https://www.musicbusinessworldwide.com/facebook-takes-another-big-step-towards-the-music-biz-with-
source3-buyout/
40
https://www.musicbusinessworldwide.com/facebook-poaches-key-youtube-exec-tamara-hrivnak-global-
music-boss/
35. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 34/157
3- Tableau comparatif des plateformes de streaming
Vous n’êtes pas encore abonné à un service de streaming audio ?
Vous ne faites pas encore parti des 3,9 millions de français qui ont déjà
souscrit à un abonnement payant ou gratuit ?
Ci-dessous un tableau comparatif réalisé par Numérama41
pour vous aider à choisi
parmi 8 plateformes de streaming audio.
41
http://www.numerama.com/pop-culture/146013-deezer-spotify-apple-google-tour-dhorizon-streaming-
musical.html
41
36. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 35/157
EN CONCLUSION
1/ L’un des enjeux pour toutes ces plateformes est maintenant de convertir de
nouveaux publics au streaming et d’étendre ainsi le marché global.
Selon Ole Obermann, Warner Music’s Chief Digital Of cer & EVP Business
Development : « Le marché va se développer autour de services mondiaux. La
bonne nouvelle est qu’ils essayent tous de se différencier. Si nous voulons attirer des
centaines de millions de consommateurs vers les services payants, nous devons
tenir compte de la diversité de leurs attentes. Le scénario idéal est que chacun de
ces services globaux adoptent une approche spécifique et séduisent différents
publics. »
2/ Sachant que les plateformes de streaming peinent à trouver un équilibre financier,
les plateformes gagnantes seront celles possédant une solidité financière
suffisante et une notoriété importante, acquise notamment grâce à leurs
services (contenu exclusif, algorithme de recommandation efficace, interface
ergonomique…). Il est ainsi possible d’imaginer une concentration du marché dans
les prochaines années.
3/ On constate par ailleurs que pour tous les acteurs, c’est la course aux acquisitons
de startup afin de développer leurs offres de service, quelques exemples.
- Facebook nous l’avons vu aurait acheté la startup Source3.
- Spotify a acquis l'application Soundwave, réseau social musical permettant aux
utilisateurs de Spotify de partager des titres et des playlists avec leurs d'amis ou de
découvrir les musiques écoutées par des personnes aux goûts musicaux
semblables. Mais aussi la startup Cord Project, qui est spécialisée dans l'échange
de produits audio entre objets connectés (smartphone, tablettes et montres
connectées...).
- Apple acquiert Musicmetric, une startup britannique spécialisée dans l'analyse de
données concernant les ventes de morceaux musicaux et leur diffusion sur les
réseaux sociaux. Avec ce rachat, le groupe cherche à s'adapter aux nouveaux
usages et à se renforcer dans le domaine musical, où iTunes perd progressivement
du terrain.
37. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 36/157
4- Les spécialistes de la distribution numérique
Sur le marché de la musique, la distribution numérique implique de nombreux
changements par rapport à la distribution physique :
- il y a maintenant beaucoup plus de mode et de canaux de consommation
(téléchargement, streaming audio, streaming vidéo)
- les marchés sont devenus mondiaux, et non plus locaux
- la notion de stock a disparu puisque tout est maintenant disponible, la visibilité des
artistes et de leurs titres est devenue capitale
Par conséquent il y a maintenant plus de modèles économiques et de nouveaux
métiers ont émergé.
Alors que les majors et certains gros indépendants ont développé à la fois la
distribution physique et digitale car elles avaient les moyens. D’autres sociétés se
sont spécialisées dans la distribution numérique et ont investi lourdement dans
la technologie comme c’est le cas d’Idol et de Believe Digital pour citer des exemples
français.
Le cas Believe Digital42
Aujourd’hui Believe Digital représente à
peu près 7 à 8% des parts de marché
sur le digital au niveau mondial, et
dans des pays comme la France entre
15 et 16% de part de marché.
Pour mieux comprendre le métier de Believe, voici la transcription d’une partie
l’intervention de Denis Ladegaillerie, son fondateur, à la conférence Business &
Decision Pilotage & Performance43
en octobre 2017 en Tunisie. Il nous explique son
42
https://www.believemusic.com/fr/
43
https://www.youtube.com/watch?v=0tvvuBPxzDI&list=PLAhGyUiUgfHfeDQJ_BAsDpjSbXSN31Bu&i
ndex=99
38. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 37/157
expérience de la création, du développement de Believe Digital, de l'évolution et de
l'impact de la transformation technologique sur un secteur comme l'industrie de la
musique. (transcription complète disponible en annexe).
« Believe Digital, c'est une société qui est un intermédiaire entre les créateurs
et les distributeurs de musique. Dans la chaîne de valeur de la musique, vous
avez trois maillons essentiels : les créateurs, les artistes (qui passent en studio et qui
enregistrent de la musique) et à l'autre bout de la chaîne, vous avez les services qui
vendent de la musique (des acteurs comme Spotify, Apple, Deezer, Youtube...).
Et au milieu vous avez des intermédiaires qui représentent les artistes pour
distribuer leur musique, pour en faire le marketing et la promotion auprès de
ces services et c'est ce qu'est Believe Digital.
Believe Digital c'est une société que j'ai créé en 2005, quelques années après être
sorti de plusieurs années d'expériences chez Vivendi.
...
On voit une explosion du marché de la musique depuis 2008 grâce à l'invention
de et la diffusion de l'Iphone, et les accès réseaux 3G, 4G.
Dans un métier comme le nôtre, la transformation digitale, n'est pas un sujet
puisqu'on est digital de bout en bout. Tout notre processus commercial est géré
par des logiciels, de l’identification, du marketing en ligne. On ne signe plus un
contrat papier, tous les contrats sont numérisés. Quand on approche un artiste, on le
rentre directement dans notre système. Les artistes ont accès à des interfaces, ils
nous envoient pas du tout de CD, ils utilisent les systèmes qu'on a conçu pour
numériser leur musique. Nous après on l’envoie chez Spotify, Apple Music. Toutes
les 15 minutes on va chercher sur les serveurs de Spotify, de Deezer et des autres
services toute la donnée d'exploitation, pour savoir par exemple quel artiste a été
écouté, dans quel pays, pendant combien de temps, est-ce que sur un titre de 3
minutes 20, est-ce que l' écoute a duré 3 minutes 20 ou est-ce qu'elle a duré 3
minutes 10, est-ce qu'elle s'est faite à partir d'un Iphone où elle ce qu'elle s'est faite à
partir d'un téléphone Androïd, etc...
Tout notre cœur de métier, la manière dont on pilote l'activité, est complètement
pensé autour du digital. »
39. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 38/157
L’un des facteurs clés de succès dans cette évolution c'est : « la technologie
parce-que c'est la technologie seule qui nous permet de gérer l'ensemble de ces
processus.
Believe Digital c'est un peu plus d'1,5 million d'artistes distribués dans le monde,
c'est un peu plus de 400 millions d'euros chiffre d'affaires cette année et on est
devenu, en 10 ans, le 4e plus gros acteurs au niveau mondial au niveau des
revenus digitaux et du nombre d'artistes distribués.
Donc toute la technologie est absolument essentielle pour l'analyse de la
donnée et on est dans un monde aujourd'hui qui est un monde complètement
globalisé. »
...
On a un métier qui s'est complètement globalisé avec un contenu culturel qui est très
particulier, qui est la musique, qui voyage extrêmement fortement. Beaucoup plus
fortement que d'autres contenus culturels.
...
Il y a un chiffre qui m'a beaucoup frappé, quand on vendait des CD, le volume des
ventes de CD de n'importe quel artiste dans le monde à l'exception de quelques
grandes stars américaines, les ventes à l'extérieur du pays d'origine, c'est à peu
près 5% des ventes totales, donc rien du tout.
Dans le monde numérique, on n'a pas un artiste aujourd'hui dont les écoutes
générées à l'extérieur du pays d'origine ne représentent pas au moins 40% du total
des écoutes.
Pourquoi ? Parce que vous avez de la musique qui auparavant n'était disponible en
CD que dans un magasin local, et qui se retrouve maintenant disponible sur une
population de plusieurs milliards de personnes connectées, qui utilisent YouTube qui,
utilisent Spotify, qui utilisent Deezer. Ça crée des opportunités et des
opportunités de découverte. »
En décembre 2015, il y a deux ans, il y avait 30 millions de personnes dans le
monde qui payaient 9,99 euros par mois, pour avoir accès à un service comme
Spotify, Apple Music ou Deezer.
Décembre 2016, vous aviez plus de 80 millions de clients qui avaient fait la
démarche, 50 millions de personnes en plus dans le monde qui, en un an, ont
40. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 39/157
souscrit à ce type de service.
Les chiffres vont sortir en décembre 2017 et on pense que le nombre de gens qui
vont être abonnés à des services payants va être compris entre 130 et 140 millions
de personnes dans le monde. Les estimations c'est qu'on sera à plus de 300
millions de personnes dans les 36 mois qui viennent. Pour vous donner une
idée, ce que ça tire pour une boîte comme nous, c'est quasiment 50% de
croissance organique par an, qui est tirée simplement, au-delà de ce qu'on fait,
par l'adoption du marché.
Dans ces industries, le message clé c'est de dire on est sur des marchés qui sont
encore très très naissants, ça crée des opportunités extrêmement fortes et il faut être
extrêmement attentif aux signaux et au développement des marchés.
Dans la technologie, des boîtes comme Believe (c'est une boîte qui est devenue
leader sur un marché, qui a 12 ans d'âge) des boîtes comme Deezer, des boîtes
comme Spotify, ce sont des boîtes qui n'existaient pas il y a dix ans et qui font toutes
aujourd'hui entre 400 et 2 milliards de chiffre d'affaires pour les plus grosses d'entre
elles. Il y a des vraies opportunités dans le secteur culturel. ».
Plaçant l’innovation et la transparence au cœur de sa stratégie, Believe a
développé ses propres solutions technologiques proposant une gamme
complète de services aux artistes et labels indépendants : distribution digitale audio
et vidéo, marketing digital, promotion, synchronisation (Believe Sync), gestion des
droits et collecte des revenus, management des droits voisins, ainsi qu’un label
(Believe Recordings).
Il permet de distribuer la musique des artistes en toute sécurité sur toutes les
plateformes audio et vidéo en très haute qualité. Grâce à leur technologie, ils
peuvent livrer tous les formats audio et vidéo, bénéficier d’un réseau de distribution
et de promotion mondiale, dans 32 pays, sur plus de 350 plateformes avec des
niveaux de sécurité élevés où les contenus sont contrôlés par des spécialistes avant
envoi aux plateformes.
Believe Digital fournit également une offre complète de distribution physique
grâce à un réseau de partenaires de confiance sur tous les marchés-clés.
41. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 40/157
Via les services de trade marketing, les artistes et les labels peuvent bénéficier
d’un véritable accompagnement en stratégies digitales et des conseils
personnalisées sur toutes les plateformes. Ils peuvent ainsi augmenter leur
engagement, leur visibilité, les ventes et le nombres de streams.
Believe Digital propose également des services pour augmenter le potentiel vidéo
des artistes, via une stratégie de management de contenu et une analyse des
performances pour optimiser les chaines des artistes et développer leur audience.
Le groupe possède aussi un département dédié à la synchronisation, Believe Sync,
avec un très large catalogue à disposition (8 millions de titres). Il permet aux artistes
d’avoir des revenus additionnels grâce la publicité, la télévision, le cinéma et les jeux
vidéo. Il peut s’agir de licence, d’enregistrement-sur-mesure ou même de partenariat
de marque. Pour finir, les artistes et labels bénéficient d’un outil analytics,
Datamusic, pour visualiser en temps réel leurs ventes, comprendre leurs
performances et ainsi optimiser les actions. Believe Digital travaille en fait avec
Soundcharts, une startup française née d’un réel besoin pour les professionnels de
la musique, lié à l’émergence du marché du streaming.
5- De nouveaux acteurs nés de la transformation
numérique
Aujourd’hui à l’ère de l’accès, les usages liés à la consommation de musique
évoluent chaque jour, face à des consommateurs qui peuvent écouter la musique
partout, tout le temps. Et la multiplicité des supports de consommation de la
musique va de pair avec la
multiplication des données. On
voit donc apparaitre de nouveaux
acteurs, qui sont nés de cette
transformation numérique du secteur
et qui ont une incidence directe avec
l’émergence du streaming dont
Soundcharts.
Je reprends ici en partie l’article que j’avais écrit sur le blog du MBA MCI44
.
44
https://mbamci.com/soundcharts-startup-datas-musique/
42. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 41/157
Le cas de la startup Soundcharts
Les objectifs de Soundcharts45
: faciliter en temps réel l’accès aux datas de la
filière musicale et surtout changer profondément les méthodes de travail dans
cette industrie en pleine transition numérique mais qui reste artisanale, alors que la
façon de produire et consommer la musique est révolutionnaire et sans précédent.
Comment est né Soundcharts ?
Fondé en 2014, la startup Soundcharts est né d’un véritable besoin que son
fondateur David Weiszfelda connu chez Universal Music France, où il y a passé
environ 10 ans, avant de créer en tant qu’indépendant l’agence de management
d’artistes bSHARP.
« Entre 2016 et 2013, il y a eu une révolution digitale qui a fait passer on va dire
d’une écoute plutôt desktop ou CD player, à une écoute Iphone, streaming avec des
gens qui shazamaient en permance des titres, pis les partageaient sur les réseaux
sociaux. » explique David à French Web46
.
Les barrières sautaient d’autant plus avec la nouvelle génération de mobile et le
développement de la 4G. Hors tous les professionnels de la musique doivent faire
des rapports, indispensables, routiniers mais surtout chronophages. Leurs tâches
étaient donc d’autant plus complexifiées qu’ils passaient plus de temps à demander
des statistiques que de les analyser !
La problématique était donc vraiment là : un réel besoin de disposer d’un outil
pertinent pour traquer, automatiser en temps réel un workflow jusque-là fait
manuellement.
Mais soundcharts c’est quoi ?
« Souncharts c’est la 1ère plateforme de l’intelligence de marché dans la
musique, où l’on traque l’intégralité des datas, pour l’intégralité des artistes. Et
on les met au service de tout le monde dans un dashboard en temps réel. »
explique son fondateur.
45
https://soundcharts.com/
46
https://www.frenchweb.fr/soundcharts-la-plateforme-de-marche-pour-lindustrie-musicale/293183
43. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 42/157
Concrètement l’application améliore la prise de décision en agrégeant les
données musicales en ligne. Elle permet à ses utilisateurs le repérage d’artiste,
l’identification de fans et l’optimisation des campagnes marketing grâce aux
données des charts, des playlists, des passages radio et des réseaux sociaux.
Cette solution SaaS (Sofware as a Service) donne accès aux données musicales
depuis n’importe quel endroit ou terminal utilisé. Efficacité, rentabilité, accessibilité,
évolutivité, sécurité, simplicité : voici tous les avantages du cloud
computing qu’offre Soundcharts.
David Weiszfeld explique lors de son interview pour Irma, le Centre d’information et
de ressources pour les musiques actuelles :
« On s’est concentré sur le digital pour préparer le marché tel qu’il sera dans 3/4
ans : quasi-dématérialisé avec un physique à 10 % et dénationalisé. »
Comment ça marche ?
Chez Soundcharts, , tout est créé de l’intérieur et développé en interne.
LA PARTIE IMMERGEE DE
SOUNDCHARTS : LE BIG
DATA
Source Soundcharts
Comme l’indique Proscenium, Soundcharts utilise les API (Application Programming
Interface ou Interface de programmation) :
1/ pour indexer les playlists sur les plateformes de streaming (Youtube, Spotify,
Tidal, Deezer …) de prescripteurs (Konbini, Pitchfork, France Culture, ou encore
Digster et Filtr…) avec leurs croissances et les modifications. En 2016, c’était plus
44. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 43/157
d’1 million de playlists qui étaient suivi en temps réel.
2/ pour agréger les charts des plateformes en ligne (iTunes, Amazon, Bandcamp,
Shazam) de 80 pays
3/ pour monitorer en temps réel plus de 300 radios dans le monde et accéder
aux AIRPLAYS de plus de 10 pays
« 80 % de nos bases est occupée par les données radios » souligne toujours David.
4/ pour mesurer et donner des indicateurs de popularité des artistes sur les
principaux RESEAUX SOCIAUX (Facebook, Twitter, Youtube, Instagram,
Soundcloud…).
LA PARTIE VISIBLE DE
SOUNDCHARTS : LES
DASHBOARDS
Dashboard personnalisé
Soundcharts
Soundcharts a créé un logiciel qui tape dans leur API, et met au service des
utilisateurs les données trackées, via une interface personnalisable très intuitive
grâce à de très nombreux filtres. Des rapports automatisés sont également envoyés.
N’ayant pu accéder à la plateforme, ci-joint une synthèse de la transcription de la
vidéo de Marketing Musical qui a testé l’outil.
LA RECHERCHE D’ARTISTES #socialmedia
Soundcharts va trouver automatiquement tous les profils liés à cet artiste, avec
même une carte du monde de la fan base pour avoir une vue d’ensemble de la
présence en ligne, ce qui est capital dans cette industrie internationale.
Vous pouvez également comparer avec un autre artiste, et comparer leurs
progressions dans le temps sur les principaux réseaux sociaux. Mais aussi « faire
des découvertes et repérer le petit artiste qui monte alors qu’il est encore invisible
dans les charts », promet même son créateur.
45. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 44/157
LES CHARTS #charts
Soundcharts permet de voir le classement en fonction du titre, de la catégorie, du
pays éventuellement et de la plateforme. Vous allez alors pouvoir constater
l’évolution du single dans le temps, ce qui est crucial pour la mise en place de
campagne marketing ambitieuse.
LE PLAY LISTING #playlists
Soundcharts montre les différentes entrées en playlist sur Spotify et Deezer, avec
le nombre d’abonnés de chacune de celles-ci.
LES PASSAGES EN RADIO #airplays
Grâce à Soundcharts, vous pouvez suivre l’artiste en fonction du pays et de la
station. Une fois que vous suivez l’artiste, vous pouvez alors recevoir des
notifications et des rapports automatisés à intervalles réguliers, qui vous informeront
de la progression de l’artiste. Tout est modulable pour recevoir uniquement les
informations qui vous intéressent. Un gain de temps considérable !
POURQUOI UTILISER SOUNDCHARTS ?
7 chiffres clés pour convaincre les professionnels d’utiliser Soundcharts
Parce que Soundcharts a connu une croissance de 600% entre 2014 et 2016, et
qu’elle espère atteindre les 40 000 utilisateurs d’ici fin 2017.
Parce que vous avez envie qu’on vous facilite le travail en faisant 90% de ce qui
était fait jusqu’alors manuellement.
46. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 45/157
Parce que plus de 250 sociétés font déjà confiance à Soundcharts dont les majors
Universal Music, Sony Music et Warner Music, ainsi que indépendants comme
Believe, Pias ou Because Music
Parce que Soundcharts résout un problème réel, apporte une vraie valeur ajoutée
et qu’ils ont un taux de rétention de 98%.
Parce que Soundcharts a levé 2,97 millions en 1 an, alors si de grands groupes
d’investissseurs et business angels y croient déjà.
Parce que « vendre de la musique n’a jamais été aussi facile mais mesurer les
performances n’a jamais été si difficile » comme indique David Weiszfeld.
LES RÉCOMPENSES DE SOUNDCHARTS
Lors du Midemlab, en juin 2017, la plus
grande compétition internationale dédiée
aux startups innovantes de l’industrie
musicale, le jury lui n’a pas
hésité. Soundcharts a remporté le
1er
prix dans la catégorie « Marketing &
Data/Analytics ».
Sachant que le Midemlab avait déjà reconnu les potentiels de SoundCloud, The
Echo Nest (rachetée par Spotify en 2014 et qui aujourd’hui fait toute l’algorythmie
derrière la recommandation musicale) et Next Big Sound (vendu à Pandora en
2015), la petite et jeune startup française Soundcharts a sans aucun doute un
avenir très prometteur.
D’ailleurs ce prix leur a apporté très rapidement de la crédibilité et de la visibilité.
Elle est maintenant considérée comme une véritable entreprise prometteuse et non
plus comme une bande de fous français avec un projet techno, comme s’amuse à le
dire David Weiszfeld à French Web.
LES LEVÉES DE FONDS SOUNDCHARTS
Après une 1ère
levée de fonds en 2016 de 320 000€ auprès de business
47. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 46/157
angels comme Thibaud Elzière (eFounders, Fotolia) et Guy Messina (FNAC, Virgin
Stores…), Soundcharts vient de lever 2,6 millions € auprès de Global Founders
Capital et Kima Ventures. Pourquoi ?
« Nous avons été vraiment impressionnés par la vision, l’ambition de David, et
par sa capacité à structurer une équipe technique très talentueuse autour de
lui… Soundcharts connaît déjà une forte traction sur le marché, et nous sommes
convaincus que bientôt tous les professionnels de la musique devront passer à
ce produit de pointe pour rester dans le jeu. » souligne Jeremy Uzan, associé chez
Alven Capital, à Music Business Worldwilde.
Cette nouvelle levée de fonds va permettre à Soundcharts d’accélérer le
développement de son application, renforcer son leadership technique et son
service d’accompagnement des clients. Mais aussi recruter pour ouvrir des
bureaux à Londres, New York et Los Angeles idéalement d’ici la fin de l’année.
A plus ou moins long terme, elle pourrait également lancer une nouvelle offre dédiée
aux artistes désirant suivre leur propre performance.
LE MODÈLE ÉCONOMIQUE DE SOUNDCHARTS
C’est un abonnement avec 3 niveaux de prix par compte qui varient en fonction du
nombre d’informations que l’on souhaite obtenir :
- 49€ par mois : pour suivre 1 artiste et avoir accès à l’outil Charts Monitoring (pour
voir les évolutions des charts du monde entier)
- 149€ par mois : pour suivre 10 artistes en même temps avec toujours l’accès aux
Charts Monitoring
- 299€ par mois : pour suivre un nombre illimité d’artistes, avoir accès aux Charts
Monitoring et à l’Airplay Monitoring (pour voir les chansons diffusées sur toutes les
radios traquées par Soundcharts.)
EN CONCLUSION : Soundcharts apparait donc comme un outil indispensable
de monitoring en temps réel du marché de la musique enregistrée et du
streaming, pour répondre aux nouveaux besoins des professionnels en termes
de veille, pour booster leur productivité, permettant ainsi d’adapter leurs
stratégies aux tendances constatées.
48. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 47/157
3- LES NOUVEAUX USAGES DES CONSOMMATEURS
La transformation numérique a révolutionné l’audio et enrichi l’expérience
musicale des consommateurs. Elle a fait émerger un nouveau type d’auditeur : un
auditeur connecté qui peut écouter la musique de façon ATAWAD (Any Time Any
Where Any Device), notamment avec la nouvelle génération des « smartphones
natives ».
Et les nombreux moyens d’accès à la musique, toujours plus riches et variés
(ordinateurs, smartphones, téléviseurs connectés ou tablettes) ont permis de
développer de nouveaux usages qui évoluent chaque jour.
Les attentes des jeunes 8-14 ans aussi ont changé. A l’ère de la « fast culture », ils
privilégient l’immédiateté, la facilité d’accès, la gratuité et la consommation de
formats très courts, d’où le fait qu’ils aillent en majorité écouter la musique sur
YouTube.
C’est donc un changement du mode de consommation : à l’écoute linéaire de la
radio, s’ajoutent des écoutes délinéarisées permises notamment par des podcasts
toujours plus nombreux, des écoutes via les sites et applications des stations, des
partages sur les réseaux sociaux...
Chiffres clés
- En 2016, le streaming c’est 28 milliards d’écoute, soit 3 fois plus qu’en 2013
- En 2017, on estime à 112 millions environ les utilisateurs à des abonnements
payants dans le monde
- Croissance des abonnements payants dans le monde de +60,4% (97 millions) en
2016 vs 2015
49. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 48/157
- En France, 3,9 millions de personnes sont abonnés à un service de streaming
audio
- 36% des français pratiquent le streaming dont 56% le streaming audio
- les consommateurs utilisent en moyenne 4 usages légaux pour écouter de la
musique : 44% pour les supports physiques (CD, téléchargement, vinyles), 45% pour
le streaming audio (39% pour les abonnements gratuits et 27% pour les
abonnements payants), 75% les services de streaming vidéos et 87%
- 45% des internautes pratiques le streaming audio légal vs 37% en 2016
- 85% des 13-15 ans écoutent la musique en streaming audio.
- prédominance du streaming vidéo = 55% des écoutes de musique en ligne
- 23% pratiquent le streaming audio par abonnement `
- 22% le streaming audio financé par la publicité
- croissance des abonnements payants dans le monde de +60,4% (97 millions) en
2016 vs 2015
- 40% des consommateurs accèdent toujours à la musique de façon illicite
- 35% des internautes pratiques le stream ripping, dont 53% des 16-24 ans
- 54% des gens qui téléchargent la musique illégalement utilisent Google
- 90% des abonnés à des services de streaming payants utilisent leur
smartphone pour écouter la musique.
En septembre 2017, l’IFPI (la Fédération Internationale de l'Industrie
Phonographique ou l’International Federation of the Phonographic Industry) a sorti sa
nouvelle édition de l’étude réalisée par Ipsos Connect, « Musique Connexion47
» qui
analyse les nouveaux modes de consommation de la musique aujourd’hui et les
tendances de demain.
Cette enquête, réalisée auprès d’internautes âgés de 13 à 64 ans, a été menée sur
les 13 principaux marchés de la musique enregistrée (USA, Canada, Grande-
Bretagne, France, Allemagne, Espagne, Italie, Suède, Australie, Japon, Corée du
sud, Brésil, Mexique), qui représentent à eux seuls 85% du chiffre d’affaires
mondial de la musique enregistrée.
47
http://www.snepmusique.com/wp-content/uploads/2017/04/Global-Music-Report-2017.pdf
50. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 49/157
En parallèle, le SNEP a sorti son édition 2017 de « l’Economie de la production
musicale 48
». Elle présente une synthèse des chiffres clés du marché de la musique
enregistrée avec toutes les informations relatives à la distribution de musique
physique et numérique, les meilleures ventes, les meilleures diffusions, les
certifications. Mais aussi la synthèse du baromètre MUSICUSAGES que GFK a mis
en place pour le SNEP, afin de mesurer régulièrement les évolutions des pratiques et
des attentes des consommateurs de musique en streaming.
Voici une synthèse de ces deux études sur la consommation de musique en
ligne, qui démontre que le streaming, source de croissance pour toute
l’industrie musicale, poursuit sa spectaculaire ascension et qu’il est au cœur
des usages des consommateurs.
Quelques chiffres clés :
Le streaming en 2016,
c’est 28 milliards d’écoutes,
soit 3 fois plus qu’il y a 3 ans et +55%
par rapport à 2015.
C’est une pratique de plus en plus populaire en France puisque 36% des français
pratiquent dorénavant le streaming, et pour 56% d’entre eux le streaming audio
est le principal moyen d’écoute de la musique.
On constate que c’est une pratique commune à toutes les générations et que 1/3
des streamers (gratuit, payant, audio ou vidéo) sont des jeunes de 15-24 ans.
48
http://www.snepmusique.com/actualites-du-snep/leconomie-de-la-production-musicale-edition-2017/
51. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 50/157
3.1 Les différents modes d’écoute
En moyenne dans le monde, les consommateurs utilisent 4 usages légaux pour
écouter de la musique. Et au cours des 6 derniers mois, les modes d’écoute de la
musique, sur la base interrogée, étaient :
- 44% achètent des supports physiques ou
des téléchargements (dont 32% de CDs, 28%
de téléchargements et 17% de vinyles)
- 45% utilisent des services de streaming
audio pour écouter la musique (dont 39%
d’abonnement gratuit et 27% de payant)
- 75% utilisent des services de streaming
vidéo
- 87% écoutent la musique à la radio (dont 68%
de radio et 35% de webradio)
Source IFPI Musique Connexion 2017
3.2 Des pratiques contrastées selon les pays
L’étude portait sur les usages des fans, les 10% des plus grands consommateurs de
musique dans les 13 pays concernés, pour connaître les usages spécifiques de
chacun.
Si l’on regarde au global, le temps passé à écouter légalement de la musique par
usage, au cours d’une semaine type :
Source IFPI Musique Connexion 2017
52. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 51/157
- La radio demeure à 40% le support le plus écouté (France N°1 avec 56% des
écoutes)
- L’achat de musique vient juste après avec 22% (Japon N°1 avec 44% des écoutes)
- Suivi de près par le streaming vidéo avec 20% (Japon N°1 avec 30%)
- Et enfin le streaming audio représente 18% des écoutes (Corée du Sud N°1 avec
29%)
Parmi la population étudiée, c’est en Corée du Sud que les fans écoutent le plus la
musique sur leurs smartphones.
Source IFPI Musique Connexion 2017
3.3 La progression des abonnements
En décembre 2016, l’IFPI avait estimé le nombre d’abonnements payants dans le
monde à 97 millions, avec une croissance de +60,4% par rapport à 2015. Mais on
l’a vu cette année, les plateformes de streaming ont développé des offres
« familles » qui ont permis d’augmenter le nombre d’abonnés. En 2017, on peut
maintenant comptabiliser environ 112 millions d’utilisateurs à des abonnements
payants.
En France, c’est à présent 3,9 millions de personnes qui sont abonnés à un
service de streaming audio, soit une croissance de x2,8 puisqu’ils n’étaient que
1,4 millions en 2013.
53. Amsellem Emilie - Thèse professionnelle MBA Spécialisé Marketing Commerce sur Internet – 2017 52/157
Mais qui sont les abonnés en France ?
Alors que 80% des personnes utilisent le
streaming gratuit, ils ne sont toutefois que 20%
en 2016 à avoir souscrit payant, les
trentenaires en tête.
Pourquoi s’abonnent-ils ?
- pour écouter la musique sans
publicité
- pour avoir un plus large choix de
titres
- pour avoir plus de moyens d’accès
à la musique (ordinateurs,
smartphones, TV, tablettes, objets
connectés)
- pour écouter la musique même
hors connexion
- parce qu’ils bénéficient d’une offre familiale (enfants, ados)
On constate dans l’étude du SNEP que 1 abonné sur 5 partage son compte. Sans
doute est-ce pour cela que les plateformes de streaming ont créé des offres familles.
Ce point est important car l’incidence est majeure est terme d’analyse de
datas, quand on sait que les plateformes de streaming audio fournissent aux
maisons de disque des rapports sur les habitudes de consommation. Le souci c’est
que si une personne de 50 ans a souscrit un abonnement payant, et que l’on
remarque que dans ses habitudes de consommation, que les titres qu’elle écoute le
plus concerne pas exemple la musique urbaine, les résultats sont faussés pour
l’analyse des données. Car bien souvent il s’agit plutôt des consommations des
enfants qui se servent de l’abonnement des parents.
Quels sont les freins à l’abonnement ?
60% utilisateurs de services de streaming audio et vidéo ne s’abonnement pas tout
simplement parce que leur expérience gratuite leur suffit et que la publicité ne
les gêne pas.