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Récolter les données du terrain
Entre l’oral et l’écrit
Introduction
• Nouvelles potentialités à l’heure actuelle pour
étudier la variation :
– Usage d’outils techniques : matériel
d’enregistrement, traitement documentaire de
données
– Développement des enquêtes et usage de corpus
(français parlé)
• Répond à une demande sociale : échec
scolaire et appropriation de la norme,
développement du FLE
1. Les grands corpus de français parlé
•Premiers corpus à objectif général :
• Corpus du Français Fondamental dans les années 50,
• Corpus d’Orléans, commandité par des professeurs de
FLE,
• Corpus d’Aix-en Provence, tourné vers la variété des
genres et une préoccupation de morphologie et de
syntaxe (deux millions de mots pour ce corpus : plus
gros corpus hexagonal oral)
• Corpus PFC (Phonologie du français contemporain)
• Corpus québécois (Montréal) à objectifs
sociolinguistiques : mouvement de promotion du
français au Québec
2. Observer puis transcrire l’oral
• Pour des données de qualité :
1.Constitution d’enquêtes ou d’observations et de
situations réelles
2.Préparation pour l’analyse à travers une transcription
• Le plus délicat à recueillir : les énoncés vernaculaires
• La position classique d’observation : méthodes de
disciplines de terrain issues des sciences sociales et de la
dialectologie
• Paradoxe de l’observateur (socioling des 60’s) :
«le but de la recherche linguistique au sein de la
communauté est de découvrir comment les gens parlent
quand on ne les observe pas systématiquement ; mais la
seule façon d’y parvenir est de les observer
systématiquement » (Labov 1977, p. 290)
3. Les méthodes ethnographiques
d’observation
• Méthodes d’investigation très variables qui
varient en fonction de l’objectif
• Objectifs possibles : analyse d’une langue,
niveaux linguistiques ou sociolinguistiques,
mélanges de langues, répartition dialectale
des parlers sur un territoire, communication
entre les membres d’un groupes
3.1. Analyse strictement linguistique
de la langue
• On procède à l’enregistrement de la langue
avec un informateur « représentatif » (natif)
de la langue étudiée.
• On sélectionne des formes (énoncés, lexèmes,
textes, traductions, etc.).
• Le but est ici de décrire afin de mener une
analyse linguistique (facteurs
intralinguistiques).
3.2. Analyse des usages/pratiques
langagières
• Objectif est la description des
usages/pratiques langagières.
• Hypothèses explicatives sur les phénomènes
de variation qui se fondent sur la
confrontation avec les facteurs
extralinguistiques : âge, sexe, situation
professionnelle, lieu de résidence, niveau
d’étude, etc.
A) L’observation directe : un souci
d’objectivité
• Enquête par enregistrement à micro caché
des événements linguistiques au moment où
ils se produisent.
• Méthode qui vise à obtenir des pratiques
spontanées et évite que les locuteurs se
surveillent lors de leur prise de parole.
A) L’observation directe : un souci
d’objectivité
• Présence de l’observateur = élément
perturbateur.
• Méthode avantageuse pour l’étude des styles
en situation non surveillée (informelle)
• La question de la déontologie reste toutefois
posée lors d’enregistrements à caractère privé
(consultation médicale par exemple).
B) L’observation indirecte : respect de
la déontologie
• Méthode : enregistrer les pratiques
langagières mais en avertissant les locuteurs,
en leur demandant leur autorisation.
• Spontanéité = moins forte, mais les locuteurs
oublient souvent la présence du
magnétophone au bout d’un moment
• Traitement quantitatif ou qualitatif
C) L’observation participante :
microsociolinguistique
• Participation pendant une longue période à la
vie quotidienne + aux interactions
• But : étudier la communication et en comprendre
les rouages
• Engagement personnel de la part de l’enquêteur
et volonté de se faire accepter par la
communauté.
• Posture qui permet de se procurer des données
de grande qualité et un accès sans équivalent aux
pratiques routinières ou non officielles
C) L’observation participante :
microsociolinguistique
• Traitement essentiellement qualitatif et donc
pas nécessairement représentatif de tous les
groupes de même type.
• Coût de cette technique = élevé en temps et
en investissement personnel et peut poser
des problèmes éthiques
• Données enregistrées ou prises en notes
• Modalités de formulation de descriptions, de
comportements ou de propos à définir
C) L’observation participante :
microsociolinguistique
• Exemple : étude de l’ethnologue David Lepoutre
(1997) au sein d’une cité de Seine Saint-Denis (où
habitaient ses élèves du collège)
• Objectif : ethnographie de groupes de jeunes
consacrée à leurs pratiques linguistiques et
langagières
• Place naturelle car il habite dans la cité, partage
même des activités avec eux : point de vue
endogène
D) Le sondage : l’enquête quantitative
• Modèle venant de la sociologie.
• Questionnaire écrit à faire remplir (par écrit
ou oral) à un grand nombre de personnes afin
d’obtenir des résultats quantitatifs qui
peuvent ensuite être traités statistiquement
(par ordinateur).
E) Les entretiens : dirigés, semi-
dirigés, libres
• L’entretien dirigé ou « directif » consiste à
interroger les personnes à l’aide d’un
questionnaire fermé où les réponses
attendues ne peuvent se prêter à un grand
développement.
• Les questions qui doivent être exemptes de
toute précatégorisation nécessitent une fine
élaboration. Le traitement est ici quantitatif.
E) Les entretiens : dirigés, semi-
dirigés, libres (suite)
• L’entretien semi-dirigé ou semi-directif
(appelé observation indirecte par les
sociologues) est plus souple puisque les
questions peuvent donner libre cours à de
larges développements.
• L’ordre des questions et leur formulation
peuvent varier.
E) Les entretiens : dirigés, semi-
dirigés, libres (suite)
• L’entretien libre quant à lui est, comme son nom
l’indique, nullement directif.
• Il s’agit de laisser parler la personne après avoir lancé
un thème, une idée, une question et de se laisser
porter par la discussion.
• Le rôle de l’enquêteur : être très vigilant aux paroles
de l’autre afin de relancer ou d’orienter le cours de la
discussion dans le sens qu’il considèrera comme
nécessaire, éviter les marques de subjectivité trop
fortes (préjugés, jugement des paroles,
valorisation/dévalorisation de la personne, etc.).
E) Les entretiens : dirigés, semi-
dirigés, libres (suite)
• Les récits de vie, avec focalisation sur le parcours
linguistique du locuteur, sont de bons exemples
d’entretiens libres.
• Le traitement sera là obligatoirement qualitatif.
• Quel que soit le type d’entretien, c’est ici que le
rôle de l’enquêteur est le plus « périlleux »
puisque sa présence entraîne inévitablement des
modifications dans le comportement et le
discours de l’enquêté.
4. La posture de l’observateur
• Se garder du « forçage social »
• Bien distinguer la pratique de l’oral et de l’écrit
• L’expert ne doit pas « commander » le terrain
• selon Cameron (1998) trois postures possibles 1.
l’éthique 2. la défense 3. la responsabilisation
- L’éthique va exclure les pratiques trompeuses
(micro caché, caméra invisible, piégeage) mais ne
laisse à l’observé qu’un rôle passif
4. La posture de l’observateur
- La défense consiste à s’opposer à des propos
erronés concernant la communauté, et à lui prêter
son expertise (position de pouvoir que lui confère
le statut d’expert)
- Dans la posture de responsabilisation,
l’interaction chercheur-observé devient une
collaboration négociée entre participants et les
observés ont un rôle à jouer dans la définition des
objectifs d’enquête
4. La posture de l’observateur
• Influence du rôle de l’enquêteur : effort d'objectivité et de
neutralité (dans son comportement, ses attitudes, ces
questions, ses propos etc.).
• Respect de la personne interrogée : elle doit rester maître
de son temps, de son espace, de sa langue.
• Langue : celle de l’enquêté
• Enquêté qui peut chercher à « satisfaire » ou « séduire »
ou qui se sent « ridiculisé » selon les représentations de
l'interviewé.
• La variabilité des réponses ne remet pas en cause
l'authenticité des propos : ils sont authentiques dans la
situation d'une interaction au cours de laquelle ils ont été
produits : situation sociolinguistique parmi d'autres.
Quelques précisions éthiques et
juridiques
• Convention comportant :
– une explication de la recherche dans laquelle s’insère
l’enregistrement (nature, sens, initiateurs)
– une explication de l’analyse de l’enregistrement (les
outils, les passages, les raisons)
– une explication des conditions d’anonymisation
(bande vidéo, audio, transcription)
– une description de la publication de l’enregistrement
(à qui il sera diffusé)
– la signature du participant (datée).
5. De l’entendu au lisible
-Les données orales doivent être préparées pour
l’analyse, par la transcription qui en fait un
objet de travail visualisable donc écrit
-L’idée qu’un mode de transcription unique
satisfasse tout objectif descriptif est erroné
-Transcriptions phonétiques et transcriptions
orthographiques. Ex : j’vous sers un p’tit thé ?
Les aménagements graphiques
-Vocation à représenter une prononciation
divergeant de ce que laisse entendre la graphie
selon plusieurs niveaux d’intervention croissante :
- Suppression des hésitations, ellipses et répétitions
(toilettage du texte) = pratique de non-linguistes
- Représentation de particularités de prononciation
(mimesis d’oralité) = pratique de sociolinguistes tels
que Françoise Gadet
- Correction de « fautes de syntaxe » =
interventionnisme radical qui peut porter atteinte au
sens
- Révision du lexique ou du style
Les aménagements graphiques
-Aménagements fréquents : e muet noté par une
apostrophe, omissions de voyelles (/i/ pour il,
pa’c’qu’ pour parce que ou négation élidée)
-Ce qu’il faut en conclure :
- Seule une graphie sans aménagement et réécriture
limite le risque de stigmatiser un énoncé
- Les transgressions à la norme graphique peuvent être
reçues comme une marque socioculturelle, plus que
d’oralité
- Conciliation entre lisibilité et fidélité = impossible dans
une transcription ; le plus délicat = restituer les paroles
d’enquêtés de faible capital culturel
6. Distinction oral/écrit
- Le pouvoir prêté à l’écrit minorise le statut de l’oral
- L’écrit : lieu essentiel où a porté la standardisation, plus
homogène que l’oral
- L’oral : le foisonnement variationnel peut difficilement être jugulé
- Opposition convenue entre écrit normé et oral instable
- Différence de médium :
- L’oral met en jeu le corps entier (voix, offrant la ressource du
supra-segmental exprimée au moyen de sons issus d’une
bouche) et s’accompagne de gestes et de mimiques
- L’écrit exploite seulement la main et ses prolongements, en
posant une trace sur un support externe
- Distinction entre réception orale et lecture :
- La réception orale passe par l’auditif mais met aussi en jeu des
signaux visuels
- La lecture se ramène au seul usage des yeux
6. Distinction oral/écrit
-Oral et écrit ne suivent pas le même déroulement
matériel : effets formels et fonctionnels
-Déroulement linéaire de l’oral (axe temporel) ;
écrit soumis aux contraintes d’espace
-Impossibilité d’effacer à l’oral : se manifeste par
des bribes, hésitations, ponctuants, ruptures,
répétitions (marqueurs de structuration de la
conversation)
Ex : c’était un peu un com-comment comment vivre au
quotidien
6. Caractéristiques oral/écrit
(Jahandarie, 1999, p. 8)
ORAL ÉCRIT
prosodie ponctuation
évanescence permanence
contextualisation autonomie
implication détachement
redondance concision
naturel acquis
dirigé vers autrui dirigé vers soi
transparent dense
flou précis
6.1. Les modalités de jonction
- Modalités de liens grammaticaux qui vont différer : deux
types de jonctions entre énoncés
- Liens segmentaux explicites (hypotaxe : subordination et
coordination), trait partagé avec l’écrit et parataxe (absence
de lien). L’intonation joue un rôle syntaxique d’intégration
(1)Il rentre < / il s’assoit devant la télé >
(2)Paris < / y a pas à se plaindre >
(3)Je finissais les entraînements j’en pouvais plus
(4)Tu arrivais pas tout de suite < / je m’en allais >
(5)Le début donnait une idée de sa grandeur / maintenant nous avons une idée
de son humanité
(6)Quand tu as déjà réuni tout ça ben là tu es prête à faire ta recette
(7)Pensant que le roi n’aurait pas été d’accord avec ce mariage elle a décidé de se
marier en secret
6.2. Le savoir élocutionnel
-« Savoir élocutionnel » > Coseriu : connaissances
dont dispose un usager et attentes générales sur le
fonctionnement des langues qu’il peut reconduire
en passant d’une langue à l’autre, ou en
découvrant un nouveau médium
-Savoir supposé universel qui repose sur des
stratégies communicatives très générales et sur la
capacité de les analyser : référentialisation,
prédication, contextualisation, orientation spatio-
temporelle, qui répondent à des facteurs cognitifs
de base
6.3. L’engagement
- Le fait qu’écrire est une activité solitaire et parler une
activité interactive entraîne une différence
d’investissement de l’énonciateur :
- Pôle informatif : engagement minimal, détachement,
volonté de neutralité
- Investi : engagement inscrit dans le discours
- L’oral fonctionne davantage à l’implicite, sur des
présupposés partagés, sous-entendus, inférences
conversationnelles, ce qui le situe vers le pôle de
l’engagement, face à l’écrit qui tend à décontextualiser,
imposant des procédés d’explicitation
Les paramètres de la communication
(Koch et Œsterreicher, 2001, p. 586)
Proximité) Distance)
Communication*privée* Communication*
publique*
Interlocuteur*intime* Interlocuteur*inconnu*
Émotionnalité*forte* Émotionnalité*faible*
Ancrage*actionnel*et*
situationnel*
Détachement*actionnel*
et*situationnel*
Ancrage*référentiel*
dans*la*situation*
Détachement*
référentiel*dans*la*
situation*
Co<présence*spatio<
temporelle*
Séparation*spatio<
temporelle*
Coopération*
communicative*intense*
Coopération*
communicative*
minime*
Dialogue* Monologue*
Communication*
spontanée*
Communication*
préparée*
Liberté*thématique* Fixation*thématique*
*
7. Les conceptions contextualistes
•Tout discours (oral ou écrit) comporte un
contexte : tributaire de ses conditions de
production
•Importance des marques de contextualisation
(intonation ironique, rires, ralentissements,
accumulations de bribes…)
•À l’oral, rôle important des pauses,
chevauchements, hésitations, allongements,
etc. Implication pour la construction du sens
Conclusion
• Le français a tendance à survaloriser l’écrit
(cultures de littératie) : ce qui impose
d’étudier comment les caractéristiques
identifiées dans l’oral et dans l’écrit sont
surdéterminées par les contextes où les
locuteurs en font usage
• L’analyse de l’oral laisse entrevoir des enjeux
de cognition sous-évalués en sociolinguistique
Bibliographie
• Cameron D. (1998), “ Problems of empowerment in linguistic
research ”, Cahiers de l'ILSL n° 10, p. 23-38.
• Coseriu Eugenio, 1969, Einführung in die strukturelle Linguistik,
Tübingen, Niemeyer.
• Gadet F. (2007), La variation sociale en français, Coll. L’essentiel,
Paris, Ophrys.
• Jahandarie K. (1999), Spoken and Written Discourse : a
Multidisciplinary Perspective, Stamford, Connecticut, Ablex Publ.
Corp.
• Koch P. & Oesterreicher W. (2001), « Langage parlé et langage é
crit », Lexikon der Romanistischen Linguistik, vol.1, Tübingen,
Niemeyer, p. 584-627.
• Labov W. (1972), Sociolinguistic Patterns, tr. fr. Sociolinguistique ,
1977, Paris, Editions de Minuit.
• Lepoutre D. (1997), Cœur de banlieue, Paris, Odile Jacob.

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  • 1. Récolter les données du terrain Entre l’oral et l’écrit
  • 2. Introduction • Nouvelles potentialités à l’heure actuelle pour étudier la variation : – Usage d’outils techniques : matériel d’enregistrement, traitement documentaire de données – Développement des enquêtes et usage de corpus (français parlé) • Répond à une demande sociale : échec scolaire et appropriation de la norme, développement du FLE
  • 3. 1. Les grands corpus de français parlé •Premiers corpus à objectif général : • Corpus du Français Fondamental dans les années 50, • Corpus d’Orléans, commandité par des professeurs de FLE, • Corpus d’Aix-en Provence, tourné vers la variété des genres et une préoccupation de morphologie et de syntaxe (deux millions de mots pour ce corpus : plus gros corpus hexagonal oral) • Corpus PFC (Phonologie du français contemporain) • Corpus québécois (Montréal) à objectifs sociolinguistiques : mouvement de promotion du français au Québec
  • 4. 2. Observer puis transcrire l’oral • Pour des données de qualité : 1.Constitution d’enquêtes ou d’observations et de situations réelles 2.Préparation pour l’analyse à travers une transcription • Le plus délicat à recueillir : les énoncés vernaculaires • La position classique d’observation : méthodes de disciplines de terrain issues des sciences sociales et de la dialectologie • Paradoxe de l’observateur (socioling des 60’s) : «le but de la recherche linguistique au sein de la communauté est de découvrir comment les gens parlent quand on ne les observe pas systématiquement ; mais la seule façon d’y parvenir est de les observer systématiquement » (Labov 1977, p. 290)
  • 5. 3. Les méthodes ethnographiques d’observation • Méthodes d’investigation très variables qui varient en fonction de l’objectif • Objectifs possibles : analyse d’une langue, niveaux linguistiques ou sociolinguistiques, mélanges de langues, répartition dialectale des parlers sur un territoire, communication entre les membres d’un groupes
  • 6. 3.1. Analyse strictement linguistique de la langue • On procède à l’enregistrement de la langue avec un informateur « représentatif » (natif) de la langue étudiée. • On sélectionne des formes (énoncés, lexèmes, textes, traductions, etc.). • Le but est ici de décrire afin de mener une analyse linguistique (facteurs intralinguistiques).
  • 7. 3.2. Analyse des usages/pratiques langagières • Objectif est la description des usages/pratiques langagières. • Hypothèses explicatives sur les phénomènes de variation qui se fondent sur la confrontation avec les facteurs extralinguistiques : âge, sexe, situation professionnelle, lieu de résidence, niveau d’étude, etc.
  • 8. A) L’observation directe : un souci d’objectivité • Enquête par enregistrement à micro caché des événements linguistiques au moment où ils se produisent. • Méthode qui vise à obtenir des pratiques spontanées et évite que les locuteurs se surveillent lors de leur prise de parole.
  • 9. A) L’observation directe : un souci d’objectivité • Présence de l’observateur = élément perturbateur. • Méthode avantageuse pour l’étude des styles en situation non surveillée (informelle) • La question de la déontologie reste toutefois posée lors d’enregistrements à caractère privé (consultation médicale par exemple).
  • 10. B) L’observation indirecte : respect de la déontologie • Méthode : enregistrer les pratiques langagières mais en avertissant les locuteurs, en leur demandant leur autorisation. • Spontanéité = moins forte, mais les locuteurs oublient souvent la présence du magnétophone au bout d’un moment • Traitement quantitatif ou qualitatif
  • 11. C) L’observation participante : microsociolinguistique • Participation pendant une longue période à la vie quotidienne + aux interactions • But : étudier la communication et en comprendre les rouages • Engagement personnel de la part de l’enquêteur et volonté de se faire accepter par la communauté. • Posture qui permet de se procurer des données de grande qualité et un accès sans équivalent aux pratiques routinières ou non officielles
  • 12. C) L’observation participante : microsociolinguistique • Traitement essentiellement qualitatif et donc pas nécessairement représentatif de tous les groupes de même type. • Coût de cette technique = élevé en temps et en investissement personnel et peut poser des problèmes éthiques • Données enregistrées ou prises en notes • Modalités de formulation de descriptions, de comportements ou de propos à définir
  • 13. C) L’observation participante : microsociolinguistique • Exemple : étude de l’ethnologue David Lepoutre (1997) au sein d’une cité de Seine Saint-Denis (où habitaient ses élèves du collège) • Objectif : ethnographie de groupes de jeunes consacrée à leurs pratiques linguistiques et langagières • Place naturelle car il habite dans la cité, partage même des activités avec eux : point de vue endogène
  • 14. D) Le sondage : l’enquête quantitative • Modèle venant de la sociologie. • Questionnaire écrit à faire remplir (par écrit ou oral) à un grand nombre de personnes afin d’obtenir des résultats quantitatifs qui peuvent ensuite être traités statistiquement (par ordinateur).
  • 15. E) Les entretiens : dirigés, semi- dirigés, libres • L’entretien dirigé ou « directif » consiste à interroger les personnes à l’aide d’un questionnaire fermé où les réponses attendues ne peuvent se prêter à un grand développement. • Les questions qui doivent être exemptes de toute précatégorisation nécessitent une fine élaboration. Le traitement est ici quantitatif.
  • 16. E) Les entretiens : dirigés, semi- dirigés, libres (suite) • L’entretien semi-dirigé ou semi-directif (appelé observation indirecte par les sociologues) est plus souple puisque les questions peuvent donner libre cours à de larges développements. • L’ordre des questions et leur formulation peuvent varier.
  • 17. E) Les entretiens : dirigés, semi- dirigés, libres (suite) • L’entretien libre quant à lui est, comme son nom l’indique, nullement directif. • Il s’agit de laisser parler la personne après avoir lancé un thème, une idée, une question et de se laisser porter par la discussion. • Le rôle de l’enquêteur : être très vigilant aux paroles de l’autre afin de relancer ou d’orienter le cours de la discussion dans le sens qu’il considèrera comme nécessaire, éviter les marques de subjectivité trop fortes (préjugés, jugement des paroles, valorisation/dévalorisation de la personne, etc.).
  • 18. E) Les entretiens : dirigés, semi- dirigés, libres (suite) • Les récits de vie, avec focalisation sur le parcours linguistique du locuteur, sont de bons exemples d’entretiens libres. • Le traitement sera là obligatoirement qualitatif. • Quel que soit le type d’entretien, c’est ici que le rôle de l’enquêteur est le plus « périlleux » puisque sa présence entraîne inévitablement des modifications dans le comportement et le discours de l’enquêté.
  • 19. 4. La posture de l’observateur • Se garder du « forçage social » • Bien distinguer la pratique de l’oral et de l’écrit • L’expert ne doit pas « commander » le terrain • selon Cameron (1998) trois postures possibles 1. l’éthique 2. la défense 3. la responsabilisation - L’éthique va exclure les pratiques trompeuses (micro caché, caméra invisible, piégeage) mais ne laisse à l’observé qu’un rôle passif
  • 20. 4. La posture de l’observateur - La défense consiste à s’opposer à des propos erronés concernant la communauté, et à lui prêter son expertise (position de pouvoir que lui confère le statut d’expert) - Dans la posture de responsabilisation, l’interaction chercheur-observé devient une collaboration négociée entre participants et les observés ont un rôle à jouer dans la définition des objectifs d’enquête
  • 21. 4. La posture de l’observateur • Influence du rôle de l’enquêteur : effort d'objectivité et de neutralité (dans son comportement, ses attitudes, ces questions, ses propos etc.). • Respect de la personne interrogée : elle doit rester maître de son temps, de son espace, de sa langue. • Langue : celle de l’enquêté • Enquêté qui peut chercher à « satisfaire » ou « séduire » ou qui se sent « ridiculisé » selon les représentations de l'interviewé. • La variabilité des réponses ne remet pas en cause l'authenticité des propos : ils sont authentiques dans la situation d'une interaction au cours de laquelle ils ont été produits : situation sociolinguistique parmi d'autres.
  • 22. Quelques précisions éthiques et juridiques • Convention comportant : – une explication de la recherche dans laquelle s’insère l’enregistrement (nature, sens, initiateurs) – une explication de l’analyse de l’enregistrement (les outils, les passages, les raisons) – une explication des conditions d’anonymisation (bande vidéo, audio, transcription) – une description de la publication de l’enregistrement (à qui il sera diffusé) – la signature du participant (datée).
  • 23. 5. De l’entendu au lisible -Les données orales doivent être préparées pour l’analyse, par la transcription qui en fait un objet de travail visualisable donc écrit -L’idée qu’un mode de transcription unique satisfasse tout objectif descriptif est erroné -Transcriptions phonétiques et transcriptions orthographiques. Ex : j’vous sers un p’tit thé ?
  • 24. Les aménagements graphiques -Vocation à représenter une prononciation divergeant de ce que laisse entendre la graphie selon plusieurs niveaux d’intervention croissante : - Suppression des hésitations, ellipses et répétitions (toilettage du texte) = pratique de non-linguistes - Représentation de particularités de prononciation (mimesis d’oralité) = pratique de sociolinguistes tels que Françoise Gadet - Correction de « fautes de syntaxe » = interventionnisme radical qui peut porter atteinte au sens - Révision du lexique ou du style
  • 25. Les aménagements graphiques -Aménagements fréquents : e muet noté par une apostrophe, omissions de voyelles (/i/ pour il, pa’c’qu’ pour parce que ou négation élidée) -Ce qu’il faut en conclure : - Seule une graphie sans aménagement et réécriture limite le risque de stigmatiser un énoncé - Les transgressions à la norme graphique peuvent être reçues comme une marque socioculturelle, plus que d’oralité - Conciliation entre lisibilité et fidélité = impossible dans une transcription ; le plus délicat = restituer les paroles d’enquêtés de faible capital culturel
  • 26. 6. Distinction oral/écrit - Le pouvoir prêté à l’écrit minorise le statut de l’oral - L’écrit : lieu essentiel où a porté la standardisation, plus homogène que l’oral - L’oral : le foisonnement variationnel peut difficilement être jugulé - Opposition convenue entre écrit normé et oral instable - Différence de médium : - L’oral met en jeu le corps entier (voix, offrant la ressource du supra-segmental exprimée au moyen de sons issus d’une bouche) et s’accompagne de gestes et de mimiques - L’écrit exploite seulement la main et ses prolongements, en posant une trace sur un support externe - Distinction entre réception orale et lecture : - La réception orale passe par l’auditif mais met aussi en jeu des signaux visuels - La lecture se ramène au seul usage des yeux
  • 27. 6. Distinction oral/écrit -Oral et écrit ne suivent pas le même déroulement matériel : effets formels et fonctionnels -Déroulement linéaire de l’oral (axe temporel) ; écrit soumis aux contraintes d’espace -Impossibilité d’effacer à l’oral : se manifeste par des bribes, hésitations, ponctuants, ruptures, répétitions (marqueurs de structuration de la conversation) Ex : c’était un peu un com-comment comment vivre au quotidien
  • 28. 6. Caractéristiques oral/écrit (Jahandarie, 1999, p. 8) ORAL ÉCRIT prosodie ponctuation évanescence permanence contextualisation autonomie implication détachement redondance concision naturel acquis dirigé vers autrui dirigé vers soi transparent dense flou précis
  • 29. 6.1. Les modalités de jonction - Modalités de liens grammaticaux qui vont différer : deux types de jonctions entre énoncés - Liens segmentaux explicites (hypotaxe : subordination et coordination), trait partagé avec l’écrit et parataxe (absence de lien). L’intonation joue un rôle syntaxique d’intégration (1)Il rentre < / il s’assoit devant la télé > (2)Paris < / y a pas à se plaindre > (3)Je finissais les entraînements j’en pouvais plus (4)Tu arrivais pas tout de suite < / je m’en allais > (5)Le début donnait une idée de sa grandeur / maintenant nous avons une idée de son humanité (6)Quand tu as déjà réuni tout ça ben là tu es prête à faire ta recette (7)Pensant que le roi n’aurait pas été d’accord avec ce mariage elle a décidé de se marier en secret
  • 30. 6.2. Le savoir élocutionnel -« Savoir élocutionnel » > Coseriu : connaissances dont dispose un usager et attentes générales sur le fonctionnement des langues qu’il peut reconduire en passant d’une langue à l’autre, ou en découvrant un nouveau médium -Savoir supposé universel qui repose sur des stratégies communicatives très générales et sur la capacité de les analyser : référentialisation, prédication, contextualisation, orientation spatio- temporelle, qui répondent à des facteurs cognitifs de base
  • 31. 6.3. L’engagement - Le fait qu’écrire est une activité solitaire et parler une activité interactive entraîne une différence d’investissement de l’énonciateur : - Pôle informatif : engagement minimal, détachement, volonté de neutralité - Investi : engagement inscrit dans le discours - L’oral fonctionne davantage à l’implicite, sur des présupposés partagés, sous-entendus, inférences conversationnelles, ce qui le situe vers le pôle de l’engagement, face à l’écrit qui tend à décontextualiser, imposant des procédés d’explicitation
  • 32. Les paramètres de la communication (Koch et Œsterreicher, 2001, p. 586) Proximité) Distance) Communication*privée* Communication* publique* Interlocuteur*intime* Interlocuteur*inconnu* Émotionnalité*forte* Émotionnalité*faible* Ancrage*actionnel*et* situationnel* Détachement*actionnel* et*situationnel* Ancrage*référentiel* dans*la*situation* Détachement* référentiel*dans*la* situation* Co<présence*spatio< temporelle* Séparation*spatio< temporelle* Coopération* communicative*intense* Coopération* communicative* minime* Dialogue* Monologue* Communication* spontanée* Communication* préparée* Liberté*thématique* Fixation*thématique* *
  • 33. 7. Les conceptions contextualistes •Tout discours (oral ou écrit) comporte un contexte : tributaire de ses conditions de production •Importance des marques de contextualisation (intonation ironique, rires, ralentissements, accumulations de bribes…) •À l’oral, rôle important des pauses, chevauchements, hésitations, allongements, etc. Implication pour la construction du sens
  • 34. Conclusion • Le français a tendance à survaloriser l’écrit (cultures de littératie) : ce qui impose d’étudier comment les caractéristiques identifiées dans l’oral et dans l’écrit sont surdéterminées par les contextes où les locuteurs en font usage • L’analyse de l’oral laisse entrevoir des enjeux de cognition sous-évalués en sociolinguistique
  • 35. Bibliographie • Cameron D. (1998), “ Problems of empowerment in linguistic research ”, Cahiers de l'ILSL n° 10, p. 23-38. • Coseriu Eugenio, 1969, Einführung in die strukturelle Linguistik, Tübingen, Niemeyer. • Gadet F. (2007), La variation sociale en français, Coll. L’essentiel, Paris, Ophrys. • Jahandarie K. (1999), Spoken and Written Discourse : a Multidisciplinary Perspective, Stamford, Connecticut, Ablex Publ. Corp. • Koch P. & Oesterreicher W. (2001), « Langage parlé et langage é crit », Lexikon der Romanistischen Linguistik, vol.1, Tübingen, Niemeyer, p. 584-627. • Labov W. (1972), Sociolinguistic Patterns, tr. fr. Sociolinguistique , 1977, Paris, Editions de Minuit. • Lepoutre D. (1997), Cœur de banlieue, Paris, Odile Jacob.