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FORMATION INA EXPERT 2014 : 1. Préparer un entretien, l’enregistrer, l’archiver et le valoriser
1. De la collecte à la valorisation
Préparer un
entretien,
l’enregistrer,
l’archiver et le
valoriser
Véronique Ginouvès
Phonothèque
http://phonotheque.hypotheses.org
2. La phonothèque de la
MMSH
7500 heures de son
6000 heures numérisées
1500 heures en ligne
Accessibles sur la base de
données Ganoub :
http://phonotheque.mmsh.univ-aix.fr
Valorisées sur le carnet de
recherche :
http://phonotheque.hypotheses.org
3. Effet
incitatif
des
dépôts
La
phonothèque
de
la
MMSH
a
mis
en
place
une
poli6que
d’accueil
des
archives
associée
à
une
réflexion
méthodologique
et
a
créé
un
disposi6f
complet
pour
leur
traitement,
de
la
collecte
à
la
valorisa.on.
4. Pourquoi
enregistrer
?
- Les sociétés ne sont pas fondées uniquement sur l’écrit, la
transmission peut passer par l’oralité : savoir faire, conte, chanson,
musique, langues…
- Les archives papier ne sont pas suffisante pour comprendre
l’histoire : les détails de la vie quotidienne, les anecdotes, les
“secrets”... permettent de mieux comprendre les contextes
- L’histoire est faite aussi bien par des personnes anonymes (les
“oubliés de l’histoire”) que par des personnes “hauts placées”, chacun
apporte par l’oralité des compléments indispensables à la
connaissance
- La reconstitution du passé se fait aussi à travers la représentation
qu’en ont eue les témoins ou à travers leurs émotions
- La parole donne de la vie à un évènement, une histoire, des
archives…
5. L’enregistrement sonore du terrain conservés
dans un centre d’archives : quelles fonctions ?
- Produire du document comme l’écrit, l’audiovisuel ou l’iconographie
- Recueillir rapidement et de façon efficace une information
évite la prise de notes, source d’erreurs
- Fixer des données qui ne peuvent être recueillies que
sous forme orale pratiques linguistiques, vécu, affectif, représentations du
symboliques ou de l’imaginaire, sujets sensibles sur lesquels il n’existe pas
d’archives imprimées, pièces musicales qui n’ont jamais fait l’effet de transcriptions
- Donner la parole aux anonymes
- Compléter des sources imprimées et photographiques
6. Notre
programme
- Méthodologie de la collecte
- Enregistrement d’entretiens
- Ecoute et archivage
- Valorisation des entretiens
7. Une méthode pour préparer
un collectage de paroles
− Définir une problématique
− S'informer sur son sujet
− Choisir des « informateurs » privilégiés
− Répondre à la problématique par des
hypothèses
− Rédiger une grille d'enquête
− Définir les personnes physiques et/ou
morales responsables des archives collectées
et les interactions des partenaires du projet
− Préparer un contrat d’utilisation et de
diffusion des archives
8. Au cours de cette préparation, ces étapes en
relation vont se modifier les unes les autres…
Selon ses finalités, ses moyens mobilisables
(humains et financiers) et ses partenaires, un
projet peut être plus ou moins complexe à mettre
en place.
La rédaction d’un cahier des charges s’avère
toujours nécessaire, nous le construirons au fil de
la semaine.
9. Préparer son enquête
S'engager dans une enquête s'est se placer
du côté de la production des données. Nous
allons préparer le terrain de façon active.
10. Choisir notre sujet
Il convient d'être guidé par une question de
départ puis passer du thème à la question d'enquête
=> en reformulant la question à partir de lectures et
d’expériences
=> en délimitant les « populations concernées »
> la question doit faire échos à votre propre
expérience, à votre parcours, pour devenir un
véritable sujet d'entretien.
Chemin faisant ce thème sera notre objet
d'enquête.
11. Une question toujours en évolution
Au fil des enquêtes le thème les questions
peuvent évoluer mais il convient régulièrement
de préciser toujours la question : l'enquête va
cheminer, peut passer par des périodes de
progression ou de blocage.
Le terrain dicte sa loi à l'enquêteur.
12. Propre histoire familiale
Expérience personnelle
Connaissances de culture étrangère
Pratique des voyages
Rapports familiaux
Particularités de l’enquêteur
La place et le rôle du collecteur de témoignages oraux, Florence Descamps
http://afas.revues.org/1514
Connaissance du terrain
13. Pour enquêter, il faut mettre en
avant l'atout de l'étrangeté
= Inverser son regard
> Le ressort le plus sûr de l'enquête
ethnographique est de se décentrer pour voir
autrement le monde social pour découvrir sous
des faits apparemment banals, naturels,
évidents, des relations sociales, une histoire
14. Préparer son enquête
1. Connaître le domaine de recherche
=> recherches documentaires
- s'inscrire dans une science cumulative
- poser de nouvelles questions
- sortez de vos préjugés
- faites des fiches thématiques
- éviter des thèmes trop larges ou trop
originaux
15. Préparer son enquête
2. Se familiariser avec le terrain
- apprentissage du langage de «votre »
population : langage de métier, langage social,
langage culturel...
- arriver à déceler l'implicite de la vie sociale
dans le milieu enquêté,
- ne pas contruire trop vite de théories qui
pourraient vous faire faire des interprétations
hâtives.
16. Préparer son enquête
3. S’informer :
- soyez capables en permanence de parler
aux témoins de choses qui les intéressent,
- efforcez-vous de recueillir un maximum
d'information sur votre thème de recherche ;
soyez aux aguets !
17. Partir enquêter...
Emporter avec soi un cahier de papier, pas
trop épais mais pas trop fin, transportable pour
tenir son journal de terrain.
Ouverture de documents partagés en ligne
pour savoir ce que fait l’équipe.
18. Le carnet de terrain
Journal de bord du suivi de l'enquête.
Les qualités : précision, sens du détail, honnêteté
scrupuleuse du laboratoire... Où, quand, comment,
quand, avec qui...
Certaines pages deviendront le journal de
recherche : analyses, évolution du sujet,
hypothèses, doutes bonheurs...
Essayez le vis à vis (à gauche l'informatif, à droit
les analyses).
19. Faut-il filmer les entretiens ?
-‐
Décalage entre ce que le
témoin montre de lui et ce
qu'il raconte,
- Distanciation critique plus
difficile,
- Enregistrement « total »
de la vie sociale,
- Coût importants,
- Complexification des
droits de diffusion.
- Décalage entre ce que le
témoin montre de lui et
ce qu'il raconte,
- Enregistrement « total »
de la vie sociale,
- Le témoin « montre »,
- Meilleure critique de la
source,
- Facilité de la valorisation.
20. Le magnétophone
Enregistreur numérique permettant la prise de
son au format WAVE = minimum 44.1Hzt, 16
bits.
Un micro directionnel ou pas (inutile parfois si
un micro de bonne qualité est intégré à
l'enregistreur).
De la mémoire sur un support qui sera
comptatible avec votre matériel.
21. Préparer un entretien
pour son archivage :mettre de son côté
les aspects matériels
Importance du
- lieu de l'entretien,
- de sa durée,
- l'image de l'enquêteur,
- du matériel d’enregistrement et de
conservation, puisqu’on se situe dans une
logique de pérennité des documents.
22. Conséquences du choix du lieu
sur la prise de son
- Chaque lieu peut produire des interférences
dans l’esprit du témoin quant à sa conception de
l’exercice des archives orales : registre journalistique,
patrimonial, mondain, pédagogique, confidentiel,
professionnel...
- Halte au bruit ! (téléphone, conversations
extérieures, animaux de compagnie, fenêtres
ouvertes...).
- Installation technique à envisager (prises
électrique, prise de notes...
23. La présentation de soi
Devenir « enquêteur » c'est un nouveau
rôle social à tenir... Ne vous déguisez pas
et restez vous-mêmes :
- Neutralité de son allure,
- Respect des règles usuelles de
politesse et en particulier la ponctualité,
- Sauf exception, le vouvoiement est de
rigueur.
24. Le temps d'un entretien
L'idéal : une à deux heures,... attention à la
gabégie numérique ;-)
À un moment de la journée qui puisse où le témoin
est le plus vif et le plus disponible par rapport à
son organisation personnelle ou professionnelle.
Suivant une fréquence (en cas de récit de vie) de
une à deux séances par semaine.
25. La prise de son
- Qualité du magnétophone et du micro,
- Qualité de la prise de son (orientation du micro, maîtrise
du fonctionnement de l’appareil, vérification des niveaux),
- Qualité du format d'enregistrement,
- Carte son de bonne capacité
- Vigilance sur les sons perturbants pendant l'entretien,
- Vigilance sur la charge du magnétophone (pile ou
transformateur)
- Transfert systématique du fichier numérique et
vérification de son intégrité à la fin de chaque entretien.
26. Se présenter au début de l'entretien
Des usages du mot « enquête »
Un terme qui n'est pas neutre et se prête à des
associations d'idées qui peut être péjoratif :
étude, travail, recherche sont des mots plus
positifs mais surtout prenez le temps
d'expliquer votre travail en particulier s'il s'agit
d'une enquête patrimoniale pour laquelle vous
allez faire signer des contrats de diffusion et
d'utilisation.
27. Demandez toujours
l'autorisation d'enregistrer
En demandant à votre interlocuteur de
l'enregistrer, vous changer le statut de sa
parole : vous transformez une parole privée
(entre vous et le témoin), en une parole
publique, potentiellement audible par autrui,
donc exploitable, citable.
28. Règles de déontologie
- Ne jamais enregistrer à l'insu de la personne,
- Expliquer le contexte et l'objectif de l'enquête au
témoin,
- Interrompre l'enregistrement si elle le demande,
- Demander l'autorisation pour prendre des
photographies
- Ne jamais divulguer les propos du témoin dans son
milieu d'interconnaissance,
- Faire signer des contrats d'autorisation et de
diffusion pour les enregistrements comme pour les
images.
29. La bande annonce de l'entretien
La bande-annonce identifie le fichier et évite toute erreur
d’attribution, elle indique :
— le nom du témoin,
— le nom de l'enquêteur (éventuellement ses qualités),
— la date de l’entretien et l’heure (éventuellement son n°)
— le lieu de l’entretien (domicile, bureau, institution...),
— Eventuellement, l’objet de l’entretien et son cadre (entretien
biographique, programme de recherche, thématique, enquête
patrimoniale pour un dépôt dans une archive...).
30. Conduire un entretien
1. Faut-il utiliser un « guide d'entretien » ?
2. Collecter des données objectives
3. Savoir conduire l'échange :
- Les stratégies d'écoute
- Les stratégies d'intervention
31. Faut-il utiliser un « guide
d'entretien » ?
Avantages :
- il rassure l'enquêté comme les enquêteurs,
- vous rassemblez les informations pour
recueillir du matériel conforme à votre
problématique,
- vous pouvez plus facilement effectuer des
comparaisons entre les différents entretiens
- il légitime la conception quantitative des
entretiens.
32. Faut-il utiliser un « guide
d'entretien » ?
Inconvénients :
- Vous vous croyez obligé(e)s de suivre et de
respecter un ordre de questions,
- Vous n'êtes pas assez attentifs aux propos
de l'enquêté ;
- Vous renforcez chez le témoin l'idée qu'il doit
répondre à un questionnaire,
- Le guide peut vous enfermer dans votre
sujet, ne vous y crispez pas.
33. Mise en pratique
En groupe, construire un « guide
d'entretien », sur un thème à définir
ensemble : votre problématique.
Repérer dans votre environnement proche,
un témoin, lui présenter votre projet et
l’enregistrer un témoin, pendant 10 minutes
sur le thème préalablement défini.
Faire signer au témoin un contrat d’utilisation
et de diffusion de cet enregistrement
34. Les outils pour planifier une
campagne de collectage
Parmi les multiples outils d'organisation citons :
La méthode QQOQCCP
Qui fait Quoi, Où, Quand, Comment, Combien et
Pourquoi ?
Les cartes heuristiques ou carte mentale (Mind
Mapping) pour suivre le cheminement associatif de
la pensée.
Exemples de logiciels libre de Mind Mapping en
français Freemind ou Xmind
35. Créer la grille d’entretien à
partir d’une carte heuristique
=> Représentation visuelle du cheminement associatif de la pensée
36. Créer une grille d’enquête :
à partir d’une carte mentale :
Le patrimoine immatériel :
définitions, trasmissions, relations,
réalités, imaginaires
37. N'oubliez pas de collecter des
données objectives
Bien entendu le « vécu » des enquêtés est
important mais pour que ces archives
“prennent du sens”, il faut aussi obtenir des
informations objectives qui seront trop difficiles
ensuite à retrouver : âge de la personne,
parcours professionnel, langues parlées,
origine sociale...
> quête d'indices au cours de l'entretien, ces
données ne peuvent être collectées à brûle
pourpoint.
38. Savoir conduire l'échange
- Ecoutez des entretiens en ligne
- Centrez l'entretien de départ sur un point particulier :
le témoin doit savoir où vous allez,
- Gérer le temps de l'entretien, savoir trouver le temps
de recevoir les confidences,
- Eviter de donner une interprétation tout en posant
une question ou poser des questions factuelles
embarassante, ou des questions d'opinions,
- Ne coupez pas votre témoin : ce n'est pas vous qui
êtes intéressant, c'est lui.
39. Les stratégies d'écoute
La clé de la méthodologie de l'entretien repose
sur la technique d'écoute.
Dans ce cadre l'écoute est productrice de
significations, mettant en œuvre des
opérations de sélection, d'inférence, de
comparaisons par rapport aux objectifs de
l'entretien.
La décision d'intervention doit être prise en toute
connaissant des différents types d'intervention.
40. L’enquête de terrain en
sociologie par Howard Becker :
Ne demandez jamais
« Pourquoi ? »
http://www.canal-u.tv/producteurs/
canal_socio_universite_paul_verlaine_metz/
dossier_programmes/trois_lecons_de_sociologie/
trois_lecons_de_sociologie_1_sur_le_travail_de_terrain
Canal socio
42. Les stratégies d'intervention :
la consigne
Tout entretien commence par une consigne
inaugurale : elle doit être claire, le champ des
réponses suffisamment large pour que chacun
puisse inscrire son discours.
« J'aimerais que vous me parliez de... ce que ça
représente pour vous » (obtenir une opinion),
« J'aimerais que vous me parliez de... comment ça
se passe » (obtenir une narration),
=> chaque consigne introduit une nouvelle
thématique, structure l'entretien.
43. Les stratégies d'intervention :
la relance
La relance est un acte réactif qui s'inscrit dans le
déroulement des énoncés de l'informateur.
- réitération en écho : simple reprise de la dernière
information du locuteur,
- réitération en reflet, avec un préfixe modal : « vous
pensez que... ? »,
- relance interprétative : « vous craignez que... »
(attention aux usages des deux dernières, elle peuvent mettre
en cause l'assurance du témoin)
… il y en a d'autres...
44. Les stratégies d'intervention :
la contradiction
> L'intervention par contradiction contraint le
témoin à soutenir l'argumentation de son
discours.
Inconvénients : l'enquêteur n'est plus neutre et
donne un avis
=> se rapproche du journalisme et s'éloigne de
l'enquête ethnologique.
45. Crédits
Photographie première page et petits personnages : Corinne Cassé, 2011.
Diapo 2 : Vue de la MMSH par Pierre Monteil, 2005.
Diapo 3 : Archives de Marceau Gast par Laure Principaud, 2011.
Diapos 35 et 36 Carte du cerveau par Roberta Faulhaber, artiste plasticienne
Méthodologie :
Descamps,
Florence,
François
Monnier,
et
Dominique
Schnapper.
2005.
L’historien,
l’archiviste
et
le
magnétophone :
de
la
cons8tu8on
de
la
source
orale
à
son
exploita8on.
Paris,
France:
Ministère
de
l’économie
des
finances
et
de
l’industrie,
Comité
pour
l’histoire
économique
et
financière
de
la
France.
(
hMp://igpde.revues.org/104).
Weber,
Florence,
et
Stéphane
Beaud.
2003.
Guide
de
l’enquête
de
terrain
-‐
Produire
et
analyser
des
données
ethnographiques.
Paris:
La
Découverte.