Comment sensibiliser les responsables politiques et le public aux cruautés envers les animaux et promouvoir le droit de tous les animaux d’être traité avec respect? Cette semaine on va savoir plus sur les causes de mal-etre d'animaux et les differentes formes de leurs maltraitance .De plus, on examinera la façon de reagir contre les brutalités et le mauvais traitement envers les animaux .Finalement, on va s'informer sur des associations françaises qui ont pour objectif la reconnaissance des droits des animaux.
Comment sensibiliser les responsables politiques et le public aux cruautés envers les animaux et promouvoir le droit de tous les animaux d’être traité avec respect? Cette semaine on va savoir plus sur les causes de mal-etre d'animaux et les differentes formes de leurs maltraitance .De plus, on examinera la façon de reagir contre les brutalités et le mauvais traitement envers les animaux .Finalement, on va s'informer sur des associations françaises qui ont pour objectif la reconnaissance des droits des animaux.
Une vague d’activisme et de projets novateurs axés sur les biens communs gagne du terrain dans le monde. Pour une démocratie alimentaire, la nourriture doit faire partie des biens communs. Cet présentation propose quinze mesures politiques, juridiques et financières pour valoriser et gérer l’alimentation comme un bien commun en Europe.
Notre corps nécessite de la nourriture, de l'eau et de l'air pour maintenir ses fonctions vitales. La nature économique de ces ressources est plutôt variée, la nourriture étant considérée comme un bien privé, l'eau étant soumise un processus de privatisation accélérée, et l'air étant (jusqu'à présent) considéré comme un bien commun mondial. La nature économique de la nourriture a évolué du statut d’une ressource commune et locale à un actif national et ensuite à une « commodity » transnational. Le processus de marchandisation est quasiment achevé aujourd'hui. La nourriture cultivée est entièrement privatisée et cette considération signifie que les êtres humains ne peuvent manger de la nourriture que tant qu'ils disposent de moyens pour l’acheter ou la produire. Certains de ces moyens sont également considérés comme des biens privés (terre, de produits agrochimiques), mais pas tous (semences, la pluie, les connaissances agricoles). En vertu du raisonnement dominant « pas d'argent - pas de nourriture », la faim prévaut encore dans un monde d'abondance. Afin de fournir une base solide pour la transition vers des systèmes alimentaires durables, cette présentation se propose de contester et de réviser la nature même de la nourriture comme un bien purement privé, en proposant une re-conceptualisation de la nourriture comme un bien commun. Cette re-conceptualisation semble nécessaire pour permettre la refonte du système alimentaire agro-industriel dominant qui voit la nourriture seulement comme une marchandise. Cette transition ambitieuse doit nous conduire à un système alimentaire plus durable, plus juste et axés sur les agriculteurs. La notion de bien commun est appliquée à l'alimentation pour déconstruire la conception de la nourriture comme un bien privé pur et la reconstruire à partir de la notion de bien commun impur. Muni d’une telle re-conceptualisation de la nourriture, il devient possible de défendre l’idée que sa production et sa distribution soit assurée de façon plus efficace par un système de gouvernance tri-centrique intégrant non seulement les règles du marché, mais aussi les réglementations publiques d’un état-partenaire et les actions collectives des citoyens (producteurs et consommateurs). Plusieurs éléments liés à l'alimentation sont déjà considérés comme des biens communs : les stocks de poissons, les fruits sauvages, les recettes de cuisine, certaines connaissances agricoles, les règles de sécurité alimentaire et les ressources génétiques non brevetées, ainsi que les implications de la nourriture (l'éradication de la faim, la santé publique et une bonne nutrition). Si la nourriture était considéré comme un bien commun, les implications pour la gouvernance du système alimentaire mondial seraient considérables, avec des exemples allant de placer les aliments en dehors des accords-cadres concernant les biens privés purs (comme l‘OMC), l'i
Un nouvel objet vient enrichir le champ d’investigation des sciences humaines : le « fait alimentaire ». Ce dictionnaire est le premier à exposer la diversité et la richesse des sens que cette expression recèle.
Penser l’alimentation c’est l’inscrire naturellement au cœur de dialectiques culturelles et sociales : celles du terroir et de la mondialisation, de l’authentique et de la standardisation des denrées, du symbolique et du réel, de l’animalité et de l’humanité.
Mais c’est encore placer le « fait alimentaire », voire le déplacer en « fait nutritionnel », au point d’oscillation balançant du don à la privation, de l’aide à l’arme alimentaire, de la malnutrition à l’engraissement, de la pensée sauvage à la rationalité industrielle, de la nutri-génétique à la nutri-génomique, de l’herbivore à la vache folle, de la gastronomie au fast-food, de l’élémentaire besoin au rituel religieux sophistiqué… bref, de l’incorporation à l’identité et donc de l’Autre au Même : manger, c’est dépendre d’une culture.
Plus de 230 études, rédigées par 162 spécialistes d’horizons linguistiques extrêmement divers et de compétences scientifiques complémentaires (anthropologie, sociologie, médecine, histoire des religions, psychologie, droit, économie, histoire, géographie, agronomie, politique internationale de santé…) composent le menu du Dictionnaire des cultures alimentaires.
Pour en savoir plus sur les « chercheurs d’humanité » (non-violence, alternatives économiques, écologie, changement sociétal, spiritualité) : www.irnc.org, rubrique « Diaporamas »
Penseurs et acteurs de l'écologie et de l'altercroissance nés entre 1936 et 1949
Conférence prononcée par Jean Pierre Poulain,
"Les modèles alimentaires. Ressource centrale de l’ethno-diversité" dans le cadre de
Slow Food Conference
"Ensuring food diversity and safety in Europe"
22 October 2010, Torino, Italia
Avenir alimentation-légume-rencontres-fondation-louis-bonduelle-mai-2011-doss...Fondation Louis Bonduelle
Pour mieux comprendre l'évolution de nos consommations alimentaires et les
problématiques qui en résultent, la Fondation Louis-Bonduelle a réuni un panel d’experts
nationaux à l’occasion de ses Rencontres annuelles, qui se sont déroulées le mardi 10 mai
2011, à l’Université Pierre et Marie Curie à Paris.
Une vague d’activisme et de projets novateurs axés sur les biens communs gagne du terrain dans le monde. Pour une démocratie alimentaire, la nourriture doit faire partie des biens communs. Cet présentation propose quinze mesures politiques, juridiques et financières pour valoriser et gérer l’alimentation comme un bien commun en Europe.
Notre corps nécessite de la nourriture, de l'eau et de l'air pour maintenir ses fonctions vitales. La nature économique de ces ressources est plutôt variée, la nourriture étant considérée comme un bien privé, l'eau étant soumise un processus de privatisation accélérée, et l'air étant (jusqu'à présent) considéré comme un bien commun mondial. La nature économique de la nourriture a évolué du statut d’une ressource commune et locale à un actif national et ensuite à une « commodity » transnational. Le processus de marchandisation est quasiment achevé aujourd'hui. La nourriture cultivée est entièrement privatisée et cette considération signifie que les êtres humains ne peuvent manger de la nourriture que tant qu'ils disposent de moyens pour l’acheter ou la produire. Certains de ces moyens sont également considérés comme des biens privés (terre, de produits agrochimiques), mais pas tous (semences, la pluie, les connaissances agricoles). En vertu du raisonnement dominant « pas d'argent - pas de nourriture », la faim prévaut encore dans un monde d'abondance. Afin de fournir une base solide pour la transition vers des systèmes alimentaires durables, cette présentation se propose de contester et de réviser la nature même de la nourriture comme un bien purement privé, en proposant une re-conceptualisation de la nourriture comme un bien commun. Cette re-conceptualisation semble nécessaire pour permettre la refonte du système alimentaire agro-industriel dominant qui voit la nourriture seulement comme une marchandise. Cette transition ambitieuse doit nous conduire à un système alimentaire plus durable, plus juste et axés sur les agriculteurs. La notion de bien commun est appliquée à l'alimentation pour déconstruire la conception de la nourriture comme un bien privé pur et la reconstruire à partir de la notion de bien commun impur. Muni d’une telle re-conceptualisation de la nourriture, il devient possible de défendre l’idée que sa production et sa distribution soit assurée de façon plus efficace par un système de gouvernance tri-centrique intégrant non seulement les règles du marché, mais aussi les réglementations publiques d’un état-partenaire et les actions collectives des citoyens (producteurs et consommateurs). Plusieurs éléments liés à l'alimentation sont déjà considérés comme des biens communs : les stocks de poissons, les fruits sauvages, les recettes de cuisine, certaines connaissances agricoles, les règles de sécurité alimentaire et les ressources génétiques non brevetées, ainsi que les implications de la nourriture (l'éradication de la faim, la santé publique et une bonne nutrition). Si la nourriture était considéré comme un bien commun, les implications pour la gouvernance du système alimentaire mondial seraient considérables, avec des exemples allant de placer les aliments en dehors des accords-cadres concernant les biens privés purs (comme l‘OMC), l'i
Un nouvel objet vient enrichir le champ d’investigation des sciences humaines : le « fait alimentaire ». Ce dictionnaire est le premier à exposer la diversité et la richesse des sens que cette expression recèle.
Penser l’alimentation c’est l’inscrire naturellement au cœur de dialectiques culturelles et sociales : celles du terroir et de la mondialisation, de l’authentique et de la standardisation des denrées, du symbolique et du réel, de l’animalité et de l’humanité.
Mais c’est encore placer le « fait alimentaire », voire le déplacer en « fait nutritionnel », au point d’oscillation balançant du don à la privation, de l’aide à l’arme alimentaire, de la malnutrition à l’engraissement, de la pensée sauvage à la rationalité industrielle, de la nutri-génétique à la nutri-génomique, de l’herbivore à la vache folle, de la gastronomie au fast-food, de l’élémentaire besoin au rituel religieux sophistiqué… bref, de l’incorporation à l’identité et donc de l’Autre au Même : manger, c’est dépendre d’une culture.
Plus de 230 études, rédigées par 162 spécialistes d’horizons linguistiques extrêmement divers et de compétences scientifiques complémentaires (anthropologie, sociologie, médecine, histoire des religions, psychologie, droit, économie, histoire, géographie, agronomie, politique internationale de santé…) composent le menu du Dictionnaire des cultures alimentaires.
Pour en savoir plus sur les « chercheurs d’humanité » (non-violence, alternatives économiques, écologie, changement sociétal, spiritualité) : www.irnc.org, rubrique « Diaporamas »
Penseurs et acteurs de l'écologie et de l'altercroissance nés entre 1936 et 1949
Conférence prononcée par Jean Pierre Poulain,
"Les modèles alimentaires. Ressource centrale de l’ethno-diversité" dans le cadre de
Slow Food Conference
"Ensuring food diversity and safety in Europe"
22 October 2010, Torino, Italia
Avenir alimentation-légume-rencontres-fondation-louis-bonduelle-mai-2011-doss...Fondation Louis Bonduelle
Pour mieux comprendre l'évolution de nos consommations alimentaires et les
problématiques qui en résultent, la Fondation Louis-Bonduelle a réuni un panel d’experts
nationaux à l’occasion de ses Rencontres annuelles, qui se sont déroulées le mardi 10 mai
2011, à l’Université Pierre et Marie Curie à Paris.
De la main à la patte : quelle nouvelle place pour les animaux au sein de la société ?
La prise en compte du bien-être animal, un tournant dans la société ?
LES NOUVEAUX IMAGINAIRES DE CONSOMMATION RESPONSABLES ET DESIRABLES #NOUSSOMM...nous sommes vivants
Nous Sommes Vivants développe une fresque des imaginaires qui permet d'imaginer collectivement d'autre façons d'être au monde et l'habiter.
La fresque des imaginaires s'inspire de 4 « visions de la relation homme-nature » et permet un temps de réflection sur son rapport à soi, aux autres et à la nature. Elle est thématique, par exemple : habiter sur terre en 2030 ou 2050.
Prochaines réunions d'information et de test en ligne. Ca se passe ICI
S'inscrire https://www.helloasso.com/associations/nous-sommes-vivants/evenements/sessions-de-decouverte
S'inscrire pour suivre / participer à d'autres dates https://07i0r2gsvu5.typeform.com/to/xg43zMNO
Voir la genèse du projet ICI
Cette nouvelle fresque est en phase de test ! #noussommesvivants #facteurhumain #imaginaires
Influence de l'Alimentation sur la Santé - Santé & Alimentationfondationapril
Fondation April - Santé : Démêler le Vrai du Faux. L'influence de l'alimentation sur notre santé - Santé & Alimentation. Les dessous de nos tables pour une alimentation saine et responsable. Une publication de la Fondation April, dans la collection "Santé : démêler le vrai du faux".
L'influence de l'alimentation sur notre santé - Santé & AlimentationFondation April
Fondation April - Santé : Démêler le Vrai du Faux. L'influence de l'alimentation sur notre santé - Santé & Alimentation. Les dessous de nos tables pour une alimentation saine et responsable. Une publication de la Fondation April, dans la collection "Santé : démêler le vrai du faux".
L'influence de l'Alimentation sur notre Santé - Fondation Aprilfondation-april
L'influence de l'alimentation sur notre santé - Santé & Alimentation. Les dessous de nos tables pour une alimentation saine et responsable. Une publication de la Fondation April, dans la collection "Santé : démêler le vrai du faux".
Alimentation et conflit intergénérationnel:Du classement au déclassement de «...inventionjournals
From a qualitative approach based on free interviews, the focus groups and direct observation, the results showed that for the elderly, the constitution and the defense of an "order of eatable" appears as a procedure sustainable wildlife management.This management model is less understood by the cadets. They are in a thought rationality as decision-making and creative '' order ''. This is to expand the boundaries of 'the order of eatable' 'set by the seniors. This approach reinforces therefore supply firstly animal protein; and the acquisition of the other food autonomy. This disagreement resulted in a new set of relationships between older and younger. We now note the existence of a new "Order of edible" integrating formerly banned animal species and allows the autonomy and freedom of consumption of animal products in several localities
Que mangeaient les « premiers hommes » il y a deux millions d'années ?
Comment son régime alimentaire s'est-il diversifié ? De quoi est-il composé
aujourd'hui ? Qu'attendre demain ?
Quel regard les Français portent-ils aujourd’hui sur leur alimentation, et en particulier leur consommation de viande ? Comment veulent-ils consommer à l’avenir ? Le Réseau Action Climat a souhaité interroger les Français sur leurs nouvelles attentes en matière de consommation, et en particulier, sur la consommation de viande et les alternatives à cette dernière.
1. Penser le rapport à l’animal comme fondement
d’un élevage durable et responsable
Les modes de consommation alimentaire et le rapport à
l’animal sont en profondes mutations ; les filières
d’élevage en seront fortement impactées. Dans ce
contexte, comment peuvent-elles durer sans endurer ?
1
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de publications relatives à cette étude
Qui sommes-nous ?
Alice Billout et Rodolphe Bonsacquet
Auditeur au CNAM Paris - Master 2
Prospective, Innovation, Stratégie et
Organisation – UE PRS 202
Professeurs :
Régine Monti - Philippe Durance
Cette lettre d’information est issue du travail de deux élèves de Master 2 au CNAM Paris dont le travail
a notamment porté sur l’avenir du rapport Homme / Animal chez l’omnivore d’ici 2040. Ces quelques
pages résument les principales tendances, les enjeux et les risques et surtout les liens relatifs à
l’activité d’élevage. Ainsi, elles proposent des clés de compréhension et jette les bases d’une réflexion
qui pourrait permettre de définir collectivement les modalités d’un élevage responsable et durable.
Introduction
Le rapport Homme / Animal est aujourd’hui, (dé)structuré par
un ensemble de facteurs et traversé par une multitude de
phénomènes. Il est intéressant de remarquer que pendant
longtemps, il a été structuré par un animal « synthétique » -
comme l’explique Jean-Luc Guichet, professeur de philosophie
à l’IUFM de Beauvais, en conclusion d’un colloque sur
l’évolution des relations entre l’homme et l’animal, à Paris en
Novembre 2011.
« La compréhension de l’animal par l’homme était jadis très
synthétique et coordonnait en son sein et de manière vécue
toutes les dimensions de la relation aux animaux, jusqu’à la
mise à mort finale. Une figure animale en particulier
apparaissait éminemment synthétique parce qu’elle revêtait la
fonction d’un moyen terme articulant l’usage de l’animal – avec
en général sa mise à mort – et le maintien d’une relative
autonomie, d’une certaine vie propre : l’animal de ferme. »
Rodolphe Bonsacquet
2. La consommation de protéines animales,
un changement de paradigme en cours ?
LES DÉFINITIONS DU LAROUSSE (2017)
Omnivore : qui mange de tout, qui se nourrit indifféremment d’aliments d’origine animale ou végétale. (Comportement)
Carnivore : Qui se nourrit de chair
Végétarisme : Régime alimentaire excluant toute chair animale (viande, poisson), mais qui admet la consommation d'aliments d'origine
animale comme les œufs, le lait et les produits laitiers (fromage, yaourts). Végétarien : adepte du végétarisme.
Végétalisme : Régime alimentaire excluant tout aliment d'origine animale (Larousse, 2017)
Veganisme : mode de vie alliant une alimentation exclusive par les végétaux et le refus de consommer tout produit issus des animaux ou
de leur exploitation (alimentaire mais aussi habillement, cosmétique…). (Larousse 2015).
Le flexitarisme : néologisme récent qui désigne la pratique d'être flexible concernant le degré avec lequel on pratique le végétarisme ou le
végétalisme. (Définition Wikipédia, apparition annoncée dans le Robert 2018)
Spécisme : Idéologie qui postule une hiérarchie entre les espèces. La supériorité de l'être humain sur les animaux. Contraire : Antispécisme
LES DÉFINITIONS DU LAROUSSE (2017)
Omnivore : qui mange de tout, qui se nourrit indifféremment d’aliments d’origine animale ou végétale. (Comportement)
Carnivore : Qui se nourrit de chair
Végétarisme : Régime alimentaire excluant toute chair animale (viande, poisson), mais qui admet la consommation d'aliments d'origine
animale comme les œufs, le lait et les produits laitiers (fromage, yaourts). Végétarien : adepte du végétarisme.
Végétalisme : Régime alimentaire excluant tout aliment d'origine animale (Larousse, 2017)
Veganisme : mode de vie alliant une alimentation exclusive par les végétaux et le refus de consommer tout produit issus des animaux ou
de leur exploitation (alimentaire mais aussi habillement, cosmétique…). (Larousse 2015).
Le flexitarisme : néologisme récent qui désigne la pratique d'être flexible concernant le degré avec lequel on pratique le végétarisme ou le
végétalisme. (Définition Wikipédia, apparition annoncée dans le Robert 2018)
Spécisme : Idéologie qui postule une hiérarchie entre les espèces. La supériorité de l'être humain sur les animaux. Contraire : Antispécisme
LES TENDANCESLES MOTEURS
Phénomènes
Culturels
Phénomènes
Culturels
La consommation de viande et
protéines animales en quelques chiffres
En 2013, la France compte entre 1%
(CREDOC, enquête CCAF 2013) et 3%
(Terraeco, Sondage 2016) de végétariens.
Plus marquant 10% de la population
envisagerait de le devenir selon ce même
sondage, contre 4% en 2012.
SondageTerraeco2016
Si certains éliminent radicalement la viande de leur régime
alimentaire, la tendance est à la baisse de consommation en règle
général, ainsi 23% des adultes de plus de 15 ans déclarent avoir limité
leur consommation de viande en 2015. De nouveaux modes de
consommation apparaissent comme le flexitarisme, qui pourrait faire
basculer le marché, si comme aux Etats Unis, il touchait une grande
partie de la population.
Pour mieux appréhender la complexité de ce phénomène, passons en
revue les moteurs et les enjeux phares de cette modification des
perceptions.
Mesure de l’occurrence du mot « Vegan »
dans les recherches Google
Phénomènes
structurels
2
3. L’alimentation – au cœur des enjeux et controverses
du rapport homme / animal
L’Ethique, argument majeur – controverse fondamentale
Sous cet angle, plusieurs questions se posent : le bien-être et la maltraitance animale, mais surtout, le
rapport à la mort et la question de la liberté de l’animal à disposer de lui-même. Ces deux derniers principes
fondamentaux sont - du point de vue des défenseurs des animaux, à priori systématiquement violés par
toutes utilisations de l’animal - à fortiori les activités d’élevage, et parmi elles les pires de toutes : celles
destinées à la production de protéines animales qui peuvent conduire à la mort de celui-ci.
La question philosophique sous-jacente est la supériorité ou non de l’homme par rapport aux autres espèces
(cf. définition de l’anti-spécisme). Le sujet s’impose progressivement partout, et on remarque la
multiplication des articles et des publications, et une imprégnation dans toutes les sphères de la société
(politiques, culturelles, civiles…). Les positions philosophiques se construisent, s’opposent et se
complexifient, notamment autour des deux questions : que signifie le comportement humain dans son
rapport à l’animal – et quelles limites à la notion de liberté (animale) vis-à-vis de l’homme ?
Pression des associations de défense des animaux,
la L214 figure de proue du mouvement
Fondée en 2008, l’association œuvre pour une pleine reconnaissance
de la sensibilité des animaux et l'abolition totale des pratiques
d’élevage et d’abattage (notamment). C’est par une communication
forte à destination du grand public, qu’elle sensibilise à sa cause.
Ses vidéos, montrant des scènes de cruauté envers les animaux, se
diffusent très rapidement et peuvent atteindre le million de vues. Le
débat s’ouvre à chaque nouvelle publication.
D’une éthique de conviction à une éthique de la responsabilité
Ainsi posée, la question force le consommateur – et l’éleveur à passer
d’une éthique de la conviction (les conséquences de mes actions ne
sont pas de mon ressort – seule la finalité compte ; vendre, manger…) à
une éthique de la responsabilité (je me préoccupe des conséquences
de mes actes) telles que définies par Max Werber en 1919.
Pour Raymond Aron (1905 – 1983) cette éthique de la responsabilité
est la seule morale possible pour tout homme d’action (comme
l’agriculteur) – qui le force à se tourner vers l’avenir pour anticiper les
conséquences de ses actes.
Controverses fondamentales
L’éthique de la responsabilité ne fait plus vraiment débat, mais rien ne permet de lever deux controverses
fondamentales qui traversent la dimension éthique du rapport Homme / Animal.
Manger de l’animal est significatif d’une domination de l’homme sur l’animal pour certains (F. Burgat –
INRA) alors que d’autres (D. Lestel – ENS) y voient l’homme qui, reconnaissant son animalité, ne s’extrait pas
de sa naturalité et respecte le genre tout entier.
L’antispécisme rompt avec le "contrat social" selon lequel tout droit a un devoir pour corollaire. Dès lors, le
droit n'est plus la contrepartie d'un devoir, mais un octroi automatique qui ne nécessite plus d'avoir
conscience des notions même de droit et de réciprocité pour en bénéficier. Quid de la réciprocité d’un tel
principe, si l’animal est l’égal de l’homme – l’homme est-il l’égal de l’animal ?
Que dit la loi ?
La loi ne parle pas de bien-être
des animaux à proprement dit,
cependant elle rappelle quelques
principes fondamentaux (Code
Rural, Loi L214- articles 1 à 25) :
Tout animal est un être sensible
et doit être placé dans conditions
compatibles avec les impératifs
biologiques liés à son espèce.
3
4. OMS : Organisation mondiale de la Santé
ANSES : Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de
l’Alimentation, de l’environnement et du Travail
La santé au cœur des préoccupations
La prise en compte des questions de santé
est un argument largement mis en avant par ceux
qui réduisent ou arrêtent de consommer de la
viande et les protéines animales. La communication
devient en la matière une guerre de tranchées où
chacun se renvoie les études scientifiques, enquêtes
épidémiologiques, sondages contradictoires…
L’OMS et l’ANSES* recommandent de manger moins
de viande car les besoins journaliers en protéines
sont largement couverts (en occident), et qu’une
telle mesure favoriserait la diminution des risques
de maladies cardiovasculaires et de certains
cancers. A l’inverse, ils mettent en garde contre un
arrêt total de la consommation de viande – régime
source de carences, notamment en vitamine B12
(présente uniquement dans les produits animaux.)
Par ailleurs, suite aux scandales sanitaires et
diverses zoonoses, les consommateurs regardent
plus la provenance et la qualité de la viande qu’ils
consomment, ainsi que les modes d’élevage dont
elle est issue (présence potentielle de résidus
d’antibiotiques) préférant des viandes identifiées,
labelisées et respectueuse de certaines normes.
Questions : qualité et indépendance des sources
d’informations ? Entre campagne de communication
et information du consommateur ?
L’Economie, facteur d’ajustement des
budgets alimentaires
Si le coût de la protéine n’est pas un facteur
primordial, il a un impact évident. C’est la quantité,
la variété, l’origine et la qualité des protéines qui
seront modifiées selon leur coûts. Ainsi, d’après un
rapport de France Agrimer sur la consommation de
produits Carnés (2015) « la crise a eu un effet global
négatif sur la consommation des ménages en
produits animaux ».
Question : quels sont les critères d’arbitrages du
consommateur en situation financière critique ?
Jusqu’où le budget alimentation serait-il sacrifié et
sur laquelle de ses composantes ?
Le poids des traditions : le modèle
alimentaire hérité
La gastronomie française plus qu’une tradition est un
patrimoine, à ce titre la viande a de beaux jours
devant elle. Nous héritons tous d’un modèle
alimentaire, entretenu dès le plus jeune âge par une
pression sociale évidente, dont il est difficile de
s’extraire (parents, amis, RHF…)
Chaque pays, chaque culture porte un modèle
alimentaire – et il n’est par rare de constater qu’une
personne profite d’un séjour à l’étranger pour
essayer, voire changer de comportement alimentaire.
Question : jusqu’à quel point une culture ancrée peut
t-elle résister à de nouveaux enjeux (santé,
environnement, éthique) ? A quelle échelle de temps
de tels ancrages peuvent-ils réellement être
bouleversés ?
Plaisir et dégoût…
L’interview de personnes vegans fait
clairement apparaître le conflit entre plaisir gustatif
de manger de la viande, et dégoût intellectuel de
cautionner une société qui tolère et fonctionne sur le
non respect de certains êtres vivants. D’autres
variables entrent en jeux dans le passage d’une
personne du comportement omnivore à un
comportement végétarien ou végétalien (pression
sociales, culture, disponibilité d’une offre
alternative…) – mais l’équilibre de ce conflit Plaisir /
Ethique est fondamental.
Question : un végétarien doit-il entretenir son goût
de la viande par la consommation de similis ?
L’alimentation – au cœur des enjeux et controverses
du rapport homme / animal
4
5. L’environnement - force motrice aux impacts controversés
Préserver l’environnement des effets néfastes de l’élevage est une motivation largement avancée par
les végétariens, s’appuyant sur trois constats, sujets à controverses :
Forte concurrence entre les surfaces agricoles destinées à la production d’aliment du bétail et surfaces
destinées directement à l’alimentation humaine.
La production de Gaz à effet de serre des ruminants.
L’importante consommation d’eau liée à la production de viande.
Là encore, la complexité des sujets rendent souvent les analyses scientifiques partielles et contradictoires, ne
permettant pas de trancher clairement ces questions. En effet, les aspects environnementaux sont plus
nombreux – et bon nombre sont favorables à l’élevage - ouverture des milieux, maintient de la biodiversité,
stockage du carbone… - et totalement liés à des enjeux sociaux (page suivante).
Questions : comment appréhender la complexité des effets environnementaux de l’élevage ?
Comment concilier modèle économique et modèle environnemental vertueux et enjeux sociaux au sein
des filières d’élevage ? (En somme, une question de Développement Durable)
Le développement des locavores, l’agroécologie, la bio, l’ouverture des fermes au public ou l’élevage des
insectes (protéine peu consommatrice de surface et d’eau) sont-ils des solutions viables et suffisantes ?
Les enjeux climatiques
Le Food Climate Research Network indique que la chaîne alimentaire, de l’agriculture à la consommation (au
Royaume Uni) compte pour 19% de l’émission de gaz à effets de Serre générés par tous les biens et service
consommés. Il affirme également que l’on pourrait arriver à une réduction de 70% de ces GES par un
déploiement d’innovations technologiques et des changements de consommation. Le Fond Mondial pour la
Nature (WWF) tente de comprendre quelles seraient les clés pour parvenir à cette baisse. Clairement, pour le
WWF, le simple fait d’arrêter de manger de la viande, la décarbonations des chaines d’approvisionnement et
les nouvelles technologies pour limiter les émissions de méthane ne suffiront par pour faire baisser de 70%
les émissions de GES, même si une diminution de consommation de viande et produits d’origine animales
pourrait contribuer sensiblement.
Question : quelle part dans ces émissions est liées plus spécifiquement à l’acte d’élevage et non au reste de la
chaîne alimentaire ? Quel serait le modèle de production agricole et de consommation le plus vertueux ?
L’eau, ressource fondamentale
D’après la Nations Unies et l’OMS, 1,1 milliard
d’hommes n’ont pas accès aujourd’hui à une source
d’eau salubre, et 800 millions à l’eau potable (soit 11%
de la population mondiale). Hors, l’élevage est
particulièrement gourmant en eau – ainsi que les
cultures qu’il nécessite.
A cela s’ajoute les problématiques de pollution de l’eau
liées à certaines pratiques d’élevage (pesticides sur les
cultures, antibiotiques et déparasitage sur les animaux,
ou nitrates et phosphores des lisiers).
Question : Quelle distinction entre acte d’élevage et
modèle d’élevage ? Il est en effet surprenant de
constater que dans les conditions les plus arides,
l’élevage supplante les cultures vivrières pour deux
raisons : il permet à la fois le nomadisme (d’une oasis à
l’autre) et la valorisation de ressources végétales non
valorisables en alimentation humaine (herbacées).
Les terres arables
30% des terres arables de la planète sont
utilisées pour nourrir les animaux, et notamment
par les cultures destinées leur alimentation.
Y-a-t-il pour autant concurrence avec les cultures
vivrières ? En 2010, le WWF montre que les
substituts à la viande, comme les aliments faits
de soja importé pourraient utiliser plus de terres
cultivables que leurs équivalents en viande ou
produit laitiers. En effet, pour une bonne part,
l’élevage permet surtout la valorisation de
surfaces herbagères non arables.
Les élevages
au cœur des enjeux et controverses
5
FAO(2006)
6. Les élevages
au cœur des enjeux et controverses
Controverse : le cas emblématique du loup
La réapparition du loup sur le territoire Français est emblématique des questions juridiques, que le statut d’un
animal « totalement protégé » peut poser, mais aussi de toute la complexité du jeu des acteurs dans leur
contribution à l’équilibre social, économique et écologique d’un territoire. L’étude menée en 2010 par le
Professeur Patrick Degeorges du ministère en charge de l’Écologie et Anne Lalo, maître de conférences à
l’université Nice Sophia Antipolis « Responsabilité et biodiversité : représentations de l’animal sauvage et
justice environnementale (le cas du loup en France) » en montre bien tous les aspects.
Et le bien être des éleveurs dans tout ça ?
Le sujet du bien-être animal occupe le devant de la
scène, mais on oublie souvent qu’il dépend aussi
principalement de ceux qui s’en occupe. Jocelyne
Porcher, pointait déjà en 2002, les pressions, risques et
souffrances auxquels doivent faire face les éleveurs.
Disparition du métier, salaire en baisse et coûts des
exploitations en progression, normes de productions et
demande de rentabilité toujours plus élevée.
« Les éleveurs sont également touchés par la violence
de ces systèmes et par une organisation du travail
désincarnée qui les contraint à réprimer la part
affective et relationnelle de leur travail (…) Le travail en
élevage a quasiment été réduit à sa seule rationalité
économique (…) l’organisation du travail fondée sur la
division du travail et la mise à distance de l’autre,
humain ou animal ». Elle conclut ainsi « Il faut
remettre du lien – désindustrialiser les filières
d’élevage ».
Des attitudes contrastées, exemple de L’Inde
L’Inde, pays des vaches sacrées aux 450 millions
de végétariens (1/3 de la population), est aussi le
lieu de phénomènes marquants et révélateurs
des enjeux sociaux et culturels que l’élevage et la
consommation de viande portent avec eux.
En juillet 2016, dans l’ouest de l’Inde, les Dalits
(intouchables) chargés du ramassage et de
l’équarissage des vaches mortes, ont cessé le
travail, laissant les carcasses se décomposer à
l’air libre. La vidéo d'une agression par des
miliciens fondamentalistes hindous, dans l'Etat
du Gujarat, a sonné la révolte.
Dans le même temps, de jeune urbains aisés de
New Delhi organisent des « barbecues party »
pour soutenir les éleveurs pauvres.
Commentaire d’un journaliste : « les mêmes
bobos qui ici organisent les barbecues party,
deviennent végans en occident. »
Des enjeux sociaux importants
En Europe, si l’homme est omnivore depuis au moins le Paléolithique, sa consommation de viande a fluctué au
fil des siècles, et fut souvent réservée au plus riches (JM Lecerf CHRU institut Pasteur de Lille). Ce n’est qu’au
XIXème siècle que la révolution zootechnique permet à l’élevage d’accroître l’offre. Les revendications sociales
du début du XXème siècle font de la viande un enjeu de société – « défendre son bifteck » plutôt que « gagner
son pain ». Ainsi, au début du XXème siècle, les français mangeaient en moyenne 40Kg de viande par an, chiffre
qui a explosé à 100Kg en 1985, et serait redescendue aujourd’hui aux alentours de 80Kg.
Les évolutions des modes de consommation, tout comme les évolution technique des élevages marquent aussi
la décroissance des populations rurales, l’éloignement des urbains de la nature et du règne animal et la
« desanimalisation » des animaux de fermes dans les élevages intensifs.
Ailleurs dans le monde, et en particulier hors des cultures occidentales, l’élevage a plusieurs facettes. Il est à la
fois une forme d’épargne (stock d’argent), une monnaie d’échange, un gage de survie (stock d’aliments) et le
moyen de valoriser des sols arides peu propices aux cultures vivrières. La viande a aussi garder dans bon
nombre de cultures un aspect symbolique. Le maintien de l’élevage, s’il permet et parfois oblige
(contrairement aux cultures) le nomadisme, est aussi un moyen de lutte contre l’exode rurale et les migrations
économiques. A l’heure où, en Europe, bon nombre d’élevages disparaissent faute de rentabilité suffisante –
cette question de l’exode (rural et économique) peut être réellement posée.
6
7. NouveauxmodèleséconomiquesNouveauxmodèleséconomiques
Les acteurs du changement
Eleveurs
UE
Etat
Régions
Villes
Consommateurs
Associations
et lobbyistes
Philosophes,
Ethnologues
Filières agro-
alimentaires
Modèle alimentaire
hérité
Nouveaux
Modes
de production
Nouveaux modes de
consommation
Chercheurs
R&D
Organismes
de conseil
Législation - information
du consommateur,
abattage et transport
des animaux, normes
sanitaires…
Commande publique
Droit de la concurrence
Politique RHF
Aménagement
du territoire
Démarches
RSE
Médias
Marketing
Normes
Cahier
des
charges
Complexité du jeu d’acteur
Les acteurs sont nombreux et leurs intérêts
initiaux sont plutôt divergents dans
le système économique.
Finalement, les deux acteurs
principaux (éleveurs et
consommateurs) sont
éloignés et séparés
par une multitude
d’acteurs qui
complexifient
le débat.
Le
rôle
normatif
des institutions
Si consommateurs
et éleveurs ont tout
intérêt à se parler pour
réduire les interférences, il
faut noter le rôle majeur –
normatif et exemplaire – de toutes
les institutions : Union Européenne,
Etat, Régions et Villes ; qui par leurs
choix en terme de fonctionnement
contribuent à faire évoluer, à la fois le modèle
alimentaire et les modes de productions.
RSE : Responsabilité Sociale et
Environnementale
RHF : Restauration Hors Foyer
(cantines, restaurants d’entreprise,
hôpitaux, maison de retraite…)
R&D : Recherche et Développement
7
8. De multiples études
L’évolution du rapport à l’animal et ses conséquences
sur l’alimentation et l’agriculture sont des questions
largement traitées (CF: le QR code de la première
page renvoie notamment à un certain nombre
d’études et articles).
Le Ministère de l'Agriculture, de l’Agroalimentaire et
de la Forêt, par le biais de son centre d’études et de
prospective, mais aussi en commanditant des travaux
en externe, est producteur de nombreuses études,
comme celle des « cinq scénarios du rapport Homme
– Animal à l’horizon 2030 ».
Nous avons choisi de construire des scénarios
contrastés sur l’évolution du rapport de l’homme à
l’animal dans son alimentation. Ces scénarios ont été
choisis à partir d’une analyse des hypothèses
concurrentes (méthode ACH – ci contre).
La consommation de protéines animales
un avenir sur le fil
Méthode ACH
Scénario 1 - tous flexitariens en 2040 !
La consommation de viande a baissé et les sources de protéines se sont diversifiées (insectes, algues…). Le
contexte économique favorable, fait que l’alimentation n’est plus un facteur d’ajustement des budgets. Les
enjeux de santé, de développement durable, de gestion des ressources ont modifié les comportements et
détournent une grande part des consommateurs de l’agro-industrie. De même, les scandales sanitaires, de
maltraitance animale, les zoonoses et certains drames humains médiatisés (en Inde chez les Dalits, ou le
taux de suicide des éleveurs Français) permettent de redéfinir le rapport à l’agriculture. Le monde agricole
et la société prennent conscience des conséquences – économiques, environnementales et sociales
qu’auraient des modèles extrêmes tels qu’une agriculture totalement industrialisée ou une société
végétalienne. Cette prise de conscience pousse l’agriculture à repenser son rapport à l’animal et ses liens
aux consommateurs. D’autre part, elle incite le consommateur, à associer à ses actes d’achat une posture
militante de défense de certaines filières, professions et territoires (locavores et AMAP).
Sur la base des travaux de l’INRA et de l’Institut de l’élevage relatifs à l’efficience économique et
environnementale des élevages, l’agriculture raisonne désormais sa productivité en termes de rentabilité
énergétique globale et d’impact carbone limité. En d’autres termes, elle maximise la photosynthèse et
limite les coûts environnementaux induits (intrants, transports…). Les sols arables sont prioritairement
consacrés aux productions dédiées à la consommation humaine - tandis que le lait et la viande sont issus
d’élevages de ruminants installés en zones herbagères. Les zones intermédiaires retrouvent leur vocation
de polyculture et d’élevage. Les échanges locaux entre systèmes d’exploitation sont largement favorisés.
Dans ce cadre, s’installent les élevages de monogastriques qui font l’objet des réglementations les plus
strictes en terme de bien-être animale.
Un état normatif et protecteur : après la promotion de l’agroécologie, le ministère de l’agriculture
réoriente largement les aides agricoles vers la performance environnementale des exploitations et se veut
garant d’une éthique respectueuse des animaux d’élevage – défendant par là même l’importance de ces
filières. Il réinvestit dans la recherche, accentue les obligations d’information du consommateur
(étiquetage, origine…), favorise l’approvisionnement local des collectivités en aménageant le droit de la
concurrence et légifère sur la condition animale (favorise notamment l’abattage local pour limiter le
transports d’animaux vivants).
8
Hypothèses
Phénomènes
Tous
Flexitariens
Pasde
Changement
BAU
Végératienen
baisse(car
mode)
Touscarnivore
TousVegan
Ressources naturelles 2 -1 -1 -3 3
Impact environnemental 2 -2 -2 -3 1
Ethique 2 -1 -1 -2 3
Santé 3 -1 0 -2 -2
Culture 0 0 1 3 -3
Plaisir 0 2 1 2 -2
Legislation 2 0 0 -2 1
Info conso /com / lobby 3 1 0 -3 2
Economie 1 0 0 0 -1
Dynamiques migratoires 2 -1 0 1 -1
Démographie 2 -2 -1 -3 1
Sociologie 2 0 -1 -2 1
Dynamiques agricoles 0 2 0 -2 2
TOTAUX 21 -3 -4 -16 5
9. Scénario 1 - tous flexitariens en 2040 ! (suite…)
La question éthique reste au cœur des débats. Si l’élevage a retrouvé une place incontestée, rien ne justifie le
maintien de pratiques uniquement liées au plaisir de l’homme (cirque, corrida, delphinarium…) et du point de
vue de certains, chasse, zoo, ou animal de laboratoire. Le débat est donc violent entre défenseurs du droit
animal et traditionnalistes. A l’autre extrémité, l’anthropomorphisme excessif constaté sur les animaux de
compagnie est très critiqué (bars à chats, cliniques vétérinaires suréquipées…).
Restent les activités où l’animal sert l’homme – animaux de trait, médiation animale, ou chien d’aveugle.
Toujours critiqués par les partisans d’un animal « libéré », elles deviennent le lieu de réflexion privilégié pour
la conception d’un nouveau contrat social entre l’homme et l’animal.
Demeure l’éternelle question de la mise à mort. Mal nécessaire dans cet équilibre instable et parfois justifiée
comme l’euthanasie humaine pour limiter la souffrance, il semble qu’elle soit d’autant mieux acceptée par le
consommateur qu’elle ne concerne pas qu’un animal d’élevage dont la finalité n’est pas seulement celle-ci
(production d’œufs, de lait…).
La consommation de protéines animales
un avenir sur le fil
Scénario 2 – en 2040, la viande, un luxe réservé à une élite !
En 2040, le réchauffement climatique non maîtrisé, la croissance de la population mondiale et ses besoins
alimentaires induisent un manque d’eau qui impose des changements radicaux dans les modes de vie, de
consommation et de production (FAO et Stockholm International Water Institute 2010).
La France, voit le climat méditerranéen s’imposer sur la quasi-totalité de son territoire. Les élevages des gros
ruminants sont désormais inadaptés. Même la politique énergétique est impactée – centrales nucléaires
(refroidies à l’eau) et barrages hydroélectriques ne fonctionnent que l’hiver. Cette situation induit notamment
la rareté des produits d’origine animale et produit carnés. Elle impose à la très grande majorité de la
population un régime végétarien. La viande est réservée aux riches élites.
Concrètement, si les protéines animales peuvent être produites plus au nord, le manque d’eau et l’incapacité
des Etats à s’entendre sur la gestion des biens communs (air, eau…) laisse la main aux logiques de marché qui
créent le Drinking Water Rating (DWR)– l’équivalent eau potable. Tous les échanges sont désormais évalués
en « équivalent eau potable » « importée » ou « exportée » et le prix des produits est largement établi en
fonction de cet indice. Plus il consomme et exporte d’eau, plus il est cher. Une économie de la frugalité
s’installe et l’offre alimentaire s’adapte (insectes, œuf, lait de chèvres – animal mieux adapté au climat
méditerranéen).
Face à ces difficultés, l’agriculture innove et devient un enjeu environnemental et géopolitique.
Techniquement, elle s’est adaptée (permaculture et OGM s’associent). C’est un thème de recherche aux forts
enjeux géopolitiques. Celui qui maîtrise l’eau et sa consommation tout en produisant des ressources
alimentaires essentielles à une population de 9 milliards d’habitants, prend l’avantage commercial et
politique. L’enjeu environnemental de l’agriculture est aussi mis en avant : l’ouverture des espaces pour une
lutte préventive contre les incendies et le maintien de la biodiversité sont des enjeux majeurs.
La condition animale, droits et statut, n’est plus LE débat. Le retour d’une « lutte pour la survie » de chacun
redifférencie radicalement l’homme de l’animal. L’homme est prioritaire et l’animal « utile ». Même la chasse
retrouve grâce aux yeux du citadin. Les activités de loisir organisées autour de l’animal sont totalement
abandonnées. Seuls quelques sites de conservation des espèces en voie de disparition survivent.
Au final, même si la société est largement végétarienne, les défenseurs de la cause animale des années 2020
n’ont pas de quoi se réjouir. L’animal ne sera jamais l’égal de l’homme.
Même si l’humanité s’adapte et l’agriculture innove, disettes et tensions sociales sont permanentes. La santé
des populations se dégrade, l’espérance de vie diminue, les différences de classe s’accentuent. Même la
biodiversité est mise à mal. La période de tension sera durable – autant et tant que le marché imposera sa loi
sur les communs (l’eau et l’air en premier lieu). Quelques expériences le démontreront – organisées en
systèmes collaboratifs et autonomes autour d’oasis– s’excluant de fait des réseaux classiques et du DWR.
9
10. Peut-ont changer de paradigme
et inverser les tendances ?
Au vue de ces réflexion, enjeux
et controverses précédemment
cités, peut-ont penser l’élevage
autrement, et le rapport
Homme / Animal, comme porte
d’entrée vers le Développement
Durable des filières d’élevage ?
Commençons par l’agriculture
en général :
Un élevage responsable pour
un rapport homme / animal apaisé
J.L. Guichet explique : « L’industrialisation de l’élevage est essentielle, en particulier dans les
grandes unités (poulets et porcs). Sous la pression des contraintes de productivité s’est opérée une
mutation quantitative mais surtout qualitative : celle-ci n’est pas simplement génératrice de
souffrance – fréquente dans les élevages d’antan, souvent très cruels qu’il ne s’agit nullement
d’idéaliser – mais surtout d’une existence diminuée et désanimalisée ; les animaux en question
vivant une vie éthologiquement très déréglée et éloignée de celle de leur espèce, de leur ressources
physiques et psychiques ».
L’agriculture comme outil de :
Conservation des sols
Préservation de la biodiversité
Epuration et gestion de l’eau
Recyclage des déchets
Stockage du CO2
Transformation et valorisation de
l’énergie solaire (photosynthèse)
Permettre l’accès à l’alimentation
Reterritorialiser les échanges
Relocaliser les activités et l’emploi
Assurer la transparence et
l’information du consommateur
Garantir le bien-être animal
Rémunération juste des producteurs
Pérennité des exploitations
Accessibilité des prix pour le consommateur
Equité dans la relation client / fournisseur
Le bien-être animal en point de départ…
Réanimaliser l’animal d’élevage en
désindustrialisant l’agriculture.
Viser une cohérence forte entre capacité
des sols, productivité et concentration
des élevages.
Revalorisation des zones herbagères
et de polyculture / élevage.
Déconcentration des pollutions.
Gestion de la ressource en eau
Réduction des transports
Maintien de l’ouverture des
paysages et de la biodiversité
Amélioration du bilan carbone
globalReterritorialiser les échanges et
recoloniser des territoires
Recréer des dispositifs coopératifs
ou collaboratifs locaux pour les
agriculteurs (travail, matériel,
transformation, vente, formation)
Relancer la création d’emploi
Renforcer le Dialogue avec le
consommateur
Partager les valeurs au-delà du fait
alimentaire
Reconnaissance des valeurs ajoutées et des
fonctionnalités produites par l’élevage.
Limitation des coûts de production, du
recours à l’endettement et valorisation de
l’excédent Brut d’exploitation plutôt que du
Chiffre d’Affaire
Flexibilité des systèmes d’exploitation
Maintien de la consommation de protéines
animales
10
11. Conclusion
Pour diverses raisons, le consommateur occidental se détourne lentement, ou tout du moins réduit
sa consommation de protéines animales et de viande en particulier. Jusqu’à quel point cette
évolution comportementale aura-t-elle des conséquence sur les filières d’élevages ? Et l’ensemble du
problème ne risque-t-il pas d’être profondément bousculé par les questions climatiques ?
De notre approche sur ces questions complexes, quelques enseignements peuvent être retenus :
L’élevage a toute sa part à jouer dans ces problématiques pour tenter d’infléchir les risques, qu’ils
soient climatiques, sociaux, économiques ou environnementaux…
Le contexte économique, l’évolution du climat et l’engagement de l’Etat en faveur d’une
agriculture à la fois responsable et reconnue comme acteur majeur de la gestion des biens communs
(eau, air, biodiversité, espaces…) sont des composantes capitales, mais largement indépendantes des
filières agricoles elles-mêmes, bien qu’elles y contribuent.
En revanche, l’agriculture et les filières d’élevages sont seules en mesure de mener une
« réanimalisation » souhaitable des animaux d’élevage et du lien avec le consommateur – facteurs
essentiels d’un apaisement du rapport Homme / Animal. Travailler contre ce que J.L Guichet nomme
« l’effacement de l’animal de ferme » dont il démontre la fonction synthétique majeure, au cœur à la
fois des pratiques et du regard public, semble un axe primordial. Si les filières d’élevage devaient se
doter d’un principe de précaution pour limiter la fracture Agroalimentaire / Consommateur – c’est
sans doute autour de ce sujet de la désanimalisation des animaux d’élevage qu’il devrait porter.
Mais cela nécessitera une vraie cohérence des modèles agricoles - a priori moins industrialisés.
Enfin, rejeter et caricaturer la posture Vegan ou les méthodes de la L214 n’apportera rien. Le poids
relatif des acteurs et les enjeux éthiques sont tels, que de telles postures sont contre-productives à
long terme. Maîtriser le sujet, cultiver sa connaissance des controverses, entretenir les tensions
éthiques, sont des signes de bonne santé de nos sociétés et sont les moyens – indispensables, bien
que demandeurs en investissement intellectuel pour tous – les plus efficaces pour contribuer à
apaiser les tensions et concevoir des politiques constructives.
Pour conclure…
Même si tous les éléments présentés dans cette lettre ne s’y retrouvent pas – et notamment les
enjeux environnementaux - reprenons pour conclure les mots de celui avec qui nous introduisions
cette lettre – Jean Luc Guichet (Paris 2011).
« Pour conclure, la situation contemporaine des rapports de l’homme et de l’animal ne semble pas
très saine et gagnerait à être davantage explicitée […]. Sans doute l’animal est-il largement un
réceptacle et une toile de projection de problèmes qui appartiennent à l’homme et à son mal-être
contemporain, notamment dans son rapport à la nature. Mais certainement aussi des modifications
conséquentes et réelles aboutissant à plus de bien-être animal dans les modes d’élevage – car tout
n’est pas que fantasme – contribueraient fortement à ces éclaircissements nécessaires du rapport de
l’homme et des animaux, tant bien-être animal et bien-être humain sont liés et ont un horizon
fortement commun. »
11
12. Bibliographie
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VALORIAL (2015), Protéines 2030 – compte rendu.
Etudes et articles de presse consultables ici
http://www.pearltrees.com/t/condition-animal-alimentation/id17669960
Contacter les auteurs de cette newsletter :
Alicebillout@gmail.com, rodolphe.bonsacquet@wanadoo.fr
12
Pour aller plus loin….