2. Politique et société
Cf. Hannah Arendt : « La politique repose sur un fait : la
pluralité humaine. »
L’homme est un être social : il vit en société, en
présence de ses semblables.
Les relations avec autrui sont fondamentales :
l’humanité de l’homme en dépend.
Arendt remarque qu’en latin, le verbe « vivere » (vivre)
et l’expression « inter homines esse » (être parmi les
hommes) sont synonymes.
Toute vie humaine est sociale.
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3. Vivre en société =
échanger à
plusieurs niveaux
L’échange de
femmes
La prohibition de
l’inceste
L’échange de
biens et de
services
La division du
travail
La parole
La possession du
langage
Qu’est-ce qu’une société ?
Cf. Claude Lévi-Strauss : « Une société est faite d’individus et de
groupes qui communiquent entre eux. (…) Dans toute société, la
communication s’opère au moins à trois niveaux : communication de
femmes ; communication des biens et des services ; communication des
messages. »
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4. Problématisation
Constat banal : la politique concerne tout le monde,
mais tout le monde ne fait pas de politique.
◦ La politique est devenue un métier comme les
autres, qui découle de la division du travail, et
suppose des compétences particulières.
◦ Les démocraties modernes reposent sur le principe
de la représentation. Les gouvernants élus exercent le
pouvoir et décident pour les gouvernés.
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5. → Il y a donc une ambiguïté propre à la politique. Si on
considère la finalité de la politique, elle est l’affaire de
tous, car, puisqu’elle vise à organiser la vie collective,
tous les citoyens sont concernés. Mais, dans la pratique,
la politique n’est l’affaire que d’une minorité : celle qui
est investie du pouvoir.
Mais :
• Faire de la politique un métier, et donc l’affaire d’une
minorité, n’est-ce pas une menace pour la liberté des
citoyens ?
• Qui est compétent en matière politique ? Faut-il se fier à
une élite ? Ou faut-il laisser décider le peuple ?
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6. Les enjeux de la question
→ Qui doit donc gouverner ?
On est face à un dilemme.
Soit on laisse décider les professionnels de la politique,
car ils sont compétents ; mais c’est une menace pour la
liberté des citoyens.
Soit on laisse décider le peuple ; mais, d’une part, on
prend le risque de prendre les mauvaises décisions ;
d’autre part, les individus sont trop nombreux : en
laissant intervenir tout le monde, on prend le risque de
créer du désordre.
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7. → La démocratie est-elle le meilleur des régimes ?
Paradoxe : la démocratie est autant louée que redoutée.
Tantôt on constate avec effroi l’apathie politique des
citoyens et on dénonce l’abstention. Tantôt on dénigre
le vote populaire, sous prétexte que le peuple n’est pas
compétent.
Exemple : le débat autour du référendum sur le traité
constitutionnel européen en 2005. Le 29 mai 2005, le traité
est rejeté par une large majorité d’électeurs (presque 55%),
avec une bonne participation (presque 70%). Mais, sous une
forme modifiée (le traité de Lisbonne), il est finalement ratifié
en 2008 par le Parlement.
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8. a) L’homme comme « animal politique »
Cf. Aristote, Politiques, I.
• La cité (polis) « fait partie des choses naturelles ».
Elle est l’aboutissement d’un processus spontané.
Les hommes s’assemblent pour satisfaire leurs
différents besoins : ils forment des foyers, puis des
villages, enfin une cité.
→ Selon Aristote, il y a une sociabilité naturelle de
l’homme. Ce postulat sera remis en cause à
l’époque moderne (cf. Hobbes).
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9. • L’homme est un être naturellement politique : cela
veut dire que c’est dans sa nature de vivre dans
une cité. Il est prédisposé à le faire. En vivant ainsi,
il accomplit sa nature, ce pour quoi il est fait, et
accède ainsi à la vie heureuse.
→ Deux arguments en faveur de cette thèse :
1) Un homme qui vit en dehors de la cité n’est pas
un homme : il est soit un dieu, c’est-à-dire un être
parfait, capable de vivre en autarcie, soit un animal
qui cherche à satisfaire ses besoins par tous les
moyens.
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10. 2) L’homme est prédisposé à la vie politique, car,
contrairement aux autres animaux, il possède le
langage (logos). Cet argument repose sur le
raisonnement suivant :
1. La nature ne fait rien en vain (postulat finaliste).
2. L’homme est le seul animal qui parle (constat).
3. Donc l’homme est un animal politique (zoon
politikon).
→Objection : les animaux aussi parlent.
→Réponse d’Aristote : il faut distinguer la voix
(phone) et le langage (logos).
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11. • La voix est un simple moyen d’expression et de
communication des affects : « signe du douloureux
et de l’agréable ».
• Le langage ne se réduit pas à l’émission de sons.
Il est l’expression d’une pensée, et fait donc
intervenir des concepts : « l’avantageux et le
nuisible », « le juste et l’injuste », « le bien et le
mal ».
→ La cité est une communauté politique : elle n’est pas
fondée seulement sur les intérêts économiques des
individus ; elle repose aussi sur des valeurs communes.
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12. b) L’idée de politique chez les démocrates
athéniens.
La politique n’est pas une activité comme les
autres.
On se méfie de la professionnalisation de la politique.
Selon Thucydide, « les cités sont mieux gouvernées par
les gens ordinaires ».
Chaque citoyen, quelle que soit son origine sociale, quel
que soit son métier, peut exprimer son opinion.
Cf. Platon, Protagoras.
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13. → Les démocrates athéniens (dont Protagoras)
refusent d’assimiler la politique à une technique.
o La technique (technè) désigne l’ensemble des moyens
inventés par l’homme pour transformer la nature et
satisfaire ainsi ses besoins. Elle permet de produire des
biens matériels. Elle suppose une compétence, un
savoir-faire spécifique.
o La politique ne concerne pas la production, mais
« l’administration de la cité ». Il faut décider en vue du
bien commun. Pour cela, aucune compétence n’est
requise : chaque citoyen peut juger, et donc intervenir
dans le débat public.
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14. Les citoyens sont considérés comme des égaux
interchangeables.
Cf. Jean-Pierre Vernant, Les origines de la pensée
grecque (1962).
L’égalité se décline à plusieurs niveaux :
Egalité devant la loi.
Egalité dans la prise de parole à l’assemblée
(isegoria).
Egalité dans l’exercice du pouvoir (isonomia).
Egalité des chances pour accéder à une charge
(tirage au sort).
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15. L’invention de la politique chez les Grecs
Violence Parole
«outil politique
par excellence »
(Vernant)
Domination
(relations verticales)
Liberté
(relations horizontales)
Inégalité
Égalité
sur le plan
juridique et
politique
Communauté archaïque
= pré-politique.
Communauté politique
= la cité (polis)
16. La politique est l’affaire de tous les citoyens, mais
elle n’est pas l’affaire de tous les hommes.
Pour faire de la politique, il faut du temps libre, et donc
du loisir (scholè). Il faut être libéré du fardeau du
travail.
L’institution de l’esclavage est donc nécessaire pour le
bon fonctionnement de la démocratie : elle permet aux
citoyens de se consacrer pleinement aux affaires de la
cité.
La liberté des uns n’est donc possible que grâce à
l’esclavage des autres.
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17. Le Conseil des Cinq
cents (Boulè)
500 bouleutes préparent
les lois, conseillent
l’assemblée.
L
L’Assemblée
(Ecclésia)
6000 citoyens présents
votent les lois, votent la
guerre, l’ostracisme.
Le tribunal de
l’Héliée
600 héliastes rendent la
justice.
Les magistratures
700 magistrats, dont
600 tirés au sort, font
appliquer les lois.
Tirage
au sort Tirage au sort
Tirage au
sort et
élection
Il y a une rotation des
postes. Le mandat des
magistrats tirés au sort
ne dure qu’un an.
On a recours à l’élection
seulement lorsque il
faut des compétences
spéciales.
Chaque citoyen est
familier avec les
affaires publiques, et a
une expérience de
l’exercice du pouvoir.
70% des citoyens de
plus de trente ans ont
été bouleutes une fois
dans leur vie.
La cité comporte entre 250 000 et 300 000 habitants, dont 30 000 seulement
environ sont citoyens. Les femmes, les enfants, les métèques, et les esclaves ne
bénéficient pas du statut de citoyen.
18. Démocratie antique Démocratie moderne
Démocratie directe Démocratie indirecte
Participation Représentation
Egalité des citoyens Inégalité des citoyens
Tirage au sort / élection Election
Inégalité naturelle des hommes
(institution de l’esclavage)
Egalité juridique des hommes
(respect des droits de l’homme)
Valorisation de la politique Valorisation du travail
19. a) La thèse des philosophes-rois
Cf. Platon : « Tant que les philosophes ne seront
pas rois dans les cités, ou que ceux qu’on appelle
aujourd’hui rois et souverains ne seront pas
vraiment et sérieusement philosophes ; tant que la
puissance politique et la philosophie ne se
rencontreront pas dans le même sujet (…) ; il n’y
aura de cesse, mon cher Glaucon, aux maux des
cités, ni, ce me semble, à ceux du genre humain »
(République, V, 473a).
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20. → Paradoxe : la philosophie et la démocratie
entretiennent, dès l’origine, des rapports
conflictuels.
Platon est contre la démocratie.
Cette position s’explique par des éléments
biographiques (la mort de Socrate). Mais elle
repose aussi sur des arguments théoriques :
1. La parole peut devenir un instrument de pouvoir.
2. La politique est affaire de compétence.
3. La cité juste est celle où chacun est à sa place, et
réalise la fonction qui lui est propre.
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21. La cité idéale selon Platon
Raison
(nous)
Coeur
(thumos)
Désir
(epithumia)
Les trois classes de la cité Les trois parties
de l’âme
22. b) Les avantages de la représentation
politique
Cf. Bernard Manin, Principes du gouvernement
représentatif (1995).
Nous identifions aujourd’hui « démocratie » et
« gouvernement représentatif », mais nous avons
oublié l’origine historique de ce dernier : ses
inventeurs étaient des antidémocrates !
Exemples : James Madison (1751-1836), Sieyès
(1748-1836).
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23. • Plusieurs arguments sont avancés en faveur du
« gouvernement représentatif » (et contre la
démocratie) :
1. L’argument démographique : la représentation
est une nécessité pratique qui découle de
« l’impossibilité matérielle de rassembler les
citoyens dans de grand États ».
2. L’argument de la sagesse des représentants : la
représentation est non seulement nécessaire,
mais légitime, car elle sert « le véritable intérêt
du pays » et bénéficie donc au peuple.
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24. 3. L’argument de la division du travail : la
représentation est enfin bénéfique, d’un point de
vue économique. Puisque le peuple a des
représentants qui s’occupent de la politique à sa
place, il peut davantage travailler, et ainsi
accroître la production des richesses.
→ Conclusion : le « gouvernement représentatif »
rendu nécessaire par la taille des États modernes
est donc à la fois plus juste et plus efficace. Grâce
à la représentation politique, la société devrait être
mieux gouvernée, et plus prospère.
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25. • De la Cité antique à l’État moderne, le rapport à la
politique change : la politique n’est plus l’activité
noble par excellence ; elle devient un fardeau dont
il faut se débarrasser.
Une nouvelle conception de l’homme voit le jour :
celui-ci n’est plus un « animal politique », mais un
être économique, qui travaille et échange.
Cf. Adam Smith : ce qui définit l’homme, et le
distingue des animaux, c’est moins la raison ou le
langage qu’un « penchant naturel à trafiquer » (La
richesse des nations, 1776).
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26. a) Quelques arguments en faveur de la
souveraineté populaire.
Cf. Aristote, Politiques, III, 11.
Aristote est favorable à ce que le peuple exerce le
pouvoir. Et pourtant, comme Platon, il critique la
« démocratie »: à ses yeux, c’est le règne de la
majorité sur la minorité, la domination des plus
pauvres sur les plus riches. En fait, il faut
distinguer deux formes de démocratie : une
forme droite et une forme pervertie.
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27. La classification des régimes
Pouvoir exercé
par
selon Aristote
Un seul Quelques-uns La masse
Pour tous Royauté Aristocratie
Gouvernement
constitutionnel
(politeia)
Pour soi-même Tyrannie Oligarchie Démocratie
28. Donner le pouvoir à la masse n’est pas sans risque,
mais cela a aussi des avantages selon Aristote.
La masse est, en fait, compétente pour prendre des
décisions politiques.
1. Son jugement est supérieur à celui de l’élite. Si
les individus pris un à un peuvent se tromper, le
peuple pris dans son ensemble est le plus apte
à prendre les bonnes décisions, car son avis
contient une pluralité de points de vue. Tous
réunis, les citoyens « possèdent une juste
perception des choses ».
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29. Cet argument se retrouve chez des auteurs ultérieurs,
favorables à la démocratie. Deux exemples :
→ Machiavel : « Quant à la prudence et à la stabilité, je dis qu’un
peuple est plus prudent, plus stable et plus avisé qu’un prince. (…)
Quant à juger les choses, il est très rare que le peuple, quand il
entend deux orateurs d’égale vertu qui prennent des voies
divergentes, n’embrasse pas l’opinion la meilleure » (Discours sur la
première décade de Tite-Live, I, 58).
→ Spinoza : « Dans un régime démocratique, tout particulièrement,
les décisions absurdes ne sont pas fort à redouter : il est presque
impossible que la majorité des hommes, au sein d’un groupe un
considérable, se mettent d’accord sur une absurdité » (Traité
théologico-politique, XVI).
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30. 2. Les citoyens, à défaut d’être des spécialistes, ont
aussi un savoir d’usage. Ils peuvent évaluer dans
leur vie quotidienne l’impact de la politique qui
est menée. Selon Aristote, la politique fait partie
des arts qui doivent être jugés, non par le
producteur, mais par l’usager : « dans le cas du
festin c’est le convive et non le cuisinier qui
jugera le mieux ».
Les citoyens ont donc une connaissance de
« terrain » que n’a pas nécessairement l’élite qui
fait la politique sans en percevoir les effets.
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31. 3. Enfin, la participation de tous à l’exercice du
pouvoir est d’autant plus souhaitable qu’elle
favorise l’intégration des individus au sein de la
cité, et contribue donc au maintien du lien social.
Les citoyens, auxquels on refuse le droit de
participer à la vie publique, pourraient devenir
des « ennemis », à l’intérieur de la cité, car ils se
sentent exclus. Une guerre civile pourrait donc
éclater.
→ Donner le pouvoir à la masse est donc doublement
bénéfique : on gagne en rationalité (dans le jugement)
et en sécurité (du point de vue de l’ordre).
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32. b) Le despotisme doux des démocraties
modernes
Cf. Tocqueville, De la démocratie en Amérique
(1835-1840).
• Dans les démocraties modernes, les individus ont
tort de valoriser la vie économique au détriment de
la vie politique. En se préoccupant seulement de
leurs intérêts matériels, ils délaissent leurs devoirs
politiques, et perdent alors leur liberté.
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33. • Tocqueville dénonce le déclin de la vertu civique
dans les sociétés modernes, et le péril de la
représentation.
Il n’y a pas de liberté sans exercice de la
citoyenneté et participation politique. L’homme
moderne, qui se désintéresse de la chose publique,
est un esclave qui s’ignore, puisqu’il obéit à des
lois établies par d’autres.
→ Cf. Rousseau, Du contrat social, III, 15 : « Pour vous,
peuples modernes, vous n’avez point d’esclaves, mais
vous l’êtes (…). À l’instant qu’un Peuple se donne des
représentants, il n’est plus libre ; il n’est plus ».
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34. • Le déclin de la vertu civique est la conséquence de
l’individualisme. Pour Tocqueville, il s’agit d’un
phénomène nouveau dans l’histoire, qui est propre
aux sociétés démocratiques modernes.
Les individus vivent repliés sur eux-mêmes, n’ont
plus le sentiment d’appartenir à une communauté.
Ils vivent isolés, séparés les uns des autres, chacun
recherchant de son côté son bonheur personnel.
Par calcul d’intérêt, ils refusent de participer à une
action collective : ils se désengagent ainsi de la vie
publique.
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35. L’EGOÏSME est L’INDIVIDUALISME est
Une tendance naturelle Un phénomène culturel
Présente chez tous les hommes Propre aux sociétés modernes
Qui « naît d’un instinct aveugle » Qui « procède d’un jugement
erroné »
Les conséquences sont seulement
morales
Les conséquences sont d’abord
politiques
On ne pense plus aux autres On ne participe plus à la vie
publique
36. • Si la démocratie est bien le « gouvernement du peuple, par
le peuple, pour le peuple », pour reprendre la célèbre formule
de Lincoln, notre régime actuel est, pour dire le moins, mal
nommé. Comme le remarque Bernard Manin, c’est un régime
mixte, à la fois démocratique et aristocratique.
Démocratique, du fait du suffrage universel et de l’affirmation
de la souveraineté du peuple.
Aristocratique, du fait de l’élection qui donne le pouvoir à une
minorité supposée compétente pour diriger l’État.
• Or, la dimension aristocratique de notre régime n’est que
rarement soulignée.
1) Elle témoigne d’une hésitation. Certes, en dernière
instance, c’est le peuple qui doit décider. Mais, d’un autre
côté, est-il capable de prendre les bonnes décisions?
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37. 2) Elle comporte surtout un danger. La délégation du
pouvoir est aussi une dépossession. La division entre
gouvernants et gouvernés est une menace pour la liberté.
→ Cf. Paul Ricoeur : « Toujours le souverain tend à escroquer la
souveraineté ; c’est le mal politique essentiel. Aucun État
n’existe sans un gouvernement, une administration, une police :
aussi ce phénomène de l’aliénation politique traverse-t-il tous
les régimes, à travers toutes les formes constitutionnelles ».
• Une nouvelle question se pose désormais : si le mal réside
dans la division de la société entre gouvernants et gouvernés,
peut-on concevoir une société au sein de laquelle une telle
division n’existe pas ? Une société qui s’autogouverne est-elle
possible ? En d’autres termes, peut-on concevoir une
société sans État ?
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38. Frank Capra, Monsieur Smith au Sénat, 1939.
Faut-il donner le pouvoir aux citoyens
ordinaires ?
39. Moses I. Finley, Démocratie antique et démocratie moderne
(1972), Petite Bibliothèque Payot, 2003.
Bernard Manin, Principes du gouvernement représentatif,
Flammarion « Champs », 1995.
Yves Sintomer, Petite histoire de l’expérimentation
démocratique. Tirage au sort et politique d’Athènes à nos
jours, éditions La découverte, 2011.
Mathias Roux, J’ai demandé un rapport. La politique est-elle
une affaire d’experts ?, Flammarion, « Antidote », 2011.
David Van Reybrouck, Contre les élections, Actes Sud, « Babel
essai », 2014.
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