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Le langage n’est-il qu’un instrument de
communication ? GGP, LCS, 2023-2024
« C’est un lieu commun de traiter le langage simplement
comme mots et non comme actes. (...) La Commission
souhaite adopter un autre point de vue. Le langage,
discours et rhétorique, fait des choses (does things) : il
construit des catégories sociales, il donne des ordres, il
nous persuade, il justifie, explique, donne des raisons,
excuse. Il construit la réalité. Il meut certains contre
d’autres. »
Desmond Tutu, Report, III, § 124, 1998 (cité par Barbara
Cassin, Quand dire, c’est vraiment faire, 2018, p. 137-138)
« Words, words. They’re all we have to go on. »
Tom Steppard, Rosencratz and Guildenstern are dead,
1966.
Plan
1. Langage et communication
a) Le langage comme instrument de communication
b) La question du langage animal
2. Langage et pensée
a) Les limites du langage
b) La pensée dépend-elle du langage ?
c) Il n’y a pas de pensée sans langage
3. Langage et action
a) Parler, c’est changer les choses
b) Quand dire, c’est faire
Conclusion : le langage n’est pas un instrument
Introduction (1)
 Quelques éléments de définition
• Le mot « langage » a deux sens principaux.
Au sens large, il désigne tout système ou
dispositif qui permet de communiquer et donc de
transmettre des informations. Ex : le langage du
corps, le langage de l’art, le langage informatique,
etc.
Au sens strict, le langage est la faculté qui permet
à l’homme de s’exprimer et de communiquer avec
ses semblables, grâce à un système de signes
vocaux et graphiques.
GGP, LCS, 2023-2024
Introduction (2)
• Depuis Saussure, on distingue le langage, la
langue et la parole.
Tous les hommes possèdent le langage, c’est-à-
dire la capacité de s’exprimer et de communiquer.
Mais, à l’évidence, ils ne parlent pas tous la
même langue.
Chaque communauté a sa propre langue, c’est-à-
dire son propre système de signes.
Chaque individu apprend une langue et l’utilise
pour communiquer. L’usage singulier qu’il fait de
la langue constitue la parole.
GGP, LCS, 2023-2024
Cf. Émile Benveniste :
« Le langage, faculté humaine, caractéristique universelle et
immuable de l’homme, est autre chose que les langues,
toujours particulières et variables, en lesquels il se réalise. »
(Problèmes de linguistique générale, p.19)
La distinction entre langage, langue et parole
Langage Faculté Universelle et
innée
Humanité
Langue Système de
signes
Particulier et
acquis
Société
Parole Acte Singulier Individu
Introduction (3)
 Langage, humanité et société
Le langage est doublement important.
1) Il définit notre humanité. Depuis Aristote, on
considère le langage comme le propre de
l’homme : « seul parmi les animaux l’homme
a un langage » (Les politiques, I, 2). Aristote
en déduit que l’homme est fait pour vivre dans
une cité et donc qu’il est un « animal
politique ». Selon lui, les animaux ne parlent
pas. Cf. la distinction entre la parole (logos) et
la voix (phonè).
GGP, LCS, 2023-2024
Introduction (4)
2) Le langage, non seulement nous distingue
des animaux, mais fait de nous des êtres
sociaux. Langage et société vont de pair.
• Il n’y a pas de langage sans société. C’est
parce qu’il vit en société que l’homme parle :
c’est la présence d’autrui qui rend à la fois
possible et nécessaire le développement du
langage.
• Inversement, il n’y a pas de société sans
langage. C’est parce que l’homme parle qu’il
vit en société. Le langage fonde le lien social.
GGP, LCS, 2023-2024
Montaigne : « Nous ne sommes hommes, et ne
tenons les uns aux autres que par la parole. »
(Les essais, I, IX)
Introduction (5)
 Problématisation
Que le langage soit un instrument de
communication, cela semble évident. Grâce au
langage, les hommes peuvent transmettre des
messages, échanger des informations.
Pourtant, une telle conception du langage, aussi
évidente soit-elle, n’est-elle pas réductrice ?
Plusieurs difficultés apparaissent.
1) La communication est l’une des fonctions
essentielles du langage, mais elle n’est pas la
seule : quelles sont donc les autres fonctions du
langage ?
GGP, LCS, 2023-2024
Introduction (6)
2) Les animaux aussi communiquent entre eux. Si
parler revient à communiquer, on peut être tenté
d’accorder aux animaux une forme de langage.
En quoi le langage est-il spécifiquement humain ?
3) Lorsqu’on parle, on cherche les mots adéquats
pour exprimer ce qu’on pense. La pensée semble
précéder le langage, et exister indépendamment
de celui-ci. Mais est-ce le cas ? Loin d’être un
simple instrument de communication, le langage
n’est-il pas une condition de la pensée elle-
même ?
GGP, LCS, 2023-2024
Introduction (7)
4) On oppose souvent les paroles et les actes.
Parler ne suffit pas : il faut agir. C’est l’un des
reproches souvent faits aux politiciens. Pourtant,
en parlant, on peut faire des choses. Parler, est-ce
agir ?
5) Une autre difficulté vient du mot « instrument ».
Considérer le langage comme un instrument, c’est
le réduire au statut de simple moyen, plus ou
moins utile et efficace, pour atteindre les fins
qu’on vise. C’est implicitement le déprécier. Peut-
on considérer le langage, non comme un moyen,
mais comme une fin en soi ?
GGP, LCS, 2023-2024
1. Langage et communication (1)
a) Le langage comme instrument de
communication
Cf. John Locke, Essai sur l’entendement humain,
III, 2.
 Le langage : un outil nécessaire et efficace
La communication est la fonction première du
langage.
Si les hommes parlent, c’est d’abord pour
communiquer, c’est-à-dire étymologiquement
mettre en commun, partager leurs propres
pensées.
GGP, LCS, 2023-2024
1. Langage et communication (2)
• Selon Locke, les hommes ont besoin du langage
pour une double raison :
1) Les pensées sont des états mentaux privés.
Seul celui qui pense sait ce qu’il pense.
2) La vie en société n’est possible et n’a
d’intérêt que si les hommes échangent leurs
pensées.
Parler, c’est donc extérioriser ses pensées, afin
de les faire connaître. Grâce au langage, autrui
peut connaître mes pensées, et je peux connaître
les siennes.
GGP, LCS, 2023-2024
1. Langage et communication (3)
• Le langage apparaît comme un outil efficace.
Si les hommes parlent, c’est parce qu’ils n’ont pas
trouvé de meilleur moyen pour communiquer : 1)
la transmission du message se fait de manière
instantanée ; 2) les locuteurs ont peu d’efforts à
fournir ; 3) ils peuvent communiquer une infinité
de messages différents.
Il leur suffit d’être à faible distance, d’avoir leurs
appareils de phonation et d’audition en bon état
de fonctionnement, de maîtriser une langue
commune.
GGP, LCS, 2023-2024
La communication
Émetteur Récepteur
Message
Référent
Canal
Code
encodage décodage
François Ayroles, Les Parleurs, L’association, coll. Mimolette, 2003.
1. Langage et communication (4)
 Les caractéristiques du langage humain
1) La nature du signe linguistique
Cf. Ferdinand de Saussure (1916).
Le signe linguistique est l’union arbitraire d’un
signifiant et d’un signifié.
Le signifiant = l’image acoustique
Le signifié = le concept (et non pas la chose)
L’union est arbitraire, c’est-à-dire immotivée : on
n’a aucune raison d’utiliser le mot « sœur » pour
signifier l’idée de sœur ; on aurait pu choisir un
mot différent.
GGP, LCS, 2023-2024
Indices
Icônes
Symboles
Signes linguistiques
Les différents types de signes
Cheval Horse
GGP, LCS, 2023-2024
Signe et symbole
« On s'est servi du mot symbole pour désigner
le signe linguistique, ou plus exactement ce
que nous appelons le signifiant. Il y a des
inconvénients à l'admettre, justement à cause
de notre premier principe. Le symbole a pour
caractère de n'être jamais tout à fait
arbitraire ; il n'est pas vide, il y a un rudiment
de lien naturel entre le signifiant et le signifié.
Le symbole de la justice, la balance, ne
pourrait pas être remplacé par n'importe
quoi, un char, par exemple. »
Ferdinand de Saussure, Cours de linguistique,
1916, I, Chap. I, §. 1.
1. Langage et communication (5)
2) La double articulation
Cf. André Martinet (1960).
On peut décomposer un énoncé linguistique en
unités de sens, lesquelles se décomposent, à leur
tour, en unités de son.
On appelle « monème » la plus petite unité
signifiante, et « phonème » la plus petite unité
sonore.
Cette double articulation permet une économie
de moyens : avec un nombre limité de phonèmes
et de monèmes, on peut produire un nombre
illimité d’énoncés.
GGP, LCS, 2023-2024
GGP, LCS, 2023-2024
1. Langage et communication (6)
b) La question du langage animal
Les animaux communiquent entre eux. Mais peut-
on dire pour autant qu’ils parlent ?
 L’exemple de la danse des abeilles
Cf. Karl Von Frisch (1886-1982).
Quand une abeille découvre une source de
nourriture, elle transmet l’information aux autres,
en effectuant deux types de danse. Von Frisch a
découvert que chaque type de danse transmet
une information spécifique. Les abeilles ont donc
un code !
GGP, LCS, 2023-2024
Le langage des abeille selon Karl Von Frisch (1948)
Danse en cercle : butin situé à
faible distance, jusqu’à 100 m
environ autour de la ruche.
Danse en huit : butin situé au-
delà de 100 m et jusqu’à 6 km.
L’abeille transmet deux autres
informations : 1) la direction
(l’axe du 8 par rapport au soleil) ;
2) la distance (vitesse
d’exécution).
1. Langage et communication (7)
 Les différences avec le langage humain
Cf. Émile Benveniste (1966).
1) La communication des abeilles n’est pas
vocale, mais gestuelle. 2) La transmission du
message est unilatérale : elle n’appelle aucune
réponse, mais une action. Il n’y a pas de dialogue.
3) Le contenu du message est fixe : il se rapporte
toujours à la nourriture, et à son emplacement. Le
langage humain, par opposition, peut transmettre
une infinité de contenus différents. 4) Le message
(la danse) ne se laisse pas analyser ou
décomposer.
GGP, LCS, 2023-2024
1. Langage et communication (8)
→ Conclusion de Benveniste : il y a une
communication animale, mais il n’y a pas de
« langage animal ». Les abeilles, à défaut d’avoir
un véritable langage, ont seulement « un code de
signaux ».
Il faut distinguer le signal et le symbole :
Signal : signe naturel ou conventionnel qui
déclenche une action. On réagit à un signal.
Symbole : signe qui renvoie à un sens et doit
donc être interprété.
« L’homme invente et comprend des symboles ;
l’animal, non ».
GGP, LCS, 2023-2024
1. Langage et communication (9)
 Le langage est le propre de l’homme
Cf. Descartes, « Lettre du 23 novembre 1646 au
Marquis de Newcastle ».
Le langage permet d’établir une différence de
nature entre l’homme et l’animal. Seul l’homme
parle. Les animaux ne parlent pas.
1) Parler, ce n’est pas nécessairement émettre
des sons. Il suffit d’utiliser des signes. 2) Mais
encore faut-il le faire à propos, c’est-à-dire en
fonction du contexte, et non de manière
mécanique. 3) Enfin, pour parler, il faut exprimer
une pensée, et non des passions.
GGP, LCS, 2023-2024
1. Langage et communication (10)
→ « ... la parole étant ainsi définie, ne convient
qu’à l’homme seul ».
Les animaux émettent, certes, des sons, mais de
manière mécanique, et seulement pour exprimer
leurs passions. Ils ne font que réagir aux stimuli
(internes ou externes) auxquels ils sont soumis.
S’ils ne parlent pas, c’est parce qu’ils ne pensent
pas. Descartes en déduit qu’ils n’ont pas d’âme.
Cf. La théorie des animaux-machines : l’animal
agit toujours, tel un automate, en étant déterminé
par son corps.
GGP, LCS, 2023-2024
L’animal L’homme
Corps comparable à une
machine
Union de l’âme et du corps
Emission de sons Utilisation de signes
Passions Pensée
Déterminisme
(rapport de cause à effet)
Liberté
(expression libre d’un sens)
L’homme et l’animal : une différence de nature
« On ne doit pas confondre les paroles avec les mouvements
naturels, qui témoignent les passions (…). » (Discours de la
méthode, V)
« La parole est l’unique signe et la seule marque assurée de la
pensée cachée et renfermée dans les corps. » (« Lettre à
Morus » du 5 février 1649)
1. Langage et communication (11)
Transition : pour parler, il ne suffit pas de
communiquer ; il faut penser. Il n’y a pas de
langage sans pensée.
Mais comment concevoir la relation entre le
langage et la pensée ?
Considérer le langage comme un instrument de
communication, c’est présupposer : a) que le
langage est capable d’exprimer la pensée ; b) que
celle-ci a une existence indépendante et
antérieure à son expression linguistique.
Ces deux présupposés ne vont pas de soi.
GGP, LCS, 2023-2024
2. Langage et pensée (1)
a) Les limites du langage
Cf. H. Bergson, Essai sur les données
immédiates de la conscience (1889) et Le rire
(1900).
Bergson développe une double critique du
langage :
1) Le langage est un instrument imparfait. S’il est
utile pour la vie en société, il est incapable de
retranscrire fidèlement la pensée.
2) Il n’est pas un instrument neutre. Il a des effets
sur notre perception de la réalité.
GGP, LCS, 2023-2024
2. Langage et pensée (2)
1) Le langage comme instrument imparfait
Notre vie intérieure est composée d’une
multiplicité de sentiments particuliers, qui
changent sans cesse, et qui s’interpénètrent. Or,
le langage ne peut en rendre compte. Il est
incapable de retranscrire fidèlement nos
sentiments. Les mots, étant généraux et
communs, ne peuvent exprimer les sentiments
personnels dans leur singularité. Il y a donc de
l’indicible ou de l’ineffable : le vécu personnel
est irréductible aux mots et aux concepts qu’ils
désignent.
GGP, LCS, 2023-2024
« La pensée demeure incommensurable
avec le langage »
Selon Bergson, le langage ne peut exprimer la pensée
qu’en l’altérant : il la fige dans les mots et la rend
impersonnelle. Ainsi, il y aura toujours un écart entre cet
amour que je ressens et qui est le mien – sentiment
singulier qui change dans le temps et se mêle à mes autres
sentiments – et le mot « amour » dont je dispose pour
l’exprimer : ce mot est nécessairement général, commun, et
conventionnel.
La pensée Le langage
Singularité Généralité
Changement Fixité
Individu Société
GGP, LCS, 2023-2024
« Words are inert. »
Richard Linklater,
Waking Life, 2001.
2. Langage et pensée (3)
2) Le langage comme prisme déformant
Nous regardons les choses à travers le prisme
des mots. Notre perception du réel est ainsi
réduite ou altérée. Du réel, nous ne voyons que
les éléments communs et fixes, tels qu’ils sont
rapportés par les mots. La singularité des choses
et leur caractère mouvant ou changeant nous
échappent.
Au filtre du langage s’ajoute le filtre des besoins.
L’homme ne voit du réel que ce qui l’intéresse
pour son action. Le langage lui-même répond à
des besoins. Il reste chez Bergson un outil.
GGP, LCS, 2023-2024
Le mot
« arbre »
Le concept
d’arbre
Bergson : « Nous ne voyons pas les choses mêmes. »
(idée abstraite)
Les arbres
(concrets)
2. Langage et pensée (4)
b) La pensée dépend-elle du langage ?
Notre expérience la plus commune, lorsque nous
parlons, nous indique que :
1) la pensée est antérieure au langage : nous
pensons, puis nous cherchons à exprimer ce que
nous pensons avec des mots ;
2) la pensée est indépendante du langage, et en
particulier, de la langue : une même pensée peut
être exprimée dans des langues différentes ; le
choix de la langue semble être indifférent, n’avoir
aucun impact sur la pensée.
GGP, LCS, 2023-2024
Le langage
La pensée
?
La neige est blanche
« La neige est blanche »
« Snow is white »
« Der Schnee ist weiß »
« La neve è bianca »
« La nieve es blanca »
Etc…
2. Langage et pensée (5)
 Langage et vision du monde
Cf. Benjamin Lee Whorf, « Science et
linguistique » in Linguistique et anthropologie
(1956).
Selon Sapir et Whorf, l’expérience commune
nous trompe. La langue est antérieure et
conditionne la pensée. Les structures de notre
langue déterminent, à notre insu, non seulement
nos pensées, mais notre façon de percevoir le
monde.
Loin d’être un instrument neutre, la langue
véhicule une vision du monde.
GGP, LCS, 2023-2024
2. Langage et pensée (6)
→ Les deux ethnologues défendent un
relativisme linguistique : deux individus parlant
des langues différentes n’auraient pas la même
perception du réel, vivraient, à la limite, dans des
mondes différents.
Cf. É. Benveniste : « Nous pensons un univers
que notre langue a déjà modelé ».
Selon Whorf, un tel fait est patent, lorsqu’on
examine d’autres langues que les langues indo-
européennes, comme la langue Hopi. Un indien
Hopi n’aurait pas le même rapport au temps et à
l’espace que nous !
GGP, LCS, 2023-2024
2. Langage et pensée (7)
 Le contrôle de la pensée
L’hypothèse selon laquelle la langue détermine la
pensée est explorée par Orwell dans son roman
d’anticipation, 1984.
Si « la pensée dépend des mots », alors un État
totalitaire qui imposerait à ses citoyens une
nouvelle langue (Newspeak) pourrait, du même
coup, contrôler leur pensée.
L’élimination de certains mots (ou la modification
de leur sens) aurait pour effet, à long terme, la
disparation des idées auxquelles ils sont
associés. Ex : la liberté.
GGP, LCS, 2023-2024
2. Langage et pensée (8)
 Objections
1) Contre Sapir et Whorf : des tests ont prouvé
que les hommes reconnaissent les couleurs à peu
près de la même manière, quelle que soit la
langue qu’ils parlent. Cf. J.-C. Pariente : « La
relativité culturelle a des effets beaucoup plus
limités qu’on ne s’y attendait ».
2) Contre Orwell : la pensée est influencée par la
langue, mais elle n’en est pas prisonnière. En
témoigne le fait que, lorsque les hommes n’ont
pas de mots pour exprimer ce qu’ils pensent, ils
peuvent encore les inventer.
GGP, LCS, 2023-2024
2. Langage et pensée (9)
c) Il n’y a pas de pensée sans langage
Cf. Hegel, Encyclopédie des sciences
philosophiques, tome III : La philosophie de
l’esprit (1817-1830).
Penser et parler sont les deux faces
indissociables du même processus. Parler, c’est
penser. Inversement, penser, c’est parler. Le
langage n’est pas un simple instrument de
communication : il est la condition essentielle du
développement de la pensée elle-même. « C’est
dans les mots que nous pensons ».
GGP, LCS, 2023-2024
2. Langage et pensée (10)
1) On ne peut pas penser sans les mots.
Selon Hegel, toute pensée véritable se réalise
dans le langage, s’accomplit à travers lui. Parler,
c’est extérioriser ses pensées, non pas tant pour
les communiquer, que pour les déterminer, les
mettre en forme, et ainsi en prendre conscience.
Je sais vraiment ce que je pense qu’au moment
où je le dis. C’est seulement une fois verbalisée
que ma pensée acquiert un contenu déterminé.
Avant la verbalisation, il n’y a qu’une pensée
confuse et vague.
GGP, LCS, 2023-2024
2. Langage et pensée (11)
→ Hegel distingue ainsi deux formes de pensée :
① La pensée pré-linguistique n’est pas une
pensée véritable ou authentique : il s’agit d’un
processus mental inabouti et donc toujours
indéterminé. Il y a de la pensée, et pourtant rien
n’est véritablement pensé !
② La pensée véritable est linguistique : elle
s’accomplit dans les mots. La mise en mots est
une mise en ordre. La pensée se détermine, se
précise. Il n’y a donc pas d’antériorité de la
pensée sur le langage, mais plutôt synchronie.
GGP, LCS, 2023-2024
2. Langage et pensée (12)
2) La critique de l’ineffable
Selon Hegel, on a tort de critiquer le langage,
sous prétexte qu’il est incapable d’exprimer la
pensée. On a tort, du même coup, de valoriser
l’ineffable. L’ineffable, ce n’est rien d’autre que
« la pensée obscure », « la pensée à l’état de
fermentation » : celle qui n’a pas assez mûri pour
pouvoir été verbalisée.
Certains philosophes croient avoir une pensée
supérieure, subtile et fine, que le langage ne peut
exprimer : en fait, dit Hegel, c’est simplement
qu’ils pensent mal.
GGP, LCS, 2023-2024
2. Langage et pensée (13)
Remarque : l’expression commune « chercher
ses mots » est donc trompeuse.
Elle suggère que la pensée est antérieure au
langage, qu’elle est déjà constituée et qu’il suffirait
de choisir les bons mots pour la communiquer.
En fait, celui qui « cherche ses mots » cherche
aussi, d’une certaine manière, sa pensée. Au
moment même où il parle, s’il hésite, c’est parce
que sa pensée n’est pas encore tout à fait
aboutie, achevée : il est justement en train de
l’élaborer.
GGP, LCS, 2023-2024
« Psychologiquement, abstraction faite de son
expression par les mots, notre pensée n'est
qu'une masse amorphe et indistincte.
Philosophes et linguistes se sont toujours
accordés à reconnaître que, sans le secours des
signes, nous serions incapables de distinguer
deux idées d'une façon claire et constante. Prise
en elle-même la pensée est comme une
nébuleuse où rien n'est nécessairement délimité.
Il n'y a pas d'idées préétablies, et rien n'est
distinct avant l'apparition de la langue. »
Ferdinand de Saussure, Cours de linguistique
générale, Deuxième partie, chapitre IV, §1.
Le langage : une condition de
réalisation de la pensée ?
2. Langage et pensée (14)
Transition : le langage n’est pas un simple outil
de communication. Loin de simplement véhiculer
nos pensées, il les structure.
Mais parler, ce n’est pas seulement penser.
Parler, c’est aussi agir, c’est-à-dire produire des
effets dans le monde.
Paradoxe : on oppose souvent les paroles et les
actes ; et pourtant, les paroles, aussi
immatérielles soient-elles, ont un certain pouvoir :
elles peuvent modifier la « réalité ».
Comment est-ce possible ?
GGP, LCS, 2023-2024
3. Langage et action (1)
a) Parler, c’est changer les choses
Cf. Sartre, La responsabilité de l’écrivain, 1946.
Sartre distingue deux conceptions possibles du
langage :
1) Selon la première, le langage ne modifie pas la
réalité : il se contente de la décrire. Ainsi, une
phrase peut être vraie ou fausse : vraie si elle
décrit la réalité telle qu’elle est ; fausse si ce n’est
pas le cas. Mais dans tous les cas, que la phrase
soit prononcée ou non, la réalité ne change pas.
GGP, LCS, 2023-2024
3. Langage et action (2)
2) Mais parler, ce n’est pas seulement décrire la
réalité. C’est aussi la dévoiler. « Le langage, dit
Sartre, est une activité humaine de dévoilement. »
C’est-à-dire ? En parlant de quelque chose (par
exemple, « ce verre »), j’attire l’attention de mon
interlocuteur sur cet objet. Je fais exister cet objet
pour lui. Ainsi, en parlant, je modifie, non pas
certes la réalité même, mais, la réalité « pour
nous », c’est-à-dire « notre » réalité.
La phrase que j’ai prononcée (« Il y a un verre. »),
aussi insignifiante soit-elle à première vue, fait que
nous ne vivons plus tout à fait dans le même
monde : désormais il y a cette chose que j’ai
nommée, et qui existe désormais pour nous.
GGP, LCS, 2023-2024
3. Langage et action (3)
→ Décider de parler ou de se taire n’est pas indifférent.
C’est une décision qui est lourde de conséquences. En
parlant de quelque chose, je fais exister cette
chose. Si je n’en parle pas, c’est comme si elle
n’existait pas.
Une chose nommée est une chose connue et
reconnue, qui existe dans la conscience collective,
alors qu’une chose tue est, en quelque sorte,
« invisibilisée » par le silence même qui s’abat sur elle.
On comprend pourquoi les écrivains (c’est-à-dire, les
prosateurs) ont, selon Sartre, une grande
responsabilité. Leur principale mission est de dire les
choses, afin justement de les transformer.
GGP, LCS, 2023-2024
3. Langage et action (4)
« Opprimer les Nègres, ça n’est rien tant que quelqu’un
n’a pas dit : les Nègres sont opprimés. Jusque-là,
personne ne s’en aperçoit, peut-être même pas les
Nègres eux-mêmes : mais il ne faut qu’un mot pour que
cela prenne sens. »
→ L’écrivain qui dénonce une injustice la rend visible aux
yeux de tous, aux yeux même des victimes qui pourraient
paradoxalement ne pas s’en rendre compte. Il contribue
ainsi à une prise de conscience collective. Certes, cette
prise de conscience n’est pas suffisante pour faire
disparaître l’injustice. Elle est néanmoins nécessaire :
c’est parce que les hommes ont conscience d’une
injustice qu’ils peuvent agir collectivement pour y mettre
un terme.
GGP, LCS, 2023-2024
3. Langage et action (5)
b) Quand dire, c’est faire
Cf. John L. Austin (1911-1960), Quand dire, c’est
faire (titre original : How to do things with words),
1962.
• Austin est un philosophe anglais qui appartient
au courant qu’on appelle « la philosophie
analytique » (par opposition à la philosophie dite
« continentale »). Ce qui caractérise ce courant,
c’est, en particulier, une grande attention
apportée au langage.
Le point de départ d’Austin réside dans l’examen
de certaines phrases banales.
GGP, LCS, 2023-2024
3. Langage et action (6)
« (E. a) "Oui [je le veux] (c'est-à-dire je prends cette femme comme
épouse légitime" – ce "oui" étant prononcé au cours de la cérémonie du
mariage.
(E. b) "Je baptise ce bateau le Queen Elizabeth" – comme on dit
lorsque l'on brise une bouteille contre la coque.
(E. c) "Je donne et lègue ma montre à mon frère" – comme on peut lire
dans un testament.
(E. d) "Je vous parie six pence qu'il pleuvra demain. » (p. 41)
Question : Quel est le point commun entre tous ces
énoncés ? Qu’est-ce qui les caractérise ?
Ces énoncés ont pour propriété incroyable de faire
précisément ce qu’ils disent. Dire ici, c’est faire. Austin
appelle ces énoncés des « performatifs », par
opposition aux énoncés qu’il appelle des
« constatifs ».
GGP, LCS, 2023-2024
3. Langage et action (7)
- Un énoncé constatif est un énoncé qui décrit le réel.
Il peut être vrai ou faux. Ex : « Le chat est sur le
paillasson. » « Le chat est sur le paillasson » est vrai
si et seulement si le chat est sur le paillasson.
- Un énoncé performatif n’est ni vrai ni faux. Il ne
décrit pas le réel. Il réalise un acte. Du moins, il
réalise cet acte dans certaines conditions. Il peut
réussir ou échouer. Ex : « Je déclare la séance
ouverte. » Si la séance est, suite à ces mots, ouverte,
l’énoncé a réussi : il a fait ce qu’il était supposé faire,
à savoir, « ouvrir la séance ».
Par conséquent, l’opposition entre les paroles et les actes
ne tient pas. Certaines paroles sont des actes !
GGP, LCS, 2023-2024
3. Langage et action (8)
• Problème : l’analyse d’Austin est, jusqu’à présent,
d’une portée limitée, car elle ne concerne qu’un certain
type d’énoncés (« les performatifs »). Peut-on aller
plus loin et considérer que toute parole est acte ? N’y
a-t-il pas une dimension performative du langage, en
général ?
On peut se demander, en outre, si la distinction entre
les énoncés constatifs et les énoncés performatifs est
fondée. Austin lui-même a des doutes.
Pour peu qu’on tienne compte de la situation
d’énonciation, une affirmation (statement), quelle
qu’elle soit, n’est jamais neutre : elle « fait » quelque
chose.
GGP, LCS, 2023-2024
3. Langage et action (9)
« Dès qu’on a saisi que l’objet à étudier, ce n’est pas
la phrase mais la production d’une énonciation dans la
situation de discours, on ne peut plus guère manquer
de remarquer ceci : affirmer, c’est exécuter (perform)
un acte. » (Quand dire, c’est faire, p. 143)
Considérons cet énoncé : « Le chat est sur le
paillasson. » Pris en lui-même, il est « constatif ». Mais
il équivaut, en fait, à l’énoncé suivant : « J’affirme (ou
je remarque) que le chat est sur le paillasson. » Tout
en prononçant ces mots, je « fais » quelque chose :
j’attire l’attention de mon interlocuteur sur ce « fait ».
Enfin, l’énoncé que je prononce peut susciter une
réaction auprès de mon interlocuteur : il « agit » aussi
en ce sens.
GGP, LCS, 2023-2024
3. Langage et action (10)
• Au cours de ses conférences, Austin est ainsi amené à
réviser sa propre théorie initiale. Il abandonne la
distinction entre constatifs et performatifs pour
élaborer une théorie des actes de parole (speech
acts).
Selon cette théorie, toute parole est un triple acte :
1) un acte locutoire : je dis quelque chose ;
2) un acte illocutoire : je fais quelque chose en
disant ce que je dis ;
3) un acte perlocutoire : ma parole produit des effets
sur mon interlocuteur, le pousse à agir.
.
GGP, LCS, 2023-2024
Les « constatifs » Les « performatifs »
Enoncés qui disent quelque
chose
Ex : « Le chat est sur le
paillasson »
Enoncés qui font quelque
chose
Ex : « La séance est ouverte. »
Enoncés qui sont soit vrais
(s’ils correspondent au réel)
soit faux (s’ils ne correspondent
pas au réel)
Enoncés qui réussissent ou qui
échouent, qui sont « heureux »
ou « malheureux »
Le locutoire L’illocutoire
Préfixe : il > in (dans)
Le perlocutoire
Préfixe : per (par, par le
moyen de)
Act of saying Act in saying Act by saying
Je prononce les mots :
« La séance est
ouverte. »
En disant ces mots, je
fais quelque chose :
j’ouvre la séance.
Mes mots ont un effet
sur le public : par
exemple, j’obtiens le
silence.
Changement
radical de
théorie
3. Langage et action (11)
NB : la théorie d’Austin a été vivement discutée.
Deux exemples :
1) Bourdieu reproche à Austin de négliger la statut social des
locuteurs. Si la parole a une certaine force illocutoire et peut
produire des effets perlocutoires, c’est, avant tout, non pas
grâce au pouvoir des mots, mais au pouvoir de la personne
qui prononce ces mots.
2) Judith Butler (philosophe américaine, né en 1956) reprend
à Austin l’idée d’une performativité du langage pour
développer une théorie du genre. Le fait de s’adresser à une
personne en tant que garçon ou fille, en tant qu’homme ou
femme, loin de décrire un état de fait, participerait à la
construction de son identité de genre. Thèse pour le
moins... polémique !
GGP, LCS, 2023-2024
Conclusion (1)
Pour conclure, trois remarques.
1) On aurait tort de réduire le langage à une
seule fonction.
La communication n’est qu’une fonction du
langage parmi tant d’autres. Le langage ne
permet pas seulement de communiquer. Il permet
de penser mais aussi d’agir. Ses fonctions sont,
en fait, multiples.
Cf. les six fonctions du langage selon le linguiste
Roman Jakobson.
GGP, LCS, 2023-2024
Destinateur Destinataire
Contact
Code
Les six fonctions du langage
selon Roman Jakobson
Contexte ou référent
Message
1) Fonction référentielle
2) Fonction
expressive
3) Fonction
conative
4) Fonction phatique
5) Fonction métalinguistique
6) Fonction poétique
Exemples Fonction(s)
« Il pleut. » Fonction référentielle
« Je n’aime pas la pluie. » Fonction expressive
« Prends un parapluie ! » Fonction conative
« Allô ? Tu m’entends ? » Fonction phatique
« Pleuvoir » est un verbe
impersonnel qui se construit avec le
pronom de la troisième personne du
singulier « il ».
Fonction métalinguistique
« Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ? »
(Paul Verlaine)
Fonction poétique
(et fonction expressive)
« Il fait froid ici. »
Phrase qui peut avoir deux sens :
- un sens direct : il fait froid, j’ai froid
(fonction référentielle, fonction
expressive) ;
- un sens indirect (en fonction de la
situation) : il faut fermer la fenêtre
(fonction conative).
Conclusion (2)
2) On peut avoir un rapport non-instrumental
au langage.
C’est le cas des poètes.
Cf. Sartre, Qu’est-ce que la littérature ? (1948)
• Dans la prose, le langage n’est qu’un outil de
communication. Il n’est qu’un moyen pour
transmettre un message. On considère les mots
comme de simples signes qui renvoient aux
choses : ils sont, avant tout, des « conventions
utiles ». En eux-mêmes, ils n’ont aucune valeur.
GGP, LCS, 2023-2024
Conclusion (3)
• Le poète a un autre rapport au langage.
Au lieu de se servir des mots, il les sert, il est à
leur service. Parce qu’il est sensible à leurs
qualités phoniques et graphiques, il cherche à leur
rendre hommage : il les considère pour eux-
mêmes, comme des êtres à part, des choses dont
il faut s’émerveiller, et non plus comme des signes
utiles.
Contrairement au prosateur qui oublie les mots au
profit des idées qu’ils véhiculent, le poète se
soucie des mots pour eux-mêmes,
indépendamment de leur signification.
GGP, LCS, 2023-2024
Prose et poésie
La prose La poésie
Forme
(signifiant)
Multiplicité
des formes
Forme
unique
Fond
(signifié)
Fond unique Multiplicité
des sens
Cf. Paul Valéry : « La poésie n’a pas le moins du monde pour objet de
communiquer à quelqu’un quelque notion déterminée, – à quoi la prose doit
suffire. Observez seulement le destin de la prose, comme elle expire à peine
entendue, et expire de l’être, – c’est-à-dire d’être remplacée dans l’esprit
attentif par une idée ou figure définie. (…)
Toute autre est la fonction de la poésie. Tandis que le fond unique est
exigible de la prose, c’est ici la forme unique qui ordonne et survit. (…)
Un beau vers renaît indéfiniment de ses cendres. » (« Commentaires de
Charmes », 1936)
Conclusion (4)
3) Le langage n’est pas un instrument ou un
outil.
Cf. É. Benveniste, Problèmes de linguistique
générale, I, chapitre XXI.
Comparer le langage à un instrument est non
seulement réducteur mais trompeur. Une telle
comparaison laisse penser que le langage est
extérieur à l’homme, et artificiel, comme les
objets techniques qu’il fabrique et qu’il utilise.
Or, ce n’est pas le cas. Le langage fait partie de
nous, il nous constitue. On pourrait dire, en
plagiant Descartes : « Je parle donc je suis ».
GGP, LCS, 2023-2024
Suggestions de lecture
(pour aller plus loin)
 Emile Benveniste, Problèmes de linguistique
générale, tome 1, Gallimard, coll. TEL, 1966.
 Jean-Claude Pariente, « Le langage » in Notions
de philosophie, tome 1, Gallimard, Folio essais,
1995.
 Barbara Cassin, Quand dire, c’est vraiment faire,
Fayard, 2018.
GGP, LCS, 2023-2024

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Le langage n'est-il qu'un instrument de communication ? (V2)

  • 1. Le langage n’est-il qu’un instrument de communication ? GGP, LCS, 2023-2024
  • 2. « C’est un lieu commun de traiter le langage simplement comme mots et non comme actes. (...) La Commission souhaite adopter un autre point de vue. Le langage, discours et rhétorique, fait des choses (does things) : il construit des catégories sociales, il donne des ordres, il nous persuade, il justifie, explique, donne des raisons, excuse. Il construit la réalité. Il meut certains contre d’autres. » Desmond Tutu, Report, III, § 124, 1998 (cité par Barbara Cassin, Quand dire, c’est vraiment faire, 2018, p. 137-138) « Words, words. They’re all we have to go on. » Tom Steppard, Rosencratz and Guildenstern are dead, 1966.
  • 3. Plan 1. Langage et communication a) Le langage comme instrument de communication b) La question du langage animal 2. Langage et pensée a) Les limites du langage b) La pensée dépend-elle du langage ? c) Il n’y a pas de pensée sans langage 3. Langage et action a) Parler, c’est changer les choses b) Quand dire, c’est faire Conclusion : le langage n’est pas un instrument
  • 4. Introduction (1)  Quelques éléments de définition • Le mot « langage » a deux sens principaux. Au sens large, il désigne tout système ou dispositif qui permet de communiquer et donc de transmettre des informations. Ex : le langage du corps, le langage de l’art, le langage informatique, etc. Au sens strict, le langage est la faculté qui permet à l’homme de s’exprimer et de communiquer avec ses semblables, grâce à un système de signes vocaux et graphiques. GGP, LCS, 2023-2024
  • 5. Introduction (2) • Depuis Saussure, on distingue le langage, la langue et la parole. Tous les hommes possèdent le langage, c’est-à- dire la capacité de s’exprimer et de communiquer. Mais, à l’évidence, ils ne parlent pas tous la même langue. Chaque communauté a sa propre langue, c’est-à- dire son propre système de signes. Chaque individu apprend une langue et l’utilise pour communiquer. L’usage singulier qu’il fait de la langue constitue la parole. GGP, LCS, 2023-2024
  • 6. Cf. Émile Benveniste : « Le langage, faculté humaine, caractéristique universelle et immuable de l’homme, est autre chose que les langues, toujours particulières et variables, en lesquels il se réalise. » (Problèmes de linguistique générale, p.19) La distinction entre langage, langue et parole Langage Faculté Universelle et innée Humanité Langue Système de signes Particulier et acquis Société Parole Acte Singulier Individu
  • 7. Introduction (3)  Langage, humanité et société Le langage est doublement important. 1) Il définit notre humanité. Depuis Aristote, on considère le langage comme le propre de l’homme : « seul parmi les animaux l’homme a un langage » (Les politiques, I, 2). Aristote en déduit que l’homme est fait pour vivre dans une cité et donc qu’il est un « animal politique ». Selon lui, les animaux ne parlent pas. Cf. la distinction entre la parole (logos) et la voix (phonè). GGP, LCS, 2023-2024
  • 8. Introduction (4) 2) Le langage, non seulement nous distingue des animaux, mais fait de nous des êtres sociaux. Langage et société vont de pair. • Il n’y a pas de langage sans société. C’est parce qu’il vit en société que l’homme parle : c’est la présence d’autrui qui rend à la fois possible et nécessaire le développement du langage. • Inversement, il n’y a pas de société sans langage. C’est parce que l’homme parle qu’il vit en société. Le langage fonde le lien social. GGP, LCS, 2023-2024
  • 9. Montaigne : « Nous ne sommes hommes, et ne tenons les uns aux autres que par la parole. » (Les essais, I, IX)
  • 10. Introduction (5)  Problématisation Que le langage soit un instrument de communication, cela semble évident. Grâce au langage, les hommes peuvent transmettre des messages, échanger des informations. Pourtant, une telle conception du langage, aussi évidente soit-elle, n’est-elle pas réductrice ? Plusieurs difficultés apparaissent. 1) La communication est l’une des fonctions essentielles du langage, mais elle n’est pas la seule : quelles sont donc les autres fonctions du langage ? GGP, LCS, 2023-2024
  • 11. Introduction (6) 2) Les animaux aussi communiquent entre eux. Si parler revient à communiquer, on peut être tenté d’accorder aux animaux une forme de langage. En quoi le langage est-il spécifiquement humain ? 3) Lorsqu’on parle, on cherche les mots adéquats pour exprimer ce qu’on pense. La pensée semble précéder le langage, et exister indépendamment de celui-ci. Mais est-ce le cas ? Loin d’être un simple instrument de communication, le langage n’est-il pas une condition de la pensée elle- même ? GGP, LCS, 2023-2024
  • 12. Introduction (7) 4) On oppose souvent les paroles et les actes. Parler ne suffit pas : il faut agir. C’est l’un des reproches souvent faits aux politiciens. Pourtant, en parlant, on peut faire des choses. Parler, est-ce agir ? 5) Une autre difficulté vient du mot « instrument ». Considérer le langage comme un instrument, c’est le réduire au statut de simple moyen, plus ou moins utile et efficace, pour atteindre les fins qu’on vise. C’est implicitement le déprécier. Peut- on considérer le langage, non comme un moyen, mais comme une fin en soi ? GGP, LCS, 2023-2024
  • 13. 1. Langage et communication (1) a) Le langage comme instrument de communication Cf. John Locke, Essai sur l’entendement humain, III, 2.  Le langage : un outil nécessaire et efficace La communication est la fonction première du langage. Si les hommes parlent, c’est d’abord pour communiquer, c’est-à-dire étymologiquement mettre en commun, partager leurs propres pensées. GGP, LCS, 2023-2024
  • 14. 1. Langage et communication (2) • Selon Locke, les hommes ont besoin du langage pour une double raison : 1) Les pensées sont des états mentaux privés. Seul celui qui pense sait ce qu’il pense. 2) La vie en société n’est possible et n’a d’intérêt que si les hommes échangent leurs pensées. Parler, c’est donc extérioriser ses pensées, afin de les faire connaître. Grâce au langage, autrui peut connaître mes pensées, et je peux connaître les siennes. GGP, LCS, 2023-2024
  • 15. 1. Langage et communication (3) • Le langage apparaît comme un outil efficace. Si les hommes parlent, c’est parce qu’ils n’ont pas trouvé de meilleur moyen pour communiquer : 1) la transmission du message se fait de manière instantanée ; 2) les locuteurs ont peu d’efforts à fournir ; 3) ils peuvent communiquer une infinité de messages différents. Il leur suffit d’être à faible distance, d’avoir leurs appareils de phonation et d’audition en bon état de fonctionnement, de maîtriser une langue commune. GGP, LCS, 2023-2024
  • 17. François Ayroles, Les Parleurs, L’association, coll. Mimolette, 2003.
  • 18. 1. Langage et communication (4)  Les caractéristiques du langage humain 1) La nature du signe linguistique Cf. Ferdinand de Saussure (1916). Le signe linguistique est l’union arbitraire d’un signifiant et d’un signifié. Le signifiant = l’image acoustique Le signifié = le concept (et non pas la chose) L’union est arbitraire, c’est-à-dire immotivée : on n’a aucune raison d’utiliser le mot « sœur » pour signifier l’idée de sœur ; on aurait pu choisir un mot différent. GGP, LCS, 2023-2024
  • 20. GGP, LCS, 2023-2024 Signe et symbole « On s'est servi du mot symbole pour désigner le signe linguistique, ou plus exactement ce que nous appelons le signifiant. Il y a des inconvénients à l'admettre, justement à cause de notre premier principe. Le symbole a pour caractère de n'être jamais tout à fait arbitraire ; il n'est pas vide, il y a un rudiment de lien naturel entre le signifiant et le signifié. Le symbole de la justice, la balance, ne pourrait pas être remplacé par n'importe quoi, un char, par exemple. » Ferdinand de Saussure, Cours de linguistique, 1916, I, Chap. I, §. 1.
  • 21. 1. Langage et communication (5) 2) La double articulation Cf. André Martinet (1960). On peut décomposer un énoncé linguistique en unités de sens, lesquelles se décomposent, à leur tour, en unités de son. On appelle « monème » la plus petite unité signifiante, et « phonème » la plus petite unité sonore. Cette double articulation permet une économie de moyens : avec un nombre limité de phonèmes et de monèmes, on peut produire un nombre illimité d’énoncés. GGP, LCS, 2023-2024
  • 23. 1. Langage et communication (6) b) La question du langage animal Les animaux communiquent entre eux. Mais peut- on dire pour autant qu’ils parlent ?  L’exemple de la danse des abeilles Cf. Karl Von Frisch (1886-1982). Quand une abeille découvre une source de nourriture, elle transmet l’information aux autres, en effectuant deux types de danse. Von Frisch a découvert que chaque type de danse transmet une information spécifique. Les abeilles ont donc un code ! GGP, LCS, 2023-2024
  • 24. Le langage des abeille selon Karl Von Frisch (1948) Danse en cercle : butin situé à faible distance, jusqu’à 100 m environ autour de la ruche. Danse en huit : butin situé au- delà de 100 m et jusqu’à 6 km. L’abeille transmet deux autres informations : 1) la direction (l’axe du 8 par rapport au soleil) ; 2) la distance (vitesse d’exécution).
  • 25. 1. Langage et communication (7)  Les différences avec le langage humain Cf. Émile Benveniste (1966). 1) La communication des abeilles n’est pas vocale, mais gestuelle. 2) La transmission du message est unilatérale : elle n’appelle aucune réponse, mais une action. Il n’y a pas de dialogue. 3) Le contenu du message est fixe : il se rapporte toujours à la nourriture, et à son emplacement. Le langage humain, par opposition, peut transmettre une infinité de contenus différents. 4) Le message (la danse) ne se laisse pas analyser ou décomposer. GGP, LCS, 2023-2024
  • 26. 1. Langage et communication (8) → Conclusion de Benveniste : il y a une communication animale, mais il n’y a pas de « langage animal ». Les abeilles, à défaut d’avoir un véritable langage, ont seulement « un code de signaux ». Il faut distinguer le signal et le symbole : Signal : signe naturel ou conventionnel qui déclenche une action. On réagit à un signal. Symbole : signe qui renvoie à un sens et doit donc être interprété. « L’homme invente et comprend des symboles ; l’animal, non ». GGP, LCS, 2023-2024
  • 27. 1. Langage et communication (9)  Le langage est le propre de l’homme Cf. Descartes, « Lettre du 23 novembre 1646 au Marquis de Newcastle ». Le langage permet d’établir une différence de nature entre l’homme et l’animal. Seul l’homme parle. Les animaux ne parlent pas. 1) Parler, ce n’est pas nécessairement émettre des sons. Il suffit d’utiliser des signes. 2) Mais encore faut-il le faire à propos, c’est-à-dire en fonction du contexte, et non de manière mécanique. 3) Enfin, pour parler, il faut exprimer une pensée, et non des passions. GGP, LCS, 2023-2024
  • 28. 1. Langage et communication (10) → « ... la parole étant ainsi définie, ne convient qu’à l’homme seul ». Les animaux émettent, certes, des sons, mais de manière mécanique, et seulement pour exprimer leurs passions. Ils ne font que réagir aux stimuli (internes ou externes) auxquels ils sont soumis. S’ils ne parlent pas, c’est parce qu’ils ne pensent pas. Descartes en déduit qu’ils n’ont pas d’âme. Cf. La théorie des animaux-machines : l’animal agit toujours, tel un automate, en étant déterminé par son corps. GGP, LCS, 2023-2024
  • 29. L’animal L’homme Corps comparable à une machine Union de l’âme et du corps Emission de sons Utilisation de signes Passions Pensée Déterminisme (rapport de cause à effet) Liberté (expression libre d’un sens) L’homme et l’animal : une différence de nature « On ne doit pas confondre les paroles avec les mouvements naturels, qui témoignent les passions (…). » (Discours de la méthode, V) « La parole est l’unique signe et la seule marque assurée de la pensée cachée et renfermée dans les corps. » (« Lettre à Morus » du 5 février 1649)
  • 30. 1. Langage et communication (11) Transition : pour parler, il ne suffit pas de communiquer ; il faut penser. Il n’y a pas de langage sans pensée. Mais comment concevoir la relation entre le langage et la pensée ? Considérer le langage comme un instrument de communication, c’est présupposer : a) que le langage est capable d’exprimer la pensée ; b) que celle-ci a une existence indépendante et antérieure à son expression linguistique. Ces deux présupposés ne vont pas de soi. GGP, LCS, 2023-2024
  • 31. 2. Langage et pensée (1) a) Les limites du langage Cf. H. Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience (1889) et Le rire (1900). Bergson développe une double critique du langage : 1) Le langage est un instrument imparfait. S’il est utile pour la vie en société, il est incapable de retranscrire fidèlement la pensée. 2) Il n’est pas un instrument neutre. Il a des effets sur notre perception de la réalité. GGP, LCS, 2023-2024
  • 32. 2. Langage et pensée (2) 1) Le langage comme instrument imparfait Notre vie intérieure est composée d’une multiplicité de sentiments particuliers, qui changent sans cesse, et qui s’interpénètrent. Or, le langage ne peut en rendre compte. Il est incapable de retranscrire fidèlement nos sentiments. Les mots, étant généraux et communs, ne peuvent exprimer les sentiments personnels dans leur singularité. Il y a donc de l’indicible ou de l’ineffable : le vécu personnel est irréductible aux mots et aux concepts qu’ils désignent. GGP, LCS, 2023-2024
  • 33. « La pensée demeure incommensurable avec le langage » Selon Bergson, le langage ne peut exprimer la pensée qu’en l’altérant : il la fige dans les mots et la rend impersonnelle. Ainsi, il y aura toujours un écart entre cet amour que je ressens et qui est le mien – sentiment singulier qui change dans le temps et se mêle à mes autres sentiments – et le mot « amour » dont je dispose pour l’exprimer : ce mot est nécessairement général, commun, et conventionnel. La pensée Le langage Singularité Généralité Changement Fixité Individu Société
  • 34. GGP, LCS, 2023-2024 « Words are inert. » Richard Linklater, Waking Life, 2001.
  • 35. 2. Langage et pensée (3) 2) Le langage comme prisme déformant Nous regardons les choses à travers le prisme des mots. Notre perception du réel est ainsi réduite ou altérée. Du réel, nous ne voyons que les éléments communs et fixes, tels qu’ils sont rapportés par les mots. La singularité des choses et leur caractère mouvant ou changeant nous échappent. Au filtre du langage s’ajoute le filtre des besoins. L’homme ne voit du réel que ce qui l’intéresse pour son action. Le langage lui-même répond à des besoins. Il reste chez Bergson un outil. GGP, LCS, 2023-2024
  • 36. Le mot « arbre » Le concept d’arbre Bergson : « Nous ne voyons pas les choses mêmes. » (idée abstraite) Les arbres (concrets)
  • 37. 2. Langage et pensée (4) b) La pensée dépend-elle du langage ? Notre expérience la plus commune, lorsque nous parlons, nous indique que : 1) la pensée est antérieure au langage : nous pensons, puis nous cherchons à exprimer ce que nous pensons avec des mots ; 2) la pensée est indépendante du langage, et en particulier, de la langue : une même pensée peut être exprimée dans des langues différentes ; le choix de la langue semble être indifférent, n’avoir aucun impact sur la pensée. GGP, LCS, 2023-2024
  • 38. Le langage La pensée ? La neige est blanche « La neige est blanche » « Snow is white » « Der Schnee ist weiß » « La neve è bianca » « La nieve es blanca » Etc…
  • 39. 2. Langage et pensée (5)  Langage et vision du monde Cf. Benjamin Lee Whorf, « Science et linguistique » in Linguistique et anthropologie (1956). Selon Sapir et Whorf, l’expérience commune nous trompe. La langue est antérieure et conditionne la pensée. Les structures de notre langue déterminent, à notre insu, non seulement nos pensées, mais notre façon de percevoir le monde. Loin d’être un instrument neutre, la langue véhicule une vision du monde. GGP, LCS, 2023-2024
  • 40. 2. Langage et pensée (6) → Les deux ethnologues défendent un relativisme linguistique : deux individus parlant des langues différentes n’auraient pas la même perception du réel, vivraient, à la limite, dans des mondes différents. Cf. É. Benveniste : « Nous pensons un univers que notre langue a déjà modelé ». Selon Whorf, un tel fait est patent, lorsqu’on examine d’autres langues que les langues indo- européennes, comme la langue Hopi. Un indien Hopi n’aurait pas le même rapport au temps et à l’espace que nous ! GGP, LCS, 2023-2024
  • 41. 2. Langage et pensée (7)  Le contrôle de la pensée L’hypothèse selon laquelle la langue détermine la pensée est explorée par Orwell dans son roman d’anticipation, 1984. Si « la pensée dépend des mots », alors un État totalitaire qui imposerait à ses citoyens une nouvelle langue (Newspeak) pourrait, du même coup, contrôler leur pensée. L’élimination de certains mots (ou la modification de leur sens) aurait pour effet, à long terme, la disparation des idées auxquelles ils sont associés. Ex : la liberté. GGP, LCS, 2023-2024
  • 42. 2. Langage et pensée (8)  Objections 1) Contre Sapir et Whorf : des tests ont prouvé que les hommes reconnaissent les couleurs à peu près de la même manière, quelle que soit la langue qu’ils parlent. Cf. J.-C. Pariente : « La relativité culturelle a des effets beaucoup plus limités qu’on ne s’y attendait ». 2) Contre Orwell : la pensée est influencée par la langue, mais elle n’en est pas prisonnière. En témoigne le fait que, lorsque les hommes n’ont pas de mots pour exprimer ce qu’ils pensent, ils peuvent encore les inventer. GGP, LCS, 2023-2024
  • 43. 2. Langage et pensée (9) c) Il n’y a pas de pensée sans langage Cf. Hegel, Encyclopédie des sciences philosophiques, tome III : La philosophie de l’esprit (1817-1830). Penser et parler sont les deux faces indissociables du même processus. Parler, c’est penser. Inversement, penser, c’est parler. Le langage n’est pas un simple instrument de communication : il est la condition essentielle du développement de la pensée elle-même. « C’est dans les mots que nous pensons ». GGP, LCS, 2023-2024
  • 44. 2. Langage et pensée (10) 1) On ne peut pas penser sans les mots. Selon Hegel, toute pensée véritable se réalise dans le langage, s’accomplit à travers lui. Parler, c’est extérioriser ses pensées, non pas tant pour les communiquer, que pour les déterminer, les mettre en forme, et ainsi en prendre conscience. Je sais vraiment ce que je pense qu’au moment où je le dis. C’est seulement une fois verbalisée que ma pensée acquiert un contenu déterminé. Avant la verbalisation, il n’y a qu’une pensée confuse et vague. GGP, LCS, 2023-2024
  • 45. 2. Langage et pensée (11) → Hegel distingue ainsi deux formes de pensée : ① La pensée pré-linguistique n’est pas une pensée véritable ou authentique : il s’agit d’un processus mental inabouti et donc toujours indéterminé. Il y a de la pensée, et pourtant rien n’est véritablement pensé ! ② La pensée véritable est linguistique : elle s’accomplit dans les mots. La mise en mots est une mise en ordre. La pensée se détermine, se précise. Il n’y a donc pas d’antériorité de la pensée sur le langage, mais plutôt synchronie. GGP, LCS, 2023-2024
  • 46. 2. Langage et pensée (12) 2) La critique de l’ineffable Selon Hegel, on a tort de critiquer le langage, sous prétexte qu’il est incapable d’exprimer la pensée. On a tort, du même coup, de valoriser l’ineffable. L’ineffable, ce n’est rien d’autre que « la pensée obscure », « la pensée à l’état de fermentation » : celle qui n’a pas assez mûri pour pouvoir été verbalisée. Certains philosophes croient avoir une pensée supérieure, subtile et fine, que le langage ne peut exprimer : en fait, dit Hegel, c’est simplement qu’ils pensent mal. GGP, LCS, 2023-2024
  • 47. 2. Langage et pensée (13) Remarque : l’expression commune « chercher ses mots » est donc trompeuse. Elle suggère que la pensée est antérieure au langage, qu’elle est déjà constituée et qu’il suffirait de choisir les bons mots pour la communiquer. En fait, celui qui « cherche ses mots » cherche aussi, d’une certaine manière, sa pensée. Au moment même où il parle, s’il hésite, c’est parce que sa pensée n’est pas encore tout à fait aboutie, achevée : il est justement en train de l’élaborer. GGP, LCS, 2023-2024
  • 48. « Psychologiquement, abstraction faite de son expression par les mots, notre pensée n'est qu'une masse amorphe et indistincte. Philosophes et linguistes se sont toujours accordés à reconnaître que, sans le secours des signes, nous serions incapables de distinguer deux idées d'une façon claire et constante. Prise en elle-même la pensée est comme une nébuleuse où rien n'est nécessairement délimité. Il n'y a pas d'idées préétablies, et rien n'est distinct avant l'apparition de la langue. » Ferdinand de Saussure, Cours de linguistique générale, Deuxième partie, chapitre IV, §1. Le langage : une condition de réalisation de la pensée ?
  • 49. 2. Langage et pensée (14) Transition : le langage n’est pas un simple outil de communication. Loin de simplement véhiculer nos pensées, il les structure. Mais parler, ce n’est pas seulement penser. Parler, c’est aussi agir, c’est-à-dire produire des effets dans le monde. Paradoxe : on oppose souvent les paroles et les actes ; et pourtant, les paroles, aussi immatérielles soient-elles, ont un certain pouvoir : elles peuvent modifier la « réalité ». Comment est-ce possible ? GGP, LCS, 2023-2024
  • 50. 3. Langage et action (1) a) Parler, c’est changer les choses Cf. Sartre, La responsabilité de l’écrivain, 1946. Sartre distingue deux conceptions possibles du langage : 1) Selon la première, le langage ne modifie pas la réalité : il se contente de la décrire. Ainsi, une phrase peut être vraie ou fausse : vraie si elle décrit la réalité telle qu’elle est ; fausse si ce n’est pas le cas. Mais dans tous les cas, que la phrase soit prononcée ou non, la réalité ne change pas. GGP, LCS, 2023-2024
  • 51. 3. Langage et action (2) 2) Mais parler, ce n’est pas seulement décrire la réalité. C’est aussi la dévoiler. « Le langage, dit Sartre, est une activité humaine de dévoilement. » C’est-à-dire ? En parlant de quelque chose (par exemple, « ce verre »), j’attire l’attention de mon interlocuteur sur cet objet. Je fais exister cet objet pour lui. Ainsi, en parlant, je modifie, non pas certes la réalité même, mais, la réalité « pour nous », c’est-à-dire « notre » réalité. La phrase que j’ai prononcée (« Il y a un verre. »), aussi insignifiante soit-elle à première vue, fait que nous ne vivons plus tout à fait dans le même monde : désormais il y a cette chose que j’ai nommée, et qui existe désormais pour nous. GGP, LCS, 2023-2024
  • 52. 3. Langage et action (3) → Décider de parler ou de se taire n’est pas indifférent. C’est une décision qui est lourde de conséquences. En parlant de quelque chose, je fais exister cette chose. Si je n’en parle pas, c’est comme si elle n’existait pas. Une chose nommée est une chose connue et reconnue, qui existe dans la conscience collective, alors qu’une chose tue est, en quelque sorte, « invisibilisée » par le silence même qui s’abat sur elle. On comprend pourquoi les écrivains (c’est-à-dire, les prosateurs) ont, selon Sartre, une grande responsabilité. Leur principale mission est de dire les choses, afin justement de les transformer. GGP, LCS, 2023-2024
  • 53. 3. Langage et action (4) « Opprimer les Nègres, ça n’est rien tant que quelqu’un n’a pas dit : les Nègres sont opprimés. Jusque-là, personne ne s’en aperçoit, peut-être même pas les Nègres eux-mêmes : mais il ne faut qu’un mot pour que cela prenne sens. » → L’écrivain qui dénonce une injustice la rend visible aux yeux de tous, aux yeux même des victimes qui pourraient paradoxalement ne pas s’en rendre compte. Il contribue ainsi à une prise de conscience collective. Certes, cette prise de conscience n’est pas suffisante pour faire disparaître l’injustice. Elle est néanmoins nécessaire : c’est parce que les hommes ont conscience d’une injustice qu’ils peuvent agir collectivement pour y mettre un terme. GGP, LCS, 2023-2024
  • 54. 3. Langage et action (5) b) Quand dire, c’est faire Cf. John L. Austin (1911-1960), Quand dire, c’est faire (titre original : How to do things with words), 1962. • Austin est un philosophe anglais qui appartient au courant qu’on appelle « la philosophie analytique » (par opposition à la philosophie dite « continentale »). Ce qui caractérise ce courant, c’est, en particulier, une grande attention apportée au langage. Le point de départ d’Austin réside dans l’examen de certaines phrases banales. GGP, LCS, 2023-2024
  • 55. 3. Langage et action (6) « (E. a) "Oui [je le veux] (c'est-à-dire je prends cette femme comme épouse légitime" – ce "oui" étant prononcé au cours de la cérémonie du mariage. (E. b) "Je baptise ce bateau le Queen Elizabeth" – comme on dit lorsque l'on brise une bouteille contre la coque. (E. c) "Je donne et lègue ma montre à mon frère" – comme on peut lire dans un testament. (E. d) "Je vous parie six pence qu'il pleuvra demain. » (p. 41) Question : Quel est le point commun entre tous ces énoncés ? Qu’est-ce qui les caractérise ? Ces énoncés ont pour propriété incroyable de faire précisément ce qu’ils disent. Dire ici, c’est faire. Austin appelle ces énoncés des « performatifs », par opposition aux énoncés qu’il appelle des « constatifs ». GGP, LCS, 2023-2024
  • 56. 3. Langage et action (7) - Un énoncé constatif est un énoncé qui décrit le réel. Il peut être vrai ou faux. Ex : « Le chat est sur le paillasson. » « Le chat est sur le paillasson » est vrai si et seulement si le chat est sur le paillasson. - Un énoncé performatif n’est ni vrai ni faux. Il ne décrit pas le réel. Il réalise un acte. Du moins, il réalise cet acte dans certaines conditions. Il peut réussir ou échouer. Ex : « Je déclare la séance ouverte. » Si la séance est, suite à ces mots, ouverte, l’énoncé a réussi : il a fait ce qu’il était supposé faire, à savoir, « ouvrir la séance ». Par conséquent, l’opposition entre les paroles et les actes ne tient pas. Certaines paroles sont des actes ! GGP, LCS, 2023-2024
  • 57. 3. Langage et action (8) • Problème : l’analyse d’Austin est, jusqu’à présent, d’une portée limitée, car elle ne concerne qu’un certain type d’énoncés (« les performatifs »). Peut-on aller plus loin et considérer que toute parole est acte ? N’y a-t-il pas une dimension performative du langage, en général ? On peut se demander, en outre, si la distinction entre les énoncés constatifs et les énoncés performatifs est fondée. Austin lui-même a des doutes. Pour peu qu’on tienne compte de la situation d’énonciation, une affirmation (statement), quelle qu’elle soit, n’est jamais neutre : elle « fait » quelque chose. GGP, LCS, 2023-2024
  • 58. 3. Langage et action (9) « Dès qu’on a saisi que l’objet à étudier, ce n’est pas la phrase mais la production d’une énonciation dans la situation de discours, on ne peut plus guère manquer de remarquer ceci : affirmer, c’est exécuter (perform) un acte. » (Quand dire, c’est faire, p. 143) Considérons cet énoncé : « Le chat est sur le paillasson. » Pris en lui-même, il est « constatif ». Mais il équivaut, en fait, à l’énoncé suivant : « J’affirme (ou je remarque) que le chat est sur le paillasson. » Tout en prononçant ces mots, je « fais » quelque chose : j’attire l’attention de mon interlocuteur sur ce « fait ». Enfin, l’énoncé que je prononce peut susciter une réaction auprès de mon interlocuteur : il « agit » aussi en ce sens. GGP, LCS, 2023-2024
  • 59. 3. Langage et action (10) • Au cours de ses conférences, Austin est ainsi amené à réviser sa propre théorie initiale. Il abandonne la distinction entre constatifs et performatifs pour élaborer une théorie des actes de parole (speech acts). Selon cette théorie, toute parole est un triple acte : 1) un acte locutoire : je dis quelque chose ; 2) un acte illocutoire : je fais quelque chose en disant ce que je dis ; 3) un acte perlocutoire : ma parole produit des effets sur mon interlocuteur, le pousse à agir. . GGP, LCS, 2023-2024
  • 60. Les « constatifs » Les « performatifs » Enoncés qui disent quelque chose Ex : « Le chat est sur le paillasson » Enoncés qui font quelque chose Ex : « La séance est ouverte. » Enoncés qui sont soit vrais (s’ils correspondent au réel) soit faux (s’ils ne correspondent pas au réel) Enoncés qui réussissent ou qui échouent, qui sont « heureux » ou « malheureux » Le locutoire L’illocutoire Préfixe : il > in (dans) Le perlocutoire Préfixe : per (par, par le moyen de) Act of saying Act in saying Act by saying Je prononce les mots : « La séance est ouverte. » En disant ces mots, je fais quelque chose : j’ouvre la séance. Mes mots ont un effet sur le public : par exemple, j’obtiens le silence. Changement radical de théorie
  • 61. 3. Langage et action (11) NB : la théorie d’Austin a été vivement discutée. Deux exemples : 1) Bourdieu reproche à Austin de négliger la statut social des locuteurs. Si la parole a une certaine force illocutoire et peut produire des effets perlocutoires, c’est, avant tout, non pas grâce au pouvoir des mots, mais au pouvoir de la personne qui prononce ces mots. 2) Judith Butler (philosophe américaine, né en 1956) reprend à Austin l’idée d’une performativité du langage pour développer une théorie du genre. Le fait de s’adresser à une personne en tant que garçon ou fille, en tant qu’homme ou femme, loin de décrire un état de fait, participerait à la construction de son identité de genre. Thèse pour le moins... polémique ! GGP, LCS, 2023-2024
  • 62. Conclusion (1) Pour conclure, trois remarques. 1) On aurait tort de réduire le langage à une seule fonction. La communication n’est qu’une fonction du langage parmi tant d’autres. Le langage ne permet pas seulement de communiquer. Il permet de penser mais aussi d’agir. Ses fonctions sont, en fait, multiples. Cf. les six fonctions du langage selon le linguiste Roman Jakobson. GGP, LCS, 2023-2024
  • 63. Destinateur Destinataire Contact Code Les six fonctions du langage selon Roman Jakobson Contexte ou référent Message 1) Fonction référentielle 2) Fonction expressive 3) Fonction conative 4) Fonction phatique 5) Fonction métalinguistique 6) Fonction poétique
  • 64. Exemples Fonction(s) « Il pleut. » Fonction référentielle « Je n’aime pas la pluie. » Fonction expressive « Prends un parapluie ! » Fonction conative « Allô ? Tu m’entends ? » Fonction phatique « Pleuvoir » est un verbe impersonnel qui se construit avec le pronom de la troisième personne du singulier « il ». Fonction métalinguistique « Il pleure dans mon cœur Comme il pleut sur la ville ; Quelle est cette langueur Qui pénètre mon cœur ? » (Paul Verlaine) Fonction poétique (et fonction expressive) « Il fait froid ici. » Phrase qui peut avoir deux sens : - un sens direct : il fait froid, j’ai froid (fonction référentielle, fonction expressive) ; - un sens indirect (en fonction de la situation) : il faut fermer la fenêtre (fonction conative).
  • 65. Conclusion (2) 2) On peut avoir un rapport non-instrumental au langage. C’est le cas des poètes. Cf. Sartre, Qu’est-ce que la littérature ? (1948) • Dans la prose, le langage n’est qu’un outil de communication. Il n’est qu’un moyen pour transmettre un message. On considère les mots comme de simples signes qui renvoient aux choses : ils sont, avant tout, des « conventions utiles ». En eux-mêmes, ils n’ont aucune valeur. GGP, LCS, 2023-2024
  • 66. Conclusion (3) • Le poète a un autre rapport au langage. Au lieu de se servir des mots, il les sert, il est à leur service. Parce qu’il est sensible à leurs qualités phoniques et graphiques, il cherche à leur rendre hommage : il les considère pour eux- mêmes, comme des êtres à part, des choses dont il faut s’émerveiller, et non plus comme des signes utiles. Contrairement au prosateur qui oublie les mots au profit des idées qu’ils véhiculent, le poète se soucie des mots pour eux-mêmes, indépendamment de leur signification. GGP, LCS, 2023-2024
  • 67. Prose et poésie La prose La poésie Forme (signifiant) Multiplicité des formes Forme unique Fond (signifié) Fond unique Multiplicité des sens Cf. Paul Valéry : « La poésie n’a pas le moins du monde pour objet de communiquer à quelqu’un quelque notion déterminée, – à quoi la prose doit suffire. Observez seulement le destin de la prose, comme elle expire à peine entendue, et expire de l’être, – c’est-à-dire d’être remplacée dans l’esprit attentif par une idée ou figure définie. (…) Toute autre est la fonction de la poésie. Tandis que le fond unique est exigible de la prose, c’est ici la forme unique qui ordonne et survit. (…) Un beau vers renaît indéfiniment de ses cendres. » (« Commentaires de Charmes », 1936)
  • 68. Conclusion (4) 3) Le langage n’est pas un instrument ou un outil. Cf. É. Benveniste, Problèmes de linguistique générale, I, chapitre XXI. Comparer le langage à un instrument est non seulement réducteur mais trompeur. Une telle comparaison laisse penser que le langage est extérieur à l’homme, et artificiel, comme les objets techniques qu’il fabrique et qu’il utilise. Or, ce n’est pas le cas. Le langage fait partie de nous, il nous constitue. On pourrait dire, en plagiant Descartes : « Je parle donc je suis ». GGP, LCS, 2023-2024
  • 69. Suggestions de lecture (pour aller plus loin)  Emile Benveniste, Problèmes de linguistique générale, tome 1, Gallimard, coll. TEL, 1966.  Jean-Claude Pariente, « Le langage » in Notions de philosophie, tome 1, Gallimard, Folio essais, 1995.  Barbara Cassin, Quand dire, c’est vraiment faire, Fayard, 2018. GGP, LCS, 2023-2024