La gazette du Salon du livre et de la presse, dimanche
Gazette salon du livre 2016 - Jeudi
1. salondulivre.ch 28avril2016
LejeudiLaGazettedu30e SalondulivreetdelapressedeGenèverédigéeparlesétudiants
del’Académie dujournalismeetdesmédiasdel'UniversitédeNeuchâtel
Editopar
ChristophePasser
Au-delàdeDicker
FilialMédical
L'exposition«Titeufparlabande»estl'undesévénementsdu30èmeSalondulivre:
uneseptantainedegéantsdelabandedessinéeontcroquélegaminàmècheblonde
àleurmanière.PourZep,c'estunhommageémouvantdesespairsetamis,etaussi
l'occasion de s'interroger sur son lien à ce personnage qui lui ressemble, et dans
lequelilseprojettedepuisbienpluslongtempsqu'uneenfance.Interview.Page4-5
YannQueffélecest
àGenèveet
racontedansson
dernierlivreses
relationsavecson
père.Page7
Zep:«JesuisdanslapeaudeTiteuf.Jesais
cequ'ilsentetressent.»
Urgentistedurant
15ans,Lorraine
Fouchetraconte
sonpassagedela
médecineà
l'écriture.Page2-3
Ils ne sont pas nombreux, les écrivains
suisses à «vivre de leur plume», cette
expression un peu désuète supposée
définir le succès. Martin Suter et quelques
autres en Suisse alémanique ont des
tirages plus importants et sont parfois
traduitsdansd’autres langues.
Joël Dicker, grâce aux millions
d’exemplaires vendus de «La vérité sur
l’affaire Harry Quebert» fait en Suisse
romande figure d’exception heureuse. On
s’y est interrogé sur ce triomphe, air du
temps ou chance, marketing ou roman
d’une époque. Mais la première raison
des chiffres de vente formidables de
Dicker, c’est d’abord son immense talent
d’écrivain.
Mais comment se met en mouvement le
succès d’une littérature? Comment en
faire savoir ailleurs la richesse,
l’universalité? C’est de cela dont l’on
parle aujourd’hui lors des Assises de
l’édition, consacrées au métiers du livre
en Suisse, que le salon accueille pour la
deuxième fois. Editeurs, professionnels,
Dicker bien sûr, représentants des
politiques culturelles fédérales ou locales
vont s’interroger sur la manière la plus
efficace d’exporter et faire connaître
mieux la littérature de notre pays. C’est
aussi la démonstration d’une envie, et
sans doute d’une fierté légitime: oui, il
existe sur la bien nommée place suisse
des écrivains majeurs, et ils méritent
d’être lus partout. Le Salon du livre, à
Genève,sertaussiàs’en rappeler.
2.
3.
4. Zep:«J'auraisbienaimévoir
4 28avril2016
A l’occasion de l’exposition «Titeuf
par la bande», l’indétrônable mioche à
mèche blonde est réinterprété par une
septantaine de grands noms de la
bande dessinée. Parmi eux, Cosey, Luz
ou encore Uderzo, ont taillé le portrait,
à leur façon, du personnage…pour le
bonheur des petits et des grands.
RencontreaveclepapadeZep.
«Titeuf par la bande», c’est une
expositionexclusivepourleSalondulivre,
qui rassemble trente œuvres
commandées et exposées pour la Galerie
Glénat (Paris) en septembre dernier,
complétées par quarante autres portraits
encore jamais vus. Certains dessins ou
peintures sont issus de la collection
personnelle de Zep, qu’il a reçus au fil
des années, ou qui avaient déjà été
publiés pour des journaux, notamment. Le
public pourra donc découvrir des Titeuf
dans toutes les situations possibles et
encore enfants ou adolescents
boutonneux. En effet, les œuvres
commandées par la Galerie Glénat
fêtaient l’entrée dans l’âge bête du
personnage, à l’occasion de la sortie du
dernier album, «Bienvenue en
adolescence!». Des œuvres originales et
virtuoses.
En voyant tous ces dessins de Titeuf
rassemblés, quelles ont été vos
impressions?
Je suis amusé et fier. A chaque dessin,
c’est une surprise. Lorsque j’ai reçu celui
de Gotlib, j’ai été énormément touché…
ParNoémieMatos
11. Leclassiqueque
vousrêvezdefinir
Plusde20volumesdelaComédie
humainedeBalzactrônaientdans
labibliothèquedelamèrede
VincentKucholl,comédienet
humoriste.«Gosse,çamefaisait
peur,jen’ai jamaisosém’y
attaquer.Sijem’y mettais,çame
permettraitpeutêtredetrancher
danslapolémique:Le père Goriot
plagie-t-ilLe roi Lear?»PR
#Parlersexualité?#normes#pudeur#pulsion#unterrainminé...
#CatherineBlanc#sexologue#répondàtoutesvosquestions:
#désir#épanouissement#sexualitédufutur#savoirsécouter
@laplaceduMoi,G731,de14hà15h.
salondulivre.ch
ParRomainMichaud
11
Aujourd’hui, CatherineBlancparledevotresexualité
L'Algérien Boualem Sansal, auteur du
livre 2084: La fin du monde, fait le lien
entreOrwelletl'islam.
Le dernier ouvrage de l’auteur algérien
Boualem Sansal 2084: La fin du monde
raconte le destin d'Ati. Il vit dans
l’Abistan, du nom de son prophète Abi, le
déléguésurterredudieuuniqueYölah.Le
peuple de cette contrée vit uniquement
dans le bonheur d’une foi aveugle.
Commedanslechefd’œuvre deGeorges
Orwell 1984, les Abistanais évoluent dans
un monde où les pensées personnelles
sont bannies. Un monde où les actes
déviants sont connus grâce à une
surveillance totale. Et comme dans
l’œuvre de l’auteur britannique, Ati
commenceaseposerdesquestions.
Il faudrait être de mauvaise foi, si l'on peut
dire,pournepasvoirqueBoualemSansal
attaque frontalement l’extrémisme
religieux et principalement l’islamisme
dans cet ouvrage. L’auteur n’est pas à
son premier fait d’arme. Il a été, par le
passé, censuré dans son pays et a même
perdu sa place de haut fonctionnaire au
ministère algérien de l'Industrie. «Depuis
des décennies, je vois l'islamisme détruire
des pays entiers, les uns après les autres,
dont mon propre pays. Il faut arrêter ça.
Dans ce cadre, et parmi beaucoup
d'autres, je fais ce que je peux, on
dénonce, on explique, on mobilise»,
souligneBoualemSansal.
Le natif de Theniet El Had, village au
sud-ouest d’Alger, est surtout touché par
les insultes et les critiques. «Le
gouvernement et ses plumitifs m'ont fait
une réputation que le diable lui-même ne
mérite pas. Je suis anti-tout: Allah, le
président,lanation,lepeuple,lesmartyrs,
la révolution, l'islam, etc…etc…Je me
demande s'ils se rendent compte que ça
peut exciter des fous, que cela revient à
lesappelleraumeurtre.»
Malgré tout, il préfère continuer de vivre
en Algérie. «Nos pays ont besoin de
nous, ce n'est pas le moment de fuir»,
explique Boualem Sansal. 2084 a reçu un
accueil mitigé dans le monde musulman.
«Ceux qui ont souffert de l’islamisme et
du djihadisme comprennent mon livre et
me soutiennent. Les autres pensent que
j'exagère, ils veulent oublier. Se taire, ne
rien dire, se faire invisible, pour ne pas
réveiller le monstre, c'est leur philosophie.
C'est un peu ce qu'on fait en Europe,
n'est-cepas?»
Jeudi 28, Le pavillon des cultures arabes,
13h à 14h30, "Boualem Sansal, un
écrivain engagé". Samedi 30, Le Salon
africain, 16h15 à 17h15, "Une heure avec
Boualem Sansal". Dimanche 1er mai,
L'apostrophe, 15h30 à 16h15, "Yasmina
Khadra et Boualem Sansal, le choc" .
Sansal,unécrivainfaitfront
«Lepère
Goriot»
MaximeFayet
DR
PaulineRumpf
VincentKuchollétaitentournagemercrediausalon
pourl'émission26minutes.
12. ensemble. «Ils sont très différents, mais
nous faisons tous les deux très attention à
l’écriture et à la langue. Je pense que le
travail stylistique est plus important que
l’intrigue dansnosdeuxouvrages.»
L’écrivain genevoisnecachepassafierté
d’avoir gagné le prix 2016 du Salon du
livre.«J’étais déjàtrèsheureuxquandj’ai
vu mon nom dans la liste des auteurs
sélectionnés. Il y avait des écrivains de
talent parmi les livres choisis. Je n’aurais
jamais pensé être préféré à eux.» Un prix
littéraire qui donne évidemment plus de
visibilité à ce père de famille de trois
enfants. «Il y a beaucoup plus de monde
et de médias qui s’intéressent à moi,
surtout pendant le salon, mais c’est une
notoriété relative. Cette récompense
compte beaucoup à mes yeux, car cet
ouvrage est le plus risqué et le plus
personnel que j’ai écrit.» Florian Eglin
12 28avril2016
ParRomainMichaud
Leprixdusalonestromand
Le Salon du livre a célébré, hier soir,
son prix 2016. Double première: le jury
aprimédeuxauteursromands.
Le Graal n’a pas été remis à un, mais à
deux auteurs romands. La première
lauréate est l’écrivaine franco-suisse
Douna Loup pour son livre L’oragé aux
éditions Mercure de France. Celui qui
partage les feux des projecteurs avec elle,
est l’écrivain genevois Florian Eglin pour
Solal Aronowicz, Holocauste aux éditions
LaBaconnière.
Un doublé gagnant que défend Metin
Arditi, Président du jury du Prix du Salon
du livre de Genève. « C’est une décision
collégiale. Certains membres du jury ont
apprécié l’un des deux ouvrages,
d’autres ont aimé les deux. Je suis
président de ce prix depuis le début (ndlr:
cinq ans). Jusque là nous n’avions jamais
primé un auteur romand. Le Salon du livre
doit couronner un livre incroyable, mais il
a aussi une dimension romande.» Metin
Arditi salue le travaille des deux auteurs.
«Ces auteurs sont habités par l’écriture.
On sent que quand ils se lèvent ils
pensent écriture, quand ils se couchent ils
pensenttoujoursécriture.»
Unepassionpourl'écriture
Un amour des mots qui lie les deux
auteurs primés hier soir malgré des
thèmes et des styles très différents.
L’oragé de Douna Loup est une fiction
poétique qui raconte les jeunes années à
Madagascar de deux poètes. Une histoire
qui se passe dans les années vingt alors
que l’île est une colonie française. D’un
autre côté Solal Aronowicz, Holocauste,
deFlorianEglin,estlederniertomed’une
trilogie. Un roman surréaliste et trash qui
raconte la vie d’un groupe de mafieux
genevois emmené par un juif habité par le
luxe, l’alcool et le meurtre. Ces hommes
vont devoir se confronter à un problème:
lacolonisationdeleurjardinparungroupe
d’arabes concurrent.
Malgré ces différences, Florian Eglin
trouve que les deux livres vont très bien
avoue même avoir acheté le livre de sa
co-lauréate. «Je suis en train de le lire.
Honnêtement ce n’est pas mon genre de
littérature, mais il y a des immenses
qualitésd’écriture.»
UnprixduSalondulivrequiprenddeplus
en plus d'importance pour le directeur du
jury Metin Arditi. «Ce prix est une
reconnaissance du milieu littéraire devant
le monde littéraire. Ce n’est pas un prix
en catimini, il est remis devant tous les
représentants francophones: éditeurs,
écrivains et journalistes. C’est une
magnifique occasion pour un lauréat.
DounaLouppriméepoursonlivreL’oragé. FlorianEglin,lauréatavecSolal Aronowicz, Holocauste.
XDR
RencontreetdédicacesavecFlorianEglinet
DounaLoup,lesdeuxlauréatsduprixduSalon
dulivre,standAssociationMarges(C340),
jeudi28de15h00à17h00
13. salondulivre.ch
HubertReevesestdevenuunpersonnagedurécitdeDanielCasanave.
13
Raconterl’univers endessin,en62pages?C’est ledéfique
se sont lancés Hubert Reeves, vulgarisateur scientifique, et
Daniel Casanave, dessinateur. Le résultat est poétique, et la
finarrivebeaucouptroptôt.
Quelestlebut,lemessagedel'album?
HR Le but, c’est faire plonger dans le cosmos les personnes qui
avaientpeurdesenoyerdanslesécritssavants.
DC Et le message, c’est de proposer aux gens d’embellir
l’univers.
QuepermetlaBDàlascience?
HR Elle va toucher ceux qui ne lisent jamais la littérature
scientifique.Lelectorats’élargit etc’est tantmieux!
DCLaBDpeuttoutfaire,doncfinalementlascience,commetout
autre domaine du savoir, peut rentrer dans nos petites cases et
notresystèmedenarration.
Etviceversa,quepermetlascienceàlaBD?
DR Elle m’a permis de dessiner des choses que je n’avais
jamais expérimentées, comme des instruments de mesure, des
galaxies,desétoilesoudescomètes.
HREtelleluiapportedenouveauxlecteurs!
Etiez-vous intéressés par la BD, ou respectivement par la
science,avantdevouslancerdansceprojetcommun?
HR Pas vraiment. J’ai tant de livres et de revues scientifiques à
lire et le temps n’est pas extensible: il n’en restait pas pour la
moindreBD.Depuis,j’ai aumoinslucellesurlesrequins!
DC Ça n’était pas du tout dans mes préoccupations, mais ça a
unpeuchangédepuis.
Aquicelivreest-ildestiné?
DC Ce n’est pas forcément un livre pour les enfants, plutôt pour
lesados,disonsde12à102ans!
HRL’avantage, c’est qu'onsesentjeuneenlelisant.
Commentraconte-t-onl'universenseulement62pages?
HRFairecourtestmadevise.Jenesaispascombiençaferaitsi
on concentrait le texte hors de l’image mais c’est suffisant pour
sesentir«poussièresd’étoiles ».
DCEtfinalement,celivreporteaussisurlacréationartistique.
Queretenez-vousdecetteexpérience,àtitrepersonnel?
DC Pour moi, le plaisir de fabriquer un livre qui n’est pas
forcémentunenarration,ou«lesaventuresde».
HRPourmoi,l’envie derecommenceravecDanielCasanave...
L'Univers,unepoésiedessinée
ParPaulineRumpf
Jeudi28,17het
vendredi29,10h
Vendredi29,
13h15
LascènedelaBD
CetalbumfaitpartiedeLapetiteBédéthèque
desSavoirs,unprojetdesEditionsLe
Lombard.Pourl’instant, lacollectionadéjà
abordélesrequins,l’intelligence artificielle,
l’univers et…leheavymétal.
14.
15.
16. Chaquejour,larédactiondeVigousse(stand590)dessinepourlaGazette
16 28avril2016
C'étaitcommentilya30ans?
Il y a trente ans, Fred Astaire rendait
l’âme suite à une pneumonie et Dalida
mourrait,nonpassurscène,maisdanssa
maison de Montmartre, après avoir
ingurgité trop de médicaments. Fini les
claquettes, la danse de salon et les
longues robes de soirée. Place aux
mouvements de tête saccadés et aux
jeans troués. Le rock salue l’arrivée du
phénomène mondial Nirvana, mené par
les riffs de Kurt Cobain. Héroïnomane
certes, mais nevermind, puisqu'il tombe à
pic pour remplacer Freddie Mercury, qui
apprendlamêmeannéequ'ilestatteintdu
virus du SIDA. The show must go on,
commeondit.Ducôtéfrançais,NoirDésir
sort son premier album, comprenant
notamment le titre La Rage. Ça aurait pu
nous mettre la puce à l'oreille concernant
la tendance à la violence de Bertrand
Cantat.
En parallèle, la musique électronique se
fraie un chemin dans les rues de Détroit,
berceau originel de la techno. C’est aussi
le début des raves parties en Angleterre,
et aucun doute que les DJs de l'époque
auraient été d'accord avec Oxmo, quand
celui-ciaffirmeque"c'est dusonquicoule
danslesveines,enBPM".
ParDelphineRiand
ParBérénice