La gazette du Salon du livre et de la presse, dimanche
La gazette du Salon du livre et de la presse, jeudi
1. salondulivre.ch 27 avril 2017
Le jeudi
Editopar
ChristophePasser
Témoigner,
puis écrire
Francine
Bouchet
Kim Thúy est au Salon du livre
pour raconter Vi, nouveau roman,
et déjà troisième succès. Des boat
people, du Vietnam de l’enfance,
du Canada où elle réapprit à vivre,
puis à la littérature qui la fait
refaire avec les mots le chemin de
l’exil, rencontre avec une des plus
émouvantes écrivaines
d’aujourd’hui.Pages2-3
«Jevoulaismontrercesmoments
oùlavienoussauve»
Leséditionsde«La
JoiedeLire»fêtent
leurtrenteans.
Pages4-5
Il existe d’immenses écrivains qui ont le
génie du banal, du silence, ou de la
madeleine de l’enfance. Il se trouve des
auteurs merveilleux qui inventent des vies
qu’ils n’ont pas eues, et font de leur rêves
aventureuxunpartage.Onsaitdesgénies
du roman d’amour, parce que c’est
toujours d’abord l’amour, et l’on tuerait
pour vivre leurs baisers. Certains miracles
d’émotions fortes se font à coups de
flingues, et les lisant sous la couette, on
baisse la tête, entendant presque siffler
les balles. Il y a aussi des miracles de
poésie,laforte,cellequiouvredesportes,
quifaitpenserdurcommeferqu’uneautre
lumièrepasseparlesmots.
Et puis, il y a ceux qui font de leur vie leur
oeuvre. Ils racontent, livre après livre. Oui,
il leur est arrivé quelque chose, une trace
est restée, une cicatrice saigne. Une
passion s’est consumée, un vertige les a
happé, un départ les a dévasté, ou la
mort, ou parfois une guerre ou un exil.
Mais ils ne se contentent pas de rapporter
leur histoire. Il en font leur tournure, une
idée de l’écriture et du sel sur les plaies
qui ne serait pas seulement une aventure
à suivre, mais une culture qu’ils nous
donnent, un cadeau qu’ils nous font, celui
de la littérature. Témoigner, puis écrire.
Bien sûr, cela reste leur affaire intime.
Mais elle devient alors aussi la nôtre.
LisezKimThúy.
La Gazette du 31
e
Salon du livre et de la presse de Genève
realisée par les étudiants de l'Académie du journalisme et
des médias de l'Université de Neuchâtel
DeshérosdelaBD
devenusdes
filles?Ilsl’ontfait.
Page12-13
Super
Héroïnes
2. Sommaire
salondulivre.ch
Correcteur
Adrian Stiefel
Impression
PCL - Presses
Centrales SA
Produit par MagTuner
Start up fribourgeoise
qui met à dispostion de
la Gazette son système
rédactionnel en ligne.
www.magtuner.com
02 - L’interview de Kim Thúy
04 - Les trente ans de "La Joie de Lire"
Editeur
Salon du livre et de la
presse de Genève -
Palexpo SA
Rédacteur en chef
Christophe Passer
Journalistes:
Joëlle Cachin
Lysiane Christen
Lila Erard
Laura Etienne
Lauren Hostettler
Marine Humbert
Lola Le Testu
Guillaume Martinez
Ana Silva
Caroline Toussaint
Impressum
06 - La rébellion de Joumana Haddad
07 - Les secrets du saké
11 - Les Assises de l’édition suisse
12 - Héros de BD devenus héroïnes
14 - Joseph Joffo l’éternel
15 - On peut parler des règles?
16 - L’Auteuroscope de la Gazette
Par Lola Le Testu
Kim Thúy: «Le Mékong est un
Avec son roman Vi, l’écrivaine québécoise Kim Thúy signe son troisième
succès littéraire. Un livre sur l’exil, l’identité fragmentée et la force
impérieuse de la vie.
Kim Thúy a gagné le Grand Prix RTL-Lire en 2010 avec son deuxième roman, Ru.
2
Kim Thúy, 48 ans, est arrivée au
Canada à l’âge de dix ans après avoir
affronté un Vietnam en guerre et la
traversée d’une mer. Dans ses livres,
elle explore la migration et la
reconstruction de soi, évoquant son
propreparcoursdeboat people.
Vous avez été traductrice, restaura-
trice, avocate, puis romancière. Pour-
quoil’écriture?
C’était accidentel. Littéralement! En
voiture, je m’endormais souvent au feu
rouge et j’ai eu des accidents. Pour rester
éveillée, j’écrivais, je faisais des listes
d’épicerie. Un jour où je n’avais plus de
liste à faire, j’ai retourné mon cahier et j’ai
commencé à prendre des notes. Et ces
notes sont devenues une histoire, puis un
livre. J’ai été éditée sans le rechercher,
grâce à une connaissance. J’ai eu
beaucoupdechance.
27 avril 2017
Vos trois romans, Ru, Mãn et Vi sont
des regards différents sur une même
histoire, celle des vietnamiens quittant
leurs pays en guerre. Quelle est la part
autobiographiquedansvotreécriture?
Je ne pourrais pas vous dire, c’est
tellement entremêlé. Pour moi, c’était
intéressant d’avoir la voix de plusieurs
personnes, car on a souvent l’impression
que les réfugiés sont un bloc indistinct
d’hommes et de femmes. L’histoire de
chaque migrant est unique: On quitte tous
un passé différent. Pour mes livres, j’ai
pris les histoires des gens autour de moi
et je me suis donnée la liberté de
mélanger les réalités. Vi s’inspire du
parcours de ma cousine, sauf qu’elle n’est
jamais retournée au Vietnam. Dans mes
romans, tout est vrai et en même temps
tout est faux. Certaines histoires sont si
lourdes qu’il faut les casser en petits
morceauxpourlesrendrelisibles.
3. salondulivre.ch
Membredel’Académiefrançaiseet
ancienambassadeurdelaFranceau
SénégaletenGambie,Jean-Chrisophe
Rufinlivresonopinionsurlesgrandes
questionsquibouleversentnotresiècle.
Trois rencontres autour de la migration
Chroniques d'un petit
immigré
Georges Pop
Vendredi 28 de 10h à 20h
et samedi 29 de 10h à 17h
sur le stand E571.
Dédicaces
Les femmes migrantes
Yudit Kiss
Dimanche 30 de 17h à
18h sur La place suisse.
Rencontre
Où va le monde?
Jean-Christophe
Rufin
Dimanche 30 de 16h à
16h45 sur La scène
philo. Rencontre
Desfemmesvenuesdumondeentieront
toutquittépours’installeràGenèveety
ontvécudesfortunesdiverses.YuditKiss
raconteleurhistoiredansLa lessive et
autres histoires de femmes migrantes.
Danssonouvrageàlafoiscomiqueet
touchant,lejournalistegréco-suisse,
néàAthènesavantderejoindrenos
contrées,offreuneréflexionsur
l’intégration,lemétissageetl’identité.
3
Aujourd’hui de 17h à 18h sur le pavillon du
Québec avec Kim Thúy et Marie-Renée Lavoie
Dans votre dernier livre, vous vous
intéressez à l’histoire des mots, des
noms.Pourquoil’avoirintituléVi?
«Vi» signifie petite et précieuse en
vietnamien, mais c’était aussi pour jouer
aussi avec le mot vie en français. En
vietnamien, les noms ont toujours un
sens,cesontdesimages,desidées.Pour
nous, le fleuve du Mékong, c’est un
dragon à neuf têtes, car il a neuf
embranchements. J’aime les langues
étrangères, mais je les apprends
lentement. A mes yeux, chaque mot est
précieux mais très long à acquérir. J’ai
réussiàsaisirlemot«vecteur»en2010,à
Genève, lorsque je prenais le thé avec les
professeursdel’Université.
Dans Vi, les évocations de plats
émaillent les pages. Plus que des
descriptions, elles donnent sens: c’est
l’amour du père pour la mère, qui ne
fait jamais brûler les fleurs de
courgette. Pourquoi la nourriture
a-t-elleunetelleimportance?
Les vietnamiens ne savent pas comment
verbaliser les émotions. On les exprime
surtout à travers la nourriture. Depuis que
jevousparle,mamèreestvenuetroisfois
pour me dire qu’elle a fait des crevettes
sur cannes à sucres pour le déjeuner, et
qu’il y aura tel dessert. C’est sa façon de
prendre soin de moi. Je suis certaine
qu’elle n’a jamais utilisé les mots «je
dragon à neuf têtes»
27 avril 2017
t’aime». Quand vous entrez dans la
maison d’une famille vietnamienne, on ne
vous demande pas si vous allez bien, on
vous demande si vous avez mangé. C’est
pour ça que j’ai exploré le langage de
l’amour à travers la nourriture. A Genève,
j’ai découvert que vous faites du lait
frappé aux spéculos. Pour moi, cette ville
estliéeàçamaintenant!
Lorsque vous évoquez la vie au camp
de réfugiés en Malaisie, vous ne restez
pas sur la dureté, la dysenterie, les
heures d’attentes devant le puits…
Pourquoi ne pas s’appesantir sur
l’ombre?
Parcequelavieesttoujoursplusforte.Ily
a un mythe chez les boat people
vietnamiens qui dit que lorsqu’il y a un
naufrage en mer, ce sont ceux qui ne
savent pas nager qui survivent. La moitié
des bateaux coulaient mais on trouvait sur
la plage des enfants qui s’étaient laissés
porterparlesvagues.Lavieesttrèsdure,
elle nous impose le naufrage. Sauf que
tout de suite après, elle nous sauve. Par
exemple,jesuisnéetrèsfaible,avecplein
d’allergies alimentaires. Quand on est
arrivés au camp, notre premier repas était
des sardines en boîtes: je n’ai pas eu
d’allergies, elles avaient disparu. Les
quatre jours dans le ventre du bateau
nous ont renforcé. Je voulais montrer ces
momentsoùlavienoussauve.
Vous qui avez été boat people, quel
regard portez-vous sur la façon dont
les migrants sont accueillis en Europe,
auCanada?
La situation des migrants nous force à
regarder en arrière. Moi, je me suis revue
dans ces bateaux. Et j’ai pu comprendre,
37ansplustard,lerisquequ’onacouruet
pourquoi. C’est pour ça que j’ai écrit le
premier paragraphe de Vi avec l’exemple
de mon oncle qui avait 17 ans. Je me
souviens de cette discussion, quand ma
mère essayait de convaincre ma
grand-mère de laisser son fils partir avec
nous. Elle refusait, elle disait qu’il allait
mourir sur le bateau. Et ma mère lui a dit:
«Ton fils est déjà décédé. On te demande
seulement de choisir l’endroit où il va
mourir. Tu veux que ce soit sur un champ
de bataille ou en mer?». C’est pour ça
qu’onachoisilamer.C’estpourçaqueça
ne sert à rien de dire aux migrants
d’aujourd’hui que leurs bateaux vont
couler, ou de leur dire qu’on construit des
murs où ils ne pourront pas passer. Ils
vont y aller quand même, parce que entre
ça et rester en Syrie sous les
bombardements, ils se considèrent déjà
morts.
5. Corbu comme Le
Corbusier fêteluiaussi
ses30ans
Raconter, essentiellement par
l’image, l’architecture de Le
Corbusier aux enfants. C’était
l’objectif du tout premier ouvrage
édité par La Joie de Lire en 1987.
A l’occasion du trentième
anniversaire de la maison d’édition
genevoise, il est réédité.
Un ouvrage porteur d’une grande
satisfaction pour Francine Bouchet,
fondatrice de La Joie de Lire. «Corbu
comme Le Corbusier a rencontré
beaucoup de succès sur le plan
international. Nous ressortons ce
livre aujourd’hui avec une troisième
couverture, et nous constatons avec
plaisir qu’il n’a pas pris une ride.»
salondulivre.ch
5
Samedi 29 de 11h à 11h45,
sur L’Îlot Jeunesse, «La Joie de Lire»
à l’honneur. Rencontre.
Samedi 29 de 12h à 13h,
sur L’Îlot Jeunesse. Dédicaces de
Corbu comme Le Corbusier.
«A nous de mettre dans les
mains des enfants des
livres qui veulent dire
quelque chose.»
Francine Bouchet
est née et a grandi
à Genève.
Elle a étudié les
Lettres et la
psychologie.
D’abord
enseignante, elle a
fondé les éditions
La Joie de Lire en
1987 à Genève.
Auteurs et illustrateurs: Francine Bouchet,
Michèle Cohen, Michel Raby
Lire» ont conquis le monde
Desenfantstoujoursenthousiastes
Composer pour des enfants toujours
curieux de tout, c’est le challenge de la
fondatrice de La Joie de Lire. «Les
ingrédients sont ceux de l’existence:
l’amitié, la solidarité, l’aventure, le rire, les
émotions. Partager, avec un héros, une
expérience que l’on ne vit pas forcément
dans la vie soit parce qu’elle est
fantastique, soit parce qu’elle est
improbable, joue un rôle important pour
lesenfants.»
Unelittératurepleined’avenir
Là où beaucoup s’inquiètent de la
multiplication des écrans, Francine
Bouchetrelativise.«Chaquefoisqu’ilya
une nouveauté technologique, les gens
disent que c’est la fin du monde. C’est un
faux débat, les écrans ne sont pas
nécessairement un frein au papier,
affirme-t-elle. La littérature jeunesse est,
aujourd’hui, le secteur qui marche le
mieux. La situation se transformera
peut-être si les écoles passent
complétement à la tablette, mais cela ne
touchera jamais les livres pour les tout-
petits.Jenevoispaslafindeça.»
Lerôleessentieldesparents
Pour la fondatrice de La Joie de Lire, lire
passe avant tout par l’éducation: «La
valeur de base, c’est la lecture à la
maison. La majorité des enfants qui ont
des livres à disposition seront lecteurs.
Les enfants peuvent tant lire, jouer aux
jeux-vidéo que regarder Internet et la
télévision, assure Francine Bouchet.
Evidemment, s’ils n’ont que des écrans à
disposition, ils auront du mal ensuite à se
mettresurdeslivrespapier.Letoutestde
savoirsil’onveutdistrairelesenfantspour
qu’ils arrêtent de nous ennuyer ou si l’on
veut leur donner la possibilité de
s’enrichir...»
Unemissionéducative
En jeu, d’une part, la volonté des parents
et, d’autre part, la mission des éditeurs
jeunesse. «A nous de mettre dans les
mains des enfants des livres qui veulent
dire quelque chose, souligne Francine
Bouchet. Non pas qu’il faille une portée
philosophique importante, mais nous
devons garantir des textes et des
illustrations de qualité qui donnent à nos
publications une valeur éducative. Nous
ne pouvons pas publier des livres pour
enfants sans se demander ce que nous
allonstransmettre.»
Aiderlesenfantsàgrandir
Le livre constitue ainsi un élément
important dans la croissance et le
développement des enfants. «Les
médiateurssont aussi très importants.Les
bibliothécaires ou les enseignants
participent à faire découvrir les ouvrages
et à emmener les enfants vers de
nouveaux horizons littéraires.» Et les
salons du livre, quel rôle jouent-ils? «Ils
amènent une dimension festive. Les
moments de dédicaces sont
particulièrement stimulants. Les enfants
sont souvent impatients et surpris de
découvrir les auteurs qui se cachent
derrièreunehistoireoudesimages.»
Après plusieurs événements en début
d’année, La Joie de Lire poursuivra les
festivités autour de son trentième
anniversairedèscetautomne.
27 avril 2017
6. Si j’étais un
personnage...
Je serais
Camille Monet
salondulivre.ch
Ana Silva
Joumana Haddad, la rebelle
Femme dénonciatrice, femme libre. La journaliste et poétesse libanaise
évoquera aujourd’hui la thématique de la présence féminine dans les
médias arabes, ainsi que l’oppression des normes religieuses sur le corps.
L’expression québécoise à laquelle on n’entrave que pouic
Son combat lui a déjà valu quelques
menacesdemort.Ellen’estpasdustyleà
se laisser intimider. Au travers de ses
écrits, elle continue inlassablement à
exorciser l’image de la femme arabe au
Liban, son pays natal, et partout ailleurs.
Joumana Haddad, journaliste culturelle au
quotidien An-Nahar, a créé en 2008 la
première revue érotique libanaise, Jasad.
Le corps en arabe. Une manière osée de
parler de sexualité et de pousser sans
cesse les limites imposées par les normes
religieuses.Pourtant,cettefemmecultivée
et féminine de 46 ans a grandi au sein
d’une famille catholique conservatrice.
C’est grâce aux livres et à des auteurs
subversifs comme le Marquis de Sade,
Miller ou Camus qu’elle s’est émancipée
et s’est libérée l’esprit des carcans
religieux. Aujourd’hui, elle se déclare
athée. Dans son ouvrage Superman est
6
LaurenHostettler
Chrystine Brouillet,
16h - 17h sur la Scène
du crime, Table ronde
Aujourd’hui de 15h à 16h30, Pavillon des cultures
arabes, Table ronde : Femmes arabes et médias,
une révolution culturelle.
De 17h30 à 18h30, Pavillon des cultures arabes
Rencontre : Corps, normes et religions.
«Toutmeplaîtdanscepersonnagede
Deux remords de Claude Monet,
biographie consacrée au peintre
français, écrite par Michel Bernard en
2016. Camille Monet est son épouse.
J'envie sa quiétude malgré un
quotidien auprès du peintre qui n'était
pas de tout repos. Cette femme a été
un témoin privilégié de la genèse de
l’œuvre de Monet. Follement aimée et
tout aussi amoureuse, elle entourait
son mari d'une sérénité qui l’aidait à
créer. C'est son essence même qui
passe dans ses tableaux, soit la
délicatesse,lasensualitéetlalumière.
Je ne rêve pas qu'un peintre s'inspire
de moi, c'est plutôt le bonheur, la joie
grave d'assister à la création qui me
fait rêver d'être à la place de Camille
Monet.»LC
27 avril 2017
arabe, paru en 2013, elle s’attaquait au
système patriarcal très présent dans les
pays arabes, mais pas que. L’auteure
encourage les femmes à chercher leur
indépendancedansdessociétésécrasées
par les religions monothéistes et par la
domination masculine. Pour s’en
convaincre, il suffit de lire J’ai tué
Schéhérazade,danslequelelleévoquesa
propre expérience de femme orientale en
colère contre l’obscurantisme religieux,
mais aussi en colère contre l’image
stéréotypée véhiculée par les médias
occidentauxd’unefemmearabesoumise.
Etre fou comme un balai (expression familière): Etre dans un
état d’excitement total, quelqu’un qui ne tient pas en place
7. A déguster...
salondulivre.ch
Ana Silva
Le sacré secret du saké dévoilé
Boisson traditionnelle de la culture japonaise, certaines facettes du saké
sont souvent méconnues du grand public. Entre complexité et finesse,
cet alcool de riz réserve quelques surprises.
7
Aujourd’hui de 11h à 12h30 - La cuisine des livres
Animation : A la découverte du saké
Lesaképeutsedégusterfroidou
chaud.Ilexistetouteunevariétéde
sakésenfonctiondeleurtauxde
polissage.
LeJunmaiLetauxdepolissageest
deminimum30%,sansajoutd’alcool.
LeJunmaiGinjoLetauxde
polissageestdeminimum40%.
LeJunmaiDaiginjoLetauxde
polissageestdeminimumde50%.
«Le Japon est un pays fascinant par son
mélange entre traditions et modernité. Le
saké est l’expression la plus liquide de
cette tradition». C’est en ces termes que
Pierre Chevrier, auteur de l’ouvrage 100
eaux-de-vie et spiritueux extraordinaires,
exprime son intérêt pour cet alcool de riz
japonais, également appelé Nihonshu.
Mais à ne pas s’y méprendre, et
contrairement aux idées reçues, le saké
n’est pas catégorisé comme un alcool fort.
Souvent titrant entre 14° et 18°, cette
boisson alcoolisée accompagne très
régulièrement les repas des Japonais. Et
pour cause, le saké est davantage une
bière de riz obtenue par le processus de
fermentation, qui dure entre deux
semainesetunmois.
Legoûtfinaldusakédépendbeaucoupde
l’alchimie existante entre les grains de riz,
l’eau et le travail du brasseur. Il s’agit tout
d’abord de puiser parmi les 60 à 80 types
de riz, puis de procéder au polissage des
grains, c’est-à-dire à la réduction des
protéines d’amertume contenues dans les
différentescouchesdelacéréale.Aufinal,
il ne reste que le cœur du grain de riz,
l’amidon, qui sera nettoyé dans de l’eau.
Laduréedetrempagevariedeuneminute
à plusieurs heures. Puis, les grains sont
cuits à la vapeur avant la dernière phase,
la fermentation. C’est le degré de
polissage et le type d’eau de source
utilisée qui détermine la qualité et la
finessedusaké.
L’histoire du saké ne date pas d’hier. Si
cetteboissonestdevenueunemblèmedu
Japon, les techniques de fabrication de
cet alcool se sont développées en Chine,
comme l’attestent des textes chinois
datant du troisième siècle de notre ère. A
cette période, les Japonais avaient déjà
un goût prononcé pour cet alcool, qu’ils
dégustaient en particulier lors de
cérémonies religieuses. Il faut attendre le
huitième siècle pour découvrir les secrets
de fabricationdes premierssakés obtenus
par mastication, dans la ville impériale de
27 avril 2017
Nara. Une boisson surtout réservée aux
noblesetàlacourimpérialejaponaise.
Pierre Chevrier propose aujourd’hui une
dégustation de cinq sakés différents,
choisis en fonction du taux de polissage
des grains de riz. Et pour respecter la
tradition, de vraies coupes en porcelaine,
les Kikichoko, accompagneront la
dégustation.
8. La place suisse
10:00 - 11:00 Atelier
Je booste ma
concentration
Florence Vertanessian
11:00 - 12:00 Animation
Des histoires d’ado
pour mieux se
connaître
Gérard Salem
12:00 - 13:00 Table ronde
Intolérance alimentaire
et cuisine thérapie
Margot Montpezat,
Emmanuelle Turquet et
Charlotte Lang
13:00 - 14:00 Table ronde
Les différents âges de la
vie et le bien vieillir
Mary Anna Barbey,
Jean-François Duval,
Ghislaine de Sury et
Patrick Morier-Genoud
14:00 - 15:00 Rencontre
Les règles féminines,
l’affaire de tous !
Elise Thiébaut et Pascal
Schouwey
15:00 - 16:00 Conférence
Le secret des couples
heureux
Yvon Dallaire
16:00 - 17:00 Table ronde
Méditation et
photothérapie
Cindy Chapelle,
Olivier Raurich,
Anne Voeffray et
Charlotte Lang
La place du Moi
10:00 - 11:00 Atelier
scolaire
Écrire le bonheur avec
Anne-Catherine Pozza
12:00 - 13:00 Atelier
scolaire
Écrire le bonheur avec
Anne-Catherine Pozza
13:00 - 14:00 Rencontre
Les Insécables se
présentent
Stéphane Fretz,
Alcina Ribeiro Hamdi,
Pierre-Yves Lador,
Giancarlo Mino,
Jean Richard et
Max Lobe
14:00 - 15:00 Rencontre
La Genève des écrivains
Catherine Fuchs,
Anne Lavanchy,
Max Lobe et
Coline de Senarclens
15:00 - 16:00 Rencontre
Jean-Pierre Pastori
raconte Béjart
Jean-Pierre Pastori et
Coline de Senarclens
16:00 - 17:00 Rencontre
La Baconnière, 90 ans
et 80 mondes !
David Colin,
Laurence Gudin et
Coline de Senarclens
17:00 - 18:00 Rencontre
Sanda Budis et Nicolas
Jéquier, citoyens du
monde
Max Lobe
salondulivre.ch
10:15 - 11:00 Atelier
A l’école des grandes
figures africaines
Kidi Bebey et
Alain Serge Dzotap
11:15 - 12:00 Atelier
A l’école du conte
africain
Alain Serge Dzotap
12:30 - 13:15 Table ronde
Mélancolie et mémoires
de textes
Bernard Mouralis
13:45 - 14:30 Table ronde
La tentation du départ
Néhémy Pierre-
Dahomey et
Ali Zamir
15:00 - 15:45 Débat
Les voix sensibles des
médias
Flore Hazoumé et
Marc-Alexandre
Oho Bambe
16:15 - 17:00 Débat
Mélancolie en noir et
blanc
Tidiane N’Diaye et
Guillaume Lachenal
17:30 - 18:15 Table ronde
Mélancolie
post-coloniale
Alioum Fantouré et
Mahamat-Saleh Haroun
10:00 - 19:00 Animation
Tatouage au henné
10:00 - 19:00 Animation
Calligraphie
Abderrazak Hamouda
11:00 - 12:00 Rencontre
La chorale de
Tataouine, un projet
solidaire et culturel
14:00 - 15:00 Rencontre
Gérard Salem
s’entretient avec le
jeune public
Gérard Salem
15:00 - 16:30 Table ronde
Femmes arabes et
médias, une révolution
culturelle
Joumana Haddad,
Oumayma Ajarraï,
Asmaa Guedira et
Maurine Mercier
16:30 - 17:30 Rencontre
Dialogue des cultures,
protectionnisme et
replis identitaires
Jean Ziegler,
Claude Trudelle et
Aziza Zaïdane
17:30 - 18:30 Rencontre
Corps, normes et
religions
Kamel Daoud,
Joumana Haddad et
Servanne Briand
L'apostrophe Le pavillon des
cultures arabes
Le Salon africain
13:00 - 14:00 Rencontre
Zazie, une ado comme
les autres
Marie-Renée Lavoie et
Bulledop
14:00 - 15:00 Rencontre
scolaire
Nan Aurousseau –
écrire en
milieu carcéral
15:00 - 16:30 Rencontre
scolaire
Se lancer dans
l’écriture d’un roman
Marie Vareille
16:30 - 17:15 Rencontre
Emily Blaine, Angéla
Morelli : inépuisable
romance
Moody Take a book
10:00 - 11:30 Rencontre
scolaire
Joseph Joffo
12:00 - 13:00 Rencontre
Tanguy Viel, gagnant
du Prix du Public
13:00 - 14:00 Rencontre
scolaire
Joseph Joffo
14:00 - 15:30 Lecture
Lettres à Nour
Rachid Benzine
15:30 - 16:30 Rencontre
Barbara Polla et les
femmes hors normes
Le Salon du livre et de la presse
Toutes les rencontres sont suivies de dédicaces. Programme sous réserve de modifications.
8
L’espace young
adult
27 avril 2017
9. La scène du
crime
13:00 - 14:00 Rencontre
Le déracinement et la
quête identitaire
Samantha Barendson et
Frédérick Lavoie
14:00 - 15:00 Rencontre
Suisse : l’invention
d’une nation
André Crettenand,
Richard Werly et
Gilles Soulhac
15:00 - 16:00 Rencontre
Aventures humaines en
milieux extrêmes
Yves Ballu,
Gérard Guerrier et
Patrick Morier-Genoud
16:00 - 17:00 Rencontre
Luc Jacquet,
l’Empereur
17:00 - 18:00 Rencontre
Algérie entre guerre et
paix
Sabine Zaalene et
Charlotte Lang
La place du
voyage
10:00 - 11:45 Atelier
Et si tu créais ta propre
enquête
12:00 - 13:00 Table ronde
Privé/public : la guerre
des polices
Claude Cancès et
Samuel Mathis
13:00 - 14:00 Table ronde
Mord in Switzerland
Mitra Devi, Andrea
Fazioli, Sunil Mann et
Cédric Segapelli
14:00 - 16:00 Animation
Et si tu créais ta propre
enquête
16:00 - 17:00 Table ronde
Polars des laissés-
pour-compte
Solène Bakowski et
Chrystine Brouillet
17:00 - 18:00 Table ronde
Gadoullet : ma vie
d'espion
Jean-Marc Gadoullet
18:00 - 19:00 Table
ronde
Le crime est genevois
Corinne Jaquet,
André Klopmann et
Sandra Mamboury
salondulivre.ch
11:00 - 12:30 Animation
A la découverte du saké
Pierre Chevrier
14:00 - 15:30 Animation
Mythes et réalités de la
cuisine inuite
Juliana Léveillé-Trudel
17:00 - 18:30 Animation
Le sirop d’érable dans
tous ses états
Chrystine Brouillet et
Marie Laberge
10:00 - 10:45 Animation
Philosophes en herbe
Seve
13:00 - 13:45 Rencontre
Religions, entre
traditions et modernité
Pierre Gisel et Serge
Molla
14:00 - 14:45 Rencontre
Sur les chemins de la
migration
Johannes Bühler, Laure
Gabus, Raphaël Krafft et
Jacques Poget
15:00 - 15:45 Rencontre
L’Europe : dernier
rempart face
à la guerre ?
Jean Quatremer,
René Schwok et
Jacques Poget
16:00 - 16:45 Rencontre
La voie du djihad
Rachid Benzine et
Pascal Schouwey
17:00 - 17:45 Débat
Démocratie en Suisse :
émancipation et
contestation
Thierry Gutknecht,
Roderic Mounir,
Alexandra Walther et
Nic Ulmi
La scène de la
BD
La scène philo La cuisine des
livres
12:00 - 13:00 Emission
Espace 2 : Nectar
Nicolas Julliard et
Marlène Métrailler
16:30 - 18:00 Emission
La 1ère : Vertigo
Pierre-Philippe Cadert
11:00 - 11:45 Animation
Remise du Prix BD
Zoom 2017
12:15 - 13:15 Projection
de film
La fête aux dessins
animés
13:00 - 18:00
Atelier de bande
dessinée Splotch !
13:30 - 14:00
Rencontre avec le
lauréat du Prix BD
Zoom 2017
14:15 - 14:45 Animation
Le match dessiné de
Vigousse !
Pigr et Pitch
15:00 - 15:30 Rencontre
Rencontre dessinée
autour de Pôl le
hérisson
Blaise Guinin
15:45 - 16:15 Rencontre
Rencontre dessinée -
Sur la route d’une War
bride
Julien Frey et
Lucas Varela
16:30 - 17:00 Animation
Ping-pong dessiné
québécois
Paul Bordeleau et
Francis Desharnais
18:00 - 18:45 Projection
de film
La fête aux dessins
animés
dévoile son sacré caractère...
9
La scène médias
27 avril 2017
10. La CICAD
09:30 - 19:00 Rencontre
Editions uTopie à
l'honneur
Camille Poussin
09:30 - 19:00 Atelier
Jeux Helvétiq
09:30 - 19:00 Rencontre
"J'aime ma planète" à
l'honneur
Catherine de Noyelle
10:00 - 10:45 Atelier
Atelier scientifique
"La Family"
Fondation
SymplyScience
13:30 - 14:15 Atelier
Atelier concentration
"La Family"
Florence Vertanessian
14:30 - 15:15 Lecture
Atelier lecture
"La légende du colibri"
Catherine de Noyelle
16:30 - 17:15 Atelier
Atelier Basket tri
"J'aime ma planète"
Catherine de Noyelle
L’Îlot Jeunesse
9:30, 11:00, 12:00, 15:00,
16:30 Ateliers
Dessiner pour vaincre
les préjugés
Franck Dumouilla,
Gilles Calza
10:00 - 11:30 + 13:00 -
14:30 Atelier
Les préjugés : au
quotidien et dans
l’Histoire
Anouk Colombani
11:30 - 13:30 Atelier
Votre prénom en
calligraphie hébraïque
Shinta Zenker
12:00 - 13:00 Atelier
Découverte de la
cuisine juive pieds-
noirs
13:00 - 14:30 Atelier
Les préjugés : au
quotidien et dans
l’Histoire
Anouk Colombani
13:30 - 15:00 Table ronde
Education à la diversité
A.-B. Lévy,
A. Emery-Torracinta,
A. Jakubowicz,
F. Quinche,
E. Ackermann,
M. Grandjean,
M.-R. Guedj,
M. Hirzel,
J.-M. Tetaz et I. Danon
15:30 - 17:00 Table ronde
500 ans après la
réforme : quelle
relation entre le
protestantisme et le
judaïsme?
Stéphanie Hodara El
Bez
17:30 - 19:00 Table ronde
Laïcité et liberté de
culte
François Dermange,
Philippe A. Grumbach,
Sandrine Salerno,
Ivan Slatkine et
Sarah Halpérin
salondulivre.ch
L’espace de libre créa-
tion littéraire du salon
est cette année
propriété d’une
baronne mystérieuse.
Chacune des 6 pièces
«100% colorama»
propose sa propre
thématique.
La cuisine, violette,
invite à composer un
menu chic: entrée, plat,
dessert.
Le salon, tout de rouge
et de velours, fait la part
belle au cinéma en invi-
tant à partager ses coups
de cœur du 7
e
art.
La chambre, du sol au
lit à baldaquin, rose
bonbon. Sur des cartes
en forme de cœur, il
faut ouvrir le sien et
avouer ce qui le fait
battre.
Le patio, vert vif, est
l’endroit pour faire une
pause et découvrir ce
jardin intérieur avec ses
plantes luxuriantes et
ses nains de jardin. Sur
des cartes en forme de
fleurs et de feuilles,
avouer son principal
défaut.
La salle de bain, bleu
ciel, est le lieu idéal
pour faire des selfies
avec les accessoires de la
baronne.
L’atelier est marron et
on y travaille la BD.
L’idée ? Compléter une
case de BD par du texte
ou un dessin. L’occasion
de revisiter et de décaler
les contextes et
situations.
10:00 - 11:00 Combat de
dessins : Québec vs
Suisse,
P. Bordeleau,
J. Goldstyn
10:00 - 11:00 Yoga pour
petits et grands
F. Hutchison
11:00 - 12:00 Les
Éditions de l’Isatis et
l'album jeunesse
A. Delaunois,
C. Delezenne
11:00 - 12:00 Qu’est-ce
qui se cache derrière un
livre ?
D. Boulianne
12:00 - 13:00 Lecture
Contes et légendes du
Québec et du Canada
V. Lefrançois, L. Pitre
13:00 - 14:00 Lecture
Histoires déjantées et
tribulations
amoureuses
F. Desharnais,
S. Dompierre, D. Soha
14:00 - 15:00 Enquêtes et
intrigues au Québec et
en Suisse
C. Brouillet, J. Côté,
R. Ste-Marie, L.A.
Bouchard, C. Jaquet
15:00 - 16:00 Rencontre
de trois poètes
québécois
J. Bacon, J. Des Rosiers,
C. Sagalane,
R. Saint-Éloi
16:00 - 17:00 Féminisme
et littérature
M. Bouchard, F. Britt,
A. Lanctôt, M. Verreault
17:00 - 18:00 Rencontre
avec Kim Thúy et
Marie-Renée Lavoie
18:00 - 19:00 Amour et
vérité en littérature
Sophie Bienvenu,
Véronique-Marie Kaye1
Le Cercle de la
Librairie et de
l’Edition Genève
Le Québec,
hôte d’honneur
La relève dans les
métiers du livre en
Suisse
8h30 - Accueil des
participants et petit-
déjeuner
9h30 - Face-à-face :
Quelles politiques
publiques pour soutenir
la relève ?
10h00 - La parole à la
nouvelle génération :
Être une éditrice en
2017
10h30 - La table ronde :
La relève dans les
maisons d’édition, une
utopie ?
11h30 - Regards croisés
d’éditeurs : Les clefs
d’une succession
réussie
12h00 - Perspective
économique :
L’industrie du livre, un
secteur d’avenir ?
12h30 - Tour d’horizon
helvétique : Formation
de la relève, offre et
demande
13h00 - Déjeuner
14h30 L’atelier - salle K
Les nouveaux métiers
du livre : communica-
tion, marketing numé-
rique et réseaux sociaux
10:00 - 18:00 Animation
Silent Reading -
Paroles de livre
Les éditrices et éditeurs
du Cercle et leurs
auteur-e-s
12:00 - 13:00 Animation
Apéritif du Prix BD
Zoom 2017
Le/la lauréat-e et les
finalistes du Prix BD
Zoom 2017
13:00 - 17:30 Atelier
Sous presse !
Découverte de la
typographie
Yvan Hostettler
17:30 - 18:15 Rencontre
Regards littéraires sur
Genève
Anne Brécart,
Catherine Fuchs,
Michaël Perruchoud et
Geneviève Bridel
... faites votre choix !
10
Les Assises de
l’édition suisse
27 avril 2017
11. salondulivre.ch
Lysiane Christen
Des camions en «book trucks»
Les Assises de l’édition suisse se tiennent aujourd’hui à Palexpo.
Le thème de la relève dans les métiers du livre sera au centre des débats.
Adeline Beaux, directrice du Salon du livre, nous en dit les enjeux.
11
Les Assises de l’édition suisse,
De 8h30 à 16h30 - accès gratuit,
inscriptions à l'accueil Exposants.
Les Assises de l’édition suisse
s'adressent aux professionnels et futurs
professionnels du monde de l'écrit.
Depuis hier et jusqu’à ce soir, le Salon du
livre accueille les Assises de l’édition
francophone et suisse. Durant ces deux
jours, des débats et des ateliers sont
organisés pour les professionnels du
monde de l’édition afin de les aider à y
voir clair dans un secteur en constante
évolution. Après avoir abordé hier les
enjeux de l’exportation du livre dans
l’espace francophone, les discussions
d’aujourd’hui sont consacrées à la relève
dans les métiers du livre en Suisse. Pour
Adeline Beaux, directrice du Salon du
livre, ces discussions sont centrales car le
monde de l’édition est en pleine
transformation. «En Suisse, ces cinq ou
six dernières années, de nombreuses
maisons d’éditions se sont créées. Il y a
une jeune génération d’éditeurs qui
fourmillent d’idées, notamment dans leur
façon de vendre leurs livres. Certains
transforment des camions en «book
trucks», à la manière de ces véhicules à
partirdesquelsonvenddescrêpesoudes
hot-dogs. Les éditions Chaman, qui ont
été créées il y a moins de dix ans, ont par
exemple fait venir sur leur stand une
pierre de trois tonnes et demie depuis le
Valais pour attirer l’attention. Ils ont aussi
construit ce qu’ils appellent l’arbre de la
connaissance, de neuf mètres de haut et
dont le feuillage se compose de 30 000
feuilles de livres récupérées.» Ces
27 avril 2017
numéros de marketing n’empêchent pas
une réelle et forte ambition littéréraire.
«Ces nouveaux troublions de l’édition
organisent régulièrement des rencontres
dans des granges, des lectures dans des
appartements. Ils n’hésitent pas d’ailleurs
à s’investir dans des genres qui ne sont
pas rentables, comme la poésie, le
théâtre.»
Cet enthousiasme réjouit Fanny Mossière,
éditrice chez «Noir sur Blanc», pour qui
«le livre est bien vivant». Elle perçoit un
intérêt toujours grandissant pour ce média
malgré les difficultés qui se présentent à
ceux qui se lancent dans l’édition. «Il faut
avoir l’envie, l’énergie et de l’argent ou
alors être prêt à vivre avec des bouts de
ficelles car c’est un métier précaire»,
confie-t-elle. «Beaucoup de petits éditeurs
ont une activité à côté pour joindre les
deux bouts». C’est en effet le cas de
Jasmine Liardet qui dirige la maison
«D’autre part» lancée par son conjoint il y
a vingt ans. «Mon salaire est de 1 500
francs par mois. Ça ne permet pas de
vivre. Nous faisons cela par passion.»,
raconte-t-elle.Mais cette relève dont
parlent les professionnels aujourd’hui, ne
se limite pas aux nouveaux éditeurs. Elle
concerne une multitude de métiers liés au
livre, rappelle Adeline Beaux. «De
nouvelles professions ont émergé,
notamment celles qui sont liées à la
communication», explique-t-elle. «La
vente en ligne par des entreprises comme
Amazon ont aussi bouleversé la façon de
promouvoir les ouvrages. La plupart des
librairies possèdent aussi des sites
internet pour lesquels il faut rédiger des
textes de présentation des livres. Ces
changements entraînent avec eux des
nouvelles compétences chez les
employés», poursuit la directrice du salon.
12. salondulivre.ch
Marine Humbert
Et si Superman devenait Super
L’exposition Héro(ïne)s invite 22 auteurs à inverser les sexes de figures
mythiques de la bande dessinée francophone. Une parodie subtile et
impertinente pour faire rire, mais aussi et surtout faire réfléchir.
12
27 avril 2017
13. Dis-moi ce
que tu lis,
Pierre-Yves
Lador
salondulivre.ch
meuf?
13
DirecteurdelaBibliothèquemunicipalede
Lausannedurantvingtans,l’auteurprolifiquede
La guerre des légumes estaussil’auteurde
diversespoésiesetrécitsérotiques.
Avantdedormir.
La femme pauvre,deLéonBloy.
Celivredécritlamisèreouvrièreau
19ème siècle,avecun
vocabulairericheetuneprose
violente.Cen’estpastrèsreposant,
maisj’ailesommeilfacile.
Alaplage.
A la recherche du temps perdu,
deMarcelProust.
Adéfautdelaplage,jepréfère
m’allongerdanslespâturageset
savourerlaprofondeuretl’humourde
Proust.Ilm’aurafalluquatreétéspour
terminercepavé.
Auxtoilettes.
Lire aux cabinets,deHenryMiller.
Ehoui,j’aimelesmisesenabyme.
Animation - Manège littéraire
Aujourd’hui de 10h à 11h30 - E591
Astérixe se pare de rouge à lèvres rouge
et d’un décolleté plongeant. Supermeuf
vole vers d’autres cieux, un homme sous
le bras. Lucky Lucy secourt les hommes
duhautdesonchevalblanc,etnesesent
pasredevable.Coifféed’unetresseetnon
d’unefameusemèche,Tintinepartseuleà
l’aventure alors que le groupe The
Avengeuses,aux abdominauxaguicheurs,
toisel’ennemid’unregardperçant.
Grâce à l’imagination débordante de 22
auteurs BD, femmes et hommes à parité,
une équipe choc de super héroïnes
Rencontre-conférence: «Hero(ïne)s, la
représentation féminine en BD»,
Samedi 29 - La scène de la bande
dessinée de 12h45 à 13h15.
27 avril 2017
s’invitesurlesmursduSalondulivrepour
tenter d’inverser un constat brutal: 70%
des héros du genre de la bande dessinée
sontdeshommes.
«Lesfemmessontsouventreléguéesàun
second rôle de séductrice, vampire
castratrice et de demoiselle en détresse»,
déplore Jean-Christophe Deveney,
scénariste et coordinateur de l’exposition
«Héro(ïne)s». Des habitudes tenaces et
souvent inconscientes dans l’écriture, qui
finissent par influencer notre propre
perception du rôle des femmes dans la
société. A l’image de leurs héroines, les
auteures se font rares dans le milieu de la
BD, «mais il n’est pas plus machiste qu’un
autre,ilestlerefletdelasociétéactuelle.»
14. salondulivre.ch
Guillaume Martinez
Joseph Joffo, pour mémoire
Un sac de billes, publié en 1973, et réadapté au cinéma l’an dernier,
raconte la fuite haletante de deux enfants juifs lors de l’occupation nazie.
Et son auteur présente chaque année l’histoire qui a chamboulé sa vie.
Le truc que vous ne pensiez pas faire au salon...
Comme les hirondelles, Joseph Joffo
revient toujours au printemps. Parmi la
multitude de plumes qui se dévoilent au
Salon du livre, celle de l’auteur français
est en effet l’une des plus familières
puisque celui-ci a pris la bonne habitude
de passer par Genève chaque année,
lorsque les beaux jours refont leur
apparition. «Je viens ici depuis le début.
Nous,lesécrivains,sommesdessolitaires
et par conséquent nous avons besoin de
ces moments pour écouter les gens qui
nous aiment. Ce n’est pas comme les
comédiens qui, eux, reçoivent des
applaudissements au quotidien…», lance
l’hommede86ansentredeuxdédicaces.
Sur son stand personnel, l’auteur du
classique Un sac de billes – un récit
autobiographique publié en 1973 et
écoulé à plus de vingt millions
d’exemplaires à travers le monde –
enchaîne les signatures. Il faut dire que la
récente adaptation cinématographique
éponyme de Christian Duguay, sortie en
salles en janvier dernier, a relancé
l’engouement pour cette œuvre narrant la
fuite de deux jeunes frères juifs durant
l’occupation nazie (le casting, de premier
choix,comprendnotammentPatrickBruel,
Quelproduitcanadienplusemblématique
quelesiropd’érable?C’estavecdeux
romancièresstarsauQuébecqu’ilsera
misàl’honneur.ChrystineBrouillet,
auteurdepolarsquitientunechronique
gastronomiquesurRadio-Canada,
tenaitàfairepartagerdesrecettessalées
aveccetingrédienttypique.Ellesera
accompagnéeparMarieLaberge,
dramaturgeetécrivain,pourparlerde
littérature,decuisineetdesouvenirs
sucrés.Auxfourneaux,deuxplatsàbase
desaumon,duporcetunesaladeseront
14
Aujourd’hui sur le stand de La cuisine
des livres de 17h à 18h30
Cuisiner le sirop d’érable
Dédicaces: durant tout le salon sur le stand C352
puis jeudi 27 de 11h45 à 12h45 et de 14h à 14h45
ainsi que dimanche 30 de 11h à 12h sur la scène
de L’apostrophe (N1420)
Rencontre: "Joseph Joffo, pour un sac de billes"
dimanche 30 de 10h à 11h sur la scène de
L’apostrophe (N1420)
27 avril 2017
Christian Clavier, Elsa Zylberstein ou
encore Kev Adams). «C’est un très grand
film, il est incomparable avec la première
adaptation qui avait été réalisée en 1975.
J’ai pu suivre le tournage et toute l’équipe
étaitfantastique»,seréjouitJosephJoffo.
«Uneboufféed’oxygène»
S’il a écrit de nombreux autres romans,
l’auteur reste profondément attaché au
livre qui a marqué sa vie. «Il n’y a aucune
lassitude, même si j’ai écrit cette histoire il
y a de nombreuses années déjà. C’est
sorti. Il y a un devoir de mémoire qui est
trèsimportant,nousnedevonspasoublier
les événements de cette époque-là.
L’avenir d’un pays se construit aussi sur
son passé», affirme l’écrivain dont le père
apériàAuschwitzdansdescirconstances
tragiques.
Personnalité chaleureuse, Joseph Joffo
prend plaisir à échanger avec ses
abondants lecteurs. «A chaque fois, c’est
une bouffée d’oxygène. Les gens me
disent des choses gentilles», assure-t-il
avec le sourire aux lèvres. Même si le
poids des années commence à se faire
sentir, l’auteur n’en a pas fini de raconter
sa vie peu ordinaire. «Je suis en train de
rédiger mes mémoires. Je prends mon
temps, je ne suis pas pressé», révèle le
Français qui viendra, forcément, présenter
sesécritsàGenève.
proposésainsiqu’undessert.Une
dégustationestbienentenduprévue.
Pourl’anecdote,undesmetsnécessitait
unelonguemarinade.Chrystine
Brouilletl’adoncpréparéeàParis,ville
oùellesetrouvait,demandantàson
hôtelunrécipientdeglacepourpouvoir
l’ameneravecellejusqu’ausalon!LHr
15. salondulivre.ch
Lila Erard
Les règles, culture de la honte
En moyenne, une femme perd son sang 57 600 heures dans sa vie. Dans
son livre Ceci est mon sang, Elise Thiébaut explore ce phénomène trop
souvent ignoré, facteur d’oppression de la gente féminine.
Dans votre livre, vous décrivez les
règlescommeuntabou,pourquoi?
J'ai eu mes règles tous les mois durant
quarante ans. Puis, à la ménopause, j'ai
senti une grande pression s'éloigner. Peu
à peu, je me suis rendu compte de la
stigmatisation autour de ce phénomène.
Vous savez, une femme sur deux se sent
mal à l'aise durant ces règles. Elle en
parleàvoixbasse,elleangoissedetacher
ses vêtement. Il n'est pas rare d'entendre
des réflexions telles que «Dis donc, tu es
de mauvaise humeur, tu as tes règles?»
ou encore «Arrête de parler de tes règles,
on va passer à table». C'est une forme
d'oppression qu'aucun homme ne
connaîtrajamais.
En tant que femme, comment avez-
vousvécucetteinégalité?
Comme beaucoup de femmes, j'ai vécu
mes règles dans le déni. Quand j'avais
mal au ventre, on me disait: «C'est
normal, prends du Paracétamol», ou
encore «C'est dans ta tête». Puis, dix ans
avant ma ménopause, on m'a
diagnostiqué une endométriose (ndlr:
affection gynécologique, touchant les
femmes âgées entre 25 et 40 ans), la
première cause d'infertilité des femmes.
Pendant des années, j'ai fait l'impasse sur
masouffranceàcausedelacensuredela
société, ce qui a retardé mon traitement.
Je ne suis pas la seule dans ce cas. Près
15
Rencontre - 14h - 15h
La place du Moi - C331
Dédicace - 15h - 16h
La place du Moi - C331
A la table de... Barbara Polla
Aujourd’hui sur L'apostrophe de 15h30
à 16h30, «Femmes hors normes?» avec
Barbara Polla et Emily Blaine
Aujourd’hui sur L'apostrophe de 16h30
à 17h30
actuellement en train de créer le collectif
«Nouvelles Lunes», pour informer,
sensibiliser et faire pression sur les
pouvoir publics et soutenir la recherche.
Nous réfléchissons même à la possibilité
de porter plainte contre les marques qui
refusent de donner la composition des
tampons. Il en va de notre santé, de notre
avenir,etmêmedenotrevie.
27 avril 2017
Maisquiplusest,j’yaidînérécemmentavecAlain
Borer,l'immensespécialistedeRimbaud,invitée
paruneamiequiconnaîtmongoûtpourlapoésie.
DésormaisRimbaud,decorpsabsent,estprésent
àchaquedîner.Sapoésieflottedansl’airetla
beautédelalanguefrançaiseavecelle.Souvenir
dufutur.LLT
J’aimelessouvenirsquiseperpétuentdansl’avenir.
Lessouvenirsdedélicesquinesontpasseulement
dupassé,maisaussiduprésentetsurtoutdufutur.
Autrefois,ondisaitquejefaisaislesmeilleurs
spaghettisdeGenève.C’étaitledimanchesoir,table
ouverte.Maisdepuisbientôtunedizained’années,je
necuisineplusdutout.Mêmepasdecasserole.Un
«statement»!Alors,quandj’aienviedemanger
quelquechosedechaud,jevaisaucaféàcôté.A
Parisc’estlesVitelloni,rueDupetitThouars.Ilsfont
lesmeilleureslinguinetomatesbasilicdeFrance.Ils
meconnaissent,m’appellentparmonprénom,me
réserventmatablepréférée.LevinvientdesPouilles
:Primitivo.C’estunsouvenir,disons,hebdomadaire...
de 15% des femmes sont atteintes de
cette maladie, mais ne le savent pas
forcément.
Quelles sont les raisons historiques à
cetteculturedudéni?
En politique, les femmes ont très
longtemps été exclues, sous prétexte que
leurs corps leur imposaient des humeurs
changeantes. Dans la religion juive et
dans la religion musulmane, une femme
qui a ses règles est considérée comme
impure. Chez les chrétiens, elle n’a pas
pu, pendant longtemps, s'approcher de
l'auteloumêmerecevoirlacommunion.
Aujourd’hui, que faut-il faire pour
changerlesmentalités?
Il s'agit de se réapproprier l'Histoire, afin
decesserdevivredanslesecret,lahonte
et le malaise. Chaque femme devrait
pouvoir vivre ses règles de façon
consciente et informée, sans subir
l’oppressionimposéeparlasociété.
A ce titre, vous êtes justement en train
decréeruncollectif...
Tout à fait. Vous savez, une femme
saigne en moyenne 2 400 jours dans sa
vie et porte près de 11 000 tampons.
Pourtant,nousnesavonspasquellessont
les composantes de ce produit. Selon
certainesenquêtes, laplupartcontiennent
des ingrédients toxiques. Avec d'autres