2. RÉSUMÉ
Deux amies adolescentes entrent dans l'âge adulte dans les années 1980 dans le Pays
basque, à Bordeaux, puis à Paris. Si Rose suit des études de psychologie et reste fidèle à
son premier amour, Solange multiplie les aventures, tombe enceinte à 15 ans et tente de
faire décoller sa carrière d'actrice.
3. BIOGRAPHIE
Née le 3 janvier 1969 à Bayonne, Marie
Darrieussecq grandit dans un village du Pays
basque. Sa mère est professeure de français et son
père technicien.
Marie Darrieussecq suit des études secondaires à
Bayonne et obtient un baccalauréat littéraire en
1986. Elle poursuit ensuite au lycée Montaigne de
Bordeaux puis au lycée Louis-Le-Grand à Paris une
formation littéraire en classe préparatoire. Elle
intègre l'École normale supérieure de la rue d'Ulm à
Paris en 1990.
En 1992, elle est reçue à l'agrégation de lettres
modernes à la sixième place. Ensuite, elle obtient
une maitrise à l'université de la Sorbonne-Nouvelle
en travaillant sur Hervé Guibert, puis un DEA de à
l'université de Paris-VII, puis en 1997, un doctorat de
littérature à l'université de Paris-VII après avoir
soutenu une thèse sous la direction de Francis
Marmande sur les Moments critiques dans
l'autobiographie contemporaine.
Ironie tragique et autofiction chez Georges Perec,
Michel Leiris, Serge Doubrovsky et Hervé Guibert.
Après sa thèse, elle entame une psychanalyse et
devient en 2006 elle-même psychanalyste
4. ŒUVRE LITTÉRAIRE
À propos de son roman Clèves, la journaliste
Raphaëlle Leyris écrit : « Le sujet de Marie
Darrieussecq depuis Truismes est toujours le même
: il s'agit d'examiner ce que le langage dit de
l'expérience, la manière dont les mots, et
notamment les lieux communs, énoncent la réalité
et, en retour, la façonnent . » Le titre du roman Il
faut beaucoup aimer les hommes est extrait d'une
phrase de Marguerite Duras dans La Vie matérielle
: « Il faut beaucoup aimer les hommes. Beaucoup,
beaucoup. Beaucoup les aimer pour les aimer.
Sans cela, ce n'est pas possible, on ne peut pas les
supporter. »
À propos de son roman Le Pays, Nathalie Crom
écrit dans La Croix qu'elle soulève « la question de
l'appartenance (à une langue, à une terre, à une
nation), sans entretenir la moindre nostalgie pour la
vision classique ou traditionnelle de l'enracinement.
»
Dans Clèves, elle décrit la transformation d'une
adolescente avec l'arrivée des premières règles et
la découverte de la sexualité. Virginie Despentes
écrit dans Le Monde des Livres : « Clèves
fonctionne comme un remonteur de moments, ni
oubliés, ni occultés, mais jamais consultés, jamais
célébrés »
5. La vie de Marie Darrieussecq est marquée par des engagements publics : en 2002, elle devient la marraine du Réseau DES
France, une association d’aide et d’information aux victimes du Distilbène3 ; puis en 2007 de Bibliothèques sans
frontières ; puis en 2012 de l’association d’étudiants « Du Pays basque aux grandes écoles ».
Lors de la campagne de l'élection présidentielle française de 2007, Marie Darrieussecq apporte son soutien à Ségolène
Royal.
En 2020, elle apporte son soutien à la campagne demandant le changement de nom du quartier de La Négresse à Biarritz.
Cela fait plusieurs années que Marie Darrieussecq réfléchit à cette question et, pour elle, « le mot négresse est une insulte
atroce. C'est un mot qui a été utilisé et créé pour l'esclavage. Nous sommes en 2020 et il faut en finir! »
10. Les critiques du Masque ont plébiscité le dernier roman de Marie
Darrieussecq, "Fabriquer une Femme". À travers le destin de deux
femmes qui traversent notamment le Paris des années 1980, ils ont
particulièrement apprécié une grande maîtrise technique de l'écriture.
11. NELLY KAPRIELIAN A ADORÉ CE ROMAN D’UNE
MAÎTRISE INCROYABLE
La journaliste des Inrockuptibles a beaucoup
apprécié cette plongée dans le Paris des
années 1980 : « J’ai le même âge que Marie
Darrieussecq et ça m’a rappelé énormément
de choses sur le fait d’avoir 20 ans dans les
années 1980. Il y a beaucoup de justesse. On
va aux Bains Douches, et on pense que c’est
possible de coucher avec Prince. II y a une
proximité, une fraîcheur et on voit aussi tous
les dangers dans lesquels ces deux filles
peuvent tomber. Il y a aussi la découverte du
sexe qui, du point de vue des filles, est très
drôle, il y a vraiment une maîtrise incroyable.
»
Nelly Kaprielian a aussi aimé une forme de
gravité et de mélancolie : « Une des héroïnes
va avoir un enfant très tôt, à quinze ans au
début du livre. Je suis fasciné par le film
Mulholland Drive, et ici aussi, il y a cette
dualité, ce double portrait de femme qui se
reflète l'une dans l'autre. Pour moi, ce sont les
deux aspects de Marie Darrieussecq dont elle
fait ici le double portrait. À la fois quelqu'un
de très sérieux, qui a fait des études, qui s'est
marié, qui a eu des enfants assez tôt, et
quelqu'un qui aime aussi la fête, la séduction.
»
12. ARNAUD VIVIANT A EU UN GRAND PLAISIR DE LECTURE
Le critique Arnaud Viviant a trouvé
que les 50 premières pages
rappelaient Clèves, l’un des
précédents romans de Marie
Darrieussecq : « Elle y racontait déjà
la fabrication d’une femme, mais le
personnage principal dans Clèves,
c’était plutôt Solange et dans celui-ci,
c’est plutôt Rose, qui est l’auteure,
puisque comme elle, elle a fait des
études de psychanalyse, c’est
d’ailleurs un passage qui m’a
beaucoup plu. Mais il faut se
souvenir que Clèves est paru en
2012, et qu’à l’époque, il avait
choqué par son vocabulaire. Il y a
aussi des personnages comme Brice,
qui sont très bien faits. Mais comme
pour Nelly, à la lecture de la fin
hollywoodienne, on sent comme une
envie d’en finir avec le roman, mais
j’ai tout de même eu un grand plaisir
à lire ce roman. »
13. LAURENT CHALUMEAU A DÉVORÉ CE LIVRE D’UNE MAÎTRISE
TECHNIQUE TOTALE
Pour Laurent Chalumeau, c’est un livre
qu’il aurait forcément lu même sans sa
participation à l’émission : « C’est le
premier livre de Marie Darrieussecq que je
lisais de ma vie, et je comprends
maintenant que si j'avais mieux connu son
œuvre, j'aurais peut-être pris encore plus
la mesure des qualités que ce livre semble
afficher. C’est un très bon livre que j’ai
descendu en 48 heures, c'est une piste
verte, car la prose de Darrieussecq est
d'une totale fluidité. Il n’y a pas de
grumeaux, l'œil n'accroche sur rien, on est
happé. Les morceaux de bravoure
technique abondent. Il y a des scènes dont
elle tire tout le profit, tantôt comique,
parfois tragique, c'est de la tambouille, de
la technique. Elle est vraiment en maîtrise
totale de son artisanat. Il y a un peu de
phrases métalliques à la Houellebecq, un
peu d'écriture plate à la Ernaux, un peu de
néo-naturalisme à la Nicolas Mathieu sans
que ça fasse Frankenstein. En fonction du
terrain, elle adapte, et parfois à l'intérieur
du même paragraphe. C’est une musique
entêtante et très efficace. »
14. POUR ÉLISABETH PHILIPPE, C’EST SON LIVRE PRÉFÉRÉ
DE MARIE DARRIEUSECQ
Pour Élisabeth Philippe, c’est son roman
préféré de l’auteure. Elle a particulièrement
aimé ce style en évolution permanente : «
Dans la partie sur Solange, le style est plus
heurté, comme pour marquer la violence qui
marque la vie de la protagoniste. Pour moi,
Marie Darrieussecq est comme un maître
horloger qui va démonter le mécanisme, qui
va déconstruire son personnage pour
montrer comment on devient femme.
Elle montre très bien que c'est un mélange
de choix et de déterminisme social, car la
question des classes sociales est aussi très
importante. Marie Darrieussecq passe
toujours par la littérature et le corps de ses
personnages. J’ai beaucoup pensé aux
Mémoires d'Eugène Mariotte de Balzac, qui
est son roman épistolaire où l’on suit deux
jeunes mariés et leurs trajectoires.
On pense qu'elle fait un beau mariage et ça
va être la calamité. Et puis ce que dit Marie
sur l'adolescence, c'est prodigieux. »