2. BIOGRAHIE
Nathalie Azoulai, née en1966 à Nanterre, est
une écrivaine, lauréate du prix Médicis en
2015 pour son roman Titus n'aimait pas
Bérénice.
Nathalie Azoulai grandit au sein d’une famille
exilée, originaire d'Égypte. Elle entre à l'école
normale supérieure de Saint-Cloud/Fontenay-
aux-Roses où elle obtient l'agrégation de
lettres modernes. Elle enseigne quelque
temps puis se tourne vers l’édition où elle
occupera différents postes.
Tout en étant éditrice, en 2002, elle publie son
premier texte, Mère agitée, aux éditions du
Seuil, un roman fragmenté qui évoque les
angoisses de la maternité, son enfance, celle
de ses enfants, la nouvelle société des mères
dans laquelle elle entre et dont elle découvre
les ambiguïtés.
En 2004, elle publie C’est l’histoire d’une
femme qui a un frère, un roman
autobiographique sur les relations d’une sœur
qui grandit à l'ombre d’un grand frère. Elle
quitte ensuite Paris et part vivre plusieurs
années en Espagne où elle écrit Les
Manifestations, un roman politique et intime à
la fois, un texte polyphonique évoquant les
points de vue de trois amis d’enfance sur fond
de manifestations de rue. Ce roman explore
les dissensions que l’histoire peut provoquer
au sein des groupes les plus soudés, en
l’occurrence les rapports entre la gauche
française et la communauté juive des années
1980 aux années 2000.
3. En 2009, elle publie Une ardeur insensée, l’histoire
d’une pharmacienne qui se met à suivre des cours
de théâtre et dont l’existence conventionnelle
vacille peu à peu ; une manière d’explorer un sujet
qui la passionne depuis toujours, la direction
d’acteurs, telle que l’ont pratiquée des hommes de
théâtre comme Louis Jouvet ou Patrice Chéreau et
qui lui semble correspondre à la recherche du
romancier lorsqu’il construit des personnages.
En 2010, elle publie la suite de Mère agitée,
intitulée Les Filles ont grandi, interlude
autobiographique qui relate l’adolescence de ses
filles.
En 2015, elle publie Titus n'aimait pas Bérénice aux
éditions P.O.L, un roman articulé autour de la figure
de Jean Racine, de sa tragédie Bérénice et d’une
réplique contemporaine à cette histoire. Cette
structure en écho sert surtout à mettre la narratrice
dans les pas du créateur Racine et à retracer, de
façon totalement imaginaire, la naissance et la
teneur si particulière de la langue racinienne.[réf.
souhaitée] Ce roman, qui a reçu un accueil très
favorable5, lui a valu d’être finaliste pour les prix
Goncourt, Goncourt des lycéens, Femina et
d’obtenir le « Goncourt/Le Choix de l'Orient »6 et le
prix Médicis7. Il a été traduit dans plusieurs
langues.
4. En 2018 paraît Les Spectateurs aux éditions
P.O.L., un roman à la trame complexe où
politique, vie familiale et cinéma hollywoodien
s’entrelacent sous les yeux d’un jeune
adolescent qui cherche à comprendre l’exil de
ses parents pour devenir un homme
occidental.
En marge du roman, elle écrit également pour
la télévision, notamment avec le réalisateur
Jean-Xavier de Lestrade (Parcours meurtrier
d'une mère ordinaire : l'affaire Courjault,
diffusé sur Arte en 2009), ainsi que pour la
radio, le théâtre et la jeunesse, en tandem
avec la créatrice Victoire de Castellane.
En 2021, Serge Toubiana l'invite à rejoindre le
jury littérature du Fonds de Dotation Vendredi
soir pour récompenser des auteurs émergents
en hommage à l’œuvre de la romancière
Emmanuèle Bernheim: Marie de
Quatrebarbes, Maud Ventura et Raphaël Meltz
sont récompensés en novembre 2021.
En janvier 2022, elle publie La Fille parfaite
aux éditions P.O.L, un roman qui relate
l'histoire d'une amitié tumultueuse et d'une
confrontation entre le monde des littéraires et
le monde des scientifiques.
7. CRITIQUES
« J'ai bien aimé lire ce livre. Je ne connais pas
Nathalie Azoulai ni aucun de ses livres. J'y découvre
une plume qui joue avec les mots, dissèque les
émotions et les relations.
C'est le roman des oppositions : les sciences /la
littérature, la rigueur /la liberté, la vie/la mort. C'est
dans ces oppositions que Rachel et Adèle deviennent
amies entre proximité, confidences et entraide mais
aussi éloignement, silences et jalousies
Il y a certains passages plutôt noirs. Si vous êtes
déprimé passez votre chemin et revenez quand vous
serez bien dans vos baskets.
Je me suis demandée s'il y avait une part de réalité
dans ce livre. Rachel a-t-elle quelque chose de
Nathalie ? Qui est Adèle ?
Ce livre me donne envie de découvrir d'autres romans
de l'autrice. «
CallieTorneL...Babelio
8. « Une tête à deux corps »
« Donc, Rachel / Adèle. Rime suffisante à
l’oreille – on dirait une chanson des Beatles
revisitée… Elle, au singulier : de deux femmes
blondes mais si différentes, Nathalie Azoulai
fait un être symbiotique, mi-littéraire mi-
scientifique, issue par coalescence de deux
milieux qui les ont prédestinées chacune à
cette vocation :
« J’étais l’héritière de ce qui faisait briller la
culture française depuis des siècles »… La loi
du milieu est dure, mais c’est la loi. Les
références à Darwin d’ailleurs ne manquent
pas : on ne naît pas matheuse (ou
romancière), on le devient.
Et la synthèse de ces deux brillantes
intelligences est lumineuse : « Considère
qu’on est les deux filles d’une seule et même
famille », a dit Rachel ; « l’une sera
mathématicienne et l’autre grammairienne.
Nos parents auront l’impression d’avoir
accompli une sorte de progéniture parfaite qui
couvre tout le spectre de la connaissance… »
Mieux : « Nous n’étions plus deux individus
distincts, mais une seule substance en fusion,
ni homme ni femme, une substance humaine,
une tête à deux corps missionnée pour fouiller,
se relayer et trouver ce qu’était la beauté ».
Ne sait-on pas depuis Pythagore que le Beau
est un rapport géométrique ? »
Marianne
9.
10. Culture Tops. Critique
Thème
Un matin de juin, Adèle, brillante mathématicienne, s’est coupé ses longs
cheveux blonds, et s’est suicidée par pendaison « comme un homme » à l’âge
de 46 ans. La narratrice, Rachel, 46 ans également, son amie de toujours,
prévenue par la police se rend sur les lieux en l’absence du mari et du fils en
voyage.
Devant ce drame qui semble inexpliqué, Rachel se replonge dans leur histoire
pour tenter de comprendre.
Adèle Prinker et Rachel Deville se rencontrent à l’âge de 14 ans, toutes deux
aux longs cheveux blonds, brillantes, issues de milieux différents. Rachel
appartient à un milieu bourgeois lettré et cultivé, aux conversations animées car
tous les membres de cette famille se retrouvent souvent lors de joutes oratoires
. Adèle Prinker , d’origine plus modeste, est « baignée » dans les
mathématiques. Son père, ingénieur, ne rêve pour sa fille unique, que de maths
« le nombre, le nombre » et la façonne pour aller toujours plus haut.
Les deux jeunes filles vont entretenir une amitié faite de ruptures, de
retrouvailles. Adèle est souvent conviée chez les Deville, fascinée par toutes ses
lectures, ses échanges. Rachel est fascinée, elle, par les échanges sur les
chiffres entre son amie et son père. Lorsque se pose le choix de la série en
seconde : A ou C ? lettres ou maths ? Rachel s’obstinera à faire C comme son
amie. Mais le bac en poche, elle se lance dans une prépa littéraire. C’est alors
que les deux amies font le pacte d’être brillantes chacune dans son domaine.
Ce serait une alliance enrichissante qui les ferait dominer les sciences et les
lettres.
Rachel nous fait revivre les réussites d’Adèle; mathématicienne de renom
international, aux éblouissantes connaissances, mais aussi Adèle qui peut se
montrer brillante dans ses connaissances littéraires, Adèle avec un mari aimant,
protecteur, Luc son premier amour, scientifique lui aussi, Adèle qui a un petit
garçon de 6 ans aimé tendrement.
La narratrice se remémore également sa vie, elle qui a toujours voulu être
écrivaine. Une vie plus chaotique mais agrégée de lettres, enseignante et
rapidement écrivaine célèbre.
11. Points forts
Une analyse forte de cette amitié de jeunesse
brutalement interrompue à l’âge de 46 ans. Une
analyse sur les mots et les maths : faut-il les
opposer en tant que vérité (les maths) et
art/beauté (les mots) ? Rachel nous fait vivre avec
Adèle et son père le monde des mathématiques :
les nombres premiers, les algorithmes , les
théorèmes .
- Rachel nous entraîne dans son évolution de
femme littéraire avec une grande intensité sur
le rôle des livres, de la parole. Les échanges
entre les deux amies sont parfois violents et
les ruptures s’enchaînent ; l’on ressent alors
combien la narratrice admire cette amie
surdouée, admiration qui la fait parfois se
dévaloriser. Adèle est-elle vraiment le
symbole de la perfection ?
- Une forte étude de la féminité, du rôle du cursus
scolaire pour la réussite, de la maternité, de
l’amour dans un monde où la narratrice se
demande comment tout concilier.
12. Quelques reserves
S’il faut en trouver, le rôle prépondérant et dirigiste de Mr Prinker, qui fait
preuve de sexisme dans sa vision de la femme dans la société ; pour lui, les
mathématiques donneront le pouvoir à sa fille, à l’égal des hommes; sinon « ne
viens pas te plaindre au nom des pauvres femmes » !
13. Encore un mot
A travers le récit de mémoire devant le geste
de son amie, Rachel semble mener une forme
d’enquête : pourquoi donc Adèle si brillante
qui semble tout avoir, s’est-elle suicidée ?
Est-ce parce qu’elle n’a pas reçu cette
fameuse médaille Fields qu’elle attendait ? Et
pourquoi la narratrice paraît-elle délivrée de
cette amitié ? A la fin du livre, Rachel reçoit le
journal de son amie : elle entrevoit qu’Adèle
tout en ayant été au sommet de la science,
brillante, et malgré un mari aimant et un fils
qu’elle adorait, Adèle a peut-être souffert de
n’être pas aimée tout simplement . Elle laisse
le message à son amie de veiller à ce que
son fils ne fasse pas de maths !!! J’ajouterai
que le style et l’écriture sont superbes.