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Riz	de	Camargue	:	quid	de	son	authenticité	?	
	
Grenoble,	novembre	2018	
		
Chère future moi,
		
J’espère	que	tu	vas	bien.	Si	tu	me	lis,	cela	signifie	que	tu	viens	de	tomber	sur	une	de	ces	si	
nombreuses	lettres	écrites	à	moi-même	et	dissimulées	un	peu	partout	avec	l’idée	de	les	
relire	un	jour	quand	je	serai	grande.	Je	te	prie	d’être	indulgente,	mon	style	n’est	sûrement	
pas	encore	tout	à	fait	au	point	(j’espère	que	tu	t’es	améliorée	avec	le	temps)	et	peut-être	
que	le	fond	contient	quelques	imprécisions	car	cette	fois-ci,	j’aborde	un	sujet	sérieux.	Je	te	
rappelle	le	contexte	(car	peut-être	que	ta	mémoire	te	joue	des	tours)	–	ma	troisième	année	
de	géographie	à	l’Université	me	plaît	beaucoup	car	même	si	les	cours	ne	m’enchantent	pas	
tous,	je	découvre	enfin	tout	un	champ	de	la	discipline	qui	me	stimule	intellectuellement	et	
élargit	 mes	 réflexions.	 Je	 m’adresse	 donc	 à	 toi	 en	 espérant	 que	 tu	 n’as	 rien	 perdu	 de	 la	
curiosité	 ni	 de	 l’indignation	 de	 nos	 vingt	 ans	 et	 que	 toujours	 tu	 continues	 à	 creuser	 ces	
sujets	et	à	remettre	en	question	les	vérités	toutes	faites	et	les	grands	récits.	
		
Cette	lettre,	c’est	le	Vietnam	qui	me	l’inspire.	
Premièrement,	tu	t’en	doutes,	car	mon	voyage	en	Asie	du	Sud-Est	l’été	dernier	(en	2017,	
ndlr)	m’a	profondément	marquée.	Les	paysages,	les	odeurs,	le	bruit,	le	sourire	des	gens	et	
bien	 sûr	 la	 nourriture	 ont	 rempli	 mes	 cinq	 sens	 pendant	 ces	 trois	 mois,	 et	 chaque	 jour	
depuis	mon	retour	je	rêve	de	repartir.	Il	est	pourtant	étonnant	que	mon	passage	au	Vietnam	
me	 laisse	 un	 souvenir	 si	 contrasté,	 issu	 d’un	 mélange	 d’exaltation,	 de	 découvertes	
passionnantes	et,	dans	le	même	temps,	d’un	malaise	inexpliqué,	du	sentiment	de	passer	à	
côté	de	quelque	chose.	Mais	de	quoi	?	Pendant	plusieurs	mois,	impossible	de	mettre	un	mot	
sur	cette	sensation.	C’est	seulement	récemment	qu’un	début	de	réponse	s’est	offert	à	moi.	
		
La	 première	 fois	 c’était	 en	 septembre,	 lorsque	 maman	 m’a	 proposé	 (est-ce	 toujours	 un	
synonyme	d’obliger	dans	sa	bouche	?)	de	l’accompagner	voir	cette	pièce	de	théâtre,	Saigon,	
mise	en	scène	par	Caroline	Guiela	Nguyen,	au	théâtre	de	la	Croix-Rousse.	Tu	me	connais,	
l’idée	 de	 passer	 mon	 samedi	 soir	 devant	 une	 pièce	 de	 théâtre	 de	 3h30,	 interprétée	 en	
français	et	en	vietnamien	ne	m’enchantait	pas.	Et	pourtant,	la	pièce	m’a	transportée.	Je	te	
rappelle	brièvement	l’histoire	car	je	suppose	que	tu	as	le	malheur	de	ne	pas	t’en	souvenir	:	
lorsque	le	rideau	se	lève,	nous	sommes	devant	la	réplique	hyper	réaliste	d’un	restaurant	
vietnamien.	Le	décor	ne	changera	pas	trois	heures	durant.	Ce	restaurant	est	le	théâtre	d’un	
impressionnant	voyage	dans	le	temps	(entre	1956	et	1996),	et	dans	l’espace	(entre	Saigon	et	
Paris).	Les	acteurs	français,	vietnamiens,	franco-vietnamiens	y	défilent	et	nous	font	vivre	40	
ans	 d’histoire	 entremêlée,	 à	 travers	 les	 thématiques	 de	 l’exil,	 de	 l’identité	 et	 de	 la	
séparation,	du	départ	des	Français	de	Saigon	à	la	réouverture	des	frontières	du	Vietnam.	La
2
pièce	 se	 conclut	 sur	 cette	 jolie	 phrase	 prononcée	 par	 Marie-Antoinette,	 la	 serveuse	 du	
restaurant	 :	 «	 C’est	 ainsi	 que	 se	 racontent	 les	 histoires	 au	 Vietnam	 :	 avec	 beaucoup	 de	
larmes	».	Effectivement,	j’ai	beaucoup	pleuré	en	écoutant	parler	ces	gens.	Plus	tard,	en	y	
repensant,	j’ai	été	frappé	par	l’étendu	de	mon	ignorance	quant	au	passé	colonial	de	mon	
pays,	et	par	extension,	à	nos	liens	avec	le	Vietnam.	Qu’à	cela	ne	tienne,	mon	intérêt	était	
piqué.	
		
J’ai	essayé	de	comprendre	les	logiques	qui	sous-tendaient	les	relations	entre	la	France	et	le	
Vietnam,	 d’abord	 pendant	 la	 période	 coloniale,	 puis	 dans	 tout	 le	 processus	 de	
décolonisation	ultra-violent	qui	s'ensuivit.	Avide	de	savoir,	j’ai	souvent	été	choquée	en	me	
rendant	compte	qu’il	fallait	creuser	longtemps	pour	trouver	des	informations	nuancées	et	je	
t’avoue	avoir	été	étonnée	de	ne	pas	trouver	un	seul	article	revenant	directement	sur	cette	
période	dans	les	archives	de	journaux	comme	Le	Monde	diplomatique.	Finalement,	et	c’est	
cela	le	plus	étonnant,	j’ai	commencé	en	septembre	un	cours	de	géographie	culturelle	dont	
le	thème	du	semestre	concerne	les	paysages	de	Camargue,	notamment	à	travers	l’étude	des	
rizières.	Alors	je	te	l’avoue,	à	première	vue	je	n’ai	pas	saisi	tout	de	suite	l’intérêt	que	pouvait	
bien	avoir	l’étude	du	paysage	de	Camargue.	Puis,	à	travers	la	lecture	d’une	bande	dessinée	
que	je	te	conseille	fortement	de	relire	(Les	Linh	Tho,	de	Clément	Baloup	et	Pierre	Daum)	j’ai	
compris	 que	 l’étude	 d’un	 paysage	 peut	 permettre	 de	 comprendre	 et	 d’expliquer	 grands	
nombres	de	facteurs	culturels.	
		
Une	planche	de	cette	bande	dessinée	m’a	particulièrement	marquée,	je	vais	t’en	faire	le	
récit.	Nous	sommes	en	2004,	Pierre	Daum	(le	scénariste)	est	alors	journaliste	et	enquête	sur	
la	 fermeture	 d’une	 usine	 Lustucru	 à	 Arles.	 Il	 réalise	 que	 cette	 usine	 ne	 produit	 pas	
seulement	des	pâtes,	mais	aussi	du	riz,	produit	phare	de	la	région.	Son	enquête	va	alors	le	
conduire	au	musée	du	riz,	dans	lequel	il	découvre	une	photo	sous	laquelle	est	écrit	«	En	
1942,	 des	 travailleurs	 indochinois	 sont	 venus	 planter	 du	 riz	 en	 Camargue	 »	 (page	 8).	 Il	
s’interroge…	Pourquoi	ce	fait	est-il	si	peu	connu	?	Cette	découverte	est	alors	le	début	d’un	
long	travail	de	recherche	pour	retrouver	des	témoins	de	cette	époque	et	comprendre	les	
liens	qui	unissaient	les	travailleurs	indochinois	à	la	France.	Prépare-toi,	ce	qui	suit	n’est	pas	
glorieux…	 20.000	 indochinois,	 la	 plupart	 étant	 des	 paysans	 peu	 éduqués,	 ont	 été	
réquisitionnés	de	force	au	début	des	années	1940	pour	participer	«	à	l’effort	de	guerre	»	
contre	l’Allemagne.	D’abord	employés	dans	les	usines	d’armement	pour	fournir	de	la	main	
d’œuvre	 et	 remplacer	 les	 hommes	 partis	 au	 front,	 ils	 sont	 ensuite,	 dès	 la	 capitulation	
française,	sous	les	ordres	du	régime	de	Vichy.	Tous	les	secteurs	de	l’économie	exploitent	
cette	main	d’œuvre	bon	marché	et	c’est	dans	l’explosion	de	la	riziculture	en	Camargue	que	
l’on	 retrouve	 le	 plus	 de	 traces	 de	 cette	 exploitation.	 La	 femme	 du	 Maréchal	 Pétain	 s’est	
même	 rendue	 en	 Camargue	 pour	 remercier	 ces	 travailleurs,	 une	 gerbe	 de	 riz	 à	 la	 main,	
comme	tu	peux	le	relire	page	26	:	«	Ainsi	se	cimentent,	en	ces	jours	de	malheur,	tant	sur	le	
plan	du	travail	que	sur	le	plan	sentimental,	la	confiance	et	l’estime	réciproque	de	tous	les	
français	de	l’Empire	».
3
		
Si	aujourd’hui	la	bande	dessinée	ce	n’est	plus	trop	ton	truc	(je	trouverai	cela	regrettable),	je	
peux	également	te	proposer	la	réécoute	d’un	reportage	sur	RFI	qui	traite	du	même	sujet.	Le	
dernier	travailleur	indochinois	(diffusé	le	13	janvier	2018)	retrace,	avec	l’aide	de	Clément	
Baloup	 et	 Pierre	 Daum	 (les	 auteurs	 de	 la	 BD,	 donc)	 le	 parcours	 de	 Thân,	 vietnamien	
centenaire	qui	a	débarqué	en	1939	depuis	un	bateau	en	provenance	de	Saigon.	Son	histoire	
est	intimement	liée	à	l’histoire	de	Marseille,	ville	par	laquelle	il	est	entré	en	France	et	dans	
laquelle	il	vit	toujours	(13	:20).	Pour	plusieurs	raisons,	Marseille	a	une	place	capitale	dans	
l’histoire	 coloniale	 de	 la	 France.	 Tout	 d’abord	 car	 c’est	 par	 son	 port	 que	 débarquait	 la	
majorité	 des	 bateaux	 en	 provenance	 de	 l’Afrique	 et	 de	 l’Asie	 (13	:40),	 ensuite	 parce	 que	
c’est	dans	la	prison	des	Baumettes	(dont	la	construction	s’est	achevée	en	1939)	que	furent	
logés	(ou	plutôt	parqués)	5000	travailleurs	indochinois	(14	:00),	enfin	parce	que	c’est	dans	
cette	ville	qu’Ho	Chi	Minh	a	fait	son	célèbre	discours	sur	l’indépendance	du	Vietnam	après	la	
conférence	de	Fontainebleau	en	1945	(18	:00).		
	
Ce	que	je	trouve	particulièrement	marquant,	que	ce	soit	dans	la	bande	dessinée	ou	dans	le	
reportage,	c’est	cette	volonté	des	deux	auteurs	de	redonner	une	voix	et	une	existence	à	des	
individus	dont	le	destin	a	été	si	longtemps	oublié	et	absent	des	livres	d’Histoire	et	autres	
récits	 officiels.	 Le	 titre	 même	 de	 l’ouvrage,	 Les	 Linh	 Tho,	 est	 décrit	 par	 Clément	 Baloup	
comme	un	terme	oublié,	comme	la	vie	de	tous	ces	hommes	(4	:09).	Cependant,	enquêter	sur	
la	vie	de	ces	travailleurs	indochinois	a	été	compliqué.	En	effet,	Pierre	Daum	a	dû	faire	face	à	
la	faiblesse	des	sources	officielles	(quelques	livrets	ont	été	retrouvées	dans	les	archives	du	
MOI	 bien	 après	 la	 parution	 de	 son	 premier	 livre	 (33	:21))	 et	 au	 faible	 nombre	 de	
témoignages	 des	 principaux	 concernés.	 Cela	 s’explique	 à	 la	 fois	 par	 le	 fait	 qu’une	 bonne	
partie	 de	 ces	 hommes	 était	 déjà	 décédés,	 mais	 également	 par	 l’impossibilité	 pour	 leur	
descendance	de	témoigner,	du	fait	de	leur	ignorance	sur	l’histoire	de	leur	père	(35	:00).	Ce	
vide	mémoriel	est	difficile	à	combler	du	fait	de	la	tardive	reconnaissance	par	l’Etat	français	
de	l’exploitation	qu’ont	subie	ces	hommes	et	par	l’absence	total	d’indemnisation	et	de	mise	
en	lumière	de	cette	partie	de	notre	histoire	nationale.	Moi	qui	ne	savait	rien	de	tout	ça,	j’ai	
été	émue	aux	larmes	en	entendant	Thân	chanter	sa	chanson.		
	
Je	suis	curieuse	de	savoir	si	tu	te	rappelles	combien	tous	ces	récits	t’ont	touchée	quand	tu	
étais	 jeune	?	 Mais	 par-delà	 l’émotion,	 un	 grand	 nombre	 d’interrogations	 me	 traversent	
l’esprit.	 Suis-je	 la	 seule	 à	 être	 révoltée	 par	 tout	 ça	?	 Pourquoi	 un	 tel	 manque	 de	
reconnaissance	 de	 la	 part	 de	 mon	 pays	 face	 à	 toutes	 ces	 injustices	 et	 toutes	 ces	
oppressions	?	Sommes-nous	condamnés	à	taire	ce	passé	colonial	honteux,	ne	pouvons-nous	
donc	pas	l’affronter,	le	reconnaître,	et	tant	que	possible	s’en	excuser	?	J’ai	lu	il	y	a	peu	un	
article	 de	 	 Pascal	 Blanchard	 dans	 Le	 Monde	 diplomatique	 très	 intéressant	 à	 ce	 propos.	 Il	
s’intitule	 Entre	 Apothéose	 et	 Oubli,	 et	 la	 première	 phrase	 de	 l’article	 est	 assez	 parlante	:	
«	Notre	pays	a	un	problème	avec	sa	mémoire	».	C’est	tout	à	fait	ce	que	je	ressens	chaque	
fois	que	la	question	de	l’intégration	des	immigrés	ou	de	leurs	descendants	ressurgit	dans	les
4
discours	 politiques.	 L’histoire	 coloniale	 est	 intimement	 liée	 à	 notre	 histoire,	 en	 tant	 que	
français.	Ses	conséquences	n’ont	pas	subitement	finies	d’exister	dès	la	fin	des	processus	de	
décolonisation,	 et	 aujourd’hui	 encore	 les	 stigmates	 des	 colonies	 sont	 présents	 dans	 la	
société.	A	ces	questions,	on	me	répond	souvent	«	nous	n’avons	pas	à	nous	sentir	coupables	
pour	les	crimes	de	nos	pères	».	Certes,	je	suis	bien	d’accord,	ce	n’est	pas	de	ma	faute	si	nous	
avons,	par	notre	empire	colonial,	dominé	une	grande	partie	du	monde	pendant	des	siècles,	
réduisant	des	individus	à	l’esclavage,	au	travail	forcé	ou	encore	à	la	mort.	Je	ne	me	sens	pas	
coupable	pour	ça,	mais	à	vrai	dire,	là	n’est	pas	la	question.		
	
La	question	qui	se	pose	aujourd’hui	est	de	savoir	pourquoi	nous	ne	sommes	pas	capable	de	
regarder	ce	passé	dans	les	yeux.	En	ce	qui	me	concerne,	je	veux	savoir,	je	veux	me	souvenir	
et	 je	 veux	 pouvoir	 expliquer	 par	 des	 facteurs	 historiques,	 culturels	 ou	 sociologiques	
pourquoi	la	société	française	dans	laquelle	j’évolue	est	telle	qu’elle	est	aujourd’hui	(petite	
aparté	rigolote	mais	je	ne	peux	pas	m’empêcher,	chaque	fois	que	j’utilise	le	mot	expliquer,	
de	 penser	 à	 Manuel	 Valls	 (il	 était	 premier	 ministre…triste	 époque)	 qui	 s’indigne	 en	
rétorquant	«	expliquer	c’est	déjà	excuser	»).	Tout	ça	pour	dire	qu’il	y	a	encore	du	boulot.	Le	
devoir	de	mémoire	à	la	française	semble	être	à	géométrie	variable.	J’ai	un	peu	de	mal	à	
comprendre	comment,	en	2018,	le	Président	de	la	République	peut	commémorer	la	fin	de	la	
1ère
	 Guerre	 mondiale	 en	 honorant	 le	 Maréchal	 Pétain	 au	 nom	 cette	 «	mémoire	»,	 mais	
qu’aucune	mention	ne	soit	faite	dans	les	programmes	scolaires	de	ces	20.000	indochinois	
arrivés	de	force	en	France.	Dis-moi,	est-ce	que	les	choses	ont	bougé	depuis	que	j’ai	écrit	
cette	lettre	?	Pour	tout	t’avouer	je	suis	assez	pessimiste	(c’est	triste	d’être	pessimiste	sur	
l’avenir	à	20	ans	tu	ne	trouves	pas	?),	l’époque	me	semble	assez	sombre	mais	j’espère	me	
tromper.	D’ailleurs,	pessimiste	ne	veut	pas	dire	défaitiste	et	chaque	jour	je	rencontre	des	
gens	 passionnants	 qui,	 à	 leur	 manière,	 s’attachent	 à	 rendre	 ce	 monde	 plus	 juste	 et	 me	
donnent	envie	d’en	faire	autant.	
	
Dans	cette	perspective	et	en	matière	de	recherche	postcoloniale,	le	travail	du	géographe	me	
semble	important.	Tout	d’abord	car	il	a	toujours	existé	un	lien	étroit	entre	géographes	et	
colonies,	notamment	par	leur	rôle	dans	la	cartographie	des	territoires,	par	la	création	d’un	
imaginaire	 «	exotique	»	 et	 de	 représentations	 du	 monde,	 et	 enfin	 par	 les	 liens	
qu’entretenaient	nombres	de	géographes	avec	le	pouvoir	colonial.	En	1980,	 Edward	Saïd	
publie	 L’Orientalisme,	 qui	 est	 considéré	 comme	 l’un	 des	 textes	 fondateurs	 des	 études	
postcoloniales	et	dans	lequel	il	décrit	la	colonisation	comme	«	une	opération	spatiale	de	
domination	 au	 sein	 de	 laquelle	 la	 géographie	 est	 fortement	 engagée	»	 (tu	 peux	 relire	
l’article	de	Pascal	Clerc	La	Géographie	coloniale	en	France	–	une	catégorie	à	déconstruire	
(2017)	à	ce	propos).	Si	la	géographie	a	eu	un	rôle	prépondérant	dans	le	processus	colonial,	il	
n’y	a	pas	à	douter	qu’elle	en	a	toujours	un	aujourd’hui	dans	l’analyse	des	décolonisations	et	
de	 leurs	 impacts	 sur	 nos	 sociétés.	 De	 plus	 en	 plus,	 et	 je	 trouve	 cela	 passionnant,	 des	
géographes	cherchent	en	effet	à	montrer	qu’il	existe	une	multitude	d’approches	nouvelles	
dans	 la	 manière	 de	 contribuer	 aux	 études	 postcoloniales,	 dé-coloniales	 ou	 subalternes,
5
souvent	 combinées	 avec	 les	 études	 consacrées	 au	 féminisme,	 au	 genre,	 ou	 encore	 aux	
géographies	de	l’exclusion	et	des	différences	culturelles.	Oh,	comme	j’espère	que	tu	t’es	
spécialisée	dans	ce	domaine	et	que	toi	aussi	tu	ajoutes	ta	petite	pierre	au	grand	édifice	des	
sciences	sociales	!	Aujourd’hui,	c’est	la	raison	pour	laquelle	je	fais	de	la	géographie,	et	pour	
laquelle	je	pense	que	la	géographie	doit	être	éminemment	critique	et	sociale.	«	Sociale	»	
dans	le	sens	où	ma	définition	de	la	géographie	correspond	à	la	«	science	des	êtres	humains	
vivants	en	société	»	et	doit	donc	permettre	de	traiter	tout	objet	social	(tu	sais	que	je	n’aime	
pas	être	cloisonnée,	et	je	trouve	ça	fou	de	constater	à	quel	point	la	géographie	ouvre	des	
portes	pour	étudier	le	monde	!)	et	«	critique	»	pour	rejeter	l’immobilisme	de	la	pensée.		
	
Bon,	 je	 ne	 veux	 pas	 t’ennuyer	 plus	 longtemps,	 je	 vais	 bientôt	 conclure.	 J’espère	 que	 le	
cheminement	de	ma	pensée	et	de	mes	réflexions	étaient	assez	clairs,	j’ai	essayé	dans	cette	
lettre	de	t’expliquer	pourquoi	je	meurs	d’envie	d’être	géographe.	Je	croise	les	doigts	pour	
que	 tu	 ais	 réussie	 et	 qu’encore	 aujourd’hui	 tu	 sois	 passionnée	 par	 tout	 ce	 qui	 t’entoure	
(mais	je	sais	que	tu	n’es	pas	du	genre	à	baisser	les	bras	facilement)	!		
	
Je	t’embrasse	(même	si	c’est	assez	spécial	de	s’embrasser	soi-même),	on	se	retrouve	dans	
quelques	années	!		
	
	
Manon
6
Bibliographie	Camargue	
	
Ouvrages		
	
• Baloup	Clément,	Daum	Pierre.	Les	Linh	Tho,	immigrés	de	force.	Ed.	La	boîte	à	bulles,	
2017.		
• Saïd	Edward,	L’Orientalisme.	Ed.	Seuil,	1978.	368	pages.		
	
Articles	scientifiques	
	
• Pascal	Clerc,	«	La	«	géographie	coloniale	»	en	France	»,	Terra	Brasilis	(Nova	Série)[En	
ligne],	8	|	2017,	mis	en	ligne	le	27	juin	2017,	consulté	le	10	décembre	2018.	URL	:	
http://journals.openedition.org/terrabrasilis/2043	
	
• Sibeud,	Emmanuelle.	«	Post-Colonial	et	Colonial	Studies:	enjeux	et	débats	»,	Revue	
d’histoire	moderne	&	contemporaine,	vol.	no
51-4bis,	no.	5,	2004,	pp.	87-95.	
	
Articles	de	presse	
	
• Blanchard	Pascal,	«	Entre	apothéose	et	oubli	».	Le	monde	diplomatique,	Manières	de	
voir	n°58,	août	2001.		
	
Reportages	radiographiques	
	
• Le	dernier	travailleur	indochinois,	2018.	Reportage	radiographique.	Daphné	Gastaldi	
(réal.).	France.	RFI.	Diffusé	le	samedi	13	janvier	2018	dans	le	cadre	de	l’émission	La	
marche	du	monde.

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  • 1. 1 Riz de Camargue : quid de son authenticité ? Grenoble, novembre 2018 Chère future moi, J’espère que tu vas bien. Si tu me lis, cela signifie que tu viens de tomber sur une de ces si nombreuses lettres écrites à moi-même et dissimulées un peu partout avec l’idée de les relire un jour quand je serai grande. Je te prie d’être indulgente, mon style n’est sûrement pas encore tout à fait au point (j’espère que tu t’es améliorée avec le temps) et peut-être que le fond contient quelques imprécisions car cette fois-ci, j’aborde un sujet sérieux. Je te rappelle le contexte (car peut-être que ta mémoire te joue des tours) – ma troisième année de géographie à l’Université me plaît beaucoup car même si les cours ne m’enchantent pas tous, je découvre enfin tout un champ de la discipline qui me stimule intellectuellement et élargit mes réflexions. Je m’adresse donc à toi en espérant que tu n’as rien perdu de la curiosité ni de l’indignation de nos vingt ans et que toujours tu continues à creuser ces sujets et à remettre en question les vérités toutes faites et les grands récits. Cette lettre, c’est le Vietnam qui me l’inspire. Premièrement, tu t’en doutes, car mon voyage en Asie du Sud-Est l’été dernier (en 2017, ndlr) m’a profondément marquée. Les paysages, les odeurs, le bruit, le sourire des gens et bien sûr la nourriture ont rempli mes cinq sens pendant ces trois mois, et chaque jour depuis mon retour je rêve de repartir. Il est pourtant étonnant que mon passage au Vietnam me laisse un souvenir si contrasté, issu d’un mélange d’exaltation, de découvertes passionnantes et, dans le même temps, d’un malaise inexpliqué, du sentiment de passer à côté de quelque chose. Mais de quoi ? Pendant plusieurs mois, impossible de mettre un mot sur cette sensation. C’est seulement récemment qu’un début de réponse s’est offert à moi. La première fois c’était en septembre, lorsque maman m’a proposé (est-ce toujours un synonyme d’obliger dans sa bouche ?) de l’accompagner voir cette pièce de théâtre, Saigon, mise en scène par Caroline Guiela Nguyen, au théâtre de la Croix-Rousse. Tu me connais, l’idée de passer mon samedi soir devant une pièce de théâtre de 3h30, interprétée en français et en vietnamien ne m’enchantait pas. Et pourtant, la pièce m’a transportée. Je te rappelle brièvement l’histoire car je suppose que tu as le malheur de ne pas t’en souvenir : lorsque le rideau se lève, nous sommes devant la réplique hyper réaliste d’un restaurant vietnamien. Le décor ne changera pas trois heures durant. Ce restaurant est le théâtre d’un impressionnant voyage dans le temps (entre 1956 et 1996), et dans l’espace (entre Saigon et Paris). Les acteurs français, vietnamiens, franco-vietnamiens y défilent et nous font vivre 40 ans d’histoire entremêlée, à travers les thématiques de l’exil, de l’identité et de la séparation, du départ des Français de Saigon à la réouverture des frontières du Vietnam. La
  • 2. 2 pièce se conclut sur cette jolie phrase prononcée par Marie-Antoinette, la serveuse du restaurant : « C’est ainsi que se racontent les histoires au Vietnam : avec beaucoup de larmes ». Effectivement, j’ai beaucoup pleuré en écoutant parler ces gens. Plus tard, en y repensant, j’ai été frappé par l’étendu de mon ignorance quant au passé colonial de mon pays, et par extension, à nos liens avec le Vietnam. Qu’à cela ne tienne, mon intérêt était piqué. J’ai essayé de comprendre les logiques qui sous-tendaient les relations entre la France et le Vietnam, d’abord pendant la période coloniale, puis dans tout le processus de décolonisation ultra-violent qui s'ensuivit. Avide de savoir, j’ai souvent été choquée en me rendant compte qu’il fallait creuser longtemps pour trouver des informations nuancées et je t’avoue avoir été étonnée de ne pas trouver un seul article revenant directement sur cette période dans les archives de journaux comme Le Monde diplomatique. Finalement, et c’est cela le plus étonnant, j’ai commencé en septembre un cours de géographie culturelle dont le thème du semestre concerne les paysages de Camargue, notamment à travers l’étude des rizières. Alors je te l’avoue, à première vue je n’ai pas saisi tout de suite l’intérêt que pouvait bien avoir l’étude du paysage de Camargue. Puis, à travers la lecture d’une bande dessinée que je te conseille fortement de relire (Les Linh Tho, de Clément Baloup et Pierre Daum) j’ai compris que l’étude d’un paysage peut permettre de comprendre et d’expliquer grands nombres de facteurs culturels. Une planche de cette bande dessinée m’a particulièrement marquée, je vais t’en faire le récit. Nous sommes en 2004, Pierre Daum (le scénariste) est alors journaliste et enquête sur la fermeture d’une usine Lustucru à Arles. Il réalise que cette usine ne produit pas seulement des pâtes, mais aussi du riz, produit phare de la région. Son enquête va alors le conduire au musée du riz, dans lequel il découvre une photo sous laquelle est écrit « En 1942, des travailleurs indochinois sont venus planter du riz en Camargue » (page 8). Il s’interroge… Pourquoi ce fait est-il si peu connu ? Cette découverte est alors le début d’un long travail de recherche pour retrouver des témoins de cette époque et comprendre les liens qui unissaient les travailleurs indochinois à la France. Prépare-toi, ce qui suit n’est pas glorieux… 20.000 indochinois, la plupart étant des paysans peu éduqués, ont été réquisitionnés de force au début des années 1940 pour participer « à l’effort de guerre » contre l’Allemagne. D’abord employés dans les usines d’armement pour fournir de la main d’œuvre et remplacer les hommes partis au front, ils sont ensuite, dès la capitulation française, sous les ordres du régime de Vichy. Tous les secteurs de l’économie exploitent cette main d’œuvre bon marché et c’est dans l’explosion de la riziculture en Camargue que l’on retrouve le plus de traces de cette exploitation. La femme du Maréchal Pétain s’est même rendue en Camargue pour remercier ces travailleurs, une gerbe de riz à la main, comme tu peux le relire page 26 : « Ainsi se cimentent, en ces jours de malheur, tant sur le plan du travail que sur le plan sentimental, la confiance et l’estime réciproque de tous les français de l’Empire ».
  • 3. 3 Si aujourd’hui la bande dessinée ce n’est plus trop ton truc (je trouverai cela regrettable), je peux également te proposer la réécoute d’un reportage sur RFI qui traite du même sujet. Le dernier travailleur indochinois (diffusé le 13 janvier 2018) retrace, avec l’aide de Clément Baloup et Pierre Daum (les auteurs de la BD, donc) le parcours de Thân, vietnamien centenaire qui a débarqué en 1939 depuis un bateau en provenance de Saigon. Son histoire est intimement liée à l’histoire de Marseille, ville par laquelle il est entré en France et dans laquelle il vit toujours (13 :20). Pour plusieurs raisons, Marseille a une place capitale dans l’histoire coloniale de la France. Tout d’abord car c’est par son port que débarquait la majorité des bateaux en provenance de l’Afrique et de l’Asie (13 :40), ensuite parce que c’est dans la prison des Baumettes (dont la construction s’est achevée en 1939) que furent logés (ou plutôt parqués) 5000 travailleurs indochinois (14 :00), enfin parce que c’est dans cette ville qu’Ho Chi Minh a fait son célèbre discours sur l’indépendance du Vietnam après la conférence de Fontainebleau en 1945 (18 :00). Ce que je trouve particulièrement marquant, que ce soit dans la bande dessinée ou dans le reportage, c’est cette volonté des deux auteurs de redonner une voix et une existence à des individus dont le destin a été si longtemps oublié et absent des livres d’Histoire et autres récits officiels. Le titre même de l’ouvrage, Les Linh Tho, est décrit par Clément Baloup comme un terme oublié, comme la vie de tous ces hommes (4 :09). Cependant, enquêter sur la vie de ces travailleurs indochinois a été compliqué. En effet, Pierre Daum a dû faire face à la faiblesse des sources officielles (quelques livrets ont été retrouvées dans les archives du MOI bien après la parution de son premier livre (33 :21)) et au faible nombre de témoignages des principaux concernés. Cela s’explique à la fois par le fait qu’une bonne partie de ces hommes était déjà décédés, mais également par l’impossibilité pour leur descendance de témoigner, du fait de leur ignorance sur l’histoire de leur père (35 :00). Ce vide mémoriel est difficile à combler du fait de la tardive reconnaissance par l’Etat français de l’exploitation qu’ont subie ces hommes et par l’absence total d’indemnisation et de mise en lumière de cette partie de notre histoire nationale. Moi qui ne savait rien de tout ça, j’ai été émue aux larmes en entendant Thân chanter sa chanson. Je suis curieuse de savoir si tu te rappelles combien tous ces récits t’ont touchée quand tu étais jeune ? Mais par-delà l’émotion, un grand nombre d’interrogations me traversent l’esprit. Suis-je la seule à être révoltée par tout ça ? Pourquoi un tel manque de reconnaissance de la part de mon pays face à toutes ces injustices et toutes ces oppressions ? Sommes-nous condamnés à taire ce passé colonial honteux, ne pouvons-nous donc pas l’affronter, le reconnaître, et tant que possible s’en excuser ? J’ai lu il y a peu un article de Pascal Blanchard dans Le Monde diplomatique très intéressant à ce propos. Il s’intitule Entre Apothéose et Oubli, et la première phrase de l’article est assez parlante : « Notre pays a un problème avec sa mémoire ». C’est tout à fait ce que je ressens chaque fois que la question de l’intégration des immigrés ou de leurs descendants ressurgit dans les
  • 4. 4 discours politiques. L’histoire coloniale est intimement liée à notre histoire, en tant que français. Ses conséquences n’ont pas subitement finies d’exister dès la fin des processus de décolonisation, et aujourd’hui encore les stigmates des colonies sont présents dans la société. A ces questions, on me répond souvent « nous n’avons pas à nous sentir coupables pour les crimes de nos pères ». Certes, je suis bien d’accord, ce n’est pas de ma faute si nous avons, par notre empire colonial, dominé une grande partie du monde pendant des siècles, réduisant des individus à l’esclavage, au travail forcé ou encore à la mort. Je ne me sens pas coupable pour ça, mais à vrai dire, là n’est pas la question. La question qui se pose aujourd’hui est de savoir pourquoi nous ne sommes pas capable de regarder ce passé dans les yeux. En ce qui me concerne, je veux savoir, je veux me souvenir et je veux pouvoir expliquer par des facteurs historiques, culturels ou sociologiques pourquoi la société française dans laquelle j’évolue est telle qu’elle est aujourd’hui (petite aparté rigolote mais je ne peux pas m’empêcher, chaque fois que j’utilise le mot expliquer, de penser à Manuel Valls (il était premier ministre…triste époque) qui s’indigne en rétorquant « expliquer c’est déjà excuser »). Tout ça pour dire qu’il y a encore du boulot. Le devoir de mémoire à la française semble être à géométrie variable. J’ai un peu de mal à comprendre comment, en 2018, le Président de la République peut commémorer la fin de la 1ère Guerre mondiale en honorant le Maréchal Pétain au nom cette « mémoire », mais qu’aucune mention ne soit faite dans les programmes scolaires de ces 20.000 indochinois arrivés de force en France. Dis-moi, est-ce que les choses ont bougé depuis que j’ai écrit cette lettre ? Pour tout t’avouer je suis assez pessimiste (c’est triste d’être pessimiste sur l’avenir à 20 ans tu ne trouves pas ?), l’époque me semble assez sombre mais j’espère me tromper. D’ailleurs, pessimiste ne veut pas dire défaitiste et chaque jour je rencontre des gens passionnants qui, à leur manière, s’attachent à rendre ce monde plus juste et me donnent envie d’en faire autant. Dans cette perspective et en matière de recherche postcoloniale, le travail du géographe me semble important. Tout d’abord car il a toujours existé un lien étroit entre géographes et colonies, notamment par leur rôle dans la cartographie des territoires, par la création d’un imaginaire « exotique » et de représentations du monde, et enfin par les liens qu’entretenaient nombres de géographes avec le pouvoir colonial. En 1980, Edward Saïd publie L’Orientalisme, qui est considéré comme l’un des textes fondateurs des études postcoloniales et dans lequel il décrit la colonisation comme « une opération spatiale de domination au sein de laquelle la géographie est fortement engagée » (tu peux relire l’article de Pascal Clerc La Géographie coloniale en France – une catégorie à déconstruire (2017) à ce propos). Si la géographie a eu un rôle prépondérant dans le processus colonial, il n’y a pas à douter qu’elle en a toujours un aujourd’hui dans l’analyse des décolonisations et de leurs impacts sur nos sociétés. De plus en plus, et je trouve cela passionnant, des géographes cherchent en effet à montrer qu’il existe une multitude d’approches nouvelles dans la manière de contribuer aux études postcoloniales, dé-coloniales ou subalternes,
  • 5. 5 souvent combinées avec les études consacrées au féminisme, au genre, ou encore aux géographies de l’exclusion et des différences culturelles. Oh, comme j’espère que tu t’es spécialisée dans ce domaine et que toi aussi tu ajoutes ta petite pierre au grand édifice des sciences sociales ! Aujourd’hui, c’est la raison pour laquelle je fais de la géographie, et pour laquelle je pense que la géographie doit être éminemment critique et sociale. « Sociale » dans le sens où ma définition de la géographie correspond à la « science des êtres humains vivants en société » et doit donc permettre de traiter tout objet social (tu sais que je n’aime pas être cloisonnée, et je trouve ça fou de constater à quel point la géographie ouvre des portes pour étudier le monde !) et « critique » pour rejeter l’immobilisme de la pensée. Bon, je ne veux pas t’ennuyer plus longtemps, je vais bientôt conclure. J’espère que le cheminement de ma pensée et de mes réflexions étaient assez clairs, j’ai essayé dans cette lettre de t’expliquer pourquoi je meurs d’envie d’être géographe. Je croise les doigts pour que tu ais réussie et qu’encore aujourd’hui tu sois passionnée par tout ce qui t’entoure (mais je sais que tu n’es pas du genre à baisser les bras facilement) ! Je t’embrasse (même si c’est assez spécial de s’embrasser soi-même), on se retrouve dans quelques années ! Manon
  • 6. 6
  • 7. Bibliographie Camargue Ouvrages • Baloup Clément, Daum Pierre. Les Linh Tho, immigrés de force. Ed. La boîte à bulles, 2017. • Saïd Edward, L’Orientalisme. Ed. Seuil, 1978. 368 pages. Articles scientifiques • Pascal Clerc, « La « géographie coloniale » en France », Terra Brasilis (Nova Série)[En ligne], 8 | 2017, mis en ligne le 27 juin 2017, consulté le 10 décembre 2018. URL : http://journals.openedition.org/terrabrasilis/2043 • Sibeud, Emmanuelle. « Post-Colonial et Colonial Studies: enjeux et débats », Revue d’histoire moderne & contemporaine, vol. no 51-4bis, no. 5, 2004, pp. 87-95. Articles de presse • Blanchard Pascal, « Entre apothéose et oubli ». Le monde diplomatique, Manières de voir n°58, août 2001. Reportages radiographiques • Le dernier travailleur indochinois, 2018. Reportage radiographique. Daphné Gastaldi (réal.). France. RFI. Diffusé le samedi 13 janvier 2018 dans le cadre de l’émission La marche du monde.