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UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL




                       Essai sur

    Le monde de l’art contemporain et le Web 2.0 :
La suprématie du public... mais pour combien de temps?




                        Par
                Marianne Drolet-Paré




           Certificat de Relations Publiques
          Faculté de l’éducation permanente




           Travail présenté à Patrice Leroux
           Dans le cadre du cours REP2400
            Internet et relations publiques




                 Le 2 novembre 2011
Marianne Drolet-Paré   2

                                            Introduction

Cet essai porte sur une problématique qui me tient particulièrement à cœur : la démocratisation

de l’art. Tout au long de mon baccalauréat en histoire de l’art à l’Université du Québec à

Montréal, mais surtout pendant une maîtrise à l’Université Concordia dans la même discipline,

que j’ai abandonnée après une année, je me suis demandé : Mais à quoi tout cela sert-il, si le

public en a rien à faire ? L’art contemporain se dirige-t-il tout droit vers un mur ? Le cas échéant,

le mur serait blanc, dans une salle blanche dans un musée d’art contemporain financé à même les

fonds publics, par ceux-là mêmes qui évitent ces salles blanches.



Bien sûr que je ne suis pas la seule à me poser ces questions. En France, vers la fin des années

1990, deux auteurs évoquent une situation de crise et dénoncent la rupture grandissante entre le

public, les institutions muséales et les artistes. La lecture de La crise de l’art contemporain de

Yves Michaud et Le triple jeu de l’art contemporain, de Nathalie Heinich, m’a persuadée que le

public était le grand perdant de cet écart, suivi de près par les artistes qui, de plus en plus,

laissent les experts parler en leur nom.



Puis, sans prévenir, l’arrivée du Web 2.0, d’un lieu virtuel interactif d’échange d’informations et

d’images, permet aux artistes et au public d’être en conversation directe, encourage les

institutions à solliciter l’avis du public et ce dernier à devenir de plus en plus critique.



Les paragraphes qui suivent présentent tout d’abord cette fameuse crise de l’art contemporain et

les enjeux que Heinich et Michaud soulèvent dans leurs ouvrages respectifs : Le triple jeu de l’art

contemporain, qui est d’approche sociologique et La crise de l’art contemporain, qui est

d’approche plutôt historique et philosophique. Chacun d’eux explique la nature de cette crise en
Marianne Drolet-Paré   3

prenant des positions distinctes mais non opposées face aux enjeux majeurs de cette rupture

d’équilibre entre artistes, spectateurs et spécialistes. Si vous êtes un néophyte de l’art

contemporain, cette partie vous réconfortera dans votre incompréhension de l’art contemporain.

Toutefois, le ton y est légèrement plus académique.



Ensuite, la partie suivante démontrera, grâce à des exemples, comment le Web 2.0 apporte une

sorte de solution à cette crise. Alors, sommes-nous finalement aux portes de la vraie

démocratisation de l’art?




                                                        Partie 1

Point de départ : les origines de la crise

Traditionnellement, l’art était un privilège pour une élite très restreinte de la société, soit la

communauté royale ou religieuse. Depuis la révolution industrielle et l’apparition d’une

bourgeoisie capable de faire l’acquisition d’œuvres, l’art est devenu plus accessible, surtout

grâce aux impressionnistes, vers la fin des années 1860, qui se démarquèrent de l’académisme

officiel en peignant des sujets plus près de la réalité bourgeoise. Apparut ensuite Cézanne qui

influença le cubisme, ce qui engendra une succession de réductions, allant du formalisme à l’art

conceptuel en passant par l’art minimal. Ensuite, comme dit Yves Michaud, « il ne reste que le

vide, le rien, le blanc.1 » Dans le contexte des années 1990, l’art contemporain, supposément

dénué de sens, fait face à une crise majeure : la critique ne dénonce pas seulement le manque de

contenu des œuvres contemporaines, mais aussi le vide entre les artistes et leurs spectateurs et la

fracture entre les institutions muséales et le public qui n’y comprend rien.

1
    Yves Michaud, La crise de l’art contemporain, Paris, Presses universitaires de France, 1997, p. 21.
Marianne Drolet-Paré      4




J’ai sélectionné ces ouvrages pour ma démonstration, car ils eurent un impact retentissant suite à

leur parution en 1997 et en 1998. Ils ont suscité un débat vif en France sur l’état de la situation du

monde de l’art contemporain qui a eu des répercussions jusqu’ici au Québec. Il est important de

mentionner les deux : Heinich et Michaud sont d’excellents exemples de la pensée générale de

l’époque, en particulier celui de Michaud, car son argumentation est basée sur une analyse des

publications sur le sujet dans la presse française. Tous étaient d’accord pour dire que le public

était rejeté, volontairement ou non, du monde de l’art contemporain.



Nathalie Heinich et Yves Michaud abordent tous deux le sujet de la crise de l’art contemporain

en critiquant et en dénonçant certains acteurs de la crise. Les attitudes des deux auteurs face à la

situation, leur approche et aussi leur champ d’expertise diffèrent. Heinich, sociologue de

formation, utilise une approche plus respectueuse du public, comme étant le grand exclu de la

partie de mains chaudes, terme qu’elle utilise pour décrire la crise de l’art contemporain. De son

côté, Michaud ne prend la défense d’aucun parti, mais préfère poser un jugement sur

l’argumentation des acteurs de la crise, tout en considérant aussi le public comme un exclu. Non

pas car le monde de l’art contemporain est trop hermétique, mais plutôt car ce public est tout

simplement désintéressé, muet, laissant la critique parler à sa place.



Nathalie Heinich

Heinich expose la crise sous la métaphore d’une partie de mains chaudes2 où il y a trois

participants, les artistes-émetteurs, les spectateurs-récepteurs et les spécialistes-médiateurs, qui


2
 Il s’agit du jeu entre deux personnes ou plus où chacun place sa main à plat sur celle de l’autre à tour de rôle, et cela
de plus en plus vite.
Marianne Drolet-Paré    5

agissent parfois en collusion (artistes-musées), et d’autres fois font face à une rupture (artistes-

public, musées-public), où la loi de la transgression a remplacé la tradition.



Les artistes-émetteurs

Selon l’auteur, les artistes sont clairement du côté de la transgression à plusieurs niveaux. Il y a

la transgression esthétique où l’artiste tente de franchir constamment les limites de l’art, la

transgression juridique où entrent en jeu des participants qui normalement n’ont pas leur place

dans le monde de l’art, comme la police et la justice, dû à l’artiste qui outrepasse la loi au nom de

l’art3, et finalement la transgression morale où les propositions de l’artiste entrent en

confrontation avec des valeurs soutenues par la société. Cette nouvelle pratique transgressive est

paradoxale puisque l’artiste, forcé d’innover et de faire du nouveau, le fait soit en innovant ou en

ne faisant plus de nouveau, dans l’intention d’innover. Il est donc obligé d’être libre, de ne pas

obéir et d’ignorer les frontières de l’art, dans un système hautement hiérarchisé où l’autonomie de

l’artiste est donc limitée par la machine de l’art contemporain, qui encourage la transgression,

paradoxe que Heinich nomme le paradoxe permissif. Il consiste à rendre la transgression

impossible en l’intégrant dès qu’elle apparaît, avant même qu’elle ait été sanctionnée par le

public et le marché privé.4



Les spectateurs-récepteurs

    Le public, lui, est exclu de ce paradoxe permissif, quoiqu’il soit, en général, scandalisé en tant

que témoin de cette art transgressif. Heinich se positionne en faveur du public et vient à son

secours en dénonçant la complicité entre artistes et musées qui encouragent le principe de la

3
  Par exemple, l’œuvre de l’artiste Hervé Paraponaris qui a exposé dans un musée d’art contemporain des objets
qu’il avait volé en 1996. Consulté le site http://www.voltashow.com/Herve-Paraponaris.5511.0.html
4
  Nathalie Heinich, Le triple jeu de l’art contemporain, Paris, Minuit, 1998, p. 338.
Marianne Drolet-Paré      6

surenchère, agrandissant ainsi de plus en plus le vide entre le grand public et l’art de qualité. Par

contre, le spectateur-récepteur n’a pas un rôle aussi éloigné du cercle de la transgression que cela.

À cause de cette fuite du public des espaces spécialisés, les artistes ont pour réaction d’envahir

les lieux publics, voulant de cette manière se rapprocher d’eux, de rendre l’art plus accessible,5

tandis que les musées, de leur côté, tentent de les éduquer en matière d’art.



Les spécialistes-médiateurs

    Heinich dénonce ici le nouveau rôle de l’institution en tant que coproducteur de la proposition

artistique. Car de nos jours, il n’est plus de rigueur d’être un artiste reconnu par le marché pour

être intégré dans un musée. Ce dernier intègre la transgression avant même qu’elle soit rejetée par

le public ou la critique, créant ainsi un art « orienté vers le musée », un art officiel en quelque

sorte. Le musée serait donc devenu l’œuvre même, agissant comme le support, le châssis de l’art

contemporain. Pour Heinich, les institutions sont les coupables de la fracture entre l’art

contemporain et le public, car ils encouragent le principe de la triple surenchère au niveau de la

transgression, de la réaction et de l’intégration, en pratiquant le paradoxe permissif eux même: ils

transgressent les limites de l’art en repoussant sans cesse sa définition en intégrant des

propositions de plus en plus à la frontière de l’art. Cela engendre la création d’institutions

permissives capables d’accueillir ce genre d’œuvres aux limites de l’art, vu l’impossibilité des

lieux traditionnels de les intégrer, créant ainsi une plus grande fracture entre ces lieux et le public.




5
 Voir ici l’ouvrage de Nicolas Bourriaud, Esthétique relationnelle, France, Les presses du réel, 2001 pour plus de
détail. Ce type d’intervention artistique n’avait pas encore été théorisé lors de la publication des livres de Michaud et
de Heinich.
Marianne Drolet-Paré   7

Les experts

   Nathalie Heinich ajoute un dernier acteur dans cette crise qui comprend les experts et les

critiques, groupe dans lequel elle fait elle-même partie. Ces experts, selon Heinich, pourraient se

diviser en deux positions: ceux qui défendent les institutions et encouragent le paradoxe

permissif, et ceux qui dénoncent le trop grand pouvoir des musées à déterminer la valeur des

propositions artistiques, alors qu’ils en sont eux-mêmes les coproducteurs. L’auteur, en tant que

théoricienne, prend la position de dénonciatrice des institutions, au nom d’un public qui s’éloigne

de plus en plus.



Yves Michaud

   C’est à ce moment que le texte de Michaud, philosophe de formation, entre en ligne avec son

inventaire des arguments et son analyse des fondements de ces derniers, qu’ils soient en faveur

ou en désaccord avec les rôles que jouent certains acteurs de la crise de l’art contemporain.



Les artistes

   Pour Michaud, les artistes sont aussi du côté de la transgression puisqu’ils possèdent une

liberté illimitée sur les critères esthétiques. Cet état d’anarchie a mis sur pied un « règne du

n’importe quoi », où les critiques sont incapables d’établir des critères adéquats. Comme Heinich,

Michaud fait état de la situation des artistes qui sont contraints d’être libres, de faire ce qu’ils

veulent, dans un cercle dynamisé par la transgression des institutions qui les gardent captifs en les

encourageant.
Marianne Drolet-Paré   8

Le public

   Contrairement à Heinich, Michaud expose deux attitudes du public face à l’art. Il y a celle où

l’art populaire s’intègre à l’art d’élite, comme dans le cas d’Andy Warhol, donnant naissance à

une invasion des foules dans les musées. Puis celle qui se rapproche plus de la position de

Heinich, qui, au nom de la démocratie, attaque l’art contemporain d’être trop hermétique pour le

grand public.



Les institutions

Ici, à travers les critiques, le texte de Michaud dénonce l’État culturel, qui, dans le but de

populariser l’art contemporain, encourage ce dernier en l’immunisant contre les rejets, ce qui

contribue au règne du n’importe quoi. Tout comme Heinich, les arguments exposés par Michaud

dénoncent ce nouvel art officiel qui est incompris du grand public, mais qui est pourtant produit

en fonction des attentes de ce dernier, dans l’intention de se rapprocher de lui afin de supprimer

l’écart entre le spectateur, l’artiste et le musée.



Grâce à l’élaboration des positions de Nathalie Heinich et de Yves Michaud, il est clair que

l’enjeu majeur de cette crise est le public, à la fois exclu de la dynamique transgressive et

victimes des effets pervers de la crise. Même si les institutions disent agir en son nom, ce sont

eux les coupables de l’écart entre le public, le musée et l’artiste, puisqu’ils encouragent des

propositions artistiques loin des goûts populaires et de leurs attentes. L’artiste est aussi victime de

la nouvelle loi transgressive puisqu’il perd de son autonomie en étant obligé d’innover, qu’il

fasse du nouveau ou pas. Ni Michaud ni Heinich proposent de solution à cet état de crise en art

contemporain, mais au moins pose un regard critique sur la situation.
Marianne Drolet-Paré   9

                                                Partie 2



L’arrivée du monde de l’art dans le Web 2.0 : la fin de la crise?

Je me demande ce que Nathalie Heinich et Yves Michaud ont à dire sur l’impact de Web 2.0 sur

le monde de l’art contemporain. En attendant d’avoir leurs opinions sur le sujet, je tente mon

coup dans cette seconde partie de l’essai. Bien que non scientifique, mon analyse démontre qu’à

l’heure actuelle, le public s’insère lentement mais sûrement dans le monde de l’art contemporain

grâce aux possibilités d’échanges bidirectionnelles et symétriques, pour emprunter un terme

propre aux relations publiques, avec les artistes sans la médiation des experts et des institutions.

Les artistes trouvent aussi leur compte dans ce nouveau contexte puisque de plus en plus d’entre

eux n’ont plus à passer par le musée pour obtenir la reconnaissance du milieu. Pour ce qui est des

institutions officielles... elles essaient tant bien que mal de suivre.



L’ère de l’information dans laquelle nous vivons rend l’information disponible à un plus grand

nombre, pouvant se comparer à la révolution industrielle du XIXe siècle qui rendit possible

l’acquisition de biens vendus à meilleur marché. Cette révolution des modes de communication

réduit le temps et la distance entre les communautés et les individus à un point tel que nous

communiquons aujourd’hui en temps réel.



L’interaction au profit de la création artistique et des artistes

Depuis l’invention de la photographie (1839), le réalisme en art a toujours été sujet à débat :

qu’est-ce que le réel, de toute manière? Avec l’utilisation de l’Internet dans les pratiques

artistiques, le réalisme atteint un tout autre niveau, celui de l’interaction.
Marianne Drolet-Paré   10

En utilisant la télématique, qui est l’union de l’informatique et des technologies de

télécommunication, comme par exemple, la commande à distance de machines, le relevé distant

de compteurs, la commande de fonctions de son habitation ou de son bureau6, les artistes

permettent au public de participer à la création de l’œuvre. Le contrôle du participant devient plus

important que le contenu... interchangeant les rôles mêmes de l’artiste et du spectateur!7 Selon

Roy Ascott, le premier à avoir défini l’art télématique en 20038, démontre que l’interaction en art

est cruciale pour créer un système capable de transformer les comportements et la conscience des

spectateurs.



Aujourd’hui plus que jamais, certains artistes recherchent les possibilités d’échanges avec le

public et la communauté, qu’ils soient locaux ou étrangers. Cette volonté se compare à une

esthétique relationnelle, où l’artiste va à la rencontre du spectateur dans un lieu public choisi et

lui laisse la liberté de créer la signification de l’œuvre en interagissant avec elle. Or, la

comparaison s’arrête ici : l’esthétique relationnelle utilise le public à son insu, alors que l’art

télématique jouit d’un spectateur conscient de sa contribution artistique. Il s’agit là d’une vraie

interaction!9



La citation de Yves Michaud plus haut dans le texte, disant que l’art contemporain se

dématérialise tellement qu’un jour il ne restera que le vide, le rien, le blanc, se prouve de plus en


6
  Pour une définition de l’art télématique : http://fr.wikipedia.org/wiki/T%C3%A9l%C3%A9matique
7
  Je vous invite à consulter le site web de la Fondation Daniel Langlois sur ce sujet : http://www.fondation-
langlois.org/html/f/page.php?NumPage=137
8
  Roy Ascott, Telematic Embrace: Visionary Theories of Art, Technology, and Consciousness. (Ed.) Edward A.
Shanken. Berkeley, CA:University of California Press, 2003
9
  À voir : une œuvre télématique se déroulant à la fois à Toronto et à Amsterdam :
http://www.youtube.com/watch?v=Fdi5cohMpz4&feature=related et voici un autre exemple de projet plus ludique :
http://en.wikipedia.org/wiki/Web_2.0_Suicide_Machine
Marianne Drolet-Paré   11

plus vraie. Ce blanc peut maintenant représenter un ordinateur Mac, si vous voulez! Comme le

démontrent les exemples d’œuvres dans les paragraphes précédents, l’art actuel a tendance à se

dématérialiser et à tendre vers l’événementiel. Sans caméra vidéo ni appareil photo ni ordinateur

ni Internet, impossible de partager ce type d’art. L’Internet et le Web 2.0 ont contribué à

l’expansion d’une nouvelle forme d’expression en devenant le support et le cadre des œuvres

éphémères, immatérielles et événementielles.



Les artistes qui contribuent à ce courant partagent leurs œuvres sur le World Wide Web (WWW)

gratuitement à tous ceux qui ont accès à l’Internet. Ces œuvres ne peuvent donc plus s’orienter

vers les musées, comme le dénoncaient Heinich et Michaud, car elles échappent à la simple

contemplation. De plus, les confiner dans un lieu physique va à l’encontre des visées

d’interactivité et d’accessibilité de ces œuvres.



Avec l’avènement du Web 2.0, il existe maintenant plusieurs plateformes où les artistes

peuvent partager leurs projets, quel que soit le type, et les soumettre à la critique du public, en

évitant l’étape traditionnelle de la critique d’art conventionnelle. Je vous donne ici des

exemples, sans aller dans les détails et les définitions, puisque je présume que votre expertise

sur le sujet est bien plus grande que la mienne : les blogs, les médias sociaux (Facebook,

Twitter, Myspace, YouTube, etc.), Flickr, pour ne nommer que les plus connus.



Dans le marché de l’art actuel, il y a plusieurs galeries traditionnelles qui oeuvrent autant en

ligne qu’en « vrai ». L’entreprise virtuelle coûtant moins cher que la réelle, les galeries exigent

des artistes une commission moins élevée. Un site Web profite de visites beaucoup plus

nombreuses que dans la vraie galerie. Mais elle n’encourage pas l’interaction entre l’artiste et
Marianne Drolet-Paré     12

son public, car le marchand s’interpose entre les deux. Aussi, ces galeries d’art semblent

toujours privilégier les formes d’art plus traditionnelles.



Pourtant, l’art télématique n’échappe pas complètement au marché. Les artistes avec des sites

web personnels ont la liberté de promouvoir leur art sans l’interférence d’une galerie

commerciale. Toutefois, il leur faut souvent choisir entre faire de l’art ou faire des ventes, car

la promotion et la recherche d’acheteurs potentiels s’avère très énergivore.



Il existe aussi une panoplie de galeries d’art virtuelles sur le Web qui permettent à des artistes

d’exposer leurs œuvres gratuitement, sous forme d’exposition solo ou collective, et de les

vendre sans avoir à laisser une commission au propriétaire d’une galerie d’art traditionnelle.10

Ici, l’accessibilité à des œuvres de tous les styles et de toutes les origines profite autant au

public qu’aux artistes. Les prix sont plus abordables, certes, mais les profits vont directement

aux artistes, contrairement aux grandes ventes aux enchères d’art contemporain qui brisent des

records de vente, dont les gains financiers retombent très rarement dans les poches des

artistes.11 Aussi, il y a possibilité d’échanges entre l’artiste et son public. Encore une fois, nul

besoin du critique d’art pour juger l’œuvre et parler au nom de l’artiste. Il ne faut pas non plus

ignorer le fait que le Web 2.0 donne la chance aux artistes « rejetés » des circuits traditionnels

de l’art d’obtenir plus de visibilité, et ce, à l’échelle internationale.




10
   Il suffit de taper l’expression « galerie d’art virtuelle » dans un moteur de recherche et vous obtiendrez une
panoplie de sites offrant ce service.
11
   Je parle ici surtout des deux grandes maisons de ventes aux enchères qui monopolisent le marché de la revente
dans le monde : Christie’s, basée à Londres, et Sotheby’s, à New York.
Marianne Drolet-Paré   13

La présence accrue des artistes et de leurs œuvres sur le Web 2.0 engendre l’interaction avec

d’autres artistes et de nouveaux publics. La loi de la transgression présentée par Nathalie

Heinich est maintenant encouragée ou dénoncée par le public qui y participe, et non par les

musées. Puisque l’art télématique défie toutes formes de frontières, il ne pourra jamais devenir

art officiel.



Le public-Dieu : le nouveau pouvoir du spectateur sur la destiné finale de l’oeuvre

Le public délaisse les musées d’art contemporain au profit du WWW : c’est gratuit et libre à lui

de créer son propre parcours. On pourrait lui reprocher de n’être exposé qu’à des œuvres qui ne

répondent qu’à ses goûts et ses valeurs et de ne plus être confronté à de l’art qui pourrait

ébranler ses convictions. Mais cela est vrai pour l’Internet en général, et même dans un musée,

nous passons tout droit devant des œuvres qui ne nous intéressent pas. Et l’art n’est-il pas au

fond une question de subjectivité?



Grâce aux médias sociaux, le public, vous en fait, est un intermédiaire, un diffuseur et un

critique. Lorsque vous aimer une vidéo sur YouTube et la partager sur votre page Facebook,

vous la jugez : est-il bonne ou mauvaise? , vous le critiquez en laissant un commentaire, vous

contribuez à l’augmentation de sa popularité, et vous la diffuser tout comme un magazine d’art

spécialisé le ferait. Vous pouvez même faire tout cela lors d’une visite dans un musée ou d’une

balade dans un parc!



Le public est de plus en plus curieux et avide de nouvelles expériences et d’informations. Le

Web 2.0 lui permet d’assouvir ces désirs, soit par le biais d’une participation à une œuvre

digitale, soit par la visite d’une galerie ou d’un musée virtuels, soit par le visionnement et le
Marianne Drolet-Paré   14

partage d’œuvres dans ses réseaux sociaux. Dans chaque situation, il n’y a aucun contact avec

une œuvre physique.



Le public est aussi commissaire d’exposition. La nouvelle popularité de la curation web n’est

pas une tendance à négliger. Des sites comme www.storify.com et www.scoop.it permettent à

leurs utilisateurs de rassembler et de sélectionner de l’information provenant de sources

multiples, des œuvres d’art ou des articles sur le sujet dans notre cas, sur une même page web.

L’expression même de « curation » a été empruntée au monde de l’art.12 Si l’aspect narratif est

souvent délaissé en curation, je suis prête à parier qu’elle n’y échappera pas dans un avenir

rapproché. Ainsi, la curation web se rapprochera de plus en plus du métier de commissaire

d’exposition. Le Web 2.0 permet d’ajouter une nouvelle dimension à l’œuvre que le

commissaire ne peut tenir compte dans un contexte d’exposition conventionnel. Toutefois,

ayant fait des études en histoire de l’art, je ne suis toujours pas convaincue que la curation

remplacera le commissaire traditionnel. L’œuvre à son état d’objet aura toujours besoin d’un

expert pour lui faire raconter une facette de son histoire. L’expert a accès à des sources

premières historiques dont ne peut profiter le grand public sans l’aide d’un commissaire.



Les institutions officielles mises à nu... et parfois mal à l’aise

Nathalie Heinich et Yves Michaud blâment les institutions officielles d’encourager un art

incompris du grand public, pour ensuite essayer d’éduquer ce dernier en la matière. Mais qui

veut se faire dire quoi penser? Le public ne se satisfait désormais plus des discours officiels

unidirectionnels et va chercher ailleurs, car il a son mot à dire!



12
     Pour en savoir davantage : http://effetdepresence.blogspot.com/2011/02/la-curation-au-dela-du-hype.html
Marianne Drolet-Paré   15

Le Web 2.0 exige de la transparence de la part des institutions officielles, qui appartiennent

parfois à l’État. Les musées sont de moins en moins réticents à partager leur savoir et leurs

collections gratuitement sur le WWW, au grand plaisir du public et des artistes. Ils prennent

plus de temps à s’engager dans les médias sociaux, car ils sont des organisations plus lourdes et

difficiles à changer. Il faut d’abord que des mentalités évoluent et que certains apprennent à

utiliser ces nouveaux outils adéquatement. Un manque de budget chez certaines institutions les

empêche de participer à la conversation, puisque la présence sur le Web 2.0 requiert temps et

argent : il faut un employé entièrement dédié et expérimenté en médias sociaux. Une présence

irrégulière, un commentaire de mauvais goût ou erroné peut être tout aussi dommageable et

même plus qu’aucune présence du tout pour un organisme! En plus en art contemporain, où la

réputation est si importante.



L’article de Beth Kanter, Arts Organizations and Artists 2.0 : Social Media for Arts people cite

de nombreux exemples d’organisations à vocation artistique qui ont adopté le virage 2.0, que

ce soit avec des blogs, Flickr, Facebook, Twitter.13 J’aime particulièrement le YouTube

Channel du musée d’art moderne de New York (MoMA) qui dévoile l’arrière-scène du musée

ou la démarche artistique d’artistes contemporains, sous forme de courtes vidéos.14



L’art télématique propose aussi de nouveaux défis pour les musées et les collectionneurs d’art :

comment gérer la collection, la préservation et la présentation de ces œuvres éphémères et

interactives? Ont-elles leur place dans un musée ou une collection privée? Les institutions

d’enseignement d’histoire de l’art et de muséologie n’offrant pas de formation en art digital, les


13
     Beth Kanter, http://www.blogher.com/arts-organizations-and-artists-2-0-social-media-arts-people?page=0,1
14
     Exemple : http://www.youtube.com/user/MoMAvideos
Marianne Drolet-Paré   16

experts doivent apprendre d’eux-mêmes ou tout simplement exclure cette forme d’art de leur

musée.



Je tiens aussi à dénoncer une certaine hypocrisie des musées qui prônent l’accessibilité

universelle de l’art en le conservant et le présentant au public, mais qui à la fin, profitent de sa

commercialisation et de son exclusivité en installant des boutiques de plus en plus vastes qui

vendent des articles à prix ridiculement élevé. En passant, les prix exorbitants de ces objets, qui

souvent sont des répliques fait en Chine d’œuvres d’art archi connues, profitent plus à des

compagnies internationales qui ont acheté les droits de propriété de l’image de ces œuvres

qu’aux musées qui en vendent les produits dérivés. Alors, avez-vous vraiment besoin d’un

parapluie signé Monet?



L’envers de la médaille : droit d’auteur, démocratie et capitalisme

Comme l’indique Franklin Einspruch dans son article The new center of the art world15 le

combat des artistes à faire respecter leur droit d’auteur se compare à la bataille de l’industrie de

la musique contre les sites de téléchargement gratuit de chansons. La majorité d’entre nous

consomme de la musique en mp3 et il est normal de penser que nous consommerons l’art via le

web dans peu de temps.



La thèse de maîtrise de Mamta B. Herland, Internet and the New Web Art : Meaning and

Consequence16 sur le site de MOCA, le Museum of Computer Art, m’a inspiré cette section-ci,

car elle fait un portrait assez pessimiste de l’avenir de l’art sur le WWW. Les problématiques


15
     Franklin Einspruch, http://artblog.net/?name=2009-07-30-10-15-center
16
     Mamta B. Herland, http://moca.virtual.museum/editorial/mamtathesis3.asp
Marianne Drolet-Paré   17

liées au droit d’auteur digital et de propriété menacent l’idéologie de gratuité et de démocratie de

l’Internet à cause de grandes compagnies mondiales, comme Corbis, qui achetent les droits de

reproduction d’images des grands musées, tels que le Louvre et l’Hermitage. En commercialisant

de plus en plus le contenu du WWW, ce sont les investisseurs, et non le public et les artistes qui

profiteront de l’art. Dans ce contexte, le Web 2.0 qui prône le partage et l’interactivité ne pourra

plus prendre part à la démocratisation de l’art. Voici un extrait tiré de la thèse de Herland :

             « When buying a piece of art is just a click and a credit card away, and with massive
             advertising by large international players influencing local buyers to buy
             internationally "known" names as an "investment", the survival of the local art market
             and the local artist is at risk. Walter Benjamin might not after all be so impressed by
             the Web as a democratic space for art.17 »


En effet, il n’y a pas que des entreprises qui contrôlent la diffusion de l’art, il y a aussi des états

qui utilisent de plus en plus la censure. Un exemple parfait est la Chine où Facebook n’est

accessible qu’en piratant son ordinateur. L’artiste chinois Ai Weiwei a même été emprisonné

pour avoir contesté les politiques de son pays via son blog.18




17
  Ibid.
18
  Pour lire sur l’emprisonnement d’Ai Weiwei : http://articles.latimes.com/2011/aug/20/entertainment/la-et-ai-
weiwei-20110820
Marianne Drolet-Paré   18

                                            Conclusion

Aujourd’hui, je fais un certificat en relations publiques. La démocratisation de l’art étant ma

préoccupation principale, j’aspire à l’amélioration du dialogue entre les publics, les artistes et

les musées. Puisqu’au fond, cette crise de l’art contemporain soulevée par Heinich et Michaud

n’est qu’un échec de communication. Le Web 2.0 force de plus en plus d’experts et

d’institutions à orienter leur discours vers le public et d’être à son écoute. Les musées ne

peuvent plus se permettre d’entretenir une conversation à l’écart du monde extérieur.



Comparer l’état de la pensée des experts en art contemporain à l’époque de la fin des années

1990, avant l’arrivée du Web 2.0, avec la situation actuelle démontre qu’un changement de

mentalité est entamé et qu’il y a bel et bien un dialogue entre le public, l’artiste et l’institution,

bien que inégal. Toutefois, une réelle démocratisation de l’art restera à tout jamais une utopie,

à moins que le droit d’auteur digital ne soit abolit.
Marianne Drolet-Paré   19

                                      Sites web consultés

Beth Kanter, Arts Organizations ans Artists : 2.0 Social Media for Arts People, En ligne, Boston,
Blogher, http://www.blogher.com/arts-organizations-and-artists-2-0-social-media-arts-
people?page=0,1. Consulté le 2 novembre 2011

Bonin, Vincent, Roy Ascott, Telematic Embrace, En ligne, Montréal, Fondation Daniel Langlois,
http://www.fondation-langlois.org/html/f/page.php?NumPage=137. Consulté le 2 novembre 2011

Bradshaw, Tim, Internet start-up draws in art world, En ligne, Financial Times, Etats-Unis,
http://www.ft.com/cms/s/0/8ee39248-b485-11e0-a21d-00144feabdc0.html#axzz1cORvKEs2.
Consulté le 2 novembre 2011

Einspruch, Franklin, The new center of the art world, En ligne, http://artblog.net/?name=2009-
07-30-10-15-center. Consulté le 2 novembre 2011

Fish, Donna, Public Art or, How the Internet Is Rocking the Art World, En ligne, Canada, Huff
Post, http://www.huffingtonpost.com/donna-fish/public-art-or-how-the-int_b_810862.html.
Consulté le 2 novembre 2011

Herland, Mamta B., Internet and the New Web Art, Meaning and Consequence, En ligne, Etats-
Unis, http://moca.virtual.museum/editorial/mamtathesis3.asp. Consulté le 2 novembre 2011

Mackrous, Paule, La « Web curation » : au-delà du hype!, En ligne, Montréal, Blogger,
http://effetdepresence.blogspot.com/2011/02/la-curation-au-dela-du-hype.html. Consulté le 2
novembre 2011

Ng, David, Ai Weiwei : imprisoned but not silenced, En ligne, Los Angeles, Los Angeles
Times, http://articles.latimes.com/2011/aug/20/entertainment/la-et-ai-weiwei-20110820.
Consulté le 2 novembre, 2011

Volta 8, Hervé Paraponaris, En ligne, Suisse, Volta, http://www.voltashow.com/Herve-
Paraponaris.5511.0.html. Consulté de 2 novembre 2011




Wikipédia :

L’art télématique, En ligne. http://fr.wikipedia.org/wiki/T%C3%A9l%C3%A9matique.
Consulté le 2 novembre 2011

Web 2.0 Suicide Machine, En ligne. http://en.wikipedia.org/wiki/Web_2.0_Suicide_Machine.
Consulté le 2 novembre 2011
Marianne Drolet-Paré   20



YouTube :

The Telematic Dinner Party, En ligne.
http://www.youtube.com/watch?v=Fdi5cohMpz4&feature=related
Consulté le 2 novembre 2011

Behind the Scenes, Carlito Carvalhosa : Sum of Days, En ligne
http://www.youtube.com/user/MoMAvideos
Consulté le 2 novembre 2011



                                  Monographies consultées

Ascott, Roy, Telematic Embrace: Visionary Theories of Art, Technology, and Consciousness,
Berkeley, Californie, University of California Press, 2003

Bourriaud, Nicolas, Esthétique relationnelle, France, Les presses du réel, 2001

Heinich, Nathalie, Le triple jeu de l’art contemporain, Paris, Minuit, 1998

Michaud, Yves, La crise de l’art contemporain, Paris, Presses universitaires de France, 1997

Moulin, Raymonde, L’artiste, l’institution et le marché, France, Flammarion, 1992

Moulin Raymonde, Le marche de l’art, mondialisation et nouvelles technologies, France,
Flammarion, 2003

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Le monde de l'art contemporain dans le Web 2.0: une porte vers la vraie démocratisation de l'art ?

  • 1. UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL Essai sur Le monde de l’art contemporain et le Web 2.0 : La suprématie du public... mais pour combien de temps? Par Marianne Drolet-Paré Certificat de Relations Publiques Faculté de l’éducation permanente Travail présenté à Patrice Leroux Dans le cadre du cours REP2400 Internet et relations publiques Le 2 novembre 2011
  • 2. Marianne Drolet-Paré 2 Introduction Cet essai porte sur une problématique qui me tient particulièrement à cœur : la démocratisation de l’art. Tout au long de mon baccalauréat en histoire de l’art à l’Université du Québec à Montréal, mais surtout pendant une maîtrise à l’Université Concordia dans la même discipline, que j’ai abandonnée après une année, je me suis demandé : Mais à quoi tout cela sert-il, si le public en a rien à faire ? L’art contemporain se dirige-t-il tout droit vers un mur ? Le cas échéant, le mur serait blanc, dans une salle blanche dans un musée d’art contemporain financé à même les fonds publics, par ceux-là mêmes qui évitent ces salles blanches. Bien sûr que je ne suis pas la seule à me poser ces questions. En France, vers la fin des années 1990, deux auteurs évoquent une situation de crise et dénoncent la rupture grandissante entre le public, les institutions muséales et les artistes. La lecture de La crise de l’art contemporain de Yves Michaud et Le triple jeu de l’art contemporain, de Nathalie Heinich, m’a persuadée que le public était le grand perdant de cet écart, suivi de près par les artistes qui, de plus en plus, laissent les experts parler en leur nom. Puis, sans prévenir, l’arrivée du Web 2.0, d’un lieu virtuel interactif d’échange d’informations et d’images, permet aux artistes et au public d’être en conversation directe, encourage les institutions à solliciter l’avis du public et ce dernier à devenir de plus en plus critique. Les paragraphes qui suivent présentent tout d’abord cette fameuse crise de l’art contemporain et les enjeux que Heinich et Michaud soulèvent dans leurs ouvrages respectifs : Le triple jeu de l’art contemporain, qui est d’approche sociologique et La crise de l’art contemporain, qui est d’approche plutôt historique et philosophique. Chacun d’eux explique la nature de cette crise en
  • 3. Marianne Drolet-Paré 3 prenant des positions distinctes mais non opposées face aux enjeux majeurs de cette rupture d’équilibre entre artistes, spectateurs et spécialistes. Si vous êtes un néophyte de l’art contemporain, cette partie vous réconfortera dans votre incompréhension de l’art contemporain. Toutefois, le ton y est légèrement plus académique. Ensuite, la partie suivante démontrera, grâce à des exemples, comment le Web 2.0 apporte une sorte de solution à cette crise. Alors, sommes-nous finalement aux portes de la vraie démocratisation de l’art? Partie 1 Point de départ : les origines de la crise Traditionnellement, l’art était un privilège pour une élite très restreinte de la société, soit la communauté royale ou religieuse. Depuis la révolution industrielle et l’apparition d’une bourgeoisie capable de faire l’acquisition d’œuvres, l’art est devenu plus accessible, surtout grâce aux impressionnistes, vers la fin des années 1860, qui se démarquèrent de l’académisme officiel en peignant des sujets plus près de la réalité bourgeoise. Apparut ensuite Cézanne qui influença le cubisme, ce qui engendra une succession de réductions, allant du formalisme à l’art conceptuel en passant par l’art minimal. Ensuite, comme dit Yves Michaud, « il ne reste que le vide, le rien, le blanc.1 » Dans le contexte des années 1990, l’art contemporain, supposément dénué de sens, fait face à une crise majeure : la critique ne dénonce pas seulement le manque de contenu des œuvres contemporaines, mais aussi le vide entre les artistes et leurs spectateurs et la fracture entre les institutions muséales et le public qui n’y comprend rien. 1 Yves Michaud, La crise de l’art contemporain, Paris, Presses universitaires de France, 1997, p. 21.
  • 4. Marianne Drolet-Paré 4 J’ai sélectionné ces ouvrages pour ma démonstration, car ils eurent un impact retentissant suite à leur parution en 1997 et en 1998. Ils ont suscité un débat vif en France sur l’état de la situation du monde de l’art contemporain qui a eu des répercussions jusqu’ici au Québec. Il est important de mentionner les deux : Heinich et Michaud sont d’excellents exemples de la pensée générale de l’époque, en particulier celui de Michaud, car son argumentation est basée sur une analyse des publications sur le sujet dans la presse française. Tous étaient d’accord pour dire que le public était rejeté, volontairement ou non, du monde de l’art contemporain. Nathalie Heinich et Yves Michaud abordent tous deux le sujet de la crise de l’art contemporain en critiquant et en dénonçant certains acteurs de la crise. Les attitudes des deux auteurs face à la situation, leur approche et aussi leur champ d’expertise diffèrent. Heinich, sociologue de formation, utilise une approche plus respectueuse du public, comme étant le grand exclu de la partie de mains chaudes, terme qu’elle utilise pour décrire la crise de l’art contemporain. De son côté, Michaud ne prend la défense d’aucun parti, mais préfère poser un jugement sur l’argumentation des acteurs de la crise, tout en considérant aussi le public comme un exclu. Non pas car le monde de l’art contemporain est trop hermétique, mais plutôt car ce public est tout simplement désintéressé, muet, laissant la critique parler à sa place. Nathalie Heinich Heinich expose la crise sous la métaphore d’une partie de mains chaudes2 où il y a trois participants, les artistes-émetteurs, les spectateurs-récepteurs et les spécialistes-médiateurs, qui 2 Il s’agit du jeu entre deux personnes ou plus où chacun place sa main à plat sur celle de l’autre à tour de rôle, et cela de plus en plus vite.
  • 5. Marianne Drolet-Paré 5 agissent parfois en collusion (artistes-musées), et d’autres fois font face à une rupture (artistes- public, musées-public), où la loi de la transgression a remplacé la tradition. Les artistes-émetteurs Selon l’auteur, les artistes sont clairement du côté de la transgression à plusieurs niveaux. Il y a la transgression esthétique où l’artiste tente de franchir constamment les limites de l’art, la transgression juridique où entrent en jeu des participants qui normalement n’ont pas leur place dans le monde de l’art, comme la police et la justice, dû à l’artiste qui outrepasse la loi au nom de l’art3, et finalement la transgression morale où les propositions de l’artiste entrent en confrontation avec des valeurs soutenues par la société. Cette nouvelle pratique transgressive est paradoxale puisque l’artiste, forcé d’innover et de faire du nouveau, le fait soit en innovant ou en ne faisant plus de nouveau, dans l’intention d’innover. Il est donc obligé d’être libre, de ne pas obéir et d’ignorer les frontières de l’art, dans un système hautement hiérarchisé où l’autonomie de l’artiste est donc limitée par la machine de l’art contemporain, qui encourage la transgression, paradoxe que Heinich nomme le paradoxe permissif. Il consiste à rendre la transgression impossible en l’intégrant dès qu’elle apparaît, avant même qu’elle ait été sanctionnée par le public et le marché privé.4 Les spectateurs-récepteurs Le public, lui, est exclu de ce paradoxe permissif, quoiqu’il soit, en général, scandalisé en tant que témoin de cette art transgressif. Heinich se positionne en faveur du public et vient à son secours en dénonçant la complicité entre artistes et musées qui encouragent le principe de la 3 Par exemple, l’œuvre de l’artiste Hervé Paraponaris qui a exposé dans un musée d’art contemporain des objets qu’il avait volé en 1996. Consulté le site http://www.voltashow.com/Herve-Paraponaris.5511.0.html 4 Nathalie Heinich, Le triple jeu de l’art contemporain, Paris, Minuit, 1998, p. 338.
  • 6. Marianne Drolet-Paré 6 surenchère, agrandissant ainsi de plus en plus le vide entre le grand public et l’art de qualité. Par contre, le spectateur-récepteur n’a pas un rôle aussi éloigné du cercle de la transgression que cela. À cause de cette fuite du public des espaces spécialisés, les artistes ont pour réaction d’envahir les lieux publics, voulant de cette manière se rapprocher d’eux, de rendre l’art plus accessible,5 tandis que les musées, de leur côté, tentent de les éduquer en matière d’art. Les spécialistes-médiateurs Heinich dénonce ici le nouveau rôle de l’institution en tant que coproducteur de la proposition artistique. Car de nos jours, il n’est plus de rigueur d’être un artiste reconnu par le marché pour être intégré dans un musée. Ce dernier intègre la transgression avant même qu’elle soit rejetée par le public ou la critique, créant ainsi un art « orienté vers le musée », un art officiel en quelque sorte. Le musée serait donc devenu l’œuvre même, agissant comme le support, le châssis de l’art contemporain. Pour Heinich, les institutions sont les coupables de la fracture entre l’art contemporain et le public, car ils encouragent le principe de la triple surenchère au niveau de la transgression, de la réaction et de l’intégration, en pratiquant le paradoxe permissif eux même: ils transgressent les limites de l’art en repoussant sans cesse sa définition en intégrant des propositions de plus en plus à la frontière de l’art. Cela engendre la création d’institutions permissives capables d’accueillir ce genre d’œuvres aux limites de l’art, vu l’impossibilité des lieux traditionnels de les intégrer, créant ainsi une plus grande fracture entre ces lieux et le public. 5 Voir ici l’ouvrage de Nicolas Bourriaud, Esthétique relationnelle, France, Les presses du réel, 2001 pour plus de détail. Ce type d’intervention artistique n’avait pas encore été théorisé lors de la publication des livres de Michaud et de Heinich.
  • 7. Marianne Drolet-Paré 7 Les experts Nathalie Heinich ajoute un dernier acteur dans cette crise qui comprend les experts et les critiques, groupe dans lequel elle fait elle-même partie. Ces experts, selon Heinich, pourraient se diviser en deux positions: ceux qui défendent les institutions et encouragent le paradoxe permissif, et ceux qui dénoncent le trop grand pouvoir des musées à déterminer la valeur des propositions artistiques, alors qu’ils en sont eux-mêmes les coproducteurs. L’auteur, en tant que théoricienne, prend la position de dénonciatrice des institutions, au nom d’un public qui s’éloigne de plus en plus. Yves Michaud C’est à ce moment que le texte de Michaud, philosophe de formation, entre en ligne avec son inventaire des arguments et son analyse des fondements de ces derniers, qu’ils soient en faveur ou en désaccord avec les rôles que jouent certains acteurs de la crise de l’art contemporain. Les artistes Pour Michaud, les artistes sont aussi du côté de la transgression puisqu’ils possèdent une liberté illimitée sur les critères esthétiques. Cet état d’anarchie a mis sur pied un « règne du n’importe quoi », où les critiques sont incapables d’établir des critères adéquats. Comme Heinich, Michaud fait état de la situation des artistes qui sont contraints d’être libres, de faire ce qu’ils veulent, dans un cercle dynamisé par la transgression des institutions qui les gardent captifs en les encourageant.
  • 8. Marianne Drolet-Paré 8 Le public Contrairement à Heinich, Michaud expose deux attitudes du public face à l’art. Il y a celle où l’art populaire s’intègre à l’art d’élite, comme dans le cas d’Andy Warhol, donnant naissance à une invasion des foules dans les musées. Puis celle qui se rapproche plus de la position de Heinich, qui, au nom de la démocratie, attaque l’art contemporain d’être trop hermétique pour le grand public. Les institutions Ici, à travers les critiques, le texte de Michaud dénonce l’État culturel, qui, dans le but de populariser l’art contemporain, encourage ce dernier en l’immunisant contre les rejets, ce qui contribue au règne du n’importe quoi. Tout comme Heinich, les arguments exposés par Michaud dénoncent ce nouvel art officiel qui est incompris du grand public, mais qui est pourtant produit en fonction des attentes de ce dernier, dans l’intention de se rapprocher de lui afin de supprimer l’écart entre le spectateur, l’artiste et le musée. Grâce à l’élaboration des positions de Nathalie Heinich et de Yves Michaud, il est clair que l’enjeu majeur de cette crise est le public, à la fois exclu de la dynamique transgressive et victimes des effets pervers de la crise. Même si les institutions disent agir en son nom, ce sont eux les coupables de l’écart entre le public, le musée et l’artiste, puisqu’ils encouragent des propositions artistiques loin des goûts populaires et de leurs attentes. L’artiste est aussi victime de la nouvelle loi transgressive puisqu’il perd de son autonomie en étant obligé d’innover, qu’il fasse du nouveau ou pas. Ni Michaud ni Heinich proposent de solution à cet état de crise en art contemporain, mais au moins pose un regard critique sur la situation.
  • 9. Marianne Drolet-Paré 9 Partie 2 L’arrivée du monde de l’art dans le Web 2.0 : la fin de la crise? Je me demande ce que Nathalie Heinich et Yves Michaud ont à dire sur l’impact de Web 2.0 sur le monde de l’art contemporain. En attendant d’avoir leurs opinions sur le sujet, je tente mon coup dans cette seconde partie de l’essai. Bien que non scientifique, mon analyse démontre qu’à l’heure actuelle, le public s’insère lentement mais sûrement dans le monde de l’art contemporain grâce aux possibilités d’échanges bidirectionnelles et symétriques, pour emprunter un terme propre aux relations publiques, avec les artistes sans la médiation des experts et des institutions. Les artistes trouvent aussi leur compte dans ce nouveau contexte puisque de plus en plus d’entre eux n’ont plus à passer par le musée pour obtenir la reconnaissance du milieu. Pour ce qui est des institutions officielles... elles essaient tant bien que mal de suivre. L’ère de l’information dans laquelle nous vivons rend l’information disponible à un plus grand nombre, pouvant se comparer à la révolution industrielle du XIXe siècle qui rendit possible l’acquisition de biens vendus à meilleur marché. Cette révolution des modes de communication réduit le temps et la distance entre les communautés et les individus à un point tel que nous communiquons aujourd’hui en temps réel. L’interaction au profit de la création artistique et des artistes Depuis l’invention de la photographie (1839), le réalisme en art a toujours été sujet à débat : qu’est-ce que le réel, de toute manière? Avec l’utilisation de l’Internet dans les pratiques artistiques, le réalisme atteint un tout autre niveau, celui de l’interaction.
  • 10. Marianne Drolet-Paré 10 En utilisant la télématique, qui est l’union de l’informatique et des technologies de télécommunication, comme par exemple, la commande à distance de machines, le relevé distant de compteurs, la commande de fonctions de son habitation ou de son bureau6, les artistes permettent au public de participer à la création de l’œuvre. Le contrôle du participant devient plus important que le contenu... interchangeant les rôles mêmes de l’artiste et du spectateur!7 Selon Roy Ascott, le premier à avoir défini l’art télématique en 20038, démontre que l’interaction en art est cruciale pour créer un système capable de transformer les comportements et la conscience des spectateurs. Aujourd’hui plus que jamais, certains artistes recherchent les possibilités d’échanges avec le public et la communauté, qu’ils soient locaux ou étrangers. Cette volonté se compare à une esthétique relationnelle, où l’artiste va à la rencontre du spectateur dans un lieu public choisi et lui laisse la liberté de créer la signification de l’œuvre en interagissant avec elle. Or, la comparaison s’arrête ici : l’esthétique relationnelle utilise le public à son insu, alors que l’art télématique jouit d’un spectateur conscient de sa contribution artistique. Il s’agit là d’une vraie interaction!9 La citation de Yves Michaud plus haut dans le texte, disant que l’art contemporain se dématérialise tellement qu’un jour il ne restera que le vide, le rien, le blanc, se prouve de plus en 6 Pour une définition de l’art télématique : http://fr.wikipedia.org/wiki/T%C3%A9l%C3%A9matique 7 Je vous invite à consulter le site web de la Fondation Daniel Langlois sur ce sujet : http://www.fondation- langlois.org/html/f/page.php?NumPage=137 8 Roy Ascott, Telematic Embrace: Visionary Theories of Art, Technology, and Consciousness. (Ed.) Edward A. Shanken. Berkeley, CA:University of California Press, 2003 9 À voir : une œuvre télématique se déroulant à la fois à Toronto et à Amsterdam : http://www.youtube.com/watch?v=Fdi5cohMpz4&feature=related et voici un autre exemple de projet plus ludique : http://en.wikipedia.org/wiki/Web_2.0_Suicide_Machine
  • 11. Marianne Drolet-Paré 11 plus vraie. Ce blanc peut maintenant représenter un ordinateur Mac, si vous voulez! Comme le démontrent les exemples d’œuvres dans les paragraphes précédents, l’art actuel a tendance à se dématérialiser et à tendre vers l’événementiel. Sans caméra vidéo ni appareil photo ni ordinateur ni Internet, impossible de partager ce type d’art. L’Internet et le Web 2.0 ont contribué à l’expansion d’une nouvelle forme d’expression en devenant le support et le cadre des œuvres éphémères, immatérielles et événementielles. Les artistes qui contribuent à ce courant partagent leurs œuvres sur le World Wide Web (WWW) gratuitement à tous ceux qui ont accès à l’Internet. Ces œuvres ne peuvent donc plus s’orienter vers les musées, comme le dénoncaient Heinich et Michaud, car elles échappent à la simple contemplation. De plus, les confiner dans un lieu physique va à l’encontre des visées d’interactivité et d’accessibilité de ces œuvres. Avec l’avènement du Web 2.0, il existe maintenant plusieurs plateformes où les artistes peuvent partager leurs projets, quel que soit le type, et les soumettre à la critique du public, en évitant l’étape traditionnelle de la critique d’art conventionnelle. Je vous donne ici des exemples, sans aller dans les détails et les définitions, puisque je présume que votre expertise sur le sujet est bien plus grande que la mienne : les blogs, les médias sociaux (Facebook, Twitter, Myspace, YouTube, etc.), Flickr, pour ne nommer que les plus connus. Dans le marché de l’art actuel, il y a plusieurs galeries traditionnelles qui oeuvrent autant en ligne qu’en « vrai ». L’entreprise virtuelle coûtant moins cher que la réelle, les galeries exigent des artistes une commission moins élevée. Un site Web profite de visites beaucoup plus nombreuses que dans la vraie galerie. Mais elle n’encourage pas l’interaction entre l’artiste et
  • 12. Marianne Drolet-Paré 12 son public, car le marchand s’interpose entre les deux. Aussi, ces galeries d’art semblent toujours privilégier les formes d’art plus traditionnelles. Pourtant, l’art télématique n’échappe pas complètement au marché. Les artistes avec des sites web personnels ont la liberté de promouvoir leur art sans l’interférence d’une galerie commerciale. Toutefois, il leur faut souvent choisir entre faire de l’art ou faire des ventes, car la promotion et la recherche d’acheteurs potentiels s’avère très énergivore. Il existe aussi une panoplie de galeries d’art virtuelles sur le Web qui permettent à des artistes d’exposer leurs œuvres gratuitement, sous forme d’exposition solo ou collective, et de les vendre sans avoir à laisser une commission au propriétaire d’une galerie d’art traditionnelle.10 Ici, l’accessibilité à des œuvres de tous les styles et de toutes les origines profite autant au public qu’aux artistes. Les prix sont plus abordables, certes, mais les profits vont directement aux artistes, contrairement aux grandes ventes aux enchères d’art contemporain qui brisent des records de vente, dont les gains financiers retombent très rarement dans les poches des artistes.11 Aussi, il y a possibilité d’échanges entre l’artiste et son public. Encore une fois, nul besoin du critique d’art pour juger l’œuvre et parler au nom de l’artiste. Il ne faut pas non plus ignorer le fait que le Web 2.0 donne la chance aux artistes « rejetés » des circuits traditionnels de l’art d’obtenir plus de visibilité, et ce, à l’échelle internationale. 10 Il suffit de taper l’expression « galerie d’art virtuelle » dans un moteur de recherche et vous obtiendrez une panoplie de sites offrant ce service. 11 Je parle ici surtout des deux grandes maisons de ventes aux enchères qui monopolisent le marché de la revente dans le monde : Christie’s, basée à Londres, et Sotheby’s, à New York.
  • 13. Marianne Drolet-Paré 13 La présence accrue des artistes et de leurs œuvres sur le Web 2.0 engendre l’interaction avec d’autres artistes et de nouveaux publics. La loi de la transgression présentée par Nathalie Heinich est maintenant encouragée ou dénoncée par le public qui y participe, et non par les musées. Puisque l’art télématique défie toutes formes de frontières, il ne pourra jamais devenir art officiel. Le public-Dieu : le nouveau pouvoir du spectateur sur la destiné finale de l’oeuvre Le public délaisse les musées d’art contemporain au profit du WWW : c’est gratuit et libre à lui de créer son propre parcours. On pourrait lui reprocher de n’être exposé qu’à des œuvres qui ne répondent qu’à ses goûts et ses valeurs et de ne plus être confronté à de l’art qui pourrait ébranler ses convictions. Mais cela est vrai pour l’Internet en général, et même dans un musée, nous passons tout droit devant des œuvres qui ne nous intéressent pas. Et l’art n’est-il pas au fond une question de subjectivité? Grâce aux médias sociaux, le public, vous en fait, est un intermédiaire, un diffuseur et un critique. Lorsque vous aimer une vidéo sur YouTube et la partager sur votre page Facebook, vous la jugez : est-il bonne ou mauvaise? , vous le critiquez en laissant un commentaire, vous contribuez à l’augmentation de sa popularité, et vous la diffuser tout comme un magazine d’art spécialisé le ferait. Vous pouvez même faire tout cela lors d’une visite dans un musée ou d’une balade dans un parc! Le public est de plus en plus curieux et avide de nouvelles expériences et d’informations. Le Web 2.0 lui permet d’assouvir ces désirs, soit par le biais d’une participation à une œuvre digitale, soit par la visite d’une galerie ou d’un musée virtuels, soit par le visionnement et le
  • 14. Marianne Drolet-Paré 14 partage d’œuvres dans ses réseaux sociaux. Dans chaque situation, il n’y a aucun contact avec une œuvre physique. Le public est aussi commissaire d’exposition. La nouvelle popularité de la curation web n’est pas une tendance à négliger. Des sites comme www.storify.com et www.scoop.it permettent à leurs utilisateurs de rassembler et de sélectionner de l’information provenant de sources multiples, des œuvres d’art ou des articles sur le sujet dans notre cas, sur une même page web. L’expression même de « curation » a été empruntée au monde de l’art.12 Si l’aspect narratif est souvent délaissé en curation, je suis prête à parier qu’elle n’y échappera pas dans un avenir rapproché. Ainsi, la curation web se rapprochera de plus en plus du métier de commissaire d’exposition. Le Web 2.0 permet d’ajouter une nouvelle dimension à l’œuvre que le commissaire ne peut tenir compte dans un contexte d’exposition conventionnel. Toutefois, ayant fait des études en histoire de l’art, je ne suis toujours pas convaincue que la curation remplacera le commissaire traditionnel. L’œuvre à son état d’objet aura toujours besoin d’un expert pour lui faire raconter une facette de son histoire. L’expert a accès à des sources premières historiques dont ne peut profiter le grand public sans l’aide d’un commissaire. Les institutions officielles mises à nu... et parfois mal à l’aise Nathalie Heinich et Yves Michaud blâment les institutions officielles d’encourager un art incompris du grand public, pour ensuite essayer d’éduquer ce dernier en la matière. Mais qui veut se faire dire quoi penser? Le public ne se satisfait désormais plus des discours officiels unidirectionnels et va chercher ailleurs, car il a son mot à dire! 12 Pour en savoir davantage : http://effetdepresence.blogspot.com/2011/02/la-curation-au-dela-du-hype.html
  • 15. Marianne Drolet-Paré 15 Le Web 2.0 exige de la transparence de la part des institutions officielles, qui appartiennent parfois à l’État. Les musées sont de moins en moins réticents à partager leur savoir et leurs collections gratuitement sur le WWW, au grand plaisir du public et des artistes. Ils prennent plus de temps à s’engager dans les médias sociaux, car ils sont des organisations plus lourdes et difficiles à changer. Il faut d’abord que des mentalités évoluent et que certains apprennent à utiliser ces nouveaux outils adéquatement. Un manque de budget chez certaines institutions les empêche de participer à la conversation, puisque la présence sur le Web 2.0 requiert temps et argent : il faut un employé entièrement dédié et expérimenté en médias sociaux. Une présence irrégulière, un commentaire de mauvais goût ou erroné peut être tout aussi dommageable et même plus qu’aucune présence du tout pour un organisme! En plus en art contemporain, où la réputation est si importante. L’article de Beth Kanter, Arts Organizations and Artists 2.0 : Social Media for Arts people cite de nombreux exemples d’organisations à vocation artistique qui ont adopté le virage 2.0, que ce soit avec des blogs, Flickr, Facebook, Twitter.13 J’aime particulièrement le YouTube Channel du musée d’art moderne de New York (MoMA) qui dévoile l’arrière-scène du musée ou la démarche artistique d’artistes contemporains, sous forme de courtes vidéos.14 L’art télématique propose aussi de nouveaux défis pour les musées et les collectionneurs d’art : comment gérer la collection, la préservation et la présentation de ces œuvres éphémères et interactives? Ont-elles leur place dans un musée ou une collection privée? Les institutions d’enseignement d’histoire de l’art et de muséologie n’offrant pas de formation en art digital, les 13 Beth Kanter, http://www.blogher.com/arts-organizations-and-artists-2-0-social-media-arts-people?page=0,1 14 Exemple : http://www.youtube.com/user/MoMAvideos
  • 16. Marianne Drolet-Paré 16 experts doivent apprendre d’eux-mêmes ou tout simplement exclure cette forme d’art de leur musée. Je tiens aussi à dénoncer une certaine hypocrisie des musées qui prônent l’accessibilité universelle de l’art en le conservant et le présentant au public, mais qui à la fin, profitent de sa commercialisation et de son exclusivité en installant des boutiques de plus en plus vastes qui vendent des articles à prix ridiculement élevé. En passant, les prix exorbitants de ces objets, qui souvent sont des répliques fait en Chine d’œuvres d’art archi connues, profitent plus à des compagnies internationales qui ont acheté les droits de propriété de l’image de ces œuvres qu’aux musées qui en vendent les produits dérivés. Alors, avez-vous vraiment besoin d’un parapluie signé Monet? L’envers de la médaille : droit d’auteur, démocratie et capitalisme Comme l’indique Franklin Einspruch dans son article The new center of the art world15 le combat des artistes à faire respecter leur droit d’auteur se compare à la bataille de l’industrie de la musique contre les sites de téléchargement gratuit de chansons. La majorité d’entre nous consomme de la musique en mp3 et il est normal de penser que nous consommerons l’art via le web dans peu de temps. La thèse de maîtrise de Mamta B. Herland, Internet and the New Web Art : Meaning and Consequence16 sur le site de MOCA, le Museum of Computer Art, m’a inspiré cette section-ci, car elle fait un portrait assez pessimiste de l’avenir de l’art sur le WWW. Les problématiques 15 Franklin Einspruch, http://artblog.net/?name=2009-07-30-10-15-center 16 Mamta B. Herland, http://moca.virtual.museum/editorial/mamtathesis3.asp
  • 17. Marianne Drolet-Paré 17 liées au droit d’auteur digital et de propriété menacent l’idéologie de gratuité et de démocratie de l’Internet à cause de grandes compagnies mondiales, comme Corbis, qui achetent les droits de reproduction d’images des grands musées, tels que le Louvre et l’Hermitage. En commercialisant de plus en plus le contenu du WWW, ce sont les investisseurs, et non le public et les artistes qui profiteront de l’art. Dans ce contexte, le Web 2.0 qui prône le partage et l’interactivité ne pourra plus prendre part à la démocratisation de l’art. Voici un extrait tiré de la thèse de Herland : « When buying a piece of art is just a click and a credit card away, and with massive advertising by large international players influencing local buyers to buy internationally "known" names as an "investment", the survival of the local art market and the local artist is at risk. Walter Benjamin might not after all be so impressed by the Web as a democratic space for art.17 » En effet, il n’y a pas que des entreprises qui contrôlent la diffusion de l’art, il y a aussi des états qui utilisent de plus en plus la censure. Un exemple parfait est la Chine où Facebook n’est accessible qu’en piratant son ordinateur. L’artiste chinois Ai Weiwei a même été emprisonné pour avoir contesté les politiques de son pays via son blog.18 17 Ibid. 18 Pour lire sur l’emprisonnement d’Ai Weiwei : http://articles.latimes.com/2011/aug/20/entertainment/la-et-ai- weiwei-20110820
  • 18. Marianne Drolet-Paré 18 Conclusion Aujourd’hui, je fais un certificat en relations publiques. La démocratisation de l’art étant ma préoccupation principale, j’aspire à l’amélioration du dialogue entre les publics, les artistes et les musées. Puisqu’au fond, cette crise de l’art contemporain soulevée par Heinich et Michaud n’est qu’un échec de communication. Le Web 2.0 force de plus en plus d’experts et d’institutions à orienter leur discours vers le public et d’être à son écoute. Les musées ne peuvent plus se permettre d’entretenir une conversation à l’écart du monde extérieur. Comparer l’état de la pensée des experts en art contemporain à l’époque de la fin des années 1990, avant l’arrivée du Web 2.0, avec la situation actuelle démontre qu’un changement de mentalité est entamé et qu’il y a bel et bien un dialogue entre le public, l’artiste et l’institution, bien que inégal. Toutefois, une réelle démocratisation de l’art restera à tout jamais une utopie, à moins que le droit d’auteur digital ne soit abolit.
  • 19. Marianne Drolet-Paré 19 Sites web consultés Beth Kanter, Arts Organizations ans Artists : 2.0 Social Media for Arts People, En ligne, Boston, Blogher, http://www.blogher.com/arts-organizations-and-artists-2-0-social-media-arts- people?page=0,1. Consulté le 2 novembre 2011 Bonin, Vincent, Roy Ascott, Telematic Embrace, En ligne, Montréal, Fondation Daniel Langlois, http://www.fondation-langlois.org/html/f/page.php?NumPage=137. Consulté le 2 novembre 2011 Bradshaw, Tim, Internet start-up draws in art world, En ligne, Financial Times, Etats-Unis, http://www.ft.com/cms/s/0/8ee39248-b485-11e0-a21d-00144feabdc0.html#axzz1cORvKEs2. Consulté le 2 novembre 2011 Einspruch, Franklin, The new center of the art world, En ligne, http://artblog.net/?name=2009- 07-30-10-15-center. Consulté le 2 novembre 2011 Fish, Donna, Public Art or, How the Internet Is Rocking the Art World, En ligne, Canada, Huff Post, http://www.huffingtonpost.com/donna-fish/public-art-or-how-the-int_b_810862.html. Consulté le 2 novembre 2011 Herland, Mamta B., Internet and the New Web Art, Meaning and Consequence, En ligne, Etats- Unis, http://moca.virtual.museum/editorial/mamtathesis3.asp. Consulté le 2 novembre 2011 Mackrous, Paule, La « Web curation » : au-delà du hype!, En ligne, Montréal, Blogger, http://effetdepresence.blogspot.com/2011/02/la-curation-au-dela-du-hype.html. Consulté le 2 novembre 2011 Ng, David, Ai Weiwei : imprisoned but not silenced, En ligne, Los Angeles, Los Angeles Times, http://articles.latimes.com/2011/aug/20/entertainment/la-et-ai-weiwei-20110820. Consulté le 2 novembre, 2011 Volta 8, Hervé Paraponaris, En ligne, Suisse, Volta, http://www.voltashow.com/Herve- Paraponaris.5511.0.html. Consulté de 2 novembre 2011 Wikipédia : L’art télématique, En ligne. http://fr.wikipedia.org/wiki/T%C3%A9l%C3%A9matique. Consulté le 2 novembre 2011 Web 2.0 Suicide Machine, En ligne. http://en.wikipedia.org/wiki/Web_2.0_Suicide_Machine. Consulté le 2 novembre 2011
  • 20. Marianne Drolet-Paré 20 YouTube : The Telematic Dinner Party, En ligne. http://www.youtube.com/watch?v=Fdi5cohMpz4&feature=related Consulté le 2 novembre 2011 Behind the Scenes, Carlito Carvalhosa : Sum of Days, En ligne http://www.youtube.com/user/MoMAvideos Consulté le 2 novembre 2011 Monographies consultées Ascott, Roy, Telematic Embrace: Visionary Theories of Art, Technology, and Consciousness, Berkeley, Californie, University of California Press, 2003 Bourriaud, Nicolas, Esthétique relationnelle, France, Les presses du réel, 2001 Heinich, Nathalie, Le triple jeu de l’art contemporain, Paris, Minuit, 1998 Michaud, Yves, La crise de l’art contemporain, Paris, Presses universitaires de France, 1997 Moulin, Raymonde, L’artiste, l’institution et le marché, France, Flammarion, 1992 Moulin Raymonde, Le marche de l’art, mondialisation et nouvelles technologies, France, Flammarion, 2003