Présentation Jour 2 : Etude de cas et méthodologie (session 2)
Cette présentation a été faite à l'occasion de l'école-chercheurs qui s'est déroulée à Azrou (Maroc) du 9 au 15 avril 2018. Le thème de cette école était le suivant : "Évolution et gouvernance des communs : enjeux méthodologiques, comparatifs et pluridisciplinaires". Cette formation, réunissant une cinquantaine de personnes dont 30 doctorants de divers horizons, a été imaginée et organisée par le LMI MediTer (Maroc / Tunisie), en association étroite avec les LMI PATEO (Sénégal) et MESO (Mexique), ainsi qu'avec le RIAM, sans oublier l'appui de l'IRD au Maroc, du centre culturel d'Azrou et de la FLSH de l'UM5-Rabat.
Similaire à L’eau souterraine dans les zones de mise en valeur au Sahara Algérien : complexité de gouvernance d’un bien commun pas comme les autres (8)
2. Cadrage général
L’uGlisaGon des ressources en eau souterraine dans l’irrigaGon est en
croissance rapide dans le monde.
Ø En raison du développement rapide des forages, le taux d'extrac8on des
eaux souterraines a été mul8plié par 10 au cours des 50 dernières années du
XXème siècle (Margat, 2008) .
Ø Dans le monde, un 8ers des terres irriguées (113 millions d'hectares) dépend
de l'exploita8on des ressources en eau souterraine (Margat, 2011).
Ø Le développement de l’irriga8on par les eaux souterraines a s8mulé la
croissance économique et transformé les économies rurales dans de
nombreux pays en Amériques, Europe, Asie et plus récemment en Afrique du
Nord. (Shah, 2009 , Kuper et al, 2016).
Ø L’eau souterraine est un exemple embléma8que de ressources communes,
sujeSes à la surexploita8on en l'absence d'un système de gouvernance pour
réguler l'u8lisa8on de l'eau (Llamas et Mar8nez-Santos, 2005).
5. Cadre général
Deux principales configuraGons sont disGnguées, en foncGon du degré de
centralisaGon de leurs mécanismes d’allocaGon de l’eau (PeGt, 2004).
Ø L’alloca8on par le marché: droit de propriété privée, le prix du marché
reflète le niveau de rareté et permet une alloca8on à ceux qui valorisent
au mieux la ressource.
§ CeSe op8on exige l’existence, au préalable, de droits de propriété
privée de l’eau socialement acceptés
Ø L’alloca8on planifiée par l’Etat. Alloca8on à travers des mécanismes
règlementaires (autorisa8on) et économique (redevance).
§ CeSe op8on exige : 1) l’appropria8on de la ressource par l’Etat et 2)
la maîtrise par ce dernier des ou8ls de ges8on de ceSe ressource
par8culière.
6. Cadre général
Une troisième configuraGon aux contours variables selon les
contextes, la ges3on collec3ve de la ressource eau:
Ø En présence d’ins8tu8ons publiques fortes, émergence
d’une ges8on collec8ve, permeSant une ges8on durable
(Ostrom, 1990, 1992)
Ø En l’absence d’ins8tu8ons fortes soutenues par l’Etat, les
acteurs meSent en place des arrangements informels qui
ne conduisent pas, nécessairement, à une ges8on durable
(Shah, 2009)
7. Cadre général
La gouvernance de l’eau comme l’ensemble des formes de
coordinaGon entre acteurs en maGère d’allocaGon et de gesGon
de l’eau.
Ces formes de coordina8on concernent:
Ø les ac8ons individuelles, réalisées dans un cadre
marchand ou non,
Ø les ac8ons collec8ves, engagées par des groupes
d’individus partageant des intérêts communs,
Ø les ac8ons des pouvoirs publics.
8. Cadrage général
Pour Andries, Janssen et Ostrom (2004), les systèmes de
gouvernance de ressources communes impliquant des acGons
collecGves efficaces, ont au moins les 7 aributs suivants:
1. Défini8on claire des limites de la ressource et des
individus/groupes qui ont le droit d’y accéder.
2. Equivalence propor8onnelle entre coûts et bénéficies
inhérents à la mobilisa8on/u8lisa8on de la ressource.
3. Implica8on des usagers de la ressource dans la
modifica8on des règles rela8ves à l’accès et à l’usage de la
ressource.
4. Implica8on des usagers dans le suivi de l’état de la
ressource et des comportements des usagers
9. Cadrage général
Daoudi, Azrou 2018
6. Les usagers et les autres acteurs ont un accès rapide, à
faible coût, à des disposi8fs locaux de résolu8on de
conflits (entre usagers et entre ces derniers et les
pouvoirs publics).
7. Une reconnaissance du droit à l’organisa8on des
usagers
5. Les usagers qui violent les règles en usage risquent des
sanc8ons graduelles (en fonc8on de la gravité et du
contexte de l’infrac8on) de la part des usagers et/ou de
leurs représentants officiels.
16. Echelles d’analyse et démarches méthodologiques
Echelle NaGonale: analyse de la cohérence des poliGques publiques
Ø Poli8que hydraulique : sécurité hydraulique par la mobilisa8on/
valorisa8on et la préserva8on des ressources hydriques
Ø Poli8que agricole volontariste: Sécurité alimentaire à travers
l’augmenta8on de la produc8on par l’irriga8on (70% des disponibilités
en eau sont affectées à l’irriga8on ).
Méthodologie :
Ø Analyse du cadre réglementaire (Code de l’eau de 1982 et loi sur l’eau
de 2005, etc.)
Ø Analyse des documents des poli8ques hydraulique (PNE, 2030) et
agricole, notamment leurs aspects rela8fs la ges8on des nappes dans les
régions semi-arides et arides et le développement de l’irriga8on
(objec8fs, instruments de promo8on…) .
18. Echelles d’analyse et démarches méthodologiques
Echelle micro (forage): analyse de la gesGon de l’eau au niveau des
forages et des parcelles.
Ø Percep8on des droits sur l’eau par les propriétaires de forages et leur
rapport au cadre formel
Ø Ra8onalité des propriétaires des forages (individuels et collec8fs): les
facteurs déterminants les décisions concernant le pompage et
l’affecta8on de l’eau ( par cultures et u8lisa8on vs vente).
Ø Percep8on du problème de rabaSement de la nappe, ses causes et les
solu8ons (individuelle, collec8ve et publique)
Méthodologie
Ø Entre8ens individuels et de groupe avec les propriétaires de forages.
Ø Enquête auprès d’un échan8llon représenta8f de propriétaire de forage.
25. Éléments de conclusion
Ø La non implica8on des usagers, notamment les propriétaires dans la ges8on
de l’accès à l’eau (autorisa8on de forage) et le suivi des comportements des
usagers (prélèvements) réduit les chances de l’émergence d’une
responsabilité collec8ve, objec8vée et légi8mée par tous les acteurs.
Ø L’incomplétude du cadre réglementaire formel de ges8on de la ressource et
son applica8on par8elle, laissent aux acteurs locaux (formels et informels)
une marge pour une coordina8on par des règles de jeu informelles, mais
dont la non-transparence réduit de leur équité et freinent l’émergence d’un
sens de responsabilité collec8ve.
Ø La marchandisa8on de l’eau semble inciter à la ra8onalisa8on de son
u8lisa8on au niveau de la parcelle.
Ø La marchandisa8on de l’eau laisse supposer l’accepta8on, par les usagers,
du principe du paiement de l’eau, considéré comme facteur de produc8on
comme les autres.
Ø L’importance des forages collec8fs et leur bon fonc8onnement laisse
supposer l’existence d’un poten8el d’ac8on collec8ve autour de la ges8on
de l’eau.