Briefing de Bruxelles n. 56 : Dawit Guta " Atténuation des compromis et promotion des synergies dans les interactions de la sécurité de l’eau, de l’énergie et de l’alimentation "
Le Briefing de Bruxelles sur le développement n. 56 sur « Les interactions terres-eau-énergie et la durabilité du système alimentaire » organisé par le CTA, la Commission européenne / EuropeAid, le secrétariat ACP et Concord s’est tenu le 3 juillet 2019, de 9h00 à 13h00 au Secrétariat ACP, 451 Avenue Georges Henri, 1200 Bruxelles, Salle C.
Tendances et facteurs de production et de commerce du bétail en Afrique sub-s...
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Briefing de Bruxelles n. 56 : Dawit Guta " Atténuation des compromis et promotion des synergies dans les interactions de la sécurité de l’eau, de l’énergie et de l’alimentation "
1. Interactions eau-énergie-sécurité alimentaire
en Éthiopie : promouvoir les synergies et éviter
les compromis
Dawit Guta
Centre for the Environment and Development Studies
College of Development Studies
Addis Ababa University
1
Briefing de Bruxelles sur le développement n° 56 sur Les
interactions terres-eau-énergie et la durabilité du
système alimentaire – 3 juillet 2019
2. Contexte général des interactions eau-
énergie-alimentation (« WEF ») en Éthiopie
• Population éthiopienne : 107 millions
• Superficie totale estimée à 110 millions d’hectares (FAO, 2016)
• Possession de bétail importante
• Ressources en eau abondantes :
o mais inégalement réparties
o potentiel des eaux souterraines estimé à 2,6 milliards de m3
o moins de 10 % du potentiel estimé de terres irrigables est
irrigué
• La majorité de la population dépend de l’agriculture pour ses
moyens de subsistance
o agriculture pluviale à petite échelle
o très sensible aux variations de précipitations et avec des
sécheresses de plus en plus fréquentes
• La biomasse traditionnelle reste la principale source d’énergie
consommée (> 90 %), avec une pénurie croissante de bois de
chauffage (Guta, 2014)
3. • Pénuries de ressources (eau, terres)
• Taux le plus élevé de dégradation des terres en Afrique :
4,3 milliards de dollars de pertes de services
écosystémiques par an (Gebreselassie et al 2016), en
particulier à cause de la déforestation et de l’érosion des
sols (envasement accru)
• La dépendance excessive à l’hydroélectricité rend le
secteur énergétique vulnérable au changement
climatique (Guta et Börner, 2017)
• 70 millions (77 %) d’habitants n’ont pas accès à
l’électricité et environ 87 millions (95 %) dépendent
toujours de l’énergie provenant de la biomasse solide
(IEA, 2014)
Contexte général des interactions
eau-énergie-alimentation (« WEF »)
en Éthiopie
4. Principaux moteurs des interactions WEF
Moteurs provenant de la demande Moteurs provenant de l’offre
1. Croissance économique rapide –
taux annuel moyen de 10,8 % entre
entre 2003 et 2013 (Banque
mondiale, 2015)
o demande d’eau non agricole en
en augmentation rapide
o changement des préférences en
en matière d’alimentation, d’eau
d’eau et d’énergie
o demande d’électricité élevée (par
(par ex. parcs industriels, chemin
chemin de fer, centres urbains)
urbains)
2. Croissance démographique rapide
rapide de 2,6 % par an – 107
millions d’habitants selon les
Changement climatique – défis pour
la production alimentaire, la
disponibilité de l’eau et la
production hydroélectrique
• grande variabilité saisonnière
saisonnière et annuelle des
précipitations à travers le
pays
• irrégularité et imprévisibilité
imprévisibilité – changement
changement climatique
• 95 % de la production
végétale a lieu en zone
pluviale, sensible aux
sécheresses
• 83 % de l’électricité est
5. Politiques nationales
• Intérêt des politiques nationales pour le développement de l’irrigation et de
l’énergie hydraulique
• Plan national de croissance et de transformation (GTP II) (2016-2020)
o le développement de l’irrigation a été identifié comme un outil important
pour stimuler la croissance économique durable et le développement rural –
il est considéré comme une pierre angulaire de la sécurité alimentaire et de la
réduction de la pauvreté
o doublement de la proportion de la population ayant accès à l’électricité
o développement de projets hydrauliques à grande échelle – construction de
projets ayant la capacité de générer 14 561 MW au total
• Économie verte résiliente au changement climatique (CRGE)
o approche du développement économique – crée une économie verte au sein
de laquelle les objectifs de développement économique sont atteints de
manière durable
o vise à renforcer la résilience des secteurs économiques (y compris
l’agriculture, l’eau et l’énergie) les plus sensibles au changement climatique
(c.-à-d. adaptation)
• Quatre piliers de la CRGE
i) amélioration des pratiques de production végétale et animale,
ii) protection des forêts et promotion de la reforestation,
iii) augmentation de la production d’électricité à partir de sources
5
6. Insécurité alimentaire
Année Insécurité
alimentaire
transitoire*
Insécurité
alimentaire
chronique**
Total
2013 2,7 7,2 9,9
2014 2,7 7,2 9,9
2015 2,9 7,2 10,1
2016 10,2 7,2 17,4
2017 5,6 7,8 13,4
Moyenn
e
4,82 7,32
12,14Ministère de l’agriculture, (2014). Productive Safety Net Program Phase IV
Program Implementation Manual. Addis-Abeba
• L’insécurité alimentaire est l’une des principales
préoccupations humanitaires et en termes de développement
en Éthiopie
7. Accès à l’eau, impacts de sa qualité sur la santé et
égalité des sexes
• Utilisation de l’eau pour la boisson, la cuisine, l’assainissement et
l’hygiène, entre autres.
• Dans les régions reculées, consommation d’eau non traitée,
entraînant de graves maladies hydriques, en particulier chez les
jeunes enfants (Hunter et al., 2009).
• Dans le pays, environ 38 % des décès d’enfants de moins de cinq ans
et 25 % des années de vie corrigées du facteur invalidité sont causés
par des maladies diarrhéiques et respiratoires (OMS, 2010).
• L’origine de l’eau serait l’une des principales causes des retards de
croissance et de la malnutrition chez les enfants (Alemayehu et al.,
2015).
• La demande d’eau élevée coïncide avec une pénurie d’eau et de main
d’œuvre (Tucker et al., 2014).
• Qualité et pénurie de l’eau – les femmes et les enfants sont les plus
affectés.
• La participation des enfants aux corvées d’eau a un impact négatif
8. Potentiel des ressources en eau en Éthiopie
Réseau de drainage Bassin versant Potentiel
d’irrigation
(ha)
Superficie du basin
versant (km2)
Débit annuel
(milliards de m3)
Bassin du Nil Bassin d’Abay 523 000 199 812 52,62
Baro- akobo 600 000 76 000 23,24
Setit-tekezea/atbara 189 000 86 510 8,20
Mereb 500 5 893 0,65
Vallée du Rift Awash 205 400 110 000 4,90
Afar-denekali 3 000 64 380 0,86
Omo-giba 383 000 79 000 16,60
Lac central 139 000 52 000 5,64
Shebelle juda Wabe-shebelea 204 000 200 214 3,16
Genale dawa 423 300 168 100 6,10
Côte nord-est Ogaden 0 77 100 0
Golfe d’Aden/ayesha 0 2 223 0
Tableau : Réseaux de drainage et leurs bassins versants (et leurs caractéristiques
respectives) en Éthiopie
Source : FAO (2016)
9. Intensification durable de l’agriculture et irrigation
• Dans le pays, l’agriculture de subsistance est caractérisée par
une faible utilisation d’intrants et une faible
irriguées (seulement 5 %) sur l’ensemble des terres
(Banque mondiale, 2006).
• Projet d’accroître de 13 % la superficie cultivée, conversion
de pâturages et de forêts en terres agricoles (Karlberg et al.
2015).
• L’augmentation d’environ 400 % des terres irriguées et
d’environ 30 % de la productivité agricole exige un
doublement de l’utilisation d’engrais (MoFED, 2010)
• Sur les 3,8 millions d’hectares de terres potentiellement
irrigables en Éthiopie, 0,29 million d’hectares (<8 %)
seulement sont irrigués (Frenken, 2005)
• 5 % seulement des eaux de surface sont utilisées pour
l’irrigation et l’eau souterraine est quasiment inexploitée
(Gebreyohannes et al., 2013)
10. Intensification durable (suite)…
• Requiert l’introduction de variétés végétales à haut rendement,
l’amélioration des races dédiées à l’élevage et le développement
de l’agroforesterie (Awulachew et al., 2005).
• Des micro-barrages ont été construits dans des régions
pour collecter l’eau (Berhane et al., 2013).
• Un grand nombre des barrages n’étaient pas vraiment
efficaces : la capacité prévue des réservoirs était plus
l’arrivée d’eau réelle ou les barrages étaient construits au
mauvais endroit (Gebreyohannes et al., 2013)
• Taux substantiel d’abandon de la technologie (42 %)
(Wakeyo et Gardebroek, 2015).
• Les technologies et pratiques agricoles économes en eau
restent peu répandues.
• Risque significatif de dégradation des terres dans les zones en
amont et modification de l’utilisation des terres – diminution
de 1,5 % des écoulements de surface (Abebe 2015).
11. Production hydroélectrique
• Le potentiel hydroélectrique du pays est d’environ 45 GW (160
GWh par an),
o la puissance installée atteint 4 206 MW
o la majorité de l’électricité éthiopienne est produite à partir
d’énergie hydraulique (90 %)
o revenus des exportations à l’étranger
o sécheresses fréquentes et intenses – les pénuries d’eau
affectent la sécurité énergétique
• Dans le cas du barrage hydroélectrique de Koka, l’envasement
dû à la dégradation des terres a résulté en une perte de 30 % du
volume du réservoir (Michael, 2004).
• L’Éthiopie pourrait perdre un tiers de son potentiel de
croissance à cause de la variabilité hydrologique (Banque
2006).
12. Nécessité d’une transition vers des
sources d’énergie modernes et
renouvelables
• La transformation du secteur agricole dépend largement de
la transition énergétique
• Biocarburant
o Génère des retombées positives pour la production
alimentaire (Negash et Swinnen, 2013)
o Des projets à grand échelle basés sur le jatropha ont
échoué en raison des contraintes dues à la
sécheresse (Wondimu, 2013)
• Biogaz – potentiel de production d’environ 10,6 à 14,2
de m3 de biogaz et d’environ 78 000 m3 de lisier dans le
même temps (Mengistu et al., 2015).
• Solutions technologiques, comme la distribution de
cuisinières économes en énergie et la promotion de sources
d’énergie « modernes » alternatives, comme le biogaz et
l’énergie solaire
13. Bilan énergétique de l’Éthiopie
Tableau 1 : approvisionnement énergétique de
l’Éthiopie en 2015
(En milliers de tonnes d’équivalent pétrole (ktep)
sur la base du pouvoir calorifique inférieur)
Charbon 253 0,5 %
Produits pétroliers 3 041 6,1 %
Hydroélectricité 818 1,6 %
Énergie
géothermique/solaire 65 0,1 %
Biocarburant 45 813 91,6 %
Total 49 990
Source : Agence internationale de l’énergie
(AIE), 2015
14. Synergies et compromis
Intensification agricole – plus d’irrigation, utilisation d’énergie accrue,
utilisation d’engrais
Renforcement de l’efficacité de l’utilisation de l’eau – réduction de la
la dépendance à l’agriculture pluviale et amélioration de la productivité
• Amélioration de la productivité des ressources en eau tout au long des chaînes
chaînes de valeur du bétail
• Gestion intégrée des bassins versants
o Création d’opportunités d’amélioration de la préservation des terres et
terres et de l’eau
o Augmentation des rendements des récoltes
• L’amélioration de l’accès à l’eau d’irrigation est un outil efficace pour
diversifier les moyens de subsistance et réduire la vulnérabilité des ménages
ménages agricoles ruraux
o Production étendue tout au long de l’année
o Augmentation de la production et de la productivité agricoles et
amélioration des moyens de subsistance
o Création d’emploi
o Mécanisme d’adaptation aux impacts négatifs du changement
climatique – réduit la dépendance aux précipitations et aide à faire face
face aux sécheresses
15. Synergies et compromis
• Diversification du mix énergétique en intégrant des sources renouvelables
renouvelables alternatives et l’utilisation de technologies économes en énergie
énergie
o utilisation de plus d’eau pour la génération d’électricité
o moins de dépendance aux combustibles fossiles (réduction des dépenses
dépenses d’importation et des émissions de gaz à effet de serre)
o réduction de la dépendance aux biocarburants (règle les problèmes d’air
d’air intérieur et de déforestation)
o création d’opportunités d’emploi
o initiative des transformation des déchets en énergie – gaz de décharge à
décharge à Addis-Abeba (premier projet de ce type en Afrique)
• Les pratiques de gestion durable des terres réduisent le ruissellement des eaux
de surface et améliorent la rétention d’eau mais sont onéreuses et exigent
exigent beaucoup de main d’œuvre (Schmidt et Zemadim, 2015).
o augmentation des rendements – réduction des terres cultivées
o plus de terres pour le développement de l’exploitation forestière
(bioéconomie) et plus d’eau pour l’industrie et d’autres secteurs
• L’exclos agricole augmente les matières organiques présentes dans la couche
couche supérieure du sol et les rendements des cultures (teff) (Baudron et al.,
et al., 2015) mais réduirait la disponibilité des aliments pour le bétail et
16. Preuves empiriques (d’après publications
propres à l’auteur)
• Synergie entre la production de denrées alimentaires et d’énergie à
travers la culture d’arbres par les ménages ruraux
• Pour les femmes, concurrence dans les tâches domestiques entre la
collecte de bois de chauffage et la production de denrées
alimentaires
• La gestion durable des terres, l’amélioration de l’accès au marché
et la possession de bétail influencent positivement la production
végétale
17. Preuves empiriques (d’après publications
propres à l’auteur)
• Les synergies qui stimulent tant la production agricole des ménages
que l’amélioration de l’accès à l’énergie sont favorisées par :
o L’accès amélioré aux marchés (intrants, production, crédit,
assurance)
o L’adoption de pratiques agroforestières
o La possession de bétail
o L’utilisation accrue d’intrants
o L’adoption de pratiques de gestion durable des terres
o L’investissement dans la recherche et la vulgarisation agricoles
• Les subventions peuvent accélérer la transition énergétique vers des
sources d’énergie plus efficaces et plus propres dans les régions
rurales d’Éthiopie, mais surtout parmi les ménages plus aisés
• L’amélioration de l’accès aux emplois non agricoles semble avoir un
impact significatif sur la réduction de la pauvreté, mais est associée à
une diminution de la production propre de denrées alimentaires
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