1. IV) MIMESIS
La mimèsis(engrecancien:μίμησις /mímêsis),de μιμεῖσθαι(mīmeisthai,« imiter»,de μῖμος, «
imitateur,acteur»)estune notionphilosophique introduiteparPlatondansLa République,puisreprise
et développée parAristote.Le terme mimèsisne doitpasêtre confonduavecle mimétisme animal,ou
le mimétismecomportemental(aspectde l'étude scientifique descomportementsde l'esprithumain),
termesqui désignentune palettede comportementspouvantporterdesnomsdifférentsdansles
multiplesscienceshumainesetsociales(imitation,identification,intussusception,etc.).Lamimèsis
porte exclusivementsurle rapportde l'art au réel.Le conceptestd'abord discuté parPlatondansLa
République,aux livresII,IIIetX.Dans le livre Xde La République,sesproposse durcientquelque peu,
rejetanttoute valeuraccordée aux poètes,aux artset à l’imitation.Platons'interroge surla
représentation,qui n'estselonlui qu'une piètre copie de laréalitéetinsistesurlaprimauté duréel etde
la vérité.Il établitunsystème de troisdegrésparrapportà l’existence réelle deschoses,il yaurait le
monde desIdées.LesIdéessontlesréalitésimmuables,éternelles,qui seulessontvraies.Ellessontle
phénomène qui estencore nonexplicable physiquement,profonddeschoses,leurcaractère profond,
propre.Ellessontl'intelligiblederrière le sensible.Ellesdécouleraientde l'Idée duBienetdeschoses
sensibles,visiblesdesIdées.Ellesensontlesmodulations,etparticipentaux Idées,sanstoutefoisles
représenteradéquatement.Lesartisans,pourfabriquerleschosessensibles,doiventavoirune croyance
juste de ce que sontlesIdées,ets'eninspirer.Sanslessaisirparfaitement,unartisanconnaît
approximativementce qu'estune Idée,etc'estenlacontemplantqu'il pourrafabriquerune bellechose.
Aristote propose égalementtroisfaçonsd'imiter:comme leschosessont,comme onlesdit,etcomme
ellesdevraientêtre.L'imitationestàla base desdifférentsarts,notammentlatragédie,qui estdéfinie
comme « l'imitationd'une action« de Valeur»,conduite jusqu'àsafinetayant une certaine étendue ».
Suscitantl'inquiétudeetlapitié dansl'espritduspectateur,latragédie (catharsis).Lacatharsissuggère
donc que lamimèsispermetunmeilleurcontrôle de lapartie nonvisible qui permetàl'être humainde
réfléchir,alorsque Platonsoutient,àl'inverse,qu'elle exposelapartie nonvisible qui permetàl'être
humainde réfléchiràl'influence pernicieuse.Maisc'estmême le caractère pfofond,propre de toute la
poésie qui seraitdanslamimèsisoul'imitationd'actions,plutôt que dansl'artde faire desvers.En
outre,selonAristote,l'homme estune espèce qui imite « parinné ».Il se différenciedesautresanimaux
ence qu'ilssontdesêtresfortenclinsàimiter,etqu'ilscommencentàapprendre autraversl'imitation.
Il existe aussi une tendance communeàtousà prendre plaisiraux représentations.Eneffet,puisque
nousaimonssavoir,car celaest dansnotre nature de vouloirconnaître,toutce qui nousapprend,
l'imitationenpremierlieu,nousprocure duplaisir.Pour mieux rendre compte de cette thèse,Aristote
donne l'exemplesuivant:« [...] lapreuve enestce qui se passe danslesfaits: nousprenonsplaisirà
contemplerlesimageslesplusexactesde chosesdontlavue nousestpénible danslaréalité,comme les
formesd'animaux lesplusméprisésetdescorpsd'hommesoud'animaux trépassés».C'estd'ailleursde
notre penchantpourl'imitationque seraitapparue lapoésie.Puisquel'homme commence àapprendre
enimitant,toute imitationluiapprendetlui apporte doncplaisir.C'estde ce plaisirinhérentà
l'imitationque seraitapparue latragédieettouslesautresartsimitatifs(comme lacomédie,dont
cependantAristote ne parle que trèspeu).Toutcomme Platon,Aristote estimeque lafonction
fondamentalede lamimesisestde révélerlesuniversaux.Toutefois,comme ceux-ci sont
inextricablementliésàdesfaitsimportantsvécus etdespersonnagesconcrets,latragédie excelle à
2. faire existerauspectateurlesexpérienceshumainesreprésentées.Ence sens, lamimèsisestune façon
d'explorerlaréalité humaine etd'enapprofondirlacompréhension.Le motImitation,représentation
s’emploiesurtoutpourdésignerl’imitationduréel aumoyende motsdansune production.Lanature
exacte de lamimèsisasouvent été l’objetde controverses.Certainsproducteursproposentde traduire
le terme par fiction.
IV) a) NOCTURNE(production)
Fresque de certainsproducteursqui suggère conventionnellementlanuitpar unfondbleuétoilé avant
qu'elle ne soitexpriméede façonplus« réaliste » àpartir du xve siècle pardescontrastesaccusés
d'ombre etde lumière etdestonsplussombres.