1. ChristineBaudry
T Le moral des Français risque
d’en prendre un coup. Le confine-
ment n’était pas encore entré
en vigueur que Santé Publique
France annonçait, fin octobre,
par la voix d’Enguérand Du Roscoät,
responsable de l’unité Santé men-
tale, que les données de l’enquête
permanente CoviPrev montraient
déjà « une augmentation significa-
tive des troubles dépressifs de cinq
points en un mois, à 15,5 % ». Lors
du premier confinement, sur les dix
premiers jours, l’anxiété, la dépres-
sion et les troubles du sommeil
avaient grimpé en flèche, avant
de se stabiliser. Nous en sommes
au même point d’étape. Plus que
jamais, il est recommandé de sur-
veillersonmoral.
Travaillerl’acceptation
À ne pas confondre avec la résigna-
tion, l’acceptation consiste à
accueillir les faits simplement, tels
qu’ils sont, en évitant d’aggraver leur
impactà coupde« etsi ? »oude« on
aurait pu »… Les ruminations majo-
rent les inquiétudes mais, surtout,
créent un sentiment d’impuissance
par nature anxiogène. Gare aux scé-
narios catastrophes sur l’écran noir
des nuits blanches. Pour
enrayer l’anxiété,l’attentiondoitêtre
portée sur le quotidien. Sur ce que
l’on peut faire concrètement, pour
soi et ses proches, afin de traver-
ser cette période de façon plus
douce.Celavadelaréorganisationde
la maison à une simple tarte aux
pommes.
Sedirequ’onest encapacité
d’agir
Les gestes barrières et la distancia-
tion physique, le port du masque,
le lavage des mains. Indispensables
contre la contagion, ces actions peu-
vent aussi soutenir le moral, si l’on
cessedelestrouverdérisoires.
Souvent invoquée pour expliquer
la défense de l’environnement
aux enfants, la parabole amérin-
dienne du colibri qui « fait sa part »
en apportant une goutte d’eau
dans son bec pour lutter contre
l’incendie de sa forêt, peut
aussi s’appliquer au Sars-CoV-2.
Les mesuresdeprotectionmutuelles
contrelacovidsontnosgouttesd’eau
contre l’incendie épidémique.
Se le dire, le dire aux enfants,
peut aider à développer un senti-
ment de satisfaction vraie : nous
aussi,« nousfaisonsnotrepart ».
Sereposerl’esprit
L’accumulation des tâches, obliga-
tions domestiques, télétravail par-
fois, contraintes liées au
confinement, ajoutés à la crainte
de lamaladie,peutproduireunefati-
guementaleprofonde.Placédansun
état d’hypervigilance permanent,
le cerveau ne parvient plus, alors,
à effectuer ces micro-échappées
régulièresversdespenséesvagabon-
desquelesspécialistesontbaptiséle
« mind wandering », rappelle
le Pr Michel Lejoyeux (Les 4 Temps
Si en temps normal, novembre est un mois où apparaissent les premières idées noires de l’hiver, cette année, deuxième vague
de la crisesanitaire oblige, il est important pour chacun de surveiller son moral. Depositphotos
de la renaissance, JC Lattès, octo-
bre 2020). Or, il en a besoin pour évi-
terunépuisementdetypeburn-out.
Le psychiatre recommande donc
de créer régulièrement, dans la jour-
née, des séquences de pauses céré-
brales de quelques minutes.
Ni téléphone, ni écran, juste un peu
de musique. Faire le vide régulière-
ment. Toutes les pratiques de type
méditation, yoga, sophrologie sont
aussi bienvenues. Enfin, ne pas hési-
ter à lutter contre « l’infobésité », en
coupant les flots d’informations qui
nous submergent. Garder un
ou deux créneaux d’information à la
télévision ou à la radio et limiter les
connexionssurlesréseauxsociaux.
Prendresoindesoncorps
Le confinement rime avec sédenta-
ritéaugmentée.Ilestdoncimportant
d’utiliser chaque jour, si possible, la
case de l’attestation qui autorise une
heure de sortie liée à l’activité physi-
que. Marche, course, vélo ou simple
promenade jouent un rôle essentiel
dans la régulation du sommeil, mais
aussi de toutes les fonctions physio-
logiques : respiration, circulation
sanguineetoxygénation,digestion.
Sefaireaider
Touslescabinetsmédicauxetspécia-
listesrestentouvertspendantcecon-
finement. Se soigner le corps comme
l’esprit est primordial. Psychiatres et
psychologues ont développé des
offres de vidéoconsultations, plus
pratiquespourlespersonnesàrisque
ou quihabitentloin.
Enfin, la plateforme covidecoute.org
propose une première téléconsulta-
tion gratuite avec un psychiatre, psy-
chologue ou addictologue, selon les
cas, ainsi que des outils gratuits,
exercices et/ou applis pour s’aider
soi-même : exercices de cohérence
cardiaque, de relaxation, de médita-
tion.
Iln’étaitpasagréable
d’êtreconfiné
au printemps,mais
ce n’estpasmieux
en automnequand
le soleilsecacheaussi.
Conseilsdepsypour
bloquerlesidéesnoires.
Confinement :surveiller
les signesdeladéprime
Unbaindelumière
Un traitement efficace existe : la
luminothérapie. Sous avis médical,
en association à des sorties quoti-
diennes à la lumière du jour, l’exposi-
tion, une heure par jour,
de préférence au lever, à une lampe
spécifiquede5 000lux,quireproduit
lalumièrenaturelle,estefficacedans
80 % des cas. Pour les personnes les
plus atteintes, des antidépresseurs
en cures courtes peuvent se révéler
utilesencomplément.
C.B.
Lemanquedelumière peut provoquer des dépressions saisonnières. Associée à une
expositionquotidienne à la lumière du jour, la luminothérapie est un traitement effi-
cacedans80 %des cas.FrancoisDestoc/LeTélégramme
Alire
« Tout est en interrelation, rien n’est
séparé, tout est unité ». C’est la vision
qu’expose ThierryThouvenot dans
un ouvrage qui propose au lecteur d’aller
à la rencontre de sa vraie nature.
« Ce livre est organisé autour de sept
aspects du vivant, qui constituent
l’intérieur de ce que nous sommes : le
corps physique, les émotions, le mental,
l’ego, le Soi, l’âme et l’Être (ou l’esprit).
Ces sept dimensions baignent dans
une huitième, qui les englobe et les unit
tous, l’Un.e ». Ce Traité pratique
pour se reconnecter à sa vraie nature est émaillé de témoignages
personnels et propose des exercices pratiques (méditation, massages,
yoga des émotions, voyages chamaniques…) pour aller à la rencontre
de tous les aspects de nous-même.
« S’unir au vivant, Traité pour se reconnecter à sa vraie nature »,
de Thierry Thouvenot. Flammarion. 320 p. 18 €.
Descléspourretrouversavraienature
T En Bretagne, le soleil ne se mon-
tre que 71 à 90 heures en novembre,
selon Météo-France. Même
en dehorsdetoutepériodedeconta-
gion, ce manque de lumière suffit,
à lui seul, à provoquer des dépres-
sions saisonnières chez les person-
nes qui y sont sensibles. La
production de sérotonine, messager
chimiquedel’humeur,diminuedans
le cerveau et enclenche le méca-
nisme de la dépression : tristesse
permanente, surtout le matin ; trou-
bles de l’humeur ; fatigue intense et
inexplicable ; variation de poids,
idées noires qui vont au-delà du
vagueà l’âme.
Deuxsymptômesrévélateurs
Deux symptômes sont très révéla-
teurs : des accès de boulimie, avec
forte attirance pour le sucre, qui pro-
voquent souvent une prise de poids ;
unehypersomnie(irrépressibleenvie
de dormir) entraînant de longues
nuitsdesommeilquiserévèlentsans
effetsurlasensationdefatigue.
Lessignesdeladépressionsaisonnière
prochainrendez-vousle28novembre T
Lapornographieetlesadolescents
Samedi 14 novembre 2020 Le Télégramme | 29
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