2. Qu’est-ce qu’un Génocide?
n Le crime génocidaire est défini par une
loi internationale dans la Convention
sur la Prévention et la Répression du
Génocide, adoptée par les Nations Unies
en 1948.
n "Article II : Dans la présente Convention,
le génocide signifie tous les actes suivants
commis avec l’intention de détruire, tout
ou partie, d’un groupe national, ethnique,
racial ou religieux, tel que :
3. (a) Tuer les membres d’un groupe ;
(b) Causer de graves dommages mentaux ou
corporels aux membres d’un groupe ;
(c) Infliger délibérement des conditions de vie
à un groupe avec l’intention de contribuer
à sa destruction physique en tout ou
partie ;
(d) Imposer des mesures avec l’intention
d’empêcher les naissances dans un
groupe ;
(e) Transférer par la force les enfants d’un
groupe à un autre groupe.
4. Article III : Les actes suivants sont
punissables :
(a) Génocide ;
(b) Complot pour commettre un
génocide ;
(c) Incitation directe et publique à
commettre un génocide ;
(d) Tentative de commettre un
génocide ;
(e) Complicité dans un génocide.
5. • Raphael Lemkin, père de la Convention
sur le Génocide, aurait également voulu
protéger les groupes culturels, sociaux,
politiques et économiques.
• L’Union Soviétique, ses satellites et
certains pays de l’Amérique Latine ont
éliminé ces groupes de la protection par
la Convention.
• Persécuter ou tuer ces autres groupes
restent des crimes contre l’humanité.
6. n Le génocide réussit lorsque la
souveraineté de l’état bloque la
responsabilité internationale à protéger
les citoyens des états génocidaires.
n Les Nations Unies représentent des
états, pas des peuples, et sont
généralement paralysées par le veto des
5 pays membres permanents.
n Depuis la fondation des Nations Unies :
n Plus de 55 génocides et politicides
n Plus de 70 millions de morts.
7. La prévention requiert :
1. Un système
d’alerte rapide
2. Une
réponse
rapide
3. Des tribunaux de mise
en responsabilité
8. Le Génocide continue à cause de :
• Manque d’institutions internationales faisant
autorité pour le prédire
• Manque de forces de réaction rapides pour
l’arrêter
Casque bleu de la MINUAR au Rwanda, Avril 1994
9. Le Génocide continue à cause de :
• Manque de volonté politique à le prévenir
pacifiquement et à intervenir par la force pour
le stopper
Le Conseil de Sécurité des Nations Unies
vote le retrait des troupes MINUAR du
Rwanda, Avril 1994
10. Résultat : le génocide ne s’arrête pas.
Mémorial pour les 800 000 Rwandais assassinés
entre Avril et Juillet 1994
11. Les 10 Étapes du Génocide
n Comprendre le processus génocidaire est l’une des
étapes les plus importantes pour prévenir les futurs
génocides.
n Les Huit Étapes du Génocide furent en premier décrites
par le Dr. Greg Stanton, Département d’État : 1996. En
2012, Stanton ajouta deux étapes pour affiner le modèle.
n Les sept premières étapes sont des Signes Précurseurs :
n Classification
n Symbolisation
n Discrimination
n Déshumanisation
n Organisation
n Polarisation
n Préparation
12. Étape 1 : Classification
n « Nous contre eux »
n Distinguer par nationalité, ethnie, race ou religion
(Convention sur le Génocide) ou par classe (Marx)
ou par politique.
n Les sociétés bipolaires (Rwanda) sont plus
susceptibles de connaître un génocide parce qu’il
n’y aucune chance que les classifications
disparaissent par le mariage entre elles.
n Le Classification est la méthode principale de
division de la société et de création d’une lutte pour
le pouvoir entre les groupes.
13. Étape 1 : Classification (Rwanda)
Les colons belges croyaient que les Tutsis avaient une noblesse
supérieure naturelle, car descendant de la tribu israélite de Ham.
Les belges distinguaient les Hutus et les Tutsis par
la taille du nez, la hauteur et la taille des yeux. Un
autre indicateur distinguant les fermiers Hutu des
éleveurs était le nombre de bovins détenus.
14. Prévention :
Dépasser la Classification
n Promouvoir les identités communes
(nationale, religieuse, humaine).
n Utiliser des langues communes (Swahili
en Tanzanie, la science, la musique, le
sport).
n S’opposer activement aux politiciens et
partis racistes qui sèment la discorde.
15. Étape 2 : Symbolisation
q Noms : Allemand vs Juif ; Hutu vs Tutsi vs Twa.
q Langues : Turc vs Arménien; Ourdou vs Bengali.
q Vêtements : Arabe vs Kurde, Allemand vs Héréro.
q Uniformes collectifs auto-adoptés : brassards avec la croix
gammée
q Couleurs et symboles religieux :
• Étoile jaune pour les Juifs
• Écharpe à carreaux bleus dans la zone Est du Cambodge
16. Symbolisation (Cambodge)
n Les gens de la Zone
Est, près du Vietnam,
furent accusés d’avoir
des « corps Khmer
avec des têtes
Vietnamiennes ».
n Ils furent déportés
dans d’autres régions
pour se tuer au travail.
n Ils furent marqués
avec des écharpes à
carreaux bleus et
blancs (Kroma)
17. Étape 2 : Symbolisation (Rwanda)
L’Ethnie était inscrite sur les cartes d’identité par les Autorités Belges en 1933.
Les Tutsis accédèrent plus facilement aux programmes éducatifs et au sacerdoce.
Indépendance de 1959 : les préférences sont inversées et les Hutus favorisés.
Cartes d’identité utilisées pour distinguer les Tutsis des Hutus
lors du génocide de 1994 :
18. Symbolisation (Allemagne nazie)
Les Nazis exigent le port de l’emblème de l’Étoile
Jaune de David par presque tous les juifs de
l’Europe occupée par les Nazis en 1941.
La Bulgarie et le Danemark résistent.
19. Prévention : Symbolisation
n Obtenir la suppression des identités
ethniques, religieuses, raciales et nationales
des cartes d’identité et passeports.
n Protester contre l’imposition de symboles et
de marquages sur des groupes ciblés (tissu
jaune pour les Hindous dans l’Afghanistan
des Talibans).
n Protester contre l’emploi de mots négatifs ou
racistes pour des groupes (nègres, caffres,
etc.) pour les rendre culturellement
inacceptable.
20. Étape 3 : Discrimination
n Ségrégation ; Apartheid : groupes séparés dans
les logements, les écoles, les transports et les
restaurants.
n Interdiction de vote pour les membres du
groupe victime.
n Interdire les professions au groupe. [Les Nazis
ont licenciés les professeurs Juifs & les
fonctionnaires en 1933].
n Exiger des « passes » pour voyager. Chasser et
arrêter les « étrangers sans papiers ».
21. Étape 3 : Discrimination
Boycotter les entreprises des victimes
Les Nazis interdisent l’entrée aux entreprises Juives.
22. Prévention de la Discrimination
n Ôter toute catégorie discriminatoire des cartes
d’identité.
n Proscrire la discrimination basée sur la race, la
religion, l’ethnie, la nationalité, le genre ; la
classe ; le parti. [Loi sur les droits civils de 1964]
n Passer des lois protégeant le droit de vote
universel. [19ème Amendement (femmes) ; Loi de
citoyenneté indienne en 1924 ; Loi sur le droit de
vote en 1966]
n Rendre les lois anti-discriminatoires exécutoires
dans les tribunaux indépendants contre des
parties privées.
23. Étape 4 : Déshumanisation
n Un groupe renie l’humanité de l’autre groupe, et
assimile le groupe victime à des sous-humains.
n La déshumanisation surmonte la révulsion humaine
normale contre le meurtre.
.Kangura Newspaper, Rwanda:
« La Solution contre les Cafards
Tutsi. »
Le journal nazi Der Stürmer :
« Le sang coule ; le Juif sourit. »
24. Étape 4 : Déshumanisation
n Mettre l’organisation
des attaques sur le
dos de “traîtres” bien
ciblés.
L’incendie du
Reichstag fut
reproché aux
Communistes Juifs en
1933.
n Attaquer les centres
culturels des groupes
ciblés.
Kristalnacht en 1938:
des synagogues
furent brûlées.
25. Tactiques de Déshumanisation
n Propager la Haine par les discours, publications et
la radio.
n Le groupe victime est décrit comme des animaux,
de la vermine, et des maladies. Radio de la haine
pendant le Génocide Rwandais en 1994 : « Tuez
les cancrelats. » « Si cette maladie n’est pas
traitée immédiatement, elle détruira tous les
Hutu. »
n Supériorité de « nous » ; infériorité de
« l’autre ».
n Les euphémismes masquent l’horreur :
« nettoyage ethnique » ou « purification ».
26. Prévention de la Déshumanisation
n Protester vigoureusement contre l’emploi de
mots déshumanisants qualifiant les gens de
“souillure”, “vermine”, animaux ou maladies.
Refuser que les gens utilisent de tels mots
sur les visas et gèlent leurs avoirs et
contributions à l’étranger.
Condamner les crimes de haine et
les incitations au génocide.
n Brouiller ou fermer les stations de
radio et les chaînes de télévision
de la haine où il y a danger de
génocide.
27. Prévention : Humanisation
Promouvoir une prévention positive en
humanisant les « autres » :
n Fournir des programmes en faveur de la
tolérance à la radio, TV et dans les journaux.
n Demander aux leaders religieux et politiques
de parler et d’éduquer sur la tolérance.
n Organiser des groupes inter-raciaux, inter-
religieux et inter-ethnies pour lutter contre la
haine.
n Bâtir des alliances locales anti-génocides.
28. Étape 5 : Organisation
n Le Génocide est le crime d’un groupe, donc il est organisé.
n L’État généralement organise, arme et soutient financièrement
les groupes qui mènent les massacres génocidaires.
(L’organisation de l’État n’est pas une obligation légale – la
Partition des Indes).
n Des plans sont faits par les élites pour une “solution finale”.
29. Étape 5 : Organisation (Rwanda)
n Les élites du « Pouvoir
Hutu » ont armé des
milices de jeunes
nommées Interahamwe
(“Ceux qui travaillent
ensemble”).
n Le gouvernement et les
hommes d’affaire du
Pouvoir Hutu ont fourni
aux milices 500 000
machettes et entraîné
des camps pour
“protéger leurs villages”
en exterminant tous les
Tutsi.
30. Prévention : Organisation
n Traiter les groupes génocidaires pour ce
qu’ils sont, des groupes du crime organisé.
Rendre illégale l’adhésion à ce type de
groupe et demander à ce que leurs leaders
soient arrêtés.
n Refuser les visas aux leaders de groupes
de haine et geler leurs avoirs à l’étranger.
n Imposer des embargos sur les armes aux
groupes de haine et aux gouvernements
soutenant la haine religieuse et ethnique.
Créer des commissions pour infliger de tels
embargos sur les armes et arrêter les
marchands d’armes.
31. Étape 6 : Polarisation
n Les extrémistes séparent les groupes.
n Les groupes de haine diffusent et publient une propagande
polarisante.
n Des lois sont passées pour interdire l’inter-marriage ou des
interactions sociales.
n Les modérés sont mis au silence, intimidés et assassinés.
• Des manifestations
publiques furent
organisées contre les
commerçants Juifs.
• Les dissidents allemands
modérés ont été les
premiers à être arrêtés et
envoyés dans des camps
de concentration.
32. Prévention : Dé-polarisation
n Contester vigoureusement les lois ou politiques qui
séparent ou marginalisent les groupes, ou qui
privent des groupes entiers de leurs droits de
citoyenneté. [Lois nazies de Nuremberg ;
“bantoustans” lors de l’Apartheid ; “Ivoirisation”]
n Protéger physiquement les leaders modérés, en
utilisant des gardes armés et des véhicules blindés.
[Burundi]
n Demander la libération des leaders modérés s’ils ont
été arrêtés. Demander et mener des enquêtes s’ils
ont été assassinés. [Amnesty International]
n S’opposer aux coups d’état par des extrémistes.
33. Étape 7 : Préparation :
Planification (Complot)
Villa de la conférence de Wannsee à Berlin où les
leaders nazis, Heydrich & Eichmann ont préparé et
planifié « la Solution Finale de la Question Juive »,
le 20 Janvier 1942
34. Étape 7: Préparation
Identification (Allemagne nazie)
Forcer les membres des groupes de
victimes à porter des symboles
permettant de les identifier.
35. Étape 7 : Préparation
n Les Nazis ont exigé
le port de l’emblème
de l’Étoile jaune de
David par la plupart
des Juifs au sein de
l’Europe occupée
par les Nazis en
1941.
n La Bulgarie et le
Danemark ont
résisté.
36. Étape 7 : Préparation
Puissance militaire
n Bâtir une
machine
militaire, former
des milices,
stocker des
armes et les
distribuer à des
tueurs.
37. Prévention : Préparation
n S’il y a des preuves de livraisons d’armes, de
formation des milices et de planification des
massacres, une Alerte Génocide™ doit être
lancée.
n Le Conseil de Sécurité des Nations Unies doit
avertir qu’il n’agira uniquement que s’il a
réellement l’intention de prendre des actions
énergiques.
n Les leaders mondiaux doivent avertir les auteurs
potentiels qu’ils seront jugés pour leurs crimes.
n Des secours humanitaires doivent être préparés.
n Des forces régionales d’intervention mlitaire
doivent être organisées, en incluant la logistique
et le financement.
38. Étape 8 : Persécution
n Séparer les
victimes en
raison de leur
identité ethnique
ou religieuse.
n Exproprier les
groupes de
victime.
39. Étape 8 : Persécution
n Déplacement forcé
des victimes.
n 1939-1942
Pologne : les
parquer dans des
ghettos ; 1915
Déserts
d’Arménie ; 2003
Darfour
40. Étape 9 : Extermination
(Génocide, Politicide, Meurtres de masse)
n L’extermination
commence, puis
devient le massacre
de masse
juridiquement nommé
“génocide” ou
“politicide”.
n La plupart des
génocides sont
commis par les
gouvernements.
Einsatzgrupen : Escadrons de la mort nazis
41. Extermination (Génocide)
n Bien que la plupart des
génocides soient
sponsorisés et financés
par l’État, les forces
armées travaillent
souvent avec des milices
locales.
Escadrons de la mort Rwandais
Escadron de la mort nazi
travaillant avec une milice locale
42. Extermination (Génocide)
Des Roms (Tsiganes)
dans un camp de la
mort nazi
• La meurtre
équivaut à une
“extermination” pour
les meurtriers parce
qu’ils ne croient pas
que les victimes
soient entièrement
humaines. Ils
“nettoient” la société
de ses impuretés,
maladies, animaux,
vermine, “cafards”
ou ennemis.
46. Étape 9 : Extermination:
Massacre industriel
n Construire des
camps
d’extermination –
Auschwitz-Birkenau.
n Les appeler des
« camps de travail ».
n Transporter les
victimes dans ces
camps, les tuer et
les incinérer.
49. Extermination :
Comment stopper le Génocide
n L’intervention par une armée régionale doit
être organisée pour chasser les génocidaires
du pouvoir.
n Le Conseil de Sécurité des Nations Unies
doit autoriser l’intervention armée de forces
militaires régionales selon le Chapitre VII de
la Charte des Nations Unies.
n Si le Conseil de Sécurité des Nations Unies
est paralysé, l’Assemblée Générale des
Nations Unies ou les forces régionales
peuvent autoriser l’intervention. Résolution
377 de l’UNGA (1950)
50. Intervention pour stopper le Génocide
n Le mandat doit inclure la protection des
civils et travailleurs humanitaires ainsi
qu’une Zone d’Exclusion Aérienne.
n Les Règles d’Engagement doivent
inclure le fait de protéger tous les civils,
pas seulement la légitime défense.
n Les grandes puissances militaires
doivent fournir le leadership, la
logistique, le transport aérien, les
communications et le financement.
51. Étape 10 : Déni
n Le déni apparaît pendant et après le
génocide.
n Un déni persistant triple la probabilité d’un
futur génocide.
n Le déni étend le crime de génocide aux
futures générations de victimes. C’est la
poursuite de l’intention de détruire le
groupe.
n La tactique du déni est prévisible.
52. Étape 10 : Tactique du Déni
n Attaquer les diseurs de vérité. Ils ont commis des crimes.
n Refuser ou minimiser les preuves ou les chiffres.
n Refuser l’intention génocidaire. Rejeter la faute sur des
forces naturelles.
n Blâmer la guerre civile ou internationale.
n Blâmer les victimes, une minorité déloyale.
n Refuser les faits qui valident la définition juridique de
génocide.
n L’affirmation de génocide pourrait nuire au “processus
de paix”
n L’affirmation de génocide pourrait nuire aux intérêts
actuels.
53. Prévention du Déni
n Arrêter et juger les auteurs de génocide dans des
tribunaux internationaux, nationaux ou mixtes.
n Créer des commissions de vérité pour
documenter des faits sur le génocide et les
publier.
n Animer des forums publics de vérité et de
réconciliation pour que les voisins se confessent
et demandent pardon.
n Incorporer le fait de parler du génocide dans le
programme de l’enseignement secondaire.
n Produire des films et des émissions de radio pour
le public.
54. La prévention nécessite une
Volonté Politique
n Nous avons besoin d’un mouvement de masse
international pour mettre fin au génocide.
n Organiser des groupes sur les droits humains et
sur la société civile.
n Mobiliser des leaders religieux dans les églises,
mosquées, synagogues et temples.
n Mettre un cours sur le génocide dans le
programme d’enseignement secondaire et
àl’université.
n Responsabiliser les leaders politiques. S’ils
échouent à agir pour stopper le génocide,
demander à ce qu’ils soient démis de leurs
fonctions.