1. BioSerenity : face au covid-19, les enjeux
d’un masque «filtrant et décontaminant»
La société Bioserenity commercialise depuis le 16 février unmasque à quatre couches dontune rendue
bactéricide et virucide. Sa distribution devrait rapidement monter en puissance.
C
, est le fruit d’un travail et
d’une collaboration en-
trepris depuis plusieurs
mois à un rythme forcé. Aux
du CNRS, de l’Inserm, de l’Univer-
sité et du CHU de Lille, la jeune
entreprise BioSerenity a mis au
point un masque virucide et bac-
téricide. Depuis plusieurs années,
la recherche s’était penchée sur ce
type de masque à la fois filtrant
et décontaminant pour combattre
les grippes de type A. «La mise
au point a débuté au moment du
virus H1N1. L'Asie a vécu diverses
pandémies. Tous les quatre, cinq,
six ans, il y a un nouveau virus qui
commence à contaminer et qu'il
faut réussir à bloquer. La technolo-
gie qui a été développée est l’oeuvre
initiale de l'Université de Lille. Cela
représente dix ou quinze ans de
travaux démarrés par les scienti-
fiques puis abandonnés par les in-
dustriels. Nous avons pris la suite»
raconte Marc Frouin, le directeur
général de BioSerenity. Présenté la
semaine passée, ce masque bap-
tisé Cidaltex® offre de nouvelles
perspectives dans la lutte contre la
pandémie, quelques semaines après
que la société Proneem, en parte-
nariat avec le laboratoire toulousain
VibioSphen, a dévoilé un traitement
textile, à base de spray, fatal pour le
virus. De son côté, sur quelle inno-
vation le masque mis au point par
BioSerenity se base-t-il?
Protection dans les deux sens
«Il intègre dans ses quatre couches
une couche filtrante rendue bacté-
ricide et virucide par un "principe
physique et un principe chimique
de blocage" avec l'utilisation de
deux molécules, la cyclodextrine et
l'ammoniac quaternaire» explique
Gaétan Gerber, du pôle R&D de
BioSerenity. Les études menées
ont montré une réduction du virus
de 99,9 % en moins de cinq mi-
nutes, et de 99,96 % en moins de
deux heures, selon le professeur
de la faculté de Pharmacie de Lille
et chercheur à l'Inserm, Nicolas
Blanchemain. L’énorme avantage
du masque Cidaltex® est selon ses
concepteurs de protéger contre le
virus dans les deux sens. La per-
sonne qui le porte ne peut pas
contaminer son voisin, tandis que
les gouttelettes émises par ce
même voisin sont bloquées dans le
masque où le virus y est donc tué.
BioSerenity, spécialisée dans les
fournitures médicalisées et connec-
tées, a démarré la commercialisa-
tion de son masque le 16 février,
dans sa version FFP2, puis cette
semaine dans sa version chirur-
gicale. «Ce dispositif fonctionne-
ra sur les variants» assure Marc
Frouin. Fabriqués en France dans
l’usine troyenne de BioSerenity,
ces masques sont vendus plus cher
qu’un masque classique puisqu’il
faut compter 0,40 euros pour la
version chirurgicale et 1,40 euros
pour la version FFP2. Pour l’instant,
la distribution de Cidaltex® com-
mence à peine et va s’adresser en
priorité aux soignants, mais dans
les semaines à venir ce sera sans
doute un atout indéniable dans la
lutte contre le covid-19.
Nicolas Coulaud
Tous droits de reproduction réservés
PAYS :France
PAGE(S) :3
SURFACE :27 %
PERIODICITE :Hebdomadaire
JOURNALISTE :Nicolas Coulaud
26 février 2021 - N°3491