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LE MAGAZINE DE L’INFORMATION MUNICIPALE / hors-série sepT. 2017
retour
sur un an
de fabrique
urbaine
RENNES 2030
FranckHamon
retour sur un an
de fabrique urbaine
RENNES 2030
Directeur de la publication : Sébastien Sémeril •
Directeur général de la communication et de l’information Rennes Métropole - Ville de Rennes : Laurent Riera •
Coordination éditoriale : Xavier Debontride • Rédaction : Christine Barbedet, Amélie Cano et Xavier Debontride •
Secrétariat de rédaction : Nicolas Roger • Direction artistique : Laure Bombail • Photographie de couverture : Franck Hamon •
Impression : Imaye Graphic • Dépôt légal : ISBN – 978-2-906087-78-1
SOmmaire
introduction
1
3
Rennes 2030 : quand les
habitants imaginent leur ville
Nathalie Appéré : « Les Rennais
nous ont dit l’amour de leur ville »
Rennes verte et bleue,
une seconde nature
L'Ille, la Vilaine : l’Histoire
au fil de l’eau
Une diagonale de verdure
à redécouvrir
Au nord-est, les coteaux
de Beaulieu en large
et en traverse
Au nord-ouest : infiltration vertes
et irrigations bocagères
Au sud : les pièces vertes d’un
puzzle nature à reconstituer
Urbanisme et paysage :
« Il faut multiplier les points
de vue sur la ville »
« Faire revivre l’eau dans la ville »
Vivre la ville au cœur
des quartiers
La longue histoire
des quartiers rennais
Les attentes d'une ville à la fois
dense et aérée
De la vie en bas de chez soi
Inspirations nouvelles
et quartiers populaires
Se déplacer partout, vite et bien
Claire Schorter, architecte :
« La ZAC Plaisance est une pépite »
Le centre-ville,
un cœur battant
et habité
2 000 ans d’histoire urbaine
Le cœur rayonnant
de la métropole
Un patrimoine vivant et habité
Des déplacements facilités
Flâner de place en place
À bicyclette ?... Ou en voiture ?
Le 1er
centre commercial
de Bretagne
Paroles d’habitants
Nathalie de Vries, architecte et
urbaniste : « Rennes a des accents
hollandais ! »
Le patrimoine,
un trésor commun
à partager
Quand le patrimoine fait mémoire
et débat dans la ville
Les vieilles pierres deviennent
tendance
Les traces des fermes dans la ville
Les friches industrielles
reprennent vie
Quelles seront les pépites
architecturales de demain ?
les lieux d’études
et de travail, espaces
à réinventer
Conserver l'emploi au cœur
de la ville
Auto, boulot, dodo : comment
se passer de sa voiture
au quotidien ?
Ouvrir les campus sur la ville
Préparer l’avenir en misant
sur l’innovation
De l’audace toujours de l'audace !
Retour sur la concertation 
Les mots de l'urbain
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Le regard de la maire de Rennes
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JulienMignot
JulienMignot
CarolineAblain
4
Qui fabrique la ville ? À cette question,
nombreux sont ceux qui répondront
pêle-mêle et dans le désordre : les
élus, les promoteurs, les urbanistes,
les architectes, les aménageurs…
Plus rarement, sans doute, seront
cités les habitants eux-mêmes. Et
pourtant. Les questions urbaines, à
Rennes comme ailleurs, concernent
en premier lieu celles et ceux qui
vivent la ville au quotidien. Ont-ils,
pour autant, leur mot à dire à l’heure
des grandes orientations et des choix
stratégiques qui dessinent les projets
pour plusieurs décennies ? Beaucoup
en doutent, critiquant les décisions
prises, au nom du « c’était mieux
avant », ou du « pas de ça chez moi ».
Car faire la ville, c’est aussi la défaire,
la reconstruire sur elle-même, comme
disent aujourd’hui les spécialistes.
Les raisons en sont connues : il
faut accueillir une population en
croissance – comme c’est le cas à
Rennes –, tout en luttant contre la
tendance naturelle à l’étalement
urbain, qui grignote de manière
irréversible les terres agricoles et les
espaces naturels. Alors, évidemment,
cette urbanisation rime parfois avec
démolition, densité et hauteur et ces
évolutions peuvent susciter rejet ou
incompréhension.
Fil rouge et cafés citoyens
Parfois pourtant, des initiatives
sont lancées pour permettre aux
habitants de comprendre les projets
urbains, de s’y associer et de s’y
projeter. Mieux, même : de partager
leurs rêves et leurs envies. C’est ce qui
s’est produit à Rennes au printemps
2016. Pendant plusieurs mois, les
rendez-vous thématiques, les balades
urbaines et les cafés citoyens se sont
multipliés dans la capitale bretonne.
Un fil rouge a même été tracé dans les
rues, dessinant quatorze itinéraires
propices à la découverte et au
débat ! Tout cela pour permettre aux
habitants de se projeter à l’horizon
2030. C’est-à-dire dans quinze ans à
peine, une perspective à la fois proche
et lointaine. Mais, qui, à l’aune des
grands chantiers d’aménagement,
correspond assez bien au temps de
l’urbanisme.
Priorités du projet urbain
Ce hors-série des Rennais consacré
au projet urbain Rennes 2030 a pour
objectif de partager largement les
enseignements de cette concertation.
Cette opération a-t-elle atteint
ses objectifs ? Par l’ampleur du
dispositif mis en place et la qualité
des contributions recueillies, elle a
en tout cas permis de faire émerger
et partager les grandes priorités du
prochain Plan local de l’urbanisme,
en cours de définition. Ce document
administratif obligatoire, qui sera
adopté formellement en 2018, est
encore largement méconnu des
habitants, alors même qu’il régit
les règles de construction, les
autorisations et les interdictions en
vigueur sur le territoire communal.
La concertation menée en 2016 a
permis d’identifier plusieurs sujets
prioritaires. Sans conteste, la place
de l’eau et de la nature en ville est
apparue comme la préoccupation
principale des Rennais. La ville est
traditionnellement perçue comme
étant très minérale, entretenant une
relation complexe et tourmentée avec
son fleuve, la mal nommée Vilaine !
Ces critiques se sont exprimées de
manière directe et souvent vive
lors des réunions publiques. Elles
Rennes 2030 : quand les habitants
imaginent leur ville
FranckHamon
Balade urbaine guidée par le groupe mémoire Baud-Chardonnet et les Archives de Rennes
pour découvrir le passé de ce territoire en pleine transformation.
5
devraient être entendues et ce
n’est certainement pas un hasard
si la plupart des futurs projets
d’aménagement urbain en cours
d’élaboration se situent à proximité
immédiate de l’eau et des grands
espaces naturels de la ville.
Affirmer une identité
Car c’est sans doute le principal
enseignement de cet exercice de
démocratie participative centrée
sur les questions urbaines : afin
d’affirmer son identité et lutter contre
un urbanisme interchangeable et
standardisé, Rennes doit redécouvrir
sa singularité et son identité. Ce qui
passe avant tout par la géographie.
Les confluences, les coteaux et les
lignes de crêtes dessinent un paysage
naturel avec lequel il faut composer
pour imaginer la ville demain. Ce
travail attentif est au cœur de la
réflexion menée par des architectes
et urbanistes qui expliquent ici leur
démarche. Dès lors, se donne à voir
une autre lecture de la ville, plus
sensible, centrée sur les usages, les
déplacements, les services et l’altérité.
L’identité du centre-ville historique
mérite d’être préservée et renforcée,
tout comme celle des quartiers
rennais, qui défendent chacun leurs
spécificités, leurs ambiances et leurs
modes de vie afin que chacun puisse y
vivre et s’y épanouir.
Le patrimoine en débat
La question sensible du patrimoine
a fait, elle aussi, l’objet de nombreux
débats. Qu’est-ce qui fait aujourd’hui
patrimoine ? Que faut-il préserver
au nom des générations futures ?
Comment reconstruire la ville sans
faire table rase du passé ? Autant
d’interrogations auxquelles les
habitants eux-mêmes apportent
des éléments de réponses, parfois
contradictoires, mais toujours
passionnés.
Enfin, une ville ne se résume pas
à la beauté de ses vieilles pierres
ou au charme de ses colombages,
fussent-ils inscrits aux Monuments
historiques ! Rennes puise son énergie
dans le dynamisme de ses activités
économiques, commerçantes,
universitaires. Lieu d’études et
de travail, la ville doit sans cesse
concilier de multiples usages, parfois
antagonistes, mais qui, ensemble,
contribuent à son attractivité. De
nombreuses attentes et propositions
ont également été formulées pour
qu’urbanisation rime avec innovation.
Se situer dans la ville
On le voit à travers cette évocation
rapide, « faire la ville » s’apparente à
un chantier complexe et passionnant.
Les pages qui suivent reviennent en
détail sur les enseignements de la
concertation, sans éluder les critiques
et les attentes. D’autres temps forts
seront proposés aux Rennaises et
aux Rennais lors des prochaines
phases de l’élaboration du PLU.
En septembre 2017, de nouvelles
balades, expositions et découvertes
permettront d’approfondir certains
points et de mettre en lumière
de nouveaux projets. À noter que
la cartographie tient une place
importante au sein de ce dispositif :
savoir se situer dans la ville, apprécier
sa topographie, ses reliefs et ses points
de vue, permet mieux qu’un long
discours de saisir d’emblée la portée
d’un projet, son inscription dans le
tissu urbain et sa capacité à dialoguer
avec son environnement immédiat.
Ce hors-série des Rennais est aussi
conçu comme un guide, pour
arpenter la ville et la découvrir sous
de nouvelles perspectives. Comme
une invitation à quitter les sentiers
battus et les quartiers familiers afin
d’apprécier d’autres facettes d’une
ville moins lisse qu’il n’y paraît. Bonne
lecture et bonne découverte.
Xavier Debontride
Pour qu’urbanisation rime avec innovation
JulienMignot
Après des années de concertation avec les habitants, le square Antoine-Jagu a été inauguré. Tout
en matériaux écologiques, il ouvre une nouvelle ère pour les lieux de convivialité dans les quartiers.
6
La maire de Rennes, Nathalie
Appéré, tire ici les leçons
de Rennes 2030, souligne les
attentes des Rennais et exprime
sa vision du projet urbain.
Entre audace architecturale
et cohésion sociale.
Vous insistez souvent sur la
dimension sociale du projet urbain.
Faire la ville, c’est avant tout
politique ?
Évidemment ! Pour moi, le projet
urbain est fondamentalement
politique. J’ai toujours perçu un
projet urbain comme allant au-delà
des routes, des ponts, des bâtiments
et des infrastructures, aussi beaux,
ambitieux et pertinents soient-ils.
Il s’agit de répondre à la question :
quelle ville voulons-nous ? La
réponse que je porte s’appuie sur les
principes d’égalité, de justice sociale,
de bienveillance, d’inclusion. C’est
aussi ce que j’ai entendu lors de la
concertation. L’attachement à la
cohésion sociale, au vivre-ensemble,
aux lieux de partages que peuvent
être les espaces publics, la question
de la transition énergétique, de
la place de la nature, de la ville
apaisée… sont fondamentalement
des questions politiques et sociales.
Il y a des risques de faire une ville
à plusieurs vitesses ?
Rennes est engagée dans une phase
exceptionnelle de développement,
qui s’appuie notamment sur de
grands projets d’infrastructure :
2e
 ligne de métro, nouvelle gare,
Couvent des Jacobins, quartier
EuroRennes, nouvel hôpital, etc.
Nathalie Appéré, maire de Rennes
« Les Rennais nous ont dit
l’amour de leur ville »
Il est de notre responsabilité que ce
développement bénéficie à chacun,
à la fois en affirmant les solidarités
et en permettant l’épanouissement
individuel. Je situe les enjeux à deux
niveaux : celui d’un collectif solidaire
qui garantit la justice et l’égalité,
et celui d’une ville qui permet les
libertés. Je reviens toujours au
triptyque républicain : « liberté,
égalité, fraternité ». Y compris dans
la manière de penser la ville. Nous
ne sommes pas ici dans l’injonction
politique désincarnée, mais dans un
projet pour lequel on nous invite à
aller encore plus loin.
Quelle place occupe la rénovation des
quartiers populaires dans ce projet ?
Une place essentielle, absolument
centrale : je fais le constat lucide
des précarisations et des difficultés
qu’on rencontre à Maurepas, à
Villejean, au Blosne. Nous avons
engagé dans ces quartiers des
dynamiques fortes, à commencer par
leur désenclavement par le métro.
L’ambition de cohésion sociale dont
je vous parlais à l’instant se double ici
d’une volonté de cohésion territoriale.
En dix ans, 500 millions d’euros, c’est
considérable, seront investis dans la
rénovation des quartiers prioritaires
du Blosne, des Gayeulles et du Gros-
Chêne. On commence déjà à en voir
les effets très concrets.
Les Rennais ont parfois été sévères
lors de la concertation, évoquant une
ville « trop minérale, sans audace, qui
voit tout en rikiki ». Comment avez-
vous reçu ces critiques ?
Je considère déjà que toute
contribution des Rennais à la
construction de leur ville et toute
volonté d’en conforter l’image sont
Réunion de présentation des futurs équipements du Blosne en présence de Nathalie Appéré,
suivie d'une déambulation dans le quartier.
JulienMignot
7
des éléments positifs. Ces critiques
doivent être écoutées. Ce qui m’a
frappée durant cette concertation,
c’est d’abord la fierté rennaise et
l’envie de participer, qui traduit un
attachement fort à notre ville. C’est
aussi une manière de resituer la place
du politique, en disant aux élus : ce
n’est pas votre ville, c’est la nôtre !
Il y a donc une attente forte ?
Il y a de nouveaux défis à relever,
c’est évident. Les critiques entendues
ne m’ont pas surprise, elles ont
plutôt conforté et renforcé les
orientations et les intuitions du projet
municipal de 2014. Ce que reflète la
concertation, c’est l’amour d’une ville,
l’envie de le porter plus haut. Je n’ai
pas entendu de dénigrement, mais
l’envie de changer de braquet. Nous y
sommes prêts.
Revenons aux orientations du projet
urbain. La première, c’est la place
de l’eau et de la nature en ville. Vous
attendiez-vous à une telle demande ?
Elle ne nous a pas surpris. Lorsqu’on a
lancé le budget participatif, en 2015,
de nombreux projets concernaient
déjà la reconquête de la Vilaine,
les lieux de détente et de loisirs au
bord de l’eau, le réaménagement
des berges… On avait commencé à
l’anticiper sur les projets comme la
Vallée de Vilaine, les étangs d’Apigné,
Baud-Chardonnet et les plages
urbaines, ou certains aménagements
urbains autour du fleuve. Ce besoin
d’eau, on le ressent tous clairement,
même si historiquement, cette ville
s’est construite en tournant le dos
au fleuve. Il est temps à présent de
nouer un nouveau rapport à l’eau,
les habitants en ont clairement et
fortement exprimé l’envie.
Autre sujet fort : la question
du patrimoine, qui ne fait pas
consensus. Que répondez-
vous à ceux qui dénoncent une
« banalisation » de la ville ?
Sur cette question, il y a d’un
côté le ressenti et de l’autre, la
réalité des faits. Je suis souvent
interpellée par des riverains qui,
tout en reconnaissant la nécessité
d’accueillir de nouveaux habitants,
déplorent parfois la destruction
de telle ou telle maison qu’ils ont
toujours connue. La réalité, c’est
que notre centre-ville bénéficie d’un
niveau de protection très élevé, avec
un plan de sauvegarde et de mise
en valeur du patrimoine. Sur ces dix
dernières années, 99 % du patrimoine
considéré comme remarquable ont
été préservés. Cela situe les enjeux,
mais pose également des questions :
chacun a sa propre définition du
patrimoine, en fonction de son
histoire personnelle et de son rapport
à la ville. Ce n’est pas toujours celle
des architectes ou des historiens.
Le patrimoine d’une ville est riche
de toutes les périodes et styles
architecturaux. Mais on ne peut ni le
figer ni le réduire à « l’ancien ». Nous
avons besoin de travailler à créer
cette culture commune autour du
patrimoine.
De quelle manière ?
Nous avons mis en place la
commission locale du patrimoine,
qui s’appuie sur les associations et
notamment les Amis du patrimoine.
Ils apportent une expertise légitime,
que l’on peut confronter à celle des
architectes, urbanistes et historiens,
pour créer cette vision commune
et vivante du patrimoine. Et ainsi
avancer, sans tomber dans l’écueil
de la ville-musée.
«  L’ambition de
cohésion sociale
se double d’une
volonté de cohésion
territoriale. »
Nathalie Appéré, maire de Rennes.
à Cleunay, lors d'une randonnée Traversées et escales qui invitait les habitants à redécouvrir
la Vilaine. Ici, rencontre avec Maxime, du jardin de Mille Pas, vitrine de l'agriculture alternative.
FranckHamon
8
Comment cela va-t-il se traduire
dans le projet urbain ?
J’insiste bien sur les différents
niveaux de protection patrimoniale.
Le programme de sauvegarde
du centre historique prévoit des
engagements de restitution à
l’identique pour permettre de
conserver l’identité des paysages qui
ont traversé les siècles. Pour ce qui
relève davantage du « patrimoine
perçu » – bâtisses traditionnelles,
patrimoine industriel, sans oublier
le patrimoine naturel –, nous
devons fixer des règles. La solution
n’est pas systématiquement la
démolition totale, mais pourquoi
pas l’intégration d’éléments anciens
dans le programme neuf, comme
une façade, un balustre ou une
mosaïque… Il s’agit d’imaginer
des formes architecturales qui
permettent à la fois la réponse à
des besoins, avec audace, tout en
s’inscrivant dans une histoire.
La Ville a donc aussi son mot
à dire face aux propriétaires ?
Elle peut s’opposer à une démolition,
au nom justement de l’intérêt
patrimonial. Je vais vous confier une
anecdote : nous avons reçu il y a
quelques mois à la mairie une lettre
d’une habitante qui s’offusquait de ce
que la ville, au nom de la protection
du patrimoine, se soit opposée à la
destruction de sa maison familiale,
promise à un promoteur. Et cette
dame de nous expliquer que sa
demeure n’avait aucune valeur
patrimoniale, dans l’espoir de
réaliser la vente ! Cela traduit bien la
complexité et la sensibilité du sujet !
À ce propos, la Ville va-t-elle prendre
des initiatives pour développer une
pédagogie des questions urbaines
auprès des habitants ?
Déjà, les choses ont beaucoup
bougé ! Je dis souvent que la
Fabrique citoyenne, c’est l’ADN de
notre mandat municipal : on voit
bien qu’on a changé de dimension
sur la concertation, sur la co-
construction, sur la prise en compte
des expertises d’usages… On ne fait
plus la ville aujourd’hui de la même
manière qu’avant. La concertation
Rennes 2030 s’est appuyée sur
une volonté de démocratie locale
refondée. Elle nous montre à
quel point les Rennais sont aussi
pragmatiques, en même temps
qu’audacieux. Ils ont parfaitement
intégré les enjeux actuels sur le
logement, la ville durable et les
mobilités.
Vous pouvez citer quelques
exemples ?
Ils sont nombreux. Prenez les terrains
militaires de Guines : on part d’une
page blanche, le projet proposé est
extrêmement dense et audacieux,
et on note une forte dynamique au
sein des groupes de travail. De même
pour la place Saint-Germain, sur
un tout autre registre, où les jurys
chargés de choisir les aménagements
intègrent des habitants. Derrière
chaque projet d’espace public, c’est
une dynamique sociale qu’on crée.
Je note également une évolution
dans la culture professionnelle des
services de la Ville : aujourd’hui,
tout le monde est porteur de cette
envie de concertation. Désormais,
les cahiers des charges intègrent des
jardins partagés, des poulaillers, de
la permaculture ! La pédagogie, pour
répondre à votre question, ne se fait
pas seulement dans l’incantation.
Elle s’exprime aussi par la mise en
œuvre de projets, que ce soit dans la
proximité ou à l’échelle du territoire,
je pense aux Prairies Saint-Martin ou
à la Vallée de la Vilaine, par exemple.
Les Rennais réclament davantage
d’audace architecturale dans la
ville, mais hauteur et densité font
débat. Comment répondre à ces
attentes parfois paradoxales ?
J’entends les critiques sur une
uniformisation de l’architecture
contemporaine, avec le fameux
« immeuble R +4 + double attique »
FranckHamon
Des Rennais en direction des Prairies Saint-Martin, lors de la balade urbaine Quand la nature
prend ses quartiers.
9
qu’on retrouve un peu partout. Cette
uniformité est aussi la conséquence
directe de l’application des règles du
Plan local de l’urbanisme précédent,
datant de 2004. Il y a une attente
d’architecture plus audacieuse,
qui caractérise les métropoles
aujourd’hui et qui nourrit la fierté
des habitants. Je partage totalement
cette attente, en prenant garde que
cette qualité architecturale soit dans
tous les quartiers, que le beau puisse
être accessible à tous. On peut faire
de très belles choses dans l’habitat
social : voyez la réhabilitation
et la mise en lumière de la tour
Sarah-Bernhardt, à Bréquigny !
On va également construire un
conservatoire régional de musique
et de danse, qui sera un très beau
bâtiment, en plein cœur du Blosne.
L’architecture de l’Îlot de l’Octroi
sera audacieuse et socialement
engagée, puisqu’on ne distinguera
pas les logements sociaux du
parc privé. Même chose avec les
doubles tours Madeleine du Pont
de Nantes ! On a vraiment envie de
travailler sur cette dimension tout en
insistant, pour chaque projet, sur les
cohérences qu’il nous faut préserver.
Qu’entendez-vous par cohérence ?
Si l’on veut préserver des espaces
verts de qualité reliés aux projets,
il faut admettre une certaine
densité. Et si l’on veut atteindre
une certaine qualité architecturale,
il faut également accepter cette
densité. Dans l’économie générale
d’un projet, si on ne veut pas que
les coûts de sortie au mètre carré
soient prohibitifs, il faut proposer des
formes et des volumes suffisamment
intéressants, pour permettre l’audace
et attirer les meilleurs architectes.
1. Au départ de la balade urbaine n°3 Quand
la nature prend ses quartiers en présence
de Nathalie Appéré, maire de Rennes.
2. Mobilier étonnant Piqueniquetopie par les
artistes PKMN, aux prairies Saint-Martin.
3. Balade urbaine n°3 Quand la nature prend
ses quartiers. Ici, l'allée de Maurepas.
4. Balade urbaine n°13 Au fil des îles de
Rennes guidée par le groupe mémoire
Baud-Chardonnet et les Archives de Rennes.
FranckHamon
«  Il y a une attente
d’architecture plus
audacieuse qui
nourrit la fierté
des habitants. »
Nathalie Appéré, maire de Rennes.
Pour conclure, pensez-vous qu’en
2030, Rennes aura changé de visage ?
Nous sommes clairement à l’aube
d’une nouvelle étape dans le
développement de la ville. Nous
assistons à une mue extraordinaire,
confortée par les infrastructures
qui sortent de terre et enrichie par
les inflexions du projet urbain, qui
font de la qualité de vie une priorité.
Cette convergence nous fait changer
d’ère. Dans les dix ans qui viennent,
je pense que le regard porté sur
Rennes par ses habitants et par ses
visiteurs aura considérablement
changé. Nous entrons dans une
nouvelle décennie rennaise.
Propos recueillis
par Xavier Debontride
ChristopheLeDévéhat
2
31 4
FranckHamon
FranckHamon
10
Rennes verte et bleue,
une seconde nature
Réinvestir le cours des rivières et leurs rives pour vivre la pleine nature de la
ville verte et bleue, retrouver le chemin des vallons et des coteaux, conforter les
corridors écologiques pour une meilleure biodiversité… Pour les Rennais, il s’agit
d’un enjeu environnemental et de qualité de vie qui se prépare dès à présent.
11
JulienMignot
12
Dans un document intitulé Sur
l’hygiène et la mortalité de la ville
de Rennes, le docteur Adolphe
Toulmouche écrivait au milieu du
XIXe
 siècle : « Pendant l’hiver, les
eaux de la Vilaine inondent souvent
les quartiers qui la longent, dont
certaines rues, telles que celles de la
Parcheminerie et de la Boucherie. »
Aux débordements de la Vilaine
qui s’étendent jusqu’au faubourg
Saint-Hélier, s’ajoutent « le sang des
animaux qu’on égorge, les excréments
et les eaux qui ont servi à laver leurs
chairs et leurs intestins ».
Inondations et pollutions
Le médecin mentionne l’activité
d’un grand nombre d’amidonneries
et de tanneries dans le bas quartier
de la ville. Ces eaux polluées et les
matières putrescibles se desservent
allègrement dans de petits canaux
déversoirs, le Brecé et le Jocumé.
Quant à la rivière de l’Ille dont la pente
est inexistante sur les trois quarts de
sa longueur, elle inonde régulièrement
le faubourg de Brest où l’activité des
chiffonniers, de fabriques de colle
forte ou de chapeaux… alimente des
L’Ille, la Vilaine : l’Histoire au fil de l’eau
cloaques infects. De plus, les puits
où s’approvisionne la population
sont régulièrement contaminés par
l’infiltration des fosses d’aisance.
Pollution des eaux, stagnations
viciées, terrains marécageux, auxquels
s’ajoutent les constructions vicieuses,
la surpopulation, la malpropreté…
ces facteurs « rendent la mortalité
considérable », affirme le médecin.
Ce tableau plutôt sordide de la ville
d’antan permet de comprendre
pourquoi les Rennais ont fini par
tourner durablement le dos à leurs
rivières et ont refusé la présence de
l’eau dans la cité.
Aménagements contre nature
C’est dans ce contexte, au milieu
du XIXe
 siècle, que la rectification
du cours principal de la Vilaine,
la construction des quais et
l’endiguement de la Vilaine ont été
réalisés, sans oublier l’assainissement
des zones marécageuses, le
comblement des petits canaux,
comme à l’emplacement de l’actuelle
promenade Georges-Brassens. C’est
aussi à partir de 1881 qu’a débuté
l’aménagement du premier réseau
d’assainissement. Dans ce contexte
aseptisé, les espaces verts sont tirés au
cordeau et domestiqués, à l’image du
parc du Thabor aménagé à partir de
1866 par le paysagiste Denis Bülher.
Au milieu des années 1960, toujours
sous la pression hygiéniste et
moderniste, une vaste opération
de rénovation urbaine est conduite
42 m2
par habitant
d’espaces verts
publics contre 31 m2
dans les grandes
villes de France
46 %
de la superficie de
la ville est verte (en
incluant les secteurs
agro-naturels dont
la Prévalaye)
17 %
du territoire rennais
est constitué par
des espaces verts
publics
1/3
de la ville est située
en zone naturelle
et agricole
86
hectares de
boisements
et 127 000 arbres
sont recensés
dans la ville
La nature à Rennes
Rennes, quai Dugay-Trouin, 1963.
Vue du chantier de couverture de la Vilaine,
avec au premier plan, des ouvriers sur
une plate-forme située sur l’eau.
C’est à la confluence de deux cours d’eau, l’Ille et la Vilaine, que la ville de Rennes s’est construite au cœur
d’une cuvette formée par l’affaissement du bassin armoricain. Cette inscription urbaine a été façonnée par
un réseau hydrographique dense, formé de ruisseaux qui dessinent trois vallées, des vallons et des coteaux.
En cœur de la cité, des méandres souvent marécageux que la main de l’homme n’a eu de cesse de dompter
au fil des siècles. L’insalubrité a longtemps été un fléau à combattre dans la ville.
MuséedeBretagne-SigismondMichalowski
13
faubourg de la rue de Brest et du
quartier de Bourg-L’évêque par
l’architecte Georges Maillols, qui y
développe un urbanisme de dalle. En
cette décennie où la voiture est reine,
la couverture de la Vilaine, en centre-
ville, pour y installer un parking, ne
fait pas débat. Anecdote révélatrice
de cette époque : un étudiant de
l’école d’architecture propose même,
pour son diplôme, d’installer un
musée automobile et un vaste parking
dans les Prairies Saint-Martin, avec
vue sur la future pénétrante de Patton
(abandonnée depuis et valorisée en
coulée verte) ! À la même époque,
les Rennais ont fini par oublier les
ruisseaux qui s’écoulaient dans les
fonds de vallée et formaient de petites
îles. Citons Alphonse-Guérin, Saint-
Hélier, Baud-Chardonnet…
Les habitants se mettent au vert
Aujourd’hui, l’eau a coulé sous les
ponts. L’histoire d’hier a quitté la
mémoire rennaise d’aujourd’hui,
alimentée par une population sans
cesse renouvelée. Les Rennais,
concertés sur les orientations du
projet urbain à l’horizon 2030, sont
désormais critiques quand il s’agit du
patrimoine fluvial de la ville.
Pour 54 % d’entre eux, mettre en
valeur la présence de la Vilaine
et de l’Ille est une nécessité. Ils
attendent des accès facilités par
la création de passerelles ou des
cheminements nouveaux, « des berges
accessibles pour flâner » offrant « des
guinguettes », « des terrasses », des
espaces de jeux pour les enfants et
proposant des événements festifs.
Dans le même temps, ils invitent
à renforcer la présence de l’eau
dans la ville avec l’installation de
« fontaines » ou de jeux d’eau. Les
habitants interrogés considèrent
que c’est « une chance » de bénéficier
d’un tel réseau hydrographique,
soulignant l’effort écologique
à fournir tant pour améliorer la
qualité de l’eau que pour soutenir la
biodiversité. Désormais, les Rennais
ont soif de cette nature qui contribue
à la qualité de leur cadre de vie,
mais aussi à la régulation du climat
et à l’équilibre environnemental. Ils
plébiscitent la diversité des espaces
verts et apprécient de pouvoir y
accéder rapidement en changeant de
paysage. Néanmoins, ils s’interrogent
sur l’aspect minéral du centre-ville,
souhaitant une nature plus présente.
« Il faut faire entrer la nature dans la
ville », affirment certains et laisser
davantage la main aux habitants
pour qu’ils inventent de petits
espaces verts de proximité.
Un maillage à l’échelle de la ville
Aujourd’hui, plus de deux habitants
sur trois disposent d’un espace vert
à moins de cinq minutes de leur
domicile. Et pourtant, ils connaissent
souvent mal leur patrimoine
naturel, caché, oublié, mal identifié,
insuffisamment connecté. L’un des
enjeux du projet urbain Rennes
2030 consiste à affirmer avec une
plus grande visibilité et lisibilité
la ville nature, en s’appuyant sur
la topographie et en assurant des
continuités entre les petits îlots de
verdure de la rue et les lieux plus
fréquentés du quartier pour tisser
un maillage à l’échelle de la ville. Ce
sont autant de pauses nature, de
cheminements pédestres ou cyclistes
à renforcer et à créer qui doivent
permettent de rejoindre les grands
espaces de loisirs et de nature de la
métropole et de relier la ville
à la campagne.
Les pages qui suivent font découvrir
ces espaces et ces lieux. Connus ou
plus confidentiels, ils illustrent dans
leur diversité, l’ambition de mettre la
nature au cœur de Rennes 2030. Afin
que, à cet horizon, la promesse selon
laquelle 90 % des Rennais habiteront
à moins de cinq minutes à pied d’un
espace vert devienne réalité.
Christine Barbedet
Issus de la première
édition du budget
participatif, les jardins
flottants ont séduit
les Rennais. Avant
le déploiement de
ce projet prévu pour
le printemps 2018,
une installation
expérimentale est
arrivée sur les bords
de Vilaine.
DidierGouray
14
Étangs d’Apigné,
sortie dominicale
Le dimanche matin, c’est un rituel,
Frédéric qui habite le centre-ville
rejoint les étangs d’Apigné, en
longeant les berges de la Vilaine,
par les quais Saint-Cyr et d’Auchel.
« C’est ma promenade dominicale
avec mes deux chiens. Je vis en
appartement, cela leur permet de se
dépenser et de nager dans l’étang,
et moi, de prendre un bon bol d’air. »
à la confluence de
l’ille et de la vilaine  :
un jardin in et young
Au cœur de la ville, à l’extrémité
du mail François-Mitterrand, le
pied dans l’eau, le jardin de la
Confluence récemment aménagé,
est devenu le rendez-vous branché
de la jeune génération qui lui dédie
une page Facebook. C’est « un petit
barbecue entre amis », pour Tony,
« les 24 ans » de Mamta et un lieu de
ressourcement pour Zortica : « Je ne
me lasse pas de ce paysage et des
couchers de soleil. »
Parc Saint-Cyr : une
histoire renouvelée
Les anciens Rennais se souviennent
qu’entre les murs de Saint-Cyr
les « filles de mauvaise vie »
étaient enfermées et confiées à
une congrégation de religieuses.
Devenu une structure culturelle, La
Paillette, le domaine Saint-Cyr écrit
une autre histoire. « C’est le parc de
notre maison », explique Mila, qui
arrive de la rue Papu, en longeant
un bras de l’Ille. « Pour les enfants,
c’est intéressant de regarder les
canards ». Elle rejoint son amie Nina :
« L’ambiance ici est très sympa. C’est
un bon mélange entre l’aire de jeux
et les pelouses. Le jardin est à la
bonne échelle. Assises sur les bancs
à l’ombre des arbres, nous pouvons
avoir l’œil sur les enfants. »
Prairies Saint-Martin :
parc naturel
Situé à deux pas du centre-ville,
le futur parc naturel urbain des
Prairies sera aménagé d’ici à 2021.
Ce sera un espace de sensibilisation
et de pédagogie sur la nature en
ville. De plus, 8 ha seront protégés
afin de préserver la tranquillité des
espèces, favorisant la biodiversité
de cette zone humide, fond de vallée
de l’Ille. Tous les jours, Édith, qui
« habite au canal » et signe ainsi un
art de vivre, traverse les Prairies
pour rejoindre sur le plateau, la
rue d’Antrain, par un chemin qui
serpente et aboutit à un petit
escalier. « J’apprécie ce bout de
nature presque sauvage en ville et
j’espère qu’il ne sera pas dénaturé
par les aménagements prévus ! »
Une diagonale de verdure
à redécouvrir
La diagonale verte et bleue est un axe structurant
majeur qui traverse la ville de la vallée de Rennes,
au sud, à la forêt de Rennes, au nord : elle se déploie
le long des cours de la Vilaine et de l’Ille depuis le
cœur de la cité, confluence des deux rivières.
Cette diagonale permet aux promeneurs et aux sportifs,
à pied ou à vélo, de gagner les grands espaces de nature
et de campagne aux portes de la ville. Citons au nord-est
le canal Saint-Martin qui conduit aux prairies du même
nom, où se greffe la « coulée verte » du quartier Patton qui
permet de rejoindre le parc des Gayeulles, voire à terme,
la forêt de Rennes. Le projet urbain Rennes 2030 a
vocation à valoriser et conforter cette diagonale verte
et bleue et d’en révéler les vallées, les vallons et les cours
d’eau oubliés et gommés de la topographie mentale
des Rennais. S'y ajouteront des promenades pédestres
ou cyclistes, qui prendront appui sur les ruisseaux
d’autrefois, irriguant les différents quartiers de la ville,
à partir du maillage existant régénéré. Ancrées dans
la ville, voici quelques-unes des étapes vécues par les
Rennais ou celles à venir. • CB
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DidierGouray
DidierGouray
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Une forêt nourricière
en appui sur le canal
« Grâce au budget participatif 2016,
nous allons pouvoir créer une forêt
nourricière, un peu plus qu’un
verger collectif. Un concept de
permaculture. Nous allons étayer
sept strates de végétation en nous
appuyant en premier lieu sur les
grands arbres qui bordent le canal
pour aller ensuite progressivement
jusqu’au sol avec des variétés
comestibles », explique Yves, un
habitant du jardin partagé et
expérimental du quartier Armorique,
en bordure du canal.
Des barges fleuries
sur la Vilaine
Myriam réside avenue Aristide-
Briand. Elle a eu l’idée de proposer
l’aménagement de grandes barges
fleuries, sur la Vilaine. Son projet a
été retenu dans le cadre du budget
participatif 2015 : « J’ai eu envie de
mettre de la poésie dans la ville et de
faire de la Vilaine un lieu de vie. »
une halte sur les
Terrasses Vertugadin
Thomas habite au sud de la gare.
Aujourd’hui, il a enfourché le vélo
familial avec la petite Coralie assise
à l’avant et Mahé, à l’arrière. « Nous
sommes venus regarder la rivière. »
« Ce parcours, je le prends tous les
jours pour rejoindre Beaulieu, où
je travaille. Je longe la promenade
des Bonnets-Rouges, puis celle de
Marguerite-Yourcenar. Aujourd’hui,
nous avons dû faire tout le tour,
car l’accès avec des enfants sur le
vélo n’est pas possible par l’escalier
des Bonnets-Rouges. Il faudrait
l’aménager. »
La Promenade
Marguerite-Yourcenar
a la pêche !
En bordure de Vilaine, les lignes
de Gérard sont posées : « Je viens
ici quand il fait beau ou sur la
promenade des Bonnets-Rouges. Je
pêche du brochet et du sandre que
je donne, mais cela ne mord pas tous
les jours ». Sur l’autre rive qui sera
à terme reliée par une passerelle,
les premiers immeubles de grande
hauteur de la ZAC Baud-Chardonnet
sortent de terre. À l’horizon 2020,
un nouveau parc bordera la rive sud
de la Vilaine : les Plages vertes de
Rennes. Un nouveau lieu de pêche
pour Gérard ?
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Liaiso
Canal d’Ille et Rance
Vallée
de Rennes
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L’ambiance ici est très
sympa. C’est un bon
mélange entre l’aire de
jeux et les pelouses.
Le jardin est à la bonne
échelle.
Mila, habituée du parc Saint-Cyr.
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Révéler
la grande
diagonale
verte
Projets de
promenades
2030
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DidierGouray
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Grillades parties
aux Petites Coures
En bordure du cimetière de
Saint-Laurent, sur le chemin de
la Talmoute, un espace vert de
proximité offre aux riverains des
usages attendus et plébiscités : un
barbecue et ses tables de pique-
nique, mais aussi un jardin partagé
créé avec l’association Vert le
jardin et un espace de jeux pour
les enfants.
Parc des Gayeulles :
des loisirs orientés
Romain a pris place avec ses
étudiants autour d’une table dans
le secteur boisé : « Je suis formateur
à l’IRSS, une école de sport, et
aujourd’hui, nous avons organisé une
course d’orientation. Nous venons
souvent ici, le parc est proche de
l’école et offre des possibilités
sportives. »
Jean-Marc marche le long du plan
d’eau, d’un bon pas. « Je travaille
à Cleunay, j’ai pris ma voiture pour
aller prendre l’air et me déstresser.
Je suis passé par hasard devant le
parc des Gayeulles. J’ai eu envie de
m’y arrêter, car j’y venais souvent
enfant. Une vraie détente ! »
Pierre avance en marche alternée
avec ses deux bâtons : « Le matin,
il n’y a jamais trop de monde.
J’ai appris la marche nordique
ici et depuis j’y reviens, même si
j’habite au sud de Rennes. C’est
vraiment plaisant et le matin, il y a
seulement les sportifs et quelques
promeneurs. »
La prairie du Gallet,
en réserve
Avenue du Gallet, bordée de
tilleuls, point culminant de la ville,
se trouvent le château d’eau du
Gallet et son réservoir d’eau potable
souterrain, édifié en 1882, afin
d’assurer l’adduction d’eau au cœur
de la ville. Un ensemble situé dans
une vaste prairie fleurie que l’avenir
pourrait rendre plus accessible aux
promeneurs.
Jardin de la Héronière :
« une vraie mixité »
Djillali réside allée de Combourg  :
« C’est agréable de prendre les
petits chemins pour aller au centre
commercial du Gast ou pour attraper
mon bus. Aux beaux jours, il y a des
anciens sur les bancs avec lesquels
je bavarde. Il y a une vraie mixité. À
la mi-mai, les riverains organisent un
vide-greniers le long la promenade
et c’est sympa. Par contre l’hiver,
c’est vraiment boueux. »
Au nord-est, les coteaux
de Beaulieu en large et en traverse
Le parc des Gayeulles fait office de poumon vert
pour plusieurs quartiers du nord-est de la ville.
À Saint-Laurent, de nombreux chemins de traverse irriguent
ce quartier arboré, à deux pas du parc des Gayeulles,
aménagé sur un des lieux les plus hauts de la ville, un
plateau qui en dessine son positionnement et son contour.
Les coteaux de Beaulieu commencent ici. Le parc est un
poumon vert de 160 hectares, en bordure des quartiers de
Maurepas et de Patton avec sa coulée verte. Conçu en 1969,
comme une base de loisirs dans l’esprit d’un parc boisé
à vocation sportive, il est le premier grand espace nature
de la périphérie du centre urbanisé. Il est aussi l’une des
étapes clés de la diagonale verte et bleue, permettant de lier
la ville à la campagne environnante. Ces coteaux abritent
de nombreuses étendues d’eau et des zones humides
aménagées au cœur du parc, des étangs aux Longs-Champs
et sur le campus de Beaulieu. Enfin, inconnu des Rennais et
inaccessible, le ruisseau de la Piletière prend sa source sur le
coteau de Beaulieu et se jette dans la Vilaine. Un potentiel à
révéler qui devrait permettre de créer de nouvelles liaisons
piétonnes avec les berges de la Vilaine. • CB
1 2
4
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DidierGouray
17
Étangs des Longs-
Champs et Coësmes,
même butte !
Marie-Thérèse prend le soleil sur
un banc, installée dans le carré des
jeux d’enfants derrière la ferme
du Gallet. « Je viens le midi pour
profiter du soleil au calme, pendant
que les enfants n’y jouent pas. »
Et d’ajouter : « Tous les jours, dès
le printemps, je fais mon tour des
étangs. C’est un moment agréable.
Par contre l’hiver, je lui préfère
une autre promenade. Je prends
l’allée Donzelot. » Et d’insister :
« C’est dommage de ne pas pouvoir
cheminer à travers le parc du centre
médical et pédagogique, car c’est
un lieu privé. Je rejoins ensuite
les buttes de Coësmes, où je peux
admirer les arbres magnifiques.
J’espère que rien ne sera construit
sur les espaces verts. »
La Piletière en toute
confidence
C’est un ruisseau qui prend sa
source sur le coteau de Beaulieu
et se déverse dans la Vilaine au
niveau de l’île de Baud-Chardonnet.
Il est aujourd’hui invisible, enclavé
entre les garages du Bois-Perrin
et un bâtiment du site universitaire,
engoncé dans un épais rideau
de végétation, protégé par des
clôtures. Révéler ce potentiel
naturel et mettre en valeur ce
ruisseau figurent parmi les projets
de Rennes 2030.
E
E
E
E
E
Parc des
Gayeulles
Parc du
Thabor Parc
Oberthür
Parc de
Maurepas
Promenade des
Bonnets Rouges
Prairies
de Rennes
Butte
Butte du Thabor
Buttes de Coësmes
Ruisseau du
Pont d’Etuse
Cucillé
Ruisseau de
la Lande Morin
La Piletière
Ruisseau de
la Grenouillais
Ruisseau des
Ponsiaux
Étang
des
Longs-
Champs
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Le matin, au parc des
Gayeulles, il n’y a
jamais trop de monde.
C’est vraiment plaisant,
(...) il y a seulement
les sportifs et quelques
promeneurs.
Pierre, randonneur.
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6
Assurer les
continuités
entre les
espaces de
nature
Projets de
promenades
2030
JulienMignot
18
Au nord-ouest : infiltrations vertes
et irrigations bocagères
Le quartier de Villejean, urbanisé sur un plateau au
début des années 60, répondait à une attente forte
de logement. Il est l’un des secteurs le plus peuplé
de la ville, desservi par la ligne a du métro qui a
contribué à le rapprocher du centre-ville.
Il se caractérise par l’implantation majeure d’un campus
universitaire et par la présence marquée de grands
ensembles d’habitation érigés autour de l’emblématique
dalle Kennedy, ainsi que sur les axes principaux. Ce secteur
qui connaît une forte densité bâtie, laisse une maigre place
aux espaces verts. Ces derniers ont fini avec le temps par
s’infiltrer entre les îlots. De petits jardins de proximité ont été
réaménagés et confortés, dont le plus important, le square
du Berry, conçu avec les habitants. En bordure du quartier sur
l’extrémité nord-est, le parc de Villejean s’adosse à la rocade
qui en imprime le rythme sonore. Cette prairie urbaine ne
demande qu’à s’ouvrir sur la campagne environnante.
A contrario, au cours des années 2000, l’urbanisation du
plateau de Beauregard – tant dans l’organisation des
espaces publics et des secteurs habités que dans les
cheminements – a été pensée à partir des grands éléments
du paysage existant. Le bocage et ses chambres bocagères
ont été respectés. La topographie et ses courbes de niveau
ont été révélées, l’ouverture visuelle vers la vallée de l’Ille a
été privilégiée. Pièce centrale de cette organisation verte :
le parc de Beauregard sur le sommet de la colline.
Véritable césure entre ces deux quartiers, l’avenue Charles-
Tillon constitue une barrière quasiment infranchissable.
Traiter ce boulevard par séquences paysagères et
faciliter les fluidités pédestres et cyclistes permettraient
de favoriser les échanges entre ces deux entités. Des
potentiels existent. Ainsi, derrière la ferme de la Harpe,
il existe un chemin creux bocager qui permet de rejoindre
le cœur de Beauregard par le stade. • CB
E
Butte de
Beauregard
Parc de
Villejean
Parc de
Beauregard
Assurer les
continuités
entre les
espaces de
nature
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5
4
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2
1
Ce que j’apprécie dans
ce parc, c’est la nature
et le parcours santé
que je viens faire de
temps en temps pour
me détendre.
Quentin, étudiant.
19
Parc du Berry :
« Y’a de la joie ! »
« Depuis qu’il a été refait, je viens
souvent au parc avec Carole »,
explique Meriem. Les deux jeunes
filles s’installent volontiers sur un
banc pour regarder leurs selfies.
« J’aime bien cet endroit, car
c’est là où il y a le plus d’enfants.
Et partout où ils sont, il y a de la
joie. » Outre les familles, le parc du
Berry accueille aussi de nombreux
sportifs, attirés par ses deux terrains
de foot et un espace multisports.
Promenade d’Aunis :
les soirs canins
« Avec mon chien Roka, c’est la
promenade du soir après le travail.
Je remonte ensuite par la promenade
du Comté de Foix », explique
Jérôme. L’aménagement effectué
en 2008 s’ouvre à chaque extrémité
sur deux aires de jeux, l’une pour
les petits et l’autre pour les pré-
ados. En pied d’immeuble, une aire
herbeuse joue les noues paysagères
pour évacuer naturellement les eaux
pluviales. Des pins parasols donnent
au lieu sa prestance.
Le parc de Villejean,
questions d’équilibre
étudiant, Quentin habite cours
Kennedy : « Ce que j’apprécie dans
ce parc, c’est la nature et le parcours
santé que je viens faire de temps
en temps pour me détendre. » Une
nature où l’équilibre entre le chant
des oiseaux et la circulation sur la
rocade se joue sur un fil. À deux
pas, Morgan, lui aussi étudiant, est
un funambule aux pieds nus sur la
slackline qu’il a sanglée entre deux
arbres. «  Dès qu’il fait beau, le soir,
je viens m’entraîner. »
pour cultiver
la coéducation
Les promenades ici ont pris le nom
des villes des provinces données
aux rues du quartier. Promenade du
Comté de Nice, Catherine, assise
sur un banc, discute avec sa voisine
devant les jeux d’enfants. Derrière
elle, un coquet jardinet fleuri, le
courtillon : « J’ai été la première à
lancer cette idée de jardin partagé
en bas de tour. C’était en 2012.
Aujourd’hui, nous sommes trois
femmes à le gérer. Nous accueillons
chaque année une dizaine d’enfants
de 5 à 10 ans, le soir après l’école. On
leur apprend les mots du jardinage,
à manger de nouveaux légumes, à
respecter la nature, à partager ce
qu’ils ont fait pousser. Le jardin nous
permet de faire de la coéducation. »
Ballon ovale féminin,
stade de Beauregard
« Allez les filles, gardez la vitesse ! »
Sofia est salariée du Stade Rennais.
Elle assure l’entraînement de l’équipe
féminine de rugby de l’Agrocampus.
Les joueuses se retrouvent chaque
mercredi soir sur le terrain du stade
de Beauregard. Plaquages et essais
s’enchaînent sans répit.
Point culminant,
le parc de Beauregard
Hamadoum, Enora et Mathieu font
de la musculation dans la prairie
du parc de Beauregard. « Nous
nous donnons rendez-vous, une
fois par semaine, le soir », explique
Hamadoum. Un parc qu’ils traversent
volontiers pour rejoindre le cœur du
quartier, par les chemins verts de la
Vagabonde ou du Milan. « C’est un
lieu où nous amenons notre famille,
car nous sommes fiers de notre beau
parc », affirme Hamadoum. Au point
culminant s’ouvrent des vues sur
Rennes et, en ponctuation, se dresse
une œuvre d’art monumentale :
l’alignement du XXIe
 siècle de l’artiste
Aurélie Nemours, inaugurée en 2006
à proximité du Fonds régional d’art
contemporain.
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4 5 6
Parc de Beauregard.
DidierGouray
DidierGourayDidierGouray
SabinedeVilleroy/MrwZeppeli
20
La Normandie
au parc du Landry
« Je me sens tellement bien dans
mon petit parc. Quand je fais mon
petit tour, je fais la causette avec
les pépés et les mémés comme moi
qui s’installent sur les bancs. Je
reconnais tous les maîtres à leurs
chiens. Quand je fais mon grand
tour, c’est pour me rendre à la
bibliothèque. J’aime longer le verger,
un pré sous les pommiers en fleurs
avec les vaches et le petit veau : la
Normandie ! Il y a aussi la fameuse
jument Radieuse qui passe plus de
temps près de la barrière avec les
enfants. Et l’écopâturage en ville,
avec les moutons et les biquettes,
c’est génial ! » raconte Yolande,
retraitée enthousiaste.
Ils feront le chemin
des écoliers
Situé entre le cimetière de l’Est
et l’école primaire Châteaugiron-
Landry, un espace vert de 7 500 m2
offrira bientôt une liaison pédestre
et cycliste. Ce projet porté par les
parents d’élèves, retenu dans le
cadre du budget participatif 2016,
permettra de rejoindre la promenade
Georges-Brassens, en traversant
à terme le cimetière de l’Est.
Au sud, les pièces vertes d’un puzzle
nature à reconstituer
Les quartiers sud de la ville, construits dans les
années 1970, abritent de nombreux espaces verts qui
pourraient être transformés en véritable parc urbain.
Le Blosne est un affluent de la Vilaine qui a été canalisé
en dalot, au cours des années 1970. Son vallon s’inscrit au
sud du territoire rennais, à la limite de la rocade sud. On y
trouve les quartiers du Blosne et de Bréquigny, prolongés
à l’est par les coteaux de la Poterie. Cette longue tresse
de verdure se tisse ainsi de squares en parcs. Reste à
conforter des connexions souvent embryonnaires pour en
faire un parc en réseau. L'opération d’aménagement de
La Poterie, lancée en 1982, conforte l’utilisation raisonnée
de l’espace. Plus de 2 000 logements sont construits sur
140 hectares de terres maraîchères, en bordure d’un
plateau vert et son ancien verger enrichi de nouvelles
variétés de pommiers : le parc du Landry. Sur le modèle
des cités-jardins, les programmes sont bâtis par lots d’une
vingtaine de logements articulés autour d’îlots verts qui
valorisent les haies bocagères et les chemins creux existant
ou reconstitués. Ce patrimoine naturel doit être développé
pour permettre aux habitants de rejoindre les berges de la
Vilaine, en longeant le cimetière de l’Est.
À l’extrémité sud-ouest, à proximité de la station de métro
La Poterie, les habitants connaissent un autre havre de
repos : le bois des Hautes-Ourmes. Ce parc en réseau qui
ne demande qu’à être valorisé et régénéré, contribue à la
biodiversité avec ses zones humides, square de Sétubal ou
à l’arrière du Triangle. Typique des années 1970, l’urbanisme
de la ZUP sud a bouleversé le paysage pour édifier de
grands ensembles dotés de parkings et desservis par
de grandes artères. Mais il a su également créer des
cheminements de traverse qui se pratiquent en toute
intimité, à pied ou à vélo. Ces espaces verts se greffent au
jardin central de l’axe Fréville, entrée sud de la ville, pour
se poursuivre jusqu’au parc de Bréquigny. • CB
Jardin au naturel
à partager
Dans le jardin partagé permacole,
en bordure du parc du Landry, ils
sont nombreux à retrousser leurs
manches. « Se rencontrer en toute
convivialité, apprendre et s’alimenter,
en faisant avec la nature et non pas
contre », c’est pour Laurent la devise
qu’il partage depuis 2014, sur une
parcelle mise à la disposition de
l’association Jardin (ou)verts.
2 31
→ Parc du Landry.
ChristineBarbedet
DidierGouray
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E
E
E E
E
E
E
Liaison Blos
Parc du
Thabor
Parc de
Maurepas
Parc de
Bréquigny
Parc du
Landry
Square
de la Touche
Square de
Villeneuve Jardin des
Ormeaux
Promenade des
Bonnets Rouges
Promenade
Georges Brassens
La Bintinais
Prairies
de Rennes
Parc des
Hautes-Ourmes
Buttes
du Landry
Butte
Sainte-Thérèse
Butte
de Beaumont
Butte
Champs Manceaux
Butte du Thabor
e
gard
Buttes de C
Vallon du Blosne
de
ne
ais
Ruisseau de Cucillé
Ruisseau de
la Lande Morin
La Piletière
Ruisseau de
la Grenouillais
Aux Hautes-Ourmes,
la nature en miniature 
Rachida ramasse un sac vide qu’elle
jette à la poubelle : « Ce parc est
important pour moi. Je le traverse
tous les jours et je le connais
depuis toute petite. » Et d’ajouter :
« C’est plus agréable de marcher
ici que d’emprunter le boulevard
à l’extérieur. C’est la nature en
miniature ! » Un cri d’oiseau
transperce le calme du lieu. « C’est
le cri de fuite du pic, en breton la
jument qui rigole », précise Julien.
Un jardin des Simples,
square de Prague
Au pied des tours, Michèle, Claudine
et Aline veillent sur le plus ancien
jardinet partagé du quartier. « Avec
les enfants, nous apprenons le
partage, car ce n’est pas toujours
facile de comprendre qu’il ne faut
pas prendre toute la ciboulette »,
sourit Aline.
Promenade d’Algarve
cŒur du blosne
Comme chaque jour, Marie-
Cécile promène son chien Lucky :
« J’apprécie ici la verdure et la
tranquillité. Parfois, mes petites filles
m’accompagnent pour une balade.
Tous les chemins dans le quartier
sont agréables, sûrs et bien connus
des habitants. »
Le verger
des Fleuriers
Sur le terre-plein central de l’axe
Henri-Fréville, s’ouvrent le verger
des Fleuriers et sa prairie fleurie.
Coralie emprunte très souvent cette
allée, surtout en revenant du centre
commercial Alma. « La verdure, c’est
plus agréable que de prendre le
trottoir d’en face, même si les pavés,
en fauteuil, ce n’est pas toujours très
confortable… »
2 3
4
5
6
7
1
4 7
5
6
Parfois, mes petites
filles m’accompagnent
pour une balade.
Tous les chemins
dans le quartier sont
agréables, sûrs et bien
connus des habitants.
Marie-Cécile, habitante
du Blosne.
Assurer les
continuités
entre les
espaces de
nature
DidierGouray
22
Votre travail, engagé à Rennes depuis
2012, permet de regarder la ville
différemment. De quoi s’agit-il ?
Vincen Cornu  Avant de rentrer dans
le projet urbain, je voudrais rappeler
une évidence : pour comprendre
une ville, il faut d’abord la lire. Je
me souviens des premiers schémas
qu’avait réalisés Christophe Delmar
sur les tracés élémentaires de
Rennes : on se rend compte assez
vite qu’ils sont complètement écrits
par la topographie et l’hydrographie.
C’est l’idée d’une ville qui est écrite
en profondeur par ses reliefs et par
la présence de l’eau. De nombreux
faits urbains s’expliquent ainsi. Nos
premiers travaux ont consisté à mettre
en évidence la pertinence de ces
tracés, par touches successives. Ce fut
le cas autour de la place Sainte-Anne.
Esquisse et premières réflexions sur l’îlot de l’Octroi, 2015.
Depuis cinq ans, Vincen Cornu et Christophe Delmar accompagnent élus et techniciens rennais
dans leur réflexion sur l’architecture, l’urbanisme et l’aménagement. Selon ces professionnels
de l’architecture et du paysage, Rennes doit faire valoir ses atouts en partant de sa géographie,
de son relief et de ses cours d’eau. Leur approche fait directement écho aux préoccupations
exprimées par les habitants lors de la concertation de Rennes 2030.
urbanisme  paysage
« Il faut multiplier les points
de vue sur la ville »
VincenCornu
23
réunifiant le long de ces axes naturels
des morceaux urbains aujourd’hui
séparés. Et ce n’est pas qu’une
question architecturale ! Cela signifie
très concrètement que cela sépare
les gens ! Or les villes sont faites pour
qu’on y vive ensemble.
Donnez-nous des exemples !
VC  Les cartes révèlent les fonds
de vallée, avec une série de voies
existantes, assez anciennes, qui
déterminent tout un territoire. On
peut alors les lire comme un territoire
de projet. Il y a des unités paysagères
qui sont aussi des unités de villes.
Le cas des Prairies Saint-Martin en
est un bon exemple. Si l’on quitte le
fond de la vallée, on arrive sur les
premiers coteaux : on est à pieds secs,
avec de loin en loin, des possibilités
d’une perception différente, jusqu’à
l’autre rive. C’est ce qui se passe par
exemple le long de l’Ille, du côté de
l’ancienne caserne Mac-Mahon, avec
des points de vue potentiels sur la
ville très intéressants pour mieux la
comprendre.
CD  C’est de la géographie
élémentaire ! Le réseau viaire, c’est-
à-dire les rues et les voies, s’organise
à partir du fond de vallée, le long des
coteaux et sur les plateaux. Certains
axes sont clairement les limites des
zones inondables. Si l’on utilise les
termes « rive droite/rive gauche » pour
se situer dans la ville, cela change tout.
Prenez EuroRennes : on s’aperçoit que
c’est pour cela que la question de la
géomorphologie redevient d’actualité,
car elle répond à une attente profonde
des habitants. Nous faisons le pari
qu’on peut réactiver cette richesse,
à l’échelle de la ville de Rennes et de
la métropole. Dans le cadre du projet
urbain Rennes 2030, on peut retrouver
ce rapport à la géographie.
Que découle-t-il de cette lecture
attentive du territoire ?
CD  Une chose très importante : un
outil, peut-être le plus adapté au
développement contemporain des
villes. La présence de l’eau façonne
toujours les paysages. Prenez Rennes :
y coulent le Blosne, l’Ille et la Vilaine,
ce qui crée de facto trois vallées.
À partir de cette approche, on a la
capacité à repenser le territoire en
Nous avions produit une note
de cadrage pour le concours
d’aménagement de la place, qui
montrait qu’elle se situait sur une ligne
de crête, partant du Pont Bagoul et
passant par les Lices. Sa forme elle-
même est en rapport direct avec cette
réalité topographique.
C’est un constat universel ?
Christophe Delmar  Sans doute,
mais la vraie question, c’est ce qui fait
l’identité de chaque ville, pourquoi
on est ici et pas ailleurs. Nous avons
utilisé une méthode générale, mais qui
produit des résultats singuliers selon
les lieux où elle s’applique. Au départ
de notre mission, les élus nous ont
demandés : « C’est quoi, Rennes, pour
vous ? » Traditionnellement on a d’un
côté une ville compacte et dense, et de
l’autre on trouve la campagne. Or la
ville aujourd’hui n’est plus tout à fait
sur ce modèle.
Les cartographies que vous avez
produites font apparaître une ville
en trois dimensions, avec des reliefs.
Comment les prendre en compte dans
le projet urbain ?
VC  Nous avons mis en évidence des
singularités liées à la topographie. Par
exemple, le sens des tracés des rues qui
mènent à la rivière, perpendiculaires
aux courbes de niveau (N.D.L.R. : qui
délimitent l’altitude du terrain), et
d’autres, qui leur sont plutôt parallèles.
Il y a donc tout un dessin de la ville,
artificiel, mais qui en réalité révèle le
paysage. Ainsi, la confluence de l’Ille
et de la Vilaine va révéler d’autres
confluences. C’est le cas de tous les
chemins qui mènent à Rennes, qui sont
déterminés par les points de passage
des rivières. Il y a aussi une confluence
inversée, avec la ligne de chemin de fer.
On le voit, la ville en elle-même oriente
le projet urbain.
CD  Le rapport à la nature, au sol,
a eu tendance à disparaître avec
l’urbanisation. D’une certaine manière,
«  Le rapport à la nature, au sol, a eu
tendance à disparaître avec l’urbanisation.
Nous faisons le pari qu’on peut réactiver
cette richesse, à l’échelle de la ville
de Rennes et de la métropole. »
Christophe Delmar, paysagiste-urbaniste conseil de la ville de Rennes.
DR
24
saisir de ces panoramas parfois un
peu oubliés ou masqués, pour les
transformer en lieux de projets, ou
au contraire en espaces publics.
CD  C’est bien cela qui nous permet
d’avoir tous un « point de vue » sur
la ville. Le Thabor, à l’origine, était
une terrasse arborée sur un point
culminant de la ville. Il faut que l’on
retrouve ce parti pris, y compris à
l’échelle de la ville contemporaine et
de la métropole. Prenez Beauregard,
par exemple, c’est l’un des plus beaux
points de vue sur la ville, édifié sur
un point haut où se situait une villa
gallo-romaine, cela ne date pas
d’hier ! Il faut des lieux qui procurent
une vision sur l’état de la ville, en
« embrassant le paysage », comme
on disait autrefois.
tous les quartiers sud arrivent le long
des voies ferrées sur une rive gauche,
qui n’est pour l’instant pas reconnue
comme telle. Or si on les relie dans une
perspective plus large, on dessine un
territoire cohérent allant de Vilaine
aval jusqu’à la ZI Sud-Est, en passant
par EuroRennes et Coquelin. Cela
réinterroge les continuités urbaines à
des échelles importantes. C’est un vrai
changement de regard qui organise
la ville. Mais l’essentiel, c’est que ce
récit urbain ait du sens auprès des
habitants.
Vous nous parlez à la fois de paysage
naturel et de paysage construit.
Ce n’est pas antinomique ?
VC  Pas du tout ! Cette question est
essentielle, car elle concerne aussi
bien les constructions que l’espace
public. Lorsqu’on se situe sur des
lignes en balcon ou des voies en
coteaux, on va essayer de faire en
sorte que les bâtiments, par leur
forme et leur volume, ne bloquent
pas la perception du paysage. Ce qui
m’a frappé au départ, à Rennes, c’est
le caractère très « tournoyant » de la
ville et des arrivées. On le retrouve
dans la dénomination des tracés, on
parle des « contours ».
CD  Si on prend le problème urbain
sous cet angle, alors les questions
sont posées différemment ! Il faut
considérer l’ensemble des bassins
versants, dans leur globalité, pour
imaginer comment habiter et
urbaniser. Cela permet d’éviter la ville
générique, interchangeable. C’est un
système ouvert, qui admet que les
élus s’investissent, que les habitants
s’expriment, que les professionnels
dessinent !
Cela permet aussi de changer
le regard des habitants
sur leur propre ville…
VC  Oui, en permettant aux Rennais
de redécouvrir des « points de vue »
sur la ville. Le projet urbain doit se
Vous venez de citer Beauregard,
le Thabor… Il en existe d’autres ?
VC  Bien sûr, et ce qui est frappant,
c’est que ces projets de paysage
orientent complètement le dessin
de la ville. C’est le cas du Mail. À
l’origine, c’est un pont littéralement
jeté sur des marécages, comme en
atteste une gravure du XVIIIe
 siècle.
C’est un paysage intelligent, car
il contribue à l’assèchement des
marais.
CD  Lorsqu’on consulte des images
anciennes de Rennes, l’eau est
toujours présente, ainsi que la foule
au travail au bord de la Vilaine.
Aujourd’hui, c’est l’inverse, hormis
la vue des berges aménagées par
Alexandre Chemetoff, avec la Mabilais
en toile de fond, qui est devenue une
vue iconique de la ville.
Rennes a toujours entretenu une
relation compliquée avec son fleuve.
Comment réconcilier la ville
et la Vilaine ?
VC  Il est vrai que la Vilaine, pour
beaucoup de Rennais, porte bien son
nom. C’est dommage, car elle mérite
mieux que son patronyme. Pour
autant, on ne va pas en changer !
À l’extrémité du Mail, le Jardin des
confluences récemment aménagé a
rencontré un succès immédiat auprès
du public. Et à cet endroit, regardez
à droite, vers Saint-Cyr : au premier
angle, on trouve au bord de l’eau un
platelage en bois, qui existait avant
« Le projet urbain doit se saisir de
ces panoramas parfois un peu oubliés
ou masqués, pour les transformer
en lieux de projets, ou au contraire
en espaces publics. »
Vincen Cornu, architecte-urbaniste conseil de la ville de Rennes.
SébastienDuhamel
25
majeurs d’aménagement rennais et
placez-les sur une carte : vous verrez
qu’ils sont tous situés à proximité
immédiate de l’eau, même si on ne le
présente pas encore comme cela !
En tant que professionnels de
l’urbanisme et du paysage, quel
regard portez-vous sur les réactions
des Rennais lors de la concertation
autour de Rennes 2030 ?
CD  C’est assez étonnant de
souligner la convergence entre nos
travaux et les commentaires des
habitants : le point numéro 1, c’est le
rapport à l’eau et à la nature.
VC  Ce n’est pas accessoire ou
périphérique, mais bien un point à
retrouver dans la forme de la ville. Je
ne suis pas surpris de cet attachement.
Il faut aussi reconnaître que cela fait
déjà un certain temps que les élus et
le jardin. Eh bien, dès qu’il fait beau,
on trouve toujours des personnes en
train de pique-niquer à cet endroit !
C’est un des rares points de contact
direct avec l’eau dans la ville, et
apprécié comme tel. Et même si l’Ille
et la Vilaine n’ont pas la majesté de
la Loire ou du Rhône, peu importe…
Car au bord de l’eau, ce n’est pas la
largeur qui compte, mais le linéaire.
Il faudrait donc aménager davantage
les berges et faciliter l’accès au
fleuve…
CD  Aujourd’hui, du moulin d’Apigné
à Cesson-Sévigné, on ne trouve pas un
seul restaurant au bord de l’eau, on
ne peut pas y accéder facilement. Ce
travail que les autres villes ont réalisé
il y a vingt ans avec leur fleuve, Rennes
doit le mener à son tour. Mais c’est en
bonne voie : prenez tous les projets
les personnes des services de la ville
de Rennes parlent de ces thèmes,
qui viennent de loin. Il suffit parfois
de réveiller l’existant, pour faire en
sorte que ces projets ne soient plus
impossibles. Il y a eu aussi le choix
politique déjà ancien, de placer les
grands ensembles rennais à proximité
du centre-ville. Il en découle des tracés
particuliers, auxquels répond aussi
celui du métro, qui vient accrocher les
quartiers pour mieux les relier.
CD  Aujourd’hui, plus on est
dématérialisé, et plus on ressent
fortement la nécessité d’être ancré.
C’est ce qui explique sans doute le
succès des balades urbaines, qui ont
permis de redécouvrir la ville, et donc
d’y vivre mieux.
Propos recueillis
par Xavier Debontride
Vue aérienne du quartier des Prairies Saint-Martin, avec, en arrière-plan, les méandres de l’Ille.
SabinedeVilleroy-MRWZeppelineBretagne
26
E
E
Ruisseau de
Touche-Thébault
Ruisseau de
Pont-Lagot
La Vilaine
(P
Octroi
« Faire revivre l’eau
dans la ville »
Si un consensus a émergé durant
la vaste concertation des Rennais,
c’est bien celui de l’attrait pour
l’eau. La portion de la Vilaine
située en centre-ville suscite de
fortes attentes.
« À Rennes, le fleuve est mis à part »,
regrettait un participant d’un café
citoyen. « Inexploité », « caché »,
« engoncé dans un couloir de béton »…
Le jugement des Rennais sur leur
fleuve est sévère. Pourtant, l’Ille et
la Vilaine sont « une chance pour la
ville », estime l’un d’entre eux. Un avis
résume l’opinion générale : « Il faut
créer de la vie sur l’eau et autour de
l’eau, faire revivre l’eau dans la ville. »
Et pour cela, les Rennais interrogés
fourmillent d’idées. Il faudrait
« mettre en place des guinguettes »,
« des terrasses », « des barbecues »,
ou encore « mettre des barques »,
« des pédalos », « des navettes
permettant de se déplacer dans
Rennes »… Ou simplement des berges
« naturelles pour juste s’allonger,
flâner ». Un autre rêve même d’une
« fontaine monumentale qui se voit
de loin, autour de laquelle les Rennais
pourraient se poser ».
Îlot de l’Octroi
Au pied des logements à
l’ambitieuse architecture, les
Rennais pourront se délasser
au bord du fleuve. Le café-
théâtre Le Bacchus prendra
ses quartiers en 2019 dans un
bâtiment tout de verre avec
vue sur l’eau, à deux pas du
jardin de la Confluence.
Retrouver la place de l’eau et de
la nature est justement l’une des
priorités de Rennes 2030. « On sait
aujourd’hui que les villes devront
travailler des îlots de fraîcheur
pour lutter contre le réchauffement
climatique », explique Sébastien
Sémeril, adjoint en charge de
l’Urbanisme. « On est aussi arrivé
dans une période où l’on ne tourne
plus le dos à son fleuve. Au contraire,
on l’intègre. » L’Ille et la Vilaine
constituent ainsi le fil rouge des trois
grands projets urbains à l’horizon 2030,
détaillés ci-contre. La nouveauté ?
Tous prévoient des berges accessibles
et animées par des plages, des
guinguettes, un théâtre… « Des lieux
de vie et de fête où l’on prend plaisir à
se retrouver en famille ou entre amis »,
imagine Sébastien Sémeril, « car c’est
important, en matière de cohésion
sociale, de créer des lieux où les gens
peuvent se rencontrer ». Au-delà de
ces grands projets, la Ville a l’ambition
de proposer à tous les Rennais « un
lieu de nature à cinq minutes de leur
domicile » à l’horizon 2030. Un vrai
« travail de couture » pour créer ou
valoriser parcs, squares ou jardins.
AC
Pleins feux
sur la Vilaine
Bientôt accessibles
et bordés d’animations,
le fleuve et son affluent,
longtemps mal aimés,
vont retrouver leurs lettres
de noblesse. Zoom sur trois
projets emblématiques,
les pieds dans l’eau.
MVRDV /ALL / GIBOIRE
27
E
E
E
E
E
E
E
La Piletière
L’Ille
(P
(P
(P (P
Prairies de Rennes
Base nautique
de Baud
Quais
animés
Plage de
Rennes
Baud-Chardonnet
Ce nouveau quartier, qui
accueillera 5 200 habitants
d’ici à 2020, est résolument
tourné vers l’eau. Les vastes
pelouses de sa plage urbaine,
en bordure de Vilaine,
formeront un nouveau
poumon vert pour les Rennais.
Ouvertes aux animations,
elles formeront un lien avec
les promenades Marguerite-
Yourcenar et des Bonnets-
Rouges.
Les prairies
Saint-Martin
Prairies humides, jardins
partagés, jeux pour
enfants… C’est un vaste parc
hétérogène qui prendra
forme d’ici à 2021. Prisées
des joggeurs, les berges du
canal s’animeront avec une
guinguette, un terrain de palet
ou encore une terrasse. Face
à elles, les 200 logements du
futur « quartier de pêcheurs »
de Plaisance.
Valoriser
les traversées
existantes
Créer de
nouvelles
passerelles
Joy-Land / RRA / AJOA
BASEpaysagiste
28
Vivre la ville au cœur
des quartiers
Dans les palmarès nationaux régulièrement publiés par les médias, Rennes s’affiche
comme une ville où il fait bon vivre. Un atout pour les Rennais qui veulent continuer
à profiter de la ville à l’échelle de leur quartier et de leur rue, en toute convivialité.
Parmi leurs attentes prioritaires : pouvoir se loger à leur convenance, se déplacer
« vite et partout », bénéficier de services de proximité performants et d’un cadre de vie
agréable. Rennes est « une grande ville qui doit rester petite », affirment-ils.
29
JulienMignot
30
La longue histoire
des quartiers rennais
Au cours du XIXe
 siècle, la construction
du canal d’Ille et Rance et la
canalisation de la Vilaine favorisent
les activités fluviales qui ouvrent des
perspectives de développement à
l’extérieur des murs d’enceinte de la
ville. C’est la naissance des faubourgs.
L’arrivée du chemin de fer, en 1857, et
l’implantation de la gare au sud de
la ville soutient l’urbanisation, mais
aussi le développement administratif
et économique du territoire. Les
ouvriers du rail s’installent au sud
des voies ferrées et les quartiers
pavillonnaires se développent, en
particulier dans l’entre-deux-guerres,
encouragés par des dispositifs
législatifs. C’est une imbrication
de petites maisons, construites sur
d’anciennes terres agricoles divisées
en lots. Ces lotissements, peu pourvus
en équipements, se dotent rapidement
d’une église et son patronage, d’une
école publique et privée et de quelques
commerces. La vie rennaise s’organise
autour des paroisses Sainte-Thérèse,
Les Sacrés-Cœurs, Jeanne-d’Arc…
De 1960 à 1980 : les grands champs
de l’expansion urbaine
Durant la Seconde Guerre mondiale,
bombardements et destructions
ébranlent la ville, en particulier dans
le secteur de la gare. La période de
reconstruction coïncide avec un
essor démographique, accéléré par
l’exode rural. La cité rennaise se dote
de grands équipements de santé et
d’enseignement universitaire.
Le premier lotissement industriel
de France s’installe le long des
voies ferrées et de la Vilaine, sur
l’axe routier Rennes-Lorient. L’usine
Citroën ouvre à La Janais. Dans ce
contexte, la demande de logements est
exponentielle. À l’époque, la recherche
d’un appartement à louer fait figure de
sport local, tant ceux-ci sont rares. Pour
y répondre, les premières politiques de
planification et de maîtrise foncière
sont mises en œuvre, marquées par
l’urbanisme « fonctionnaliste » des
années 1960. Les secteurs d’activités
artisanales ou commerciales sont
séparés de l’habitat, repositionnés
à l’extérieur de la ville. C’est l’ère
du « tout-voiture », avec son lot de
rocades, de pénétrantes, de boulevards
et de vastes parkings. Les grands
ensembles poussent comme des
champignons, en plein champ. Ce sont
les zones à urbaniser en priorité, les
fameuses ZUP, vecteurs de modernité
annoncée. Citons Maurepas, Cleunay,
Villejean, la ZUP sud avec les quartiers
du Blosne et de Bréquigny. C’est aussi
l’heure de la rénovation urbaine, dite
de dalle, avec la naissance de Bourg-
L’Évesque, du Colombier ou encore de
la rue de Saint-Malo.
De 1980 aux années 2000 : avènement
de l’ère urbaine bocagère
Avec les baby boomers, de 1975
aux années 2000, les lotissements
contemporains sortent de terre comme
à Patton, première ZAC de Rennes, avec
des ensembles mixtes de maisons de
ville et de petits collectifs, accessibles
à toutes les catégories sociales. Cet
L’identité d’une ville se nourrit de la mosaïque des quartiers qui
la compose. Rennes ne fait pas exception à la règle. Des faubourgs
ouvriers du XIXe
siècle aux nouveaux ensembles urbains contemporains
de La Courrouze ou Baud-Chardonnet, retour en quelques dates sur
les grandes étapes de cette métamorphose.
Vue des tours de la cité du Gros-Chêne à Maurepas, dans les années 1960.
ArchivesmunicipalesdeRennes-100FI175
30
La population des quartiers rennais en 2012
et leur évolution depuis 1999
Saint-Martin
5 700 habitants
Centre
21 600 habitants
Villejean
Beauregard
20 300 habitants
Maurepas
Bellangerais
19 300 habitants
Francisco-Ferrer
Landry-Poterie
19 000 habitants
Sud-Gare
18 800 habitants
Bréquigny
13 200 habitants
Jeanne-d’Arc
Longs-Champs
Beaulieu
17 000 habitants
Thabor
Saint-Hélier
Alphonse-Guérin
25 900 habitants
Bourg-L’Évêque
La Touche
Moulin du Comte
17 000 habitants
↗
↗
↗
↗
↘
↘
↘↘
==
Le Blosne
17 600 habitants
Cleunay
Arsenal-Redon
17 000 habitants
↗
31
urbanisme s’inscrit progressivement
dans le maillage paysager existant
et donne naissance, dans les
bocages, aux quartiers de Patton,
des Longs-Champs, de la Poterie ou
plus récemment de Beauregard. Les
transports en commun sont renforcés
et s’organisent à partir de la première
ligne de métro, en 2002.
XXIe
 siècle : refondation de la ville
sur elle-même
Cette ville compacte, bien délimitée
à l’intérieur de la rocade pour
préserver sa ceinture verte, atteint
progressivement son extension
maximale et entame peu à peu
sa recomposition sur elle-même.
C’est désormais le renouvellement
urbain qui est cœur des politiques
publiques d’urbanisme, dans le
souci de limiter l’étalement urbain
et la consommation de terres
agricoles et d’espaces naturels. La
ville se recompose sur elle-même,
s’empare des terrains libérés de
leurs affectations militaires, à
La Courrouze, ou de leurs usages
industriels, à Baud-Chardonnet.
Les grandes entrées de la ville sont
réaffirmées avec la construction
de nouveaux ensembles urbains
comme sur l’axe Alma. Les quartiers
sont revalorisés et dynamisés, pour
faire vivre de nouvelles mixités
sociales, générationnelles, mais aussi
économique comme au Blosne et à
Maurepas. Rennes a aussi un atout de
taille : l’absence de grandes banlieues
excentrées ! Christine Barbedet
↗
31
Le parc Saint-Cyr a été réaménagé après
un travail de concertation avec les habitants
rassemblé en groupe de travail au sein du
Conseil de quartier.
Douzes quartiers
de ville  : espaces
de citoyenneté
Depuis 1983, la municipalité
de Rennes a mis en place un
découpage administratif de la
ville en douze grands quartiers.
Aujourd’hui, chaque quartier est
doté d’un conseil de quartier,
coprésidé par l’élu municipal
du quartier et un habitant, élu
par ses voisins. Ce fut le cas
d'Yvonne, habitant les Longs-
Champs, qui est devenue
coprésidente du conseil de son
quartier : « pour mieux connaître
les habitants, me proposant
de parler en leur nom, aussi
bien dans les aménagements à
envisager que dans les projets
à développer », explique
cette dernière. Cet espace
d’expression de la citoyenneté
est composé pour moitié d’un
collège « Habitants » et d’un
collège « Acteurs du quartier ».
Différentes commissions
thématiques et groupes de
travail sont proposés sur des
sujets particuliers par les
conseils de quartier.
DidierGouray
32
Comment construire davantage
de logements avec une
consommation d’espace plus
économe ? L’équation est simple
à résoudre : la réponse passe
inévitablement par une plus
grande densité urbaine.
Construire 1 500 nouveaux logements
par an. Le chiffre peut surprendre
par son importance, mais c’est le
rythme à tenir pour loger, d’une
part, les habitants qui connaissent
la décohabitation – celle du jeune
adulte quittant le foyer familial ou
celle de la séparation conjugale –
mais aussi l’allongement de la vie,
et d’autre part, les nouveaux arrivés.
Effet non négligeable, construire
en nombre permet d’atténuer les
tensions sur le marché immobilier
et de limiter l’envolée des prix du
logement. Au début des années 2000,
Rennes était la 4e
ville la plus chère
de France, elle pointe désormais
au 12e
rang.
Construire une ville qui respire
Si la nécessité du renouvellement
urbain est comprise des habitants, la
densification est dénoncée lorsqu’elle
bouleverse le paysage urbain du
quartier. Ce fut le cas face à l’ampleur
du projet de l’Alma qui participe du
renouvellement du quartier Sud-
Gare, avec la construction de plus
de 400 logements, de nouveaux
commerces ou équipements pour les
personnes âgées, avec un pôle multi-
activités pour les habitants et une
crèche. Sans oublier l’aménagement
de la placette Thérèse-Pierre, face à la
station Jacques-Cartier. Une riveraine
s’agace : « Quand on voit ce qu’ils
nous ont pondu à la place des petites
maisons, ceux qui habitent là sont
entassés comme des sardines. »
Pour être radical, ce jugement
n’est pas sans écho avec les propos
entendus lors de la concertation
autour du projet urbain: « Il ne
faut pas une densité immobilière
excessive » ou encore « il ne faut pas
être écrasé par ce qui existe autour ».
Trop hauts, trop rapprochés, trop
juxtaposés : « il faut laisser les dents
creuses pour respirer, avoir un champ
visuel », note un habitant.
Si l’axe Alma ne fait pas consensus,
d’autres aménagements sont jugés
en adéquation avec les attentes des
habitants. Citons la ZAC Armorique,
« pas trop collée », ou encore la
construction de la première tranche
à Beauregard, plus ancienne : « On
a une vue intéressante et ici on a de
l’espace », apprécie un riverain. Lors de
la concertation, les Rennais admettent
la nécessité de construire, mais « de
manière aérée ».
S’inscrire dans une nouvelle
harmonie urbaine
Au-delà du fait de « démolir des
petites maisons pour les remplacer
par des immeubles », c’est la qualité
architecturale du nouveau bâti qui est
parfois décriée. « Démolir, pourquoi
pas, mais faire moins bien que ce
qui existait avant, certainement
pas ! » a-t-on pu entendre à plusieurs
reprises. En matière de qualité
Les attentes d'une ville
à la fois dense et aérée
Un habitant, lors de la concertation.
Il faut laisser les dents
creuses pour respirer,
avoir un champ visuel.
Inauguration du passage de la Boulais, espace vert qui relie la rue de l'Alma et la rue de la Boulais.
FranckHamon
33
architecturale, si les attentes ne
sont pas homogènes, certaines sont
récurrentes. Il est demandé plus de
transparence avec une présence
accrue du verre, mais aussi de la
pierre, plus de couleur et moins de
gris et de beige ! Il est aussi souhaité
une écriture architecturale différente,
moins banale : « La multiplication des
immeubles cubiques sans aucune
valeur esthétique ni identitaire est
un vrai problème. La ville perd son
charme et de nombreux quartiers
sont esthétiquement très pauvres »,
peut-on lire dans les comptes rendus
de la concertation. Et un autre Rennais
d’ajouter : « La ville devrait à la fois
préserver le patrimoine et encourager
une vraie innovation architecturale
et esthétique, pas la multiplication
d’immeubles à bas coût. »
L’inscription architecturale dans
la ville est un sujet qui passionne
les Rennais, preuve de leur intérêt
pour l’histoire de leur cité. Certains
proposent de surélever le bâti existant
pour faire de petits immeubles : « On
aurait l’alliance de l’ancien et du
moderne, comme on le voit sur des
maisons rénovées. Cela donnerait du
cachet », avance l’un d’eux.
Ce que les Rennais attendent, c’est
le développement d’une harmonie
urbaine. L’introduction du végétal
sur les toits et les façades pourrait y
participer, à la fois pour des raisons
d’ornement, mais aussi pour des
motivations écologiques (régulation
thermique, captation du carbone des
particules fines et du ruissellement…).
Se ressourcer en toute intimité
La qualité de l’usage fait partie
intégrante de cet équilibre urbain
attendu, en particulier au sein des
nouveaux quartiers en construction,
que ce soit à La Courrouze, à
Baud-Chardonnet et demain, sur
le site de Guines-Foch. Les Rennais
l’expriment fortement :
Un habitant, lors de la concertation.
La densification
de la ville ne doit pas
se traduire par une
réduction de la surface
allouée aux logements.
« La densification de la ville ne doit
pas se traduire par une réduction de la
surface allouée aux logements. » Les
besoins exprimés sont clairs : de la
place « pour soi » sans confinement,
mais aussi une bonne isolation
phonique pour ne pas entendre ses
voisins et s’isoler des bruits de la
rue. Une intimité qui permet de se
ressourcer en privilégiant des vues
sur le grand paysage avec une gestion
drastique des vis-à-vis : « Quand on ne
peut pas avoir de maison et qu’on doit
vivre en collectif, c’est très précieux de
disposer de grandes baies vitrées qui
donnent sur de la verdure. »
Invitation à la convivialité
de voisinage
Ce besoin d’intimité ne signifie
nullement un repli sur soi, car la
création de lieux d’échanges qui
favorisent le lien social et la solidarité,
est plébiscitée. De la simple salle
commune avec des tables, au petit
coin cuisine en passant par un carré
potager, une aire de jeux pour les
enfants ou encore un espace vert
avec des bancs, cette invitation à
la convivialité prend de nouvelles
formes. Citons les maisons du partage
des liens et des savoirs tournées vers
l’entraide ou le prêt de matériel :
« On ne se connaît pas quand il n’y a
pas d’endroit pour se retrouver entre
voisins et créer du lien, alors qu’on
a besoin les uns des autres pour
échanger, se rendre des services…
et avoir ainsi plus l’impression de
vivre dans un groupe, un village »,
résume une habitante adepte de cette
économie solidaire. • CB
→ Aire de jeux pour enfants, square des
Français-Libres au carrefour de la rue Saint-
Hélier et du boulevard Laënnec. Un projet du
budget participatif, qui a vu le jour après deux
ans de travail des habitants avec la Direction
des jardins et de la biodiversité de la Ville.
ChristopheSimonato
34
« Des volumes bien pensés et
lumineux, avec aux beaux jours
une terrasse qui devient une pièce
supplémentaire… À cette étape de notre
vie, cet appartement répond à nos
attentes », explique ce couple, nouveau
propriétaire à La Courrouze. Permettre
aux Rennais, habitants ou futurs
habitants, de trouver un logement
répondant à leurs besoins et à leurs
ressources, quel que soit le quartier
choisi, est le fil rouge de Rennes 2030.
La gamme de logements proposée doit
être diversifiée en termes de superficie,
mais aussi de prix. Jeunes actifs,
ménages, personnes seules, personnes
âgées… doivent pouvoir accéder à un
logement, que ce soit en locatif social,
en accession aidée ou en accession
libre. à Rennes, on retrouve à la fois la
résidence Cap Mail, quai d’Auchel, qui
répond aux attentes d’une clientèle
très haut de gamme, mais aussi des
programmes de logements sociaux
répartis dans toute la ville.
Brassage social et générationnel
Alors que certains quartiers populaires
concentraient jusqu’à 70 % de
logements sociaux, il est essentiel
aujourd’hui d’assurer une réelle
mixité sociale. Celle-ci requiert une
répartition équilibrée et une offre
diversifiée dans chacun des douze
quartiers de la ville. Avec une volonté
de rendre les logements accessibles
à tous, quelque 81 logements sociaux
ont ainsi été construits à la lisière
du Thabor, secteur résidentiel par
excellence. Le programme Lucien-
Rose, conçu par l’Atelier du Pont, a
été lauréat du Prix d’Architecture
de Bretagne 2010, dans la catégorie
habitat collectif. Les sites en mutation
sont des lieux privilégiés pour
développer à terme de nouveaux
programmes, respectueux de cette
mixité sociale et générationnelle,
à l’image du square Lucien-Rose et
de l’îlot Mac-Mahon. Dans le même
esprit, la reconversion de l’Hôtel-Dieu
ou de l’îlot de l’Octroi, et le nouveau
L’un des objectifs du projet urbain Rennes 2030 consiste à maintenir
les équilibres démographiques et de peuplement sur l’ensemble
des douze quartiers de la ville. Il s’agit de permettre à chaque foyer
de choisir son lieu d’habitation et son parcours résidentiel,
en bénéficiant de services de proximité renforcés.
De la vie en bas de chez soi
Square Lucien-Rose, la médiathèque se fond en douceur dans le site, et les 81 logements sociaux sont bordés par un jardin en terrasses.
Architecte/AtelierduPont-Photo/TakujiShimmura
35
oublier l’ouverture de petits marchés
hebdomadaires, des bistrots avec
leur terrasse, propices aux échanges
et aux rencontres.Renforcer
la convivialité des quartiers
et l’animation fait donc figure
d’attente forte, avec la création ou le
développement des centralités et la
dotation de nouveaux équipements
ou d’espaces publics animés. Un
exemple ? Le projet d’une vingtaine
de balançoires musicales, porté par
l’association Electroni-K et validé par
le budget participatif, qui trouveront
prochainement leur place dans
l'espace public.
Les Rennais affirment vouloir
participer à la co-construction du
projet de vie du quartier où ils vivent :
« Donner l’occasion plus souvent
aux habitants d’exprimer leurs choix
quartier EuroRennes en fournissent
de bons exemples. Dans ces nouveaux
aménagements, les Rennais attendent
également moins de standardisation
afin de renforcer les identités de
quartier. De plus, la production de
nouveaux logements vise également
à enrayer le vieillissement des
populations et à favoriser le maintien
des effectifs scolaires, dans des
quartiers qui connaissent parfois des
baisses sensibles de la population.
Ces nouvelles constructions
garantissent un niveau de services
et de commerces suffisant.
Le quartier, échelle de toutes
les proximités
« Il ne faut pas que les nouveaux
quartiers soient des cités-dortoirs »,
affirment les Rennais lors de
la concertation. La priorité ?
Développer des équipements de
proximité, faciliter le maintien des
commerces dans tous les quartiers.
« Les commerces vivent mal dans
les quartiers populaires comme
Maurepas, Villejean, Le Blosne. Il
faudrait pratiquement des structures
spécifiques pour garantir des loyers
hyperaccessibles, la propreté, la
sécurité, la prise en charge de remise
en état des commerces », explique
l’association des commerçants Le
Carré Rennais. De même, développer
des activités artisanales, tertiaires
et industrielles dans les quartiers
de la ville, notamment ceux qui sont
en zone prioritaire, doit permettre
de faciliter l’accès à l’emploi. Sans
sur la manière dont on pourrait
arborer, situer les lieux de partage et
d’échange, les lieux de vie, le mobilier
urbain… ce serait peut-être mieux
apprécié et mieux respecté par la
suite », peut-on ainsi lire dans le
compte rendu de la concertation.
Réduire la précarité énergétique
Le « mieux-vivre dans son quartier »
se traduit aussi par la rénovation du
parc ancien de logements, social ou
privé. Un enjeu de développement
durable majeur ! Si les constructions
neuves sont désormais moins
énergivores et privilégient des éco-
matériaux respectueux de la santé,
réduire la précarité énergétique
dans les logements les plus anciens
contribue à améliorer la qualité et
le confort de vie des habitants. Le
dispositif d’accompagnement à la
rénovation du parc privé, écoTravo,
constitue une réponse, un soutien
financier, notamment en direction
des copropriétés situées dans les
quartiers populaires.
De même, depuis plusieurs années,
des travaux d’envergure sont entrepris
pour la rénovation des bâtisses du
vieux Rennes, aux abords du cœur
historique. Quelque 750 logements
ont déjà été réhabilités dans le cadre
d’une vaste opération de rénovation
urbaine. Demain, ce sera plus d’un
millier. Objectifs : préserver la qualité
patrimoniale tout en assurant un
habitat confortable pour tous, avec
des logements plus grands, adaptés
à l’évolution des modes de vie. • CB
Donner l’occasion plus
souvent aux habitants,
d’exprimer leurs choix
sur la manière dont on
pourrait arborer, situer
les lieux de partage
et d’échange (...) ce
serait peut-être mieux
apprécié et mieux
respecté par la suite. 
Un habitant, lors de la concertation.
29 %
de logements
sociaux dont 70 %
sur les territoires
populaires
1 000
logements sur 1 500
construits par an,
servent au maintien
de la population
50%
des ménages
sont constitués
d'une personne
seule
22 %
des ménages
sont des familles
l'habitat à rennes
36
Redonner de l’attractivité aux
quartiers populaires pour pallier
le déséquilibre du peuplement,
en développant de nouveaux
services et équipements et en
favorisant l’emploi : des enjeux
partagés avec les habitants,
invités à construire les projets
de quartier.
Le Blosne : des mixités repensées,
de greffes en extensions
« Nous attendons avec impatience
l’arrivée de nouvelles familles sur
le quartier », explique Patricia,
enseignante dans une école primaire
qui connaît la baisse des effectifs.
Le projet urbain du Blosne prévoit la
construction d’un millier de logements,
principalement en accession aidée et
libre. Une façon d’inviter de nouvelles
populations à rajeunir le quartier et
son image. Premier signal lancé : la
greffe d’une résidence pour jeunes
travailleurs dans l’une des deux tours
du square de Prague, réhabilitées en
noir et blanc.
Dans le même temps, si la mixité
générationnelle et sociale est un
facteur de renouvellement urbain,
la mixité des fonctions l’est tout autant.
La construction du Samara, en
extension d’une tour voisine, l’illustre.
« De la couleur dans un quartier
d’habitation où les tours sont grises,
c’est bien vu ! » commente la présidente
de l’association gestionnaire de la
crèche à horaires atypique, qui accueille
des enfants valides ou en situation de
handicap. Celle-ci est l’une des sept
structures dédiées à la santé et à la
petite enfance qui ont élu domicile
à deux pas de l’Hôpital Sud.
Autre projet en gestation : le futur pôle
associatif du Blosne qui deviendra,
selon les acteurs du quartier, « une
ruche associative, un lieu de vie
qui favorisera les synergies ». Le
bâtiment s’ouvrira sur la Rambla, un
mail paysager piétonnier qui longera
le centre culturel du Triangle et
l’Espace social commun. Sur l’autre
rive : la place de Zagreb, desservie
par la station de métro Le Blosne
sera requalifiée. Cette aire de parking
qui accueille le marché du samedi,
deviendra le cœur commercial,
économique et culturel du quartier
avec l’installation d’une antenne
du Conservatoire de musique à
rayonnement régional.
Maurepas-Gayeulles :
d’autres modes d’habiter
« Un projet novateur : une rue créée
avec des projets de maisons
individuelles personnalisés et donc
chaque fois différents », à proximité
de la future station de métro Les
Gayeulles, une vingtaine de familles
a réfléchi avec les architectes à un
autre mode d’habiter, pour un coût
d’accession raisonnable. Le projet des
maisons Ropartz est l’une des pièces
importantes du renouvellement urbain
du quartier Maurepas-Gayeulles. Ici, la
diversification du parc de logements
favorise directement la mixité sociale.
L'arrivée de la deuxième ligne du
métro offre l’opportunité de valoriser
l'image du quartier par des actions
fortes. Avec, à la clé : la requalification
des espaces publics et des avenues,
la création de nouvelles rues à la
circulation apaisée, l’amélioration
des parcours cyclistes et piétonniers…
Autre priorité : renforcer les centralités
du quartier par la création d’unProjet du Conservatoire de musique, au Blosne, place de Zagreb.
Inspirations nouvelles
et quartiers populaires
AgenceTetrarc
37
en partenariat avec l’Agence nationale
pour la rénovation urbaine (ANRU).
Plus de 150 logements vétustes,
déconstruits, laisseront place à l’une
des deux nouvelles écoles du quartier
ainsi qu’à des logements neufs. Le
parc locatif social sera rénové pour
améliorer l’isolation thermique, le
confort acoustique, l’accessibilité et la
sécurité. Les dix tours du Gros-Chêne
seront requalifiées pour accueillir des
profils d’occupants différents. Des
appartements seront réservés aux
jeunes actifs, d’autres seront proposés
pôle multimodal de transports, de
nouveaux équipements publics tel
l’Espace social commun. Le centre
commercial du Gast sera reconfiguré
autour d’une place centrale, bordée
de nouveaux logements, de nouveaux
bureaux et locaux artisanaux.
Le Gros-Chêne :
relancer l’ascenseur social
Au fil du temps, le centre commercial
du Gros-Chêne a perdu son élan. « Ici,
même l’ascenseur est en panne »,
explique Séverine qui vient faire
ses courses tous les jours dans la
dernière locomotive commerciale, la
supérette du quartier. Construit à la
fin des années 1950, le Gros-Chêne à
Maurepas, malgré des réhabilitations
successives, connaît d’importantes
difficultés sociales et économiques.
C’est l’un des quartiers les plus pauvres
de Rennes. À l’horizon 2020, l’offre
commerciale sera relocalisée autour la
nouvelle place, desservie par la future
station de la ligne b du métro. Dans le
même temps, une vaste opération de
renouvellement urbain s’est engagée
à Villejean, le projet Normandie-Saumurois prévoit 150 logements étudiants, 12 maisons, un parking et des locaux d’activités.
Située rue Guy-Ropartz, à Maurepas, la future
résidence Senséa avec ses 42 logements.
à la vente. Les parties communes
pourront héberger des services ou
des équipements. Une nouvelle offre
économique pour dynamiser
le quartier !
Le secteur Normandie-Saumurois :
un signal en proue de quartier
Situé en tête de l’opération de
renouvellement urbain du quartier de
Villejean, sur l’axe majeur d’entrée de
ville, le boulevard Charles-Tillon, un
ensemble futuriste est sorti de terre.
Pensée par les agences d'architectes
Urbanmakers et The comme « un
véritable monument métropolitain »,
cette architecture singulière conjugue
une mixité inhabituelle. Surlesocled’un
parking silo, une première à Rennes,
sont posées douze maisons de ville
destinées aux familles. En surplomb :
les étudiants habiteront une tour de
dix-sept étages, véritable signal d’entrée
de ville. Une résidence pour personnes
âgées et des locaux d’activités viennent
ponctuer cette opération qui préfigure
la volonté de diversifier les fonctions
urbaines sur un même îlot. • CB
Maitred’ouvrage:Lamotte-Architecte:AIA
Maîtrised'ouvrage:ArchipelHabitat-Architectes:UrbanMakers / TheArchitectes / BETOM
38
Aujourd’hui, sur la question des
transports, le bilan des usagers est
positif. Un fonctionnement que la
prochaine ligne de métro renforcera,
à partir de 2020, avec une refonte
du plan de circulation des bus. Se
déplacer rapidement, partout et
confortablement : voilà bien un levier
majeur d’aménagement, vecteur
de lien social et de solidarité ! Les
liaisons rapides par le métro, les
bus et les cheminements doux –
cyclistes et pédestres – doivent
davantage rapprocher les quartiers
du centre-ville, mais aussi favoriser
les circulations vers les nouvelles
polarités de quartiers, à l’image
par exemple du parc des Gayeulles,
de la patinoire, du centre culturel
Le Triangle. Parmi les destinations
de demain : le nouveau stade
d’athlétisme de Villejean, les futures
salles de concert de L’Antipode
ou encore le Conservatoire à
rayonnement régional au Blosne.
Pour autant, globalement satisfaits,
les Rennais interrogés émettent
des réserves sur une mobilité qu’ils
estiment perfectible, sur la question
du stationnement par exemple ou les
services de bus en interquartiers.
La guerre du stationnement
Problème récurrent qui traverse
les décennies : le stationnement
questionne la place de la voiture en
ville. Les Rennais interrogés soulignent
la nécessité de ne pas accentuer
les problèmes ressentis quant au
manque de places de stationnement,
surtout en tant que riverains. « Si on
augmentait les places par logement,
on aurait moins de voitures sur
l’espace public », commente un
habitant à l’occasion d’une balade
Rennes 2030. Face aux « voitures
ventouses », à la « trop forte présence
des automobiles sur l’espace public »,
comment développer la capacité
d’accueil des parkings relais, « saturés,
insuffisamment ouverts et incapables
de contenir l’entrée des véhicules dans
Rennes », s’interrogent les Rennais ?
Autre point de vigilance plusieurs
fois souligné lors de la concertation :
l’attention portée au stationnement
Se déplacer partout, vite et bien
Un habitant, lors de la concertation.
Les voitures, ce sont
des biens privés qui
doivent rester sur
l’espace privé. L’espace
public doit rester
accessible au public.
Si des enfants interrogés en atelier de concertation rêvent de circuler dans la ville « en télésièges »,
leurs aînés sont plus pragmatiques. Les Rennais attendent de « se déplacer facilement dans tous les endroits
de la ville » et de se rendre confortablement « au travail ou dans le centre-ville en quelques minutes ».
+ 35%
hausse du trafic vélo
à Rennes entre 2015
et 2017
250km
d’itinéraires cyclables
80 %
de zones apaisées
en 2020
ChristopheSimonato
Chiffres clés
Les Rennais - Hors série Rennes 2030 - septembre 2017
Les Rennais - Hors série Rennes 2030 - septembre 2017
Les Rennais - Hors série Rennes 2030 - septembre 2017
Les Rennais - Hors série Rennes 2030 - septembre 2017
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Les Rennais - Hors série Rennes 2030 - septembre 2017

  • 1. LE MAGAZINE DE L’INFORMATION MUNICIPALE / hors-série sepT. 2017 retour sur un an de fabrique urbaine RENNES 2030
  • 3. retour sur un an de fabrique urbaine RENNES 2030 Directeur de la publication : Sébastien Sémeril • Directeur général de la communication et de l’information Rennes Métropole - Ville de Rennes : Laurent Riera • Coordination éditoriale : Xavier Debontride • Rédaction : Christine Barbedet, Amélie Cano et Xavier Debontride • Secrétariat de rédaction : Nicolas Roger • Direction artistique : Laure Bombail • Photographie de couverture : Franck Hamon • Impression : Imaye Graphic • Dépôt légal : ISBN – 978-2-906087-78-1 SOmmaire introduction 1 3 Rennes 2030 : quand les habitants imaginent leur ville Nathalie Appéré : « Les Rennais nous ont dit l’amour de leur ville » Rennes verte et bleue, une seconde nature L'Ille, la Vilaine : l’Histoire au fil de l’eau Une diagonale de verdure à redécouvrir Au nord-est, les coteaux de Beaulieu en large et en traverse Au nord-ouest : infiltration vertes et irrigations bocagères Au sud : les pièces vertes d’un puzzle nature à reconstituer Urbanisme et paysage : « Il faut multiplier les points de vue sur la ville » « Faire revivre l’eau dans la ville » Vivre la ville au cœur des quartiers La longue histoire des quartiers rennais Les attentes d'une ville à la fois dense et aérée De la vie en bas de chez soi Inspirations nouvelles et quartiers populaires Se déplacer partout, vite et bien Claire Schorter, architecte : « La ZAC Plaisance est une pépite » Le centre-ville, un cœur battant et habité 2 000 ans d’histoire urbaine Le cœur rayonnant de la métropole Un patrimoine vivant et habité Des déplacements facilités Flâner de place en place À bicyclette ?... Ou en voiture ? Le 1er centre commercial de Bretagne Paroles d’habitants Nathalie de Vries, architecte et urbaniste : « Rennes a des accents hollandais ! » Le patrimoine, un trésor commun à partager Quand le patrimoine fait mémoire et débat dans la ville Les vieilles pierres deviennent tendance Les traces des fermes dans la ville Les friches industrielles reprennent vie Quelles seront les pépites architecturales de demain ? les lieux d’études et de travail, espaces à réinventer Conserver l'emploi au cœur de la ville Auto, boulot, dodo : comment se passer de sa voiture au quotidien ? Ouvrir les campus sur la ville Préparer l’avenir en misant sur l’innovation De l’audace toujours de l'audace ! Retour sur la concertation  Les mots de l'urbain 5 4 6 12 14 16 18 20 22 26 30 32 34 36 38 40 44 45 47 48 49 50 51 52 54 59 61 63 64 66 70 72 75 77 78 80 82 Le regard de la maire de Rennes 2 4 JulienMignot JulienMignot CarolineAblain
  • 4. 4 Qui fabrique la ville ? À cette question, nombreux sont ceux qui répondront pêle-mêle et dans le désordre : les élus, les promoteurs, les urbanistes, les architectes, les aménageurs… Plus rarement, sans doute, seront cités les habitants eux-mêmes. Et pourtant. Les questions urbaines, à Rennes comme ailleurs, concernent en premier lieu celles et ceux qui vivent la ville au quotidien. Ont-ils, pour autant, leur mot à dire à l’heure des grandes orientations et des choix stratégiques qui dessinent les projets pour plusieurs décennies ? Beaucoup en doutent, critiquant les décisions prises, au nom du « c’était mieux avant », ou du « pas de ça chez moi ». Car faire la ville, c’est aussi la défaire, la reconstruire sur elle-même, comme disent aujourd’hui les spécialistes. Les raisons en sont connues : il faut accueillir une population en croissance – comme c’est le cas à Rennes –, tout en luttant contre la tendance naturelle à l’étalement urbain, qui grignote de manière irréversible les terres agricoles et les espaces naturels. Alors, évidemment, cette urbanisation rime parfois avec démolition, densité et hauteur et ces évolutions peuvent susciter rejet ou incompréhension. Fil rouge et cafés citoyens Parfois pourtant, des initiatives sont lancées pour permettre aux habitants de comprendre les projets urbains, de s’y associer et de s’y projeter. Mieux, même : de partager leurs rêves et leurs envies. C’est ce qui s’est produit à Rennes au printemps 2016. Pendant plusieurs mois, les rendez-vous thématiques, les balades urbaines et les cafés citoyens se sont multipliés dans la capitale bretonne. Un fil rouge a même été tracé dans les rues, dessinant quatorze itinéraires propices à la découverte et au débat ! Tout cela pour permettre aux habitants de se projeter à l’horizon 2030. C’est-à-dire dans quinze ans à peine, une perspective à la fois proche et lointaine. Mais, qui, à l’aune des grands chantiers d’aménagement, correspond assez bien au temps de l’urbanisme. Priorités du projet urbain Ce hors-série des Rennais consacré au projet urbain Rennes 2030 a pour objectif de partager largement les enseignements de cette concertation. Cette opération a-t-elle atteint ses objectifs ? Par l’ampleur du dispositif mis en place et la qualité des contributions recueillies, elle a en tout cas permis de faire émerger et partager les grandes priorités du prochain Plan local de l’urbanisme, en cours de définition. Ce document administratif obligatoire, qui sera adopté formellement en 2018, est encore largement méconnu des habitants, alors même qu’il régit les règles de construction, les autorisations et les interdictions en vigueur sur le territoire communal. La concertation menée en 2016 a permis d’identifier plusieurs sujets prioritaires. Sans conteste, la place de l’eau et de la nature en ville est apparue comme la préoccupation principale des Rennais. La ville est traditionnellement perçue comme étant très minérale, entretenant une relation complexe et tourmentée avec son fleuve, la mal nommée Vilaine ! Ces critiques se sont exprimées de manière directe et souvent vive lors des réunions publiques. Elles Rennes 2030 : quand les habitants imaginent leur ville FranckHamon Balade urbaine guidée par le groupe mémoire Baud-Chardonnet et les Archives de Rennes pour découvrir le passé de ce territoire en pleine transformation.
  • 5. 5 devraient être entendues et ce n’est certainement pas un hasard si la plupart des futurs projets d’aménagement urbain en cours d’élaboration se situent à proximité immédiate de l’eau et des grands espaces naturels de la ville. Affirmer une identité Car c’est sans doute le principal enseignement de cet exercice de démocratie participative centrée sur les questions urbaines : afin d’affirmer son identité et lutter contre un urbanisme interchangeable et standardisé, Rennes doit redécouvrir sa singularité et son identité. Ce qui passe avant tout par la géographie. Les confluences, les coteaux et les lignes de crêtes dessinent un paysage naturel avec lequel il faut composer pour imaginer la ville demain. Ce travail attentif est au cœur de la réflexion menée par des architectes et urbanistes qui expliquent ici leur démarche. Dès lors, se donne à voir une autre lecture de la ville, plus sensible, centrée sur les usages, les déplacements, les services et l’altérité. L’identité du centre-ville historique mérite d’être préservée et renforcée, tout comme celle des quartiers rennais, qui défendent chacun leurs spécificités, leurs ambiances et leurs modes de vie afin que chacun puisse y vivre et s’y épanouir. Le patrimoine en débat La question sensible du patrimoine a fait, elle aussi, l’objet de nombreux débats. Qu’est-ce qui fait aujourd’hui patrimoine ? Que faut-il préserver au nom des générations futures ? Comment reconstruire la ville sans faire table rase du passé ? Autant d’interrogations auxquelles les habitants eux-mêmes apportent des éléments de réponses, parfois contradictoires, mais toujours passionnés. Enfin, une ville ne se résume pas à la beauté de ses vieilles pierres ou au charme de ses colombages, fussent-ils inscrits aux Monuments historiques ! Rennes puise son énergie dans le dynamisme de ses activités économiques, commerçantes, universitaires. Lieu d’études et de travail, la ville doit sans cesse concilier de multiples usages, parfois antagonistes, mais qui, ensemble, contribuent à son attractivité. De nombreuses attentes et propositions ont également été formulées pour qu’urbanisation rime avec innovation. Se situer dans la ville On le voit à travers cette évocation rapide, « faire la ville » s’apparente à un chantier complexe et passionnant. Les pages qui suivent reviennent en détail sur les enseignements de la concertation, sans éluder les critiques et les attentes. D’autres temps forts seront proposés aux Rennaises et aux Rennais lors des prochaines phases de l’élaboration du PLU. En septembre 2017, de nouvelles balades, expositions et découvertes permettront d’approfondir certains points et de mettre en lumière de nouveaux projets. À noter que la cartographie tient une place importante au sein de ce dispositif : savoir se situer dans la ville, apprécier sa topographie, ses reliefs et ses points de vue, permet mieux qu’un long discours de saisir d’emblée la portée d’un projet, son inscription dans le tissu urbain et sa capacité à dialoguer avec son environnement immédiat. Ce hors-série des Rennais est aussi conçu comme un guide, pour arpenter la ville et la découvrir sous de nouvelles perspectives. Comme une invitation à quitter les sentiers battus et les quartiers familiers afin d’apprécier d’autres facettes d’une ville moins lisse qu’il n’y paraît. Bonne lecture et bonne découverte. Xavier Debontride Pour qu’urbanisation rime avec innovation JulienMignot Après des années de concertation avec les habitants, le square Antoine-Jagu a été inauguré. Tout en matériaux écologiques, il ouvre une nouvelle ère pour les lieux de convivialité dans les quartiers.
  • 6. 6 La maire de Rennes, Nathalie Appéré, tire ici les leçons de Rennes 2030, souligne les attentes des Rennais et exprime sa vision du projet urbain. Entre audace architecturale et cohésion sociale. Vous insistez souvent sur la dimension sociale du projet urbain. Faire la ville, c’est avant tout politique ? Évidemment ! Pour moi, le projet urbain est fondamentalement politique. J’ai toujours perçu un projet urbain comme allant au-delà des routes, des ponts, des bâtiments et des infrastructures, aussi beaux, ambitieux et pertinents soient-ils. Il s’agit de répondre à la question : quelle ville voulons-nous ? La réponse que je porte s’appuie sur les principes d’égalité, de justice sociale, de bienveillance, d’inclusion. C’est aussi ce que j’ai entendu lors de la concertation. L’attachement à la cohésion sociale, au vivre-ensemble, aux lieux de partages que peuvent être les espaces publics, la question de la transition énergétique, de la place de la nature, de la ville apaisée… sont fondamentalement des questions politiques et sociales. Il y a des risques de faire une ville à plusieurs vitesses ? Rennes est engagée dans une phase exceptionnelle de développement, qui s’appuie notamment sur de grands projets d’infrastructure : 2e  ligne de métro, nouvelle gare, Couvent des Jacobins, quartier EuroRennes, nouvel hôpital, etc. Nathalie Appéré, maire de Rennes « Les Rennais nous ont dit l’amour de leur ville » Il est de notre responsabilité que ce développement bénéficie à chacun, à la fois en affirmant les solidarités et en permettant l’épanouissement individuel. Je situe les enjeux à deux niveaux : celui d’un collectif solidaire qui garantit la justice et l’égalité, et celui d’une ville qui permet les libertés. Je reviens toujours au triptyque républicain : « liberté, égalité, fraternité ». Y compris dans la manière de penser la ville. Nous ne sommes pas ici dans l’injonction politique désincarnée, mais dans un projet pour lequel on nous invite à aller encore plus loin. Quelle place occupe la rénovation des quartiers populaires dans ce projet ? Une place essentielle, absolument centrale : je fais le constat lucide des précarisations et des difficultés qu’on rencontre à Maurepas, à Villejean, au Blosne. Nous avons engagé dans ces quartiers des dynamiques fortes, à commencer par leur désenclavement par le métro. L’ambition de cohésion sociale dont je vous parlais à l’instant se double ici d’une volonté de cohésion territoriale. En dix ans, 500 millions d’euros, c’est considérable, seront investis dans la rénovation des quartiers prioritaires du Blosne, des Gayeulles et du Gros- Chêne. On commence déjà à en voir les effets très concrets. Les Rennais ont parfois été sévères lors de la concertation, évoquant une ville « trop minérale, sans audace, qui voit tout en rikiki ». Comment avez- vous reçu ces critiques ? Je considère déjà que toute contribution des Rennais à la construction de leur ville et toute volonté d’en conforter l’image sont Réunion de présentation des futurs équipements du Blosne en présence de Nathalie Appéré, suivie d'une déambulation dans le quartier. JulienMignot
  • 7. 7 des éléments positifs. Ces critiques doivent être écoutées. Ce qui m’a frappée durant cette concertation, c’est d’abord la fierté rennaise et l’envie de participer, qui traduit un attachement fort à notre ville. C’est aussi une manière de resituer la place du politique, en disant aux élus : ce n’est pas votre ville, c’est la nôtre ! Il y a donc une attente forte ? Il y a de nouveaux défis à relever, c’est évident. Les critiques entendues ne m’ont pas surprise, elles ont plutôt conforté et renforcé les orientations et les intuitions du projet municipal de 2014. Ce que reflète la concertation, c’est l’amour d’une ville, l’envie de le porter plus haut. Je n’ai pas entendu de dénigrement, mais l’envie de changer de braquet. Nous y sommes prêts. Revenons aux orientations du projet urbain. La première, c’est la place de l’eau et de la nature en ville. Vous attendiez-vous à une telle demande ? Elle ne nous a pas surpris. Lorsqu’on a lancé le budget participatif, en 2015, de nombreux projets concernaient déjà la reconquête de la Vilaine, les lieux de détente et de loisirs au bord de l’eau, le réaménagement des berges… On avait commencé à l’anticiper sur les projets comme la Vallée de Vilaine, les étangs d’Apigné, Baud-Chardonnet et les plages urbaines, ou certains aménagements urbains autour du fleuve. Ce besoin d’eau, on le ressent tous clairement, même si historiquement, cette ville s’est construite en tournant le dos au fleuve. Il est temps à présent de nouer un nouveau rapport à l’eau, les habitants en ont clairement et fortement exprimé l’envie. Autre sujet fort : la question du patrimoine, qui ne fait pas consensus. Que répondez- vous à ceux qui dénoncent une « banalisation » de la ville ? Sur cette question, il y a d’un côté le ressenti et de l’autre, la réalité des faits. Je suis souvent interpellée par des riverains qui, tout en reconnaissant la nécessité d’accueillir de nouveaux habitants, déplorent parfois la destruction de telle ou telle maison qu’ils ont toujours connue. La réalité, c’est que notre centre-ville bénéficie d’un niveau de protection très élevé, avec un plan de sauvegarde et de mise en valeur du patrimoine. Sur ces dix dernières années, 99 % du patrimoine considéré comme remarquable ont été préservés. Cela situe les enjeux, mais pose également des questions : chacun a sa propre définition du patrimoine, en fonction de son histoire personnelle et de son rapport à la ville. Ce n’est pas toujours celle des architectes ou des historiens. Le patrimoine d’une ville est riche de toutes les périodes et styles architecturaux. Mais on ne peut ni le figer ni le réduire à « l’ancien ». Nous avons besoin de travailler à créer cette culture commune autour du patrimoine. De quelle manière ? Nous avons mis en place la commission locale du patrimoine, qui s’appuie sur les associations et notamment les Amis du patrimoine. Ils apportent une expertise légitime, que l’on peut confronter à celle des architectes, urbanistes et historiens, pour créer cette vision commune et vivante du patrimoine. Et ainsi avancer, sans tomber dans l’écueil de la ville-musée. «  L’ambition de cohésion sociale se double d’une volonté de cohésion territoriale. » Nathalie Appéré, maire de Rennes. à Cleunay, lors d'une randonnée Traversées et escales qui invitait les habitants à redécouvrir la Vilaine. Ici, rencontre avec Maxime, du jardin de Mille Pas, vitrine de l'agriculture alternative. FranckHamon
  • 8. 8 Comment cela va-t-il se traduire dans le projet urbain ? J’insiste bien sur les différents niveaux de protection patrimoniale. Le programme de sauvegarde du centre historique prévoit des engagements de restitution à l’identique pour permettre de conserver l’identité des paysages qui ont traversé les siècles. Pour ce qui relève davantage du « patrimoine perçu » – bâtisses traditionnelles, patrimoine industriel, sans oublier le patrimoine naturel –, nous devons fixer des règles. La solution n’est pas systématiquement la démolition totale, mais pourquoi pas l’intégration d’éléments anciens dans le programme neuf, comme une façade, un balustre ou une mosaïque… Il s’agit d’imaginer des formes architecturales qui permettent à la fois la réponse à des besoins, avec audace, tout en s’inscrivant dans une histoire. La Ville a donc aussi son mot à dire face aux propriétaires ? Elle peut s’opposer à une démolition, au nom justement de l’intérêt patrimonial. Je vais vous confier une anecdote : nous avons reçu il y a quelques mois à la mairie une lettre d’une habitante qui s’offusquait de ce que la ville, au nom de la protection du patrimoine, se soit opposée à la destruction de sa maison familiale, promise à un promoteur. Et cette dame de nous expliquer que sa demeure n’avait aucune valeur patrimoniale, dans l’espoir de réaliser la vente ! Cela traduit bien la complexité et la sensibilité du sujet ! À ce propos, la Ville va-t-elle prendre des initiatives pour développer une pédagogie des questions urbaines auprès des habitants ? Déjà, les choses ont beaucoup bougé ! Je dis souvent que la Fabrique citoyenne, c’est l’ADN de notre mandat municipal : on voit bien qu’on a changé de dimension sur la concertation, sur la co- construction, sur la prise en compte des expertises d’usages… On ne fait plus la ville aujourd’hui de la même manière qu’avant. La concertation Rennes 2030 s’est appuyée sur une volonté de démocratie locale refondée. Elle nous montre à quel point les Rennais sont aussi pragmatiques, en même temps qu’audacieux. Ils ont parfaitement intégré les enjeux actuels sur le logement, la ville durable et les mobilités. Vous pouvez citer quelques exemples ? Ils sont nombreux. Prenez les terrains militaires de Guines : on part d’une page blanche, le projet proposé est extrêmement dense et audacieux, et on note une forte dynamique au sein des groupes de travail. De même pour la place Saint-Germain, sur un tout autre registre, où les jurys chargés de choisir les aménagements intègrent des habitants. Derrière chaque projet d’espace public, c’est une dynamique sociale qu’on crée. Je note également une évolution dans la culture professionnelle des services de la Ville : aujourd’hui, tout le monde est porteur de cette envie de concertation. Désormais, les cahiers des charges intègrent des jardins partagés, des poulaillers, de la permaculture ! La pédagogie, pour répondre à votre question, ne se fait pas seulement dans l’incantation. Elle s’exprime aussi par la mise en œuvre de projets, que ce soit dans la proximité ou à l’échelle du territoire, je pense aux Prairies Saint-Martin ou à la Vallée de la Vilaine, par exemple. Les Rennais réclament davantage d’audace architecturale dans la ville, mais hauteur et densité font débat. Comment répondre à ces attentes parfois paradoxales ? J’entends les critiques sur une uniformisation de l’architecture contemporaine, avec le fameux « immeuble R +4 + double attique » FranckHamon Des Rennais en direction des Prairies Saint-Martin, lors de la balade urbaine Quand la nature prend ses quartiers.
  • 9. 9 qu’on retrouve un peu partout. Cette uniformité est aussi la conséquence directe de l’application des règles du Plan local de l’urbanisme précédent, datant de 2004. Il y a une attente d’architecture plus audacieuse, qui caractérise les métropoles aujourd’hui et qui nourrit la fierté des habitants. Je partage totalement cette attente, en prenant garde que cette qualité architecturale soit dans tous les quartiers, que le beau puisse être accessible à tous. On peut faire de très belles choses dans l’habitat social : voyez la réhabilitation et la mise en lumière de la tour Sarah-Bernhardt, à Bréquigny ! On va également construire un conservatoire régional de musique et de danse, qui sera un très beau bâtiment, en plein cœur du Blosne. L’architecture de l’Îlot de l’Octroi sera audacieuse et socialement engagée, puisqu’on ne distinguera pas les logements sociaux du parc privé. Même chose avec les doubles tours Madeleine du Pont de Nantes ! On a vraiment envie de travailler sur cette dimension tout en insistant, pour chaque projet, sur les cohérences qu’il nous faut préserver. Qu’entendez-vous par cohérence ? Si l’on veut préserver des espaces verts de qualité reliés aux projets, il faut admettre une certaine densité. Et si l’on veut atteindre une certaine qualité architecturale, il faut également accepter cette densité. Dans l’économie générale d’un projet, si on ne veut pas que les coûts de sortie au mètre carré soient prohibitifs, il faut proposer des formes et des volumes suffisamment intéressants, pour permettre l’audace et attirer les meilleurs architectes. 1. Au départ de la balade urbaine n°3 Quand la nature prend ses quartiers en présence de Nathalie Appéré, maire de Rennes. 2. Mobilier étonnant Piqueniquetopie par les artistes PKMN, aux prairies Saint-Martin. 3. Balade urbaine n°3 Quand la nature prend ses quartiers. Ici, l'allée de Maurepas. 4. Balade urbaine n°13 Au fil des îles de Rennes guidée par le groupe mémoire Baud-Chardonnet et les Archives de Rennes. FranckHamon «  Il y a une attente d’architecture plus audacieuse qui nourrit la fierté des habitants. » Nathalie Appéré, maire de Rennes. Pour conclure, pensez-vous qu’en 2030, Rennes aura changé de visage ? Nous sommes clairement à l’aube d’une nouvelle étape dans le développement de la ville. Nous assistons à une mue extraordinaire, confortée par les infrastructures qui sortent de terre et enrichie par les inflexions du projet urbain, qui font de la qualité de vie une priorité. Cette convergence nous fait changer d’ère. Dans les dix ans qui viennent, je pense que le regard porté sur Rennes par ses habitants et par ses visiteurs aura considérablement changé. Nous entrons dans une nouvelle décennie rennaise. Propos recueillis par Xavier Debontride ChristopheLeDévéhat 2 31 4 FranckHamon FranckHamon
  • 10. 10 Rennes verte et bleue, une seconde nature Réinvestir le cours des rivières et leurs rives pour vivre la pleine nature de la ville verte et bleue, retrouver le chemin des vallons et des coteaux, conforter les corridors écologiques pour une meilleure biodiversité… Pour les Rennais, il s’agit d’un enjeu environnemental et de qualité de vie qui se prépare dès à présent.
  • 12. 12 Dans un document intitulé Sur l’hygiène et la mortalité de la ville de Rennes, le docteur Adolphe Toulmouche écrivait au milieu du XIXe  siècle : « Pendant l’hiver, les eaux de la Vilaine inondent souvent les quartiers qui la longent, dont certaines rues, telles que celles de la Parcheminerie et de la Boucherie. » Aux débordements de la Vilaine qui s’étendent jusqu’au faubourg Saint-Hélier, s’ajoutent « le sang des animaux qu’on égorge, les excréments et les eaux qui ont servi à laver leurs chairs et leurs intestins ». Inondations et pollutions Le médecin mentionne l’activité d’un grand nombre d’amidonneries et de tanneries dans le bas quartier de la ville. Ces eaux polluées et les matières putrescibles se desservent allègrement dans de petits canaux déversoirs, le Brecé et le Jocumé. Quant à la rivière de l’Ille dont la pente est inexistante sur les trois quarts de sa longueur, elle inonde régulièrement le faubourg de Brest où l’activité des chiffonniers, de fabriques de colle forte ou de chapeaux… alimente des L’Ille, la Vilaine : l’Histoire au fil de l’eau cloaques infects. De plus, les puits où s’approvisionne la population sont régulièrement contaminés par l’infiltration des fosses d’aisance. Pollution des eaux, stagnations viciées, terrains marécageux, auxquels s’ajoutent les constructions vicieuses, la surpopulation, la malpropreté… ces facteurs « rendent la mortalité considérable », affirme le médecin. Ce tableau plutôt sordide de la ville d’antan permet de comprendre pourquoi les Rennais ont fini par tourner durablement le dos à leurs rivières et ont refusé la présence de l’eau dans la cité. Aménagements contre nature C’est dans ce contexte, au milieu du XIXe  siècle, que la rectification du cours principal de la Vilaine, la construction des quais et l’endiguement de la Vilaine ont été réalisés, sans oublier l’assainissement des zones marécageuses, le comblement des petits canaux, comme à l’emplacement de l’actuelle promenade Georges-Brassens. C’est aussi à partir de 1881 qu’a débuté l’aménagement du premier réseau d’assainissement. Dans ce contexte aseptisé, les espaces verts sont tirés au cordeau et domestiqués, à l’image du parc du Thabor aménagé à partir de 1866 par le paysagiste Denis Bülher. Au milieu des années 1960, toujours sous la pression hygiéniste et moderniste, une vaste opération de rénovation urbaine est conduite 42 m2 par habitant d’espaces verts publics contre 31 m2 dans les grandes villes de France 46 % de la superficie de la ville est verte (en incluant les secteurs agro-naturels dont la Prévalaye) 17 % du territoire rennais est constitué par des espaces verts publics 1/3 de la ville est située en zone naturelle et agricole 86 hectares de boisements et 127 000 arbres sont recensés dans la ville La nature à Rennes Rennes, quai Dugay-Trouin, 1963. Vue du chantier de couverture de la Vilaine, avec au premier plan, des ouvriers sur une plate-forme située sur l’eau. C’est à la confluence de deux cours d’eau, l’Ille et la Vilaine, que la ville de Rennes s’est construite au cœur d’une cuvette formée par l’affaissement du bassin armoricain. Cette inscription urbaine a été façonnée par un réseau hydrographique dense, formé de ruisseaux qui dessinent trois vallées, des vallons et des coteaux. En cœur de la cité, des méandres souvent marécageux que la main de l’homme n’a eu de cesse de dompter au fil des siècles. L’insalubrité a longtemps été un fléau à combattre dans la ville. MuséedeBretagne-SigismondMichalowski
  • 13. 13 faubourg de la rue de Brest et du quartier de Bourg-L’évêque par l’architecte Georges Maillols, qui y développe un urbanisme de dalle. En cette décennie où la voiture est reine, la couverture de la Vilaine, en centre- ville, pour y installer un parking, ne fait pas débat. Anecdote révélatrice de cette époque : un étudiant de l’école d’architecture propose même, pour son diplôme, d’installer un musée automobile et un vaste parking dans les Prairies Saint-Martin, avec vue sur la future pénétrante de Patton (abandonnée depuis et valorisée en coulée verte) ! À la même époque, les Rennais ont fini par oublier les ruisseaux qui s’écoulaient dans les fonds de vallée et formaient de petites îles. Citons Alphonse-Guérin, Saint- Hélier, Baud-Chardonnet… Les habitants se mettent au vert Aujourd’hui, l’eau a coulé sous les ponts. L’histoire d’hier a quitté la mémoire rennaise d’aujourd’hui, alimentée par une population sans cesse renouvelée. Les Rennais, concertés sur les orientations du projet urbain à l’horizon 2030, sont désormais critiques quand il s’agit du patrimoine fluvial de la ville. Pour 54 % d’entre eux, mettre en valeur la présence de la Vilaine et de l’Ille est une nécessité. Ils attendent des accès facilités par la création de passerelles ou des cheminements nouveaux, « des berges accessibles pour flâner » offrant « des guinguettes », « des terrasses », des espaces de jeux pour les enfants et proposant des événements festifs. Dans le même temps, ils invitent à renforcer la présence de l’eau dans la ville avec l’installation de « fontaines » ou de jeux d’eau. Les habitants interrogés considèrent que c’est « une chance » de bénéficier d’un tel réseau hydrographique, soulignant l’effort écologique à fournir tant pour améliorer la qualité de l’eau que pour soutenir la biodiversité. Désormais, les Rennais ont soif de cette nature qui contribue à la qualité de leur cadre de vie, mais aussi à la régulation du climat et à l’équilibre environnemental. Ils plébiscitent la diversité des espaces verts et apprécient de pouvoir y accéder rapidement en changeant de paysage. Néanmoins, ils s’interrogent sur l’aspect minéral du centre-ville, souhaitant une nature plus présente. « Il faut faire entrer la nature dans la ville », affirment certains et laisser davantage la main aux habitants pour qu’ils inventent de petits espaces verts de proximité. Un maillage à l’échelle de la ville Aujourd’hui, plus de deux habitants sur trois disposent d’un espace vert à moins de cinq minutes de leur domicile. Et pourtant, ils connaissent souvent mal leur patrimoine naturel, caché, oublié, mal identifié, insuffisamment connecté. L’un des enjeux du projet urbain Rennes 2030 consiste à affirmer avec une plus grande visibilité et lisibilité la ville nature, en s’appuyant sur la topographie et en assurant des continuités entre les petits îlots de verdure de la rue et les lieux plus fréquentés du quartier pour tisser un maillage à l’échelle de la ville. Ce sont autant de pauses nature, de cheminements pédestres ou cyclistes à renforcer et à créer qui doivent permettent de rejoindre les grands espaces de loisirs et de nature de la métropole et de relier la ville à la campagne. Les pages qui suivent font découvrir ces espaces et ces lieux. Connus ou plus confidentiels, ils illustrent dans leur diversité, l’ambition de mettre la nature au cœur de Rennes 2030. Afin que, à cet horizon, la promesse selon laquelle 90 % des Rennais habiteront à moins de cinq minutes à pied d’un espace vert devienne réalité. Christine Barbedet Issus de la première édition du budget participatif, les jardins flottants ont séduit les Rennais. Avant le déploiement de ce projet prévu pour le printemps 2018, une installation expérimentale est arrivée sur les bords de Vilaine. DidierGouray
  • 14. 14 Étangs d’Apigné, sortie dominicale Le dimanche matin, c’est un rituel, Frédéric qui habite le centre-ville rejoint les étangs d’Apigné, en longeant les berges de la Vilaine, par les quais Saint-Cyr et d’Auchel. « C’est ma promenade dominicale avec mes deux chiens. Je vis en appartement, cela leur permet de se dépenser et de nager dans l’étang, et moi, de prendre un bon bol d’air. » à la confluence de l’ille et de la vilaine  : un jardin in et young Au cœur de la ville, à l’extrémité du mail François-Mitterrand, le pied dans l’eau, le jardin de la Confluence récemment aménagé, est devenu le rendez-vous branché de la jeune génération qui lui dédie une page Facebook. C’est « un petit barbecue entre amis », pour Tony, « les 24 ans » de Mamta et un lieu de ressourcement pour Zortica : « Je ne me lasse pas de ce paysage et des couchers de soleil. » Parc Saint-Cyr : une histoire renouvelée Les anciens Rennais se souviennent qu’entre les murs de Saint-Cyr les « filles de mauvaise vie » étaient enfermées et confiées à une congrégation de religieuses. Devenu une structure culturelle, La Paillette, le domaine Saint-Cyr écrit une autre histoire. « C’est le parc de notre maison », explique Mila, qui arrive de la rue Papu, en longeant un bras de l’Ille. « Pour les enfants, c’est intéressant de regarder les canards ». Elle rejoint son amie Nina : « L’ambiance ici est très sympa. C’est un bon mélange entre l’aire de jeux et les pelouses. Le jardin est à la bonne échelle. Assises sur les bancs à l’ombre des arbres, nous pouvons avoir l’œil sur les enfants. » Prairies Saint-Martin : parc naturel Situé à deux pas du centre-ville, le futur parc naturel urbain des Prairies sera aménagé d’ici à 2021. Ce sera un espace de sensibilisation et de pédagogie sur la nature en ville. De plus, 8 ha seront protégés afin de préserver la tranquillité des espèces, favorisant la biodiversité de cette zone humide, fond de vallée de l’Ille. Tous les jours, Édith, qui « habite au canal » et signe ainsi un art de vivre, traverse les Prairies pour rejoindre sur le plateau, la rue d’Antrain, par un chemin qui serpente et aboutit à un petit escalier. « J’apprécie ce bout de nature presque sauvage en ville et j’espère qu’il ne sera pas dénaturé par les aménagements prévus ! » Une diagonale de verdure à redécouvrir La diagonale verte et bleue est un axe structurant majeur qui traverse la ville de la vallée de Rennes, au sud, à la forêt de Rennes, au nord : elle se déploie le long des cours de la Vilaine et de l’Ille depuis le cœur de la cité, confluence des deux rivières. Cette diagonale permet aux promeneurs et aux sportifs, à pied ou à vélo, de gagner les grands espaces de nature et de campagne aux portes de la ville. Citons au nord-est le canal Saint-Martin qui conduit aux prairies du même nom, où se greffe la « coulée verte » du quartier Patton qui permet de rejoindre le parc des Gayeulles, voire à terme, la forêt de Rennes. Le projet urbain Rennes 2030 a vocation à valoriser et conforter cette diagonale verte et bleue et d’en révéler les vallées, les vallons et les cours d’eau oubliés et gommés de la topographie mentale des Rennais. S'y ajouteront des promenades pédestres ou cyclistes, qui prendront appui sur les ruisseaux d’autrefois, irriguant les différents quartiers de la ville, à partir du maillage existant régénéré. Ancrées dans la ville, voici quelques-unes des étapes vécues par les Rennais ou celles à venir. • CB 1 2 3 4 DidierGouray DidierGouray
  • 15. 15 Une forêt nourricière en appui sur le canal « Grâce au budget participatif 2016, nous allons pouvoir créer une forêt nourricière, un peu plus qu’un verger collectif. Un concept de permaculture. Nous allons étayer sept strates de végétation en nous appuyant en premier lieu sur les grands arbres qui bordent le canal pour aller ensuite progressivement jusqu’au sol avec des variétés comestibles », explique Yves, un habitant du jardin partagé et expérimental du quartier Armorique, en bordure du canal. Des barges fleuries sur la Vilaine Myriam réside avenue Aristide- Briand. Elle a eu l’idée de proposer l’aménagement de grandes barges fleuries, sur la Vilaine. Son projet a été retenu dans le cadre du budget participatif 2015 : « J’ai eu envie de mettre de la poésie dans la ville et de faire de la Vilaine un lieu de vie. » une halte sur les Terrasses Vertugadin Thomas habite au sud de la gare. Aujourd’hui, il a enfourché le vélo familial avec la petite Coralie assise à l’avant et Mahé, à l’arrière. « Nous sommes venus regarder la rivière. » « Ce parcours, je le prends tous les jours pour rejoindre Beaulieu, où je travaille. Je longe la promenade des Bonnets-Rouges, puis celle de Marguerite-Yourcenar. Aujourd’hui, nous avons dû faire tout le tour, car l’accès avec des enfants sur le vélo n’est pas possible par l’escalier des Bonnets-Rouges. Il faudrait l’aménager. » La Promenade Marguerite-Yourcenar a la pêche ! En bordure de Vilaine, les lignes de Gérard sont posées : « Je viens ici quand il fait beau ou sur la promenade des Bonnets-Rouges. Je pêche du brochet et du sandre que je donne, mais cela ne mord pas tous les jours ». Sur l’autre rive qui sera à terme reliée par une passerelle, les premiers immeubles de grande hauteur de la ZAC Baud-Chardonnet sortent de terre. À l’horizon 2020, un nouveau parc bordera la rive sud de la Vilaine : les Plages vertes de Rennes. Un nouveau lieu de pêche pour Gérard ? 5 E E E E E E E E E E Liaiso Canal d’Ille et Rance Vallée de Rennes 2 3 7 5 1 L’ambiance ici est très sympa. C’est un bon mélange entre l’aire de jeux et les pelouses. Le jardin est à la bonne échelle. Mila, habituée du parc Saint-Cyr. 8 4 Révéler la grande diagonale verte Projets de promenades 2030 8 7 6 6 DidierGouray
  • 16. 16 Grillades parties aux Petites Coures En bordure du cimetière de Saint-Laurent, sur le chemin de la Talmoute, un espace vert de proximité offre aux riverains des usages attendus et plébiscités : un barbecue et ses tables de pique- nique, mais aussi un jardin partagé créé avec l’association Vert le jardin et un espace de jeux pour les enfants. Parc des Gayeulles : des loisirs orientés Romain a pris place avec ses étudiants autour d’une table dans le secteur boisé : « Je suis formateur à l’IRSS, une école de sport, et aujourd’hui, nous avons organisé une course d’orientation. Nous venons souvent ici, le parc est proche de l’école et offre des possibilités sportives. » Jean-Marc marche le long du plan d’eau, d’un bon pas. « Je travaille à Cleunay, j’ai pris ma voiture pour aller prendre l’air et me déstresser. Je suis passé par hasard devant le parc des Gayeulles. J’ai eu envie de m’y arrêter, car j’y venais souvent enfant. Une vraie détente ! » Pierre avance en marche alternée avec ses deux bâtons : « Le matin, il n’y a jamais trop de monde. J’ai appris la marche nordique ici et depuis j’y reviens, même si j’habite au sud de Rennes. C’est vraiment plaisant et le matin, il y a seulement les sportifs et quelques promeneurs. » La prairie du Gallet, en réserve Avenue du Gallet, bordée de tilleuls, point culminant de la ville, se trouvent le château d’eau du Gallet et son réservoir d’eau potable souterrain, édifié en 1882, afin d’assurer l’adduction d’eau au cœur de la ville. Un ensemble situé dans une vaste prairie fleurie que l’avenir pourrait rendre plus accessible aux promeneurs. Jardin de la Héronière : « une vraie mixité » Djillali réside allée de Combourg  : « C’est agréable de prendre les petits chemins pour aller au centre commercial du Gast ou pour attraper mon bus. Aux beaux jours, il y a des anciens sur les bancs avec lesquels je bavarde. Il y a une vraie mixité. À la mi-mai, les riverains organisent un vide-greniers le long la promenade et c’est sympa. Par contre l’hiver, c’est vraiment boueux. » Au nord-est, les coteaux de Beaulieu en large et en traverse Le parc des Gayeulles fait office de poumon vert pour plusieurs quartiers du nord-est de la ville. À Saint-Laurent, de nombreux chemins de traverse irriguent ce quartier arboré, à deux pas du parc des Gayeulles, aménagé sur un des lieux les plus hauts de la ville, un plateau qui en dessine son positionnement et son contour. Les coteaux de Beaulieu commencent ici. Le parc est un poumon vert de 160 hectares, en bordure des quartiers de Maurepas et de Patton avec sa coulée verte. Conçu en 1969, comme une base de loisirs dans l’esprit d’un parc boisé à vocation sportive, il est le premier grand espace nature de la périphérie du centre urbanisé. Il est aussi l’une des étapes clés de la diagonale verte et bleue, permettant de lier la ville à la campagne environnante. Ces coteaux abritent de nombreuses étendues d’eau et des zones humides aménagées au cœur du parc, des étangs aux Longs-Champs et sur le campus de Beaulieu. Enfin, inconnu des Rennais et inaccessible, le ruisseau de la Piletière prend sa source sur le coteau de Beaulieu et se jette dans la Vilaine. Un potentiel à révéler qui devrait permettre de créer de nouvelles liaisons piétonnes avec les berges de la Vilaine. • CB 1 2 4 3 DidierGouray
  • 17. 17 Étangs des Longs- Champs et Coësmes, même butte ! Marie-Thérèse prend le soleil sur un banc, installée dans le carré des jeux d’enfants derrière la ferme du Gallet. « Je viens le midi pour profiter du soleil au calme, pendant que les enfants n’y jouent pas. » Et d’ajouter : « Tous les jours, dès le printemps, je fais mon tour des étangs. C’est un moment agréable. Par contre l’hiver, je lui préfère une autre promenade. Je prends l’allée Donzelot. » Et d’insister : « C’est dommage de ne pas pouvoir cheminer à travers le parc du centre médical et pédagogique, car c’est un lieu privé. Je rejoins ensuite les buttes de Coësmes, où je peux admirer les arbres magnifiques. J’espère que rien ne sera construit sur les espaces verts. » La Piletière en toute confidence C’est un ruisseau qui prend sa source sur le coteau de Beaulieu et se déverse dans la Vilaine au niveau de l’île de Baud-Chardonnet. Il est aujourd’hui invisible, enclavé entre les garages du Bois-Perrin et un bâtiment du site universitaire, engoncé dans un épais rideau de végétation, protégé par des clôtures. Révéler ce potentiel naturel et mettre en valeur ce ruisseau figurent parmi les projets de Rennes 2030. E E E E E Parc des Gayeulles Parc du Thabor Parc Oberthür Parc de Maurepas Promenade des Bonnets Rouges Prairies de Rennes Butte Butte du Thabor Buttes de Coësmes Ruisseau du Pont d’Etuse Cucillé Ruisseau de la Lande Morin La Piletière Ruisseau de la Grenouillais Ruisseau des Ponsiaux Étang des Longs- Champs 5 6 4 1 2 5 Le matin, au parc des Gayeulles, il n’y a jamais trop de monde. C’est vraiment plaisant, (...) il y a seulement les sportifs et quelques promeneurs. Pierre, randonneur. 3 6 Assurer les continuités entre les espaces de nature Projets de promenades 2030 JulienMignot
  • 18. 18 Au nord-ouest : infiltrations vertes et irrigations bocagères Le quartier de Villejean, urbanisé sur un plateau au début des années 60, répondait à une attente forte de logement. Il est l’un des secteurs le plus peuplé de la ville, desservi par la ligne a du métro qui a contribué à le rapprocher du centre-ville. Il se caractérise par l’implantation majeure d’un campus universitaire et par la présence marquée de grands ensembles d’habitation érigés autour de l’emblématique dalle Kennedy, ainsi que sur les axes principaux. Ce secteur qui connaît une forte densité bâtie, laisse une maigre place aux espaces verts. Ces derniers ont fini avec le temps par s’infiltrer entre les îlots. De petits jardins de proximité ont été réaménagés et confortés, dont le plus important, le square du Berry, conçu avec les habitants. En bordure du quartier sur l’extrémité nord-est, le parc de Villejean s’adosse à la rocade qui en imprime le rythme sonore. Cette prairie urbaine ne demande qu’à s’ouvrir sur la campagne environnante. A contrario, au cours des années 2000, l’urbanisation du plateau de Beauregard – tant dans l’organisation des espaces publics et des secteurs habités que dans les cheminements – a été pensée à partir des grands éléments du paysage existant. Le bocage et ses chambres bocagères ont été respectés. La topographie et ses courbes de niveau ont été révélées, l’ouverture visuelle vers la vallée de l’Ille a été privilégiée. Pièce centrale de cette organisation verte : le parc de Beauregard sur le sommet de la colline. Véritable césure entre ces deux quartiers, l’avenue Charles- Tillon constitue une barrière quasiment infranchissable. Traiter ce boulevard par séquences paysagères et faciliter les fluidités pédestres et cyclistes permettraient de favoriser les échanges entre ces deux entités. Des potentiels existent. Ainsi, derrière la ferme de la Harpe, il existe un chemin creux bocager qui permet de rejoindre le cœur de Beauregard par le stade. • CB E Butte de Beauregard Parc de Villejean Parc de Beauregard Assurer les continuités entre les espaces de nature 6 5 4 3 2 1 Ce que j’apprécie dans ce parc, c’est la nature et le parcours santé que je viens faire de temps en temps pour me détendre. Quentin, étudiant.
  • 19. 19 Parc du Berry : « Y’a de la joie ! » « Depuis qu’il a été refait, je viens souvent au parc avec Carole », explique Meriem. Les deux jeunes filles s’installent volontiers sur un banc pour regarder leurs selfies. « J’aime bien cet endroit, car c’est là où il y a le plus d’enfants. Et partout où ils sont, il y a de la joie. » Outre les familles, le parc du Berry accueille aussi de nombreux sportifs, attirés par ses deux terrains de foot et un espace multisports. Promenade d’Aunis : les soirs canins « Avec mon chien Roka, c’est la promenade du soir après le travail. Je remonte ensuite par la promenade du Comté de Foix », explique Jérôme. L’aménagement effectué en 2008 s’ouvre à chaque extrémité sur deux aires de jeux, l’une pour les petits et l’autre pour les pré- ados. En pied d’immeuble, une aire herbeuse joue les noues paysagères pour évacuer naturellement les eaux pluviales. Des pins parasols donnent au lieu sa prestance. Le parc de Villejean, questions d’équilibre étudiant, Quentin habite cours Kennedy : « Ce que j’apprécie dans ce parc, c’est la nature et le parcours santé que je viens faire de temps en temps pour me détendre. » Une nature où l’équilibre entre le chant des oiseaux et la circulation sur la rocade se joue sur un fil. À deux pas, Morgan, lui aussi étudiant, est un funambule aux pieds nus sur la slackline qu’il a sanglée entre deux arbres. «  Dès qu’il fait beau, le soir, je viens m’entraîner. » pour cultiver la coéducation Les promenades ici ont pris le nom des villes des provinces données aux rues du quartier. Promenade du Comté de Nice, Catherine, assise sur un banc, discute avec sa voisine devant les jeux d’enfants. Derrière elle, un coquet jardinet fleuri, le courtillon : « J’ai été la première à lancer cette idée de jardin partagé en bas de tour. C’était en 2012. Aujourd’hui, nous sommes trois femmes à le gérer. Nous accueillons chaque année une dizaine d’enfants de 5 à 10 ans, le soir après l’école. On leur apprend les mots du jardinage, à manger de nouveaux légumes, à respecter la nature, à partager ce qu’ils ont fait pousser. Le jardin nous permet de faire de la coéducation. » Ballon ovale féminin, stade de Beauregard « Allez les filles, gardez la vitesse ! » Sofia est salariée du Stade Rennais. Elle assure l’entraînement de l’équipe féminine de rugby de l’Agrocampus. Les joueuses se retrouvent chaque mercredi soir sur le terrain du stade de Beauregard. Plaquages et essais s’enchaînent sans répit. Point culminant, le parc de Beauregard Hamadoum, Enora et Mathieu font de la musculation dans la prairie du parc de Beauregard. « Nous nous donnons rendez-vous, une fois par semaine, le soir », explique Hamadoum. Un parc qu’ils traversent volontiers pour rejoindre le cœur du quartier, par les chemins verts de la Vagabonde ou du Milan. « C’est un lieu où nous amenons notre famille, car nous sommes fiers de notre beau parc », affirme Hamadoum. Au point culminant s’ouvrent des vues sur Rennes et, en ponctuation, se dresse une œuvre d’art monumentale : l’alignement du XXIe  siècle de l’artiste Aurélie Nemours, inaugurée en 2006 à proximité du Fonds régional d’art contemporain. 1 2 3 4 5 6 Parc de Beauregard. DidierGouray DidierGourayDidierGouray SabinedeVilleroy/MrwZeppeli
  • 20. 20 La Normandie au parc du Landry « Je me sens tellement bien dans mon petit parc. Quand je fais mon petit tour, je fais la causette avec les pépés et les mémés comme moi qui s’installent sur les bancs. Je reconnais tous les maîtres à leurs chiens. Quand je fais mon grand tour, c’est pour me rendre à la bibliothèque. J’aime longer le verger, un pré sous les pommiers en fleurs avec les vaches et le petit veau : la Normandie ! Il y a aussi la fameuse jument Radieuse qui passe plus de temps près de la barrière avec les enfants. Et l’écopâturage en ville, avec les moutons et les biquettes, c’est génial ! » raconte Yolande, retraitée enthousiaste. Ils feront le chemin des écoliers Situé entre le cimetière de l’Est et l’école primaire Châteaugiron- Landry, un espace vert de 7 500 m2 offrira bientôt une liaison pédestre et cycliste. Ce projet porté par les parents d’élèves, retenu dans le cadre du budget participatif 2016, permettra de rejoindre la promenade Georges-Brassens, en traversant à terme le cimetière de l’Est. Au sud, les pièces vertes d’un puzzle nature à reconstituer Les quartiers sud de la ville, construits dans les années 1970, abritent de nombreux espaces verts qui pourraient être transformés en véritable parc urbain. Le Blosne est un affluent de la Vilaine qui a été canalisé en dalot, au cours des années 1970. Son vallon s’inscrit au sud du territoire rennais, à la limite de la rocade sud. On y trouve les quartiers du Blosne et de Bréquigny, prolongés à l’est par les coteaux de la Poterie. Cette longue tresse de verdure se tisse ainsi de squares en parcs. Reste à conforter des connexions souvent embryonnaires pour en faire un parc en réseau. L'opération d’aménagement de La Poterie, lancée en 1982, conforte l’utilisation raisonnée de l’espace. Plus de 2 000 logements sont construits sur 140 hectares de terres maraîchères, en bordure d’un plateau vert et son ancien verger enrichi de nouvelles variétés de pommiers : le parc du Landry. Sur le modèle des cités-jardins, les programmes sont bâtis par lots d’une vingtaine de logements articulés autour d’îlots verts qui valorisent les haies bocagères et les chemins creux existant ou reconstitués. Ce patrimoine naturel doit être développé pour permettre aux habitants de rejoindre les berges de la Vilaine, en longeant le cimetière de l’Est. À l’extrémité sud-ouest, à proximité de la station de métro La Poterie, les habitants connaissent un autre havre de repos : le bois des Hautes-Ourmes. Ce parc en réseau qui ne demande qu’à être valorisé et régénéré, contribue à la biodiversité avec ses zones humides, square de Sétubal ou à l’arrière du Triangle. Typique des années 1970, l’urbanisme de la ZUP sud a bouleversé le paysage pour édifier de grands ensembles dotés de parkings et desservis par de grandes artères. Mais il a su également créer des cheminements de traverse qui se pratiquent en toute intimité, à pied ou à vélo. Ces espaces verts se greffent au jardin central de l’axe Fréville, entrée sud de la ville, pour se poursuivre jusqu’au parc de Bréquigny. • CB Jardin au naturel à partager Dans le jardin partagé permacole, en bordure du parc du Landry, ils sont nombreux à retrousser leurs manches. « Se rencontrer en toute convivialité, apprendre et s’alimenter, en faisant avec la nature et non pas contre », c’est pour Laurent la devise qu’il partage depuis 2014, sur une parcelle mise à la disposition de l’association Jardin (ou)verts. 2 31 → Parc du Landry. ChristineBarbedet DidierGouray
  • 21. 21 E E E E E E E Liaison Blos Parc du Thabor Parc de Maurepas Parc de Bréquigny Parc du Landry Square de la Touche Square de Villeneuve Jardin des Ormeaux Promenade des Bonnets Rouges Promenade Georges Brassens La Bintinais Prairies de Rennes Parc des Hautes-Ourmes Buttes du Landry Butte Sainte-Thérèse Butte de Beaumont Butte Champs Manceaux Butte du Thabor e gard Buttes de C Vallon du Blosne de ne ais Ruisseau de Cucillé Ruisseau de la Lande Morin La Piletière Ruisseau de la Grenouillais Aux Hautes-Ourmes, la nature en miniature  Rachida ramasse un sac vide qu’elle jette à la poubelle : « Ce parc est important pour moi. Je le traverse tous les jours et je le connais depuis toute petite. » Et d’ajouter : « C’est plus agréable de marcher ici que d’emprunter le boulevard à l’extérieur. C’est la nature en miniature ! » Un cri d’oiseau transperce le calme du lieu. « C’est le cri de fuite du pic, en breton la jument qui rigole », précise Julien. Un jardin des Simples, square de Prague Au pied des tours, Michèle, Claudine et Aline veillent sur le plus ancien jardinet partagé du quartier. « Avec les enfants, nous apprenons le partage, car ce n’est pas toujours facile de comprendre qu’il ne faut pas prendre toute la ciboulette », sourit Aline. Promenade d’Algarve cŒur du blosne Comme chaque jour, Marie- Cécile promène son chien Lucky : « J’apprécie ici la verdure et la tranquillité. Parfois, mes petites filles m’accompagnent pour une balade. Tous les chemins dans le quartier sont agréables, sûrs et bien connus des habitants. » Le verger des Fleuriers Sur le terre-plein central de l’axe Henri-Fréville, s’ouvrent le verger des Fleuriers et sa prairie fleurie. Coralie emprunte très souvent cette allée, surtout en revenant du centre commercial Alma. « La verdure, c’est plus agréable que de prendre le trottoir d’en face, même si les pavés, en fauteuil, ce n’est pas toujours très confortable… » 2 3 4 5 6 7 1 4 7 5 6 Parfois, mes petites filles m’accompagnent pour une balade. Tous les chemins dans le quartier sont agréables, sûrs et bien connus des habitants. Marie-Cécile, habitante du Blosne. Assurer les continuités entre les espaces de nature DidierGouray
  • 22. 22 Votre travail, engagé à Rennes depuis 2012, permet de regarder la ville différemment. De quoi s’agit-il ? Vincen Cornu Avant de rentrer dans le projet urbain, je voudrais rappeler une évidence : pour comprendre une ville, il faut d’abord la lire. Je me souviens des premiers schémas qu’avait réalisés Christophe Delmar sur les tracés élémentaires de Rennes : on se rend compte assez vite qu’ils sont complètement écrits par la topographie et l’hydrographie. C’est l’idée d’une ville qui est écrite en profondeur par ses reliefs et par la présence de l’eau. De nombreux faits urbains s’expliquent ainsi. Nos premiers travaux ont consisté à mettre en évidence la pertinence de ces tracés, par touches successives. Ce fut le cas autour de la place Sainte-Anne. Esquisse et premières réflexions sur l’îlot de l’Octroi, 2015. Depuis cinq ans, Vincen Cornu et Christophe Delmar accompagnent élus et techniciens rennais dans leur réflexion sur l’architecture, l’urbanisme et l’aménagement. Selon ces professionnels de l’architecture et du paysage, Rennes doit faire valoir ses atouts en partant de sa géographie, de son relief et de ses cours d’eau. Leur approche fait directement écho aux préoccupations exprimées par les habitants lors de la concertation de Rennes 2030. urbanisme paysage « Il faut multiplier les points de vue sur la ville » VincenCornu
  • 23. 23 réunifiant le long de ces axes naturels des morceaux urbains aujourd’hui séparés. Et ce n’est pas qu’une question architecturale ! Cela signifie très concrètement que cela sépare les gens ! Or les villes sont faites pour qu’on y vive ensemble. Donnez-nous des exemples ! VC Les cartes révèlent les fonds de vallée, avec une série de voies existantes, assez anciennes, qui déterminent tout un territoire. On peut alors les lire comme un territoire de projet. Il y a des unités paysagères qui sont aussi des unités de villes. Le cas des Prairies Saint-Martin en est un bon exemple. Si l’on quitte le fond de la vallée, on arrive sur les premiers coteaux : on est à pieds secs, avec de loin en loin, des possibilités d’une perception différente, jusqu’à l’autre rive. C’est ce qui se passe par exemple le long de l’Ille, du côté de l’ancienne caserne Mac-Mahon, avec des points de vue potentiels sur la ville très intéressants pour mieux la comprendre. CD C’est de la géographie élémentaire ! Le réseau viaire, c’est- à-dire les rues et les voies, s’organise à partir du fond de vallée, le long des coteaux et sur les plateaux. Certains axes sont clairement les limites des zones inondables. Si l’on utilise les termes « rive droite/rive gauche » pour se situer dans la ville, cela change tout. Prenez EuroRennes : on s’aperçoit que c’est pour cela que la question de la géomorphologie redevient d’actualité, car elle répond à une attente profonde des habitants. Nous faisons le pari qu’on peut réactiver cette richesse, à l’échelle de la ville de Rennes et de la métropole. Dans le cadre du projet urbain Rennes 2030, on peut retrouver ce rapport à la géographie. Que découle-t-il de cette lecture attentive du territoire ? CD Une chose très importante : un outil, peut-être le plus adapté au développement contemporain des villes. La présence de l’eau façonne toujours les paysages. Prenez Rennes : y coulent le Blosne, l’Ille et la Vilaine, ce qui crée de facto trois vallées. À partir de cette approche, on a la capacité à repenser le territoire en Nous avions produit une note de cadrage pour le concours d’aménagement de la place, qui montrait qu’elle se situait sur une ligne de crête, partant du Pont Bagoul et passant par les Lices. Sa forme elle- même est en rapport direct avec cette réalité topographique. C’est un constat universel ? Christophe Delmar Sans doute, mais la vraie question, c’est ce qui fait l’identité de chaque ville, pourquoi on est ici et pas ailleurs. Nous avons utilisé une méthode générale, mais qui produit des résultats singuliers selon les lieux où elle s’applique. Au départ de notre mission, les élus nous ont demandés : « C’est quoi, Rennes, pour vous ? » Traditionnellement on a d’un côté une ville compacte et dense, et de l’autre on trouve la campagne. Or la ville aujourd’hui n’est plus tout à fait sur ce modèle. Les cartographies que vous avez produites font apparaître une ville en trois dimensions, avec des reliefs. Comment les prendre en compte dans le projet urbain ? VC Nous avons mis en évidence des singularités liées à la topographie. Par exemple, le sens des tracés des rues qui mènent à la rivière, perpendiculaires aux courbes de niveau (N.D.L.R. : qui délimitent l’altitude du terrain), et d’autres, qui leur sont plutôt parallèles. Il y a donc tout un dessin de la ville, artificiel, mais qui en réalité révèle le paysage. Ainsi, la confluence de l’Ille et de la Vilaine va révéler d’autres confluences. C’est le cas de tous les chemins qui mènent à Rennes, qui sont déterminés par les points de passage des rivières. Il y a aussi une confluence inversée, avec la ligne de chemin de fer. On le voit, la ville en elle-même oriente le projet urbain. CD Le rapport à la nature, au sol, a eu tendance à disparaître avec l’urbanisation. D’une certaine manière, «  Le rapport à la nature, au sol, a eu tendance à disparaître avec l’urbanisation. Nous faisons le pari qu’on peut réactiver cette richesse, à l’échelle de la ville de Rennes et de la métropole. » Christophe Delmar, paysagiste-urbaniste conseil de la ville de Rennes. DR
  • 24. 24 saisir de ces panoramas parfois un peu oubliés ou masqués, pour les transformer en lieux de projets, ou au contraire en espaces publics. CD C’est bien cela qui nous permet d’avoir tous un « point de vue » sur la ville. Le Thabor, à l’origine, était une terrasse arborée sur un point culminant de la ville. Il faut que l’on retrouve ce parti pris, y compris à l’échelle de la ville contemporaine et de la métropole. Prenez Beauregard, par exemple, c’est l’un des plus beaux points de vue sur la ville, édifié sur un point haut où se situait une villa gallo-romaine, cela ne date pas d’hier ! Il faut des lieux qui procurent une vision sur l’état de la ville, en « embrassant le paysage », comme on disait autrefois. tous les quartiers sud arrivent le long des voies ferrées sur une rive gauche, qui n’est pour l’instant pas reconnue comme telle. Or si on les relie dans une perspective plus large, on dessine un territoire cohérent allant de Vilaine aval jusqu’à la ZI Sud-Est, en passant par EuroRennes et Coquelin. Cela réinterroge les continuités urbaines à des échelles importantes. C’est un vrai changement de regard qui organise la ville. Mais l’essentiel, c’est que ce récit urbain ait du sens auprès des habitants. Vous nous parlez à la fois de paysage naturel et de paysage construit. Ce n’est pas antinomique ? VC Pas du tout ! Cette question est essentielle, car elle concerne aussi bien les constructions que l’espace public. Lorsqu’on se situe sur des lignes en balcon ou des voies en coteaux, on va essayer de faire en sorte que les bâtiments, par leur forme et leur volume, ne bloquent pas la perception du paysage. Ce qui m’a frappé au départ, à Rennes, c’est le caractère très « tournoyant » de la ville et des arrivées. On le retrouve dans la dénomination des tracés, on parle des « contours ». CD Si on prend le problème urbain sous cet angle, alors les questions sont posées différemment ! Il faut considérer l’ensemble des bassins versants, dans leur globalité, pour imaginer comment habiter et urbaniser. Cela permet d’éviter la ville générique, interchangeable. C’est un système ouvert, qui admet que les élus s’investissent, que les habitants s’expriment, que les professionnels dessinent ! Cela permet aussi de changer le regard des habitants sur leur propre ville… VC Oui, en permettant aux Rennais de redécouvrir des « points de vue » sur la ville. Le projet urbain doit se Vous venez de citer Beauregard, le Thabor… Il en existe d’autres ? VC Bien sûr, et ce qui est frappant, c’est que ces projets de paysage orientent complètement le dessin de la ville. C’est le cas du Mail. À l’origine, c’est un pont littéralement jeté sur des marécages, comme en atteste une gravure du XVIIIe  siècle. C’est un paysage intelligent, car il contribue à l’assèchement des marais. CD Lorsqu’on consulte des images anciennes de Rennes, l’eau est toujours présente, ainsi que la foule au travail au bord de la Vilaine. Aujourd’hui, c’est l’inverse, hormis la vue des berges aménagées par Alexandre Chemetoff, avec la Mabilais en toile de fond, qui est devenue une vue iconique de la ville. Rennes a toujours entretenu une relation compliquée avec son fleuve. Comment réconcilier la ville et la Vilaine ? VC Il est vrai que la Vilaine, pour beaucoup de Rennais, porte bien son nom. C’est dommage, car elle mérite mieux que son patronyme. Pour autant, on ne va pas en changer ! À l’extrémité du Mail, le Jardin des confluences récemment aménagé a rencontré un succès immédiat auprès du public. Et à cet endroit, regardez à droite, vers Saint-Cyr : au premier angle, on trouve au bord de l’eau un platelage en bois, qui existait avant « Le projet urbain doit se saisir de ces panoramas parfois un peu oubliés ou masqués, pour les transformer en lieux de projets, ou au contraire en espaces publics. » Vincen Cornu, architecte-urbaniste conseil de la ville de Rennes. SébastienDuhamel
  • 25. 25 majeurs d’aménagement rennais et placez-les sur une carte : vous verrez qu’ils sont tous situés à proximité immédiate de l’eau, même si on ne le présente pas encore comme cela ! En tant que professionnels de l’urbanisme et du paysage, quel regard portez-vous sur les réactions des Rennais lors de la concertation autour de Rennes 2030 ? CD C’est assez étonnant de souligner la convergence entre nos travaux et les commentaires des habitants : le point numéro 1, c’est le rapport à l’eau et à la nature. VC Ce n’est pas accessoire ou périphérique, mais bien un point à retrouver dans la forme de la ville. Je ne suis pas surpris de cet attachement. Il faut aussi reconnaître que cela fait déjà un certain temps que les élus et le jardin. Eh bien, dès qu’il fait beau, on trouve toujours des personnes en train de pique-niquer à cet endroit ! C’est un des rares points de contact direct avec l’eau dans la ville, et apprécié comme tel. Et même si l’Ille et la Vilaine n’ont pas la majesté de la Loire ou du Rhône, peu importe… Car au bord de l’eau, ce n’est pas la largeur qui compte, mais le linéaire. Il faudrait donc aménager davantage les berges et faciliter l’accès au fleuve… CD Aujourd’hui, du moulin d’Apigné à Cesson-Sévigné, on ne trouve pas un seul restaurant au bord de l’eau, on ne peut pas y accéder facilement. Ce travail que les autres villes ont réalisé il y a vingt ans avec leur fleuve, Rennes doit le mener à son tour. Mais c’est en bonne voie : prenez tous les projets les personnes des services de la ville de Rennes parlent de ces thèmes, qui viennent de loin. Il suffit parfois de réveiller l’existant, pour faire en sorte que ces projets ne soient plus impossibles. Il y a eu aussi le choix politique déjà ancien, de placer les grands ensembles rennais à proximité du centre-ville. Il en découle des tracés particuliers, auxquels répond aussi celui du métro, qui vient accrocher les quartiers pour mieux les relier. CD Aujourd’hui, plus on est dématérialisé, et plus on ressent fortement la nécessité d’être ancré. C’est ce qui explique sans doute le succès des balades urbaines, qui ont permis de redécouvrir la ville, et donc d’y vivre mieux. Propos recueillis par Xavier Debontride Vue aérienne du quartier des Prairies Saint-Martin, avec, en arrière-plan, les méandres de l’Ille. SabinedeVilleroy-MRWZeppelineBretagne
  • 26. 26 E E Ruisseau de Touche-Thébault Ruisseau de Pont-Lagot La Vilaine (P Octroi « Faire revivre l’eau dans la ville » Si un consensus a émergé durant la vaste concertation des Rennais, c’est bien celui de l’attrait pour l’eau. La portion de la Vilaine située en centre-ville suscite de fortes attentes. « À Rennes, le fleuve est mis à part », regrettait un participant d’un café citoyen. « Inexploité », « caché », « engoncé dans un couloir de béton »… Le jugement des Rennais sur leur fleuve est sévère. Pourtant, l’Ille et la Vilaine sont « une chance pour la ville », estime l’un d’entre eux. Un avis résume l’opinion générale : « Il faut créer de la vie sur l’eau et autour de l’eau, faire revivre l’eau dans la ville. » Et pour cela, les Rennais interrogés fourmillent d’idées. Il faudrait « mettre en place des guinguettes », « des terrasses », « des barbecues », ou encore « mettre des barques », « des pédalos », « des navettes permettant de se déplacer dans Rennes »… Ou simplement des berges « naturelles pour juste s’allonger, flâner ». Un autre rêve même d’une « fontaine monumentale qui se voit de loin, autour de laquelle les Rennais pourraient se poser ». Îlot de l’Octroi Au pied des logements à l’ambitieuse architecture, les Rennais pourront se délasser au bord du fleuve. Le café- théâtre Le Bacchus prendra ses quartiers en 2019 dans un bâtiment tout de verre avec vue sur l’eau, à deux pas du jardin de la Confluence. Retrouver la place de l’eau et de la nature est justement l’une des priorités de Rennes 2030. « On sait aujourd’hui que les villes devront travailler des îlots de fraîcheur pour lutter contre le réchauffement climatique », explique Sébastien Sémeril, adjoint en charge de l’Urbanisme. « On est aussi arrivé dans une période où l’on ne tourne plus le dos à son fleuve. Au contraire, on l’intègre. » L’Ille et la Vilaine constituent ainsi le fil rouge des trois grands projets urbains à l’horizon 2030, détaillés ci-contre. La nouveauté ? Tous prévoient des berges accessibles et animées par des plages, des guinguettes, un théâtre… « Des lieux de vie et de fête où l’on prend plaisir à se retrouver en famille ou entre amis », imagine Sébastien Sémeril, « car c’est important, en matière de cohésion sociale, de créer des lieux où les gens peuvent se rencontrer ». Au-delà de ces grands projets, la Ville a l’ambition de proposer à tous les Rennais « un lieu de nature à cinq minutes de leur domicile » à l’horizon 2030. Un vrai « travail de couture » pour créer ou valoriser parcs, squares ou jardins. AC Pleins feux sur la Vilaine Bientôt accessibles et bordés d’animations, le fleuve et son affluent, longtemps mal aimés, vont retrouver leurs lettres de noblesse. Zoom sur trois projets emblématiques, les pieds dans l’eau. MVRDV /ALL / GIBOIRE
  • 27. 27 E E E E E E E La Piletière L’Ille (P (P (P (P Prairies de Rennes Base nautique de Baud Quais animés Plage de Rennes Baud-Chardonnet Ce nouveau quartier, qui accueillera 5 200 habitants d’ici à 2020, est résolument tourné vers l’eau. Les vastes pelouses de sa plage urbaine, en bordure de Vilaine, formeront un nouveau poumon vert pour les Rennais. Ouvertes aux animations, elles formeront un lien avec les promenades Marguerite- Yourcenar et des Bonnets- Rouges. Les prairies Saint-Martin Prairies humides, jardins partagés, jeux pour enfants… C’est un vaste parc hétérogène qui prendra forme d’ici à 2021. Prisées des joggeurs, les berges du canal s’animeront avec une guinguette, un terrain de palet ou encore une terrasse. Face à elles, les 200 logements du futur « quartier de pêcheurs » de Plaisance. Valoriser les traversées existantes Créer de nouvelles passerelles Joy-Land / RRA / AJOA BASEpaysagiste
  • 28. 28 Vivre la ville au cœur des quartiers Dans les palmarès nationaux régulièrement publiés par les médias, Rennes s’affiche comme une ville où il fait bon vivre. Un atout pour les Rennais qui veulent continuer à profiter de la ville à l’échelle de leur quartier et de leur rue, en toute convivialité. Parmi leurs attentes prioritaires : pouvoir se loger à leur convenance, se déplacer « vite et partout », bénéficier de services de proximité performants et d’un cadre de vie agréable. Rennes est « une grande ville qui doit rester petite », affirment-ils.
  • 30. 30 La longue histoire des quartiers rennais Au cours du XIXe  siècle, la construction du canal d’Ille et Rance et la canalisation de la Vilaine favorisent les activités fluviales qui ouvrent des perspectives de développement à l’extérieur des murs d’enceinte de la ville. C’est la naissance des faubourgs. L’arrivée du chemin de fer, en 1857, et l’implantation de la gare au sud de la ville soutient l’urbanisation, mais aussi le développement administratif et économique du territoire. Les ouvriers du rail s’installent au sud des voies ferrées et les quartiers pavillonnaires se développent, en particulier dans l’entre-deux-guerres, encouragés par des dispositifs législatifs. C’est une imbrication de petites maisons, construites sur d’anciennes terres agricoles divisées en lots. Ces lotissements, peu pourvus en équipements, se dotent rapidement d’une église et son patronage, d’une école publique et privée et de quelques commerces. La vie rennaise s’organise autour des paroisses Sainte-Thérèse, Les Sacrés-Cœurs, Jeanne-d’Arc… De 1960 à 1980 : les grands champs de l’expansion urbaine Durant la Seconde Guerre mondiale, bombardements et destructions ébranlent la ville, en particulier dans le secteur de la gare. La période de reconstruction coïncide avec un essor démographique, accéléré par l’exode rural. La cité rennaise se dote de grands équipements de santé et d’enseignement universitaire. Le premier lotissement industriel de France s’installe le long des voies ferrées et de la Vilaine, sur l’axe routier Rennes-Lorient. L’usine Citroën ouvre à La Janais. Dans ce contexte, la demande de logements est exponentielle. À l’époque, la recherche d’un appartement à louer fait figure de sport local, tant ceux-ci sont rares. Pour y répondre, les premières politiques de planification et de maîtrise foncière sont mises en œuvre, marquées par l’urbanisme « fonctionnaliste » des années 1960. Les secteurs d’activités artisanales ou commerciales sont séparés de l’habitat, repositionnés à l’extérieur de la ville. C’est l’ère du « tout-voiture », avec son lot de rocades, de pénétrantes, de boulevards et de vastes parkings. Les grands ensembles poussent comme des champignons, en plein champ. Ce sont les zones à urbaniser en priorité, les fameuses ZUP, vecteurs de modernité annoncée. Citons Maurepas, Cleunay, Villejean, la ZUP sud avec les quartiers du Blosne et de Bréquigny. C’est aussi l’heure de la rénovation urbaine, dite de dalle, avec la naissance de Bourg- L’Évesque, du Colombier ou encore de la rue de Saint-Malo. De 1980 aux années 2000 : avènement de l’ère urbaine bocagère Avec les baby boomers, de 1975 aux années 2000, les lotissements contemporains sortent de terre comme à Patton, première ZAC de Rennes, avec des ensembles mixtes de maisons de ville et de petits collectifs, accessibles à toutes les catégories sociales. Cet L’identité d’une ville se nourrit de la mosaïque des quartiers qui la compose. Rennes ne fait pas exception à la règle. Des faubourgs ouvriers du XIXe siècle aux nouveaux ensembles urbains contemporains de La Courrouze ou Baud-Chardonnet, retour en quelques dates sur les grandes étapes de cette métamorphose. Vue des tours de la cité du Gros-Chêne à Maurepas, dans les années 1960. ArchivesmunicipalesdeRennes-100FI175 30
  • 31. La population des quartiers rennais en 2012 et leur évolution depuis 1999 Saint-Martin 5 700 habitants Centre 21 600 habitants Villejean Beauregard 20 300 habitants Maurepas Bellangerais 19 300 habitants Francisco-Ferrer Landry-Poterie 19 000 habitants Sud-Gare 18 800 habitants Bréquigny 13 200 habitants Jeanne-d’Arc Longs-Champs Beaulieu 17 000 habitants Thabor Saint-Hélier Alphonse-Guérin 25 900 habitants Bourg-L’Évêque La Touche Moulin du Comte 17 000 habitants ↗ ↗ ↗ ↗ ↘ ↘ ↘↘ == Le Blosne 17 600 habitants Cleunay Arsenal-Redon 17 000 habitants ↗ 31 urbanisme s’inscrit progressivement dans le maillage paysager existant et donne naissance, dans les bocages, aux quartiers de Patton, des Longs-Champs, de la Poterie ou plus récemment de Beauregard. Les transports en commun sont renforcés et s’organisent à partir de la première ligne de métro, en 2002. XXIe  siècle : refondation de la ville sur elle-même Cette ville compacte, bien délimitée à l’intérieur de la rocade pour préserver sa ceinture verte, atteint progressivement son extension maximale et entame peu à peu sa recomposition sur elle-même. C’est désormais le renouvellement urbain qui est cœur des politiques publiques d’urbanisme, dans le souci de limiter l’étalement urbain et la consommation de terres agricoles et d’espaces naturels. La ville se recompose sur elle-même, s’empare des terrains libérés de leurs affectations militaires, à La Courrouze, ou de leurs usages industriels, à Baud-Chardonnet. Les grandes entrées de la ville sont réaffirmées avec la construction de nouveaux ensembles urbains comme sur l’axe Alma. Les quartiers sont revalorisés et dynamisés, pour faire vivre de nouvelles mixités sociales, générationnelles, mais aussi économique comme au Blosne et à Maurepas. Rennes a aussi un atout de taille : l’absence de grandes banlieues excentrées ! Christine Barbedet ↗ 31 Le parc Saint-Cyr a été réaménagé après un travail de concertation avec les habitants rassemblé en groupe de travail au sein du Conseil de quartier. Douzes quartiers de ville  : espaces de citoyenneté Depuis 1983, la municipalité de Rennes a mis en place un découpage administratif de la ville en douze grands quartiers. Aujourd’hui, chaque quartier est doté d’un conseil de quartier, coprésidé par l’élu municipal du quartier et un habitant, élu par ses voisins. Ce fut le cas d'Yvonne, habitant les Longs- Champs, qui est devenue coprésidente du conseil de son quartier : « pour mieux connaître les habitants, me proposant de parler en leur nom, aussi bien dans les aménagements à envisager que dans les projets à développer », explique cette dernière. Cet espace d’expression de la citoyenneté est composé pour moitié d’un collège « Habitants » et d’un collège « Acteurs du quartier ». Différentes commissions thématiques et groupes de travail sont proposés sur des sujets particuliers par les conseils de quartier. DidierGouray
  • 32. 32 Comment construire davantage de logements avec une consommation d’espace plus économe ? L’équation est simple à résoudre : la réponse passe inévitablement par une plus grande densité urbaine. Construire 1 500 nouveaux logements par an. Le chiffre peut surprendre par son importance, mais c’est le rythme à tenir pour loger, d’une part, les habitants qui connaissent la décohabitation – celle du jeune adulte quittant le foyer familial ou celle de la séparation conjugale – mais aussi l’allongement de la vie, et d’autre part, les nouveaux arrivés. Effet non négligeable, construire en nombre permet d’atténuer les tensions sur le marché immobilier et de limiter l’envolée des prix du logement. Au début des années 2000, Rennes était la 4e ville la plus chère de France, elle pointe désormais au 12e rang. Construire une ville qui respire Si la nécessité du renouvellement urbain est comprise des habitants, la densification est dénoncée lorsqu’elle bouleverse le paysage urbain du quartier. Ce fut le cas face à l’ampleur du projet de l’Alma qui participe du renouvellement du quartier Sud- Gare, avec la construction de plus de 400 logements, de nouveaux commerces ou équipements pour les personnes âgées, avec un pôle multi- activités pour les habitants et une crèche. Sans oublier l’aménagement de la placette Thérèse-Pierre, face à la station Jacques-Cartier. Une riveraine s’agace : « Quand on voit ce qu’ils nous ont pondu à la place des petites maisons, ceux qui habitent là sont entassés comme des sardines. » Pour être radical, ce jugement n’est pas sans écho avec les propos entendus lors de la concertation autour du projet urbain: « Il ne faut pas une densité immobilière excessive » ou encore « il ne faut pas être écrasé par ce qui existe autour ». Trop hauts, trop rapprochés, trop juxtaposés : « il faut laisser les dents creuses pour respirer, avoir un champ visuel », note un habitant. Si l’axe Alma ne fait pas consensus, d’autres aménagements sont jugés en adéquation avec les attentes des habitants. Citons la ZAC Armorique, « pas trop collée », ou encore la construction de la première tranche à Beauregard, plus ancienne : « On a une vue intéressante et ici on a de l’espace », apprécie un riverain. Lors de la concertation, les Rennais admettent la nécessité de construire, mais « de manière aérée ». S’inscrire dans une nouvelle harmonie urbaine Au-delà du fait de « démolir des petites maisons pour les remplacer par des immeubles », c’est la qualité architecturale du nouveau bâti qui est parfois décriée. « Démolir, pourquoi pas, mais faire moins bien que ce qui existait avant, certainement pas ! » a-t-on pu entendre à plusieurs reprises. En matière de qualité Les attentes d'une ville à la fois dense et aérée Un habitant, lors de la concertation. Il faut laisser les dents creuses pour respirer, avoir un champ visuel. Inauguration du passage de la Boulais, espace vert qui relie la rue de l'Alma et la rue de la Boulais. FranckHamon
  • 33. 33 architecturale, si les attentes ne sont pas homogènes, certaines sont récurrentes. Il est demandé plus de transparence avec une présence accrue du verre, mais aussi de la pierre, plus de couleur et moins de gris et de beige ! Il est aussi souhaité une écriture architecturale différente, moins banale : « La multiplication des immeubles cubiques sans aucune valeur esthétique ni identitaire est un vrai problème. La ville perd son charme et de nombreux quartiers sont esthétiquement très pauvres », peut-on lire dans les comptes rendus de la concertation. Et un autre Rennais d’ajouter : « La ville devrait à la fois préserver le patrimoine et encourager une vraie innovation architecturale et esthétique, pas la multiplication d’immeubles à bas coût. » L’inscription architecturale dans la ville est un sujet qui passionne les Rennais, preuve de leur intérêt pour l’histoire de leur cité. Certains proposent de surélever le bâti existant pour faire de petits immeubles : « On aurait l’alliance de l’ancien et du moderne, comme on le voit sur des maisons rénovées. Cela donnerait du cachet », avance l’un d’eux. Ce que les Rennais attendent, c’est le développement d’une harmonie urbaine. L’introduction du végétal sur les toits et les façades pourrait y participer, à la fois pour des raisons d’ornement, mais aussi pour des motivations écologiques (régulation thermique, captation du carbone des particules fines et du ruissellement…). Se ressourcer en toute intimité La qualité de l’usage fait partie intégrante de cet équilibre urbain attendu, en particulier au sein des nouveaux quartiers en construction, que ce soit à La Courrouze, à Baud-Chardonnet et demain, sur le site de Guines-Foch. Les Rennais l’expriment fortement : Un habitant, lors de la concertation. La densification de la ville ne doit pas se traduire par une réduction de la surface allouée aux logements. « La densification de la ville ne doit pas se traduire par une réduction de la surface allouée aux logements. » Les besoins exprimés sont clairs : de la place « pour soi » sans confinement, mais aussi une bonne isolation phonique pour ne pas entendre ses voisins et s’isoler des bruits de la rue. Une intimité qui permet de se ressourcer en privilégiant des vues sur le grand paysage avec une gestion drastique des vis-à-vis : « Quand on ne peut pas avoir de maison et qu’on doit vivre en collectif, c’est très précieux de disposer de grandes baies vitrées qui donnent sur de la verdure. » Invitation à la convivialité de voisinage Ce besoin d’intimité ne signifie nullement un repli sur soi, car la création de lieux d’échanges qui favorisent le lien social et la solidarité, est plébiscitée. De la simple salle commune avec des tables, au petit coin cuisine en passant par un carré potager, une aire de jeux pour les enfants ou encore un espace vert avec des bancs, cette invitation à la convivialité prend de nouvelles formes. Citons les maisons du partage des liens et des savoirs tournées vers l’entraide ou le prêt de matériel : « On ne se connaît pas quand il n’y a pas d’endroit pour se retrouver entre voisins et créer du lien, alors qu’on a besoin les uns des autres pour échanger, se rendre des services… et avoir ainsi plus l’impression de vivre dans un groupe, un village », résume une habitante adepte de cette économie solidaire. • CB → Aire de jeux pour enfants, square des Français-Libres au carrefour de la rue Saint- Hélier et du boulevard Laënnec. Un projet du budget participatif, qui a vu le jour après deux ans de travail des habitants avec la Direction des jardins et de la biodiversité de la Ville. ChristopheSimonato
  • 34. 34 « Des volumes bien pensés et lumineux, avec aux beaux jours une terrasse qui devient une pièce supplémentaire… À cette étape de notre vie, cet appartement répond à nos attentes », explique ce couple, nouveau propriétaire à La Courrouze. Permettre aux Rennais, habitants ou futurs habitants, de trouver un logement répondant à leurs besoins et à leurs ressources, quel que soit le quartier choisi, est le fil rouge de Rennes 2030. La gamme de logements proposée doit être diversifiée en termes de superficie, mais aussi de prix. Jeunes actifs, ménages, personnes seules, personnes âgées… doivent pouvoir accéder à un logement, que ce soit en locatif social, en accession aidée ou en accession libre. à Rennes, on retrouve à la fois la résidence Cap Mail, quai d’Auchel, qui répond aux attentes d’une clientèle très haut de gamme, mais aussi des programmes de logements sociaux répartis dans toute la ville. Brassage social et générationnel Alors que certains quartiers populaires concentraient jusqu’à 70 % de logements sociaux, il est essentiel aujourd’hui d’assurer une réelle mixité sociale. Celle-ci requiert une répartition équilibrée et une offre diversifiée dans chacun des douze quartiers de la ville. Avec une volonté de rendre les logements accessibles à tous, quelque 81 logements sociaux ont ainsi été construits à la lisière du Thabor, secteur résidentiel par excellence. Le programme Lucien- Rose, conçu par l’Atelier du Pont, a été lauréat du Prix d’Architecture de Bretagne 2010, dans la catégorie habitat collectif. Les sites en mutation sont des lieux privilégiés pour développer à terme de nouveaux programmes, respectueux de cette mixité sociale et générationnelle, à l’image du square Lucien-Rose et de l’îlot Mac-Mahon. Dans le même esprit, la reconversion de l’Hôtel-Dieu ou de l’îlot de l’Octroi, et le nouveau L’un des objectifs du projet urbain Rennes 2030 consiste à maintenir les équilibres démographiques et de peuplement sur l’ensemble des douze quartiers de la ville. Il s’agit de permettre à chaque foyer de choisir son lieu d’habitation et son parcours résidentiel, en bénéficiant de services de proximité renforcés. De la vie en bas de chez soi Square Lucien-Rose, la médiathèque se fond en douceur dans le site, et les 81 logements sociaux sont bordés par un jardin en terrasses. Architecte/AtelierduPont-Photo/TakujiShimmura
  • 35. 35 oublier l’ouverture de petits marchés hebdomadaires, des bistrots avec leur terrasse, propices aux échanges et aux rencontres.Renforcer la convivialité des quartiers et l’animation fait donc figure d’attente forte, avec la création ou le développement des centralités et la dotation de nouveaux équipements ou d’espaces publics animés. Un exemple ? Le projet d’une vingtaine de balançoires musicales, porté par l’association Electroni-K et validé par le budget participatif, qui trouveront prochainement leur place dans l'espace public. Les Rennais affirment vouloir participer à la co-construction du projet de vie du quartier où ils vivent : « Donner l’occasion plus souvent aux habitants d’exprimer leurs choix quartier EuroRennes en fournissent de bons exemples. Dans ces nouveaux aménagements, les Rennais attendent également moins de standardisation afin de renforcer les identités de quartier. De plus, la production de nouveaux logements vise également à enrayer le vieillissement des populations et à favoriser le maintien des effectifs scolaires, dans des quartiers qui connaissent parfois des baisses sensibles de la population. Ces nouvelles constructions garantissent un niveau de services et de commerces suffisant. Le quartier, échelle de toutes les proximités « Il ne faut pas que les nouveaux quartiers soient des cités-dortoirs », affirment les Rennais lors de la concertation. La priorité ? Développer des équipements de proximité, faciliter le maintien des commerces dans tous les quartiers. « Les commerces vivent mal dans les quartiers populaires comme Maurepas, Villejean, Le Blosne. Il faudrait pratiquement des structures spécifiques pour garantir des loyers hyperaccessibles, la propreté, la sécurité, la prise en charge de remise en état des commerces », explique l’association des commerçants Le Carré Rennais. De même, développer des activités artisanales, tertiaires et industrielles dans les quartiers de la ville, notamment ceux qui sont en zone prioritaire, doit permettre de faciliter l’accès à l’emploi. Sans sur la manière dont on pourrait arborer, situer les lieux de partage et d’échange, les lieux de vie, le mobilier urbain… ce serait peut-être mieux apprécié et mieux respecté par la suite », peut-on ainsi lire dans le compte rendu de la concertation. Réduire la précarité énergétique Le « mieux-vivre dans son quartier » se traduit aussi par la rénovation du parc ancien de logements, social ou privé. Un enjeu de développement durable majeur ! Si les constructions neuves sont désormais moins énergivores et privilégient des éco- matériaux respectueux de la santé, réduire la précarité énergétique dans les logements les plus anciens contribue à améliorer la qualité et le confort de vie des habitants. Le dispositif d’accompagnement à la rénovation du parc privé, écoTravo, constitue une réponse, un soutien financier, notamment en direction des copropriétés situées dans les quartiers populaires. De même, depuis plusieurs années, des travaux d’envergure sont entrepris pour la rénovation des bâtisses du vieux Rennes, aux abords du cœur historique. Quelque 750 logements ont déjà été réhabilités dans le cadre d’une vaste opération de rénovation urbaine. Demain, ce sera plus d’un millier. Objectifs : préserver la qualité patrimoniale tout en assurant un habitat confortable pour tous, avec des logements plus grands, adaptés à l’évolution des modes de vie. • CB Donner l’occasion plus souvent aux habitants, d’exprimer leurs choix sur la manière dont on pourrait arborer, situer les lieux de partage et d’échange (...) ce serait peut-être mieux apprécié et mieux respecté par la suite.  Un habitant, lors de la concertation. 29 % de logements sociaux dont 70 % sur les territoires populaires 1 000 logements sur 1 500 construits par an, servent au maintien de la population 50% des ménages sont constitués d'une personne seule 22 % des ménages sont des familles l'habitat à rennes
  • 36. 36 Redonner de l’attractivité aux quartiers populaires pour pallier le déséquilibre du peuplement, en développant de nouveaux services et équipements et en favorisant l’emploi : des enjeux partagés avec les habitants, invités à construire les projets de quartier. Le Blosne : des mixités repensées, de greffes en extensions « Nous attendons avec impatience l’arrivée de nouvelles familles sur le quartier », explique Patricia, enseignante dans une école primaire qui connaît la baisse des effectifs. Le projet urbain du Blosne prévoit la construction d’un millier de logements, principalement en accession aidée et libre. Une façon d’inviter de nouvelles populations à rajeunir le quartier et son image. Premier signal lancé : la greffe d’une résidence pour jeunes travailleurs dans l’une des deux tours du square de Prague, réhabilitées en noir et blanc. Dans le même temps, si la mixité générationnelle et sociale est un facteur de renouvellement urbain, la mixité des fonctions l’est tout autant. La construction du Samara, en extension d’une tour voisine, l’illustre. « De la couleur dans un quartier d’habitation où les tours sont grises, c’est bien vu ! » commente la présidente de l’association gestionnaire de la crèche à horaires atypique, qui accueille des enfants valides ou en situation de handicap. Celle-ci est l’une des sept structures dédiées à la santé et à la petite enfance qui ont élu domicile à deux pas de l’Hôpital Sud. Autre projet en gestation : le futur pôle associatif du Blosne qui deviendra, selon les acteurs du quartier, « une ruche associative, un lieu de vie qui favorisera les synergies ». Le bâtiment s’ouvrira sur la Rambla, un mail paysager piétonnier qui longera le centre culturel du Triangle et l’Espace social commun. Sur l’autre rive : la place de Zagreb, desservie par la station de métro Le Blosne sera requalifiée. Cette aire de parking qui accueille le marché du samedi, deviendra le cœur commercial, économique et culturel du quartier avec l’installation d’une antenne du Conservatoire de musique à rayonnement régional. Maurepas-Gayeulles : d’autres modes d’habiter « Un projet novateur : une rue créée avec des projets de maisons individuelles personnalisés et donc chaque fois différents », à proximité de la future station de métro Les Gayeulles, une vingtaine de familles a réfléchi avec les architectes à un autre mode d’habiter, pour un coût d’accession raisonnable. Le projet des maisons Ropartz est l’une des pièces importantes du renouvellement urbain du quartier Maurepas-Gayeulles. Ici, la diversification du parc de logements favorise directement la mixité sociale. L'arrivée de la deuxième ligne du métro offre l’opportunité de valoriser l'image du quartier par des actions fortes. Avec, à la clé : la requalification des espaces publics et des avenues, la création de nouvelles rues à la circulation apaisée, l’amélioration des parcours cyclistes et piétonniers… Autre priorité : renforcer les centralités du quartier par la création d’unProjet du Conservatoire de musique, au Blosne, place de Zagreb. Inspirations nouvelles et quartiers populaires AgenceTetrarc
  • 37. 37 en partenariat avec l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU). Plus de 150 logements vétustes, déconstruits, laisseront place à l’une des deux nouvelles écoles du quartier ainsi qu’à des logements neufs. Le parc locatif social sera rénové pour améliorer l’isolation thermique, le confort acoustique, l’accessibilité et la sécurité. Les dix tours du Gros-Chêne seront requalifiées pour accueillir des profils d’occupants différents. Des appartements seront réservés aux jeunes actifs, d’autres seront proposés pôle multimodal de transports, de nouveaux équipements publics tel l’Espace social commun. Le centre commercial du Gast sera reconfiguré autour d’une place centrale, bordée de nouveaux logements, de nouveaux bureaux et locaux artisanaux. Le Gros-Chêne : relancer l’ascenseur social Au fil du temps, le centre commercial du Gros-Chêne a perdu son élan. « Ici, même l’ascenseur est en panne », explique Séverine qui vient faire ses courses tous les jours dans la dernière locomotive commerciale, la supérette du quartier. Construit à la fin des années 1950, le Gros-Chêne à Maurepas, malgré des réhabilitations successives, connaît d’importantes difficultés sociales et économiques. C’est l’un des quartiers les plus pauvres de Rennes. À l’horizon 2020, l’offre commerciale sera relocalisée autour la nouvelle place, desservie par la future station de la ligne b du métro. Dans le même temps, une vaste opération de renouvellement urbain s’est engagée à Villejean, le projet Normandie-Saumurois prévoit 150 logements étudiants, 12 maisons, un parking et des locaux d’activités. Située rue Guy-Ropartz, à Maurepas, la future résidence Senséa avec ses 42 logements. à la vente. Les parties communes pourront héberger des services ou des équipements. Une nouvelle offre économique pour dynamiser le quartier ! Le secteur Normandie-Saumurois : un signal en proue de quartier Situé en tête de l’opération de renouvellement urbain du quartier de Villejean, sur l’axe majeur d’entrée de ville, le boulevard Charles-Tillon, un ensemble futuriste est sorti de terre. Pensée par les agences d'architectes Urbanmakers et The comme « un véritable monument métropolitain », cette architecture singulière conjugue une mixité inhabituelle. Surlesocled’un parking silo, une première à Rennes, sont posées douze maisons de ville destinées aux familles. En surplomb : les étudiants habiteront une tour de dix-sept étages, véritable signal d’entrée de ville. Une résidence pour personnes âgées et des locaux d’activités viennent ponctuer cette opération qui préfigure la volonté de diversifier les fonctions urbaines sur un même îlot. • CB Maitred’ouvrage:Lamotte-Architecte:AIA Maîtrised'ouvrage:ArchipelHabitat-Architectes:UrbanMakers / TheArchitectes / BETOM
  • 38. 38 Aujourd’hui, sur la question des transports, le bilan des usagers est positif. Un fonctionnement que la prochaine ligne de métro renforcera, à partir de 2020, avec une refonte du plan de circulation des bus. Se déplacer rapidement, partout et confortablement : voilà bien un levier majeur d’aménagement, vecteur de lien social et de solidarité ! Les liaisons rapides par le métro, les bus et les cheminements doux – cyclistes et pédestres – doivent davantage rapprocher les quartiers du centre-ville, mais aussi favoriser les circulations vers les nouvelles polarités de quartiers, à l’image par exemple du parc des Gayeulles, de la patinoire, du centre culturel Le Triangle. Parmi les destinations de demain : le nouveau stade d’athlétisme de Villejean, les futures salles de concert de L’Antipode ou encore le Conservatoire à rayonnement régional au Blosne. Pour autant, globalement satisfaits, les Rennais interrogés émettent des réserves sur une mobilité qu’ils estiment perfectible, sur la question du stationnement par exemple ou les services de bus en interquartiers. La guerre du stationnement Problème récurrent qui traverse les décennies : le stationnement questionne la place de la voiture en ville. Les Rennais interrogés soulignent la nécessité de ne pas accentuer les problèmes ressentis quant au manque de places de stationnement, surtout en tant que riverains. « Si on augmentait les places par logement, on aurait moins de voitures sur l’espace public », commente un habitant à l’occasion d’une balade Rennes 2030. Face aux « voitures ventouses », à la « trop forte présence des automobiles sur l’espace public », comment développer la capacité d’accueil des parkings relais, « saturés, insuffisamment ouverts et incapables de contenir l’entrée des véhicules dans Rennes », s’interrogent les Rennais ? Autre point de vigilance plusieurs fois souligné lors de la concertation : l’attention portée au stationnement Se déplacer partout, vite et bien Un habitant, lors de la concertation. Les voitures, ce sont des biens privés qui doivent rester sur l’espace privé. L’espace public doit rester accessible au public. Si des enfants interrogés en atelier de concertation rêvent de circuler dans la ville « en télésièges », leurs aînés sont plus pragmatiques. Les Rennais attendent de « se déplacer facilement dans tous les endroits de la ville » et de se rendre confortablement « au travail ou dans le centre-ville en quelques minutes ». + 35% hausse du trafic vélo à Rennes entre 2015 et 2017 250km d’itinéraires cyclables 80 % de zones apaisées en 2020 ChristopheSimonato Chiffres clés