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UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DU CONGO
BP. 1534 Kinshasa
Faculté de Sciences Politiques
Notes de Cours
Prof. Dr. Pascal SUNDI MBAMBI
Précaution : Ces notes, en cours d’élaboration, sont à l’usage exclusif des étudiants de L1 –
Faculté de sciences politiques de l’UCC.
Cours d’Initiation à la recherche
scientifique (IRS) – L1
ANNE ACADÉMIQUE 2022-2023
i
Descriptif du cours
Tout étudiant à l’université est amené à réaliser des recherches dans la discipline de sa
spécialisation, qu’il s’agisse en termes de travail pratique (TP), de travail de fin de cycle (TFC),
de mémoire ou de thèse. Par ailleurs, même dans la vie professionnelle, un universitaire sera
amené à entreprendre des recherches dans un secteur spécifique de sa profession ou à utiliser
des recherches réalisées par des spécialistes dans divers domaines (recherches historiques,
enquêtes sociales, analyses anthropologiques, etc).
Il est donc important, au début de son parcours universitaire, de mettre à la disposition de
l’étudiant des connaissances et des outils nécessaires qui lui permettent de maîtriser l’art de la
recherche scientifique. Dans ces conditions, l’objectif de ce cours d’Initiation à la Recherche
Scientifique (IRS) est double:
- d’abord, de poser des jalons conceptuels en vue de préparer le terrain pour des cours plus
techniques de méthodologie de recherche (notamment en sciences sociales), à l’usage de ceux
qui souhaiteraient aller plus loin et être en mesure de pratiquer eux-mêmes la recherche
scientifique;
- ensuite, de rendre les étudiants, dans la mesure du possible, aptes à faire usage de rigueur
scientifique dans la rédaction de leurs travaux, depuis la formulation de la question de recherche
jusqu’à la réponse apportée, en passant par le choix des méthodes.
Autrement dit, à l’issue de ce cours les étudiants auront:
- une bonne compréhension théorique de ce qu’est une recherche scientifique;
- en survolant les techniques de recherche, l’accent sera davantage mis sur le fait de
comprendre comment se formule une question de recherche, quels choix
méthodologiques sont les plus opportuns pour tenter d’y apporter une réponse et en quoi
consiste l’attitude scientifique de manière générale.
Ce sont là les compétences que le cours d’IRS souhaite développer. L’apprentissage de ces
compétences s’appuiera surtout sur des exemples de recherches, notamment dans la rédaction
des TFC et mémoires. Sur le plan pratique, les présentes notes de cours ne font que préciser et
formaliser la matière telle qu’elle résulte de l’exposé oral.
ii
Plan du cours
0. Introduction: Généralités
I. Qu’est-ce que la recherche scientifique?
- Qu’est-ce que la connaissance scientifique?
- Caractéristiques des connaissances scientifiques
- Actes de la demarche scientifique
- Étapes de la recherche scientifique
- Objectivité et subjectivité
- Ethique de la recherche scientifique
- Recherche scientifique dans les zones de conflit et de guerre
II. Qu’est-ce qu’est la recherche en sciences sociales?
- Différentes approches en sciences sociales
- Etapes du processus de recherche en sciences sociales
III. Comment la recherche scientifique est-elle rédigée et publiée?
- Comment faire une rédaction efficace?
- Comment faire les citations et presenter les références bibliographiques?
iii
Stratégies d’enseignement et d’apprentissage
Nous allons privilégier la diversification des stratégies d’enseignement et d’apprentissage.
Parmi les plus adaptées, on retiendra :
- Enseignement/conférence/présentation orale
- Discussions
- Résolution des problèmes
- Jeu de rôle
- Simulation
- Travail en équipe et exposés
- Recherche personnelle
- TP, etc.
Évaluation du rendement de l’étudiant
Notre grille d’évaluation portera sur 4 compétences :
- Connaissance et compréhension
- Réflexion et recherche (critical thinking)
- Communication
- Mise en application
Mode d’évaluation: TP, Interro et Examen.
iv
Bibliographie sélective
Angers, M., 2000, Initiation pratique à la méthodologie des sciences humaines, Montréal,
Centre éducatif et culturel.
Comte, Auguste (1830-1842) (1975), Cours de philosophie positive, 2 vol., Paris, Hermann.
Couture, M. (2004), Introduction aux méthodes de recherche scientifique, SCI1013, 1er cycle
UER Science et Technologies, Télé-université de l’Université du Québec, Montréal (Québec).
Crombie, Alistair (2008), « Styles et traditions de la science occidentale », dans J.F. Braunstein
(2008) (dir.), Histoire des sciences, Paris, Vrin.
Dumez, H. (2013), Méthodologie de la recherche qualitative: les 10 questions clés de la
démarche compréhensive, Paris, Vuibert.
Fortin, M.F. (1996), Le processus de la recherche: de la conception à la réalisation, 2ème édition,
Ville Mont-Royal, Québec, Décarie éditeur Inc.
Gavard-Perret M-L et al. (2012), Méthodologie de la recherché: réussir son mémoire ou sa thèse
en sciences de gestion, Paris, Pearson.
Gélinas, J. et Albanese N. (2008), Guide de rédaction et de présentation d’un travail
universitaire, Université du Québec à Chicoutimi, Chicoutimi (Québec), Éditions du
Département des sciences économiques et administratives.
Giddens, A. (2013), Sociology, 7th Edition. London: Polity
Granger, Gille Gaston (1995), « La science et les Sciences ». Que sais-je ? PUF, 2ème édition
corrigée.
Gingras, F.-P. (2003), « La théorie et le sens de la recherche », in Gauthier B. (éd.), Recherche
sociale: de la problématique à la collecte des données, Sainte-Foy, Presses de l’Université de
Laval, pp.103-126.
Gingras, F.-P. (2004), Les citations et la bibliographie (accès en ligne).
Giroux, S. et Tremblay G. (2009), Méthodologies des sciences humaines: la recherche en action,
3e édition, Québec, Edition du Renouveau Pédagogique Inc.
Goodhand, J. (2000). “Research in Conflict Zones: Ethics and Accountability”, in Forced
Migration review, 8(4), 12- 16.
Grawitz, M. (2001), Méthodes des sciences sociales, 8e édition, Paris, Dalloz.
Grawitz, M. (2004), Lexique des sciences sociales, 8e édition, Paris, Dalloz.
Homan, R. (1991), The Ethics of Social Research. Addison-Wesley Longman Ltd
1
P. Bourdieu, J.-C. Chamboderon et J.C. Passeron, Le Métier de sociologue
Piaget, Jean (1973) (dir.), Logique et connaissance scientifique, Paris, Gallimard.
Sem Mbimbi, P. (2022), Cours de méthodes de recherche sciencitique, Université Protestante
de Lubumbashi, Faculté de sciences économiques et management.
Sem P. et Cornet A. (2017), Méthodes de recherche en sciences économiques et de gestion,
Norderstedt, Editions Universitaires Européennes.
TSAMBU, Léon (2022), Notes de cours d’initiation à la recherche scientifique (destinées aux
étudiants de Première Licence en Sciences politiques), Université Catholique du Congo,
Kinshasa.
Wood, E. J. (2006). “The Ethical Challenges of Field Research in Conflict Zones”, in Qualitative
Sociology, 29(3), 373- 386.
2
0. INTRODUCTION: GÉNÉRALITÉS
 Qu’est-ce qu’est qu’une initiation?
L’initiation (du latin : initiatio) est le processus par lequel, au cours d'un rite de passage, un
novice acquiert un statut social ou spirituel plus élevé par l'acquisition de connaissances ou
l'admission aux activités particulières d'une communauté religieuse, d'une société secrète ou
d'un groupe. D'une façon plus générale, le terme désigne l'accession à la connaissance
préliminaire d'une science, d'une profession, d'un art.
Dans leur acception courante, les rites de passage marquent, chez tous les peuples, l'accession
à la maturité ou à l'indépendance. Ainsi, le baccalauréat, le permis de conduire, les bizutages
dans certains établissements d'enseignement supérieur, par exemple, sont considérés comme
des passages obligés indiquant un changement de statut social. Le terme désigne aussi la
cérémonie, le rite de passage ou l'épreuve, qui permet d'accéder au nouveau statut d'initié.
 Pourquoi une initiation?
Dans de très nombreuses sociétés existent des institutions qu’on appelle « initiations ». Elles
consistent à faire franchir aux individus selon leur sexe et selon leur âge certaines étapes dans
la connaissance de l’ordre de l’univers, des règles de conduite appropriées dans la société à
laquelle ils appartiennent. Ces savoirs sont transmis par étapes au cours de cérémonies. Mais
les initiations ne sont pas seulement un processus de transmission de connaissances, ce sont
également des institutions prenant en compte pleinement l’éducation sociale des individus. Les
initiations instituent une division au sein des sociétés entre initiés et non-initiés. Ces derniers
jouissant alors d’un statut social inférieur et subordonné. Une partie des savoirs transmis dans
les initiations est ésotérique, c’est-à-dire qu’ils constituent des secrets qu’il ne faut en rien
révéler à des moins initiés et surtout à des non-initiés.
Les rites d'initiation accompagnent l'admission des individus d'un groupe à un autre, et d'abord
du groupe des enfants à celui des adultes; dans une société à groupes d'âge, il s'agira par
exemple du passage du groupe des guerriers à celui des responsables politiques, et, lorsque la
société est différenciée, de l'introduction dans une confrérie religieuse spécialisée ou dans une
société secrète. Bref, ces rites marquent toujours un changement de statut social. Mais, de tous
ces rites, les plus importants sont incontestablement ceux qui font accéder l'enfant au statut
d'adolescent ou d’adulte.
3
Sans doute l'initiation est-elle d'abord un mode d' intégration à un groupe social et, la plupart
du temps, elle coïncide avec les âges de la vie, notamment avec les passages de l'enfance à l'âge
adulte. C'est un processus de socialisation des jeunes, qui peuvent, rassemblés en classes d'âges,
passer un temps plus ou moins long, en dehors du village, à recevoir l'éducation que tout homme
du groupe.
Dans le cadre de ce cours d’initiation à la recherche scientifique, l’expression marque certes ce
passage de l’école secondaire à l’université mais doit être comprise au sens d’introduire les
‘nouveaux universitaires’ dans les méandres de la recherche scientifique, lieu privélégié pour
tout universitaire.
4
I. QU’EST-CE QU’EST LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE?
1.1. Qu’est-ce que la connaissance scientifique?
1.1.1. C’est quoi la science?
La science, d’après le dictionnaire de la langue française le Petit Robert, est tout corps de
connaissances ayant un objet déterminé et reconnu et une méthode propre. Cette définition,
certes succincte et précise, n’exalte guère. Ce serait intéressant de se référer à la definition que
propose le Professeur Jean-René Roy dans son beau livre intitulé Les héritiers de Prométhée:
«La science est d’abord une démarche intellectuelle visant à comprendre et à expliquer le
monde. Elle signifie aussi le vaste ensemble de connaissances encyclopédiques que nous avons
du monde et de l’Homme. Par les laboratoires, les universités et les centres de recherches, la
science est une institution sociale…» (J.R. ROY, Les héritiers de Prométhée, Les presses de
l’Université Laval, 1998).
Comme institution sociale, la science constitue un ensemble de méthodes, un ensemble de
personnes, un grand corps de connaissances que nous appelons scientifique; elle est d'une
manière ou d'une autre à l'écart des forces qui régissent notre vie quotidienne et qui régissent la
structure de notre société. Objective, la science nous a apporté toutes sortes de bonnes choses.
Elle a énormément augmenté la production de denrées alimentaires. Elle a augmenté notre
espérance de vie, qui est passée de 45 ans à peine au début du siècle dernier, à plus de 70 ans
dans les régions riches comme l'Amérique du Nord. Elle a mis des gens sur la lune et nous a
permis de rester à la maison les bras croisés (lire Richard Lewontin, Biology as ideology, 1991,
tr. fr. P.-J. Haution, Harper Perennial, 1992, p. 3-4).
1.1.2. Types de sciences
La spécialisation croissante de la recherche scientifique depuis le début du XIXe siècle et
l’émergence de nouvelles disciplines ont conduit à des tentatives sans cesse renouvelées de
classification des sciences. L’une des plus célèbres est celle proposée par Auguste Comte au
début de son Cours de philosophie positive en 1830. Il distingue six sciences fondamentales,
à savoir les mathématiques, l’astronomie, la physique, la chimie, la biologie et la sociologie.
Cette classification présente plusieurs propriétés intéressantes: elle dessine un ordre de
généralité décroissante (chaque science intègre les lois de la précédente) et de complexité
croissante (chaque science apporte des concepts nouveaux). Auguste Comte prétend également
5
fournir par là une reconstruction rationnelle du développement historique. En effet, pour lui,
l’esprit scientifique est apparu d’abord dans les domaines des mathématiques et de
l’astronomie, puis a gagné les autres sciences.
Cette classification tient compte de l’adoption de méthodes rigoureuses en biologie et de la
nécessité de compléter le champ des connaissances par la création de la sociologie. En ce sens,
elle traduit un certain état de développement des sciences. Mais elle doit être corrigée.
Tout d’abord, Comte laisse paraître ses préventions à l’égard de la logique (qui en était restée
pour l’essentiel à la théorie du syllogisme d’Aristote) et de la psychologie (encore fondée sur
l’introspection). La logique a depuis connu un développement considérable par le biais d’un
rapprochement avec les mathématiques, jusque dans l’essor de l’informatique. La psychologie
est devenue expérimentale, recourant à de nombreuses techniques rigoureuses d’établissement
de ses résultats. Il faut consigner cette évolution et donc constater que cette classification est
restrictive et ne permet pas d’intégrer les sciences postérieures à celles citées.
Selon quel autre critère alors pourrions-nous alors classer les sciences? Si l’on considère, à
l’instar du Petit Robert, qu’une science se caractérise par « tout corps de connaissances ayant
un objet déterminé et reconnu, et une méthode propre », il est alors possible de tenter un autre
type de classification. Jean Piaget, reprenant le problème en 1967, propose une répartition
commode en quatre grands domaines, à savoir: les sciences logico-mathématiques,
physiques, biologiques, psycho-sociologiques. On pourrait les mettre en rapport avec des
objets: la forme ou demonstration (sciences logico-mathématiques), la matière (sciences
physiques), la vie (sciences biologiques), l’homme (sciences psycho-sociologiques). Ou pour le
dire autrement, les sciences de la nature (physique, chimie et biologie) dont les objets sont la
matière et le vivant, les sciences formelles ou sciences logico-mathématiques (mathématiques,
logique et informatique) dont les objets sont des êtres abstraits et les sciences humaines
(histoire, psychologie, sociologie, anthropologie, économie et linguistique) qui ont pour objets
les comportements humains. Mais, la science contemporaine progresse en dépassant les
frontières disciplinaires traditionnelles: l’astro-physique, la physico-chimie. Plus récemment,
les sciences cognitives puisent dans les domaines aussi divers que la neurologie, l’informatique
la psychologie et la linguistique, en bousculant profondément les clivages habituels. Une
classification par les méthodes ne semblerait-elle pas alors plus appropriée?
6
Ainsi, on pourrait parler de (i) sciences formelles (dites aussi sciences fondamentales ou
théoriques, voire sciences pures) pour celles qui reposent sur un domaine de définition, des
axiomes, et des démonstrations (mathématiques, logique et informatique); (ii) sciences
expérimentales (ou sciences de l'empirie) pour celle qui s’articulent autour du triptyque
“observation-hypothèse-vérification de l’hypothèse” (par un protocole experimental). Les
énoncés des sciences expérimentales doivent être réfutables par l'expérience (principe de
falsifiabilité de Karl Popper), à la différence des propositions mathématiques qui sont vraies
en vertu de leur forme. Or, pour une partie des sciences de la nature, aucune expérimentation
n’est encore possible (par exemple en astrophysique ou en physique des particules) et pour une
partie des sciences humaines, l’expérimentation est impensable, soit parce que ces sciences
traitent d’événements non reproductibles (comme l’histoire), soit parce que la morale interdit
une expérimentation qui mettrait en péril la dignité et la liberté de l’homme (et dans ce cas,
une partie de la biologie n’est pas épargnée). Or, ces sciences ont des méthodes rigoureuses qui
vérifient le principe de cohérence interne. Sont-elles des sciences théoriques? L’expression
«sciences théoriques» semble n’être utilisée que pour qualifier les sciences dont les objets sont
des abstractions, ce qui n’est le cas ni du vivant ni de l’histoire, par exemple. Sont-elles des
sciences qui s’opposent aux sciences théoriques? L’usage veut que l’on oppose sciences
théoriques et sciences appliquées (sciences au service d’une technique) et non pas sciences
théoriques et sciences expérimentales. Faut-il alors dénier le statut de sciences à ces disciplines
qui ne sont ni strictement formelles ni strictement expérimentales?
Pour surmonter ces obstacles, certains auteurs actuels préfèrent parler de différents styles de
raisonnement : axiomatisation pour les mathématiques, expérimentation pour une partie des
sciences de la nature et des sciences humaines, modélisation pour l’informatique, les
mathématiques, une partie des sciences de la nature et des sciences humaines, taxinomie pour
une partie des sciences de la nature et des sciences humaines, analyse statistique pour une
partie des sciences humaines et des sciences de la nature, étude historico-génétique pour
certaines sciences humaines. Ces styles peuvent se combiner, donnant lieu à une vision non
hiérarchique des sciences, faite de multiples circulations.
Cela dit, au-delà de la complexité à fournir une typologie stricte des sciences, aujourd’hui on a
tendance à reconnaître trois grands types de science: sciences formelles (théoriques ou pures),
sciences naturelles et sciences sociales.
7
Toutes sont considérées comme des sciences fondamentales, dans la mesure où elles ont permis
de générer d’autres types de connaissances scientifiques plus délimitées telles que la
médecine, la psychologie, l’ingénierie, entre autres.
1.1.2.1. Sciences formelles
Les sciences formelles sont un ensemble de systèmes logiques et abstraits pouvant être
appliqués à différents objets d'étude. C'est-à-dire qu'ils peuvent travailler à la fois pour
l'analyse des phénomènes physiques naturels humains ou sociaux. Les sciences formelles
sont composées de systèmes de signes. À leur tour, ces systèmes sont à l'origine d'une série de
structures abstraites au moyen desquelles des modèles d'organisation sont générés et différents
phénomènes expliqués. Ce dernier est ce qui les différencie des sciences naturelles et sociales.
Parmi les disciplines considérées comme des sciences formelles figurent la logique, les
mathématiques, les statistiques et les systèmes informatiques, entre autres.
1.1.2.2. Sciences de la nature
L'objet d'étude des sciences naturelles est la nature et les phénomènes qui s'y produisent. Il est
chargé de les décrire, de les expliquer, de les comprendre et/ou de les prédire. Ces phénomènes,
à leur tour, ils peuvent aller de la biologie aux éléments les plus complexes de l'univers. En
fait, les sciences naturelles ont tendance à être subdivisées en deux grands groupes: les sciences
physiques (qui ont pour objet la matière) et les sciences biologiques (qui ont pour objet la vie).
Les sciences physiques comprennent des disciplines telles que la chimie, la physique,
l’astronomie et la géologie; tandis que les sciences biologiques incluent les différentes formes
de vie qui existent sur notre planète, qu’il s’agisse de la vie des êtres humains
(biologie/génétique/neuroscience), des animaux (zoologie/vétérinaire), des plantes
(botanique/écologie) et des microorganismes, etc.
1.1.2.3. Sciences sociales
Les sciences sociales sont l’ensemble des disciplines chargées d’étudier l’être humain sur le
plan comportemental et social. C'est-à-dire, son objet d'étude peut être à la fois l'individu et
la société. Ce sont des disciplines qui ont été considérées comme faisant partie de la science
longtemps après les précédentes; environ au 19ème siècle après avoir transféré la méthode
scientifique aux études de l'individu et du social.
8
Cependant, compte tenu du fait que dans certains cas, il était très difficile d'achever ce transfert,
les sciences sociales ont constamment problématisé les méthodes d'approche de leur objet
d'étude. En général, il existe deux grands moyens qui ne sont pas toujours considérés comme
exclusifs: la méthodologie quantitative et la méthodologie qualitative. Nous y reviendrons dans
la suite.
Les disciplines des sciences sociales sont la sociologie, l’anthropologie, la psychologie,
l'archéologie, la communication, l'histoire, la linguistique, les sciences politiques, entre autres.
N.B. Y a-t-il une différence entre science et technologie? Si la science est une entreprise de recherche qui vise la
connaissance en cherchant à décrire, à expliquer et à prédire les phénomènes en identifiant les liens de cause à effet qui
les unissent, la technique est une activité de fabrication et de transformation. Elle consiste à manipuler une matière pour
produire un objet (matériel ou immatériel). Cette activité étant parfois très complexe de nos jours, on utilise le terme
‘technologie’ pour parler de certains domaines techniques spécifiques.
Traditionnellement, on voyait la science et la technique comme deux disciplines distinctes: connaître le monde et
fabriquer des objets étaient des activités indépendantes l'une de l'autre. Puis, au 19e
siècle, on a commencé à améliorer la
technique au moyen des connaissances scientifiques. On concevait alors celle-ci comme dépendante de la science. Enfin,
dans la deuxième moitié du 20e
siècle, une interaction croissante entre science et technique s'est mise en place. Cette
interaction est particulièrement manifeste aujourd’hui. D'une part, la recherche scientifique est de plus en plus dépendante
de la technologie. Elle requiert souvent des instruments très élaborés:pensons aux neurosciences cognitives qui font appel
à l'imagerie cérébrale informatisée. De plus, des percées techniques permettent d'éclairer les scientifiques sur certains
phénomènes: par exemple, les organismes génétiquement modifiés (OGM) ont amélioré la compréhension de la biologie
végétale et de maladies humaines à composante génétique. D'autre part, la technique est plus que jamais le produit du
progrès scientifique: pensons aux technologies de procréation assistée, aux matériaux nanotechnologiques.
Bref, science et technique sont devenues dépendantes l'une de l'autre, et se développent souvent main dans la main. Un
tel enchevêtrement a conduit certains penseurs à proposer le terme « technoscience » pour désigner ce couple. À l'ère de
la technoscience, notre pouvoir sur la nature s’est étendu radicalement, au point de transformer l'horizon du possible : la
médecine prolonge la vie de personnes gravement malades et maintient en vie des bébés dits « grands prématurés »; des
couples infertiles deviennent parents grâce à la fécondation in vitro; on crée même des êtres aux caractéristiques
génétiques prédéterminées en manipulant le « code » du vivant animal et végétal, au-delà des questions éthiques que ces
manipulations soulèvent.
1.1.2. Qu’est-ce la connaissance scientifique?
La connaissance scientifique est un savoir fondé sur l’interprétation de la société qui s’appuie
sur des preuves des données matérielles et objectives dans un cadre théorique spécifique. Les
études théoriques qui traitent des idées et des opinions sans les étayer par des preuves et des
données ne sont pas considérées comme « scientifiques ».
9
Les études qui collectent des statistiques et des preuves sans les interpréter et analyser
systématiquement les données ne sont pas non plus considérées comme des études
«scientifiques» parce que l’interprétation et l'analyse scientifiques font défaut. On peut donc
dire que la connaissance scientifique se situe au point de jonction de la théorie et de la pratique
(données). Voir le schéma ci-dessous:
(La théorie est avant tout une grille de lecture qui aide à voir, à anticiper, à analyser, à construire les " faits ").
1.1.2.1.Caractéristiques de la connaissances scientifique
Il existe six caractéristiques de la connaissance scientifique, à savoir:
• L’accumulation: la recherche scientifique ne part pas de zéro mais bénéficie plutôt de ce qui
a été précédemment publié dans son domaine. Elle apporte une alternative ou une nouveauté,
ou encore prouve des connaissances antérieures. C’est ainsi que les connaissances scientifiques
augmentent et s’accumulent avec chaque nouvelle recherche ajoutée à la littérature scientifique.
• L’organisation: la connaissance scientifique est une connaissance organisée et systématique
qui peut être évaluée avec des preuves qui soient claires et spécifiques.
• La causalité: c’est une question complexe en sciences sociales; il convient de vérifier qu’il
existe une relation causale et pas seulement une corrélation entre deux variables.
• La précision: il s’agit de précision dans le choix de la méthodologie de la recherche
scientifique et dans l’utilisation des termes et concepts.
• L’objectivité: le chercheur/la chercheuse doit être neutre, faire abstraction autant que possible
de lui/elle-même en étudiant les faits et les données tels qu’ils sont en réalité.
10
• La généralisation: elle n’est possible que si l’échantillon est représentatif. Ainsi, les résultats
d’une recherche qualitative ne peuvent pas être généralisés car l’échantillon est souvent de
petite taille et non représentatif.
1.1.2.2. Actes de la demarche scientifique
Une démarche est une manière de procéder pour parvenir à un objectif déterminé. La démarche
scientifique est basée sur trois actes essentiels et devrait être menée en plusieurs étapes. Pour
comprendre l'articulation des étapes d'un travail de recherche aux trois actes de la démarche, il
faut donc procéder à une brève description des principes que renferment les trois actes (cfr. P.
Bourdieu, J.-C. Chamboderon et J.C. Passeron, Le Métier de sociologue).
(i) Rupture
Aborder un travail de recherche scientifique c'est, tout d'abord, lutter contre l'illusion du savoir
immédiat et du sens commun. La démarche scientifique réclame une forme d'objectivité que
Max Weber appelle "la neutralité axiologique". Il s'agit d'être neutre par rapport aux valeurs,
c'est-à-dire ne pas laisser ses jugements de valeur imprégner la recherche scientifique. Pour une
quête de plus d'objectivité, certains chercheurs ont insisté sur la nécessité de procéder à une
rupture dans l’acte de la connaissance.
(ii) Construction
La rupture épistémologique se matérialise dans le deuxième acte de la recherche en sciences
sociales, celui de la construction.
Celle-ci porte sur la reconsidération du phénomène étudié à partir de catégories de pensée qui
relèvent des sciences sociales. C'est grâce à ce cadre théorique que le chercheur peut concrétiser
le dépassement des prénotions et le passage à l'explication scientifique: «Ce ne sont pas, dit
Max Weber, les rapports réels entre les choses » qui constituent le principe de la délimitation
de différents domaines scientifiques, mais les rapports conceptuels entre problèmes.
(iii) Constatation/expérimentation
Une proposition ne peut être considérée comme le cheminement d'un travail scientifique que
dans la mesure où elle est susceptible d'être vérifiée par des informations sur la réalité concrète.
Cette mise à l'épreuve des faits est appelée constatation ou expérimentation.
11
1.2. Qu’est-ce que la recherche scientifique?
La recherche scientifique constitue la méthode par excellence pour acquérir de nouvelles
connaissances en donnant des réponses à des questions précises. Le sociologue Anthony
Giddens (2013: 38) décrit le processus de recherche en sociologie, comme dans d’autres
sciences, comme ‘l’art du possible’. Cette description est basée sur la prise de conscience que
la connaissance scientifique est soumise à des barrières morales et à des conditions d’accès
direct à l’information. Toutes les informations ne sont pas disponibles pour le chercheur ou la
chercheuse et toutes les méthodes de recherche ne sont pas possibles et acceptables au regard
du respect de l’éthique de la recherche scientifique. Par exemple, si le chercheur/la chercheuse
s’intéresse aux motifs qui poussent certaines personnes à se suicider, l’idéal serait de parler à
des personnes qui se seraient suicidées si cela était possible. Or, ce n’est pas possible car elles
sont mortes. Alors dans ce cas, le chercheur/la chercheuse recourt à des méthodes alternatives
qui peuvent le rapprocher le plus possible de l’information, telles que des entretiens avec la
famille ou les survivant/es du suicide, etc. La recherche scientifique consiste donc à (comme
objectif de la recherche):
 Explorer un phénomène : Parcourir afin de recueillir des informations d'ordre
scientifique, parcourir un fait pour y découvrir quelque chose;
 Décrire un phénomène : Donner une idée de quelque chose, en fournir une première
approche à l'aide de traits directement observables;
 Classifier: consiste à catégoriser, regrouper, mettre en ordre pour permettre des
comparaisons ou des rapprochements. Les faits observés, étudiés, sont ainsi organisés,
structurés, regroupés sous des rubriques, sous des catégories pour être mieux compris;
 Comprendre un problème : donner un sens à un phénomène, se faire une idée claire
des causes, des conséquences, etc., qui se rattachent à telle chose et qui l'expliquent;
 Expliquer un phénomène: Expliquer c’est tenter de mettre à jour le processus ayant
entraîné tel phénomène, faire comprendre quelque chose par un développement détaillé,
une démonstration écrite, orale; éclaircir, rendre compréhensible ce qui a un sens vague,
obscur ou inconnu; analyser, commenter et donner une interprétation argumentée. En
d’autres termes, l’explication est la découverte des rapports que le phénomène étudié
12
entretient avec d’autres phénomènes et qui permettent de comprendre pourquoi le
phénomène en question s’est produit;
 Résoudre un problème : Trouver, grâce à un processus d'analyse et de réflexion, la
solution d'une difficulté, d'un problème;
 Évaluer une pratique: estimer, mesurer, apprécier, conjecturer…d’après les repères
établis ; la conjecture étant la construction intellectuelle d'un futur vraisemblable,
l’explication anticipée qui attend sa vérification, soit de l'expérience, soit du
raisonnement;
 Anticiper un évènement : Se représenter d'avance en esprit ce qui doit se produire
ultérieurement, percevoir d'avance la réalisation d'une action;
 Questionner des résultats fournis dans des travaux antérieurs;
 Expérimenter un nouveau procédé, une nouvelle solution, une nouvelle théorie ou
une synthèse de deux ou plusieurs de ces objectifs.
Dans la procédure de recherche, il s’agit dans un premier temps de construire son objet de
recherche.
1.2.1. Qu’est-ce que l’objet de recherche?
L’objet de recherche est le phénomène, le fait, tel que le chercheur le construit pour pouvoir
l’étudier. Il est « problématisé », sans pour autant être «connu», puisque le chercheur ne dispose
pas encore d’une connaissance (une représentation explicative plus ou moins conceptualisée)
qui à la fois réponde à cette problématique et ait été confrontée à des formes d’expérience
(analyse de données, d’observations…). L’objet de la recherche (research topic) tient dans la
question générale «qu’est-ce je cherche? » qui traduit l’objectif du chercheur (Aubert et al.,
2008a; Donada & Mbengue, 2007).
1.2.2. Types de recherche scientifique
Il existe de nombreuses façons de classer les différents types de recherche. Par exemple, la
recherche dans différents domaines peut être appelée différents types de recherche, comme la
recherche scientifique, la recherche sociale, la recherche médicale, la recherche
environnementale, etc. Les méthodes de recherche utilisées et les objectifs de la recherche
peuvent également être utilisés pour catégoriser les différents types de recherche. Quelques-uns
de ces types de recherche comprennent la recherche quantitative et qualitative; recherche
13
observationnelle et expérimentale; et la recherche fondamentale, appliquée et
développementale.
Il y a deux critères à faire valoir pour distinguer les types de recherche: l’objet de la recherche
et la nature des données à solliciter (l’approche de collecte des données).
Selon l’objet, il existe deux grands types de recherche autour desquels gravitent des types
satellitaires: la recherche fondamentale et la recherche appliquée qui soulèvent une tension
entre le caractère désintéressé de la science et sa fonction utilitaire (faire de la science pour
servir). Lorsque le but de la recherche est simplement de révéler ou de découvrir ce qui est
vrai, on peut parler de recherche fondamentale. Ce type de recherche consiste à explorer ce qui
n’est pas connu ou compris. La recherche appliquée prend ce qui est déjà connu et cherche des
moyens de l’utiliser, par exemple pour résoudre des problèmes. La recherche développementale
est similaire à la recherche appliquée, mais se concentre sur l’utilisation de ce qui est déjà connu
pour améliorer les produits ou la technologie existante ou pour créer quelque chose de nouveau.
Cependant, selon la nature des données, il existe la recherche quantitative et la recherche
qualitative (lire L. Tsambu, 2022).
 La recherche fondamentale
Tournée vers le futur, la recherche fondamentale porte sur la connaissance théorique d’un
phénomène pour le plaisir de connaître et vise en même temps le progrès de la science. Exemple:
mener une recherche sur la meilleure définition du concept d’industrie.
 La recherche appliquée
Elle est fécondée par la recherche fondamentale, et porte sur une situation concrète dont on
voudrait comprendre les mécanismes ou avoir la maîtrise par l’application des connaissances
théoriques préexistantes. Elle peut être à la base d’une invention, soit d’un procédé technique
dans l’industrie à partir d’une découverte scientifique fondamentale. Axée sur le présent, à court
terme, elle porte sur un objet plus précis, plus concret. Exemples: mener une recherche sur la
dollarisation de l’économie congolaise; inventer le laser, etc.
Il faut au final arriver à relativiser cette préséance de l’une sur l’autre. La recherche appliquée
s’appuie sur la recherche fondamentale qu’elle prolonge. « Mais la science appliquée précède
souvent la connaissance théorique (…) et apporte à la recherche fondamentale des éléments »,
14
soutient M. Grawitz (2001:478), qui ajoute que l’application en psychologie industrielle des
notions de moral et de rôle ont précédé leur précision conceptuelle.
Autour de ces deux types standards de recherche gravitent des variantes: la
recherchedéveloppement, la recherche opérationnelle, la recherche orientée, la recherche-
action.
 La recherche-développement
(Echaudemaison et al. 2001: 419) la définissent en ces termes: « Ensemble de processus qui, de
la recherche fondamentale à la recherche appliquée et au développement industriel, permet la
découverte, l’invention et ses applications économiques. » Elle englobe les deux premières
étapes de la recherche, à savoir la conception, la mise au point (élaboration d’une chose en vue
de la faire fonctionner ou de la rendre utilisable, d’assurer sa faisabilité industrielle et
économique) et le développement.
Le développement correspond à la phase initiale de l’innovation, celle-ci se poursuivant par la
production en série du produit et sa mise sur le marché ; mise au point par une entreprise d’un
laser chirurgical permettant les opérations de la rétine par exemple (Echaudemaison et al. 2001:
419).
 La recherche opérationnelle
Au carrefour des disciplines économique, mathématique et informatique, elle est une méthode
scientifique d’aide à la prise de décision rationnelle. A ce titre, elle vise des résultats optimaux
afin d’opérer des choix stratégiques dans le monde industriel, la gestion des projets, etc.
 La recherche orientée (Problem focused research)
C’est la conjonction entre la recherche fondamentale et la recherche appliquée. Ce terme récent
trouve de correspondant dans la notion anglo-saxonne plus précise de problem focused
research. « C’est une recherche issue de besoins sociaux, impliquant une orientation de la
solution à trouver, mais commanditée par un problème concret à résoudre. » (Grawitz
2004:343)
 La recherche-action
Elle peut être définie comme "l’Etude d’une situation sociale en vue d’y améliorer la qualité
de l’action. Elle vise à nourrir un jugement pratique dans des situations concrètes, et la validité
des “theories” ou hypothèses qu’elle génère ne dépend pas tant des tests "scientifiques" de la
15
vérité, que de leur utilité pour aider les gens à agir plus intelligemment et habilement. Dans la
recherche-action les "théories" ne sont pas validées indépendamment et ensuite appliquées à
la pratique. Elles sont validées par la pratique ". (J. Elliot, cité par Saint-Luc s.d.: 2, notre
traduction de l’anglais).
Cela voudrait encore dire avec J.-P. Pourtois et P. Missote (cité par Saint-Luc s.d.:13) que la
recherche-action est appliquée, impliquée et impliquante, “un projet social, doublé d’un projet
scientifique”. Sa visée est donc transformatrice (praxéologique) de la vie d’une communauté
ou de la société par les acteurs et les chercheurs-acteurs. Elle procède ainsi de la démarche
inductive, de l’épistémologie marxiste et accorde préséance à la pratique dans la connaissance
du drame social ou du monde.
1.2.3. Approches de recherche scientifique
La recherche/approche qualitative: Souvent de type ethnographique, elle manipule des
données qualitatives récoltées sur de petits échantillons, voire sur un individu par des entretiens
approfondis, l’analyse des biographies… Contrairement à la recherche quantitative, la
recherche qualitative est subjective et cherche à décrire ou à interpréter tout ce qui fait l’objet
de la recherche. Au lieu de chiffres, ce type de recherche fournit des informations sous forme
de mots ou de représentations visuelles. Il repose sur le chercheur pour observer, enregistrer ce
qui se passe, comme les réponses des participants à des questions ouvertes, le comportement
des sujets ou les résultats des expériences. Les études de cas (case study, en anglais) sont des
exemples courants de recherche qualitative.
La recherche/approche quantitative: C’est celle qui manipule des données numériques, qui
se prêtent au traitement ou à l’inférence statistique. Ce type de recherche s’appuie sur des gros
échantillons tirés suivant des normes probabilistes et se conforme à la logique positiviste de la
science sociale telle que définie par A. Comte. La recherche quantitative est la collecte de
données numériques objectives. Les caractéristiques sont classées et comptées, et des modèles
statistiques sont construits pour analyser et expliquer les informations qui ont été recueillies.
Certains des outils utilisés pour ce type de recherche comprennent des questionnaires qui sont
remis aux sujets de test, du matériel utilisé pour mesurer quelque chose et des bases de données
d’informations existantes. L’objectif de la recherche quantitative est de compiler des preuves
statistiques, de sorte que les questionnaires utilisés dans cette méthode incluent généralement
16
des questions par oui ou par non ou des questions à choix multiples plutôt que des questions
ouvertes.
On ne doit pourtant pas perdre de vue que, entre les deux types de recherche distinctes par la
nature des données, il n’existe pas des frontières étanches. La norme idéale est de combiner les
méthodes quantitatives avec les méthodes qualitatives. En même temps, il existe la possibilité
de convertibilité entre les deux natures des données qui vient lénifier la polémique entre les
tenants du quantitativisme et ceux du qualitativisme.
1.3. Etapes de la demarche scientifique
La recherche scientifique comprend différentes étapes qu’il convient d’agencer dans l’ordre
suivant:
(i) La question de départ (le choix du sujet)
La recherche scientifique commence par la sélection d'un sujet. Habituellement, ce choix résulte
d'un intérêt personnel pour un sujet spécifique, ou d'un changement de société, ou encore de
l'intérêt du bailleur de fonds pour un sujet spécifique, ou enfin de la disponibilité de nouvelles
informations. La fréquentation de la littérature scientifique de son domaine (ouvrages,
encyclopédies, handbooks, dictionnaires spécialisés…), la discussion avec les enseignants ou
camarades, un sujet de TP abordé individuellement ou en groupe, l’actualité dans les médias
(journal, radio, télévision, Internet)…constituent là quelques sources d’inspiration pour trouver
un sujet de recherche. La motivation pour la recherche peut avoir une raison politique. Comme
le sujet de recherche est d’habitude général et vaste, il est nécessaire de définir un angle
spécifique pour la recherche et de passer du sujet à la question de la recherche.
Les critères d’un bon choix de sujet sont: a) l’intérêt, b) la clarté, c) la faisabilité, d) la
pertinence.
- Le critère d’intérêt: le thème que l’on veut aborder doit présenter un intérêt.
Généralement, on retient trois types de motivation sur le choix et intérêt du sujet :
 Motivation personnel: Il faut amener le sujet, l’introduire, c’est-à-dire indiquer
où il sort et comment on en est venu à le choisir parmi tant d’autres du domaine
de recherche. Le chercheur évoque les motivations qui ont suscité son intérêt
pour le sujet. Toutefois, “son intérêt” doit conduire à l’intérêt “objectif du sujet”.
17
 Motivation scientifique: Le chercheur exprime la pertinence ou la portée
scientifique du sujet en indiquant en quoi ce sujet s’inscrit dans les
préoccupations scientifiques d’actualité. Il montre en quoi ce sujet contribuera à
l’avancement des connaissances. Le chercheur doit montrer que le sujet est
original et d’actualité, surtout sous l’angle abordé.
Les deux aspects d’intérêt ne peuvent pas se dissocier dans une étude. Il est mieux de mener
une étude qui puisse répondre aux besoins réels non seulement dans le domaine de la
connaissance abordé, mais aussi dans la résolution d’un problème dans la société. L’intérêt
scientifique d’un sujet consiste à combler le vide scientifique, c’est-à-dire ne donner au monde
scientifique que quelque chose d’original...
- Le critère de clarté: la question de départ doit être précise et ne doit prêter à confusion, chaque
terme devant être clairement défini. En outre, elle doit être concise et univoque. Dans ce
context, il est important d’éviter…
- Le critère de faisabilité: la question de départ doit être réaliste, tant d'un point de vue
personnel, matériel et technique. Il vaut mieux soulever une question moins ambitieuse avec
des moyens solides, qu'une question passionnante avec des possibilités limitées.
- Le critère de pertinence: la question doit s'interroger sur un vrai problème et doit viser la
compréhension des phénomènes étudiés.
Une question de départ présente en outre six qualités; elle doit être:
 Précise: ni vague, ni confuse.
 Concise: pas trop longue ni trop courte. Elle doit ressembler à une mini-jupe,
suffisamment courte pour susciter la curiosité et suffisamment longue pour cacher
l’essentiel.
 Univoque: ni embrouillée, ni à tiroirs.
 Réaliste: en rapport avec les moyens.
 Explicative: permettant de comprendre.
 Opérationnelle: possibilité d’y apporter une réponse sur terrain.
(ii) L’exploration
La question de départ guide l'étape exploratoire qui vise l’atteinte d’une certaine qualité
d'informations sur l'objet étudié. Le travail exploratoire se compose de deux parties qui sont
18
souvent menées parallèlement: d'une part un travail de lecture (documentation) et d'autre part
des choix méthodologiques appropriées (ex. Entretiens, études de cas, etc.).
(iii) La revue de littérature ou l’état de la question
La phase de lecture préparatoire constitue un “état de l’art” ou état de la question et sert à
s’informer des recherches déjà menées sur le thème de travail. Pour cette phase de lecture, il
s’agit de sélectionner très soigneusement un petit nombre d’articles (ou livres) et de s’organiser
pour en retirer un bénéfice maximum.
Quelques sites web recommandés pour les articles, publications, thèses et mémoires publiés en
sciences sociales:
• www.tel.archives-ouvertes.fr
• www.schoolar.google.fr
• www.erudit.org
• www.persee.fr
• www.cairn.info
• www.justor.org
• www.academia.edu
N.B.
- Éviter le wikipédia (un four à tout) et le site www.memoireonline.com qui contiennent des documents
parfois de faible qualité sur le plan scientifique et du copier/coller.
- Eviter toute forme de plagiat – tout document utilisé doit être correctement référencé dans le texte et
en bibliographie.
- Tout passage recopié nécessite le nom de l’auteur, la date et la page et cela pour chaque phrase
ou morceau de phrase. Tout plagiat même partiel entraîne une cote de 0.
Pour que la lecture soit efficace, il est également recommandé d’établir une grille de lecture
qui recense, d’une part, les idées contenues dans le texte et, d’autre part, leur structuration
(cheminement du texte) pour permettre de rédiger alors un résumé à l’aide de cette grille. Après
avoir réalisé les résumés de différents textes retenus, il s’agit de les comparer attentivement
(points de vues adoptés, contenus, accords et divergences de différents auteurs) afin d’en retirer
19
les éléments de travail et les réflexions les plus intéressantes qui permettront d’orienter les
lectures futures.
La grille de lecture est une construction qui permet de dégager d’une part les thèmes majeurs
identifiés chez les auteurs et, d’autre part, elle permet de relier ces thèmes aux différentes
dimensions de la question de recherche et à son contenu global. Un premier travail consiste à
résumer et à coder ce qui a été recueilli et lu, de manière à pouvoir le mobiliser plus facilement.
Il s’agit de pouvoir regrouper, catégoriser, comparer, organiser les références entre elles.
La revue de literature, comme son nom l’indique, rapporte ce qui a été dit dans la littérature.
Elle présente les différents concepts qui aident à la compréhension du sujet, d’une manière plus
approfondie. Elle n’est pas une énumération de différents résultats obtenus par les autres
chercheurs, mais une confrontation de différents résultats des recherches menées par les auteurs
dans des études antérieures. Elle rapporte les études théoriques et empiriques les plus
pertinentes (état de la question), les plus significatives concernant le sujet. La revue de
littérature peut montrer, dans certains cas, l’évolution d’un courant de pensée, d’une théorie,
d’une méthode, etc.
Elle vise à faire le bilan de ce que l’on sait déjà sur la question de recherche. Elle est analytique
dans la mesure où elle ne consiste pas à faire une liste des auteurs et de leurs idées, mais plutôt
à identifier des tendances, des orientations, en discutant les conséquences des choix qui fondent
ces orientations, en mettant les auteurs en dialogue entre eux, et en soumettant leurs idées et
leurs travaux à la critique. Elle démontre que l’on sait ce qui a déjà été fait, de façon à aller un
peu plus loin.
Les objectifs de la revue de littérature sont (Hart, 2009):
 Identifier la frontière entre ce qui a déjà été fait et qui a besoin d’être étudié ;
 Découvrir des variables importantes liées au sujet ;
 Faire une synthèse et élaborer une perspective nouvelle ;
 Identifier des relations entre des idées et des pratiques ;
 Établir la signification du problème ;
 Acquérir le vocabulaire et les concepts liés au problème ;
 Comprendre la structure du sujet ;
 Établir un lien entre les idées et les cadres théoriques d’une part, et leurs
applications de l’autre ;
20
 Identifier les méthodes et techniques de recherche qui ont déjà été utilisées pour
traiter du problème.
S’agissant des études théoriques et empiriques, le chercheur montre qu’il connait bien les
autres auteurs et leurs œuvres qui ont, avant lui, d’une manière ou d’une autre, abordé le
domaine et le sujet de recherche. Il s’agit de passer en revue l’ensemble des écrits ou autres
ouvrages pertinents, c’est-à-dire ceux qui correspondent aux préoccupations majeures de la
recherche, sélectionner puis organiser intelligemment. Par la suite (et souvent simultanément),
il faut faire le point des connaissances sur le sujet: Où en est-on au moment où on doit
enclencher sa recherche dans le savoir général sur son problème? Quels sont les résultats des
recherches essentielles les plus récentes (autant que possible) sur le sujet? Que va-t-on, soi-
même, apporter de plus?
La revue de littérature ne doit pas devenir une succession de citations faites à tort et à travers,
il faut réaliser un travail de synthèse intéressant et pertinent. Dans tous les cas, les citations
doivent être fidèles au texte de l’auteur et les références doivent inclure la page d’où la citation
est tirée.
En résumé, la revue de littérature comprend:
1) Les grands axes de recherche actuelle sur la question de recherché;
2) Les thématiques dominantes;
3) Les ancrages disciplinaire et débats émergents;
4) Les tendances ou impacts (positif, négatif, nuancée) au regard des études empiriques
réalisées;
5) Les approches, théories et courants dominants sur la question de recherche
(iv) La problématique
La problématique est la "façon d'articuler un ensemble de questions ou de problèmes en les
référant à des concepts précisément déterminés" (Dictionnaire de philosophie, Baraquin et al,
Paris, A. Colin, 3e éd. 2007). La problématique peut aussi être définie comme un ensemble
construit autour d'une question principale, des hypothèses de recherche et lignes d'analyse qui
permettront de traiter le sujet choisi.
21
Elaborer une problématique revient à définir trois éléments:
(i) ce qu’on cherche à expliquer;
(ii) ce avec quoi on le mettra en relation; et
(iii) le type de relation qu’on envisage entre les deux premiers éléments.
La problématique répond à la question: où est le problème? Pourquoi cette recherche est-elle
intéressante/importante? Il s’agit donc d’un ensemble de questions dont les liens démontrent
la pertinence de la recherche proposée du point de vue du savoir ainsi que du point de vue social
(pratique).
La question de recherche est l’expression précise et opératoire de l’objet de recherche (Gavard
et al., 2010). Une fois le problème de recherche identifié et formulé dans la forme d’énoncé
affirmatif, le chercheur procède à un retournement (conversion) du problème sous forme
d’énoncé interrogatif écrit au présent de l’indicatif. Il s’agit de soulever et de poser
explicitement la question de recherche (ou la question principale ou centrale) et les questions
complémentaires (autant que nécessaires pour compléter et clarifier la principale ou pour
exprimer intégralement le problème de recherche). La question de recherche est déterminée
sur la base de lectures préalables et d’une réflexion. Elle doit être claire, précise et il doit être
possible d’y répondre. Il existe quatre types de questions de recherche:
 la question descriptive;
 la question comparative;
 la question évolutive; et
 la question théorique.
La question de recherche permet d’agiter le problème sous tous les angles ou aspects pour
l’expliciter et mieux l’appréhender. Sans question, il n’y a pas de recherche parce que c’est
cette question qui va servir plus tard de soubassement à la formulation de l’hypothèse ou des
hypothèses.
(iv) La construction du modèle d’analyse (ou du cadre opératoire)
Le modèle d’analyse constitue le prolongement naturel de la problématique en articulant sous
une forme opérationnelle les repères et les pistes qui seront finalement retenus pour présider au
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travail d’observation et d’analyse. Il est composé de concepts et d’hypothèses qui sont
étroitement articulés entre eux pour former, ensemble, un cadre d’analyse cohérent.
a) La détermination des hypothèses et des concepts
Tout comme la question de recherche, les hypothèses de recherche sont déterminées sur la base
de lectures préalables et d’une reflexion. Les hypothèses doivent être spécifiques, vérifiables et
réversibles.
(i) L’hypothèse est l’ensemble des propositions de réponses à la question de recherche. Il s’agit
d’une réponse anticipée, une affirmation provisoire qui décrit ou explique un phénomène.
L’hypothèse peut être un énoncé déclaratif précisant la relation anticipée et plausible entre des
phénomènes observés (Tremblay, Manheim et Rich, 2006). L’hypothèse établit une relation à
vérifier en comparant des faits, des événements, des concepts…
Les caractéristiques d’une hypothèse sont:
 Elle doit être plausible, vérifiable, précise et communicable: elle doit mettre en œuvre
des faits réels et ne pas comporter de jugements de valeur (proscrire les termes ambigus,
ex. bon, mauvais, devraient etc.);
 Elle peut exprimer une relation de causalité (cause à effet);
 Elle doit être falsifiable (Karl Popper) et opérationnelle: elle doit se rattacher à une
théorie existante et être en conformité avec le contenu actuel de la science.
Pourquoi des hypothèses?
L’organisation d’une recherche autour d’hypothèses de travail constitue un moyen efficace de
la mener avec ordre et rigueur sans sacrifier pour autant l’esprit de découverte et de curiosité.
Fondée sur les phases antérieures de la recherche, elle se présente comme une présomption non
gratuite portant sur le comportement des objets étudiés. En fait le chercheur qui la formule, dit:
« je pense que c’est dans cette direction là qu’il faut chercher, que cette piste-là sera plus
féconde ».
En même temps l’hypothèse sert aussi de fil rouge, elle remplacera en quelque sorte la question
de départ (qui ne devra pas être oubliée). Elle permettra de sélectionner dans la multitude des
données du terrain, celles qui sont les plus pertinentes, c’est-à-dire leur efficacité pour tester
l’hypothèse. Donc, en fait elle se présente comme une proposition de réponse aux questions
que se pose le chercheur. Ces réponses provisoires et sommaires guideront le travail de recueil
23
et d’analyse des données et devront en revanche être testées, corrigées et approfondies par le
chercheur.
L'hypothèse, d'une façon très générale, peut être considérée comme remplissant trois grandes
tâches:
 Établir des relations (les plus justifiées et justifiables possibles) entre des faits, des
variables ou des concepts et guider vers l'élaboration d'une loi expliquant et
généralisant, à plusieurs situations données, les résultats auxquels on a abouti;
 Orienter la sélection des faits à observer, des données à rassembler en vue de répondre
aux questions centrales posées dans le problème de recherché;
 Apporter des indications précises quant au terrain sur lequel portera la recherche et, par
voie de conséquences, sur le choix de la méthode, des techniques et des instruments à
envisager pour conduire à la confirmation ou l'infirmation des relations énoncées.
Dans la formulation des hypothèses, il faut présenter les concepts opératoires, les variables et
les indicateurs.
(ii) Les concepts sont à la théorie ce que les faits sont à la réalité: ce sont les unités non
décomposables (ou composées d'éléments simples précis et bien connus) sur lesquelles
s'articule la théorie. Ce sont des termes qui ont un sens construit complet et univoque dans le
cadre d'un champ scientifique ou d'une théorie donnée.
Exemple: marché, surplus, échange, revenu, valeur, prix ... sont des concepts qui ont un sens
précis et arrêté.
Dans tout travail réputé scientifique, il importe que les concepts opératoires utilisés soient
clairement définis et placés avec précision dans le cadre d'une théorie précise.
Le Concept opératoire est un concept dont le contenu est opérationnalisé dans le cadre et en
function de la situation précise observée. On se sert alors de dimensions (aspects différents du
concept une fois décomposé: pratique religieuse, attitudes religieuses, croyances religieuses ...
dans le concept ‘sentiment religieux’) et d'indicateurs (indices concrets de réalité d'une
dimension: appartenir à une Église, assister au culte, dévotions privées ... pour la dimension
‘pratique religieuse', par exemple).
24
b) La détermination d’autres caractéristiques des objets de l’étude
(i) La variable est une caractéristique des objets de l’étude, une quantité ou qualité susceptible
de fluctuation, de changement ou une grandeur à laquelle on peut attribuer plusieurs valeurs
différentes. On distingue des variables quantitatives et des variables qualitatives, elles sont
dichotomiques (deux modalités) ou multichotomiques (plus de deux).
 Variable dépendante: C'est la variable endogène ou variable expliquée désignée
généralement par le symbole Y. Elle dépend, dans ses variations, d'autres phénomènes
ou variables que l'on peut étudier ou manipuler. On peut, par exemple, étudier la
variation de l'absentéisme en fonction de la modification du nombre de jours ouvrables:
Comment l'absentéisme dépend-il du nombre de jours de travail? On peut écrire la
relation Y = f(x) où Y = absentéisme et x = nombre de jours ouvrables.
 Variable indépendante: C'est la variable exogène ou variable explicative qui influence
la modification de la variable étudiée. Elle peut être manipulée par l'expérimentateur
pour étudier son rôle dans les variations de la variable dépendante. Le nombre de jours
ouvrables représente ici la variable indépendante. On la note généralement par le
symbole x. Pour une même variable dépendante, on peut avoir plusieurs variables
indépendantes, on écrit alors: Y= f(x1 , x2 , x3, ...), (jours ouvrables, horaires... peuvent
représenter autant de variables indépendantes dans notre exemple).
 Variable intermédiaire: C'est une variable qui est nécessaire à la réalisation de la
relation entre les variables dépendante et indépendante. Dans notre exemple, cette
variable peut être constituée par le facteur ‘condition de travail’ tel que la rémunération,
le niveau de satisfaction... Ainsi, par exemple, à conditions égales, la diminution du
nombre de jours de travail peut réduire l'absentéisme. La variable intermédiaire peut
être modératrice ou médiatrice.
(ii) L’indicateur est l’ensemble d’éléments utilisés pour mesurer les variables. Il s’agit des
caractéristiques mesurables qui permettent de situer les objets étudiés sur des dimensions.
L’indice est la combinaison de plusieurs indicateurs qui permet de mesurer un concept.
Exemple:
- Variable: La demande d’un bien sur le marché
- Indicateur : La Quantité de bien demandé
- Indice: Le panier de la ménagère.
25
(iii) Un paradigme est une construction théorique faisant l’objet d’une adhésion d’une partie
suffisamment significative des chercheurs qui, au sein de la communauté ainsi constituée,
partagent le point de vue proposé par le paradigme (Vesrtaete et Fayolle, 2004).
(iv) Objectifs de la recherche: Les objectifs sont des déclarations affirmatives qui expliquent
ce que le chercheur vise, cherche à atteindre. Ils expriment l’intention générale du chercheur ou
le but de la recherche et spécifient les opérations ou actes que le chercheur devra poser pour
atteindre les résultats escomptés.
Les objectifs se formulent avec des verbes d’action pouvant conduire à des observations, tels
que: observer, étudier, décrire, définir, énumérer, vérifier, identifier, construire, mesurer,
évaluer, analyser, comparer.
L’objectif général indique le but ou l’intention globale visée par la recherche. C’est un objectif
de recherche. Il ne porte pas sur la pertinence ou les conséquences sociales. Il s’agit soit de
décrire, d’explorer, de comprendre, d’expliquer un phénomène, d’évaluer une action, de
proposer des solutions originales.
Les objectifs opérationnels précisent l’objectif général en insistant sur les points ou les aspects
du problème étudié et les opérations à mener par le chercheur pour atteindre l’objectif général
formulé.
(v) L’observation
L’observation comprend l’ensemble des opérations par lesquelles le modèle d’analyse est
soumis à l’épreuve des faits, confrontés à des données observables. L'observation comporte en
effet trois opérations:
- Concevoir l'instrument capable de fournir les informations adéquates et nécessaires pour tester
les hypothèses, par exemple un questionnaire d'enquête, un guide d'interviews ou une grille
d'observation directe;
- Tester l'instrument d'observation avant de l'utiliser systématiquement, de manière à s'assurer
que son degré d'adéquation et de précision est suffisant;
- Le mettre systématiquement en œuvre et procéder ainsi à la collecte des données pertinentes.
26
(vi) L’analyse des données
Cette étape porte sur le traitement de l’information obtenue par l’observation pour la présenter
de manière à pouvoir comparer les résultats observés aux résultats attendus. Elle nécessite ainsi
au préalable le choix des techniques de collecte des données et des méthodes d’analyse ou
d’interprétation des données.
Les techniques sont en fait des outils permettant d'investiguer autour d'un objet et de répondre
adéquatement à une question de recherche, alors que la méthode c'est la démarche logique
d'une science, c'est-à-dire l'ensemble des pratiques particulières qu'elle met en œuvre pour que
le cheminement de ses démonstrations et de ses théorisations soit clair, évident et irréfutable. Il
s’agit de la démarche dans la collecte des données (Comment récolter les données? =
technique) et l’analyse des données (Comment traiter les données? = méthode).
En sciences sociales, les principales techniques auxquelles on recourt sont:
a) Les techniques de recherche documentaire
Les techniques de recherche documentaire portent sur l'exploitation de documents pour obtenir
les informations nécessaires au travail de recherche. La technique documentaire s'occupe de
l'étude des preuves muettes qui sont des textes écrits ou des œuvres produites par des hommes,
en un mot des documents.
Pour pouvoir mieux exploiter ces techniques, il faut au préalable connaitre les différents types
de documents, savoir comment les lire et ensuite apprendre à prendre des notes. Cette technique
est indispensable pour tout chercheur, car elle consiste à étudier et à analyser les documents
pour enrichir la question de recherche. Elle valorise les écrits et les comptes rendus qui rendent
compte de ce qu’on sait déjà sur le sujet de recherche. La technique documentaire permet de
recenser les données déjà existantes, c-à-d les données secondaires (Gavard et al, 2010). Il
s’agit de toute publication sur le thème ou sujet de recherche (articles, communications,
mémoires, thèses, ouvrages…) ou des données secondaires (statistiques, bilan, compte de
résultat…)
27
b) L’expérimentation
L’expérimentation est une technique directe, généralement utilisée auprès d’individus dans le
cadre d’une expérience. Elle permet d’examiner l’effet d’une variable indépendante sur la
variable dépendante
c) L'observation
On définit généralement l'observation comme l'investigation autour d'un phénomène naturel ou
social pour découvrir tous les facteurs qui le composent ou qui l’influencent sans que le
chercheur intervienne dans le déroulement du phénomène pour agir sur certains facteurs comme
il en est le cas pour l'expérimentation.
L’observation est une technique assez difficile à mettre en œuvre et l’aspect primordial de tout
recueil des données par cette méthode est de mettre en place une relation de confiance avec les
acteurs à observer. Il existe deux types d’observation: l’observation non participante et
l’observation participante.
(i) L’observation non participante (vue de l’extérieur): ici, l’observateur est ‘invisible’,
l’observateur a un point de vue externe. Elle peut prendre trois formes: la première consiste à
observer la réalité “en caméra cachée”. C’est le cas, par exemple, lorsque des chercheurs en
marketing étudient le comportement des clients d’une grande surface devant un linéaire de
boissons à partir d’une séquence filmée à leur insu. La seconde consiste à interroger la réalité
par voie d’entretiens, d’administration de questionnaires ou d’expérimentation. La troisième
correspond à l’étude longitudinale, qui consiste, par analyse de documents et par entretiens, à
reconstituer sur une longue période l’histoire et la logique gestionnaire des transformations
d’une ou plusieurs organisations.
Exemple : la manière dont un produit est manipulé, testé, pris en main; la prise de décision
dans un achat familial; l’observation des techniques de vente; les déplacements dans les centres
commerciaux : types de magasins visités (logique employée, temps passé); l’utilisation des
services (DAB, guichets…) dans une optique d’amélioration de la satisfaction client…
28
Exemple d’un guide d’entretien sur les facteurs de démotivation au travail:
Age : Sexe : Emploi actuel : Ancienneté :
1. Le travail démotivant
démotivant?
-vous décrire un travail motivant ou démotivant?
2. Les ressources
-a-il un lien entre les ressources et l’implication au travail? Si oui/non, pourquoi?
3. L’environnement délétère ou la mauvaise ambiance au travail
travail peuvent-elles être un facteur de démotivation au
travail? Si oui/non, pourquoi?
4. Les techniques managériales
-elles avoir un impact sur la motivation ou la démotivation des
employés au travail?
les méthodes de gestion des RH peuvent avoir, selon vous, un impact sur la démotivation des employés
au travail?
5. Les caractéristiques individuelles
-vous que des caractéristiques individuelles ou des traits de la personnalité peuvent influencer la
motivation ou la démotivation au travail? Pourriez-vous citer quelques exemples?
-elles avoir un impact sur la motivation ou la
démotivation?
6. La rémunération
-vous que la rémunération financière peut avoir une influence sur la motivation et /ou la démotivation?
-vous décrire les caractéristiques d’une rémunération financière démotivante?
-il démobiliser des employés dans la réalisation de leurs tâches?
7. Comment interprétez-vous la démotivation au travail? Est-elle une façon de se protéger de la souffrance au
travail? Est-elle une façon d’exprimer son désaccord face aux conditions de travail inacceptables?
8. Ajout éventuel
tre expérience professionnelle, avez-vous un autre facteur que vous estimez important qui peut
enrichir notre compréhension de la démotivation?
29
(ii) L’observation participante (vue de l’intérieur): ici, l’observateur doit se faire “admettre”,
il est ‘invisible’ mais prend part à l’activité observée. Elle peut prendre, elle aussi, trois formes
principales. La première reprend le principe de la caméra cachée, à ceci près que le chercheur
est sur le terrain parmi les observés, sans que ces derniers le sachent. La seconde est une variante
de cette première forme : le chercheur fait le même travail et vit les mêmes situations que les
acteurs qu’il observe, mais ces derniers savent qu’il est un chercheur et qu’il va produire un
certain nombre d’analyses et de résultats d’une autre nature. La troisième est un dispositif dans
lequel le chercheur suit les acteurs partout où ils vont et dans tout ce qu’ils font, mais en se
contentant d’être un observateur.
Exemple: Quand on veut comprendre raison de satisfaction / insatisfaction et la qualité dans la
distribution et les services, le chercheur se fait passer pour un client…
Déroulement: cahier des charges des opérations à effectuer – grille d’observation – fait en
interne ou via sociétés externes.
d) Les techniques d'entretiens ou d’interviews
(i) L’entretien ou interview est une technique de recherche directe qui peut être utilisée pour
interroger des individus isolément ou dans certains cas, des groupes (Focus groups).
L’entretien est une technique de recueil d’informations qui consiste en des échanges oraux,
individuels ou de groupes, avec plusieurs personnes sélectionnées soigneusement, afin
d’obtenir des informations sur des faits ou des représentations, dont on analyse le degré de
pertinence, de validité et de fiabilité en regard des objectifs du recueil d’informations.
L’entretien ou l’interview se fait avec une personne ou un groupe des personne pour l’interroger
sur ses actes, ses idées, ses projets, afin soit d’en publier ou d’en diffuser le contenu, soit de
l’utiliser à des fins d’analyse (enquête d’opinion). L’entretien revêt des processus
fondamentaux de communication et d’interaction humaines. Il engage deux personnes en vis-
à-vis et à ce titre ne peut être considéré comme un simple questionnaire où on est dans une
relation anonyme. On appelle interview (ou entretien ou encore entrevue) un rapport oral, en
tête à tête, entre deux personnes dont l'une transmet à l'autre des informations sur un sujet
prédéterminé. C'est une discussion orientée, un procédé d'investigation utilisant un processus
30
de communication verbale, pour recueillir des informations en relation avec des objectifs fixés.
Il est important de s’assurer, dans ce processus, que l’entretien se compose sur la thématique
de la recherche.
Le guide d’entretien: C’est l’instrument capable de répondre aux problématiques de la
recherche aussi bien lors d’un entretien individuel que lors d’un focus group (entrtien en
groupe). L’objectif est de s’assurer que l’interview se focalise sur les thématiques de la
recherche. L’entretien s’arrête lorsqu’on atteint le point ou quand on attaint le seuil de
saturation. On distingue l’entretien individuel directif, l’entretien semi-directif et focus group
(où l’objet de recherche est dévoilé), et l’entretien non directif, ethnographie organisationnelle
et groupe de discussion (où l’objet de recherche est masqué) ou le récit de vie.
 L’entretien non-directif: permet l’expression libre de la personne interviewée. Le
chercheur pose une question large et ouverte, il suit ensuite le cheminement de la pensée
de l’interlocuteur.
 L’entretien semi-directif: le chercheur aborde une série de thèmes en s’appuyant sur
des questions préparées.
 L’entretien directif: le guide d’entretien comprend des questions ouvertes (mais
précises) et des questions fermées sans questions de relance.
Voici le type d’interview que propose Mintzberg (2014) dans son ouvrage “Le manager au quotidien, les 10
rôles du cadre sur la question ‘Que font les cadres ?’ » :
Chercheur: Mr P….., nous avons brièvement discuté de cette organisation et de la façon dont elle fonctionne.
Pourriez-vous maintenant me dire ce que vous faites?
Président: Ce que je fais?
Chercheur : Oui
Président : Ce n’est pas facile
Chercheur : Allez-y quand même
Président: Comme président, je suis naturellement responsable de beaucoup de choses.
31
Chercheur: Bien sûr, je comprends cela, mais que faites-vous?
Président: Eh bien, je dois m’assurer que tout marche bien.
Chercheur: Pouvez-vous me donner un exemple?
Président: Je dois m’assurer que notre position financière est saine.
Chercheur: Que faites-vous au juste pour vous en assurer?
Président: Eh bien, c’est difficile à dire.
Chercheur: Posons la question autrement: Qu’avez-vous fait hier?
(ii) Le questionnaire ou sondage: le questionnaire, sous sa forme la plus connue, le sondage,
est une technique directe pour interroger des individus de façon directive, puisque la forme des
réponses est prédéterminée.
Le questionnaire est l’ensemble de questions écrites portant sur un sujet particulier et obéissant
à des règles précises de préparation, de construction et de passation. Le questionnaire comporte
des questions ouvertes, fermées, semi-ouverte ou de type de Likert (1968).
A. Élaboration du questionnaire
a) Question ouverte
 On laisse la liberté à l’enquêté de s’étendre sur la question et d’aborder des aspects que
le chercheur n’aurait pas prévus.
 Elle a l’avantage de donner de l’espace à l’enquêté pour lui permettre d’exprimer toutes
les facettes de ses idées.
 L’inconvénient peut être le fait que l’enquêté soit hors sujet.
Exemple: Que ressentez-vous lorsque Airtel vous envoie, sans votre avis, un SMS publicitaire?
R/………………………………………………………………………………………….
32
b) Question fermée
 Elle oblige le répondant à confiner ses réponses dans un cadre bien précis (question
dichotomique: oui ou non; vrai ou faux, etc.).
Exemple: Avez-vous obtenu un crédit auprès de FINCA? Rép: Oui ou Non
Attention!
Il faut éviter les questions négatives dans lesquelles le « non » veut dire « oui », cela pourrait prêter
confusion.
Exemple: N’avez-vous pas reçu de crédit auprès de FINCA ? Oui Non
 On demande à l’enquêté de classer ou d’ordonner les réponses proposées.
Exemple: Veuillez classer les marques commerciales suivantes selon l’ordre de préférence (en
donnant un numéro de 1 à 5): Nike – Puma – Adidas – Reebock – Fila
c) Question semi-ouverte
Elle combine le besoin de structurer les réponses de l’enquêté avec la nécessité d’avoir des
informations plus libres.
Exemple: Avez-vous obtenu un crédit chez FINCA ? Oui ou Non
Si oui, combien?..............................................................
Si non, pourquoi?.............................................................
d) Question de type Likert (1962)
 Une échelle de Likert est une échelle de mesure répandue dans les questionnaires
psychométriques.
 La personne interrogée exprime son degré d'accord/satisfaction ou de désaccord/non
satisfaction vis-àvis d'une affirmation (l'énoncé).
 L'échelle contient en général cinq choix de réponse qui permettent de nuancer le degré
d'accord ou de satisfaction.
33
Exemple: La couleur (brune ou blonde) influence l’achat de la bière à Kinshasa.
Rép: 1. Pas du tout d'accord 2. Pas d’accord 3. Ni en désaccord ni d'accord 4. D'accord
5. Tout à fait d'accord
B. Mode d’administration du questionnaire
Le questionnaire d’enquête est:
 rempli directement sur le lieu de l’enquête par l’enquêté lui-même;
 rempli directement sur le lieu de l’enquête par l’enquêteur;
 rempli à partir de réponses données à distance (internet, téléphone…).
e) L’enquête par sondage
C’est une recherche de type descriptif et explicatif qui vise à obtenir des informations sur les
pensées, les comportements, les opinions, les perceptions d’une population en l’interrogeant
par la technique de sondage.
Outil : Questionnaire d’enquête
Questions:
 Comment confectionner le questionnaire?
 Comment construire l’échantillon?
L’enquête est une technique qui vise à collecter des informations de manière systématique à
l’intérieur d’une population donnée pour décrire, comparer ou expliquer le phénomène étudié.
Lorsqu’on interroge toute la population d’étude, on fait le recensement, et s’il s’agit d’une partie
on fait le sondage.
(i) Définition de la population et de l’échantillon dans une recherche quantitative
Le chercheur caractérise la population en établissant les critères de sélection pour l’étude, en
précisant l’échantillon et en en déterminant la taille. La population cible réfère à la population
que le chercheur désire étudier et à partir de laquelle il voudra faire des généralisations. La
population accessible est la portion de la population cible qui est à la portée du chercheur. Elle
34
peut être limitée à une région, une ville, une entreprise, une agence, un département, etc. Un
échantillon est un sous-ensemble d’éléments ou de sujets tirés de la population, qui sont
sélectionnés pour participer à l’étude. Extraire un échantillon, c'est choisir, selon des critères
définis à l'avance, un certain nombre d'individus parmi les individus composant un ensemble
défini, afin de réaliser sur eux des mesures ou des observations qui permettront de généraliser
les résultats à l'ensemble premier (population).
On distingue:
1) La population externe: celle pour laquelle on veut généraliser les résultats;
2) La population cible ou statistique: la population que l'on va chercher à atteindre;
3) La population effective: l’ensemble des individus qui respectent les critères d'inclusion.
L'échantillon final, c’est ce qui reste après avoir éliminé les individus présentant des facteurs
d'exclusion, les refus de participation, les formulaires non exploitables etc…
(ii) Le codage des éléments des discours qualitatifs issus des enquêtes de terrain
Le codage des éléments du discours nous a incité à faire une première tentative d’organisation
des données et ensuite il nous a permis d’apprécier la pertinence, c’est-à-dire voir comment les
représentations se confirment, se modifient ou se contredisent. Le codage est un processus qui
consiste à décomposer la variable étudiée en plusieurs sous-variables (appelées catégories de
code), puis suivre le déroulement du processus dans le temps à travers les dimensions (appelées
codes) que prennent chacune des sous-variables qui composent le processus de coopération.
Voici en cinq phases, selon Huberman et Miles (1991), le processus de codage des données
adapté au contexte de l’étude de cas:
 la préparation du codage des données ;
 la définition d’une grille de codage ;
 le codage des données ;
 l’analyse de la base des événements ;
 l’interprétation et la validation des résultats.
35
Cette technique vise à rendre compte de la complexité des phénomènes, par des études de cas
qualitatives, tout en offrant une technique de traitement des données fondée sur l’algèbre
booléenne, qui rend possible, comme les méthodes quantitatives, la généralisation des résultats
au-delà des cas observés. Attention, le comptage dans une analyse qualitative est rarement
synonyme de généralisation.
Exemple: Apparition des thèmes de l’authenticité et du chez-soi dans des interviews sur
l’attachement à un lieu de vente : 53% des 17 individus interviewés en profondeur sont attachés
à un lieu de vente spécifique parce qu’ils le trouvent authentique, et 47% parce qu’ils s’y sentent
chez eux… Le comptage peut constituer un indicateur intéressant pour «classer» les thèmes.
(iii) La quantification
Dans cette dernière étape, il s'agit de transformer en quantités mathématiquement traitables les
éléments retenus et décomptés dans les étapes précédentes:
 On dénombrera les unités d'information par unité d'enregistrement et de numération.
 On accordera à chaque sorte d'unité d'information un poids relatif, un coefficient chiffré.
 On dégagera les fréquences de différentes unités d'information par catégorie.
 On pondérera ces fréquences par le coefficient accordé à chaque unité d'information.
Le codage binaire 0 et 1
Le codage binaire avec le chiffre 1 pour une réponse correspondante à l’indicateur retenu dans
l’entretien et 0 pour une réponse contraire ou négative est un outil d’analyse des données utilisé
dans les études en sciences sociales (Kogut, 2000) en tenant compte des critères de dualité
d’Aoki de système binaire : présence représenté par 1 et absence par 0.
C. Phase de traitement ou analyse des données
Une masse de données recueillies (par exemples deux cartons de mille questionnaires remplis,
dix bandes ou des giga-octets d’entretiens enregistrés) ne constitue pas en soi une recherche. Il
36
faut traiter toutes ces données. C’està-dire qu’il faut y exercer un travail d’analyse pour isoler
des unités signifiantes (thèmes, figures, variables…) abstraites de leur contexte pour en opérer
la comparaison terme à terme. Ensuite, le chercheur en fait une synthèse. Ce sont les étapes qui
consistent à tirer quelque chose des données rassemblées. C'est proprement la phase de
génération d'éléments nouveaux et originaux montrant que l'on a contribué à améliorer notre
connaissance ou notre compréhension quant au problème abordé.
Cette phase se déroule en trois étapes, à savoir la préparation et l’agrégation des données,
l’analyse des relations entre les variables ainsi que la comparaison des résultats observés avec
les résultats attendus en interprétant les écarts.
1. La préparation des données
Une fois rassemblées, les données brutes (réponses à un questionnaire, chiffres, statistiques ...)
doivent faire l'objet d'un minutieux travail de préparation avant d'être traitées et analysées. Dans
ce travail de préparation, il faut trier, dépouiller, nettoyer, regrouper, coder... de façon que, le
moment venu, on n'ait, autant que possible, que des données non contaminées, non biaisées,
c'est-à-dire non susceptibles de générer des erreurs ou des distorsions dans les résultats.
2. L'analyse des données
Comme son nom l'indique, cette étape consiste à effectuer un travail de manipulation et de
traitement des données nettoyées. Elle peut consister en toutes formes de calculs,
regroupements, croisements... quantitatifs ou qualitatifs, manuels ou informatisés... L’analyse
des données est fonction du type d’étude et de son but, selon qu’il s’agit d’explorer ou de décrire
des phénomènes et de comprendre ou de vérifier des relations entre des variables. Les
statistiques permettent de faire des analyses quantitatives. L’analyse qualitative réunit et
résume, sous forme narrative, les données non numériques. Elle peut par exemple faire des
catégorisations. L’analyse des données permet de produire des résultats qui sont interprétés et
discutés par le chercheur. C'est ici que l'on dégagera ce que l'on a découvert (the finding) par
rapport au problème ainsi que les paramètres statistiques, les indices, les coefficients, les
fréquences, les classes... servant à en spécifier les caractéristiques.
3. L’interprétation des résultats
C'est la phase d'inférence, de « mise de signification » dans les résultats obtenus à l'étape
précédente. Il s'agit, selon l'expression plus familière, de faire parler les chiffres, indices,
37
coefficients... dégagés par l'analyse, et exprimer de façon claire, argumentée, comment ces
résultats constituent un progrès par rapport au point de départ.
Les grandes règles de cette partie: il doit y figurer tous les résultats présentés (qui ne doivent
pas être ailleurs) et seulement les résultats: c'est-à-dire pas de rappels méthodologiques sur
comment et pourquoi on les a obtenus (pour la partie méthodologique) et pas d’interprétation,
à réserver pour la discussion.
Les résultats comprennent: Un premier point qui décrit la population de l’étude: taille de la
population, nombre de perdus de vue, de non répondants, d’exclus, de questionnaires non
exploitables et finalement taille de l’échantillon effectif de la population; Un deuxième point
qui comprend les principaux résultats de l’étude (répondant à l’objectif principal); Enfin, un
troisième point peut comprendre des résultats d’analyses secondaires et complémentaires. Les
résultats peuvent être présentés sous forme de tableaux, de figures ou de texte. Il faut privilégier
les tableaux pour les séries de résultats (par exemple description des caractéristiques de
population) pour lesquelles la rédaction risque d’être rapidement lourde. Le texte ne doit pas
être redondant aux tableaux, il doit compléter l’information. Les tableaux et les figures doivent
répondre à un principe de parcimonie « d’encombrement ». La présentation doit être en effet la
plus simple et minimaliste possible car vite illisible.
(vii) LES CONCLUSIONS
 Les conclusions constituent le moment pour rappeler les principaux résultats de la
recherché;
 les nouvelles connaissances relatives à l’objet d’analyse;
 les nouvelles connaissances théoriques ;
 La discussion de la porté des résultats à plusieurs niveaux;
 s’interroger sur la généralisation des résultats, voire même formuler une loi qui
nécessiterait d’autres travaux pour la tester et/ou développer;
 comparez vos résultats à ceux d’autres études ;
 formuler de nouvelles questions.
38
1.4. Objectivité et subjectivité dans la recherche scientifique
La subjectivité et l’objectivité ont été parmi les sujets qui ont suscité de vifs débats parmi les
chercheurs/chercheuses au tournant du XXe siècle. Malgré le désir d’impartialité et
d’objectivité totales dans la recherche scientifique, les sociologues admettent qu’il est très
difficile d’éliminer complètement la subjectivité; De ce fait, une distinction est faite entre
l’objectivité scientifique et la recherche subjective.
L’objectivité scientifique consiste à restreindre le chercheur/la chercheuse à la méthodologie
scientifique de la recherche. Il doit collecter des données et les traiter telles quelles, et sans
modification, en fonction des opinions ou penchants En ce sens, l’objectivité consiste à ne pas
inclure les opinions et les points de vue du chercheur/de la chercheuse dans le processus de
recherche qui doit suivre les règles qui lui sont spécifiques. Quant à la subjectivité, c’est le
facteur humain dans l’étude, car le chercheur/la chercheuse est un être humain et a des
tendances personnelles, des croyances et des opinions qui peuvent être une motivation première
pour choisir un sujet de recherche ou pour choisir un cadre théorique d’analyse et
d’interprétation. Par conséquent, les chercheurs/chercheuses s’efforcent de réduire leur
subjectivité et de faire preuve du plus d’objectivité possible pour aborder la question de
recherche mais il reste toujours une marge de subjectivité dans le choix du sujet et la rédaction
de l’étude.
Par conséquent, une distinction peut être faite entre l’objectivité de la méthode de recherche et
l’objectivité de la rédaction de la recherche. L’objectivité de la méthode scientifique est l’une
des caractéristiques les plus importantes et l’une des constantes fondamentales de tout travail
de recherche sérieux qui aspire à présenter de nouvelles connaissances scientifiques. Quant à la
subjectivité de l’écriture, elle se limite au style de l’écrivain.e, aux sujets sur lesquels il/elle
choisit de se concentrer et à la manière d’interpréter les indices et les données. La subjectivité
peut être contrôlée et réduite en clarifiant les limites et en en discutant dans le cadre de la
méthodologie. La possibilité de subjectivité dans la rédaction de l’étude n’exclut pas que des
limites et des méthodes spécifiques soient requises pour la rédaction de la recherche scientifique
qui nécessite l’utilisation d’une terminologie précise et d’analyses systématiques, en écartant
toute pensée et opinion qui ne sont basées sur des données et analyses scientifiques.
39
La subjectivité peut être réduite par la présence de plus d’un chercheur dans le projet de
recherche ou en sollicitant l’aide de chercheurs/chercheuses et de collègues afin qu’ils lisent la
recherche et fassent des observations sur la méthode de traitement du sujet et de rédaction de
l’étude. Il est également important que le chercheur ou la chercheuse se forme à toujours se
poser la question inverse : pourquoi pas ? Les efforts fournis par le chercheur/la chercheuse
pour aborder la question sous différents points de vue et de l’extraire du domaine privé, qui est
affecté par ses opinions et ses penchants, peut grandement aider à réduire la subjectivité et à
renforcer l’argumentation et l’analyse du chercheur/de la chercheuse.
1.5. Éthique de la recherche scientifique
Le premier objectif de tout.e chercheur/chercheuse est d’obtenir des informations et des
données. Or toutes les méthodes d’obtention d’informations ne sont pas légales et éthiques.
L’éthique de la recherche scientifique exige le respect de la vie privée des participant.es à la
recherche, la préservation de leurs droits et le respect de leurs opinions, ainsi que la préservation
de la sécurité des participant.es et du chercheur/de la chercheuse, et ce à n’importe quel prix !
Il est vrai que l’éthique de la recherche scientifique limite souvent l’accès à l’information.
Cependant, la recherche scientifique s’accorde aujourd’hui à donner la priorité au respect de
l’éthique de la recherche, même au détriment de l’accès à l’information.
Cet aspect a émergé à la suite de l’étude publiée par Laud Humphreys (Humphreys 1970).1
Dans cette étude, Humphreys a pu étudier des aspects importants du comportement des hommes
dans les toilettes publiques et la relation entre la sexualité et le genre aux ÉtatsUnis en observant
les usagers des toilettes publiques en Louisiane et en collectant des informations importantes et
nouvelles qu’il aurait été impossible de collecter par d’autres moyens. Cette étude a toutefois
déclenché un grand débat dans les cercles académiques car le chercheur observait les gens à
leur insu et sans leur consentement; ce qui était considéré comme une violation claire et
flagrante de leur vie privée.
Il y a débat concernant la dégradation de la qualité de la recherche lorsque les participant.es
savent qu’ils sont surveillé.es car la plupart des comportements humains changent lorsqu’ils/
1
Pour plus d'informations sur le thème de l'éthique de la recherche scientifique, voir Homan (1991).
40
elles se rendent compte qu’ils/elles sont observé.es. Les informations que le chercheur/la
chercheuse obtient ou « arrache » lorsque les participant.es ne savent pas qu’il/elle les observe
sont beaucoup plus riches que les informations recueillies « de manière éthique ». Cependant,
il y a un coût moral considérable à ne pas informer et obtenir le consentement des personnes
surveillées car il y a atteinte à leur intimité et à leur vie privée, ce qui peut leur nuire lorsque
l’étude est publiée.
Par conséquent, afin de préserver le respect des droits des individus et groupes qui participent
aux études scientifiques, nous ne pouvons aujourd’hui faire aucun travail de recherche qui ne
respecte pas les règles de l’éthique de la recherche mentionnée ci-dessous :
• Honnêteté : Le chercheur/la chercheuse doit être honnête et clair.e avec les participant.es à la
recherche. Il/elle doit leur expliquer la recherche et son objectif et leur donner accès aux
informations de base qui constituent le fondement de sa recherche. Le chercheur/la chercheuse
doit également être honnête avec ses lecteurs/ lectrices en transférant des informations de
manière honnête et véridique sans falsifier aucune information ou compléter des informations
partielles basées sur des théories antérieures ou ses opinions personnelles.
• Anonymat : L’une des conditions de base pour respecter l’éthique de la recherche scientifique
est de protéger l’identité des participant.es à la recherche en ne donnant pas leur vrai nom ou
en n’utilisant pas d’indices qui pourraient conduire à révéler leur véritable identité.
• Confidentialité : La question de la vie privée concerne la protection des données que le
chercheur/la chercheuse a collectées pendant la période de recherche. Les données contiennent
de nombreuses informations privées et précises. Le chercheur/la chercheuse doit garantir la
confidentialité des informations et les conserver dans un endroit sûr de sorte que personne ne
puisse y accéder ou y consulter les données. Habituellement, les informations sont détruites une
fois la recherche terminée, surtout si elles contiennent des informations confidentielles et
sensibles.
• Confiance : Le chercheur/la chercheuse doit essayer de construire une relation de confiance
avec les participants à la recherche afin d’obtenir une plus grande coopération et des résultats
plus précis et crédibles. Ainsi, lorsque le/la participant.e fait confiance au chercheur/à la
chercheuse, il/elle est généralement plus généreux/généreuse, franc/ franche et précis.e dans ses
réponses et ses informations.
41
• Consentement : Le chercheur/la chercheuse doit toujours s’assurer d’obtenir le consentement
des participant.es avant de commencer tout travail de recherche sur le terrain. Le consentement
est généralement écrit en demandant au participant/à la participante de signer une déclaration
de consentement pour participer à la recherche. Cette déclaration comprend une explication
claire du but de l’étude et de ce qu’elle exigera du/de la participant.e. De plus, cette déclaration
doit expliquer au/à la participant.e quels sont ses droits pendant et après l’étude. Le chercheur/la
chercheuse ne doit, à aucun stade de la recherche, utiliser la méthode de l’intimidation pour
obtenir des informations ou pour faire pression sur le/la participant.e pour qu’il/elle ne se retire
pas de la recherche.
• Retrait : Le retrait est considéré comme l’un des droits les plus importants des participant. es
à toute recherche scientifique. Le temps que le/la participant.e consacre à la recherche relève
de sa décision personnelle, d’autant plus que la plupart des participant.es à l’étude sont
généralement des volontaires. Le consentement à participer à la recherche ne garantit pas que
le/la participant.e restera jusqu’à la fin et le retrait est un droit que le chercheur/la chercheuse
doit respecter. Par conséquent, il est toujours conseillé au chercheur/à la chercheuse d’essayer
d’atteindre le plus grand nombre possible d’individus dans l’échantillon en s’assurant que son
étude couvre un groupe d’individus suffisant car il est attendu que certains des participant.es se
retireront pendant la recherche.
• Enregistrement audio ou photographie: Le chercheur/la chercheuse n’a pas le droit
d’enregistrer des voix ou de prendre des photos ou des vidéos sans que les participant.es ne
soient informés et consentants. Il n’est pas correct que le chercheur/ la chercheuse demande le
consentement du/de la participant.e après avoir terminé l’enregistrement ou pris la
photographie, car l’approbation doit toujours avoir lieu avant de commencer la recherche. •
Tromperie ou faux espoirs: Dans de nombreux cas, les participant.es à la recherche pensent que
leur participation leur permettra d’améliorer leurs conditions de vie. Par conséquent, le
chercheur/la chercheuse doit s’assurer qu’aucun faux espoir ou promesse ne se fasse en dehors
du cadre de la recherche. Si la participation à la recherche comprend une compensation
financière pour le temps consacré, le chercheur/la chercheuse doit souligner que celle-ci n’est
pas liée aux résultats de la recherche. Il a été observé que les participant.es qui reçoivent une
allocation en espèces pour leur contribution ont tendance à donner des réponses qui, selon
eux/elles, satisferont le chercheur/la chercheuse. Il s’agit d’un risque majeur pour la fiabilité et
l’exactitude de la recherche.
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  • 1. a UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DU CONGO BP. 1534 Kinshasa Faculté de Sciences Politiques Notes de Cours Prof. Dr. Pascal SUNDI MBAMBI Précaution : Ces notes, en cours d’élaboration, sont à l’usage exclusif des étudiants de L1 – Faculté de sciences politiques de l’UCC. Cours d’Initiation à la recherche scientifique (IRS) – L1 ANNE ACADÉMIQUE 2022-2023
  • 2. i Descriptif du cours Tout étudiant à l’université est amené à réaliser des recherches dans la discipline de sa spécialisation, qu’il s’agisse en termes de travail pratique (TP), de travail de fin de cycle (TFC), de mémoire ou de thèse. Par ailleurs, même dans la vie professionnelle, un universitaire sera amené à entreprendre des recherches dans un secteur spécifique de sa profession ou à utiliser des recherches réalisées par des spécialistes dans divers domaines (recherches historiques, enquêtes sociales, analyses anthropologiques, etc). Il est donc important, au début de son parcours universitaire, de mettre à la disposition de l’étudiant des connaissances et des outils nécessaires qui lui permettent de maîtriser l’art de la recherche scientifique. Dans ces conditions, l’objectif de ce cours d’Initiation à la Recherche Scientifique (IRS) est double: - d’abord, de poser des jalons conceptuels en vue de préparer le terrain pour des cours plus techniques de méthodologie de recherche (notamment en sciences sociales), à l’usage de ceux qui souhaiteraient aller plus loin et être en mesure de pratiquer eux-mêmes la recherche scientifique; - ensuite, de rendre les étudiants, dans la mesure du possible, aptes à faire usage de rigueur scientifique dans la rédaction de leurs travaux, depuis la formulation de la question de recherche jusqu’à la réponse apportée, en passant par le choix des méthodes. Autrement dit, à l’issue de ce cours les étudiants auront: - une bonne compréhension théorique de ce qu’est une recherche scientifique; - en survolant les techniques de recherche, l’accent sera davantage mis sur le fait de comprendre comment se formule une question de recherche, quels choix méthodologiques sont les plus opportuns pour tenter d’y apporter une réponse et en quoi consiste l’attitude scientifique de manière générale. Ce sont là les compétences que le cours d’IRS souhaite développer. L’apprentissage de ces compétences s’appuiera surtout sur des exemples de recherches, notamment dans la rédaction des TFC et mémoires. Sur le plan pratique, les présentes notes de cours ne font que préciser et formaliser la matière telle qu’elle résulte de l’exposé oral.
  • 3. ii Plan du cours 0. Introduction: Généralités I. Qu’est-ce que la recherche scientifique? - Qu’est-ce que la connaissance scientifique? - Caractéristiques des connaissances scientifiques - Actes de la demarche scientifique - Étapes de la recherche scientifique - Objectivité et subjectivité - Ethique de la recherche scientifique - Recherche scientifique dans les zones de conflit et de guerre II. Qu’est-ce qu’est la recherche en sciences sociales? - Différentes approches en sciences sociales - Etapes du processus de recherche en sciences sociales III. Comment la recherche scientifique est-elle rédigée et publiée? - Comment faire une rédaction efficace? - Comment faire les citations et presenter les références bibliographiques?
  • 4. iii Stratégies d’enseignement et d’apprentissage Nous allons privilégier la diversification des stratégies d’enseignement et d’apprentissage. Parmi les plus adaptées, on retiendra : - Enseignement/conférence/présentation orale - Discussions - Résolution des problèmes - Jeu de rôle - Simulation - Travail en équipe et exposés - Recherche personnelle - TP, etc. Évaluation du rendement de l’étudiant Notre grille d’évaluation portera sur 4 compétences : - Connaissance et compréhension - Réflexion et recherche (critical thinking) - Communication - Mise en application Mode d’évaluation: TP, Interro et Examen.
  • 5. iv Bibliographie sélective Angers, M., 2000, Initiation pratique à la méthodologie des sciences humaines, Montréal, Centre éducatif et culturel. Comte, Auguste (1830-1842) (1975), Cours de philosophie positive, 2 vol., Paris, Hermann. Couture, M. (2004), Introduction aux méthodes de recherche scientifique, SCI1013, 1er cycle UER Science et Technologies, Télé-université de l’Université du Québec, Montréal (Québec). Crombie, Alistair (2008), « Styles et traditions de la science occidentale », dans J.F. Braunstein (2008) (dir.), Histoire des sciences, Paris, Vrin. Dumez, H. (2013), Méthodologie de la recherche qualitative: les 10 questions clés de la démarche compréhensive, Paris, Vuibert. Fortin, M.F. (1996), Le processus de la recherche: de la conception à la réalisation, 2ème édition, Ville Mont-Royal, Québec, Décarie éditeur Inc. Gavard-Perret M-L et al. (2012), Méthodologie de la recherché: réussir son mémoire ou sa thèse en sciences de gestion, Paris, Pearson. Gélinas, J. et Albanese N. (2008), Guide de rédaction et de présentation d’un travail universitaire, Université du Québec à Chicoutimi, Chicoutimi (Québec), Éditions du Département des sciences économiques et administratives. Giddens, A. (2013), Sociology, 7th Edition. London: Polity Granger, Gille Gaston (1995), « La science et les Sciences ». Que sais-je ? PUF, 2ème édition corrigée. Gingras, F.-P. (2003), « La théorie et le sens de la recherche », in Gauthier B. (éd.), Recherche sociale: de la problématique à la collecte des données, Sainte-Foy, Presses de l’Université de Laval, pp.103-126. Gingras, F.-P. (2004), Les citations et la bibliographie (accès en ligne). Giroux, S. et Tremblay G. (2009), Méthodologies des sciences humaines: la recherche en action, 3e édition, Québec, Edition du Renouveau Pédagogique Inc. Goodhand, J. (2000). “Research in Conflict Zones: Ethics and Accountability”, in Forced Migration review, 8(4), 12- 16. Grawitz, M. (2001), Méthodes des sciences sociales, 8e édition, Paris, Dalloz. Grawitz, M. (2004), Lexique des sciences sociales, 8e édition, Paris, Dalloz. Homan, R. (1991), The Ethics of Social Research. Addison-Wesley Longman Ltd
  • 6. 1 P. Bourdieu, J.-C. Chamboderon et J.C. Passeron, Le Métier de sociologue Piaget, Jean (1973) (dir.), Logique et connaissance scientifique, Paris, Gallimard. Sem Mbimbi, P. (2022), Cours de méthodes de recherche sciencitique, Université Protestante de Lubumbashi, Faculté de sciences économiques et management. Sem P. et Cornet A. (2017), Méthodes de recherche en sciences économiques et de gestion, Norderstedt, Editions Universitaires Européennes. TSAMBU, Léon (2022), Notes de cours d’initiation à la recherche scientifique (destinées aux étudiants de Première Licence en Sciences politiques), Université Catholique du Congo, Kinshasa. Wood, E. J. (2006). “The Ethical Challenges of Field Research in Conflict Zones”, in Qualitative Sociology, 29(3), 373- 386.
  • 7. 2 0. INTRODUCTION: GÉNÉRALITÉS  Qu’est-ce qu’est qu’une initiation? L’initiation (du latin : initiatio) est le processus par lequel, au cours d'un rite de passage, un novice acquiert un statut social ou spirituel plus élevé par l'acquisition de connaissances ou l'admission aux activités particulières d'une communauté religieuse, d'une société secrète ou d'un groupe. D'une façon plus générale, le terme désigne l'accession à la connaissance préliminaire d'une science, d'une profession, d'un art. Dans leur acception courante, les rites de passage marquent, chez tous les peuples, l'accession à la maturité ou à l'indépendance. Ainsi, le baccalauréat, le permis de conduire, les bizutages dans certains établissements d'enseignement supérieur, par exemple, sont considérés comme des passages obligés indiquant un changement de statut social. Le terme désigne aussi la cérémonie, le rite de passage ou l'épreuve, qui permet d'accéder au nouveau statut d'initié.  Pourquoi une initiation? Dans de très nombreuses sociétés existent des institutions qu’on appelle « initiations ». Elles consistent à faire franchir aux individus selon leur sexe et selon leur âge certaines étapes dans la connaissance de l’ordre de l’univers, des règles de conduite appropriées dans la société à laquelle ils appartiennent. Ces savoirs sont transmis par étapes au cours de cérémonies. Mais les initiations ne sont pas seulement un processus de transmission de connaissances, ce sont également des institutions prenant en compte pleinement l’éducation sociale des individus. Les initiations instituent une division au sein des sociétés entre initiés et non-initiés. Ces derniers jouissant alors d’un statut social inférieur et subordonné. Une partie des savoirs transmis dans les initiations est ésotérique, c’est-à-dire qu’ils constituent des secrets qu’il ne faut en rien révéler à des moins initiés et surtout à des non-initiés. Les rites d'initiation accompagnent l'admission des individus d'un groupe à un autre, et d'abord du groupe des enfants à celui des adultes; dans une société à groupes d'âge, il s'agira par exemple du passage du groupe des guerriers à celui des responsables politiques, et, lorsque la société est différenciée, de l'introduction dans une confrérie religieuse spécialisée ou dans une société secrète. Bref, ces rites marquent toujours un changement de statut social. Mais, de tous ces rites, les plus importants sont incontestablement ceux qui font accéder l'enfant au statut d'adolescent ou d’adulte.
  • 8. 3 Sans doute l'initiation est-elle d'abord un mode d' intégration à un groupe social et, la plupart du temps, elle coïncide avec les âges de la vie, notamment avec les passages de l'enfance à l'âge adulte. C'est un processus de socialisation des jeunes, qui peuvent, rassemblés en classes d'âges, passer un temps plus ou moins long, en dehors du village, à recevoir l'éducation que tout homme du groupe. Dans le cadre de ce cours d’initiation à la recherche scientifique, l’expression marque certes ce passage de l’école secondaire à l’université mais doit être comprise au sens d’introduire les ‘nouveaux universitaires’ dans les méandres de la recherche scientifique, lieu privélégié pour tout universitaire.
  • 9. 4 I. QU’EST-CE QU’EST LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE? 1.1. Qu’est-ce que la connaissance scientifique? 1.1.1. C’est quoi la science? La science, d’après le dictionnaire de la langue française le Petit Robert, est tout corps de connaissances ayant un objet déterminé et reconnu et une méthode propre. Cette définition, certes succincte et précise, n’exalte guère. Ce serait intéressant de se référer à la definition que propose le Professeur Jean-René Roy dans son beau livre intitulé Les héritiers de Prométhée: «La science est d’abord une démarche intellectuelle visant à comprendre et à expliquer le monde. Elle signifie aussi le vaste ensemble de connaissances encyclopédiques que nous avons du monde et de l’Homme. Par les laboratoires, les universités et les centres de recherches, la science est une institution sociale…» (J.R. ROY, Les héritiers de Prométhée, Les presses de l’Université Laval, 1998). Comme institution sociale, la science constitue un ensemble de méthodes, un ensemble de personnes, un grand corps de connaissances que nous appelons scientifique; elle est d'une manière ou d'une autre à l'écart des forces qui régissent notre vie quotidienne et qui régissent la structure de notre société. Objective, la science nous a apporté toutes sortes de bonnes choses. Elle a énormément augmenté la production de denrées alimentaires. Elle a augmenté notre espérance de vie, qui est passée de 45 ans à peine au début du siècle dernier, à plus de 70 ans dans les régions riches comme l'Amérique du Nord. Elle a mis des gens sur la lune et nous a permis de rester à la maison les bras croisés (lire Richard Lewontin, Biology as ideology, 1991, tr. fr. P.-J. Haution, Harper Perennial, 1992, p. 3-4). 1.1.2. Types de sciences La spécialisation croissante de la recherche scientifique depuis le début du XIXe siècle et l’émergence de nouvelles disciplines ont conduit à des tentatives sans cesse renouvelées de classification des sciences. L’une des plus célèbres est celle proposée par Auguste Comte au début de son Cours de philosophie positive en 1830. Il distingue six sciences fondamentales, à savoir les mathématiques, l’astronomie, la physique, la chimie, la biologie et la sociologie. Cette classification présente plusieurs propriétés intéressantes: elle dessine un ordre de généralité décroissante (chaque science intègre les lois de la précédente) et de complexité croissante (chaque science apporte des concepts nouveaux). Auguste Comte prétend également
  • 10. 5 fournir par là une reconstruction rationnelle du développement historique. En effet, pour lui, l’esprit scientifique est apparu d’abord dans les domaines des mathématiques et de l’astronomie, puis a gagné les autres sciences. Cette classification tient compte de l’adoption de méthodes rigoureuses en biologie et de la nécessité de compléter le champ des connaissances par la création de la sociologie. En ce sens, elle traduit un certain état de développement des sciences. Mais elle doit être corrigée. Tout d’abord, Comte laisse paraître ses préventions à l’égard de la logique (qui en était restée pour l’essentiel à la théorie du syllogisme d’Aristote) et de la psychologie (encore fondée sur l’introspection). La logique a depuis connu un développement considérable par le biais d’un rapprochement avec les mathématiques, jusque dans l’essor de l’informatique. La psychologie est devenue expérimentale, recourant à de nombreuses techniques rigoureuses d’établissement de ses résultats. Il faut consigner cette évolution et donc constater que cette classification est restrictive et ne permet pas d’intégrer les sciences postérieures à celles citées. Selon quel autre critère alors pourrions-nous alors classer les sciences? Si l’on considère, à l’instar du Petit Robert, qu’une science se caractérise par « tout corps de connaissances ayant un objet déterminé et reconnu, et une méthode propre », il est alors possible de tenter un autre type de classification. Jean Piaget, reprenant le problème en 1967, propose une répartition commode en quatre grands domaines, à savoir: les sciences logico-mathématiques, physiques, biologiques, psycho-sociologiques. On pourrait les mettre en rapport avec des objets: la forme ou demonstration (sciences logico-mathématiques), la matière (sciences physiques), la vie (sciences biologiques), l’homme (sciences psycho-sociologiques). Ou pour le dire autrement, les sciences de la nature (physique, chimie et biologie) dont les objets sont la matière et le vivant, les sciences formelles ou sciences logico-mathématiques (mathématiques, logique et informatique) dont les objets sont des êtres abstraits et les sciences humaines (histoire, psychologie, sociologie, anthropologie, économie et linguistique) qui ont pour objets les comportements humains. Mais, la science contemporaine progresse en dépassant les frontières disciplinaires traditionnelles: l’astro-physique, la physico-chimie. Plus récemment, les sciences cognitives puisent dans les domaines aussi divers que la neurologie, l’informatique la psychologie et la linguistique, en bousculant profondément les clivages habituels. Une classification par les méthodes ne semblerait-elle pas alors plus appropriée?
  • 11. 6 Ainsi, on pourrait parler de (i) sciences formelles (dites aussi sciences fondamentales ou théoriques, voire sciences pures) pour celles qui reposent sur un domaine de définition, des axiomes, et des démonstrations (mathématiques, logique et informatique); (ii) sciences expérimentales (ou sciences de l'empirie) pour celle qui s’articulent autour du triptyque “observation-hypothèse-vérification de l’hypothèse” (par un protocole experimental). Les énoncés des sciences expérimentales doivent être réfutables par l'expérience (principe de falsifiabilité de Karl Popper), à la différence des propositions mathématiques qui sont vraies en vertu de leur forme. Or, pour une partie des sciences de la nature, aucune expérimentation n’est encore possible (par exemple en astrophysique ou en physique des particules) et pour une partie des sciences humaines, l’expérimentation est impensable, soit parce que ces sciences traitent d’événements non reproductibles (comme l’histoire), soit parce que la morale interdit une expérimentation qui mettrait en péril la dignité et la liberté de l’homme (et dans ce cas, une partie de la biologie n’est pas épargnée). Or, ces sciences ont des méthodes rigoureuses qui vérifient le principe de cohérence interne. Sont-elles des sciences théoriques? L’expression «sciences théoriques» semble n’être utilisée que pour qualifier les sciences dont les objets sont des abstractions, ce qui n’est le cas ni du vivant ni de l’histoire, par exemple. Sont-elles des sciences qui s’opposent aux sciences théoriques? L’usage veut que l’on oppose sciences théoriques et sciences appliquées (sciences au service d’une technique) et non pas sciences théoriques et sciences expérimentales. Faut-il alors dénier le statut de sciences à ces disciplines qui ne sont ni strictement formelles ni strictement expérimentales? Pour surmonter ces obstacles, certains auteurs actuels préfèrent parler de différents styles de raisonnement : axiomatisation pour les mathématiques, expérimentation pour une partie des sciences de la nature et des sciences humaines, modélisation pour l’informatique, les mathématiques, une partie des sciences de la nature et des sciences humaines, taxinomie pour une partie des sciences de la nature et des sciences humaines, analyse statistique pour une partie des sciences humaines et des sciences de la nature, étude historico-génétique pour certaines sciences humaines. Ces styles peuvent se combiner, donnant lieu à une vision non hiérarchique des sciences, faite de multiples circulations. Cela dit, au-delà de la complexité à fournir une typologie stricte des sciences, aujourd’hui on a tendance à reconnaître trois grands types de science: sciences formelles (théoriques ou pures), sciences naturelles et sciences sociales.
  • 12. 7 Toutes sont considérées comme des sciences fondamentales, dans la mesure où elles ont permis de générer d’autres types de connaissances scientifiques plus délimitées telles que la médecine, la psychologie, l’ingénierie, entre autres. 1.1.2.1. Sciences formelles Les sciences formelles sont un ensemble de systèmes logiques et abstraits pouvant être appliqués à différents objets d'étude. C'est-à-dire qu'ils peuvent travailler à la fois pour l'analyse des phénomènes physiques naturels humains ou sociaux. Les sciences formelles sont composées de systèmes de signes. À leur tour, ces systèmes sont à l'origine d'une série de structures abstraites au moyen desquelles des modèles d'organisation sont générés et différents phénomènes expliqués. Ce dernier est ce qui les différencie des sciences naturelles et sociales. Parmi les disciplines considérées comme des sciences formelles figurent la logique, les mathématiques, les statistiques et les systèmes informatiques, entre autres. 1.1.2.2. Sciences de la nature L'objet d'étude des sciences naturelles est la nature et les phénomènes qui s'y produisent. Il est chargé de les décrire, de les expliquer, de les comprendre et/ou de les prédire. Ces phénomènes, à leur tour, ils peuvent aller de la biologie aux éléments les plus complexes de l'univers. En fait, les sciences naturelles ont tendance à être subdivisées en deux grands groupes: les sciences physiques (qui ont pour objet la matière) et les sciences biologiques (qui ont pour objet la vie). Les sciences physiques comprennent des disciplines telles que la chimie, la physique, l’astronomie et la géologie; tandis que les sciences biologiques incluent les différentes formes de vie qui existent sur notre planète, qu’il s’agisse de la vie des êtres humains (biologie/génétique/neuroscience), des animaux (zoologie/vétérinaire), des plantes (botanique/écologie) et des microorganismes, etc. 1.1.2.3. Sciences sociales Les sciences sociales sont l’ensemble des disciplines chargées d’étudier l’être humain sur le plan comportemental et social. C'est-à-dire, son objet d'étude peut être à la fois l'individu et la société. Ce sont des disciplines qui ont été considérées comme faisant partie de la science longtemps après les précédentes; environ au 19ème siècle après avoir transféré la méthode scientifique aux études de l'individu et du social.
  • 13. 8 Cependant, compte tenu du fait que dans certains cas, il était très difficile d'achever ce transfert, les sciences sociales ont constamment problématisé les méthodes d'approche de leur objet d'étude. En général, il existe deux grands moyens qui ne sont pas toujours considérés comme exclusifs: la méthodologie quantitative et la méthodologie qualitative. Nous y reviendrons dans la suite. Les disciplines des sciences sociales sont la sociologie, l’anthropologie, la psychologie, l'archéologie, la communication, l'histoire, la linguistique, les sciences politiques, entre autres. N.B. Y a-t-il une différence entre science et technologie? Si la science est une entreprise de recherche qui vise la connaissance en cherchant à décrire, à expliquer et à prédire les phénomènes en identifiant les liens de cause à effet qui les unissent, la technique est une activité de fabrication et de transformation. Elle consiste à manipuler une matière pour produire un objet (matériel ou immatériel). Cette activité étant parfois très complexe de nos jours, on utilise le terme ‘technologie’ pour parler de certains domaines techniques spécifiques. Traditionnellement, on voyait la science et la technique comme deux disciplines distinctes: connaître le monde et fabriquer des objets étaient des activités indépendantes l'une de l'autre. Puis, au 19e siècle, on a commencé à améliorer la technique au moyen des connaissances scientifiques. On concevait alors celle-ci comme dépendante de la science. Enfin, dans la deuxième moitié du 20e siècle, une interaction croissante entre science et technique s'est mise en place. Cette interaction est particulièrement manifeste aujourd’hui. D'une part, la recherche scientifique est de plus en plus dépendante de la technologie. Elle requiert souvent des instruments très élaborés:pensons aux neurosciences cognitives qui font appel à l'imagerie cérébrale informatisée. De plus, des percées techniques permettent d'éclairer les scientifiques sur certains phénomènes: par exemple, les organismes génétiquement modifiés (OGM) ont amélioré la compréhension de la biologie végétale et de maladies humaines à composante génétique. D'autre part, la technique est plus que jamais le produit du progrès scientifique: pensons aux technologies de procréation assistée, aux matériaux nanotechnologiques. Bref, science et technique sont devenues dépendantes l'une de l'autre, et se développent souvent main dans la main. Un tel enchevêtrement a conduit certains penseurs à proposer le terme « technoscience » pour désigner ce couple. À l'ère de la technoscience, notre pouvoir sur la nature s’est étendu radicalement, au point de transformer l'horizon du possible : la médecine prolonge la vie de personnes gravement malades et maintient en vie des bébés dits « grands prématurés »; des couples infertiles deviennent parents grâce à la fécondation in vitro; on crée même des êtres aux caractéristiques génétiques prédéterminées en manipulant le « code » du vivant animal et végétal, au-delà des questions éthiques que ces manipulations soulèvent. 1.1.2. Qu’est-ce la connaissance scientifique? La connaissance scientifique est un savoir fondé sur l’interprétation de la société qui s’appuie sur des preuves des données matérielles et objectives dans un cadre théorique spécifique. Les études théoriques qui traitent des idées et des opinions sans les étayer par des preuves et des données ne sont pas considérées comme « scientifiques ».
  • 14. 9 Les études qui collectent des statistiques et des preuves sans les interpréter et analyser systématiquement les données ne sont pas non plus considérées comme des études «scientifiques» parce que l’interprétation et l'analyse scientifiques font défaut. On peut donc dire que la connaissance scientifique se situe au point de jonction de la théorie et de la pratique (données). Voir le schéma ci-dessous: (La théorie est avant tout une grille de lecture qui aide à voir, à anticiper, à analyser, à construire les " faits "). 1.1.2.1.Caractéristiques de la connaissances scientifique Il existe six caractéristiques de la connaissance scientifique, à savoir: • L’accumulation: la recherche scientifique ne part pas de zéro mais bénéficie plutôt de ce qui a été précédemment publié dans son domaine. Elle apporte une alternative ou une nouveauté, ou encore prouve des connaissances antérieures. C’est ainsi que les connaissances scientifiques augmentent et s’accumulent avec chaque nouvelle recherche ajoutée à la littérature scientifique. • L’organisation: la connaissance scientifique est une connaissance organisée et systématique qui peut être évaluée avec des preuves qui soient claires et spécifiques. • La causalité: c’est une question complexe en sciences sociales; il convient de vérifier qu’il existe une relation causale et pas seulement une corrélation entre deux variables. • La précision: il s’agit de précision dans le choix de la méthodologie de la recherche scientifique et dans l’utilisation des termes et concepts. • L’objectivité: le chercheur/la chercheuse doit être neutre, faire abstraction autant que possible de lui/elle-même en étudiant les faits et les données tels qu’ils sont en réalité.
  • 15. 10 • La généralisation: elle n’est possible que si l’échantillon est représentatif. Ainsi, les résultats d’une recherche qualitative ne peuvent pas être généralisés car l’échantillon est souvent de petite taille et non représentatif. 1.1.2.2. Actes de la demarche scientifique Une démarche est une manière de procéder pour parvenir à un objectif déterminé. La démarche scientifique est basée sur trois actes essentiels et devrait être menée en plusieurs étapes. Pour comprendre l'articulation des étapes d'un travail de recherche aux trois actes de la démarche, il faut donc procéder à une brève description des principes que renferment les trois actes (cfr. P. Bourdieu, J.-C. Chamboderon et J.C. Passeron, Le Métier de sociologue). (i) Rupture Aborder un travail de recherche scientifique c'est, tout d'abord, lutter contre l'illusion du savoir immédiat et du sens commun. La démarche scientifique réclame une forme d'objectivité que Max Weber appelle "la neutralité axiologique". Il s'agit d'être neutre par rapport aux valeurs, c'est-à-dire ne pas laisser ses jugements de valeur imprégner la recherche scientifique. Pour une quête de plus d'objectivité, certains chercheurs ont insisté sur la nécessité de procéder à une rupture dans l’acte de la connaissance. (ii) Construction La rupture épistémologique se matérialise dans le deuxième acte de la recherche en sciences sociales, celui de la construction. Celle-ci porte sur la reconsidération du phénomène étudié à partir de catégories de pensée qui relèvent des sciences sociales. C'est grâce à ce cadre théorique que le chercheur peut concrétiser le dépassement des prénotions et le passage à l'explication scientifique: «Ce ne sont pas, dit Max Weber, les rapports réels entre les choses » qui constituent le principe de la délimitation de différents domaines scientifiques, mais les rapports conceptuels entre problèmes. (iii) Constatation/expérimentation Une proposition ne peut être considérée comme le cheminement d'un travail scientifique que dans la mesure où elle est susceptible d'être vérifiée par des informations sur la réalité concrète. Cette mise à l'épreuve des faits est appelée constatation ou expérimentation.
  • 16. 11 1.2. Qu’est-ce que la recherche scientifique? La recherche scientifique constitue la méthode par excellence pour acquérir de nouvelles connaissances en donnant des réponses à des questions précises. Le sociologue Anthony Giddens (2013: 38) décrit le processus de recherche en sociologie, comme dans d’autres sciences, comme ‘l’art du possible’. Cette description est basée sur la prise de conscience que la connaissance scientifique est soumise à des barrières morales et à des conditions d’accès direct à l’information. Toutes les informations ne sont pas disponibles pour le chercheur ou la chercheuse et toutes les méthodes de recherche ne sont pas possibles et acceptables au regard du respect de l’éthique de la recherche scientifique. Par exemple, si le chercheur/la chercheuse s’intéresse aux motifs qui poussent certaines personnes à se suicider, l’idéal serait de parler à des personnes qui se seraient suicidées si cela était possible. Or, ce n’est pas possible car elles sont mortes. Alors dans ce cas, le chercheur/la chercheuse recourt à des méthodes alternatives qui peuvent le rapprocher le plus possible de l’information, telles que des entretiens avec la famille ou les survivant/es du suicide, etc. La recherche scientifique consiste donc à (comme objectif de la recherche):  Explorer un phénomène : Parcourir afin de recueillir des informations d'ordre scientifique, parcourir un fait pour y découvrir quelque chose;  Décrire un phénomène : Donner une idée de quelque chose, en fournir une première approche à l'aide de traits directement observables;  Classifier: consiste à catégoriser, regrouper, mettre en ordre pour permettre des comparaisons ou des rapprochements. Les faits observés, étudiés, sont ainsi organisés, structurés, regroupés sous des rubriques, sous des catégories pour être mieux compris;  Comprendre un problème : donner un sens à un phénomène, se faire une idée claire des causes, des conséquences, etc., qui se rattachent à telle chose et qui l'expliquent;  Expliquer un phénomène: Expliquer c’est tenter de mettre à jour le processus ayant entraîné tel phénomène, faire comprendre quelque chose par un développement détaillé, une démonstration écrite, orale; éclaircir, rendre compréhensible ce qui a un sens vague, obscur ou inconnu; analyser, commenter et donner une interprétation argumentée. En d’autres termes, l’explication est la découverte des rapports que le phénomène étudié
  • 17. 12 entretient avec d’autres phénomènes et qui permettent de comprendre pourquoi le phénomène en question s’est produit;  Résoudre un problème : Trouver, grâce à un processus d'analyse et de réflexion, la solution d'une difficulté, d'un problème;  Évaluer une pratique: estimer, mesurer, apprécier, conjecturer…d’après les repères établis ; la conjecture étant la construction intellectuelle d'un futur vraisemblable, l’explication anticipée qui attend sa vérification, soit de l'expérience, soit du raisonnement;  Anticiper un évènement : Se représenter d'avance en esprit ce qui doit se produire ultérieurement, percevoir d'avance la réalisation d'une action;  Questionner des résultats fournis dans des travaux antérieurs;  Expérimenter un nouveau procédé, une nouvelle solution, une nouvelle théorie ou une synthèse de deux ou plusieurs de ces objectifs. Dans la procédure de recherche, il s’agit dans un premier temps de construire son objet de recherche. 1.2.1. Qu’est-ce que l’objet de recherche? L’objet de recherche est le phénomène, le fait, tel que le chercheur le construit pour pouvoir l’étudier. Il est « problématisé », sans pour autant être «connu», puisque le chercheur ne dispose pas encore d’une connaissance (une représentation explicative plus ou moins conceptualisée) qui à la fois réponde à cette problématique et ait été confrontée à des formes d’expérience (analyse de données, d’observations…). L’objet de la recherche (research topic) tient dans la question générale «qu’est-ce je cherche? » qui traduit l’objectif du chercheur (Aubert et al., 2008a; Donada & Mbengue, 2007). 1.2.2. Types de recherche scientifique Il existe de nombreuses façons de classer les différents types de recherche. Par exemple, la recherche dans différents domaines peut être appelée différents types de recherche, comme la recherche scientifique, la recherche sociale, la recherche médicale, la recherche environnementale, etc. Les méthodes de recherche utilisées et les objectifs de la recherche peuvent également être utilisés pour catégoriser les différents types de recherche. Quelques-uns de ces types de recherche comprennent la recherche quantitative et qualitative; recherche
  • 18. 13 observationnelle et expérimentale; et la recherche fondamentale, appliquée et développementale. Il y a deux critères à faire valoir pour distinguer les types de recherche: l’objet de la recherche et la nature des données à solliciter (l’approche de collecte des données). Selon l’objet, il existe deux grands types de recherche autour desquels gravitent des types satellitaires: la recherche fondamentale et la recherche appliquée qui soulèvent une tension entre le caractère désintéressé de la science et sa fonction utilitaire (faire de la science pour servir). Lorsque le but de la recherche est simplement de révéler ou de découvrir ce qui est vrai, on peut parler de recherche fondamentale. Ce type de recherche consiste à explorer ce qui n’est pas connu ou compris. La recherche appliquée prend ce qui est déjà connu et cherche des moyens de l’utiliser, par exemple pour résoudre des problèmes. La recherche développementale est similaire à la recherche appliquée, mais se concentre sur l’utilisation de ce qui est déjà connu pour améliorer les produits ou la technologie existante ou pour créer quelque chose de nouveau. Cependant, selon la nature des données, il existe la recherche quantitative et la recherche qualitative (lire L. Tsambu, 2022).  La recherche fondamentale Tournée vers le futur, la recherche fondamentale porte sur la connaissance théorique d’un phénomène pour le plaisir de connaître et vise en même temps le progrès de la science. Exemple: mener une recherche sur la meilleure définition du concept d’industrie.  La recherche appliquée Elle est fécondée par la recherche fondamentale, et porte sur une situation concrète dont on voudrait comprendre les mécanismes ou avoir la maîtrise par l’application des connaissances théoriques préexistantes. Elle peut être à la base d’une invention, soit d’un procédé technique dans l’industrie à partir d’une découverte scientifique fondamentale. Axée sur le présent, à court terme, elle porte sur un objet plus précis, plus concret. Exemples: mener une recherche sur la dollarisation de l’économie congolaise; inventer le laser, etc. Il faut au final arriver à relativiser cette préséance de l’une sur l’autre. La recherche appliquée s’appuie sur la recherche fondamentale qu’elle prolonge. « Mais la science appliquée précède souvent la connaissance théorique (…) et apporte à la recherche fondamentale des éléments »,
  • 19. 14 soutient M. Grawitz (2001:478), qui ajoute que l’application en psychologie industrielle des notions de moral et de rôle ont précédé leur précision conceptuelle. Autour de ces deux types standards de recherche gravitent des variantes: la recherchedéveloppement, la recherche opérationnelle, la recherche orientée, la recherche- action.  La recherche-développement (Echaudemaison et al. 2001: 419) la définissent en ces termes: « Ensemble de processus qui, de la recherche fondamentale à la recherche appliquée et au développement industriel, permet la découverte, l’invention et ses applications économiques. » Elle englobe les deux premières étapes de la recherche, à savoir la conception, la mise au point (élaboration d’une chose en vue de la faire fonctionner ou de la rendre utilisable, d’assurer sa faisabilité industrielle et économique) et le développement. Le développement correspond à la phase initiale de l’innovation, celle-ci se poursuivant par la production en série du produit et sa mise sur le marché ; mise au point par une entreprise d’un laser chirurgical permettant les opérations de la rétine par exemple (Echaudemaison et al. 2001: 419).  La recherche opérationnelle Au carrefour des disciplines économique, mathématique et informatique, elle est une méthode scientifique d’aide à la prise de décision rationnelle. A ce titre, elle vise des résultats optimaux afin d’opérer des choix stratégiques dans le monde industriel, la gestion des projets, etc.  La recherche orientée (Problem focused research) C’est la conjonction entre la recherche fondamentale et la recherche appliquée. Ce terme récent trouve de correspondant dans la notion anglo-saxonne plus précise de problem focused research. « C’est une recherche issue de besoins sociaux, impliquant une orientation de la solution à trouver, mais commanditée par un problème concret à résoudre. » (Grawitz 2004:343)  La recherche-action Elle peut être définie comme "l’Etude d’une situation sociale en vue d’y améliorer la qualité de l’action. Elle vise à nourrir un jugement pratique dans des situations concrètes, et la validité des “theories” ou hypothèses qu’elle génère ne dépend pas tant des tests "scientifiques" de la
  • 20. 15 vérité, que de leur utilité pour aider les gens à agir plus intelligemment et habilement. Dans la recherche-action les "théories" ne sont pas validées indépendamment et ensuite appliquées à la pratique. Elles sont validées par la pratique ". (J. Elliot, cité par Saint-Luc s.d.: 2, notre traduction de l’anglais). Cela voudrait encore dire avec J.-P. Pourtois et P. Missote (cité par Saint-Luc s.d.:13) que la recherche-action est appliquée, impliquée et impliquante, “un projet social, doublé d’un projet scientifique”. Sa visée est donc transformatrice (praxéologique) de la vie d’une communauté ou de la société par les acteurs et les chercheurs-acteurs. Elle procède ainsi de la démarche inductive, de l’épistémologie marxiste et accorde préséance à la pratique dans la connaissance du drame social ou du monde. 1.2.3. Approches de recherche scientifique La recherche/approche qualitative: Souvent de type ethnographique, elle manipule des données qualitatives récoltées sur de petits échantillons, voire sur un individu par des entretiens approfondis, l’analyse des biographies… Contrairement à la recherche quantitative, la recherche qualitative est subjective et cherche à décrire ou à interpréter tout ce qui fait l’objet de la recherche. Au lieu de chiffres, ce type de recherche fournit des informations sous forme de mots ou de représentations visuelles. Il repose sur le chercheur pour observer, enregistrer ce qui se passe, comme les réponses des participants à des questions ouvertes, le comportement des sujets ou les résultats des expériences. Les études de cas (case study, en anglais) sont des exemples courants de recherche qualitative. La recherche/approche quantitative: C’est celle qui manipule des données numériques, qui se prêtent au traitement ou à l’inférence statistique. Ce type de recherche s’appuie sur des gros échantillons tirés suivant des normes probabilistes et se conforme à la logique positiviste de la science sociale telle que définie par A. Comte. La recherche quantitative est la collecte de données numériques objectives. Les caractéristiques sont classées et comptées, et des modèles statistiques sont construits pour analyser et expliquer les informations qui ont été recueillies. Certains des outils utilisés pour ce type de recherche comprennent des questionnaires qui sont remis aux sujets de test, du matériel utilisé pour mesurer quelque chose et des bases de données d’informations existantes. L’objectif de la recherche quantitative est de compiler des preuves statistiques, de sorte que les questionnaires utilisés dans cette méthode incluent généralement
  • 21. 16 des questions par oui ou par non ou des questions à choix multiples plutôt que des questions ouvertes. On ne doit pourtant pas perdre de vue que, entre les deux types de recherche distinctes par la nature des données, il n’existe pas des frontières étanches. La norme idéale est de combiner les méthodes quantitatives avec les méthodes qualitatives. En même temps, il existe la possibilité de convertibilité entre les deux natures des données qui vient lénifier la polémique entre les tenants du quantitativisme et ceux du qualitativisme. 1.3. Etapes de la demarche scientifique La recherche scientifique comprend différentes étapes qu’il convient d’agencer dans l’ordre suivant: (i) La question de départ (le choix du sujet) La recherche scientifique commence par la sélection d'un sujet. Habituellement, ce choix résulte d'un intérêt personnel pour un sujet spécifique, ou d'un changement de société, ou encore de l'intérêt du bailleur de fonds pour un sujet spécifique, ou enfin de la disponibilité de nouvelles informations. La fréquentation de la littérature scientifique de son domaine (ouvrages, encyclopédies, handbooks, dictionnaires spécialisés…), la discussion avec les enseignants ou camarades, un sujet de TP abordé individuellement ou en groupe, l’actualité dans les médias (journal, radio, télévision, Internet)…constituent là quelques sources d’inspiration pour trouver un sujet de recherche. La motivation pour la recherche peut avoir une raison politique. Comme le sujet de recherche est d’habitude général et vaste, il est nécessaire de définir un angle spécifique pour la recherche et de passer du sujet à la question de la recherche. Les critères d’un bon choix de sujet sont: a) l’intérêt, b) la clarté, c) la faisabilité, d) la pertinence. - Le critère d’intérêt: le thème que l’on veut aborder doit présenter un intérêt. Généralement, on retient trois types de motivation sur le choix et intérêt du sujet :  Motivation personnel: Il faut amener le sujet, l’introduire, c’est-à-dire indiquer où il sort et comment on en est venu à le choisir parmi tant d’autres du domaine de recherche. Le chercheur évoque les motivations qui ont suscité son intérêt pour le sujet. Toutefois, “son intérêt” doit conduire à l’intérêt “objectif du sujet”.
  • 22. 17  Motivation scientifique: Le chercheur exprime la pertinence ou la portée scientifique du sujet en indiquant en quoi ce sujet s’inscrit dans les préoccupations scientifiques d’actualité. Il montre en quoi ce sujet contribuera à l’avancement des connaissances. Le chercheur doit montrer que le sujet est original et d’actualité, surtout sous l’angle abordé. Les deux aspects d’intérêt ne peuvent pas se dissocier dans une étude. Il est mieux de mener une étude qui puisse répondre aux besoins réels non seulement dans le domaine de la connaissance abordé, mais aussi dans la résolution d’un problème dans la société. L’intérêt scientifique d’un sujet consiste à combler le vide scientifique, c’est-à-dire ne donner au monde scientifique que quelque chose d’original... - Le critère de clarté: la question de départ doit être précise et ne doit prêter à confusion, chaque terme devant être clairement défini. En outre, elle doit être concise et univoque. Dans ce context, il est important d’éviter… - Le critère de faisabilité: la question de départ doit être réaliste, tant d'un point de vue personnel, matériel et technique. Il vaut mieux soulever une question moins ambitieuse avec des moyens solides, qu'une question passionnante avec des possibilités limitées. - Le critère de pertinence: la question doit s'interroger sur un vrai problème et doit viser la compréhension des phénomènes étudiés. Une question de départ présente en outre six qualités; elle doit être:  Précise: ni vague, ni confuse.  Concise: pas trop longue ni trop courte. Elle doit ressembler à une mini-jupe, suffisamment courte pour susciter la curiosité et suffisamment longue pour cacher l’essentiel.  Univoque: ni embrouillée, ni à tiroirs.  Réaliste: en rapport avec les moyens.  Explicative: permettant de comprendre.  Opérationnelle: possibilité d’y apporter une réponse sur terrain. (ii) L’exploration La question de départ guide l'étape exploratoire qui vise l’atteinte d’une certaine qualité d'informations sur l'objet étudié. Le travail exploratoire se compose de deux parties qui sont
  • 23. 18 souvent menées parallèlement: d'une part un travail de lecture (documentation) et d'autre part des choix méthodologiques appropriées (ex. Entretiens, études de cas, etc.). (iii) La revue de littérature ou l’état de la question La phase de lecture préparatoire constitue un “état de l’art” ou état de la question et sert à s’informer des recherches déjà menées sur le thème de travail. Pour cette phase de lecture, il s’agit de sélectionner très soigneusement un petit nombre d’articles (ou livres) et de s’organiser pour en retirer un bénéfice maximum. Quelques sites web recommandés pour les articles, publications, thèses et mémoires publiés en sciences sociales: • www.tel.archives-ouvertes.fr • www.schoolar.google.fr • www.erudit.org • www.persee.fr • www.cairn.info • www.justor.org • www.academia.edu N.B. - Éviter le wikipédia (un four à tout) et le site www.memoireonline.com qui contiennent des documents parfois de faible qualité sur le plan scientifique et du copier/coller. - Eviter toute forme de plagiat – tout document utilisé doit être correctement référencé dans le texte et en bibliographie. - Tout passage recopié nécessite le nom de l’auteur, la date et la page et cela pour chaque phrase ou morceau de phrase. Tout plagiat même partiel entraîne une cote de 0. Pour que la lecture soit efficace, il est également recommandé d’établir une grille de lecture qui recense, d’une part, les idées contenues dans le texte et, d’autre part, leur structuration (cheminement du texte) pour permettre de rédiger alors un résumé à l’aide de cette grille. Après avoir réalisé les résumés de différents textes retenus, il s’agit de les comparer attentivement (points de vues adoptés, contenus, accords et divergences de différents auteurs) afin d’en retirer
  • 24. 19 les éléments de travail et les réflexions les plus intéressantes qui permettront d’orienter les lectures futures. La grille de lecture est une construction qui permet de dégager d’une part les thèmes majeurs identifiés chez les auteurs et, d’autre part, elle permet de relier ces thèmes aux différentes dimensions de la question de recherche et à son contenu global. Un premier travail consiste à résumer et à coder ce qui a été recueilli et lu, de manière à pouvoir le mobiliser plus facilement. Il s’agit de pouvoir regrouper, catégoriser, comparer, organiser les références entre elles. La revue de literature, comme son nom l’indique, rapporte ce qui a été dit dans la littérature. Elle présente les différents concepts qui aident à la compréhension du sujet, d’une manière plus approfondie. Elle n’est pas une énumération de différents résultats obtenus par les autres chercheurs, mais une confrontation de différents résultats des recherches menées par les auteurs dans des études antérieures. Elle rapporte les études théoriques et empiriques les plus pertinentes (état de la question), les plus significatives concernant le sujet. La revue de littérature peut montrer, dans certains cas, l’évolution d’un courant de pensée, d’une théorie, d’une méthode, etc. Elle vise à faire le bilan de ce que l’on sait déjà sur la question de recherche. Elle est analytique dans la mesure où elle ne consiste pas à faire une liste des auteurs et de leurs idées, mais plutôt à identifier des tendances, des orientations, en discutant les conséquences des choix qui fondent ces orientations, en mettant les auteurs en dialogue entre eux, et en soumettant leurs idées et leurs travaux à la critique. Elle démontre que l’on sait ce qui a déjà été fait, de façon à aller un peu plus loin. Les objectifs de la revue de littérature sont (Hart, 2009):  Identifier la frontière entre ce qui a déjà été fait et qui a besoin d’être étudié ;  Découvrir des variables importantes liées au sujet ;  Faire une synthèse et élaborer une perspective nouvelle ;  Identifier des relations entre des idées et des pratiques ;  Établir la signification du problème ;  Acquérir le vocabulaire et les concepts liés au problème ;  Comprendre la structure du sujet ;  Établir un lien entre les idées et les cadres théoriques d’une part, et leurs applications de l’autre ;
  • 25. 20  Identifier les méthodes et techniques de recherche qui ont déjà été utilisées pour traiter du problème. S’agissant des études théoriques et empiriques, le chercheur montre qu’il connait bien les autres auteurs et leurs œuvres qui ont, avant lui, d’une manière ou d’une autre, abordé le domaine et le sujet de recherche. Il s’agit de passer en revue l’ensemble des écrits ou autres ouvrages pertinents, c’est-à-dire ceux qui correspondent aux préoccupations majeures de la recherche, sélectionner puis organiser intelligemment. Par la suite (et souvent simultanément), il faut faire le point des connaissances sur le sujet: Où en est-on au moment où on doit enclencher sa recherche dans le savoir général sur son problème? Quels sont les résultats des recherches essentielles les plus récentes (autant que possible) sur le sujet? Que va-t-on, soi- même, apporter de plus? La revue de littérature ne doit pas devenir une succession de citations faites à tort et à travers, il faut réaliser un travail de synthèse intéressant et pertinent. Dans tous les cas, les citations doivent être fidèles au texte de l’auteur et les références doivent inclure la page d’où la citation est tirée. En résumé, la revue de littérature comprend: 1) Les grands axes de recherche actuelle sur la question de recherché; 2) Les thématiques dominantes; 3) Les ancrages disciplinaire et débats émergents; 4) Les tendances ou impacts (positif, négatif, nuancée) au regard des études empiriques réalisées; 5) Les approches, théories et courants dominants sur la question de recherche (iv) La problématique La problématique est la "façon d'articuler un ensemble de questions ou de problèmes en les référant à des concepts précisément déterminés" (Dictionnaire de philosophie, Baraquin et al, Paris, A. Colin, 3e éd. 2007). La problématique peut aussi être définie comme un ensemble construit autour d'une question principale, des hypothèses de recherche et lignes d'analyse qui permettront de traiter le sujet choisi.
  • 26. 21 Elaborer une problématique revient à définir trois éléments: (i) ce qu’on cherche à expliquer; (ii) ce avec quoi on le mettra en relation; et (iii) le type de relation qu’on envisage entre les deux premiers éléments. La problématique répond à la question: où est le problème? Pourquoi cette recherche est-elle intéressante/importante? Il s’agit donc d’un ensemble de questions dont les liens démontrent la pertinence de la recherche proposée du point de vue du savoir ainsi que du point de vue social (pratique). La question de recherche est l’expression précise et opératoire de l’objet de recherche (Gavard et al., 2010). Une fois le problème de recherche identifié et formulé dans la forme d’énoncé affirmatif, le chercheur procède à un retournement (conversion) du problème sous forme d’énoncé interrogatif écrit au présent de l’indicatif. Il s’agit de soulever et de poser explicitement la question de recherche (ou la question principale ou centrale) et les questions complémentaires (autant que nécessaires pour compléter et clarifier la principale ou pour exprimer intégralement le problème de recherche). La question de recherche est déterminée sur la base de lectures préalables et d’une réflexion. Elle doit être claire, précise et il doit être possible d’y répondre. Il existe quatre types de questions de recherche:  la question descriptive;  la question comparative;  la question évolutive; et  la question théorique. La question de recherche permet d’agiter le problème sous tous les angles ou aspects pour l’expliciter et mieux l’appréhender. Sans question, il n’y a pas de recherche parce que c’est cette question qui va servir plus tard de soubassement à la formulation de l’hypothèse ou des hypothèses. (iv) La construction du modèle d’analyse (ou du cadre opératoire) Le modèle d’analyse constitue le prolongement naturel de la problématique en articulant sous une forme opérationnelle les repères et les pistes qui seront finalement retenus pour présider au
  • 27. 22 travail d’observation et d’analyse. Il est composé de concepts et d’hypothèses qui sont étroitement articulés entre eux pour former, ensemble, un cadre d’analyse cohérent. a) La détermination des hypothèses et des concepts Tout comme la question de recherche, les hypothèses de recherche sont déterminées sur la base de lectures préalables et d’une reflexion. Les hypothèses doivent être spécifiques, vérifiables et réversibles. (i) L’hypothèse est l’ensemble des propositions de réponses à la question de recherche. Il s’agit d’une réponse anticipée, une affirmation provisoire qui décrit ou explique un phénomène. L’hypothèse peut être un énoncé déclaratif précisant la relation anticipée et plausible entre des phénomènes observés (Tremblay, Manheim et Rich, 2006). L’hypothèse établit une relation à vérifier en comparant des faits, des événements, des concepts… Les caractéristiques d’une hypothèse sont:  Elle doit être plausible, vérifiable, précise et communicable: elle doit mettre en œuvre des faits réels et ne pas comporter de jugements de valeur (proscrire les termes ambigus, ex. bon, mauvais, devraient etc.);  Elle peut exprimer une relation de causalité (cause à effet);  Elle doit être falsifiable (Karl Popper) et opérationnelle: elle doit se rattacher à une théorie existante et être en conformité avec le contenu actuel de la science. Pourquoi des hypothèses? L’organisation d’une recherche autour d’hypothèses de travail constitue un moyen efficace de la mener avec ordre et rigueur sans sacrifier pour autant l’esprit de découverte et de curiosité. Fondée sur les phases antérieures de la recherche, elle se présente comme une présomption non gratuite portant sur le comportement des objets étudiés. En fait le chercheur qui la formule, dit: « je pense que c’est dans cette direction là qu’il faut chercher, que cette piste-là sera plus féconde ». En même temps l’hypothèse sert aussi de fil rouge, elle remplacera en quelque sorte la question de départ (qui ne devra pas être oubliée). Elle permettra de sélectionner dans la multitude des données du terrain, celles qui sont les plus pertinentes, c’est-à-dire leur efficacité pour tester l’hypothèse. Donc, en fait elle se présente comme une proposition de réponse aux questions que se pose le chercheur. Ces réponses provisoires et sommaires guideront le travail de recueil
  • 28. 23 et d’analyse des données et devront en revanche être testées, corrigées et approfondies par le chercheur. L'hypothèse, d'une façon très générale, peut être considérée comme remplissant trois grandes tâches:  Établir des relations (les plus justifiées et justifiables possibles) entre des faits, des variables ou des concepts et guider vers l'élaboration d'une loi expliquant et généralisant, à plusieurs situations données, les résultats auxquels on a abouti;  Orienter la sélection des faits à observer, des données à rassembler en vue de répondre aux questions centrales posées dans le problème de recherché;  Apporter des indications précises quant au terrain sur lequel portera la recherche et, par voie de conséquences, sur le choix de la méthode, des techniques et des instruments à envisager pour conduire à la confirmation ou l'infirmation des relations énoncées. Dans la formulation des hypothèses, il faut présenter les concepts opératoires, les variables et les indicateurs. (ii) Les concepts sont à la théorie ce que les faits sont à la réalité: ce sont les unités non décomposables (ou composées d'éléments simples précis et bien connus) sur lesquelles s'articule la théorie. Ce sont des termes qui ont un sens construit complet et univoque dans le cadre d'un champ scientifique ou d'une théorie donnée. Exemple: marché, surplus, échange, revenu, valeur, prix ... sont des concepts qui ont un sens précis et arrêté. Dans tout travail réputé scientifique, il importe que les concepts opératoires utilisés soient clairement définis et placés avec précision dans le cadre d'une théorie précise. Le Concept opératoire est un concept dont le contenu est opérationnalisé dans le cadre et en function de la situation précise observée. On se sert alors de dimensions (aspects différents du concept une fois décomposé: pratique religieuse, attitudes religieuses, croyances religieuses ... dans le concept ‘sentiment religieux’) et d'indicateurs (indices concrets de réalité d'une dimension: appartenir à une Église, assister au culte, dévotions privées ... pour la dimension ‘pratique religieuse', par exemple).
  • 29. 24 b) La détermination d’autres caractéristiques des objets de l’étude (i) La variable est une caractéristique des objets de l’étude, une quantité ou qualité susceptible de fluctuation, de changement ou une grandeur à laquelle on peut attribuer plusieurs valeurs différentes. On distingue des variables quantitatives et des variables qualitatives, elles sont dichotomiques (deux modalités) ou multichotomiques (plus de deux).  Variable dépendante: C'est la variable endogène ou variable expliquée désignée généralement par le symbole Y. Elle dépend, dans ses variations, d'autres phénomènes ou variables que l'on peut étudier ou manipuler. On peut, par exemple, étudier la variation de l'absentéisme en fonction de la modification du nombre de jours ouvrables: Comment l'absentéisme dépend-il du nombre de jours de travail? On peut écrire la relation Y = f(x) où Y = absentéisme et x = nombre de jours ouvrables.  Variable indépendante: C'est la variable exogène ou variable explicative qui influence la modification de la variable étudiée. Elle peut être manipulée par l'expérimentateur pour étudier son rôle dans les variations de la variable dépendante. Le nombre de jours ouvrables représente ici la variable indépendante. On la note généralement par le symbole x. Pour une même variable dépendante, on peut avoir plusieurs variables indépendantes, on écrit alors: Y= f(x1 , x2 , x3, ...), (jours ouvrables, horaires... peuvent représenter autant de variables indépendantes dans notre exemple).  Variable intermédiaire: C'est une variable qui est nécessaire à la réalisation de la relation entre les variables dépendante et indépendante. Dans notre exemple, cette variable peut être constituée par le facteur ‘condition de travail’ tel que la rémunération, le niveau de satisfaction... Ainsi, par exemple, à conditions égales, la diminution du nombre de jours de travail peut réduire l'absentéisme. La variable intermédiaire peut être modératrice ou médiatrice. (ii) L’indicateur est l’ensemble d’éléments utilisés pour mesurer les variables. Il s’agit des caractéristiques mesurables qui permettent de situer les objets étudiés sur des dimensions. L’indice est la combinaison de plusieurs indicateurs qui permet de mesurer un concept. Exemple: - Variable: La demande d’un bien sur le marché - Indicateur : La Quantité de bien demandé - Indice: Le panier de la ménagère.
  • 30. 25 (iii) Un paradigme est une construction théorique faisant l’objet d’une adhésion d’une partie suffisamment significative des chercheurs qui, au sein de la communauté ainsi constituée, partagent le point de vue proposé par le paradigme (Vesrtaete et Fayolle, 2004). (iv) Objectifs de la recherche: Les objectifs sont des déclarations affirmatives qui expliquent ce que le chercheur vise, cherche à atteindre. Ils expriment l’intention générale du chercheur ou le but de la recherche et spécifient les opérations ou actes que le chercheur devra poser pour atteindre les résultats escomptés. Les objectifs se formulent avec des verbes d’action pouvant conduire à des observations, tels que: observer, étudier, décrire, définir, énumérer, vérifier, identifier, construire, mesurer, évaluer, analyser, comparer. L’objectif général indique le but ou l’intention globale visée par la recherche. C’est un objectif de recherche. Il ne porte pas sur la pertinence ou les conséquences sociales. Il s’agit soit de décrire, d’explorer, de comprendre, d’expliquer un phénomène, d’évaluer une action, de proposer des solutions originales. Les objectifs opérationnels précisent l’objectif général en insistant sur les points ou les aspects du problème étudié et les opérations à mener par le chercheur pour atteindre l’objectif général formulé. (v) L’observation L’observation comprend l’ensemble des opérations par lesquelles le modèle d’analyse est soumis à l’épreuve des faits, confrontés à des données observables. L'observation comporte en effet trois opérations: - Concevoir l'instrument capable de fournir les informations adéquates et nécessaires pour tester les hypothèses, par exemple un questionnaire d'enquête, un guide d'interviews ou une grille d'observation directe; - Tester l'instrument d'observation avant de l'utiliser systématiquement, de manière à s'assurer que son degré d'adéquation et de précision est suffisant; - Le mettre systématiquement en œuvre et procéder ainsi à la collecte des données pertinentes.
  • 31. 26 (vi) L’analyse des données Cette étape porte sur le traitement de l’information obtenue par l’observation pour la présenter de manière à pouvoir comparer les résultats observés aux résultats attendus. Elle nécessite ainsi au préalable le choix des techniques de collecte des données et des méthodes d’analyse ou d’interprétation des données. Les techniques sont en fait des outils permettant d'investiguer autour d'un objet et de répondre adéquatement à une question de recherche, alors que la méthode c'est la démarche logique d'une science, c'est-à-dire l'ensemble des pratiques particulières qu'elle met en œuvre pour que le cheminement de ses démonstrations et de ses théorisations soit clair, évident et irréfutable. Il s’agit de la démarche dans la collecte des données (Comment récolter les données? = technique) et l’analyse des données (Comment traiter les données? = méthode). En sciences sociales, les principales techniques auxquelles on recourt sont: a) Les techniques de recherche documentaire Les techniques de recherche documentaire portent sur l'exploitation de documents pour obtenir les informations nécessaires au travail de recherche. La technique documentaire s'occupe de l'étude des preuves muettes qui sont des textes écrits ou des œuvres produites par des hommes, en un mot des documents. Pour pouvoir mieux exploiter ces techniques, il faut au préalable connaitre les différents types de documents, savoir comment les lire et ensuite apprendre à prendre des notes. Cette technique est indispensable pour tout chercheur, car elle consiste à étudier et à analyser les documents pour enrichir la question de recherche. Elle valorise les écrits et les comptes rendus qui rendent compte de ce qu’on sait déjà sur le sujet de recherche. La technique documentaire permet de recenser les données déjà existantes, c-à-d les données secondaires (Gavard et al, 2010). Il s’agit de toute publication sur le thème ou sujet de recherche (articles, communications, mémoires, thèses, ouvrages…) ou des données secondaires (statistiques, bilan, compte de résultat…)
  • 32. 27 b) L’expérimentation L’expérimentation est une technique directe, généralement utilisée auprès d’individus dans le cadre d’une expérience. Elle permet d’examiner l’effet d’une variable indépendante sur la variable dépendante c) L'observation On définit généralement l'observation comme l'investigation autour d'un phénomène naturel ou social pour découvrir tous les facteurs qui le composent ou qui l’influencent sans que le chercheur intervienne dans le déroulement du phénomène pour agir sur certains facteurs comme il en est le cas pour l'expérimentation. L’observation est une technique assez difficile à mettre en œuvre et l’aspect primordial de tout recueil des données par cette méthode est de mettre en place une relation de confiance avec les acteurs à observer. Il existe deux types d’observation: l’observation non participante et l’observation participante. (i) L’observation non participante (vue de l’extérieur): ici, l’observateur est ‘invisible’, l’observateur a un point de vue externe. Elle peut prendre trois formes: la première consiste à observer la réalité “en caméra cachée”. C’est le cas, par exemple, lorsque des chercheurs en marketing étudient le comportement des clients d’une grande surface devant un linéaire de boissons à partir d’une séquence filmée à leur insu. La seconde consiste à interroger la réalité par voie d’entretiens, d’administration de questionnaires ou d’expérimentation. La troisième correspond à l’étude longitudinale, qui consiste, par analyse de documents et par entretiens, à reconstituer sur une longue période l’histoire et la logique gestionnaire des transformations d’une ou plusieurs organisations. Exemple : la manière dont un produit est manipulé, testé, pris en main; la prise de décision dans un achat familial; l’observation des techniques de vente; les déplacements dans les centres commerciaux : types de magasins visités (logique employée, temps passé); l’utilisation des services (DAB, guichets…) dans une optique d’amélioration de la satisfaction client…
  • 33. 28 Exemple d’un guide d’entretien sur les facteurs de démotivation au travail: Age : Sexe : Emploi actuel : Ancienneté : 1. Le travail démotivant démotivant? -vous décrire un travail motivant ou démotivant? 2. Les ressources -a-il un lien entre les ressources et l’implication au travail? Si oui/non, pourquoi? 3. L’environnement délétère ou la mauvaise ambiance au travail travail peuvent-elles être un facteur de démotivation au travail? Si oui/non, pourquoi? 4. Les techniques managériales -elles avoir un impact sur la motivation ou la démotivation des employés au travail? les méthodes de gestion des RH peuvent avoir, selon vous, un impact sur la démotivation des employés au travail? 5. Les caractéristiques individuelles -vous que des caractéristiques individuelles ou des traits de la personnalité peuvent influencer la motivation ou la démotivation au travail? Pourriez-vous citer quelques exemples? -elles avoir un impact sur la motivation ou la démotivation? 6. La rémunération -vous que la rémunération financière peut avoir une influence sur la motivation et /ou la démotivation? -vous décrire les caractéristiques d’une rémunération financière démotivante? -il démobiliser des employés dans la réalisation de leurs tâches? 7. Comment interprétez-vous la démotivation au travail? Est-elle une façon de se protéger de la souffrance au travail? Est-elle une façon d’exprimer son désaccord face aux conditions de travail inacceptables? 8. Ajout éventuel tre expérience professionnelle, avez-vous un autre facteur que vous estimez important qui peut enrichir notre compréhension de la démotivation?
  • 34. 29 (ii) L’observation participante (vue de l’intérieur): ici, l’observateur doit se faire “admettre”, il est ‘invisible’ mais prend part à l’activité observée. Elle peut prendre, elle aussi, trois formes principales. La première reprend le principe de la caméra cachée, à ceci près que le chercheur est sur le terrain parmi les observés, sans que ces derniers le sachent. La seconde est une variante de cette première forme : le chercheur fait le même travail et vit les mêmes situations que les acteurs qu’il observe, mais ces derniers savent qu’il est un chercheur et qu’il va produire un certain nombre d’analyses et de résultats d’une autre nature. La troisième est un dispositif dans lequel le chercheur suit les acteurs partout où ils vont et dans tout ce qu’ils font, mais en se contentant d’être un observateur. Exemple: Quand on veut comprendre raison de satisfaction / insatisfaction et la qualité dans la distribution et les services, le chercheur se fait passer pour un client… Déroulement: cahier des charges des opérations à effectuer – grille d’observation – fait en interne ou via sociétés externes. d) Les techniques d'entretiens ou d’interviews (i) L’entretien ou interview est une technique de recherche directe qui peut être utilisée pour interroger des individus isolément ou dans certains cas, des groupes (Focus groups). L’entretien est une technique de recueil d’informations qui consiste en des échanges oraux, individuels ou de groupes, avec plusieurs personnes sélectionnées soigneusement, afin d’obtenir des informations sur des faits ou des représentations, dont on analyse le degré de pertinence, de validité et de fiabilité en regard des objectifs du recueil d’informations. L’entretien ou l’interview se fait avec une personne ou un groupe des personne pour l’interroger sur ses actes, ses idées, ses projets, afin soit d’en publier ou d’en diffuser le contenu, soit de l’utiliser à des fins d’analyse (enquête d’opinion). L’entretien revêt des processus fondamentaux de communication et d’interaction humaines. Il engage deux personnes en vis- à-vis et à ce titre ne peut être considéré comme un simple questionnaire où on est dans une relation anonyme. On appelle interview (ou entretien ou encore entrevue) un rapport oral, en tête à tête, entre deux personnes dont l'une transmet à l'autre des informations sur un sujet prédéterminé. C'est une discussion orientée, un procédé d'investigation utilisant un processus
  • 35. 30 de communication verbale, pour recueillir des informations en relation avec des objectifs fixés. Il est important de s’assurer, dans ce processus, que l’entretien se compose sur la thématique de la recherche. Le guide d’entretien: C’est l’instrument capable de répondre aux problématiques de la recherche aussi bien lors d’un entretien individuel que lors d’un focus group (entrtien en groupe). L’objectif est de s’assurer que l’interview se focalise sur les thématiques de la recherche. L’entretien s’arrête lorsqu’on atteint le point ou quand on attaint le seuil de saturation. On distingue l’entretien individuel directif, l’entretien semi-directif et focus group (où l’objet de recherche est dévoilé), et l’entretien non directif, ethnographie organisationnelle et groupe de discussion (où l’objet de recherche est masqué) ou le récit de vie.  L’entretien non-directif: permet l’expression libre de la personne interviewée. Le chercheur pose une question large et ouverte, il suit ensuite le cheminement de la pensée de l’interlocuteur.  L’entretien semi-directif: le chercheur aborde une série de thèmes en s’appuyant sur des questions préparées.  L’entretien directif: le guide d’entretien comprend des questions ouvertes (mais précises) et des questions fermées sans questions de relance. Voici le type d’interview que propose Mintzberg (2014) dans son ouvrage “Le manager au quotidien, les 10 rôles du cadre sur la question ‘Que font les cadres ?’ » : Chercheur: Mr P….., nous avons brièvement discuté de cette organisation et de la façon dont elle fonctionne. Pourriez-vous maintenant me dire ce que vous faites? Président: Ce que je fais? Chercheur : Oui Président : Ce n’est pas facile Chercheur : Allez-y quand même Président: Comme président, je suis naturellement responsable de beaucoup de choses.
  • 36. 31 Chercheur: Bien sûr, je comprends cela, mais que faites-vous? Président: Eh bien, je dois m’assurer que tout marche bien. Chercheur: Pouvez-vous me donner un exemple? Président: Je dois m’assurer que notre position financière est saine. Chercheur: Que faites-vous au juste pour vous en assurer? Président: Eh bien, c’est difficile à dire. Chercheur: Posons la question autrement: Qu’avez-vous fait hier? (ii) Le questionnaire ou sondage: le questionnaire, sous sa forme la plus connue, le sondage, est une technique directe pour interroger des individus de façon directive, puisque la forme des réponses est prédéterminée. Le questionnaire est l’ensemble de questions écrites portant sur un sujet particulier et obéissant à des règles précises de préparation, de construction et de passation. Le questionnaire comporte des questions ouvertes, fermées, semi-ouverte ou de type de Likert (1968). A. Élaboration du questionnaire a) Question ouverte  On laisse la liberté à l’enquêté de s’étendre sur la question et d’aborder des aspects que le chercheur n’aurait pas prévus.  Elle a l’avantage de donner de l’espace à l’enquêté pour lui permettre d’exprimer toutes les facettes de ses idées.  L’inconvénient peut être le fait que l’enquêté soit hors sujet. Exemple: Que ressentez-vous lorsque Airtel vous envoie, sans votre avis, un SMS publicitaire? R/………………………………………………………………………………………….
  • 37. 32 b) Question fermée  Elle oblige le répondant à confiner ses réponses dans un cadre bien précis (question dichotomique: oui ou non; vrai ou faux, etc.). Exemple: Avez-vous obtenu un crédit auprès de FINCA? Rép: Oui ou Non Attention! Il faut éviter les questions négatives dans lesquelles le « non » veut dire « oui », cela pourrait prêter confusion. Exemple: N’avez-vous pas reçu de crédit auprès de FINCA ? Oui Non  On demande à l’enquêté de classer ou d’ordonner les réponses proposées. Exemple: Veuillez classer les marques commerciales suivantes selon l’ordre de préférence (en donnant un numéro de 1 à 5): Nike – Puma – Adidas – Reebock – Fila c) Question semi-ouverte Elle combine le besoin de structurer les réponses de l’enquêté avec la nécessité d’avoir des informations plus libres. Exemple: Avez-vous obtenu un crédit chez FINCA ? Oui ou Non Si oui, combien?.............................................................. Si non, pourquoi?............................................................. d) Question de type Likert (1962)  Une échelle de Likert est une échelle de mesure répandue dans les questionnaires psychométriques.  La personne interrogée exprime son degré d'accord/satisfaction ou de désaccord/non satisfaction vis-àvis d'une affirmation (l'énoncé).  L'échelle contient en général cinq choix de réponse qui permettent de nuancer le degré d'accord ou de satisfaction.
  • 38. 33 Exemple: La couleur (brune ou blonde) influence l’achat de la bière à Kinshasa. Rép: 1. Pas du tout d'accord 2. Pas d’accord 3. Ni en désaccord ni d'accord 4. D'accord 5. Tout à fait d'accord B. Mode d’administration du questionnaire Le questionnaire d’enquête est:  rempli directement sur le lieu de l’enquête par l’enquêté lui-même;  rempli directement sur le lieu de l’enquête par l’enquêteur;  rempli à partir de réponses données à distance (internet, téléphone…). e) L’enquête par sondage C’est une recherche de type descriptif et explicatif qui vise à obtenir des informations sur les pensées, les comportements, les opinions, les perceptions d’une population en l’interrogeant par la technique de sondage. Outil : Questionnaire d’enquête Questions:  Comment confectionner le questionnaire?  Comment construire l’échantillon? L’enquête est une technique qui vise à collecter des informations de manière systématique à l’intérieur d’une population donnée pour décrire, comparer ou expliquer le phénomène étudié. Lorsqu’on interroge toute la population d’étude, on fait le recensement, et s’il s’agit d’une partie on fait le sondage. (i) Définition de la population et de l’échantillon dans une recherche quantitative Le chercheur caractérise la population en établissant les critères de sélection pour l’étude, en précisant l’échantillon et en en déterminant la taille. La population cible réfère à la population que le chercheur désire étudier et à partir de laquelle il voudra faire des généralisations. La population accessible est la portion de la population cible qui est à la portée du chercheur. Elle
  • 39. 34 peut être limitée à une région, une ville, une entreprise, une agence, un département, etc. Un échantillon est un sous-ensemble d’éléments ou de sujets tirés de la population, qui sont sélectionnés pour participer à l’étude. Extraire un échantillon, c'est choisir, selon des critères définis à l'avance, un certain nombre d'individus parmi les individus composant un ensemble défini, afin de réaliser sur eux des mesures ou des observations qui permettront de généraliser les résultats à l'ensemble premier (population). On distingue: 1) La population externe: celle pour laquelle on veut généraliser les résultats; 2) La population cible ou statistique: la population que l'on va chercher à atteindre; 3) La population effective: l’ensemble des individus qui respectent les critères d'inclusion. L'échantillon final, c’est ce qui reste après avoir éliminé les individus présentant des facteurs d'exclusion, les refus de participation, les formulaires non exploitables etc… (ii) Le codage des éléments des discours qualitatifs issus des enquêtes de terrain Le codage des éléments du discours nous a incité à faire une première tentative d’organisation des données et ensuite il nous a permis d’apprécier la pertinence, c’est-à-dire voir comment les représentations se confirment, se modifient ou se contredisent. Le codage est un processus qui consiste à décomposer la variable étudiée en plusieurs sous-variables (appelées catégories de code), puis suivre le déroulement du processus dans le temps à travers les dimensions (appelées codes) que prennent chacune des sous-variables qui composent le processus de coopération. Voici en cinq phases, selon Huberman et Miles (1991), le processus de codage des données adapté au contexte de l’étude de cas:  la préparation du codage des données ;  la définition d’une grille de codage ;  le codage des données ;  l’analyse de la base des événements ;  l’interprétation et la validation des résultats.
  • 40. 35 Cette technique vise à rendre compte de la complexité des phénomènes, par des études de cas qualitatives, tout en offrant une technique de traitement des données fondée sur l’algèbre booléenne, qui rend possible, comme les méthodes quantitatives, la généralisation des résultats au-delà des cas observés. Attention, le comptage dans une analyse qualitative est rarement synonyme de généralisation. Exemple: Apparition des thèmes de l’authenticité et du chez-soi dans des interviews sur l’attachement à un lieu de vente : 53% des 17 individus interviewés en profondeur sont attachés à un lieu de vente spécifique parce qu’ils le trouvent authentique, et 47% parce qu’ils s’y sentent chez eux… Le comptage peut constituer un indicateur intéressant pour «classer» les thèmes. (iii) La quantification Dans cette dernière étape, il s'agit de transformer en quantités mathématiquement traitables les éléments retenus et décomptés dans les étapes précédentes:  On dénombrera les unités d'information par unité d'enregistrement et de numération.  On accordera à chaque sorte d'unité d'information un poids relatif, un coefficient chiffré.  On dégagera les fréquences de différentes unités d'information par catégorie.  On pondérera ces fréquences par le coefficient accordé à chaque unité d'information. Le codage binaire 0 et 1 Le codage binaire avec le chiffre 1 pour une réponse correspondante à l’indicateur retenu dans l’entretien et 0 pour une réponse contraire ou négative est un outil d’analyse des données utilisé dans les études en sciences sociales (Kogut, 2000) en tenant compte des critères de dualité d’Aoki de système binaire : présence représenté par 1 et absence par 0. C. Phase de traitement ou analyse des données Une masse de données recueillies (par exemples deux cartons de mille questionnaires remplis, dix bandes ou des giga-octets d’entretiens enregistrés) ne constitue pas en soi une recherche. Il
  • 41. 36 faut traiter toutes ces données. C’està-dire qu’il faut y exercer un travail d’analyse pour isoler des unités signifiantes (thèmes, figures, variables…) abstraites de leur contexte pour en opérer la comparaison terme à terme. Ensuite, le chercheur en fait une synthèse. Ce sont les étapes qui consistent à tirer quelque chose des données rassemblées. C'est proprement la phase de génération d'éléments nouveaux et originaux montrant que l'on a contribué à améliorer notre connaissance ou notre compréhension quant au problème abordé. Cette phase se déroule en trois étapes, à savoir la préparation et l’agrégation des données, l’analyse des relations entre les variables ainsi que la comparaison des résultats observés avec les résultats attendus en interprétant les écarts. 1. La préparation des données Une fois rassemblées, les données brutes (réponses à un questionnaire, chiffres, statistiques ...) doivent faire l'objet d'un minutieux travail de préparation avant d'être traitées et analysées. Dans ce travail de préparation, il faut trier, dépouiller, nettoyer, regrouper, coder... de façon que, le moment venu, on n'ait, autant que possible, que des données non contaminées, non biaisées, c'est-à-dire non susceptibles de générer des erreurs ou des distorsions dans les résultats. 2. L'analyse des données Comme son nom l'indique, cette étape consiste à effectuer un travail de manipulation et de traitement des données nettoyées. Elle peut consister en toutes formes de calculs, regroupements, croisements... quantitatifs ou qualitatifs, manuels ou informatisés... L’analyse des données est fonction du type d’étude et de son but, selon qu’il s’agit d’explorer ou de décrire des phénomènes et de comprendre ou de vérifier des relations entre des variables. Les statistiques permettent de faire des analyses quantitatives. L’analyse qualitative réunit et résume, sous forme narrative, les données non numériques. Elle peut par exemple faire des catégorisations. L’analyse des données permet de produire des résultats qui sont interprétés et discutés par le chercheur. C'est ici que l'on dégagera ce que l'on a découvert (the finding) par rapport au problème ainsi que les paramètres statistiques, les indices, les coefficients, les fréquences, les classes... servant à en spécifier les caractéristiques. 3. L’interprétation des résultats C'est la phase d'inférence, de « mise de signification » dans les résultats obtenus à l'étape précédente. Il s'agit, selon l'expression plus familière, de faire parler les chiffres, indices,
  • 42. 37 coefficients... dégagés par l'analyse, et exprimer de façon claire, argumentée, comment ces résultats constituent un progrès par rapport au point de départ. Les grandes règles de cette partie: il doit y figurer tous les résultats présentés (qui ne doivent pas être ailleurs) et seulement les résultats: c'est-à-dire pas de rappels méthodologiques sur comment et pourquoi on les a obtenus (pour la partie méthodologique) et pas d’interprétation, à réserver pour la discussion. Les résultats comprennent: Un premier point qui décrit la population de l’étude: taille de la population, nombre de perdus de vue, de non répondants, d’exclus, de questionnaires non exploitables et finalement taille de l’échantillon effectif de la population; Un deuxième point qui comprend les principaux résultats de l’étude (répondant à l’objectif principal); Enfin, un troisième point peut comprendre des résultats d’analyses secondaires et complémentaires. Les résultats peuvent être présentés sous forme de tableaux, de figures ou de texte. Il faut privilégier les tableaux pour les séries de résultats (par exemple description des caractéristiques de population) pour lesquelles la rédaction risque d’être rapidement lourde. Le texte ne doit pas être redondant aux tableaux, il doit compléter l’information. Les tableaux et les figures doivent répondre à un principe de parcimonie « d’encombrement ». La présentation doit être en effet la plus simple et minimaliste possible car vite illisible. (vii) LES CONCLUSIONS  Les conclusions constituent le moment pour rappeler les principaux résultats de la recherché;  les nouvelles connaissances relatives à l’objet d’analyse;  les nouvelles connaissances théoriques ;  La discussion de la porté des résultats à plusieurs niveaux;  s’interroger sur la généralisation des résultats, voire même formuler une loi qui nécessiterait d’autres travaux pour la tester et/ou développer;  comparez vos résultats à ceux d’autres études ;  formuler de nouvelles questions.
  • 43. 38 1.4. Objectivité et subjectivité dans la recherche scientifique La subjectivité et l’objectivité ont été parmi les sujets qui ont suscité de vifs débats parmi les chercheurs/chercheuses au tournant du XXe siècle. Malgré le désir d’impartialité et d’objectivité totales dans la recherche scientifique, les sociologues admettent qu’il est très difficile d’éliminer complètement la subjectivité; De ce fait, une distinction est faite entre l’objectivité scientifique et la recherche subjective. L’objectivité scientifique consiste à restreindre le chercheur/la chercheuse à la méthodologie scientifique de la recherche. Il doit collecter des données et les traiter telles quelles, et sans modification, en fonction des opinions ou penchants En ce sens, l’objectivité consiste à ne pas inclure les opinions et les points de vue du chercheur/de la chercheuse dans le processus de recherche qui doit suivre les règles qui lui sont spécifiques. Quant à la subjectivité, c’est le facteur humain dans l’étude, car le chercheur/la chercheuse est un être humain et a des tendances personnelles, des croyances et des opinions qui peuvent être une motivation première pour choisir un sujet de recherche ou pour choisir un cadre théorique d’analyse et d’interprétation. Par conséquent, les chercheurs/chercheuses s’efforcent de réduire leur subjectivité et de faire preuve du plus d’objectivité possible pour aborder la question de recherche mais il reste toujours une marge de subjectivité dans le choix du sujet et la rédaction de l’étude. Par conséquent, une distinction peut être faite entre l’objectivité de la méthode de recherche et l’objectivité de la rédaction de la recherche. L’objectivité de la méthode scientifique est l’une des caractéristiques les plus importantes et l’une des constantes fondamentales de tout travail de recherche sérieux qui aspire à présenter de nouvelles connaissances scientifiques. Quant à la subjectivité de l’écriture, elle se limite au style de l’écrivain.e, aux sujets sur lesquels il/elle choisit de se concentrer et à la manière d’interpréter les indices et les données. La subjectivité peut être contrôlée et réduite en clarifiant les limites et en en discutant dans le cadre de la méthodologie. La possibilité de subjectivité dans la rédaction de l’étude n’exclut pas que des limites et des méthodes spécifiques soient requises pour la rédaction de la recherche scientifique qui nécessite l’utilisation d’une terminologie précise et d’analyses systématiques, en écartant toute pensée et opinion qui ne sont basées sur des données et analyses scientifiques.
  • 44. 39 La subjectivité peut être réduite par la présence de plus d’un chercheur dans le projet de recherche ou en sollicitant l’aide de chercheurs/chercheuses et de collègues afin qu’ils lisent la recherche et fassent des observations sur la méthode de traitement du sujet et de rédaction de l’étude. Il est également important que le chercheur ou la chercheuse se forme à toujours se poser la question inverse : pourquoi pas ? Les efforts fournis par le chercheur/la chercheuse pour aborder la question sous différents points de vue et de l’extraire du domaine privé, qui est affecté par ses opinions et ses penchants, peut grandement aider à réduire la subjectivité et à renforcer l’argumentation et l’analyse du chercheur/de la chercheuse. 1.5. Éthique de la recherche scientifique Le premier objectif de tout.e chercheur/chercheuse est d’obtenir des informations et des données. Or toutes les méthodes d’obtention d’informations ne sont pas légales et éthiques. L’éthique de la recherche scientifique exige le respect de la vie privée des participant.es à la recherche, la préservation de leurs droits et le respect de leurs opinions, ainsi que la préservation de la sécurité des participant.es et du chercheur/de la chercheuse, et ce à n’importe quel prix ! Il est vrai que l’éthique de la recherche scientifique limite souvent l’accès à l’information. Cependant, la recherche scientifique s’accorde aujourd’hui à donner la priorité au respect de l’éthique de la recherche, même au détriment de l’accès à l’information. Cet aspect a émergé à la suite de l’étude publiée par Laud Humphreys (Humphreys 1970).1 Dans cette étude, Humphreys a pu étudier des aspects importants du comportement des hommes dans les toilettes publiques et la relation entre la sexualité et le genre aux ÉtatsUnis en observant les usagers des toilettes publiques en Louisiane et en collectant des informations importantes et nouvelles qu’il aurait été impossible de collecter par d’autres moyens. Cette étude a toutefois déclenché un grand débat dans les cercles académiques car le chercheur observait les gens à leur insu et sans leur consentement; ce qui était considéré comme une violation claire et flagrante de leur vie privée. Il y a débat concernant la dégradation de la qualité de la recherche lorsque les participant.es savent qu’ils sont surveillé.es car la plupart des comportements humains changent lorsqu’ils/ 1 Pour plus d'informations sur le thème de l'éthique de la recherche scientifique, voir Homan (1991).
  • 45. 40 elles se rendent compte qu’ils/elles sont observé.es. Les informations que le chercheur/la chercheuse obtient ou « arrache » lorsque les participant.es ne savent pas qu’il/elle les observe sont beaucoup plus riches que les informations recueillies « de manière éthique ». Cependant, il y a un coût moral considérable à ne pas informer et obtenir le consentement des personnes surveillées car il y a atteinte à leur intimité et à leur vie privée, ce qui peut leur nuire lorsque l’étude est publiée. Par conséquent, afin de préserver le respect des droits des individus et groupes qui participent aux études scientifiques, nous ne pouvons aujourd’hui faire aucun travail de recherche qui ne respecte pas les règles de l’éthique de la recherche mentionnée ci-dessous : • Honnêteté : Le chercheur/la chercheuse doit être honnête et clair.e avec les participant.es à la recherche. Il/elle doit leur expliquer la recherche et son objectif et leur donner accès aux informations de base qui constituent le fondement de sa recherche. Le chercheur/la chercheuse doit également être honnête avec ses lecteurs/ lectrices en transférant des informations de manière honnête et véridique sans falsifier aucune information ou compléter des informations partielles basées sur des théories antérieures ou ses opinions personnelles. • Anonymat : L’une des conditions de base pour respecter l’éthique de la recherche scientifique est de protéger l’identité des participant.es à la recherche en ne donnant pas leur vrai nom ou en n’utilisant pas d’indices qui pourraient conduire à révéler leur véritable identité. • Confidentialité : La question de la vie privée concerne la protection des données que le chercheur/la chercheuse a collectées pendant la période de recherche. Les données contiennent de nombreuses informations privées et précises. Le chercheur/la chercheuse doit garantir la confidentialité des informations et les conserver dans un endroit sûr de sorte que personne ne puisse y accéder ou y consulter les données. Habituellement, les informations sont détruites une fois la recherche terminée, surtout si elles contiennent des informations confidentielles et sensibles. • Confiance : Le chercheur/la chercheuse doit essayer de construire une relation de confiance avec les participants à la recherche afin d’obtenir une plus grande coopération et des résultats plus précis et crédibles. Ainsi, lorsque le/la participant.e fait confiance au chercheur/à la chercheuse, il/elle est généralement plus généreux/généreuse, franc/ franche et précis.e dans ses réponses et ses informations.
  • 46. 41 • Consentement : Le chercheur/la chercheuse doit toujours s’assurer d’obtenir le consentement des participant.es avant de commencer tout travail de recherche sur le terrain. Le consentement est généralement écrit en demandant au participant/à la participante de signer une déclaration de consentement pour participer à la recherche. Cette déclaration comprend une explication claire du but de l’étude et de ce qu’elle exigera du/de la participant.e. De plus, cette déclaration doit expliquer au/à la participant.e quels sont ses droits pendant et après l’étude. Le chercheur/la chercheuse ne doit, à aucun stade de la recherche, utiliser la méthode de l’intimidation pour obtenir des informations ou pour faire pression sur le/la participant.e pour qu’il/elle ne se retire pas de la recherche. • Retrait : Le retrait est considéré comme l’un des droits les plus importants des participant. es à toute recherche scientifique. Le temps que le/la participant.e consacre à la recherche relève de sa décision personnelle, d’autant plus que la plupart des participant.es à l’étude sont généralement des volontaires. Le consentement à participer à la recherche ne garantit pas que le/la participant.e restera jusqu’à la fin et le retrait est un droit que le chercheur/la chercheuse doit respecter. Par conséquent, il est toujours conseillé au chercheur/à la chercheuse d’essayer d’atteindre le plus grand nombre possible d’individus dans l’échantillon en s’assurant que son étude couvre un groupe d’individus suffisant car il est attendu que certains des participant.es se retireront pendant la recherche. • Enregistrement audio ou photographie: Le chercheur/la chercheuse n’a pas le droit d’enregistrer des voix ou de prendre des photos ou des vidéos sans que les participant.es ne soient informés et consentants. Il n’est pas correct que le chercheur/ la chercheuse demande le consentement du/de la participant.e après avoir terminé l’enregistrement ou pris la photographie, car l’approbation doit toujours avoir lieu avant de commencer la recherche. • Tromperie ou faux espoirs: Dans de nombreux cas, les participant.es à la recherche pensent que leur participation leur permettra d’améliorer leurs conditions de vie. Par conséquent, le chercheur/la chercheuse doit s’assurer qu’aucun faux espoir ou promesse ne se fasse en dehors du cadre de la recherche. Si la participation à la recherche comprend une compensation financière pour le temps consacré, le chercheur/la chercheuse doit souligner que celle-ci n’est pas liée aux résultats de la recherche. Il a été observé que les participant.es qui reçoivent une allocation en espèces pour leur contribution ont tendance à donner des réponses qui, selon eux/elles, satisferont le chercheur/la chercheuse. Il s’agit d’un risque majeur pour la fiabilité et l’exactitude de la recherche.