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Imagerie des cavités nasales et sinus chez le chien et chez le chat
- 1. Le Point Vétérinaire / N° 256 / Juin 2005 /74
Lors de jetage chronique ou d’épistaxis, le recours à l’imagerie doit être
précoce. Il peut s’agir de radiographies nasales et sinusales sous anesthésie
générale, voire d’un scanner en première intention.
’examen des voies aériennes supérieu-
res nécessite souvent le recours à des
examens complémentaires dont le choix
est parfois difficile. Du jeune chat qui
éternue après une escapade dans le
jardin au colley âgé de dix ans qui présente une
épistaxis récidivante, le profil des animaux
candidats à cette exploration est varié.
Cet article rappelle l’anatomie des cavités
nasales du chien et du chat, puis décrit les
modalités pratiques des techniques d’imagerie
actuellement disponibles, en précisant leurs
avantages et inconvénients respectifs. Il
présente ensuite l’aspect normal des cavités
nasales et des sinus paranasaux pour chacune
de ces techniques et les aspects typiques des
lésions les plus communes.
Anatomie des cavités
nasales
Les cavités nasales représentent les premières
voies respiratoires [1]. Elles débutent juste en
arrière des narines et s’étendent jusqu’à la lame
criblée de l’ethmoïde qui les sépare des lobes
olfactifs cérébraux. Les sinus constituent le
prolongement naturel des cavités nasales dans
l’épaisseur des os du crâne. Les parois des
cavités nasales sont constituées sur les côtés
par l’os maxillaire, dorsalement par les os nasal
et maxillaire, ventralement par l’os maxillaire,
l’os palatin et le vomer qui forme une gouttière
dans laquelle repose le septum. Ce dernier est
une lame cartilagineuse rostralement et osseuse
caudalement qui sépare les deux cavités nasales.
La face caudale des cavités nasales est consti-
tuée par l’ethmoïde, d’où partent des volutes
finement ossifiées qui s’enroulent en spirales et
qui, recouvertes d’une muqueuse, constituent
les cornets nasaux (ou conchae).
Les cornets dorsal (ethmoïdal) et ventral
(maxillaire) occupent la portion rostrale de
chaque cavité nasale et délimitent trois passages
: les méats ventral, moyen et dorsal. Ventrale-
ment au cornet ventral, le méat ventral mène
directement aux méats nasopharyngiens qui
s’ouvrent par les choanes dans le nasopharynx.
Chez le chien, le méat dorsal est large, tandis
que le méat moyen est étroit et court. Ce dernier
communique caudalement avec le méat ventral.
La portion caudale des cavités nasales est
occupée par le cornet ethmoïdal. Souvent, chez
le chien, une au moins de ses lames s’étend dans
le sinus frontal. Le nerf olfactif se ramifie
largement dans la muqueuse des cornets
ethmoïdaux, de la partie caudale du septum et
des parois caudales des cavités nasales.
• Chez le chien, trois sinus paranasaux sont
présents de chaque côté : le sinus (ou récessus)
maxillaire, le sinus frontal et le sinus sphénoï-
dal. Le sinus frontal est divisé en trois portions
(rostrale, médiale et latérale). Il est souvent
occupé partiellement par les cornets ectotur-
binaux. Le sinus sphénoïdal est une cavité de
l’os présphénoïde, presque totalement remplie
par une lame des cornets endoturbinaux chez
le chien.
Chez le chat, les sinus frontaux sont simples et
peu développés. Ils sont presque remplis par
les cornets ectoturbinaux. Le sinus sphénoïde
est au contraire plus développé que chez le
chien car il est presque libre des cornets
endoturbinaux.
Techniques d’exploration
des cavités nasales
1. Radiographie
! Technique
En dehors de l’examen direct ou à l’otoscope des
narines, qui n’offre qu’un champ d’exploration
limité, la radiographie a constitué la première
approche des affections des cavités nasales.
• L’obtention des clichés nécessite d’anesthésier
l’animal afin de permettre le positionnement
adapté qui est contraignant. Un temps de pose
long et un kilovoltage faible (inférieur à 60 kV)
peuvent ainsi être utilisés afin d’obtenir un bon
contraste radiographique. Des écrans lents
(vitesse de 100 ou inférieure) et une technique
“en direct” (l’animal est placé directement sur
la cassette, à même la table) fournissent une
image dont la résolution spatiale est excellente,
ce qui autorise une observation détaillée. À
l’inverse, l’utilisation d’écrans rapides ne permet
pas d’obtenir une définition suffisante des
structures osseuses fines et peut conduire à des
erreurs de diagnostic.
L’incidence ventro-dorsale dite “gueule ouverte”
est recommandée car elle permet de limiter la
superposition de la langue et des mandibules
LRésumé
Les cavités nasales sont
explorées par radiogra-
phie, scanner et/ou par ima-
gerie par résonance magné-
tique (IRM). L’obtention des
clichés radiographiques
nécessite une anesthésie
g é n é r a l e d e l ’a n i m a l .
L’incidence ventro-dorsale,
dite “gueule ouverte”, est
recommandée. Elle est éven-
tuellement complétée par un
cliché des sinus frontaux.
L’imagerie en coupe a permis
d’améliorer nettement le dia-
gnostic des affections nasa-
les (pas de superpositions).
La détection des lyses osseu-
ses est très précoce au scan-
ner. L’IRM offre, en revanche,
un contraste tissulaire supé-
rieur. L’interprétation des ima-
ges permet de localiser la
lésion, d’en évaluer l’agressi-
vité et l’étendue. Elle peut
suggérer une rhinite bacté-
rienne (souvent peu agres-
sive), par corps étranger ou
mycosique (aspergillose
ostéolytique). Une tumeur
nasale est suspectée lors d’i-
mages d’opacification par
une masse tissulaire souvent
agressive. La tomographie
permet alors d’établir un
bilan d’extension.
u
Imagerie des cavités nasales
et des sinus
RADIOGRAPHIE ETTOMOGRAPHIE CHEZ LE CHIEN ET CHEZ LE CHAT
par Yannick Ruel
Consultant en imagerie Paris et
région parisienne
Imagerie médicale vétérinaire
10-12,rue Robert-de-Flers
75015 Paris
Pratiquer / IMAGERIE /
PV256_P074_079_Ruel 24/05/05 15:53 Page 74
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- 2. 75/ N° 256 / Juin 2005 / Le Point Vétérinaire
sur les cavités nasales. L’animal est placé sur le
dos, le chanfrein en contact avec la cassette. La
mesure de l’épaisseur à radiographier s’effec-
tue en région moyenne du chanfrein. Le
maxillaire est solidarisé à la cassette (par un
lien ou du ruban adhésif). Un lien est placé dans
la gueule de l’animal afin d’ouvrir celle-ci, tout
en gardant les mains hors du faisceau primaire
pour respecter les règles de radioprotection. Il
est souhaitable de prendre la langue avec la
mandibule dans le lien, afin d’éviter qu’elle ne
se superpose aux cavités nasales. Si l’ouverture
de la gueule est réduite, il est possible d’obli-
quer légèrement le faisceau d’avant en arrière
(vers l’intérieur de la bouche) afin d’obtenir une
projection d’une plus grande proportion des
cavités nasales. Cette angulation ne doit pas
dépasser 15 à 20° [2]. Si le tube n’est pas inclina-
ble, la partie de la cassette qui correspond au
bout du nez peut aussi être soulevée légèrement.
Lors de la réalisation de ce cliché, il convient
de veiller à respecter une parfaite symétrie du
crâne, gage d’une comparaison fiable entre les
deux cavités nasales.
Une autre technique consiste à placer l’animal en
décubitus sternal et à entrer la cassette “en coin”
dans sa gueule. L’incidence est alors verticale sur
le chanfrein, en centrant au niveau du stop.
• Une radiographie des sinus frontaux est
souvent associée à ce cliché : le chien est
toujours sur le dos, le nez perpendiculaire au
plan de la cassette. Le faisceau est alors centré
sur le stop, dans un axe tangentiel aux sinus
frontaux. Ici encore, la symétrie est primordiale.
• Une incidence latéro-latérale présente moins
d’intérêt en raison de la superposition des deux
côtés. Elle met cependant en évidence les
lésions de la partie dorsale des os de la face lors
d’atteintes étendues et destructrices.
! Aspect normal
Les superpositions des nombreuses structures
osseuses qui constituent le crâne compliquent
la compréhension et l’interprétation des images
(PHOTO 1). La visualisation des cornets nasaux,
fines structures faiblement minéralisées, est
possible lorsqu’ils sont contrastés par l’air. Un
aspect finement strié et symétrique entre les
deux cavités est alors observé. En région
rostrale, ces cornets forment des lignes parallè-
les au septum. Caudalement, l’aspect plus
tortueux correspond aux cornets ethmoïdaux.
La ligne osseuse visible médialement
correspond à la visualisation du vomer. Le
septum, cartilagineux, ne forme pas d’image
visible [5]. L’opacité est homogène sur toute la
longueur des cavités nasales.
2. Imagerie en coupes :scanner et IRM
Cette technique a permis d’améliorer le diagnos-
tic des affections nasales. L’obtention d’images
en coupes supprime en effet la superposition
des structures, et permet de repérer et de locali-
ser précisément les destructions tissulaires
(PHOTO 2). !!
Cliché:Servicederadiologie,ENVAlfort
PHOTO 1. Radiographie ventro-dorsale gueule
ouverte des cavités nasales d’un chien.
Sur ce cliché de bonne qualité, le maxillaire
est nettement dégagé de la mandibule. La
symétrie est bonne et permet la comparaison
des deux cavités nasales. L’aspect linéaire et
longitudinal des cornets rostraux (1) peut être
observé, ainsi que le vomer (2) (le septum
cartilagineux n’est pas visible), les cornets
ethmoïdaux (3) et la lame criblée
de l’ethmoïde (4).
Cliché:Imageriemédicalevétérinaire
PHOTO 2. Coupes transversales obtenues par scanner des cavités nasales
normales d’un chien, de rostrale à caudale (A à D). Elles montrent notamment les
cornets ventraux (A1), le septum nasal (B2, portion cartilagineuse), les récessus
maxillaires (C3), les sinus frontaux (D4), le méat nasopharyngé (D5)
et les volutes ethmoïdiennes (D6). Ces structures, qui apparaissent superposées
et indistinctes sur une radiographie, sont ici bien différenciées.
Attention
Pour la radiographie
des cavités nasales,
l’utilisation d’écrans
rapides ne permet pas
d’obtenir une définition
suffisante des structures
osseuses fines et peut
conduire à des erreurs
de diagnostic.
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- 3. • Le scanner est ainsi plus sensible et spécifique
que la radiographie pour repérer les opacifica-
tions ou les lyses osseuses, et pour préciser si
une lésion est uni- ou bilatérale [12]. Cette
méthode nécessite une anesthésie générale de
l’animal. Généralement, un premier examen en
coupes fines (de 1 à 1,5 mm) et filtre osseux est
réalisé, suivi d’un examen avec injection d’un
produit de contraste iodé par voie intraveineuse.
Ce produit peut aider à différencier les structu-
res tissulaires du mucus ou des débris
nécrotiques, ou à mieux délimiter les contours
d’une tumeur. Il permet aussi de mettre en
évidence une extension d’un processus tumoral
dans l’encéphale à travers une effraction de la
lame criblée ethmoïdienne. Les images acquises
par le scanner sont des coupes transversales.
Les scanners modernes permettent une recons-
truction dans les autres plans (sagittal et dorsal),
et offrent ainsi une meilleure évaluation de
l’extension d’une lésion et une observation plus
facile des structures situées dans le plan de
coupe des images originales ; c’est le cas de la
lame criblée de l’ethmoïde (PHOTOS 3 ET 4).
• L’imagerie par résonance magnétique offre
un contraste tissulaire nettement supérieur à
celui du scanner. Elle met en évidence les tissus
anormaux au sein des tissus sains. Elle permet
aussi d’obtenir d’emblée des plans sagittaux et
dorsaux, sans nécessiter une reconstruction de
Pratiquer / IMAGERIE /
!!
Cliché:Imageriemédicalevétérinaire
PHOTO 3. Reconstruction
dorsale par scanner des
cavités nasales du même
chien. Sont visibles les
cornets ventraux (1), le
septum (2), les volutes
ethmoïdales (3), les récessus
maxillaires (4), la lame
criblée de l’ethmoïde (5)
dont on distingue les
perforations, et les lobes
cérébraux olfactifs (6).
Cliché:Imageriemédicalevétérinaire
PHOTO 6. Coupe transversale
par scanner en région
rostrale lors d’une rhinite
bactérienne chez un chien.
Un épaississement muqueux
est observé dans les deux
cavités nasales. Les lames
des cornets nasaux restent
intactes. Aucune lyse des os
de la face n’est visible.
Le septum est intact.
Cliché:Imageriemédicalevétérinaire
PHOTO 4. Reconstruction parasagittale par
scanner des cavités nasales du même chien.
Sont distingués le cornet ventral (1), le palais
dur (2), l’os nasal (3), les volutes ethmoïdales
(4), le méat nasopharyngé (5), la choane (6), le
sinus frontal (7), la lame criblée de l’ethmoïde
(8) et le lobe olfactif (9).
Cliché:Servicederadiologie,ENVAlfort
PHOTO 5. Radiographie ventro-dorsale gueule
ouverte lors d’une rhinite bactérienne chez
un chat. Une opacification de la cavité nasale
gauche est observée. Les fines lames
ossifiées des cornets nasaux et le vomer
restent visibles. Aucune image de lyse
osseuse n’est mise en évidence.
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Cliché:Imageriemédicalevétérinaire
PHOTO 7. Coupe transversale par scanner en
région rostrale lors d’une rhinite par corps
étranger chez un chien. Une lésion tissulaire
est observée dans la cavité nasale droite.
Les cornets nasaux ne sont plus visibles
au sein de la masse (lyse) et deux petites
structures minéralisées (corps étrangers) sont
mises en évidence (flèches).
Cliché:Imageriemédicalevétérinaire
PHOTO 8. Coupe transversale par scanner dans
la région du méat nasopharyngé lors d’une
rhinite par corps étranger chez un chat. Une
structure de même densité que les tissus
environnants est observée dans le méat
nasopharyngé (flèche). Cette structure linéaire
se poursuit d’une coupe à l’autre jusque dans
la cavité nasale où elle occasionne une rhinite.
Il s’agit d’un brin d’herbe.
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© Le Point Vétérinaire - Reproduction interdite
- 4. l’image. Des produits de contraste veineux
peuvent en outre être administrés afin
d’augmenter le contraste des tissus lésés. Malgré
l’absence d’étude comparative statistique, il est
néanmoins possible de supposer que l’IRM offre
au moins la même sensibilité que le scanner.
Elle permet de différencier plus précisément
les accumulations de liquide des structures
tissulaires dans les cavités nasales ou sinusa-
les. Les lyses osseuses discrètes sont en
revanche plus difficiles à reconnaître car la
corticale osseuse ne produit pas de signal IRM.
Aspect des principales
lésions
Nombre de publications ont décrit les aspects
plus ou moins spécifiques des différentes
affections rencontrées.
Chacune des techniques doit permettre de
répondre aux questions suivantes :
- l’aspect des cavités nasales et des sinus est-il
normal ou anormal ?
- la lésion est-elle agressive ou bénigne ?
- si la lésion est agressive, existe-t-il des signes
en faveur d’une tumeur ?
- si la lésion est agressive, quelle est son étendue ?
- y a-t-il un envahissement cérébral ?
1. Rhinite bactérienne
La rhinite bactérienne est une lésion peu
agressive, mais qui peut être à l’origine de
troubles chroniques et d’une modification
étendue des cavités nasales et des sinus.
Les remaniements classiquement observés sont
un épaississement de la muqueuse nasale et une
production accrue de mucus. Une sinusite
complique parfois la rhinite. Elle se manifeste
alors par un épaississement de la muqueuse
sinusale et un contenu liquidien plus ou moins
important dans les sinus.
Dans son aspect typique, le caractère peu
agressif de la lésion préserve la visualisation
des cornets nasaux et du vomer, tant sur la
radiographie qu’à l’examen tomodensitomé- !!
Cliché:Servicederadiologie,ENVAlfort
PHOTO 10. Radiographie rostro-caudale des
sinus frontaux lors d’une sinusite aspergillaire
chez un chien (aspect non spécifique,
cette image pouvant être observée lors d’une
sinusite bactérienne ou lors d’une tumeur).
Une opacification du sinus frontal droit
est observée (il apparaît plus dense que le
gauche, d’aspect normal). Aucune lyse
osseuse n’est visible. L’augmentation
de densité correspond à un encombrement
de la cavité sinusale par du liquide, du tissu
inflammatoire ou des filaments mycéliens.
Cliché:Servicederadiologie,ENVAlfort
PHOTO 12. Radiographie ventro-dorsale gueule
ouverte lors d’une tumeur de la cavité nasale
droite chez un chien (aspect spécifique). Une
opacification de la portion caudale de la cavité
nasale droite est observée. Elle est associée
à une désorganisation des volutes
ethmoïdiennes et du cornet dorsal (lyse).
Une discrète irrégularité de la face droite
du vomer est visible sur le cliché d’origine.
Cliché:Servicederadiologie,ENVAlfort
PHOTO 9. Radiographie ventro-dorsale gueule
ouverte lors d’une rhinite aspergillaire
chez un chien (aspect spécifique). Une
radiotransparence anormale de la cavité
nasale gauche est observée en région
rostrale. Les lames des cornets rostraux
(ventral et dorsal) ne sont plus visibles.
Cliché:Imageriemédicalevétérinaire
PHOTO 11. Coupe transversale
par scanner en région
moyenne des cavités nasales
lors d’une rhinite aspergillaire
chez un chien. Une vacuité
de la cavité nasale droite est
observée, sans masse
tissulaire visible. Elle est due
à une lyse complète des
cornets. La cavité
controlatérale présente un
élargissement des espaces
entre les cornets, témoin
d’une atteinte moins sévère
de ce côté. Cet aspect est
spécifique.
Points forts
! Un temps de pose long
et un kilovoltage inférieur
à 60 kV permettent d’obtenir
des radiographies
correctement contrastées.
L’utilisation d’écrans lents et
d’une technique “en direct”
fournit une image d’excellente
résolution spatiale qui autorise
une observation détaillée.
! L’incidence radiographique
ventro-dorsale dite “gueule
ouverte” est recommandée
car elle permet de limiter
la superposition de la langue
et des mandibules
sur les cavités nasales.
! L’IRM offre au moins
la même sensibilité que
le scanner. Elle permet de
distinguer plus précisément
les accumulations de liquide
des structures tissulaires
dans les cavités nasales
ou sinusales.
! Les épillets et les autres
corps étrangers végétaux sont
rarement visibles sur une
radiographie. Au scanner, la
présence d’un peu d’air autour
de ceux-ci peut en délimiter
le contour.
! Les tumeurs nasales ne sont
pas toujours ostéolytiques,
notamment le lymphome
nasal chez le chat.
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- 5. trique. L’aspect radiographique typique est une
opacification plus ou moins marquée d’une ou
des deux cavités nasales, sans disparition des
cornets nasaux ethmoïdaux, ni lyse des os de
la face (PHOTO 5). Les cornets nasaux rostraux
peuvent être masqués par le contenu liquidien,
hémorragique ou purulent, des cavités nasales
(signe de continuité) [9].
Le scanner et l’IRM révèlent un septum et des
cornets nasaux intègres et une diminution des
espaces libres dans la cavité nasale, en raison
de l’épaississement muqueux et de la produc-
tion accrue de mucus (PHOTO 6).
Chez le chat, les rhinites chroniques peuvent
présenter un caractère plus agressif, avec une
lyse possible des cornets nasaux. Les os de la
face ne sont habituellement pas concernés par
la lyse.
2. Rhinite à corps étranger
Le diagnostic de rhinite à corps étranger est
habituellement difficile à établir. La survenue
des symptômes est souvent paroxystique, dès
l’intromission du corps étranger dans la cavité
nasale. Les corps étrangers radio-opaques
peuvent être décelés aisément par la radiogra-
phie ou, mieux encore, par le scanner. En
revanche, les épillets et autres corps étrangers
végétaux sont souvent peu denses et ne sont pas
visibles sur une radiographie. Dans de rares cas,
il est possible de repérer le granulome inflam-
matoire qui se forme autour du corps étranger
[4, 11]. Au scanner, la présence d’un peu d’air
autour du corps étranger peut délimiter son
contour, alors parfois reconnaissable par une
forme plus géométrique que les structures
anatomiques normales de la cavité nasale
(PHOTOS 7 ET 8). Une destruction discrète des
cornets nasaux environnants et une réaction
tissulaire modérée sont parfois observées au
scanner ; la confusion peut alors être faite avec
une rhinite aspergillaire localisée. La reconnais-
sance de ces corps étrangers reste cependant
difficile [7]. Les corps étrangers radio-opaques
sont aussi divers que des dents ou des fragments
de dents, des plombs de chasse ou des
morceaux d’os ou d’aliments inhalés ou régurgi-
tés. Un rinçage nasal vigoureux permet parfois
de déloger le corps étranger, et de réaliser dans
le même temps le diagnostic et le traitement.
3. Rhinite mycosique
La rhinite mycosique la plus fréquente en
France est l’aspergillose nasale. Elle se distin-
gue de la rhinite bactérienne, dans les formes
évoluées, par un caractère essentiellement
lytique. L’image radiographique typique est une
augmentation de la radiotransparence des
cavités nasales (PHOTO 9). Cette lésion est
souvent bilatérale (dans 65 % des cas) [8],
symétrique ou non. Elle est habituellement
située plutôt dans la partie rostrale des cavités
Pratiquer / IMAGERIE /
!!
Cliché:Servicederadiologie,ENVAlfort
PHOTO 13. Radiographie latérale lors d’une tumeur des cavités
nasales chez un chien (aspect spécifique). Une lyse majeure
est observée, ainsi qu’une ostéoprolifération de contour
irrégulier et mal délimité au niveau de l’os nasal et de la partie
dorsale du maxillaire. Un épaississement des tissus mous
dorsalement à cette lésion osseuse est également visible.
Cliché:Imageriemédicalevétérinaire
PHOTO 15. Coupe transversale
par scanner en fenêtre
tissulaire lors d’une tumeur
de la cavité nasale gauche
chez un chien. Un
comblement de cette cavité
est observé. Une effraction
du septum est visible, avec
un début d’envahissement
de la cavité nasale droite.
L’épaississement des tissus
mous dorsaux traduit
l’infiltration des tissus
extérieurs à la cavité nasale
par la tumeur.
Cliché:Imageriemédicalevétérinaire
PHOTO 14. Coupe transversale
par scanner en fenêtre
osseuse lors d’une tumeur
de la cavité nasale gauche
chez un chien. Cette cavité
apparaît comblée par une
structure tissulaire. Le
septum n’est plus visible
et la masse tissulaire
commence à gagner la
cavité nasale droite. Une
discrète érosion de la face
interne de l’os nasal est
visible (flèche).
Cliché:Imageriemédicalevétérinaire
PHOTO 16. Reconstruction dorsale par scanner
en fenêtre osseuse lors d’une tumeur
de la cavité nasale gauche chez un chien.
La reconstruction permet d’évaluer plus
facilement l’extension rostro-caudale de la
lésion. Une destruction partielle du septum
est observée, ainsi qu’une érosion de la lame
orbitaire osseuse (flèche).
Cliché:Imageriemédicalevétérinaire
PHOTO 17. Reconstruction
parasagittale par scanner,
après l’injection d’un produit
de contraste iodé, lors d’une
tumeur des cavités nasales
avec envahissement cérébral
chez un chien. La partie
caudale de la cavité nasale
est occupée par une masse
tumorale. Une destruction de
la lame criblée de l’ethmoïde
est observée. La fixation
d’iode dans les lobes
olfactifs (flèche) traduit
un envahissement cérébral
par la tumeur.
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- 6. 79/ N° 256 / Juin 2005 / Le Point Vétérinaire
nasales [11]. Une atteinte sinusale concomi-
tante peut être observée (PHOTO 10).
Au scanner ou à l’IRM, une vacuité de la cavité
nasale atteinte est également notée, avec une
destruction des cornets et une absence de masse
tissulaire, les filaments mycéliens ne consti-
tuant généralement pas une véritable masse
(PHOTO 11). Une atteinte sinusale est visible au
scanner dans 74 % des cas, sous la forme d’un
épaississement muqueux ou de structures
tissulaires anormales [8]. La lyse des os de la
face (os frontal surtout), du vomer et de
l’ethmoïde est fréquemment décrite, mais elle
est peu importante. La destruction des cornets
est en revanche intense et domine le tableau
lésionnel [8], avec un effet de “cavitation”.
4. Tumeurs nasales
Les tumeurs malignes présentent un caractère
agressif. Les plus fréquentes sont les adénocar-
cinomes, les carcinomes, les carcinomes épider-
moïdes et les lymphomes (surtout chez le chat).
Chez le chien, les lésions tumorales sont souvent
unilatérales. À un stade avancé, toutefois, une
destruction du septum peut conduire à une
atteinte bilatérale. La région caudale est plus
fréquemment concernée [6]. Une opacification
par une masse tissulaire est alors visible sur les
clichés radiographiques (PHOTO 12). Une lyse
des cornets nasaux, du vomer, des os de la face,
de la lame criblée ou la présence d’un tissu
anormal derrière l’œil caractérisent une lésion
agressive, généralement tumorale [3] (PHOTOS
13, 14 ET 15). Un bilan d’extension précis est
obtenu par une technique de tomographie : le
scanner ou l’IRM (PHOTO 16). Ces méthodes
permettent notamment d’observer un éventuel
envahissement cérébral à travers la lame criblée
de l’ethmoïde, ce qui compromet fortement les
chances de réussite d’un traitement chirurgical
ou d’une radiothérapie (PHOTOS 17 ET 18).
Cet aspect caractéristique des tumeurs n’est
parfois pas observé, notamment pour les
lésions peu évoluées. La confusion avec un
processus bénin, tel qu’une rhinite, est alors
possible. Certains types tumoraux peuvent en
outre présenter des aspects divers, avec une
lyse plus ou moins marquée. C’est le cas
notamment du lymphome nasal chez le chat,
qui peut apparaître sous la forme d’une masse
tissulaire, uni- ou bilatérale, avec ou sans signes
de lyse des cornets nasaux ou des os de la face
[10] (PHOTO 19). Une biopsie du tissu est alors
recommandée.
Ces différentes techniques d’imagerie, en
précisant le degré d’agressivité de la lésion
nasale et en évaluant son extension, permettent
d’orienter le diagnostic, même si celui-ci ne peut
être établi dans tous les cas. La mise en évidence
des corps étrangers reste délicate quand il s’agit
de structures végétales. Un diagnostic précoce
est le gage d’un traitement efficace et le moins
délabrant possible. Les symptômes se manifes-
tent souvent tardivement. Ainsi, l’exploration
tardive d’un jetage chronique ou d’une épistaxis
expose à découvrir une lésion déjà très étendue
et donc inopérable. Même si une radiographie
permet de différencier une tumeur évoluée
d’une rhinite chronique, cette technique est
souvent imprécise. Elle nécessite en outre une
anesthésie générale de l’animal et un position-
nement délicat. L’économie réalisée par rapport
à un scanner est donc discutable. Il est ainsi
possible d’envisager le recours à ce dernier en
première intention lors d’affection nasale
chronique réfractaire aux traitements. ■
Cliché:Imageriemédicalevétérinaire
PHOTO 18. Coupe parasagittale par IRM en
pondération T1, après l’injection de gadolinium,
lors d’une tumeur des cavités nasales avec
envahissement cérébral chez un chien.
Les lobes olfactifs sont envahis (flèches)
par une tumeur qui occupe la portion caudale
des cavités nasales et les sinus frontaux.
Cliché:Servicederadiologie,ENVAlfort
PHOTO 19. Radiographie ventro-dorsale gueule
ouverte lors d’une tumeur de la cavité nasale
droite chez un chat. Une opacification de la
cavité nasale droite est visible, sans évidence
de lyse osseuse. L’aspect est non spécifique
car cette image peut être observée lors de
rhinite bactérienne. L’agressivité de la lésion
a été confirmée par scanner. Les tumeurs sont
parfois peu lytiques, notamment lors de
lymphome ou en début d’évolution, ce qui
rend le diagnostic plus difficile à établir.
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