Littérature Analyse du poeme de Francois Villon, fin du moyen age.

1. La ballade des
pendus
Auteur: Villon François (1431- ?)
Courant: Poésie Lyrique (XV).
Genre : Poétique
Type de texte : Descriptif
Registre : Pathétique
Œuvre : Poèmes diverses (1460)
Villon le compose lors de son incarcération en l'attente de son exécution à la suite de
l'affaire Ferrebouc où un notaire pontifical fut blessé au cours d'une rixe.
Frères humains, qui après nous vivez,
N'ayez les cœurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés, cinq, six:
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s'en rie;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre!
Si frères vous clamons, pas n'en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis.
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l'infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre!
La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d'oiseauxque dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre!
Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie:
A lui n'ayons que faire ne que soudre.
Hommes, ici n'a point de moquerie;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre!

2. Le contexte Historique
 Suite de désastres : guerres, famines, épidémies, révoltes des paysans contre
les guerres, la noblesse et les impôts. (Guerre de Cents Ans contre les
Anglais, de 1337 – 1453). Décadence de la chevalerie avec une armée que
ne s´adapte pas aux nouvelles conditions de guerre et reste trop lourdement
armée.
 Émergence d´un sentiment national incarné par Jean d´Arc (brulée par les
Anglais a Rouen, 1431).
 Louis XI LE ROI BOURGEOIS. Il s´appuie sur cette nouvelle force qui
émerge. Ses apparences se rapprochent plus d´un marchand que d´un
chevalier. Le calcul politique remplace l´héroïsme guerrier.
SOCIÉTÉ
 Laguerre de Cents Ans laisse la France dévastée. Des nombreux villages
sont abandonnés, les terres ne sont pas cultivées. Dans les ports il n ´y a
pas de navires. Le commerce est paralysé par un temps. Comme la
bourgeoisie n´est pas en décadence, elle devint le moteur de ce nouveau
Moyen Age : de nouveaux courants d´échanges ne tardent pas à se
recréer.
DES GRANDS BOURGEOIS : Lyon, Marseille, Bourges.
ART :
 LE GOTHIQUE FLAMBOYANT : L´art gothique du XIII devient plus délicat,
il cherche à plaire plus qu´à s´imposer par sa force. L´Italie, nœud de tous
les grands axes de circulation, devient la région la plus riche de l´Europe.
Les arts sont y florissants.

3. LITTÉRATURE
POESIE
 Période de richesse poétique. Période de grands rhétoriqueurs.
XIIIs. Les poètes suivent son propre rythme.
XIV/XVs. Ils suivent les règles définies à l´avance : la rhétorique.
Christine de Pisan Charles d´Orléans
Villon François
Cette poésie acquiert des formes difficiles (ex. la BALLADE)
THÉATRE
Le sacré et le comique sont les deux domaines du théâtre, surtout au XVs.
La littérature dramatique devient la plus populaire. Les représentation ont
lieu en plein air, à l´occasion des fêtes ; on édifie pour la circonstance une
scène, soit sur la place publique, soit sur le parvis des églises. Des décors
multiples. Les rôles sont joués seulement par des hommes.
T. RÉLIGIEUX : derniers jours.
T. COMIQUE : se diversifié. Ex. La farce de maitre Pathelin.
LITTERATURE HISTORIQUE
Il y a une importante littérature historique due aux événements tragiques.
Multiplication des sources d´information, y inclut le reportage. Ex
Chroniques de Froissant couvre la période de 1325 à 1400. Mémoires de
Commynes, sa valeur est due qu´il a participé aux événements qu´il
raconte. Conseilleur du duc de Bourgogne, il considère les événements
subtils de négociation diplomatique.
LA NOUVELLE EN PROSE
La nouvelle en prose se développe en dépit du roman. Elle est plus
réaliste, plus vive et plus courte.

4. La structure interne
LA BALLADE DES PERDUS
1. Frères humains, qui après nous vivez, a
N'ayez les cœurs contre nous endurcis, b
Car, si pitié de nous pauvres avez, a
Dieu en aura plus tôt de vous mercis. b
5. Vous nous voyez ci attachés, cinq, six: b
Quant à la chair, que trop avons nourrie, c
Elle est piéça dévorée et pourrie, c
Et nous, les os, devenons cendre et poudre. e
De notre mal personne ne s'en rie; c
10. Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre! e
Si frères vous clamons, pas n'en devez a
Avoir dédain, quoique fûmes occis b
Par justice. Toutefois, vous savez a
Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis. b
15. Excusez-nous, puisque sommes transis, b
Envers le fils de la Vierge Marie, c
Que sa grâce ne soit pour nous tarie, c
Nous préservant de l'infernale foudre. e
Nous sommes morts, âme ne nous harie, c
20. Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre! e
La pluie nous a débués et lavés, a
Et le soleil desséchés et noircis. b
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés, a
Et arraché la barbe et les sourcils. b
25. Jamais nul temps nous ne sommes assis b
Puis çà, puis là, comme le vent varie, c
A son plaisir sans cesser nous charrie, c
Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre. e
Deux rimesembrasées
Ababb
/ve/ /si/
Ccece
/ri/ /udR/
Les deux rimes(ababb–ccece )se
répètentdansladeuxième et
troisième strophe.
La demie- strophe(l´envoi) reprend
seulementladeuxièmerime ( ccece).

5. Ne soyez donc de notre confrérie; c
30. Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre! e
Prince Jésus, qui sur tous a maistrie, c
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie: c
A lui n'ayons que faire ne que soudre. e
Hommes, ici n'a point de moquerie; c
35. Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre! e
Il s'agit d'une grande ballade (3 dizains, 1 quintil, vers décasyllabiques)
Tous les vers du poème comportent 10 syllabes (décasyllabes).
Répétition du dernier vers dans chaque strophe (car c'est une Ballade).
Les trois premières strophes comportent 10 vers et sont suivies d'un envoi de 5
vers.
Les rimes reviennent aux mêmes endroits dans chacune des strophes.

6. FIGURES DE STYLE
Frères humains, qui après nous vivez,
N'ayez les cœurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés, cinq, six:
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s'en rie;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre!
Si frères vous clamons, pas n'en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis.
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l'infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre!
La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d'oiseauxque dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre!
Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie:
A lui n'ayons que faire ne que soudre.
Hommes, ici n'a point de moquerie;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre!
Antithèse

7. Le sens
Frères humains, qui après nous vivez,
N'ayez les cœurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés, cinq, six:
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s'en rie;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre!
Si frères vous clamons, pas n'en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis.
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l'infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre!
La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d'oiseauxque dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre!
Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie:
A lui n'ayons que faire ne que soudre.
Hommes, ici n'a point de moquerie;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre!
Villonannonce àqui estadresse le message
despendus. Ilsse dirigentaffectueusement
aux vivants ;surtoutà ceux qui se trouvent
devantlespendus. Ilsleurdemandentde la
pitié parce qu´il sontdes pauvrescadavres.
Apres,le jourde leurmort,lesvivantsvont
recevoirde lamiséricorde de Dieu.
Présentation despendus (cinq, six). Après il
introduit les deux point pour commencer à
les caractériser. « La chair que TROP avons
nourries » c´est reconnaitre leur pêche
d´être trop attaché aux choses matérielles.
Apres il annonce la conséquence : la chair
devient dévorée et pourrie. De plus il ne
reste pas ni les os.
Dans la réitérationduderniervers « Mais
priezDieu…»,lespendusremarquent leur
message:Ilsdemandentaux vivantsde prier
pour qu´ilssoientpardonnerparDieu.La
réitération montre que les pendusontde la
peurde l´enferetilsaffirmentque personne
peutse moquerde ce destin.

8. LA BALLADE DES PERDUS
1. Frères humains, qui après nous vivez,
N'ayez les cœurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
5. Vous nous voyez ci attachés, cinq, six:
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s'en rie;
10. Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre!
Si frères vous clamons, pas n'en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis.
15. Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l'infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie,
20. Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre!
La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
25. Jamais nul temps nous ne sommes assis
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie;
30. Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre!

9. Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie:
A lui n'ayons que faire ne que soudre.
Hommes, ici n'a point de moquerie;
35. Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre!