1. MONTES DE OCA SOTELO Guillermo Daniel.
FICHE DE TRAVAIL 1
Le sens des mots reliées aux préfixes et suffixes, une stratégie pour les apprendre.
Objectif
A partir d'un mot simple qui sert de base et que l'on appelle radical, on peut former
de nouveaux mots à l'aide de préfixes et de suffixes. L’analyse morpho syntactique
peut nous aider trouver le sens des mots, donc la sémantique appliquée a l’analyse
peut nous aider identifier le sens des préfixes dans le processus de formation et
dérivation de mots.
L’appellation identifiante est celle de famille de mots. Le procédé de formation est
donc désigné indirectement depuis les liens morphosémantiques qu’il instaure. C’est
la triade terminologique – radical, préfixe, suffixe – qui tout en glosant l’appellation
et en déclinant la nature des liens morphologiques contribue à identifier la dérivation.
La dérivation.
La dérivation est présentée comme un mode de formation qui consiste en une
association ou combinaison de constituants (in-exprim-able, événement-iel pour
donner deux exemples). Étant donné que le mode n’est pas toujours nommé, il est
surtout défini à partir d’une conformation de mot, c’est-à-dire d’une structure de mot.
Par exemple :
– porter, emporter – reporter
– courage, courageux, courageusement
– coutume, accoutumer, accoutumance, désaccoutumer, désaccoutumance.
la nominalisation qui représente un type de rapport dérivationnel (la création d’un
nom par suffixation à partir d’un verbe – préparation par exemple – ou d’un adjectif
– beauté
La différenciation principale semble porter sur la positiondu constituant dans le mot :
position initiale, par exemple, pour le préfixe qui est placé à gauche du radical,
position finale pour le suffixe qui est postposé au radical.
2. Le terme de radical, qui n’est pas commenté, s’il désigne la base minimale une fois
enlevés les affixes, ferait référence à un constituant non-autonome, dont les textes
officiels ne disent pas directement qu’il est porteur d’un sens ou qu’il possède une
valeur dénominative.
Le terme d’affixe désigne une catégorie de formants non-autonomes la plupart du
temps, destinés à entrer en combinaison avec un autre élément support, qui peut
être libre (un mot par exemple : re + jouer, auto + défense) ou non (un radical par
exemple : express + if), ces formants étant dénués de pouvoir référentiel .
Le terme de morphème grammatical ou bien celui de morphème lexical lié,
qu’emploie en particulier Josette Rey-Debove (1998) pour désigner un constituant
lexical sans existence autonome, qui joue un rôle d’intégrant lexical – c’est le cas de
l’affixe –, renvoient à ce fonctionnement.
La conception allie des considérations d’ordre morphologique à des considérations
d’ordre sémantique : en témoignent les références faites au sens des préfixes et des
suffixes.
Un dérivé est donc conçu comme le résultat ou produit d’une association ou
combinaison d’unités atomiques possédant chacune une certaine identité
morphologique et sémantique.
Ces différents savoirs appellent des savoir-faire dont l’exercice dépend pour une
part des premiers : être en mesure d’analyser la structure d’un dérivé, autrement dit
de décomposer ce dernier en unités plus élémentaires.
LA COMPREHENSION DE MOTS EN EST A TRAVERS LA COMPREHENSION
DE LA CONNAISSANCE DU SENS DE MOTS.
L’approche éducatif que j’utiliserai serait que l’élève doit pouvoir « utiliser la
construction d’un mot inconnu pour le comprendre ». C’est l’une des raisons pour
lesquelles également ces textes insistent sur la connaissance du sens de préfixes
et de suffixes.
L’appellation de famille de mots est d’ailleurs emblématique de cette logique.
On peut « grouper/regrouper des mots selon leur radical, selon le sens de leur
préfixe, le sens de leur suffixe », « classer des mots », « construire ou compléter
3. des familles de mots, proposer un ou plusieurs mots de la même famille » ou
« repérer dans des mots nouveaux des radicaux connus.
Une allomorphie affixale, c’est-à-dire l’existence de variantes formelles, peut
notamment venir brouiller les pistes et chahuter des repères installés ou des repères
en cours de construction chez l’élève. Les préfixes dé-, des- et dis-, mé- et mes-, re-
, ré- et r-, les suffixes -tion, -ation et -ition ou -ité et -té par exemple correspondent
chacun aux manifestations concrètes d’un même morphème, c’est-à-dire aux
manifestations de la même unité significative minimale.
MAIS…PAR CONTRE
La décomposition, d’autre part, peut ne pas être parlante. Un défaut de
connaissances à propos d’un radical (insol- par exemple dans le nom insolation, le
radical étant issu du verbe insoler signifiant exposer à la lumière du soleil), un fait
de diachronie, certaines formations parasynthétiques (la création d’un dérivé par
l’adjonction simultanée d’un préfixe et d’un suffixe, le préfixé ou le suffixé
correspondant n’existant pas ; la morphologie des parasynthétiques é-bou-eur, em-
pièce-ment, en-cabl-ure par exemple est peu parlante sur le plan sémantique
comparativement à la morphologie des parasynthétiques in-dispens-able, é-larg-
ir ou en-courag-er par exemple) peuvent notamment compromettre ou bien réduire
la possibilité ainsi que l’efficience sur le plan sémantique d’une analyse
morphologique car le sens ou les sens lexicalisés d’un dérivé ne correspondent pas
toujours strictement ou ne correspondent pas toujours au sens qui peut être déduit
de sa structure interne.
L’action et de structuration sémantiques peuvent être didactisées, lorsque
l’association ou combinaison morphologique peut être perçue d’un point de vue
formel et comporte un certain gradient de compositionnalité sémantique.
ALORS, PEUT ON FAIRE D’ACTIVITÉS ?
Une activité de formulation du sens par l’élève de mots formés par adjonction du
préfixe, les trois à quatre mots choisis, connus à priori des élèves et figurant dans
de courts extraits de texte éclairant le sens des mots
(préhistoire, préscolaire, prénatal, prédécoupé), suivie d’une activité de formulation
du sens du préfixe pré- (antériorité dans le temps ici) peut permettre au cycle 3 de
sensibiliser l’élève à l’action sémantique qu’exerce un préfixe sur le radical pour
créer un nouveau sens à partir du sens du radical. Le fait d’examiner plusieurs mots
4. permet davantage de montrer qu’un préfixe a un sens que l’on peut relativement
isoler et que le sens des mots formés nait du contact du sens respectif du préfixe et
du radical.
Faire une activité de confrontation du sens du radical avec le sens des différents
suffixés peut constituer une voie de mise en évidence de l’interaction sémantique
produite cette fois par l’ajout d’un suffixe. Une telle activité de confrontation
nécessite des préalables : la décomposition des mots en radicaux et suffixes,
l’indication de la classe grammaticale d’appartenance (adjectifs et noms ici) mise en
relation avec la forme du suffixe, la compréhension du sens des mots qui serait mal
connu ou inconnu des élèves, la proposition par l’enseignant et/ou les élèves d’une
phrase exemple (voire deux) d’emploi de chacun des mots.
Références :
FLORENCE CHARLES (2014) « Préfixe, suffixe, mots de la même
famille… », Repères, 49 | 2014, 92-113.
REY-DEBOVE J. (1998). La linguistique du signe. Une approche sémiotique du
langage. Paris : Armand Colin
HUOT H. (2001). Morphologie : forme et sens des mots du français. Paris : Armand
Colin.