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MAROC
RAPPORT DES SERVICES DU FMI POUR LES
CONSULTATIONS DE 2011 AU TITRE DE L’ARTICLE IV
Le 19 septembre 2011
PRINCIPAUX POINTS
Toile de fond : Après plusieurs années de politiques macroéconomiques et de réformes
politiques avisées, le Maroc était bien équipé pour affronter la crise internationale de 2008
et répondre aux demandes sociales pressantes. Dans cette conjoncture difficile, le Maroc a
obtenu de bons résultats économiques et a vu ses indicateurs sociaux s’améliorer.
Perspectives de croissance : Malgré la lenteur de la reprise dans la zone euro, principal
partenaire commercial du Maroc, le PIB global devrait enregistrer une croissance de l’ordre
de 4½ à 5 % grâce à une bonne production agricole et aux résultats solides des autres
secteurs, en particulier les services et la consommation intérieure. Le chômage se chiffre à
environ 9 %, mais il reste élevé dans les villes et parmi les jeunes. Le principal enjeu à
moyen terme consiste à assurer une croissance élevée du PIB réel de manière à réduire le
chômage et à améliorer le niveau de vie. Une croissance lente en Europe pourrait peser sur
l’activité économique et assombrir les perspectives du pays.
Reprise du rééquilibrage des finances publiques : La conduite de politiques prudentes
pendant les années antérieures ont permis au pays de dégager une marge de manœuvre
financière pour faire face à la crise internationale et à ses conséquences. En 2011, les
autorités ont répondu aux demandes sociales en relevant les salaires du secteur public et
en recourant massivement aux subventions pour maintenir les prix de l’énergie et de
certaines denrées alimentaires à un niveau stable. S’il existe bien un espace budgétaire à
court terme pour soutenir le processus de réforme politique et assurer la cohésion sociale,
à partir de 2012 le Maroc devra adopter d’importantes mesures budgétaires, dont en
particulier une réforme du système de subventions généralisées, pour assurer la viabilité à
moyen terme des finances publiques. La réforme des subventions sera politiquement
difficile à mettre en œuvre, mais les autorités sont déterminées à faire en sorte que les
subventions soient mieux ciblées, à en ramener le coût à 3 % du PIB et à réduire la masse
salariale du secteur public à 10 % du PIB à moyen terme.
Poursuite du développement du secteur financier : Le secteur financier a atteint une
taille importante, mais davantage de ressources intérieures doivent être mobilisées pour
soutenir la croissance du crédit. Le budget étant financé sur ressources intérieures, il
pourrait y avoir un risque d’éviction des investisseurs privés. Les autorités ont pris des
mesures importantes pour encourager l’intermédiation financière, l’épargne et les nouveaux
produits financiers. Le financement des banques marocaines, qui comprend le financement
des filiales étrangères, repose essentiellement sur les dépôts marocains en dirhams, ce qui
pourrait contribuer à limiter les risques liés au resserrement de l’offre de liquidités sur le
marché monétaire de la zone euro.
Amélioration de la productivité : Il est indispensable d’approfondir les réformes
structurelles pour rehausser la productivité du Maroc. Le gouvernement a lancé des
réformes pour améliorer le climat des affaires et les indicateurs sociaux de manière à
accroître le potentiel de croissance tout en réduisant le chômage.
3. RAPPORT POUR LES CONSULTATIONS DE 2011 AU TITRE DE L’ARTICLE IV MAROC
Approuvé par Les entretiens ont eu lieu à Rabat du 7 au 18 juillet 2011. L’équipe du
Ratna Sahay et FMI était composée de Mme Alonso-Gamo (chef), Mme Sab et
Thomas Dorsey MM. Furceri, Gijon, Veyrune (tous du Département Moyen-Orient et
Asie centrale) et de Mme Funke (Département des finances publiques).
TABLES DES MATIÈRES
INTRODUCTION __________________________________________________________________________________ 4
ÉVOLUTION RÉCENTE ET PERSPECTIVES _______________________________________________________ 4
PERSPECTIVES À MOYEN TERME _______________________________________________________________ 6
ENTRETIENS SUR LA POLITIQUE ÉCONOMIQUE _______________________________________________ 7
A. Maintien de la viabilité budgétaire dans le contexte des défis sociaux et politiques ____________7
B. Cadre de politique monétaire en transition____________________________________________________ 10
C. Mobilisation de ressources et amélioration de la gestion des actifs et passifs — les défis
auxquels sont confrontées les banques après une période de surabondance de liquidités ______ 11
D. Réformes sociales et structurelles _____________________________________________________________ 12
ÉVALUATION PAR LES SERVICES DU FMI______________________________________________________ 13
TABLEAUX
1. Principaux indicateurs économiques, 2009-16 _________________________________________________ 30
2. Finances de l'administration centrale, 2009–16_______________________________________________ 31
3. Finances de l'administration centrale (en pourcentage du PIB), 2009–16_____________________ 32
4. Balance des paiements, 2009–16 ______________________________________________________________ 33
5. Situation monétaire, 2006–12________________________________________________________________ 34
6. Indicateurs de solidité financière du secteur bancaire, 2005–mars 2011 ______________________ 35
7. Principaux indicateurs sociaux, 2000–09 _______________________________________________________ 36
8. Cadre de viabilité de la dette extérieure, 2006–16 _____________________________________________ 37
9. Cadre de viabilité de la dette du secteur public, 2006–16 _____________________________________ 38
GRAPHIQUES
1. Évolution réelle et extérieure__________________________________________________________________22
2. Évolution du budget et des marchés financiers_______________________________________________ 23
3. Évolution monétaire et du secteur financier ___________________________________________________ 24
4. Facteurs autonomes, liquidité systémique et taux d'intérêt de référence______________________ 25
5. Indices du taux de change effectif réel et compétitivité _______________________________________ 26
2 FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL
4. MAROC RAPPORT POUR LES CONSULTATIONS DE 2011 AU TITRE DE L’ARTICLE IV
6. Comparaisons des indicateurs sociaux entre pays _____________________________________________ 27
7. Viabilité de la dette extérieure – tests paramétrés _____________________________________________ 28
8. Viabilité de la dette publique – tests paramétrés ______________________________________________ 29
ENCADRÉS
1. L'investissement pourrait-il stimuler davantage la croissance? ________________________________ 16
2. La contribution de l’OCP à l’économie marocaine _____________________________________________ 17
3. Scénario de dégradation des finances publiques : principaux indicateurs macroéconomiques 18
4. Gestion des actifs et des passifs des banques et défis de la mobilisation de ressources ______ 19
5. Attractivité pour l’IDE et climat des affaires ____________________________________________________ 20
6. Subventions____________________________________________________________________________________ 21
ANNEXE
I. Adaptation de la présentation du budget au GFS2001 _________________________________________ 39
FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL 3
5. RAPPORT POUR LES CONSULTATIONS DE 2011 AU TITRE DE L’ARTICLE IV MAROC
INTRODUCTION
1. Le Maroc a fait face avec succès aux croissance du PIB qui aidera à réduire le
grands défis engendrés par la crise chômage et à rehausser le niveau de vie
mondiale. Après plusieurs années de tout en assurant la viabilité à moyen terme
politiques macroéconomiques et de réformes des finances publiques. Depuis le début
politiques avisées, le Maroc était bien équipé de 2011, le repli de la croissance chez les
pour affronter la crise internationale de 2008 principaux partenaires commerciaux du Maroc
et répondre aux demandes sociales qui se sont a compliqué l’action des autorités. En 2011, le
exprimées lors du Printemps arabe. Dans cette gouvernement marocain a commencé à mettre
conjoncture difficile, le Maroc a obtenu de en œuvre des politiques de court terme visant
bons résultats économiques et a vu ses à répondre aux demandes sociales, mais
indicateurs sociaux s’améliorer. en 2012 il a l’intention de commencer à
redéployer et réduire les dépenses publiques
2. Les perspectives économiques à de manière à assurer la viabilité budgétaire
moyen terme demeurent en général tout en promouvant une croissance solidaire et
favorables, mais le principal défi pour le durable à moyen terme (encadré 1).
Maroc reste de parvenir à un taux de
ÉVOLUTION RÉCENTE ET PERSPECTIVES
3. Pour répondre aux demandes consultation avec le secteur privé — à
sociales, le gouvernement marocain entend améliorer le climat des affaires. Ces actions
procéder à de profondes réformes devraient rehausser le niveau de vie tout en
constitutionnelles et politiques, et il a accru renforçant la croissance potentielle. Des
en 2011 les dépenses consacrées aux élections parlementaires sont prévues en
subventions, aux salaires et aux retraites. Il novembre 2011.
s’agit de faire en sorte que le système
politique évolue vers une monarchie 4. Les résultats économiques récents
constitutionnelle, de mettre en place le cadre du Maroc sont globalement favorables :
institutionnel nécessaire pour permettre une
Forte progression du PIB non agricole :
plus grande participation de la population à la
le PIB non agricole a progressé de 4,5 %
vie politique, de promouvoir l’égalité sur le
en 2010, contre 1 % environ en 2009, sous
plan social, entre les femmes et les hommes, et
l’effet de la reprise dans certains pays de la
entre les régions, et d’accroître la transparence
zone euro, principaux partenaires
et la responsabilisation. Ces réformes ont reçu
commerciaux du Maroc, et de la hausse de
un soutien massif lors d’un référendum tenu le
la demande de phosphates émanant de
1er juillet 2011. Le gouvernement prévoit
pays en dehors de l’Union européenne.
l’adoption de lois additionnelles pour asseoir
Cependant, en raison d’une contraction de
les nouvelles dispositions constitutionnelles,
la production agricole, qui compte pour
notamment des mesures visant à assurer la
13 % à 17 % du PIB, le PIB réel global n’a
viabilité des finances publiques et — en
4 FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL
6. MAROC RAPPORT POUR LES CONSULTATIONS DE 2011 AU TITRE DE L’ARTICLE IV
augmenté que de 3,7 % en 2010. La L’évolution défavorable des termes de
croissance du PIB devrait être bien plus l’échange a causé une légère dégradation
forte en 2011 et s’établir autour de 4½- des comptes extérieurs. Le déficit extérieur
5 %, soit un des taux les plus élevés de la courant pourrait atteindre environ 5 % du
région, grâce à la croissance soutenue des PIB fin 2011. Bien que les exportations
secteurs autres que l’agriculture, en marocaines, notamment le phosphate et
particulier celui des services — y compris ses dérivés, aient affiché de bons résultats
le tourisme — ainsi que de la et que les envois de fonds des Marocains
consommation intérieure privée et vivant à l’étranger ainsi que les recettes du
publique, et à un rebond de la production tourisme — malgré l’attentat terroriste de
agricole (tableau 1, graphique 1). Les Marrakech le 28 avril — aient augmenté,
projections des autorités font état d’une cela ne suffira peut-être pas à compenser
croissance de 4,8 % du PIB en 2011. entièrement l’accroissement des
importations consécutif à la hausse des
L’inflation demeure faible et bien maîtrisée. prix internationaux de l’alimentation et du
En 2010, l’inflation moyenne pour la pétrole. En outre, les effets négatifs de la
période est restée à 1 %. En 2011, la baisse détérioration des termes de l’échange ont
des prix alimentaires intérieurs — été amplifiés par le maintien des prix du
consécutive à l’augmentation de l’offre pétrole et de certaines denrées
locale de denrées alimentaires — et les alimentaires à un niveau stable au moyen
subventions en place, qui ont empêché de subventions massives, qui ont empêché
que la hausse des prix internationaux et les le jeu normal des effets de substitution
effets secondaires de la revalorisation des dans les décisions des consommateurs. Les
salaires publics ne suscitent des tensions réserves internationales brutes devraient
inflationnistes, devraient aider à limiter la avoir légèrement diminué fin 2011, tout en
montée de l’inflation moyenne à environ restant à un niveau confortable, à savoir
1½ % (tableau 1). cinq mois d’importations de biens et de
services (tableau 4).
La forte augmentation des dépenses a
pour effet de creuser le déficit budgétaire. Le crédit a continué de croître tandis que
Celui-ci pourrait atteindre 5½ % à 6 % du les liquidités diminuaient. Le crédit à
PIB en raison d’une hausse des dépenses l’économie s’est accru de 7,4 % en 2010,
équivalente à 3 % du PIB par rapport au après une progression de 10,9 % en 2009.
budget 2011, qui est due surtout à Pendant les cinq premiers mois de 2011, la
l’accroissement des dépenses engagées croissance du crédit a ralenti et les dépôts
pour compenser la hausse des prix des ont légèrement diminué, tandis que les
produits pétroliers et de certaines denrées ressources des banques s’appuyaient sur la
alimentaires (tableaux 2 et 3, graphique 2, mobilisation des certificats de dépôt. Les
encadré 6), et ce en dépit des mesures liquidités systémiques se sont contractées
vigoureuses qui ont été prises en du fait que les avoirs étrangers ont baissé
contrepartie pour limiter les dépenses et que la monnaie en circulation a
dans d’autres domaines. augmenté plus que d’habitude. Les
services du FMI s’attendent à une
FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL 5
7. RAPPORT POUR LES CONSULTATIONS DE 2011 AU TITRE DE L’ARTICLE IV MAROC
progression de 6,2 % du crédit en 2011, diminuer les recettes du tourisme,
alors que, d’après les projections des l’investissement direct étranger (IDE) et les
autorités, la hausse serait de 8 % pour échanges commerciaux. Les réformes
l’année (tableau 5, graphique 3). politiques en cours, notamment les
changements apportés récemment à la
Les risques de décélération à court terme constitution et les élections prochaines,
de l’activité économique sont liés aux devraient contribuer à atténuer les risques
résultats économiques des pays européens politiques. Le gouvernement pourrait aussi
partenaires, à l’évolution des prix de opter pour de nouvelles dépenses sociales,
l’alimentation et de l’énergie, et à en plus de celles qui sont déjà en place, ce
l’évolution de la situation politique au qui pourrait avoir un effet défavorable sur
niveau régional. Les retombées d’une les finances publiques, la dynamique de la
croissance léthargique dans les pays dette et les liquidités. Quant aux influences
européens partenaires et/ou une positives, le Maroc bénéficierait de la
aggravation de l’instabilité régionale hausse des prix des phosphates
pourraient influer sur l’activité économique (encadré 2).
et la balance des paiements en faisant
PERSPECTIVES À MOYEN TERME
5. La reprise économique mondiale la stabilité macroéconomique se maintienne et
en 2010 a, dans une certaine mesure, que les réformes structurelles prévues soient
soutenu la croissance du Maroc, mais de mises en œuvre. À cette fin, les autorités
nouveaux risques sont apparus en 2011. Le entendent ramener le déficit budgétaire à
ralentissement de la croissance dans plusieurs moyen terme à environ 3 % du PIB, ce qui
pays de la zone euro, principal partenaire devrait faire baisser la dette publique à environ
commercial du Maroc, pourrait peser sur 50 % du PIB à moyen terme. Cela devrait
l’activité économique et assombrir les ralentir le rythme des importations, en
perspectives à moyen terme du pays. En outre, particulier de produits énergétiques et de
la persistance des cours élevés des produits biens de consommation, ce qui pourrait aider
primaires, le contexte régional et l’instabilité à ramener le déficit extérieur courant à environ
financière mondiale font planer des 2½ % du PIB et à dette extérieure en dessous
incertitudes sur les perspectives économiques de 23 % du PIB à l’horizon 2016.
du pays.
6. Le Maroc devrait continuer à
afficher de solides résultats économiques.
Malgré les progrès sur le plan de la
productivité, la croissance devrait rester autour
de 4½-5 % en 2012 en raison des effets du
rééquilibrage budgétaire sur la demande
intérieure. À moyen terme, la croissance
pourrait atteindre 6 %. Il faudra pour cela que
6 FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL
8. MAROC RAPPORT POUR LES CONSULTATIONS DE 2011 AU TITRE DE L’ARTICLE IV
ENTRETIENS SUR LA POLITIQUE ÉCONOMIQUE
A. Maintien de la viabilité budgétaire dans le contexte des défis sociaux et
politiques
7. Au cours de l’exercice 2011 et à la 8. En même temps, les autorités ont
suite de troubles à l’intérieur du pays, les pris d’importantes mesures compensatoires
autorités ont accru les dépenses publiques qui aideront à contenir le déficit budgétaire
dans certains domaines. Pour maintenir au autour de 5,7 % du PIB. Les efforts ont été
même niveau les prix de certains produits intensifiés du côté des recettes et la
alimentaires et de l’énergie alors que les cours perception de recettes plus élevées que prévu
internationaux des produits primaires sont en au budget pendant le premier semestre
hausse, les autorités devront avoir recours à de 2011 — essentiellement sous forme
des subventions représentant environ 5½ % d’impôts indirects — devrait se poursuivre au
du PIB en 2011, taux très supérieur au taux second semestre. Cela devrait se traduire par
estimatif de 2,1 % du PIB sur lequel se fonde le une amélioration de 1 % du PIB des recettes
budget 2011. De plus, tous les salaires de la par rapport au budget 2011. Malgré la mise en
fonction publique ont été relevés du montant œuvre de la troisième phase de la réforme de
modique d’environ 75 dollars EU, ce qui l’impôt sur le revenu, notamment en ce qui
devrait accroître la masse salariale de 0,2 % du concerne le relèvement du seuil d’imposition,
PIB et la porter à 10,7 % du PIB en 2011. les tranches d’imposition et la baisse des taux
L’augmentation salariale avait été d’imposition, on s’attend maintenant à ce que
partiellement intégrée dans le budget 2011, ce les efforts accrus du côté des recettes laissent
qui explique que cette mesure n’ait qu’un pratiquement inchangé, à 25 % du PIB, le
impact additionnel limité sur les résultats niveau des recettes totales par rapport à 2010.
de 2011. D’autres mesures décidées par les En ce qui concerne les dépenses, toutes les
autorités, telles que l’accélération des entités budgétaires ont été invitées à
promotions dans la fonction publique et une économiser 10 % des enveloppes allouées
revalorisation du salaire minimum, ne pour plusieurs postes de dépenses courantes
devraient pas influer négativement sur les non essentielles. En outre, les transferts prévus
résultats budgétaires de 2011. Le relèvement au budget en faveur de plusieurs entités
général de la prestation de retraite minimum publiques qui ont un excédent de trésorerie
pèsera sur le système de retraite obligatoire, seront réduits sans que cela ne nuise à leur
qui pourrait à son tour avoir besoin de capacité de dépense. Ces deux mesures
transferts publics non encore quantifiés au devraient permettre de réaliser des économies
cours des années à venir. Globalement, ces d’un peu plus de 1 % du PIB par rapport au
mesures devraient, d’après les projections, budget 2011. Le coût des élections prévues en
accroître les dépenses de 2½ % du PIB par novembre sera absorbé par l’enveloppe
rapport au budget 2011. budgétaire existante. Les services du FMI ont
souligné qu’il n’existerait aucune marge pour
accroître les dépenses au titre de
FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL 7
9. RAPPORT POUR LES CONSULTATIONS DE 2011 AU TITRE DE L’ARTICLE IV MAROC
l’exercice 2011. Globalement, les mesures bénéficieront de la reprise économique et
compensatoires du côté des recettes et des augmenteront leur contribution au budget.
dépenses équivaudraient à 2 % du PIB, ce qui La mission a suggéré aux autorités de
limite l’aggravation attendue du déficit revenir sur la réforme envisagée de la TVA
budgétaire à 1½ % du PIB par rapport au — en ramenant le nombre de taux de
budget 2011. quatre à deux — afin de maintenir les
recettes à leur niveau actuel ou de les faire
9. Les autorités sont convenues que, augmenter. Ces réformes, entre autres,
après avoir contenu l'expansion budgétaire permettraient de maintenir les recettes à
en 2011, un plan solide de rééquilibrage des leur niveau actuel, voire de les accroître,
finances publiques s'imposait pour 2012 et malgré la perte de recettes douanières
à moyen terme pour garantir la viabilité engendrée par la poursuite de la
budgétaire. Pour rééquilibrer les finances libéralisation des échanges commerciaux.
publiques — c’est-à-dire réduire le déficit
budgétaire de manière à maintenir la dette Contenir les dépenses. La réforme de la
publique à un niveau viable — il conviendrait à fonction publique améliorerait l'efficacité
la fois d’accroître les recettes et de contenir les des dépenses et aiderait aussi à ramener la
dépenses. Conformément à l'article 77 de la masse salariale en dessous de 10 % du PIB,
nouvelle constitution et du projet de loi conformément à l'objectif des autorités. En
organique sur le budget, qui pose le principe outre, une réforme des subventions
de la préservation de la stabilité budgétaire, énergétiques — visant à remplacer les
les autorités ont l'intention de ramener le subventions universelles par des transferts
déficit à environ 3 % du PIB à moyen terme. ciblés — est envisagée. Une réforme de
Cela serait compatible avec l'évolution cette nature pourrait grandement réduire
progressive du ratio dette/PIB vers un niveau la charge que ces subventions font peser
d'environ 50 % (tableau 9). En l'absence sur le budget et éliminer la vulnérabilité
d'actions correctrices, le déficit budgétaire des finances publiques à l'égard des
pourrait atteindre 6½–7½ % du PIB, auquel marchés mondiaux tout en rationalisant la
cas la dette publique continuera de s'accroître consommation. Les autorités ont insisté sur
(encadré 3). le fait que toute réforme des subventions
serait politiquement difficile. La mission a
10. Pour opérer cet ajustement souligné que pour mener à bien la réforme
budgétaire, les autorités ont l'intention de des subventions, il faudra vaincre la
reprendre en l’accélérant la mise en œuvre résistance du public et de la classe
des réformes suivantes : politique grâce à un ciblage adéquat ainsi
qu’à une stratégie de communication bien
Accroître les recettes. Les autorités ont
conçue et bien appliquée. Étant donné que
l’intention d'intensifier leurs efforts de
les réformes prennent du temps, un
mobilisation des recettes : (i) en élargissant
mécanisme permettant l’ajustement
la base d'imposition et (ii) en améliorant
progressif des prix pourrait être institué à
l'administration des recettes. Les recettes
titre temporaire pendant la mise en place
non fiscales devraient aussi s'améliorer
d'une réforme plus globale.
dans la mesure où les entreprises d'État
8 FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL
10. MAROC RAPPORT POUR LES CONSULTATIONS DE 2011 AU TITRE DE L’ARTICLE IV
Rehausser l'efficacité des dépenses. Les réserves en 2014. Les deux autres
autorités ont aussi l'intention de rendre principaux régimes de retraites
l'investissement public plus efficace en obligatoires auront un peu plus de temps
améliorant le processus de sélection des devant eux, mais ils finiront par se
projets et en laissant davantage de place à retrouver dans une situation où les
l'investissement privé, notamment dans les prestations dépasseront les cotisations.
infrastructures. Ajouté à la réforme des Une commission technique a proposé une
subventions, cela dégagerait de quoi réforme en deux temps : premièrement,
réaliser des dépenses sociales qui une réforme des paramètres, notamment
porteraient sur l’accès universel aux une augmentation progressive de l’âge de
services de santé et à l’éducation1. La la retraite et des cotisations, avec une
mission a fait observer que la participation révision du salaire de base utilisé pour
du secteur privé aux investissements calculer la retraite, donnerait aux fonds de
publics — par exemple dans le cadre de pensions quelques années
partenariats public-privé (PPP) — nécessite supplémentaires de viabilité financière.
un cadre juridique et institutionnel solide Deuxièmement, une réforme globale visant
de manière à permettre une gestion à élargir la couverture du système de
adéquate des risques budgétaires que retraite2 et à mettre en place un système à
comportent les arrangements de cette plusieurs piliers, avec une retraite de base
nature. Les autorités ont l’intention de reposant sur un régime par répartition, un
mettre en place un cadre en se fondant sur régime obligatoire et un régime facultatif
l’expérience des premiers projets à venir. par capitalisation intégrale2. La mission a
Compte tenu du manque d’expérience des souligné que, hormis la retraite de base,
PPP dans l’administration publique, cette tous les régimes devaient être conçus de
approche pourrait être risquée si les manière à être entièrement capitalisés
premiers projets ont de lourdes pour en assurer la viabilité future.
implications budgétaires, comme cela
pourrait être le cas s’ils comportent des
engagements conditionnels.
Garantir la viabilité du système public de
retraite obligatoire. D’après les dernières
projections actuarielles, les régimes publics
de retraite obligatoires devront bientôt
entamer leur capital pour financer les
prestations de retraite. La Caisse
marocaine des retraites, qui gère les
retraites des fonctionnaires et des
militaires, commencera à entamer ses
1 2
Des statistiques descriptives des indicateurs sociaux Selon l’OIT, 26 % seulement de la population active
figurent au graphique 6 et au tableau 7. sont actuellement couverts par le régime de retraite.
FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL 9
11. RAPPORT POUR LES CONSULTATIONS DE 2011 AU TITRE DE L’ARTICLE IV MAROC
B. Cadre de politique monétaire en transition
11. La politique monétaire a maintenu pour contrer les risques de liquidité dans le
l’inflation à des niveaux conformes aux contexte actuel de resserrement des liquidités.
objectifs fixés par la Bank Al-Maghrib
(BAM). La BAM évalue les risques d’inflation 13. Les autorités envisagent d’adopter à
en se fondant sur de multiples critères et terme un système de ciblage plus formel de
cherche à influer sur le taux d’intérêt à un jour l’inflation et, en parallèle, un taux de
(cible opérationnelle) pour contrer les risques change plus souple. Les services du FMI
inflationnistes tout en maintenant le taux de considèrent que la BAM possède
change fixe et un contrôle partiel des l’indépendance, les compétences, les
mouvements de capitaux. L’inflation sous- ressources techniques, la panoplie
jacente est restée inférieure à 2 % depuis le d’instruments et le niveau de réserves de
début de 2009 et la hausse des prix change dont elle a besoin pour passer à un
internationaux de certains produits n’a pas été système de ciblage de l’inflation et à un taux
répercutée, ce qui a aussi contribué à de change plus souple. La gestion des risques
maintenir basse l’inflation globale. par le biais de la supervision bancaire est
efficace et les engagements en devises sont
12. La gestion efficiente des liquidités peu élevés. Les services du FMI estiment qu’un
par la BAM a aidé à maintenir le taux taux de change plus souple réduirait le besoin
d’intérêt à un jour proche de son niveau de de modifier fréquemment le coefficient de
référence. La BAM a ciblé assez précisément réserves obligatoires et éliminerait l’obligation
les besoins de liquidités des banques pour de compenser les flux de capitaux auxquels
maintenir le taux d’intérêt à un jour proche de peut donner lieu, dans un régime de change
son niveau de référence, qui est fixé à 3,25 % fixe, une modification de la politique de taux
depuis mars 2009. Face à la baisse prononcée d’intérêt. Les autorités ont toutefois souligné
des liquidités systémiques consécutive à la — et les services du FMI partagent leur point
diminution des réserves officielles, la BAM a de vue — que le moment pour agir dans ce
abaissé en cinq étapes le coefficient de sens doit être bien choisi, car le passage à un
réserves de 16½ % à 6 % et retiré le 21 taux de change souple suppose que des
avril 2011 les comptes d'épargne sur livret de mesures soient adoptées pour assurer la
l’assiette des réserves afin d’alléger les viabilité budgétaire, en particulier la réforme
pressions sur le marché interbancaire. du système de subventions universelles, et
Cependant, la position de liquidité structurelle pour éviter de compromettre la stabilité
des banques s’étant fortement dégradée, la financière. À court terme, il serait possible de
BAM a aussi dû porter ses refinancements à développer davantage le marché des changes
5 % des dépôts bancaires fin juillet 2011. Les en faisant passer la marge de la banque
services du FMI considèrent que les possibilités centrale de 0,6 % à au moins 2 % (la norme du
sont désormais limitées de réduire encore le FMI pour les régimes classiques de change
coefficient de réserves, car les autorités fixe) afin d’encourager le développement des
doivent veiller à ce que les banques gardent transactions de change entre banques.
suffisamment de réserves à la banque centrale
10 FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL
12. MAROC RAPPORT POUR LES CONSULTATIONS DE 2011 AU TITRE DE L’ARTICLE IV
14. Un taux de change plus souple réel s’est déprécié d’environ 4 % en 2010 — les
rehausserait aussi la compétitivité. D’après services du FMI pensent que l’évolution
l’analyse par les services du FMI du taux de tendancielle du compte extérieur courant
change réel du Maroc, qui est fondée sur les depuis 2007 pourrait indiquer une certaine
trois méthodologies du Groupe consultatif sur érosion de la compétitivité extérieure de
les taux de change (CGER), l’écart par rapport l’économie marocaine (graphique 5). Les
au taux d’équilibre varie considérablement services du FMI estiment que l’amélioration de
selon la méthodologie employée, puisqu’il va la compétitivité, moyennant d’ambitieuses
de –8 % à 23 %. Il convient donc d’interpréter réformes structurelles et le passage à terme à
les résultats avec prudence. Cependant — et un régime de change plus souple, demeure
malgré le fait que le taux de change effectif une priorité importante.
C. Mobilisation de ressources et amélioration de la gestion des actifs et
passifs — les défis auxquels sont confrontées les banques après une période
de surabondance de liquidités
15. Le secteur financier du Maroc s'est étrangères, repose essentiellement sur les
considérablement développé, mais il aurait dépôts en dirhams des Marocains, tandis que
besoin de ressources additionnelles pour le financement de gros en devises et les
soutenir le développement financier et une besoins de refinancement extérieurs sont
croissance adéquate du crédit. Le secteur limités, ce qui réduit le risque lié aux difficultés
bancaire a aujourd’hui une taille importante, que connaît le marché monétaire de la zone
puisqu'il représente plus de 110 % du PIB, et il euro.
est soutenu par les dépôts de Marocains
résidant à l'étranger et la constitution de 16. La politique de renforcement des
réseaux bancaires en Afrique par les banques fonds propres de base a généralement
marocaines. La bourse de Casablanca est l'une porté ses fruits, mais les efforts doivent être
des plus capitalisées et diversifiées, en termes poursuivis pour accroître encore le capital
de secteurs, en Afrique. Les autorités ont de certains établissements. Le ratio de
publié le statut de «Casablanca Finance City» solvabilité du système a atteint 12,3 %
en décembre 2010 et nommé le «Moroccan fins 2010, contre 11,8 % en 2009, et les
Financial Board», entité chargée de piloter la créances douteuses ont diminué régulièrement
promotion de Casablanca en tant que place pour s'établir à 4,8 % du total des crédits
financière internationale (et régionale). Les en 2010, contre 6,1 % en 2008 (tableau 6). Cela
autorités ont pris des mesures pour dit, la qualité du crédit semble s’être quelque
encourager la bancarisation et l’épargne afin peu détériorée depuis 2009, comme le
de soutenir la mobilisation des dépôts suggère l'augmentation du coût du risque
bancaires, qui a ralenti, et de développer les en 2009–10 et la légère hausse de la
marchés de manière à faciliter la gestion des proportion de créances douteuses pendant les
actifs et passifs des banques, dont les taux cinq premiers mois de 2011. Le renforcement
d’emploi dépassent 100% en moyenne des fonds propres de base sera poursuivi, en
(encadré 4). Le financement des banques particulier pour les établissements qui n’ont
marocaines, y compris pour leurs filiales pas atteint le seuil de 9% des risques fixé
FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL 11
13. RAPPORT POUR LES CONSULTATIONS DE 2011 AU TITRE DE L’ARTICLE IV MAROC
comme cible par la BAM. Bien que la liés à leurs engagements relativement élevés
solvabilité des banques semble solide au par rapport aux fonds propres de base
regard des normes internationales, les services (tableau 6) et aux filiales des banques
du FMI estiment que la BAM devrait continuer marocaines à l’étranger.
à encourager les banques à renforcer leurs
fonds propres de base (fonds propres
ordinaires et réserves) en raison des risques
D. Réformes sociales et structurelles
17. Les autorités poursuivent leurs essentielle. La réforme du Code du travail
efforts pour mettre en œuvre un en 2004 a introduit davantage de flexibilité à
programme ambitieux de réformes cet égard ainsi qu'une meilleure
structurelles afin de rehausser la réglementation, notamment en ce qui
compétitivité de l'économie. Les résultats concerne le temps de travail, le droit de grève
économiques favorables de ces dix dernières ainsi que la représentation syndicale et les
années sont largement attribuables aux négociations collectives. Cependant, de
réformes menées dans les secteurs nouvelles réformes visant à réduire les salaires
économiques clé (comme le secteur financier minimums et les coûts d'embauche sont
et les entreprises publiques), et aux efforts indispensables pour faire baisser le chômage
déployés pour améliorer le climat des affaires, des jeunes (cf. document sur les questions
lequel nécessite encore des améliorations. générales — Selected Issues Paper — consacré
Dans ce contexte, les autorités ont institué un à l’emploi).
comité chargé d’accroître la capacité du climat
des affaires à attirer durablement l’IDE 19. Malgré l'amélioration sensible du
(encadré 5). niveau de vie, plusieurs défis demeurent sur
le plan social. Les autorités ont poursuivi les
18. Le chômage a considérablement politiques sociales qui ont aidé à faire reculer
diminué ces dernières années, mais il reste le taux de pauvreté de 7½ % entre 1994
élevé, surtout parmi les jeunes. Le chômage et 2008, tout en améliorant les indicateurs
est passé de 13,4 % en 2000 à 9,1 % en 2009 sociaux (tableau 7). Pourtant, certaines
(tableau 7), mais cette tendance s'est couches de la population demeurent
interrompue en 2009 sous l'effet de la crise socialement et économiquement défavorisées.
mondiale. Le chômage demeure un Les indicateurs de santé — surtout pour les
phénomène urbain. Le niveau d'éducation femmes et les enfants — sont inférieurs à la
moyen des chômeurs est plus élevé que pour normale, l’incidence de la mortalité étant
l'ensemble de la population active, signe des particulièrement élevée. Le taux
difficultés que les diplômés de l'enseignement d'alphabétisation demeure faible par rapport à
secondaire et supérieur éprouvent à trouver un d'autres pays à revenus comparables. En outre,
emploi. En outre, le chômage des jeunes reste bien que l'accès à l'éducation primaire soit
particulièrement élevé et s'est révélé plus universel, deux tiers seulement des enfants de
difficile à résorber. Dans ce contexte, les six à onze ans achèvent le cycle primaire.
réformes visant à accroître la flexibilité du L’Initiative nationale pour le développement
marché du travail revêtent une importance humain couvrant la période 2011–15,
12 FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL
14. MAROC RAPPORT POUR LES CONSULTATIONS DE 2011 AU TITRE DE L’ARTICLE IV
l’extension récente de la couverture médicale rendre le pays plus attrayant pour l’IDE.
aux populations défavorisées et le processus Cependant, la libéralisation du commerce dans
de régionalisation sont autant d’initiatives qui le cadre des accords euro-méditerranéens
ont été mises en place pour lutter contre ces d'association doit encore être renforcée dans
problèmes. la mesure où elle est encore incomplète
puisque de nombreux obstacles continuent
20. À moyen terme, le Maroc pourrait d’entraver l’accès au marché européen, en
aussi bénéficier politiquement et particulier dans le secteur agricole et celui des
économiquement du «statut avancé» qu'il a services.
obtenu de l'UE et qui pourrait faciliter
l'accès au marché du travail européen et
ÉVALUATION PAR LES SERVICES DU FMI
21. Le Maroc affiche de très bons au système de subventions en place, qui est
résultats économiques, mais il doit encore coûteux, très inefficace et inéquitable puisqu'il
affronter d’importants défis. Au cours de la ne permet pas d'aider efficacement les
décennie écoulée, le Maroc a connu une couches les plus défavorisées de la population.
croissance soutenue, grâce à sa politique Un système de subventions bien ciblé serait
macroéconomique prudente et aux réformes moins coûteux et aiderait davantage les
structurelles qu’il a menées à bien. Ces populations pauvres. Étant donné que, compte
résultats l’ont aidé à parvenir à une situation tenu de la hausse des prix des produits de
budgétaire solide tout en réduisant la dette base et des demandes sociales croissantes, les
publique. Cependant, la productivité et le pressions à la hausse des dépenses vont
climat des affaires doivent encore être probablement perdurer, il est essentiel de
améliorés de manière à renforcer le rôle du redéployer les dépenses pour assurer la
secteur privé en tant que moteur d'une viabilité à moyen terme des finances
croissance durable à long terme. Le chômage publiques. Les augmentations de salaires
demeure élevé, en particulier parmi les jeunes, devraient suivre l'évolution de la productivité
d'où la nécessité d'accélérer les réformes et les subventions universelles devraient être
structurelles. remplacées par des transferts ciblés, ce qui
permettrait d'accroître l'efficacité des
22. Pour assurer la viabilité des finances dépenses sociales et de libérer ainsi davantage
publiques à moyen terme, il sera de ressources pour la protection sociale et les
indispensable de contenir les dépenses dépenses de santé et d'éducation. Ces
publiques, au moyen en particulier d’une réformes pourraient être politiquement
réforme du système de subventions difficiles à mettre en œuvre, mais les services
généralisées. L'augmentation des subventions du FMI encouragent vivement les autorités à
et des salaires de la fonction publique en poursuivre leurs efforts pour mener à bien les
réponse aux demandes sociales mettra à mal réformes prévues, y compris, en cas de retards,
l'équilibre des finances publiques à moyen la mise en place d'un mécanisme provisoire
terme. La détérioration de la situation d'ajustement progressif des prix en attendant
budgétaire sera imputable pour une large part une réforme plus globale. En outre, les
FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL 13
15. RAPPORT POUR LES CONSULTATIONS DE 2011 AU TITRE DE L’ARTICLE IV MAROC
autorités devraient continuer à intensifier la publiques et la stabilité financière à moyen
mobilisation des recettes en élargissant la base terme, d’où la nécessité d’adopter sans tarder
d'imposition et en améliorant l'administration ces mesures d’accompagnement.
des impôts. La mobilisation de recettes
additionnelles pourrait permettre d’adopter un 25. Le secteur financier s'est
profil d’assainissement plus ambitieux pour considérablement développé, mais son
ramener la dette en dessous de 50 % du PIB expansion future dépendra de sa capacité à
ou, le cas échéant, compenser la mise en mobiliser l'épargne intérieure. Compte tenu
œuvre plus lente que prévu des réformes en de la baisse des flux extérieurs et de
matière de dépenses. À cet égard, il l’augmentation des besoins de financement de
conviendrait que la réforme prévue de la TVA l'État, une mobilisation efficace des ressources
soit conçue de manière à assurer la stabilité, intérieures sera indispensable pour assurer le
voire une augmentation, des recettes. développement du secteur financier et une
croissance appropriée du crédit. Les services
23. Les autorités devraient améliorer du FMI appuient les efforts que déploient les
l'efficacité et la qualité des dépenses de autorités pour améliorer l'intermédiation
manière à ce que les dépenses sociales financière et mobiliser une plus grande
soient suffisantes et bien ciblées. Pour proportion de l'épargne en vue
assurer la viabilité à moyen terme, les autorités d’approvisionner le secteur financier en
visent à améliorer l'efficacité des projets ressources. Dans un contexte de resserrement
d'investissements publics en mettant au point des liquidités, les autorités devraient veiller à
de meilleures procédures de sélection des ce que le financement intérieur du déficit
projets et en permettant une plus large public n’ait pas un effet d’éviction et ne
participation du secteur privé. En outre, elles réduise pas encore le crédit au secteur privé.
envisagent aussi de réformer le système de En outre, les autorités pourraient encourager
retraites public pour en assurer la viabilité davantage les banques à renforcer leurs fonds
financière à long terme. Les services du FMI propres de base afin d’être mieux en mesure
estiment que ces mesures aideraient à de résister aux chocs.
redéployer les dépenses au profit de secteurs
prioritaires, tels que l'éducation et la santé. 26. Il est nécessaire d'accélérer les
réformes structurelles pour stimuler la
24. L'adoption à terme d'un taux de croissance potentielle et améliorer les
change souple renforcerait le cadre de la indicateurs sociaux. Le Maroc a accompli des
politique monétaire de la BAM. Les services progrès sensibles en ce qui concerne la
du FMI estiment aussi qu’un taux de change gouvernance et son attractivité pour les
souple faciliterait la conduite d'une politique investissements directs étrangers. Cependant,
de taux d’intérêt plus active conforme au cadre des efforts supplémentaires s'imposent pour
de la politique monétaire de la BAM. Comme renforcer la gouvernance, le climat des affaires
les autorités, les services du FMI pensent que et l'intégration commerciale avec les
le moment doit être bien choisi et coordonné partenaires européens afin de continuer à
avec d'autres politiques macroéconomiques et attirer l'IDE et de rehausser le capital humain.
les mesures préparatoires nécessaires, de À cet égard, les services du FMI estiment que
manière à préserver la viabilité des finances la réforme constitutionnelle récente et la
14 FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL
16. MAROC RAPPORT POUR LES CONSULTATIONS DE 2011 AU TITRE DE L’ARTICLE IV
création du Comité national sur sont indispensables pour faire baisser le
l’environnement des affaires devraient chômage des jeunes.
promouvoir une croissance solidaire. En outre,
de nouvelles réformes visant à réduire les 27. Il est proposé que les prochaines
salaires minimums et les coûts d'embauche consultations au titre de l'article IV se
déroulent selon le cycle habituel de 12 mois.
FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL 15
17. RAPPORT POUR LES CONSULTATIONS DE 2011 AU TITRE DE L’ARTICLE IV MAROC
Encadré 1. L'investissement pourrait-il stimuler davantage la croissance?
Bien que, en proportion du PIB, l'investissement ait
nettement progressé au Maroc ces dix dernières
6,0
années, cela ne s'est pas traduit par une croissance Croissance du PIB réel et investissement réel/PIB réel
(en pourcentage, moyenne pour 1999-2010)
économique plus forte. En effet, alors que, 5,5 Corée
entre 1999 et 2010 le taux d'investissement du
Égypte
Maroc se soit classé deuxième parmi les pays de Philippines
Croissance du PIB réel
5,0 Thaïlande
l’échantillon considéré ici, le taux de croissance du Tunisie
Roumanie
4,5
pays est relativement plus faible1. Ce décalage tient Turquie
Maroc
peut-être en partie à la qualité et à l'efficacité des 4,0
Af rique du Sud Chili
projets d'investissement.
3,5
Bien que l'efficacité de l'investissement, mesurée par
3,0
le coefficient marginal de capital (ICOR)2 ait diminué 15 17 19 21 23 25 27 29 31
Investissement réel/PIB réel
au Maroc entre 2005 et 2010, elle reste relativement
Sources : Perspectives de l'économie mondiale; et calculs des services du FMI.
élevée par rapport aux autres pays de l’échantillon,
ce qui révèle l’existence de facteurs d’inefficacité 16
dans le processus de production. Si l'analyse de 14
Coefficient marginal de capital de certains pays
(Moyennes)
l’ICOR est utile pour mettre en lumière les facteurs 12
d'inefficacité économique qui freinent la croissance 10
1999-2004 2005-2010
effective, elle ne renseigne guère sur le potentiel de 8
croissance du Maroc. En particulier, la théorie 6
moderne de la croissance met l'accent sur les 4
«avantages du retard de développement»3. 2
Autrement dit, plus un pays est éloigné des 0
dernières avancées technologiques mondiales, plus il -2
se développera rapidement, mais à condition qu’il se -4
soit d’abord doté des institutions et des politiques -6
de nature à faciliter le rattrapage. À cet égard, le
Maroc n’a pas utilisé à plein son avantage potentiel,
car il doit encore mettre en œuvre des réformes
structurelles indispensables. L'ouverture
économique, l'amélioration de la qualité
institutionnelle et le renforcement du capital humain
sont autant de facteurs essentiels pour permettre
cette adaptation ou ce rattrapage technologique.
_________________________
1
Toutes les données relatives à 2009, qui faussaient les
résultats en raison de la crise, ont été exclues de la
moyenne.
2
Le coefficient marginal de capital (ICOR, ou incremental
capital-output ratio) est l’investissement annuel divisé par
l’augmentation annuel du PIB.
3
Aghion, Philippe et Peter Howitt, «Appropriate Growth
Policy: A Unifying Framework», Journal of the European
Economic Association 4 (Avril-mai 2006) : 269-314.
16 FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL
18. MAROC RAPPORT POUR LES CONSULTATIONS DE 2011 AU TITRE DE L’ARTICLE IV
Encadré 2. La contribution de l’OCP à l’économie marocaine
L’Office chérifien des phosphates (Groupe OCP) est Le secteur des phosphates est un des principaux
la plus grande entreprise marocaine et ses activités moteurs de l'économie du pays, employant plus de
recouvrent l'ensemble de la chaîne de valeur, de 18 000 personnes et représentant, en valeur, près
l'extraction de la roche de phosphate à la d’un quart des exportations totales et environ 3,5 %
transformation chimique en acide phosphorique et du PIB.
en engrais. Disposant des plus grandes réserves de
phosphate du monde, qui sont situées Ces dernières années, l'OCP a créé plusieurs
essentiellement dans le bassin de Khouribga au coentreprises de transformation au Maroc et à
centre du pays, l’OCP est le premier exportateur de l'étranger, dans le cadre de partenariats avec le
roche de phosphate et d'acide phosphorique au Brésil, la Belgique, l'Allemagne, l'Inde et le Pakistan.
monde et l'un des principaux exportateurs d'engrais À moyen terme, l’OCP envisage de porter sa capacité
à base de phosphate. de production de roche de phosphate à 50 millions
de tonnes et de développer en aval ses activités de
production d'engrais au moyen de partenariats
stratégiques ciblés.
Répartition des exportations (2009)
Phospate sous toutes ses formes Roche de phospate
Acide phosphorique
USA Asie de
Autres Autres
18% Asie de l'Ouest
Autres Égypte 15% 9% Autres
l'Ouest 9%
33% 9% Afrique
33% USA 30%
Russie 9%
Maroc
25% 12%
Chine
11% Europe Maroc Maroc
13% 31% 43%
Total mondial = 19,4 millions de tonnes Total mondial = 1,84 millions de tonnes Total mondial = 4,3 millions de tonnes
FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL 17
19. RAPPORT POUR LES CONSULTATIONS DE 2011 AU TITRE DE L’ARTICLE IV MAROC
Encadré 3. Scénario de dégradation des finances publiques : principaux indicateurs
macroéconomiques
L'autre scénario présente les perspectives à moyen De plus, si rien n'est fait pour élargir la base de
terme dans le cas où les réformes prévues des recettes, les recettes publiques devraient rester à
dépenses publiques ne seraient pas mises en œuvre leur niveau actuel, c'est-à-dire autour de 25 % du
et où aucun effort supplémentaire ne serait consenti PIB. Dans ces conditions, le déficit budgétaire
du côté des recettes. En pareil cas, le rééquilibrage pourrait atteindre entre 6,5 % et 7,3 % du PIB à
des finances publiques n'aurait pas lieu et les moyen terme. Dans ce scénario, la dette publique
résultats économiques globaux seraient moins grimperait, à la fin de la période de projection, à plus
favorables ; plus précisément, la croissance et la de 65 % du PIB, c'est-à-dire un niveau
productivité seraient freinées à moyen terme et la considérablement plus élevé que le taux de 50 % du
balance courante se dégraderait. PIB généralement considéré comme souhaitable
pour un pays émergent.
Dans ce scénario, la viabilité des finances publiques
serait compromise puisque les déficits pourraient
atteindre 7½ % du PIB. Si la masse salariale et les
dépenses consacrées aux subventions alimentaires
et énergétiques ne sont pas réduites au moyen des
réformes envisagées, les dépenses publiques
pourraient se maintenir autour de 32 % du PIB.
Principaux indicateurs macroéconomiques : scénario de référence et autre scénario
2011 2012 2013 2014 2015 2016
Scénario de référence
Croissance de la production (pourcentage) 4,6 4,6 4,9 5,2 5,5 5,9
Inflation (fin de période, pourcentage) 2,0 2,7 2,6 2,6 2,6 2,6
Solde budgétaire (pourcentage du PIB) -5,7 -5,3 -4,7 -4,0 -3,5 -3,0
Recettes (pourcentage du PIB) 1/ 25,6 25,2 25,5 25,5 25,6 25,6
Dépenses (pourcentage du PIB) 31,3 30,5 30,2 29,6 29,1 28,6
Dette publique totale (pourcentage du PIB) 54,2 55,5 56,0 55,8 54,9 53,5
Solde extérieur courant (pourcentage du PIB) -5,2 -4,0 -3,5 -3,1 -2,7 -2,3
Réserves brutes (milliards de dollars EU) 2/ 23,4 23,6 23,9 24,8 26,3 28,6
Autre scénario
Croissance de la production (pourcentage) 4,6 4,6 5,0 5,0 5,0 5,0
Inflation (fin de période, pourcentage) 2,0 2,5 2,5 2,5 2,5 2,5
Solde budgétaire (pourcentage du PIB) -5,7 -7,0 -7,3 -7,1 -6,8 -6,5
Recettes (pourcentage du PIB) 1/ 25,6 25,0 25,0 25,0 25,0 25,0
Dépenses (pourcentage du PIB) 31,3 32,0 32,3 32,1 31,8 31,5
Dette publique totale (pourcentage du PIB) 54,2 57,1 60,1 62,8 65,0 66,7
Solde extérieur courant (pourcentage du PIB) -5,2 -4,9 -4,6 -3,9 -3,6 -3,1
Réserves brutes (milliards de dollars EU) 2/ 23,4 22,8 21,7 21,3 21,5 22,5
Sources : estimations des services du FMI.
1/ Comprend les variations des soldes des autres comptes spéciaux du Trésor.
2/ A partir de 2009, les réserves incluent la nouvelle allocation de DTS.
18 FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL
20. MAROC RAPPORT POUR LES CONSULTATIONS DE 2011 AU TITRE DE L’ARTICLE IV
Encadré 4. Gestion des actifs et des passifs des banques
et défis de la mobilisation de ressources
Après avoir pu facilement se procurer des ressources
Accroissement de l’épargne. Le Ministère
pendant des années, grâce à l'abondance de
des finances a relevé le plafond des comptes
liquidités générées par une balance des paiements
d'épargne et, pour stimuler l'épargne, créé de
solide et une croissance rapide du crédit, les
nouveaux produits liés à l'achat de biens
banques vont devoir adapter la manière dont elles
immobiliers et d'actions et au financement de
mobilisent des ressources et revoir leur stratégie de
l'éducation.
gestion des actifs et passifs pour éviter que le
resserrement actuel des liquidités et le recours accru
La gestion des actifs et passifs
aux dépôts ne pèse sur leurs activités.
Utilisation des ressources du marché. La
Une meilleure mobilisation des ressources création d'un marché pour les certificats de
dépôt (CD) aiderait les banques à diversifier
Développement de l’intermédiation
leurs ressources et à moins recourir aux dépôts.
financière. Sous la supervision de la BAM, la
Les grands déposants, tels que les entreprises,
Banque postale, agréée en 2009, a commencé à
ont converti une partie de leurs dépôts à terme
déployer progressivement son plan d'entreprise
en certificats de dépôt, ce qui présente
en 2010 pour faire en sorte que les risques
l'avantage pour les banques de stabiliser les
soient pris en compte de façon adéquate. La
échéances des dettes dans la mesure où les
création de la Banque postale s'inscrivait dans le
grands détenteurs de dépôts à terme ont
cadre d'un prêt de la Banque mondiale à l’appui
tendance à retirer leurs fonds avant l'échéance.
des politiques de développement et sa
La BAM a aussi inclus les CD dans les garanties
conception s'inspire d'expériences
pouvant être prises en compte pour ses
internationales réussies. La Banque postale a
opérations de refinancement, ce qui favorise la
modernisé les services assurés auparavant par la
liquidité du marché des CD et allonge les
poste et offre maintenant une gamme plus large
échéances de ces titres.
de services de dépôt et de paiement qui devrait
attirer de nouveaux clients encore délaissés par
Titrisation des actifs des banques. Les
les banques commerciales. D'autres mesures ont
autorités ont permis aux banques d'émettre des
été prises pour encourager le recours aux
obligations hypothécaires pour remédier au
services bancaires plutôt que les paiements en
problème du décalage des échéances dans le
espèces. De plus, la BAM a fait savoir aux
bilan. Bien que n’importe quel type de créance
banques commerciales qu’elles ne devraient pas
puisse être titrisé, ce sont surtout les prêts
compter excessivement sur ses facilités de
hypothécaires qui le plus de chances de l’être.
refinancement, mais plutôt redoubler d'efforts
pour élargir leur base de dépôts. Globalement, Établir une courbe de rendement. Le Trésor
les autorités visent un taux d'accès aux services a commencé à étalonner certaines échéances et
financiers de 66 % d'ici à fin 2013. la BAM publie les taux de prise en pension pour
différentes échéances afin de soutenir
l’établissement d’une courbe de rendement.
FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL 19
21. RAPPORT POUR LES CONSULTATIONS DE 2011 AU TITRE DE L’ARTICLE IV MAROC
Encadré 5. Attractivité pour l’IDE et climat des affaires
Avant la crise mondiale, le Maroc attirait de plus en plus continuer à améliorer le climat des affaires, en particulier
d'investissement direct étranger (IDE) : de 2003 à 2008, la pour les entrepreneurs locaux, afin de ramener le taux de
croissance annuelle moyenne de l’IDE a été de 5,1 %, croissance de l'IDE à son niveau d'avant la crise. Le
contre environ 3 % de 1999 à 2002. Le fait que l'IDE ait Rapport Doing Business 2001 plaçait le Maroc en 114ème
été en augmentation jusqu'à une date récente s'explique position sur 183 pays pour le critère «Facilité de faire des
par les nets progrès que le Maroc a accomplis dans affaires».
l'amélioration des conditions d'investissement,
notamment en renforçant la transparence et la Dans ce contexte, les autorités ont créé fin 2009 le
prévisibilité des politiques et de la réglementation Comité national sur l’environnement des affaires, chargé
régissant l'investissement, ainsi qu'en réduisant les délais de mener des réformes dans ce domaine, en partenariat
et les frais administratifs. D’après l’indice OCDE des avec le secteur privé. En 2010, le plan d'action de ce
restrictions réglementaires à l’IDE, le niveau moyen des comité comportait douze activités prioritaires visant à
restrictions au Maroc est comparable à la médiane pour faciliter la réalisation des quatre objectifs suivants :
les pays, membres de l'OCDE ou non, signataires de la i) rationaliser et renforcer la transparence des procédures
Déclaration de l'OCDE sur l'investissement international administratives, ii) moderniser le droit commercial,
et les entreprises multinationales. iii) améliorer le règlement des litiges commerciaux, et iv)
améliorer la collaboration et la communication
Comme l'indique la forte corrélation négative entre concernant les réformes. Le plan d'action 2011 fixe deux
l'indice des restrictions réglementaires à l'IDE et la part grandes priorités : i) faciliter l'accès à la propriété
de l'IDE par rapport au PIB, le niveau relativement faible foncière, et ii) dans le contexte du processus de
des restrictions au Maroc a joué un rôle important régionalisation, harmoniser et réglementer les
comme facteur d’attraction de l’IDE vers le pays. procédures administratives au niveau régional. Ces
Cependant, il conviendrait de réformes devraient faciliter une plus grande
diversification de l'économie, la création d'emplois et la
réduction du chômage.
Indice 2010 de restriction de l'IDE
(o = moins de restrictions; 1 = plus de restrictions)
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
Nouvelle-…
République …
Brésil
Argentine
Suède
Pérou
Mexique
Slovénie
Grèce
Norvège
Turquie
Pologne
Corée
Inde
Pays-Bas
Finlande
Irlande
Médiane
Autriche
Australie
Israël
Chili
France
Russie
Slovaquie
Royaume-Uni
Canada
Chine
Islande
Portugal
Belgique
Hongrie
Italie
Roumanie
Espagne
Lettonie
Égypte
Danemark
Japon
Indonésie
Maroc
Lituanie
Suisse
Arabie saoudite
Allemagne
Afrique du Sud
États-Unis
Estonie
source: OECD
8 8
Entrées nettes moyennes d'IDE (% du PIB)
Entrées nettes moyennes d'IDE (% du PIB)
7 7
6 6
5 5
4 4
3 3
2 2 y = -0,0122x + 3,8194
y = -5,4089x + 3,8648
1 1
0 0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0 50 100 150
Indice de restriction de l'IDE (de 0 à 1) Classement selon indicateur facilité de faire des affaires
20 FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL
22. MAROC RAPPORT POUR LES CONSULTATIONS DE 2011 AU TITRE DE L’ARTICLE IV
Encadré 6. Subventions
Des subventions sont accordées pour les produits
La consommation de sucre par personne est
énergétiques, à savoir le pétrole et le gaz butane,
très élevée. Le prix du sucre est maintenu
ainsi que pour le sucre et certaines variétés de farine.
constant depuis 2006. La subvention à la farine
de base est ciblée sur les populations pauvres.
En 2011, plus de 85 % du total des
Le volume subventionné est fixe et les produits
dépenses de subventions devraient être
subventionnés sont répartis selon des critères
consacrés aux produits énergétiques. Les
visant à orienter le produit essentiellement vers
subventions au pétrole et aux gaz butane sont
les plus pauvres. Depuis 2007, après un vaste
calculées selon une formule fondée sur la
mouvement de protestation, la farine servant à
différence entre le prix de marché ajusté et le
la production du pain ordinaire est aussi
prix à la consommation fixé par décision
subventionnée.
politique. Les prix à la consommation ont été
ajustés pour la dernière fois en 2008.
Les subventions alimentaires sont moins
coûteuses et mieux ciblées que les subventions
Les subventions alimentaires ont été mises
au pétrole et au gaz butane. Il est donc plus
en place pour soutenir la consommation de
urgent de réformer les secondes que les
denrées alimentaires de base.
premières.
45 000
40 000 Farine Sucre Énergie
35 000
30 000
25 000
20 000
15 000
10 000
5 000
0
2008 2009 2010 2011
FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL 21
23. RAPPORT POUR LES CONSULTATIONS DE 2011 AU TITRE DE L’ARTICLE IV MAROC
Graphique 1. Maroc : évolution réelle et extérieure
La croissance hors agriculture s'est … mais en raison du repli de la
accélérée sous l'ef f et de la reprise production agricole, la croissance
dans la zone euro ... globale a ralenti.
11 35
Croissance hors agriculture du Maroc et Croissance du PIB réel (pourcentage)
9 croissance de la zone euro
(pourcentage) 25 Agricole
7
Maroc Globale
15
5
3 Zone 5
euro
1
-5
-1
-15
-3
-5 -25
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Les importations augmentant plus ... et le tourisme et les envois de f onds des
vite que les exportations ... émigrés restant globalement stables, ...
50 0 12
Balance commerciale Tourisme et envois de fonds
45 Exportations (% du PIB) (pourcentage du PIB)
Importations (% du PIB)
10 Recettes du tourisme Envois de fonds
40 Commerce (% du PIB - axe de dr.) -5
35 8
30 -10
25 6
20 -15
4
15
10 -20 2
5
0
0 -25 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
… ce qui, avec le ralentissement de l'IDE
… le compte extérieur courant est net, a entraîné une baisse des réserves
resté déf icitaire, ... en mois d'importations de biens et de
services non f acteurs, même si elles
restent conf ortables.
4 10
Solde extérieur courant Entrées de capitaux et réserves
3 (pourcentage du PIB) 9
2 8
1 7
IDE net (% du PIB)
0 6
Décaissements (% du PIB)
-1 5
Réserves, mois/BSNF
-2 4
-3 3
-4 2
-5 1
-6 0
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Sources : autorités marocaines; et estimations des services du FMI.
22 FONDS MONÉTAIRE INTERNATIONAL