une analyse commentée de l'épidémie en Afrique de l'Ouest dans le cadre du partenariat OOAS, SFMC et StratAdviser
contactez-moi pour plus d'information
an updated analysis of the current outbreak in West Africa thanks to a partnership between WAHO, FSDM & Stratadviser
contact me for more comments in english (Tables and Graphs are in English in the French text)
Planification familiale en situations de crise et post-crise - AZ.ppt
Le point ooas sfmc-strat adviser sur ébola au lundi 19 janvier 2015
1. Le point sur Ébola
au lundi 19 janvier 2015
Drs Jan-Cédric* et Øivind** Hansen
* Médecin Coordonnateur Hôpital Asselin-Hédelin – Consultant Senior StratAdviser Ltd agence spécialisée en
communication stratégique de crise dans le domaine de la santé ; ** Médecin Anesthésiste-Réanimateur
L’épidémie de fièvre hémorragique virale (FHV) liée au virus Ébola, souche
"Zaïre"
1,2
qui sévit actuellement depuis le 22 mars 2014 s’est déclarée en
Guinée puis s’est presque immédiatement propagée au Liberia et en Sierra
Leone, pays voisins puis au Sénégal, au Nigeria et plus récemment au Mali.
www.sfmc.eu
Inscrivez-vous au colloque SFMC sur Ébola qui se tiendra à Paris au Val de Grâce
le 23 janvier 2015
Programme : http://www.sfmc.eu/upload/Progr__Session_Ebola_SFMC_V1.pdf
inscription : http://www.sfmc.eu/upload/BInscription_Ebola.pdf
Synthèse par pays
Pour l’instant 3 pays seulement, sur les 15 de la zone CEDEAO,
connaissent une épidémie évolutive : la Guinée, le Libéria, la
Sierra-Leone.
Le Nigeria et le Sénégal ne sont plus concernés depuis
respectivement le 19 et le 17 octobre 2014, le Mali a rejoind ce
1
Dixon MG, Schafer IJ; Centers for Disease Control and Prevention (CDC). Ebola viral
disease outbreak--West Africa, 2014. MMWR Morb Mortal Wkly Rep. 2014 Jun
27;63(25):548-51.
2
Sylvain Baize, Delphine Pannetier, Lisa Oestereich, Toni Rieger et al. Emergence of Zaire
Ebola Virus Disease in Guinea — Preliminary report. NEJM, 2014, April 16, 2014DOI:
10.1056/NEJMoa1404505
28/12/2014 1
2. groupe.
En Guinée 2 825/1 829 cas/décès soit une létalité de 64,7 % . La
Guinée compte toujours 13 % des cas d’Ébola (chiffre stable par rapport
aux précédents points épidémiologiques). Selon le mode de calcul proposé
par StratAdviser Ltd, le nombre de cas actifs serait de 163 soit en
diminution depuis le dernier point épidémiologique. L’épicentre de l’épidémie
était initialement situé en zone forestière, au sud-est du pays Guekedou
(frontalier avec la guinée), Macenta, Kissidougou (zone la plus active en
nombre de cas déclarés) et Nzérékoré (frontalier avec la Côte d’Ivoire) où se
trouve la 2ème plus grande ville du pays, mais d’autres districts sont touchés :
trois districts du Haut-Guinée Diabola, Dinguiraye et Kouroussa, Conakry
(zone de contamination aussi active), capitale du pays, en Guinée maritime et
les préfectures de Télimélé et Boffa, enfin, Fria et Pita au nord-ouest du pays,
Siguiri au nord-est (frontalier avec le Mali).
Guinea # cases % of total
ECOWAS
Death toll Lethality # active
cases
Previous
data
2,597 13 % 1,607 61.9 % 341
Update 2,825 13 % 1,829 64,7 % 163
Au Libéria 8 362/3 556 cas/décès soit une létalité de 42,5 % . Le
Libéria compte désormais 39 % des cas d’Ébola (deux points de moins
que le précèdent point épidémiologique). Selon le mode de calcul proposé par
StratAdviser Ltd, le nombre de cas actifs serait de 687 soit une
augmentation de 39 cas. La quasi totalité des 15 Comtés du pays ont
signalés des cas : Grand Cape Mount, Bomi, Bong, Lofa (frontalier avec la
28/12/2014 2
3. Guinée), Margibi, Montserrado incluant la capitale Monrovia (zone la plus
active en terme de contamination), Nimba, Grand Bassa et River Cess.
Liberia # cases % of total
ECOWAS
Death toll Lethality # active
cases
Previous
data
7,862 41 % 3,384 43.0 % 648
Update 8,362 39 % 3,556 42.5 % 687
En Sierra Leone 10 186/3 083 cas/décès soit une létalité de 30,3
%. La Sierra Leone compte désormais 48 % des cas d’Ébola (deux points
de plus que le précèdent point épidémiologique). Selon le mode de calcul
proposé par StratAdviser Ltd, le nombre de cas actifs serait de 2 180.
Ces constatations placent ce pays en tête des cas actifs et des
cas cumulés. Depuis l’arrivée de l’épidémie par le district de Kailahun,
frontalier avec celui de Guekedou en Guinée via un voyageur ayant séjourné
à Guekedou, ce sont tous les districts qui sont touchés, y compris la capitale
Freetown qui génère à elle seule 1/3 des cas de contamination.
Sierra
Leone
# cases % of total
ECOWAS
Death toll Lethality # active
cases
Previous
data
9,004 46 % 2,582 28.7 % 2,594
Update 10,186 48 % 3,083 30.3 % 2,180
28/12/2014 3
4. Le Mali a déclaré 8/7 cas/décès soit une létalité de 87,5 %. Le cas
initial a été importé de Guinée et hospitalisé à Kayes le jeudi 22 octobre 2014.
Ce cas importé a voyagé plusieurs heures en transport en commun et
fréquenté des lieux publics de grande promiscuité en étant symptomatique
(fièvre et hémorragie) avant d’être hospitalisé et finalement diagnostiqué.
Environ 600 contacts ont été placés sous surveillance. Dans ce
pays, seul un centre de traitement de MSF à Bamako est opérationnel ; il en
existe un second à Kayes. Par contre les nouveaux cas déclarés à Bamako
ne sont pas liés au cas initial.
Mali # cases % of total
ECOWAS
Death toll Lethality # active
cases
Previous
data
8 - 7 87.5 % 1
Update 8 - 7 87.5 % 1
Cette épidémie est atypique
• Par le nombre de cas dans la zone de l’OOAS : 21 403 à ce jour.
• Par la zone géographique touchée (Afrique de l’Ouest vs Afrique Centrale)
et de son étendue (plusieurs districts de plusieurs pays limitrophes).
• Par la transmission avérée en zone urbaine (vs zone forestières ou rurales
exclusives des épisodes précédents) en suivant apparemment les axes
commerciaux de la zone (terrestres, maritimes et aériens). Les cas
exportés du Nigeria, du Sénégal et du Mali en sont la démonstration.
• Par l’existence de cas importés (2 cas aux États-Unis) et de cas rapatriés (2
cas aux États-Unis, 2 cas en Espagne, 1 cas au Royaume Uni, 2 cas
en France)
• Par l’existence du premier cas de contamination intra Européenne d’une
28/12/2014 4
6. Synthèse globale au dimanche 28 décembre 2014
Au total, au dimanche 7 décembre 2014, 19 493 cas et 7 588 décès ont
été rapportés à l’OOAS pour la CEDEAO. Le temps de doublement jusqu’à
présent de l’ordre de 27-28 jours semble s’allonger vers 100 jours.
L’infléchissement est plus marqué pour le nombre de décès (Fig 1).
Infographie : Dr Jan-Cedric Hansen
Fig1. Dynamique desnouveauxcas- Trend of new cases
19/01/2015
0
5000
10000
15000
20000
25000
22-Mar 22-Apr 22-May 22-Jun 22-Jul 22-Aug 22-Sep 22-Oct 22-Nov 22-Dec
Cumul cas
cumul deces
L’épaulement amorcé lors d’un précédent point épidémiologique semble bien
se confirmer. Par conséquent, le cap des 25 000 cas qui devait être franchi
vers le 24 – 25 novembre selon nos projections n’a pas été franchi. Il le sera
peut être vers la mi-février dans la mesure ou le temps de doublement semble
s’étirer vers les 100 jours. Ce ralentissement, s’il devait se confirmer, pourrait
s’expliquer par l’immunisation de la population par les cas pauci ou
asymptomatiques que nous avons évoqués et qui est développée dans le
chapitre suivant.
28/12/2014 6
7. La létalité globale observée semble se stabiliser depuis plusieurs points
épidémiologiques. Elle est de 39,6 %. Ce comportement, n’est pas
classique et est contradictoire avec les observations antérieures sur Ébola qui
montraient une tendance à l’amplification de la létalité au fur et à mesure du
repiquage
3
. La valeur actuelle dans les 3 pays affectés peut s’expliquer par
les différents ajustements itératifs des statistiques internationales, cependant
la tendance est forte (Fig 2).
19/01/2015 Infographie : Dr Jan-Cedric Hansen
Fig2. Evolu on de la létalité – Lethalitytrend
00%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
26-Mar 26-Apr 26-May 26-Jun 26-Jul 26-Aug 26-Sep 26-Oct 26-Nov 26-Dec
létalité
Linear (létalité)
On notera que cette létalité basse permet paradoxalement une plus grande
diffusion de l’épidémie puisque
1. Deux tiers des malades ne décédant pas, ils sont potentiellement
contaminant plus longtemps pour un plus grand nombre de contacts
3
Ansari AA. Clinical features and pathobiology of Ebolavirus infection. J Autoimmun. 2014
Sep 23. pii: S0896-8411(14)00130-9. doi: 10.1016/j.jaut.2014.09.001.
28/12/2014 7
8. 2. ces malades, une fois convalescents ou guéris viennent grossir la part
de la population immunisée
On notera aussi que le nombre de cas pauci-symptomatiques est toujours
inconnu à ce jour. Ce paramètre est pourtant essentiel car il permettrait de
savoir si une partie de la population des pays touchés développe à bas bruit
une immunisation qui aboutirait in fine à « l’endémisation » de l’épidémie dans
la région. L’OOAS tente de recueillir des informations et des statistiques
fiables sur ce point mais la tâche est toujours aussi ardue.
Pour autant, il existe de grandes disparités entre les pays en
matière de létalité (Tableau 1).
Tableau 1
Pays notifiant Cas Décès Taux
de
létalité
Δ/point
précéde
nt
Sierra-Leone 10 186 3 083 28,7 % + 1,6
Liberia 8 362 3 556 42,5 % - 0,5
Guinée 2 825 1 829 61,9 % + 2,8
CEDEAO 21 403 8 483 39,6 % + 0,7
La Sierra-Leone se distingue toujours mais désormais avec une mortalité 2
fois plus faible que la Guinée dans un contexte de cinétique exponentielle (Fig
3). On note d’ailleurs que la Sierra-Leone est toujours en tête
pour le nombre de cas cumulés et de cas actifs. Son taux de
létalité semble se stabiliser.
La comparaison des stratégies de contrôle de l’épidémie de ces trois pays n’a
toujours pas été réalisée. Elle est pourtant essentielle pour tenter de
comprendre pourquoi la Guinée connaît une dissémination modérée associée
à une très forte mortalité, le Liberia une dissémination explosive avec une
mortalité médiane et la Sierra-Leone une dissémination intermédiaire mais
une mortalité remarquablement basse.
28/12/2014 8
9. Pour mémoire, les autres maladies à potentiels épidémiques sévissant
actuellement en Afrique de l’Ouest (choléra, Méningite, Rougeole, Fièvre
Jaune et Fièvre de Lassa) avaient cumulé 67 307 cas déclarés (dont 29 777
pour le seul choléra) et 1 338 décès (dont 606 pour la seule méningite) au 17
août 2014 dernière mise à jour disponible de ces données. En 7 mois
l’épidémie d’Ébola a donc tué 3 fois plus que les 6 autres en 8 mois. Pour les
4 pays directement concernés le nombre de décès documentés pour les 6
maladies surveillées à potentiel épidémique est de seulement 767. L’épidémie
d’Ébola a donc quadruplé le nombre de décès d’origine épidémique pour ces
4 pays.
28/12/2014 9
10. Cinétique des nouveaux cas
On constate une modification significative des comportements :
• Le Libéria connaît un épaulement qui casse la dynamique
exponentielle
• La Sierra-Léone maintien son comportement exponentiel et passe
devant le Libéria
• La courbe Guinéenne reste affine pour sa part mais sa pente s’est
augmentée
Le comportement des deux pays touchés par un cas source voyageur en
provenance de l’épicentre suggère toujours une contamination interhumaine
autonomisée que rien ne vient contredire à ce jour (Fig 3).
La cinétique affine Guinéenne évoque l’existence d’un réservoir urbain par les
rongeurs (rats) par exemple qui contaminerait à bas bruit la population. On
peut aussi tenter d’expliquer cette différence par une capacité de contention
de l’épidémie différente pour la Guinée.
Pour ce qui concerne le Nigeria et le Sénégal l’épidémie est pour
l’instant contrôlée. Le Mali semble ne pas, non plus, développer
d’épidémie.
28/12/2014 10
11. Infographie : Dr Jan-Cedric Hansen
Fig3. Ciné que descasEbola - Ebola caseskine c
19/01/2015
0
2,000
4,000
6,000
8,000
10,000
12,000
22-Mar 22-Apr 22-May 22-Jun 22-Jul 22-Aug 22-Sep 22-Oct 22-Nov 22-Dec
numberofcases
cas Guinée
cas Libéria
cas Sierra-Leone
L'OMS estime que les cas réels de contamination sont bien plus nombreux
que ceux effectivement recensés. Le facteur multiplicateur serait de 1,5 en
Guinée, 2 en Sierra Leone et 2,5 au Liberia
Comme mis en exergue lors des points épidémiologiques précédents, il
conviendrait d’avoir des éléments cliniques prédictifs de l’évolution des cas
d’Ébola.
Par exemple, la durée de la période de latence ou la température à J4 de
l’irruption des premiers signes sont-ils prédictifs de l’issue ? Il semble qu’une
période de latence courte soit corrélée à une expression clinique plus sévère
par exemple. Il conviendrait de repérer de tels facteurs prédictifs, s’ils
existent, pour identifier les morituri et concentrer les efforts de prise en charge
sur ceux qui ont une bonne probabilité de survie.
28/12/2014 11
12. Symétriquement, il conviendrait de repérer les formes bénignes ou pauci-
symptomatiques pour limiter, là aussi, un investissement disproportionné en
soignants ou en moyens, compte tenu d’un pronostic favorable d’emblé,
même si cela allonge la durée de la maladie ou de la convalescence.
Il convient de colliger les données cliniques disponibles et de les analyser
pour identifier les facteurs pronostics pertinents. MSF qui est le mieux placé
pour fournir de telles données a été sollicité à la suite d’un précédent point
épidémiologique mais n’a pas répondu à ce jour.
28/12/2014 12
13. Dynamique des nouveaux cas
Pour ce qui est du cumul de cas depuis 1976. On constate l’explosion
que constitue l’episode actuel (Fig 4).
Infographie : Dr Jan-Cedric Hansen
Fig4. Nombre cumulé de caset de décès
Cumula ve number of cases& deaths
19/01/2015
19 096 : seuil de x8
du nombre de cas
cumulés en 2013
12 720 : seuil de x8
du nombre de décès
cumulés en 2013
0
5,000
10,000
15,000
20,000
25,000
1976
1977
1978
1979
1980
1981
1982
1983
1984
1985
1986
1987
1988
1989
1990
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2010
2011
2012
2013
2014
#ofcase
Cas
Décés
Le seuil de l’octuplement du nombre de cas déclarés depuis 1976 est
largement franchi : 2 387 cas cumulés entre 1976 et 2013, 19 493 cas
cumulés à ce jour en 2014.
La fiabilité des données, notamment les difficultés opérationnelles du
reporting peuvent expliquer, à elles seules, les variations du nombres de
nouveaux cas constatées à ce jour.
Pour ce qui est de la file active de patients. La proposition de calculer
une estimation du nombre de patients actifs afin de pouvoir guider l’allocation
de ressources entre les différents pays touchées n’a pas fait l’objet de critique
28/12/2014 13
14. à ce jour. Cette estimation porte sur les cas déclarés cumulés auxquels on
retranche les cas décédés et les cas non décédés de plus de cinquante jours.
Cette limite est proposée sur la base des publications révèlant une excretion
asymptomatique et des revues de litterature abordant ce sujet
4,5
. Sur la base
de cette estimation on constate qu’il existe à ce jour environ 3 030 cas, soit
malade, soit convalescents, potentiellement excreteurs (Fig 5).
Infographie : Dr Jan-Cedric Hansen
Fig5. es ma on casEbola ac fs– Es ma on of Ac ve Ebola cases
19/01/2015
0
1000
2000
3000
4000
5000
6000
7000
8000
22-Mar 22-Apr 22-May 22-Jun 22-Jul 22-Aug 22-Sep 22-Oct 22-Nov 22-Dec
nombre de cas ac fs global
On avait constaté qu’indépendamment des variations dues aux correctifs
épidémiologiques, le nombre de cas actifs semblait atteindre un palier ou une
asymptote autour de 7 000 cas. Ce comportement est cohérent avec
4
Rodriguez LL, De Roo A, Guimard Y, Trappier SG, Sanchez A, Bressler D, Williams AJ,
Rowe AK, Bertolli J, Khan AS, Ksiazek TG, Peters CJ, Nichol ST. Persistence and genetic
stability of Ebola virus during the outbreak in Kikwit, Democratic Republic of the Congo, 1995.
J Infect Dis. 1999 Feb;179 Suppl 1:S170-6.
5
Kuhn JH. Filoviruses. A compendium of 40 years of epidemiological, clinical, and laboratory
studies. Arch Virol Suppl. 2008;20:13-360.
28/12/2014 14
15. l’hypothèse d’une immunisation à bas bruit des populations concernées et de
l’endémisation exposée plus haut. Cependant, on constate une baisse
significative du nombre de cas actif qui interpelle. Cette baisse significative
est tout à fait compatible avec l’hypothèse de l’endémisation. Cette baissse
globale ne doit pas faire passer au second plan le cas de la Sierra-Leone qui
reste franchement preoccupant.
28/12/2014 15
16. La répartition des cas estimés par pays permet d’avoir une estimation plus
précise des moyens necessaires en lits, personnels et consommables pour
chaque pays (Fig 6).
19/01/2015 Infographie : Dr Jan-Cedric Hansen
Fig6. casEbola ac fspar pays– split of Ac ve Ebola casesper country
0
1000
2000
3000
4000
5000
6000
7000
8000
11-May 11-Jun 11-Jul 11-Aug 11-Sep 11-Oct 11-Nov 11-Dec 11-Jan
Cas ac fs Sierra-Leone
Cas ac fs Libéria
cas ac fs Guinée
On constate, pour la Guinée, une tendance à une baisse progressive du
nombre de cas avec 163 cas actifs, pour le Libéria, depuis le net
infléchissement de mi décembre on note une relative stabilité avec 687 cas
actifs ainsi que pour la Sierra-Leone avec 2 180 cas actifs.
Ces données sont à rapprocher des capacités en lits dédiés à la prise en
charge des cas d’Ébola qui sont de 160 en Guinée, 672 au Libéria et
356 en Sierra-Léone soit 1 188 lits opérationnels au total aboutissant à
une couverture largement insuffisante des besoins (tableau 2).
28/12/2014 16
18. L’observation de la carte laisse entrevoir des cas non déclarés en Guinée-
Bissau et en Côte d’Ivoire. Ils sont à ce stade probablement classés en cas
de Paludisme ou d’autres fièvres tropicales si ce sont des formmes cliniques
pauci-symptomatiques non mortelles.
On note que les cas au Mali semblent particulierement bien
respecter la logique des corridors que nous avons été parmi les
premiers à signaler puisque le trajet reconstitué (Kissidougou –
Kankan – Siguiri – Kouramale – Bamako – Kayes) suis
exactement le corridor Guinée/Mali
Une réflexion est en cours au sein de l’OOAS pour délimiter et sécuriser des
corridors aux portes desquelles les cas suspects d’Ebola seraient filtrés à fin
de limiter les risques de contamination tout en favorisant la libre circulation
des personnes et des biens à l’interieur de ceux-ci.
Un nouveau corridor de transit entre Bamako – Gao – Tillaberi –
Niamey a été ajouté à la demande de l’OOAS.
Les enjeux auxquels les services de santé des pays touchés doivent faire
face sont :
• le nombre de cas contacts à suivre (plus de 16 000 pour la seule
Guinée par exemple)
• la réaction de la population qui choisit le repli, préférant mourir au sein
de la famille que dans des centres de traitement en l’absence de
traitement spécifique (ignorant l’intérêt du traitement symptomatique)
• La confusion souvent faite entre Ébola et paludisme retardant la mise
en œuvre des soins adaptés compromettant sérieusement la lutte
contre le paludisme
6
.
6
http://reliefweb.int/report/guinea/ebola-sabotages-guinea-s-anti-malaria-fight
28/12/2014 18
19. Cas particulier des soignants
Le nombre de soignants contaminés interpelle conjointement l’OOAS, la
SFMC et StratAdviser Ltd (tableau 3). La contamination des soignants peut
etre le fait d’une contamination sur le lieux d’exercice au contact des patients
ou en dehors du travail.
Tableau 3
Pays notifiant Cas Décès
Taux de
létalité
Liberia 361 174 48,2 %
Guinée 106 59 55,6 %
Sierra-Léone 138 106 76,8 %
CEDEAO 605 339 56,0 %
On remarque que a létalité est superieure à celle de la population générale
avec des disparités parallèles.
En ce qui concerne la contamination sur le lieu de travail elle peut survenir
pendant le soin, à la fin du soin et en dehors du soin.
En ce qui concerne l’analyse des images montrant des soignants en train de
s’équiper et de se deséquiper, des échanges avec des soignants en mission
ou en retour de mission et avec Mme Deschouvert du CHU de Rouen qui
travaille sur une procédure pour l’EPRUS, nous avons remarqué :
• que l’usage de masques chirurgicaux semble très répandu ce qui ne
procure pas une protection suffisante
• que le temps de séjour en zone contaminée est trop long car de l’ordre
de 2 à 3 heures ce qui majore la probabilité d’une contamination par le
temps d’exposition et le risque d’erreur lors du deshabillage par le
stress thermique induit par l’équipement et le contexte tropical.
• que les procédures de deséquipement telles qu’on les voit comportent
de nombreuses erreurs au regard des standards et recommendations
28/12/2014 19
20. de la SFMC en la matière
• que les zones contaminées sont contigues aux zones de repos et de
travail
Il conviendrait de recommander :
• l’usage systematique de masques FFP2/FFP3 pour pénetrer en zone
contaminée
• un temps d’exposition de 40 minutes maximum renouvelable toutes les
2 heures pour les soignants (autorise une réhydratation et une
récuperation du choc thermique)
• établir une zone d’exclusion plus large séparant la zone contaminée de
la zone de vie
• repenser le sas de décontamination et la procédure de deséquipement
en reprenant les bonnes pratiques de la SFMC en matière NRBC
notamment le déshabillage en binôme avec miroir et superviseur, dans
une zone dédiée exclusive, en respectant la logique de la marche en
avant.
Au niveau des groupes de discussions de la SFMC
Les discussions au sein du groupe francophone
https://www.linkedin.com/groups/Groupe-Expert-Ebola-SFMC-8156465/about
et au sein du groupe anglophone https://www.linkedin.com/groups/Ebola-
outbreak-management-Group-8150382/about regroupant plus de 500
spécialistes en médecine de catastrophe, en prévention de pandémie, en
conception de vaccin, en réponse sanitaire opérationnelle, … issus de
gouvernements, d’agences ou de services publics, d’entreprises spécialisées
publiques ou privées européens, africains de l’ouest et Nord-Americains,
portent essentiellement sur :
28/12/2014 20
21. 1. le risque de contamination aéroportée – à ce jour non formellement
documenté – mais théoriquement possible, ne serait-ce que par les
goutelettes de Pflügge, et pouvant rendre compte du nombre important
de cas parmi les soignants : il a été décidé de recommander le port de
masque FFP2 pour les soignants sur place et de limiter le temps de
prise en charge à 20 min d’affilée pour chaque patient afin de limiter
les risques. Les masques chirurgicaux que l’on voit dans les
reportages sont notoirement insuffisants pour protéger des gouttelettes
de Pflügge émises par les patients. Or l’exposition répétée à un risque
faible conduit asymptotiquement à une probabilité de 1. En l’état c’est
l’explication la plus plausible du nombre anormalement élevé de
soignants contaminés. Pour la prise en charge des cas importés en
Europe et tant qu’ils restent sporadiques, c’est le port de combinaison
filtrantes qui est recommandé.
2. la cinétique inhomogène des 5 pays concernés avec une cinétique
affine pour la Guinée et le Nigeria et une cinétique exponentielle pour
la Sierra-Leone et le Libéria peut s’expliquer par des problèmes de
retard de diagnostic et de recueil des cas et ne pas reflèter fidèlement
leur propagation. Cependant une explication épidémiologique plus
satisfaisante serait la bienvenue.
3. la sous déclaration multifactorielle des cas (diagnostics différentiels
nombreux, frein économique et social de l’accès au soin, non respect
des rites sociaux et funéraires “sacrés” pour les individus déclarés
contaminés et donc “bénéfice/risque” peu ou pas acceptable pour
l’interessé et son entourage, …). Une estimation de la part immergée
de l’iceberg fait cruellement défaut.
4. l’illusion des mesures de confinement qui sont contournées par les
impératifs socioéconomiques locaux et par la pratique
“institutionalisée” du contournement des régles contre rétribution.
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22. 5. le risque de cas importés en Europe via l’immigration clandestine et les
passeurs des autres trafics illicites qui, par nature, contournent tous les
systèmes de contrôle. Ce point semble toujours sous-estimé par les
autorités des pays concernés, probablement parce qu’il est
politiquement difficile à aborder en raison de la stigmatisation possible
d’une population déjà largement précarisée et fragile.
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