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Conceptset definitions del'urbain
YvesBLAYO
InstitutNationald'ÉtudesDémographiques, Paris, France
Les villesadministrativesdelaChineclassiqueétaientbien différentes desmé-
tropoles des pays aujourd'hui industrialisés, qui semblent elles-mêmes pluséloignées
despluspetitesvillesquecelles-cidesvillagesruraux ; toutescesunitésprésententce-
pendantunouplusieurscaractèrescommunsquilesfontqualifierd'urbainesetparaissent
suffire àlesdistinguerdeszonesrurales.Ladifficulté decerner 1' «urbain » tientàla
multiplicité de ses formes, provenant à la fois de la variété des fonctions, militaire,
commerciale,administrative,religieuse,etc.,autourdesquelleslesvillessesontconsti-
tuées,decelledescontextessocio-économiquesdanslesquelsellessesontdéveloppées,
et enfin de la singularitéde leurs transformations aufildu temps.Ladéfinition des
villes,quisontunrefletdelacomplexitédel'organisation dessociétéshumaines,doit
parconséquentfaireappelàdenombreuxcritères.
D'unefaçon générale,lavilleestunlieudeconcentration,dedensification dela
population,quis'opposeàlacampagne,domainedel'agriculture;lesvillesremplissent
desfonctionsdiversifiées,etimposentunmodedeviedifférentdeceluideszonesrurales.
Pourdesraisonspratiques,onsubstitueàcescaractèresgénérauxdépourvus d'efficacité
opératoiredescritèresadministratifsoudesindicessommaires,économiquesoudémo-
graphiques,commelatailleminimalequelapopulationd'uneunitéterritorialedoitat-
teindre pour qu'elle puisseêtreclassée urbaine.Cesindices sontchoisisparce qu'ils
sontà la fois mesurablesetdiscriminants,dèslorsqu'un seuilquantitatif aétéfixé;
leur choix estjustifié dans la mesure où un grand nombrede fonctions urbaines ne
peuvent êtreexercées sicertainesconditionsdémographiques,detailleoudedensité,
oubiend'activité économique,nesontpasremplies.
Lapremièretâchedel'analyste seradeconstituer,auseindespopulations,deux
sous-ensembleshomogènespourcertainscaractères : unesous-populationrurale,etune
autre,urbaine,identifiéeàcelledeszonesréputéesurbaines,dontles villes; ilfaut,par
conséquent,déterminerpréalablementleslimitesduterritoiredanslequelvonts'appliquer
lescritèresdedéfinition.Ensecondlieu,l'analyste vas'efforcer d'assurer lacompara-
bilitédesdonnéessurlapopulation urbainelorsqu'ilétablitdessérieschronologiques,
d'une part,etcelledesdonnéesrelativesàdifférents pays,d'autrepart;celle-ciestla
plusdifficile àrétablir,nonseulementenraisondel'utilisation dedifférents critèresou
decelledemêmescritèresopérantàdesseuilsdifférents, maisaussidelavariabilité
del'étenduedeslocalitésoudesunitésterritorialesàl'intérieurdesquelles s'appliquent
cescritèresidentiquesou différents.
I.- Leslimitesgéographiques
Lesvilless'inscrivent dansuncadreterritorialqu'il fautd'abord cerner,puisque
lescritèresdedéfinition quisontcommunémentutilisésyfont tousréférence,explici-
tement lorsqu'il s'agit decritèresadministratifs,decritèresdetailleoudedensité,ou
implicitement dans lecasdecritères faisant appel aux fonctions des villesou à leur
96 CROISSANCEDÉMOGRAPHIQUE ETURBANISATION
équipement. La délimitation des unités urbaines est assez souvent peurigoureuse,et
conduitàuneconceptionflouedelapopulationurbainequ'ellescontiennent;c'estque
lafrontière entreleszonesruralesetcellesauxquelleslecaractèreurbainestreconnu
est,parnature,mouvante : lesmurs,dontunevilles'entoure,sontimmédiatementdé-
bordésparlesindividusquiviennents'établiràses portes, et qui s'urbanisentrapidement,
aumoinspourcertainscaractères,danslesfaubourgsoulesbanlieues.Dupointdevue
dupeuplement,ondistinguedeuxgrandescatégoriesdelocalitésurbaines,c'est àdire
degrappesdepopulationdansleslimitesd'unétablissementdense,etquirépondentà
certainscritères,selonqueleurslimitessontfixesousedéplacent.
1)Lesunitésterritorialespeuventavoirdesfrontièresfixesquisontcellesdesplus
petitesdivisionsadministrativesdupays(lescommunesparexemple).Deuxcaspeuvent
alorsseprésenter : oubiencertainesdecesunités,entières,sontdésignéescommevilles
par l'administration, oubien lestatutdevilleest attribuéàleur seulchef-lieu, siège
d'une administrationlocale.
Les limitesadministrativesont l'inconvénient denepascoïncider avec lazone
bâtiedense.Ellespeuventincluredeszonesquisontruralesparleursactivitésetleur
modede vie, ouaucontraireêtrerepoussées,commel'étaientjadislesenceintesfortifiées,
pardesbanlieuesquisonturbainesentout,maisquel'administration n'a pasencore
reconnuescommetelles : desmisesàjourpériodiquesannexentalorscesbanlieuesau
centre,oubiencréentdenouvelleslocalitésurbaines.Avant1953,laplupartdesvilles
japonaisesavaientdesbanlieuesurbaniséesau-delàdeleursfrontières administratives,
quiontétéélargiesàcettedate,aupointdecontenirdeszonespeudenses;ledegré
d'urbanisation duJapon, 37,5%au recensement de 1950,est passéà 56,3%lorsde
celuide 1955:ilauraitétéde 53,5 % en 1950dansleslimitesnouvelles.
Ainsi,lesajustementsadministratifsintroduisentunediscontinuitéqui,d'unepart,
renddifficile la projectiondelapopulationurbaine,etd'autrepartimposelaré-estimation
delapopulationadministrativement urbaineàdifférentes datesdanslecadredesfron-
tièreslesplusrécentes,pourétablirdessérieschronologiquescohérentes.Cetinconvé-
nientfaitparfois préférer unautretypededéfinition deslocalitésurbaines.
2)Leslimitesdeslocalitésnesontpasfixées : ellessontindépendantesdeslimites
administratives,delataille,del'activitééconomiqueoudesautresfonctions;ellessont
calquéessurcellesdelazonebâtieetsemodifientconstammentsousl'effet delacrois-
sancedelapopulationurbaine,duepourpartieaureclassementd'unitésruralesenunités
urbaines,etnonplusseulementàl'accroissementnatureletauxmigrationsverslaville.
Danscecas,ilsubsistecependantunediscontinuitéprovenantdecequelesmodifi-
cationsdeslimitesdelazonebâtienefontpasl'objetd'uneobservationsuivie : ellesne
sontenregistréesqu'au momentdesopérationsdecollectededonnées,recensementsou
enquêtes,etsonttributairesdesdélaisadministratifsnécessairesàleurreconnaissance.
Pour les Nations Unies, «l'agglomération urbaine comprend, par définition, la
prochebanlieue,c'estàdirelazonefortementpeupléequiestextérieuremaiscontiguë
auxlimitesdelaville».C'estdonclavillecentraleaugmentéedesesrejets,quipeuvent
s'étendre aupointd'absorber lesvillessatellites,correspondantengénéralàlavilleet
à saprochebanlieue.
L'avantage duconceptd'agglomération estqu'ilreflèteexactementl'emprisede
l'habitat urbain sur l'espace, etconvientbienauplan d'aménagement. Inscrite surle
CONCEPTSETDÉFINITIONDDE L'URBAIN 97
sol, l'agglomération est l'image dela ville géographique,etseprêteparticulièrement
bien,ainsiquelementionneFrançoiseDureaudanssacommunication,àladélimitation
parphotographiesaériennesouàl'observation satellitaire,etautiragedesunitéspri-
mairesdesondage,dontladélimitation necoïncidepasforcément aveccelledesgéo-
graphes;fautedepouvoirreconstituer,danslesenquêtesdedémographie différentielle,
l'histoiredel'appartenancedechaqueunitéàl'universurbain,onestamenéàconsidérer
commeurbainsdesterritoiresdontledegréd'urbanisation esttelqu'onpeutprésumer
qu'ilsl'ontététoujoursaucoursdelapériodeconsidérée.
Ce concept présente desinconvénients importants : les donnéesrelativesàune
agglomérationnesontpascomparablesdansletemps,leterritoireduquelellesprovien-
nents'étantmodifiéentrelesobservations successives; deplus,cellesquisontobtenues
lorsd'unrecensementoud'uneenquêtenepeuventêtrerapprochéesdesdonnéesd'ob-
servation suivie,notammentdel'état civil,forcémentrecueilliesdansuncadreadmi-
nistratif.Cesinconvénientsdisparaissentsilesagglomérations,aulieudeseconformer
exactementauxlimitesdelazonebâtie,sontcomposéesd'unitésadministrativesentières,
commeenFrance.Lesagglomérations,danscecas,n'ontpasdelimitesfixes,maisne
peuvents'accroîtrequed'unitésdontlesfrontièreslesont.Ellesperdentalorsleuravan-
tageprincipal,sauf silesunitésadministrativesontunesuperficie suffisamment petite
pourrendreacceptable l'approximation quelapopulationdel'unité annexéeestéqui-
valenteàcelledesazonebâtie.
3)Leconceptdezonemétropolitaineaétéélaborépouréviterlesinconvénients
des frontièresfixesdeslocalitésadministratives,etceuxdeslimitesmouvantesdela
zonebâtie.
Les zonesmétropolitaines sont suffisamment vastespour englober à la fois les
zonesurbaines,leszonesindustriellesadjacentesquin'ontpasla«densitéurbaine»,et
leszonesenvironnantes intégréesfonctionnellement aucentre.Il s'agit ensommedes
villes,deleursbanlieuesadjacentesetdespetitesunitésprochesquiendépendent.Elles
neconcernentquelesvilleslesplusgrandes,etconstituentdesrégionspourlaplani-
fication économique.
Leurdéfinition faitappelàdescritèresnouveaux,non-traditionnels,mesurantle
degrédedépendanceéconomiqueetsocialeentrelesfonctionslocalesetcellesducentre,
commelafréquence desliaisonsetdescommunications.
Les zones urbanisées desÉtats-Unisd'Amérique sontcentrées sur une villede
50000habitantsaumoins,etcomprennentlesdistrictsderecensementvoisinsquiont
au moins 1.000 habitants aumilecarré, leslocalités contiguêsde2000habitantsau
moins,etenfin lespetitsétablissementsprochesavec 100logementsauminimum.Au
Japon,les«districtsdensémentpeuplés»sontcomposésdedistrictsde recensementconti-
gus, situésdansdeszonesadministrativesayantunedensitéminimalede4000h/km 2
,
etdontlataillecombinéeatteint5000habitantsaumoins.
Lanotion deZ.P.I.U.(zonedepeuplement industrielouurbain)en Francetient
comptedelacontinuitédel'habitat, del'importance delapopulationnon-agricole,du
nombreetdelatailledesétablissementsindustriels,commerciaux,ouadministratifs,et
duniveaudesmigrationsquotidiennesentredomicileetlieudetravail.
D'autrescritères,fondéssurladensitédelacirculation,lenombreetladirectiondes
appelstéléphoniquespeuventcaractériser,au-delàdesdonnéesfourniesparlesrecensements,
98 CROISSANCEDÉMOGRAPHIQUE ETURBANISATION
desterritoiresurbanisés à frontièresmouvantes,englobantdeszonesencorestrictement
rurales.
Leszonesmétropolitainessontparfoisgroupéespourformerdesmégalopoles, de
plusieursdizaines de millionsd'habitants,commecelles de Tokyo-Osaka-Kyoto-Kobe,
dela côte Est desÉtats-Unis oudela Ruhr.
VéroniqueDupont et ÉvaLelièvreprennent,dansleurcommunication, l'exemple
d'unevillemoyenne de l'Indepourprésenteruneapproche du faiturbainaffranchie du
problèmededélimitationdeszonesurbaines.L'«espacedevie» de l'individucomprend
l'ensembledes lieuxaveclesquels ilesten rapport, etse trouveprivilégié par rapport
auxnotionsdeconcentrationoud'entitéterritoriale.Unsystèmed'observationcomplexe
estnécessairepourrendreopératoirececonceptgénéral,quientraîne le déplacement de
l'observation vers les villages et fondel'étude dela composante«migrations» de l'ur-
banisationsur celle des dynamiquesrurales.
II.- Lescritèresdedéfinition
Undeuxièmeproblèmeestceluiduchoixdescritèresdedéfinitiondeceslocalités,
employésseulsouencombinaison.Lanaturesimplificatricedeladichotomievilles/cam-
pagne,utile à certainsobjectifs, ne peutl'être à tous. Le statuturbain est généralement
attribuélorsqu'uncertainseuil,parexemple de taille dela population, est atteint:ville
au-delà, zone rurale en deçà dela limitefixée. La réalité est moins tranchée etles
caractères urbains nese manifestent pas aussisubitement; les établissementshumains
setrouventsitués sur un continuum pourchaquecritère,qu'ils'agisse de taille oud'un
autre caractère: par exemple, des fonctions, politiques ou autres, conférant un statut
urbain,présententuneintensitédifférenteselonlesvillesetpeuventaussiêtrereprésentés
surdeséchelles.
Lechoix des critères de définition n'est pas neutre et leur utilisation privilégie
naturellementunecertaineconception dela ville,selonqu'elle est considérée du point
devuede l'aménagement du territoire, de celui de l'administration desa population,
dumode deviedeses habitants, de leuractivitééconomique, etc.Une définition de
typeéconomiqueestpréféréesil'onenvisagelapréparationd'unplandedéveloppement,
tandisquedesmesuressocialesseront en généralmises en œuvredans un cadreadmi-
nistratif. C'est la raison pour laquelle certains pays utilisent simultanément plusieurs
conceptspermettantdifférentesdescriptionsdel'urbanisation,afinderépondreàplusieurs
objectifs despolitiqueséconomiques et sociales.
Lemouvementtrèsgénéral de concentration dela populationdans les limites des
villess'est parfois inversé au XX* siècle,danscertainspaysindustrialisés, etla désur-
banisationamène à définirdenouvellesformes de zonesurbaines au moyen de critères
nouveaux.
1)Lescritèresadministratifs
L'administrationdésigne,parmilesunitésadministratives,cellesquisonturbaines,
oules sièges de l'administration localeauxquelscettequalité est conférée. Elleopère
souvententenantcompte,implicitementounon,d'autrescritèresconfirmantlecaractère
urbaindeces unités.
CONCEPTSETDÉFINITIONDDEL'URBAIN
2)Les caractéristiquesdepeuplement
a)Ontrouveenpremier heu latailledelapopulation àpartirdelaquelleune
localitéestconsidéréecommeurbaine : lecritèreserasoitlenombred'habitants d'une
unitéadministrative,soitceluidesindividusrésidantàson chef-lieu.
Ledécoupageadministratifesttrèsinégalselonlespays.IlyaenFranceenviron
36000communesavec unnoyauprincipal degroupement (l'ancienne paroisse),mais
3052municipiosenEspagne,ou8000communesenItaliequipossèdentsouventplu-
sieursnoyaux : unegrandetailledepopulation urbainen'indiquepasforcément, dans
cesdeuxpays,laprésenced'uneville.
Lesseuilsretenuspourdéfinir leszonesurbainessonttrèsvariables : de200(Is-
lande)à10000habitants(Portugal)selonl'AnnuairedémographiquedesNationsUnies
de 1986.Le seuil peut varier aussi,à une mêmedate,entre lesrégions d'un même
Etat: vers1960,enURSS,leszonesurbainessontdéfiniesparlatailledelapopulation
etlaproportiondelapopulationnon-agricole : illeurfallait,enRussie,12000habitants
et85%denon-agricoles;enUkraine,enMoldavieetauTadjikistan, 10000habitants
etplusde50%;enGéorgie,5000et75%;auTurkménistan,5000habitantset65%.
Enfin,dansunmêmepays,leseuilsemodifieaucoursdutemps : parexemple,ilfallait
enChine,avant1963,soitplusde2000habitantsdont50%aumoinsdenon-agricoles,
soitplusde 1000habitantsdont75%aumoinsdenon-agricoles,pourqu'unelocalité
puisse accéder au statut dezhen (petiteville);entre 1963et 1984,le seuilétait soit
3000habitantset70%,soit2500habitantset85%denon-agricoles;depuis 1984,la
conditionestd'avoiraumoins2000non-agricoles,quellequesoitlatailledel'unité.
Comme il est impossible deparvenir à une définition générale fondée surdes
unitésadministrativesdetaillescomparables,lesorganisationsinternationalesrecomman-
dentdeprésenterlesdonnéesparclassesdetaille,defaçonqu'unecertainecomparabilité
puisseêtrerétablie;cependant,lesunitésainsidistinguéesselonlataillenerecouvrent
paslemêmetypedecirconscriptiondanstouslespays : il s'agit tantôtd'agglomérations,
tantôt de localités désignéespar l'administration, tantôtd'unités territorialesdiverses,
villes,bourgs,villages,oupetitesunitésadministratives.
Lecritèredel'effectif d'unepopulationpourdéfinirsoncaractèreurbainprésente
plusieursinconvénients.D'unepart,latailleestunevariablecontinue,etlechoixd'un
seuilpouropérerladichotomieestparfaitementarbitraire;d'autrepart,unegrandetaille
n'estpaslesigneirréfragabled'unezoneurbaine : desconcentrationsd'ouvriersagricoles
en Sicile ou en Hongrie,oude forestiers oudemineurschinois,rassemblent parfois
plusieursdizainesdemilliersd'individussansêtre,pourautant,desvilles;desvillages
d'Afrique équatorialepeuventatteindre5000à20000habitants;A.Bosesignale,qu'en
Inde,certaineslocalitésdeplusde 5 000 habitantssontdesvillagesquionttropgrandi:
ilmanque àtoutescesagglomérationsunnoyau susceptibled'organiser lapériphérie
enunensembleprésentantdescaractèresurbains.Leseuilaudessusduquelunétablis-
sementhumainprésentedescaractèresetdesfonctions urbainesvarieselonladensité
de la population et leniveau dedéveloppement: dansunpaysavancé à population
éparse,uncentredepetitetaillepeutêtrediturbain,tandisquedanslespaysenvoie
dedéveloppement, lesétablissementsrurauxpeuventatteindreunegrandetaille.
FrançoiseDureau,enexaminantleprocessusd'urbanisationenCôted'Ivoire,pro-
posepourtantdedélaisserl'approchefonctionnaliste(géographique)desunitésurbaines
100 CROISSANCEDÉMOGRAPHIQUE ET URBANISATION
despaysd'Afrique Noire,auprofit d'une définition fondée surlatailledesagglomé-
rationsdélimitéespar lazonebâtie;elle souhaiteaussichanger lecadred'analyse et
faireporterl'observation surlesindividusplutôtquesurlesentitésurbaines.
Lecouplageducritèredelataille avecceluidelaproportion de lapopulation
non-agricoleestparticulièrementutiledanslespaysoùlatailledesvillagesestsusceptible
de dépasser celle de certaines petites villes.Il présente par contre l'inconvénient de
multiplierlesdifficultés desprojectionsdémographiques : àlaprévisiondelatailles'a-
joutel'estimationdeladistributionfuturede la populationselonl'activitéprofessionnelle.
Onnoteraleproblèmedeméthodeposéparl'utilisationdelataillecommecritère
dedéfinition lorsqu'on veutétudier l'effectif delapopulation urbaine : c'est en effet
celledesunitéspossédantunepopulationatteignantaumoinslataillerequise;lecritère
n'estdoncpasindépendantdel'objet del'étude.
b)Desindicesdeconcentrationsontparfoisretenus:
Ladensité, lorsqu'elle est utilisée,entreencombinaison avecd'autres critères:
en 1981,l'Indearetenu390h/km 2
,etleCanada400.Bienqueprésentantdesseuils
beaucoupmoinsvariablesquelataille,ladensitén'estpasdépourvued'inconvénients:
—certaineszonesruralesontdesdensitéssupérieuresàcelledecertaineszones
urbaines;
—on considère en général ladensité nocturne, qui est celledesrésidents.Le
centredesgrandesvillesn'en comptequ'assezpeu;réservéàdesfonctions tertiaires,
ilsevide,lesoir,desesdizainesoucentainesdemilliersd'employésdesbureaux,des
banques,desmagasins,etneconservequedesactivitésdeloisir.
Lenombredelogementsoccupésestquelquefois utiliséenconjonction avecla
tailledelalocalité,oubiens'ysubstitue : enAustralie,unelocalitédemoinsde1000ha-
bitantsesturbainesiellecompte250logementsouplusdont100aumoinssontoccupés
(ils'agit souventdecentresdevillégiature).
Enfin,lacontinuitédelazonebâtieestmesuréeparladistanceentrelesconstruc-
tions(moinsde50mètresenNorvège,200mètresenFrance).Ceconcept est utilisé
dansladéfinition desagglomérationsenFrance,deszonesurbaniséesauxÉtats-Unis,
desdistrictsdensesauJapon.
3)Lescritères économiques
Lesactivitéséconomiquesdesvillessontsouventdifficiles àmesurer,etl'on se
sertdel'association traditionnelleentrehabitatruraletactivitésagricolespourlesap-
procher,enconsidérantquelaproportiondelapopulationd'un territoirequin'estpas
engagéedansuneoccupationagricoleestunindicedesondegré d'urbanisation.
Cecritère delaproportion denon-agricolesestmarqué,comme lesprécédents,
parl'arbitraire duchoixduseuil,variableselonlespays,etd'unepériodeàl'autre.Il
ajouteencore,auxdifficultés dedéfinitiondelatailled'unepopulation,agricoleounon,
celledeladéfinition del'activité agricole : s'agit-il decelledesindividus,oubiende
celleduchef de ménage,etdanslecasd'uneactivitéagricolesaisonnière,celleàlaquelle
lamajeurepartiedutempsestconsacrée,oubiencellequiprocurelaplusgrandepartie
desressources,monétairesouau total?Ladifficulté peutêtrerésolueaisément,sinon
CONCEPTSET DÉFINITIOND DE L'URBAIN 101
demanièresatisfaisante,parunclassement,apriorietarbitraire,desindividusdansles
populationsagricoleetnon-agricole,commelefaitl'administration chinoise.
CertainsgouvernementsprovinciauxdelaChineontintroduit,àlafindeladé-
cennie 1970,d'autres critères denatureéconomiquepourdéfinir leszonesurbaines:
parexemple,leslocalitésdelaprovinceduLiaoningdevaientavoir 5000 habitantsau
moins et une production industrielle totale d'au moins 5millions de yuan, ou bien
3000 habitantsetplusavecuneproductionde10millions,pourprétendreaustatutde
zhen (bourg).DanscertainsdistrictsdelaprovinceduHubei,unvolumeminimalde
laventeaudétails'ajoutait auxcritèresdetailleetdeproductionindustrielle.
4)Leséquipementsurbains.
Ilsserventàcaractériserlemodedevieurbain,etsontutilisésparcertainspays
dansladéfinition deleursvilles.EnIndonésieen1980,enRoumanieetauMalawien
1977,leslocalitésdéfinies commevilleslesontparcequ'ellesprésententdescaracté-
ristiques urbaines, sansautresprécisions.D'autrespayscaractérisent lesfonctions ur-
baines,trèsvariables,parlaprésencedeservices,oud'équipements,définissantleszones
urbaines: en 1980 auPanama,il s'agit de mes, d'éclairage public, desystèmed'adduction
d'eau,d'égouts.Lecaractèreurbaind'unelocalitérésultedanscertainscasdel'existence
d'uneécolesecondaire,d'undispensaire,d'unpostedepolice,d'un servicepostal,etc.
Lepassageauconceptdezonemétropolitaineaaussiconduitàconstruiredesindices
dedépendancevis-à-visdunoyaucentral.
Cescaractéristiquesurbainessontutiliséesseules,ouencombinaisonaveclataille,
ou uncritèreadministratif. Ellesontl'inconvénient den'être pasdiscriminantes,dans
lamesureoùleszonesruraleslesacquièrentprogressivement.Leséquipementsurbains
figurent cependantdansdesdéfinitions trèsélaboréesdezonesurbaines,commecelle
delaTchécoslovaquieen1983.
5)Lescombinaisonscomplexesdecritères
Selon l'annuaire démographiquedesNationsUniesde 1986,plusieurscatégories
devillessontdistinguéesenTchécoslovaquie : lesvillesimportantes,parexemple,comp-
tent généralement 5000habitantsetplus,ontunedensitéde 100personnes aumoins
parhectaredesurfacebâtie,dontaumoins15%deslogementscomportenttroispièces
d'habitation oudavantage,etdontlaplusgrandepartieestdotéed'un système d'ad-
ductiond'eauetd'égouts;cesvillesdoiventavoiraumoins 5 médecinsetunepharmacie,
uneécolesecondaireoffrant 9annéesd'études,unhôtelavec20litsaumoins,unréseau
deservicescommerciauxetdedistributiondesservantplusd'uneville;ellesdoiventen
outreoffrir despossibilitésd'emploiàlapopulationdeleurpériphérie,êtreleterminus
d'un réseau de lignes d'autobus; enfin, lapart delapopulation active engagée dans
l'agriculture nedoitpasydépasser10%.
Laprécision decettedéfinition, quicouvredenombreuxaspectsde 1'«urbain»,
larenddifficile àétendreàd'autres pays,etlacondamneàêtrerapidement modifiée
sousl'effet deladiffusion duprogrèséconomiqueetsocial.
102 CROISSANCEDÉMOGRAPHIQUEETURBANISATION
II-L'éclatement des villes
Pendantdessiècles,iln'a pasfait dedoutequelapopulation urbaine 0,
corres-
pondaitàcelledeszones urbaines; lescritèresdedéfinition choisisnaguèrelescarac-
térisaientsuffisamment, lorsquelescommerçantsetartisansexerçaientleursactivitésau
centre des villes,au lieu de leurrésidenceou àsaproximité immédiate. L'évolution
économiqueetsocialeamèneàmettreenquestionl'assimilationdelapopulationurbaine
àcelledesvilles;end'autrestermes,ladistinctionentrepopulationurbaineetpopulation
ruraleest-elleaussipertinentequedanslepassé?
Larévolution industrielledu XIXe
siècleaprovoquéunerupturedanslerythme
del'urbanisation.Ledéveloppementéconomiquedesvillesetleurcroissancedémogra-
phiqueontalorsamené unepremièredifférenciation entrelapériphérie desvilles,où
s'installentlesindustriesavecdes«cités»résidentiellesconstruitespourleurpersonnel,
etlenoyau urbain dontlapopulation stagneoudiminue,etoùs'accroît lepoidsdes
fonctionsfinancière,commercialeetdeloisirs.Lesactivitésducentres'adressentàdes
usagersdeplusenplusnombreuxetdeplusenpluséloignés,etsetrouventprogres-
sivement saturées.Lecentre villesetransforme enfoyer demouvementspendulaires,
matérialisésparlesflux decirculationquiyconvergentetlemenacentd'asphyxie.
Jusqu'àcequeseproduise,verslemilieudu XXe
siècle,uneautrediscontinuité,
d'ordre qualitatif, onpouvaitfaire coïncider sansrisqued'erreur importantpopulation
urbaineetpopulationrésidentedeslocalitésqualifiéesd'urbaines.Ladistinctionopérée
jadisparlamurailleetsonenvironnementrural,puis,plusrécemment,parlesfrontières
administratives,tendàdisparaîtredanslespaysindustrialiséssousl'effet desmodifica-
tionssocialesetdelanouvelleappréhensiondel'espacequepermetledéveloppement
desmoyensdetransportpublicspuisindividuels.Ceux-ci,conjuguésàd'autres facteurs
commelesdifficultés etlecoûtdulogementenville,accélèrentlemouvementdedis-
sociation deslieuxderésidenceetdetravailébauchéaucoursdusiècleprécédent,et
les individus, qui devraient former lapopulation urbaine, vivent deplus enplus fré-
quemmentendehorsdesvilles.Desformesnouvellesd'établissementsapparaissentavec
lesvillessatellitesetlescitésdortoirs.Lesfonctionsducentreurbainéclatentetessai-
ment, donnant lieu à lacréation denouvelles unitésadministratives, à l'implantation
d'hypermarchés etdemarchésdegros,àlaconstructiondeparcsdeloisirs,etc.Cette
évolution fait l'objet delacommunication deFrançoisPradeldeLamaze,quimontre
commentcetteréorganisationdel'espaceaboutitàsubstitueràlavillemultifonctionnelle
lajuxtaposition à sa périphérie de zones unifonctionnelles et àposer des problèmes
nouveauxdeliaisonentreceszones.
Lamobilitéaccruedesindividussetraduitaussiparlefaitquedepetiteslocalités
ruralespeuventdésormaisêtresurtouthabitéespardessemi-urbains, travailleursnon-
agricolesemployésdansunevillevoisinedontilsontadoptélemodede vie ; ladimi-
nutiondunombredesagriculteursdanslespaysoccidentaux,ainsiquelephénomène
desrésidencessecondairesoùlescitadinspassent de plusenplusdeleur temps, accélèrent
latransformation deszonesruralesencontribuantàgommerleursdifférences avecles
O Onconsidèreengénérallapopulationderésidencehabituelle,avecdesdivergencesdansl'appréciation
deladuréenécessairepourfonderl'habitude,maislapopulationurbaineestquelquefoisréduite,commeenChine
de1963à1982,àlafraction non-agricoledelapopulationderésidencehabituelle.
CONCEPTSETDÉFINITIONDDEL'URBAIN 103
zonesurbaines.Ils'yajoutel'effondrement desfrontièressocio-culturellesentrecitadins
etruraux : l'adoptiondesmêmesmodèlesderéférenceetl'homogénéisationdescompor-
tements,favoriséeparlesprogrèsdel'instructionetceuxdeladiffusiondel'information,
rendent ladistinction desdeuxpopulations sihasardeusequ'on apuavancerqueles
sociétéslesplusindustrialiséesavaientréussiàrésoudrelescontradictionsentrevilles
etcampagnes,dontlesmarxistestiennentqu'ellessontlefruitdeladivisiondutravail.
Desfacteurs subjectifs accentuentceprocessus.AndromachiHadjiyannis indique
quelesdiversesreprésentationsquesefont lesindividusdelavillecontribuentàdé-
terminerdesattitudes setraduisantpardeschoixrésidentiels.DominiqueMaison fait
échoàcetteobservationets'interrogesurledegrédelibertélaisséauxindividusdans
cechoix;ilconsidèreledésird'accéder àlapropriété(dontonpeutsedemander s'il
estspontanéouinduit)commeunfacteurdedédensificationdesvillesetdecolonisation
urbaine.
Ce phénomène dedissociation des lieux derésidence, detravail, de loisirs,de
marchéconstitueunevéritablerévolutiondansleprocessusd'urbanisation eninversant
lesflux; ilprive lescritères utiliséstraditionnellement danslespaysindustrialisésde
leurpouvoirdediscrimination, qu'il s'agisse detailleoudedensité,deprésenced'é-
quipementsditsurbainsoud'activité économique,etlesrendimpropresàcaractériser
dessous-populationshomogènes.Iln'estpasimpossiblequeleconceptd'«urbain » soit
finalementremplacé,danscespays,pard'autres lignesdepartagedespopulationsqui
yontdéjàprisplusd'importance queladistinctionville/campagne.

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Critères de la ville

  • 1. Conceptset definitions del'urbain YvesBLAYO InstitutNationald'ÉtudesDémographiques, Paris, France Les villesadministrativesdelaChineclassiqueétaientbien différentes desmé- tropoles des pays aujourd'hui industrialisés, qui semblent elles-mêmes pluséloignées despluspetitesvillesquecelles-cidesvillagesruraux ; toutescesunitésprésententce- pendantunouplusieurscaractèrescommunsquilesfontqualifierd'urbainesetparaissent suffire àlesdistinguerdeszonesrurales.Ladifficulté decerner 1' «urbain » tientàla multiplicité de ses formes, provenant à la fois de la variété des fonctions, militaire, commerciale,administrative,religieuse,etc.,autourdesquelleslesvillessesontconsti- tuées,decelledescontextessocio-économiquesdanslesquelsellessesontdéveloppées, et enfin de la singularitéde leurs transformations aufildu temps.Ladéfinition des villes,quisontunrefletdelacomplexitédel'organisation dessociétéshumaines,doit parconséquentfaireappelàdenombreuxcritères. D'unefaçon générale,lavilleestunlieudeconcentration,dedensification dela population,quis'opposeàlacampagne,domainedel'agriculture;lesvillesremplissent desfonctionsdiversifiées,etimposentunmodedeviedifférentdeceluideszonesrurales. Pourdesraisonspratiques,onsubstitueàcescaractèresgénérauxdépourvus d'efficacité opératoiredescritèresadministratifsoudesindicessommaires,économiquesoudémo- graphiques,commelatailleminimalequelapopulationd'uneunitéterritorialedoitat- teindre pour qu'elle puisseêtreclassée urbaine.Cesindices sontchoisisparce qu'ils sontà la fois mesurablesetdiscriminants,dèslorsqu'un seuilquantitatif aétéfixé; leur choix estjustifié dans la mesure où un grand nombrede fonctions urbaines ne peuvent êtreexercées sicertainesconditionsdémographiques,detailleoudedensité, oubiend'activité économique,nesontpasremplies. Lapremièretâchedel'analyste seradeconstituer,auseindespopulations,deux sous-ensembleshomogènespourcertainscaractères : unesous-populationrurale,etune autre,urbaine,identifiéeàcelledeszonesréputéesurbaines,dontles villes; ilfaut,par conséquent,déterminerpréalablementleslimitesduterritoiredanslequelvonts'appliquer lescritèresdedéfinition.Ensecondlieu,l'analyste vas'efforcer d'assurer lacompara- bilitédesdonnéessurlapopulation urbainelorsqu'ilétablitdessérieschronologiques, d'une part,etcelledesdonnéesrelativesàdifférents pays,d'autrepart;celle-ciestla plusdifficile àrétablir,nonseulementenraisondel'utilisation dedifférents critèresou decelledemêmescritèresopérantàdesseuilsdifférents, maisaussidelavariabilité del'étenduedeslocalitésoudesunitésterritorialesàl'intérieurdesquelles s'appliquent cescritèresidentiquesou différents. I.- Leslimitesgéographiques Lesvilless'inscrivent dansuncadreterritorialqu'il fautd'abord cerner,puisque lescritèresdedéfinition quisontcommunémentutilisésyfont tousréférence,explici- tement lorsqu'il s'agit decritèresadministratifs,decritèresdetailleoudedensité,ou implicitement dans lecasdecritères faisant appel aux fonctions des villesou à leur
  • 2. 96 CROISSANCEDÉMOGRAPHIQUE ETURBANISATION équipement. La délimitation des unités urbaines est assez souvent peurigoureuse,et conduitàuneconceptionflouedelapopulationurbainequ'ellescontiennent;c'estque lafrontière entreleszonesruralesetcellesauxquelleslecaractèreurbainestreconnu est,parnature,mouvante : lesmurs,dontunevilles'entoure,sontimmédiatementdé- bordésparlesindividusquiviennents'établiràses portes, et qui s'urbanisentrapidement, aumoinspourcertainscaractères,danslesfaubourgsoulesbanlieues.Dupointdevue dupeuplement,ondistinguedeuxgrandescatégoriesdelocalitésurbaines,c'est àdire degrappesdepopulationdansleslimitesd'unétablissementdense,etquirépondentà certainscritères,selonqueleurslimitessontfixesousedéplacent. 1)Lesunitésterritorialespeuventavoirdesfrontièresfixesquisontcellesdesplus petitesdivisionsadministrativesdupays(lescommunesparexemple).Deuxcaspeuvent alorsseprésenter : oubiencertainesdecesunités,entières,sontdésignéescommevilles par l'administration, oubien lestatutdevilleest attribuéàleur seulchef-lieu, siège d'une administrationlocale. Les limitesadministrativesont l'inconvénient denepascoïncider avec lazone bâtiedense.Ellespeuventincluredeszonesquisontruralesparleursactivitésetleur modede vie, ouaucontraireêtrerepoussées,commel'étaientjadislesenceintesfortifiées, pardesbanlieuesquisonturbainesentout,maisquel'administration n'a pasencore reconnuescommetelles : desmisesàjourpériodiquesannexentalorscesbanlieuesau centre,oubiencréentdenouvelleslocalitésurbaines.Avant1953,laplupartdesvilles japonaisesavaientdesbanlieuesurbaniséesau-delàdeleursfrontières administratives, quiontétéélargiesàcettedate,aupointdecontenirdeszonespeudenses;ledegré d'urbanisation duJapon, 37,5%au recensement de 1950,est passéà 56,3%lorsde celuide 1955:ilauraitétéde 53,5 % en 1950dansleslimitesnouvelles. Ainsi,lesajustementsadministratifsintroduisentunediscontinuitéqui,d'unepart, renddifficile la projectiondelapopulationurbaine,etd'autrepartimposelaré-estimation delapopulationadministrativement urbaineàdifférentes datesdanslecadredesfron- tièreslesplusrécentes,pourétablirdessérieschronologiquescohérentes.Cetinconvé- nientfaitparfois préférer unautretypededéfinition deslocalitésurbaines. 2)Leslimitesdeslocalitésnesontpasfixées : ellessontindépendantesdeslimites administratives,delataille,del'activitééconomiqueoudesautresfonctions;ellessont calquéessurcellesdelazonebâtieetsemodifientconstammentsousl'effet delacrois- sancedelapopulationurbaine,duepourpartieaureclassementd'unitésruralesenunités urbaines,etnonplusseulementàl'accroissementnatureletauxmigrationsverslaville. Danscecas,ilsubsistecependantunediscontinuitéprovenantdecequelesmodifi- cationsdeslimitesdelazonebâtienefontpasl'objetd'uneobservationsuivie : ellesne sontenregistréesqu'au momentdesopérationsdecollectededonnées,recensementsou enquêtes,etsonttributairesdesdélaisadministratifsnécessairesàleurreconnaissance. Pour les Nations Unies, «l'agglomération urbaine comprend, par définition, la prochebanlieue,c'estàdirelazonefortementpeupléequiestextérieuremaiscontiguë auxlimitesdelaville».C'estdonclavillecentraleaugmentéedesesrejets,quipeuvent s'étendre aupointd'absorber lesvillessatellites,correspondantengénéralàlavilleet à saprochebanlieue. L'avantage duconceptd'agglomération estqu'ilreflèteexactementl'emprisede l'habitat urbain sur l'espace, etconvientbienauplan d'aménagement. Inscrite surle
  • 3. CONCEPTSETDÉFINITIONDDE L'URBAIN 97 sol, l'agglomération est l'image dela ville géographique,etseprêteparticulièrement bien,ainsiquelementionneFrançoiseDureaudanssacommunication,àladélimitation parphotographiesaériennesouàl'observation satellitaire,etautiragedesunitéspri- mairesdesondage,dontladélimitation necoïncidepasforcément aveccelledesgéo- graphes;fautedepouvoirreconstituer,danslesenquêtesdedémographie différentielle, l'histoiredel'appartenancedechaqueunitéàl'universurbain,onestamenéàconsidérer commeurbainsdesterritoiresdontledegréd'urbanisation esttelqu'onpeutprésumer qu'ilsl'ontététoujoursaucoursdelapériodeconsidérée. Ce concept présente desinconvénients importants : les donnéesrelativesàune agglomérationnesontpascomparablesdansletemps,leterritoireduquelellesprovien- nents'étantmodifiéentrelesobservations successives; deplus,cellesquisontobtenues lorsd'unrecensementoud'uneenquêtenepeuventêtrerapprochéesdesdonnéesd'ob- servation suivie,notammentdel'état civil,forcémentrecueilliesdansuncadreadmi- nistratif.Cesinconvénientsdisparaissentsilesagglomérations,aulieudeseconformer exactementauxlimitesdelazonebâtie,sontcomposéesd'unitésadministrativesentières, commeenFrance.Lesagglomérations,danscecas,n'ontpasdelimitesfixes,maisne peuvents'accroîtrequed'unitésdontlesfrontièreslesont.Ellesperdentalorsleuravan- tageprincipal,sauf silesunitésadministrativesontunesuperficie suffisamment petite pourrendreacceptable l'approximation quelapopulationdel'unité annexéeestéqui- valenteàcelledesazonebâtie. 3)Leconceptdezonemétropolitaineaétéélaborépouréviterlesinconvénients des frontièresfixesdeslocalitésadministratives,etceuxdeslimitesmouvantesdela zonebâtie. Les zonesmétropolitaines sont suffisamment vastespour englober à la fois les zonesurbaines,leszonesindustriellesadjacentesquin'ontpasla«densitéurbaine»,et leszonesenvironnantes intégréesfonctionnellement aucentre.Il s'agit ensommedes villes,deleursbanlieuesadjacentesetdespetitesunitésprochesquiendépendent.Elles neconcernentquelesvilleslesplusgrandes,etconstituentdesrégionspourlaplani- fication économique. Leurdéfinition faitappelàdescritèresnouveaux,non-traditionnels,mesurantle degrédedépendanceéconomiqueetsocialeentrelesfonctionslocalesetcellesducentre, commelafréquence desliaisonsetdescommunications. Les zones urbanisées desÉtats-Unisd'Amérique sontcentrées sur une villede 50000habitantsaumoins,etcomprennentlesdistrictsderecensementvoisinsquiont au moins 1.000 habitants aumilecarré, leslocalités contiguêsde2000habitantsau moins,etenfin lespetitsétablissementsprochesavec 100logementsauminimum.Au Japon,les«districtsdensémentpeuplés»sontcomposésdedistrictsde recensementconti- gus, situésdansdeszonesadministrativesayantunedensitéminimalede4000h/km 2 , etdontlataillecombinéeatteint5000habitantsaumoins. Lanotion deZ.P.I.U.(zonedepeuplement industrielouurbain)en Francetient comptedelacontinuitédel'habitat, del'importance delapopulationnon-agricole,du nombreetdelatailledesétablissementsindustriels,commerciaux,ouadministratifs,et duniveaudesmigrationsquotidiennesentredomicileetlieudetravail. D'autrescritères,fondéssurladensitédelacirculation,lenombreetladirectiondes appelstéléphoniquespeuventcaractériser,au-delàdesdonnéesfourniesparlesrecensements,
  • 4. 98 CROISSANCEDÉMOGRAPHIQUE ETURBANISATION desterritoiresurbanisés à frontièresmouvantes,englobantdeszonesencorestrictement rurales. Leszonesmétropolitainessontparfoisgroupéespourformerdesmégalopoles, de plusieursdizaines de millionsd'habitants,commecelles de Tokyo-Osaka-Kyoto-Kobe, dela côte Est desÉtats-Unis oudela Ruhr. VéroniqueDupont et ÉvaLelièvreprennent,dansleurcommunication, l'exemple d'unevillemoyenne de l'Indepourprésenteruneapproche du faiturbainaffranchie du problèmededélimitationdeszonesurbaines.L'«espacedevie» de l'individucomprend l'ensembledes lieuxaveclesquels ilesten rapport, etse trouveprivilégié par rapport auxnotionsdeconcentrationoud'entitéterritoriale.Unsystèmed'observationcomplexe estnécessairepourrendreopératoirececonceptgénéral,quientraîne le déplacement de l'observation vers les villages et fondel'étude dela composante«migrations» de l'ur- banisationsur celle des dynamiquesrurales. II.- Lescritèresdedéfinition Undeuxièmeproblèmeestceluiduchoixdescritèresdedéfinitiondeceslocalités, employésseulsouencombinaison.Lanaturesimplificatricedeladichotomievilles/cam- pagne,utile à certainsobjectifs, ne peutl'être à tous. Le statuturbain est généralement attribuélorsqu'uncertainseuil,parexemple de taille dela population, est atteint:ville au-delà, zone rurale en deçà dela limitefixée. La réalité est moins tranchée etles caractères urbains nese manifestent pas aussisubitement; les établissementshumains setrouventsitués sur un continuum pourchaquecritère,qu'ils'agisse de taille oud'un autre caractère: par exemple, des fonctions, politiques ou autres, conférant un statut urbain,présententuneintensitédifférenteselonlesvillesetpeuventaussiêtrereprésentés surdeséchelles. Lechoix des critères de définition n'est pas neutre et leur utilisation privilégie naturellementunecertaineconception dela ville,selonqu'elle est considérée du point devuede l'aménagement du territoire, de celui de l'administration desa population, dumode deviedeses habitants, de leuractivitééconomique, etc.Une définition de typeéconomiqueestpréféréesil'onenvisagelapréparationd'unplandedéveloppement, tandisquedesmesuressocialesseront en généralmises en œuvredans un cadreadmi- nistratif. C'est la raison pour laquelle certains pays utilisent simultanément plusieurs conceptspermettantdifférentesdescriptionsdel'urbanisation,afinderépondreàplusieurs objectifs despolitiqueséconomiques et sociales. Lemouvementtrèsgénéral de concentration dela populationdans les limites des villess'est parfois inversé au XX* siècle,danscertainspaysindustrialisés, etla désur- banisationamène à définirdenouvellesformes de zonesurbaines au moyen de critères nouveaux. 1)Lescritèresadministratifs L'administrationdésigne,parmilesunitésadministratives,cellesquisonturbaines, oules sièges de l'administration localeauxquelscettequalité est conférée. Elleopère souvententenantcompte,implicitementounon,d'autrescritèresconfirmantlecaractère urbaindeces unités.
  • 5. CONCEPTSETDÉFINITIONDDEL'URBAIN 2)Les caractéristiquesdepeuplement a)Ontrouveenpremier heu latailledelapopulation àpartirdelaquelleune localitéestconsidéréecommeurbaine : lecritèreserasoitlenombred'habitants d'une unitéadministrative,soitceluidesindividusrésidantàson chef-lieu. Ledécoupageadministratifesttrèsinégalselonlespays.IlyaenFranceenviron 36000communesavec unnoyauprincipal degroupement (l'ancienne paroisse),mais 3052municipiosenEspagne,ou8000communesenItaliequipossèdentsouventplu- sieursnoyaux : unegrandetailledepopulation urbainen'indiquepasforcément, dans cesdeuxpays,laprésenced'uneville. Lesseuilsretenuspourdéfinir leszonesurbainessonttrèsvariables : de200(Is- lande)à10000habitants(Portugal)selonl'AnnuairedémographiquedesNationsUnies de 1986.Le seuil peut varier aussi,à une mêmedate,entre lesrégions d'un même Etat: vers1960,enURSS,leszonesurbainessontdéfiniesparlatailledelapopulation etlaproportiondelapopulationnon-agricole : illeurfallait,enRussie,12000habitants et85%denon-agricoles;enUkraine,enMoldavieetauTadjikistan, 10000habitants etplusde50%;enGéorgie,5000et75%;auTurkménistan,5000habitantset65%. Enfin,dansunmêmepays,leseuilsemodifieaucoursdutemps : parexemple,ilfallait enChine,avant1963,soitplusde2000habitantsdont50%aumoinsdenon-agricoles, soitplusde 1000habitantsdont75%aumoinsdenon-agricoles,pourqu'unelocalité puisse accéder au statut dezhen (petiteville);entre 1963et 1984,le seuilétait soit 3000habitantset70%,soit2500habitantset85%denon-agricoles;depuis 1984,la conditionestd'avoiraumoins2000non-agricoles,quellequesoitlatailledel'unité. Comme il est impossible deparvenir à une définition générale fondée surdes unitésadministrativesdetaillescomparables,lesorganisationsinternationalesrecomman- dentdeprésenterlesdonnéesparclassesdetaille,defaçonqu'unecertainecomparabilité puisseêtrerétablie;cependant,lesunitésainsidistinguéesselonlataillenerecouvrent paslemêmetypedecirconscriptiondanstouslespays : il s'agit tantôtd'agglomérations, tantôt de localités désignéespar l'administration, tantôtd'unités territorialesdiverses, villes,bourgs,villages,oupetitesunitésadministratives. Lecritèredel'effectif d'unepopulationpourdéfinirsoncaractèreurbainprésente plusieursinconvénients.D'unepart,latailleestunevariablecontinue,etlechoixd'un seuilpouropérerladichotomieestparfaitementarbitraire;d'autrepart,unegrandetaille n'estpaslesigneirréfragabled'unezoneurbaine : desconcentrationsd'ouvriersagricoles en Sicile ou en Hongrie,oude forestiers oudemineurschinois,rassemblent parfois plusieursdizainesdemilliersd'individussansêtre,pourautant,desvilles;desvillages d'Afrique équatorialepeuventatteindre5000à20000habitants;A.Bosesignale,qu'en Inde,certaineslocalitésdeplusde 5 000 habitantssontdesvillagesquionttropgrandi: ilmanque àtoutescesagglomérationsunnoyau susceptibled'organiser lapériphérie enunensembleprésentantdescaractèresurbains.Leseuilaudessusduquelunétablis- sementhumainprésentedescaractèresetdesfonctions urbainesvarieselonladensité de la population et leniveau dedéveloppement: dansunpaysavancé à population éparse,uncentredepetitetaillepeutêtrediturbain,tandisquedanslespaysenvoie dedéveloppement, lesétablissementsrurauxpeuventatteindreunegrandetaille. FrançoiseDureau,enexaminantleprocessusd'urbanisationenCôted'Ivoire,pro- posepourtantdedélaisserl'approchefonctionnaliste(géographique)desunitésurbaines
  • 6. 100 CROISSANCEDÉMOGRAPHIQUE ET URBANISATION despaysd'Afrique Noire,auprofit d'une définition fondée surlatailledesagglomé- rationsdélimitéespar lazonebâtie;elle souhaiteaussichanger lecadred'analyse et faireporterl'observation surlesindividusplutôtquesurlesentitésurbaines. Lecouplageducritèredelataille avecceluidelaproportion de lapopulation non-agricoleestparticulièrementutiledanslespaysoùlatailledesvillagesestsusceptible de dépasser celle de certaines petites villes.Il présente par contre l'inconvénient de multiplierlesdifficultés desprojectionsdémographiques : àlaprévisiondelatailles'a- joutel'estimationdeladistributionfuturede la populationselonl'activitéprofessionnelle. Onnoteraleproblèmedeméthodeposéparl'utilisationdelataillecommecritère dedéfinition lorsqu'on veutétudier l'effectif delapopulation urbaine : c'est en effet celledesunitéspossédantunepopulationatteignantaumoinslataillerequise;lecritère n'estdoncpasindépendantdel'objet del'étude. b)Desindicesdeconcentrationsontparfoisretenus: Ladensité, lorsqu'elle est utilisée,entreencombinaison avecd'autres critères: en 1981,l'Indearetenu390h/km 2 ,etleCanada400.Bienqueprésentantdesseuils beaucoupmoinsvariablesquelataille,ladensitén'estpasdépourvued'inconvénients: —certaineszonesruralesontdesdensitéssupérieuresàcelledecertaineszones urbaines; —on considère en général ladensité nocturne, qui est celledesrésidents.Le centredesgrandesvillesn'en comptequ'assezpeu;réservéàdesfonctions tertiaires, ilsevide,lesoir,desesdizainesoucentainesdemilliersd'employésdesbureaux,des banques,desmagasins,etneconservequedesactivitésdeloisir. Lenombredelogementsoccupésestquelquefois utiliséenconjonction avecla tailledelalocalité,oubiens'ysubstitue : enAustralie,unelocalitédemoinsde1000ha- bitantsesturbainesiellecompte250logementsouplusdont100aumoinssontoccupés (ils'agit souventdecentresdevillégiature). Enfin,lacontinuitédelazonebâtieestmesuréeparladistanceentrelesconstruc- tions(moinsde50mètresenNorvège,200mètresenFrance).Ceconcept est utilisé dansladéfinition desagglomérationsenFrance,deszonesurbaniséesauxÉtats-Unis, desdistrictsdensesauJapon. 3)Lescritères économiques Lesactivitéséconomiquesdesvillessontsouventdifficiles àmesurer,etl'on se sertdel'association traditionnelleentrehabitatruraletactivitésagricolespourlesap- procher,enconsidérantquelaproportiondelapopulationd'un territoirequin'estpas engagéedansuneoccupationagricoleestunindicedesondegré d'urbanisation. Cecritère delaproportion denon-agricolesestmarqué,comme lesprécédents, parl'arbitraire duchoixduseuil,variableselonlespays,etd'unepériodeàl'autre.Il ajouteencore,auxdifficultés dedéfinitiondelatailled'unepopulation,agricoleounon, celledeladéfinition del'activité agricole : s'agit-il decelledesindividus,oubiende celleduchef de ménage,etdanslecasd'uneactivitéagricolesaisonnière,celleàlaquelle lamajeurepartiedutempsestconsacrée,oubiencellequiprocurelaplusgrandepartie desressources,monétairesouau total?Ladifficulté peutêtrerésolueaisément,sinon
  • 7. CONCEPTSET DÉFINITIOND DE L'URBAIN 101 demanièresatisfaisante,parunclassement,apriorietarbitraire,desindividusdansles populationsagricoleetnon-agricole,commelefaitl'administration chinoise. CertainsgouvernementsprovinciauxdelaChineontintroduit,àlafindeladé- cennie 1970,d'autres critères denatureéconomiquepourdéfinir leszonesurbaines: parexemple,leslocalitésdelaprovinceduLiaoningdevaientavoir 5000 habitantsau moins et une production industrielle totale d'au moins 5millions de yuan, ou bien 3000 habitantsetplusavecuneproductionde10millions,pourprétendreaustatutde zhen (bourg).DanscertainsdistrictsdelaprovinceduHubei,unvolumeminimalde laventeaudétails'ajoutait auxcritèresdetailleetdeproductionindustrielle. 4)Leséquipementsurbains. Ilsserventàcaractériserlemodedevieurbain,etsontutilisésparcertainspays dansladéfinition deleursvilles.EnIndonésieen1980,enRoumanieetauMalawien 1977,leslocalitésdéfinies commevilleslesontparcequ'ellesprésententdescaracté- ristiques urbaines, sansautresprécisions.D'autrespayscaractérisent lesfonctions ur- baines,trèsvariables,parlaprésencedeservices,oud'équipements,définissantleszones urbaines: en 1980 auPanama,il s'agit de mes, d'éclairage public, desystèmed'adduction d'eau,d'égouts.Lecaractèreurbaind'unelocalitérésultedanscertainscasdel'existence d'uneécolesecondaire,d'undispensaire,d'unpostedepolice,d'un servicepostal,etc. Lepassageauconceptdezonemétropolitaineaaussiconduitàconstruiredesindices dedépendancevis-à-visdunoyaucentral. Cescaractéristiquesurbainessontutiliséesseules,ouencombinaisonaveclataille, ou uncritèreadministratif. Ellesontl'inconvénient den'être pasdiscriminantes,dans lamesureoùleszonesruraleslesacquièrentprogressivement.Leséquipementsurbains figurent cependantdansdesdéfinitions trèsélaboréesdezonesurbaines,commecelle delaTchécoslovaquieen1983. 5)Lescombinaisonscomplexesdecritères Selon l'annuaire démographiquedesNationsUniesde 1986,plusieurscatégories devillessontdistinguéesenTchécoslovaquie : lesvillesimportantes,parexemple,comp- tent généralement 5000habitantsetplus,ontunedensitéde 100personnes aumoins parhectaredesurfacebâtie,dontaumoins15%deslogementscomportenttroispièces d'habitation oudavantage,etdontlaplusgrandepartieestdotéed'un système d'ad- ductiond'eauetd'égouts;cesvillesdoiventavoiraumoins 5 médecinsetunepharmacie, uneécolesecondaireoffrant 9annéesd'études,unhôtelavec20litsaumoins,unréseau deservicescommerciauxetdedistributiondesservantplusd'uneville;ellesdoiventen outreoffrir despossibilitésd'emploiàlapopulationdeleurpériphérie,êtreleterminus d'un réseau de lignes d'autobus; enfin, lapart delapopulation active engagée dans l'agriculture nedoitpasydépasser10%. Laprécision decettedéfinition, quicouvredenombreuxaspectsde 1'«urbain», larenddifficile àétendreàd'autres pays,etlacondamneàêtrerapidement modifiée sousl'effet deladiffusion duprogrèséconomiqueetsocial.
  • 8. 102 CROISSANCEDÉMOGRAPHIQUEETURBANISATION II-L'éclatement des villes Pendantdessiècles,iln'a pasfait dedoutequelapopulation urbaine 0, corres- pondaitàcelledeszones urbaines; lescritèresdedéfinition choisisnaguèrelescarac- térisaientsuffisamment, lorsquelescommerçantsetartisansexerçaientleursactivitésau centre des villes,au lieu de leurrésidenceou àsaproximité immédiate. L'évolution économiqueetsocialeamèneàmettreenquestionl'assimilationdelapopulationurbaine àcelledesvilles;end'autrestermes,ladistinctionentrepopulationurbaineetpopulation ruraleest-elleaussipertinentequedanslepassé? Larévolution industrielledu XIXe siècleaprovoquéunerupturedanslerythme del'urbanisation.Ledéveloppementéconomiquedesvillesetleurcroissancedémogra- phiqueontalorsamené unepremièredifférenciation entrelapériphérie desvilles,où s'installentlesindustriesavecdes«cités»résidentiellesconstruitespourleurpersonnel, etlenoyau urbain dontlapopulation stagneoudiminue,etoùs'accroît lepoidsdes fonctionsfinancière,commercialeetdeloisirs.Lesactivitésducentres'adressentàdes usagersdeplusenplusnombreuxetdeplusenpluséloignés,etsetrouventprogres- sivement saturées.Lecentre villesetransforme enfoyer demouvementspendulaires, matérialisésparlesflux decirculationquiyconvergentetlemenacentd'asphyxie. Jusqu'àcequeseproduise,verslemilieudu XXe siècle,uneautrediscontinuité, d'ordre qualitatif, onpouvaitfaire coïncider sansrisqued'erreur importantpopulation urbaineetpopulationrésidentedeslocalitésqualifiéesd'urbaines.Ladistinctionopérée jadisparlamurailleetsonenvironnementrural,puis,plusrécemment,parlesfrontières administratives,tendàdisparaîtredanslespaysindustrialiséssousl'effet desmodifica- tionssocialesetdelanouvelleappréhensiondel'espacequepermetledéveloppement desmoyensdetransportpublicspuisindividuels.Ceux-ci,conjuguésàd'autres facteurs commelesdifficultés etlecoûtdulogementenville,accélèrentlemouvementdedis- sociation deslieuxderésidenceetdetravailébauchéaucoursdusiècleprécédent,et les individus, qui devraient former lapopulation urbaine, vivent deplus enplus fré- quemmentendehorsdesvilles.Desformesnouvellesd'établissementsapparaissentavec lesvillessatellitesetlescitésdortoirs.Lesfonctionsducentreurbainéclatentetessai- ment, donnant lieu à lacréation denouvelles unitésadministratives, à l'implantation d'hypermarchés etdemarchésdegros,àlaconstructiondeparcsdeloisirs,etc.Cette évolution fait l'objet delacommunication deFrançoisPradeldeLamaze,quimontre commentcetteréorganisationdel'espaceaboutitàsubstitueràlavillemultifonctionnelle lajuxtaposition à sa périphérie de zones unifonctionnelles et àposer des problèmes nouveauxdeliaisonentreceszones. Lamobilitéaccruedesindividussetraduitaussiparlefaitquedepetiteslocalités ruralespeuventdésormaisêtresurtouthabitéespardessemi-urbains, travailleursnon- agricolesemployésdansunevillevoisinedontilsontadoptélemodede vie ; ladimi- nutiondunombredesagriculteursdanslespaysoccidentaux,ainsiquelephénomène desrésidencessecondairesoùlescitadinspassent de plusenplusdeleur temps, accélèrent latransformation deszonesruralesencontribuantàgommerleursdifférences avecles O Onconsidèreengénérallapopulationderésidencehabituelle,avecdesdivergencesdansl'appréciation deladuréenécessairepourfonderl'habitude,maislapopulationurbaineestquelquefoisréduite,commeenChine de1963à1982,àlafraction non-agricoledelapopulationderésidencehabituelle.
  • 9. CONCEPTSETDÉFINITIONDDEL'URBAIN 103 zonesurbaines.Ils'yajoutel'effondrement desfrontièressocio-culturellesentrecitadins etruraux : l'adoptiondesmêmesmodèlesderéférenceetl'homogénéisationdescompor- tements,favoriséeparlesprogrèsdel'instructionetceuxdeladiffusiondel'information, rendent ladistinction desdeuxpopulations sihasardeusequ'on apuavancerqueles sociétéslesplusindustrialiséesavaientréussiàrésoudrelescontradictionsentrevilles etcampagnes,dontlesmarxistestiennentqu'ellessontlefruitdeladivisiondutravail. Desfacteurs subjectifs accentuentceprocessus.AndromachiHadjiyannis indique quelesdiversesreprésentationsquesefont lesindividusdelavillecontribuentàdé- terminerdesattitudes setraduisantpardeschoixrésidentiels.DominiqueMaison fait échoàcetteobservationets'interrogesurledegrédelibertélaisséauxindividusdans cechoix;ilconsidèreledésird'accéder àlapropriété(dontonpeutsedemander s'il estspontanéouinduit)commeunfacteurdedédensificationdesvillesetdecolonisation urbaine. Ce phénomène dedissociation des lieux derésidence, detravail, de loisirs,de marchéconstitueunevéritablerévolutiondansleprocessusd'urbanisation eninversant lesflux; ilprive lescritères utiliséstraditionnellement danslespaysindustrialisésde leurpouvoirdediscrimination, qu'il s'agisse detailleoudedensité,deprésenced'é- quipementsditsurbainsoud'activité économique,etlesrendimpropresàcaractériser dessous-populationshomogènes.Iln'estpasimpossiblequeleconceptd'«urbain » soit finalementremplacé,danscespays,pard'autres lignesdepartagedespopulationsqui yontdéjàprisplusd'importance queladistinctionville/campagne.