1. +
Catherine LE BRAS
Sophie BINET
Centre hospitalier de Beauvais (60)
Service de Neurologie
Le groupe de
soutien
psycho-éducatif
post-AVC
2. +
L’AVC en France en 2018
n 150 000 personnes atteintes par an
n Une personne sur 5 décède en aigu
n 500 000 personnes ont eu un AVC
n De plus en plus de « jeunes » touchés
(10 à 15 000 personnes de moins de 45 ans
par an)
n 30% des patients récidivent dans les 5 ans
3. +
Parcours de soins post-AVC
n SAMU/Pompiers/Accueil urgences
n Service de Neurologie
n soins intensifs avec scope (biiip)
n repos strict au lit le temps d’obtenir certains examens
n dépendance vis-à-vis du personnel soignant pour les actes
de la vie quotidienne (toilette, nourriture, tabac…)
n Eventuellement Centre de Rééducation Fonctionnelle
ou Soins de Suite et de Réadaptation selon l’âge et les
séquelles
n Retour au domicile… ou placement en institution
Appel
au 15
4. +
Séquelles neurologiques de
l’AVC
n Hémiplégie ou hémiparésie
n Troubles de l’attention, des fonctions
exécutives, aphasie, apraxie, agnosie
n Troubles de l’exploration visuelle
n Troubles comportementaux d’origine
neurologique (syndrome « frontal »)
n Fatigue, vertiges…
5. +
Séquelles psychologiques de
l’AVC
Au-delà du vécu de deuil de « la vie d’avant »
n Stress post-traumatique de la prise en
charge en aigu
n Anxio-dépression
n Difficultés d’adaptation relationnelle
avec l’entourage
6. +
Accompagnements post-AVC
n Accompagnement médical post-AVC
n par un neurologue ou un MPR, par exemple dans une consultation de
suivi neurovasculaire
n Accompagnement rééducatif
n ergothérapeute, kinésithérapeute, neuropsychologue, orthophoniste,
psychomotricien…
n Accompagnement psychologique non systématique, souvent
retardé, non spécifique au post-AVC
è Souffrance psychique, difficultés de réadaptation
familiale, professionnelle, sociale…
7. +
Constat
n Constat d’un manque criant d’information et
d’accompagnement dans le suivi des AVC, en
particulier pour les personnes jeunes (vie familiale,
reprise du travail, de la conduite automobile, des
loisirs…)
n Au delà du nécessaire et lent travail de deuil, des
réactions psychologiques aiguës entravent la reprise
des relations et activités habituelles.
n En tant que psychologues hospitaliers, il nous paraît
essentiel d’intervenir dans le suivi de ces patients, en
particulier au sein d’un travail en groupe.
8. +
Création d’un groupe de soutien
psycho-éducatif post-AVC
n Janvier 2016 : ouverture d’un groupe
mensuel accueillant les personnes jeunes
atteintes par l’AVC sur le territoire de santé
de l’Oise Ouest
n Groupe ouvert (inscription préalable à la séance,
proches également accueillis sur demande)
n Animation conjointe par une neuropsychologue
et une psychologue clinicienne avec intervention
ponctuelle de personnes-ressources
(orthophoniste, diététicienne, sophrologue,
associations locales, MDPH, DDCS, CARSAT…)
9. +
Objectifs du groupe de soutien
psycho-éducatif post-AVC
n Soutien psychologique par le partage
d’expériences encadré par un binôme de
psychologues
n Aiguillage dans le système de soins et
d’accompagnement post-AVC via les
thématiques fréquemment évoquées en
consultation
n Prévention de la récidive par une démarche
éducative sur les facteurs de risque
10. +
Stress post-traumatique (1)
n La survenue des symptômes, l’hospitalisation initiale,
l’annonce diagnostique et de la durabilité des
séquelles sont autant d’événements susceptibles de
constituer un traumatisme pour certains patients.
n Ils les ont subis de façon passive, contrainte. Ces
moments font encore effraction dans leurs vies
psychiques à distance de l’AVC avec des reviviscences
diurnes et nocturnes, une anxiété qui se généralise...
n Ils se souviennent et restituent les mots exacts des
médecins, relatent des expériences douloureuses de
leurs premières confrontations à l’handicap, certains
apprécient que le groupe ait lieu dans une salle en
dehors du service de Neurologie…
S., 32
ans,
RA
11. +
Stress post-traumatique (2)
n Les étapes de la prise en charge, le cheminement des
examens, l’objectif des traitements et des rééducations
peuvent de nouveau être formulés par les encadrantes du
groupe.
n Se présenter devant le groupe, expliquer le mode
d’installation des troubles, leur conséquences constituent à la
fois un moyen de se les approprier et nous constatons bien
souvent une modification des discours des participants au
fil des séances.
n La rencontre avec d’autres personnes touchées par l’AVC est
bénéfique : pour la première fois, l’Autre comprend et met
parfois des mots là où le patient ne parvenait pas à en
mettre.
12. +
Une transition de rôles (1)
n Après l’AVC, le conjoint prend souvent et bien
contre son gré un rôle prépondérant dans la
famille, disqualifiant symboliquement le patient
de ses rôles antérieurs.
n La participation du conjoint est soumise à
l’acceptation du patient. Le conjoint est introduit
dans le groupe par le patient ; il n’est pas rare que
le groupe soit l’objet d’une prise de conscience
par l’accompagnant de la véracité des plaintes
formulées. La plainte, partagée, s’en trouve
validée.
A.,
45 ans
et sa
fille
13. +
Une transition de rôles (2)
n Nous observons enfin au fil des séances des
mutations progressives de rôles dans le
groupe ; de « nouveaux », les patients passent
progressivement aux rôles d’interlocuteurs plus
assurés au fil de l’évocation de leurs difficultés,
puis « d’experts » pouvant à leur tour accueillir les
plus récemment arrivés.
n Le groupe de soutien devient un lieu de
réhabilitation du patient dans un rôle de
« sachant » ou a minima de pair-aidant.
14. +
Restauration du
« lieu de maîtrise » (1)
n Tous les AVC n’ont pas forcément de causes identifiées (HTA,
ACFA…) et les causes des AVC des jeunes adultes sont moins
fréquemment connues que celles des patients plus âgés.
n Selon qu’une cause de l’AVC a été ou non identifiée, le « lieu de
maîtrise » des personnes touchées pourra être mis à mal en
renforçant le poids :
n soit des causes externes (amenant le patient à un plus grand
fatalisme)
n soit des causes internes (pouvant générer une plus grande
culpabilité, voire du stress surajouté…) M.,
62 ans,
HTA à
22
15. +
Restauration du
« lieu de maîtrise » (2)
n La confrontation aux lieux de maîtrise des autres
participants permet au patient d’évoquer de façon
plus souple différentes causes externes ou internes à
son AVC.
n Dans une perspective d’éducation, nous valorisons
probablement les verbalisations mettant en avant
des lieux de maîtrise internes. Nous encourageons le
patient à passer dans son discours de l’AVC « subi »
à l’AVC vécu comme une « expérimentation » de ses
propres capacités de résilience et une occasion de
mieux se connaître.
n Nous restons cependant vigilantes à respecter les
modes habituels de fonctionnement psychique du
patient.
16. +
Conclusion
n Le groupe de soutien participe à la resocialisation
des personnes touchées par l’AVC :
n La prise de parole du patient devant le groupe est
une expérience de reformuler le vécu de l’AVC, de
se le rendre à soi-même intelligible en même
temps que le patient le restitue à autrui.
n Les séances constituent souvent les seules
occasions de rencontres sociales.
n Les thématiques du groupe, déterminées avec les
patients, ont pour objectif la reprise des activités
antérieures (conduite automobile, emploi, sport…).
17. +
Conclusion
n Les personnes accompagnées dans le cadre du
groupe de soutien évoluent dans la représentation
qu’ils se font de leur AVC au fil des séances. Il s’agit
pour certains d’une véritable re-co-naissance.
n Notre accompagnement permet par ailleurs
d’orienter efficacement les patients dans le
système de soins et d’accompagnement. Il est
moins lourd à mettre en place qu’un programme
d’éducation thérapeutique pluri-professionnel et
s’adapte à la demande des participants par
l’intervention possible de personnes ressources.
18. +
Limites
n Le cadre du groupe semble accélérer et
potentialiser le travail psychique individuel.
L’efficacité spécifique de notre groupe de soutien
par rapport à celle d’autres interventions
thérapeutiques est difficile à démontrer.
n Le cadre de notre intervention est en
questionnement permanent pour répondre au
mieux aux besoins des patients jeunes atteints par
l’AVC et de leurs proches.
19. +
Bibliographie succinte
n Cheng, H.Y., Chair, S.Y., Pak-Chun Chau, J., (2014), « The effectiveness of psychosocial
interventions for stroke family caregivers and stroke survivors : a systematic review and meta-
analyse », Patient Education and Counseling, 95, 30-44
n De Bruijn, M., Synhaeve, N., van Rijsbergen, M., et al., (2015), «Quality of life after young
ischemic stroke of mild severity is mainly influenced by psychosocial factors », Journal of
Stroke and Cerebrovascular Diseases, 24(10), 2183-2188
n Favrole, P., Jehel, L., Levy, P., et al., (2013), « Frequency and predictors of post-traumatic stress
disorder after stroke : a pilot study », Journal of the Neurological Sciences, 327, 35-40
n Hafsteinsdottir,T.B.,Vergunst, M., Linderman, E., et al. (2011), « Educational needs of patients
with a stroke and their caregivers : a systematic review of the literature », Patient Education
and Counselling, 85(1), 14-25
n Muller, M.,Toth-Cohen, S., Mulcahey, M.J., (2014), « Development and evaluation of a hospital-
based peer support group for younger individuals with stroke », Occupational Therapy in
Health Care, 28(3), 277-295
n Schmid, A.A., Damush,T.,Tu,W., et al., (2012), « Depression improvement is related to social
role functioning after stroke », Archives of Physical and Medical Rehabilitation, 93, 978-982
n Van Mierlo, ML.,Van Heugten, CM., Post, MWM., et al., (2015), « Life satisfaction post stroke :
the role of illness cognitions », Journal of Psychosomatic Research, 79, 137-142
20. +
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