1.
LA LOIRE ET SA REGION Actualité
Rédaction : 6 Esplanade de France, CS16438, 42964 Saint-Etienne Cedex 9 - 04 77 91 47 47 - Fax : 04 77 91 48 99 - lprchefinfo42@leprogres.fr
8 I LE PROGRES - DIMANCHE 25 AOÛT 2013 LOI
« S
ur un devis de
1 5 7 0 0 0 € ,
9 0 0 0 0 € n e
sont pas pris en charge par
mon assurance. »
Pascal Poncet est un des sept
agriculteurs du village de
Marclopt. Comme beaucoup
de ses collègues, il vient de
recevoir les premiers devis de
travaux suite à l’orage de grêle
du 6 août dernier. « J’ai 24
000m2 de toiture, tout est à
changer, les grêlons ont percé
toutes les plaques de toit. »
Problème : ces plaques sont
anciennes et contiennent de
l’amiante. Nombre d’agricul-
teurs sont assurés contre les
dégâtsdegrêle,maisnonpour
le désamiantage. Le député
Paul Salen et le sénateur Ber-
nard Fournier viennent donc
d’écrire au ministre de l’Agri-
culture pour que l’État prenne
en charge ces travaux (voir ci-
dessous). « Ces plaques sont
interdites parce que la loi a
changé, il est donc de la res-
ponsabilité de l’État d’aider les
agriculteurs »,réagitChristian
Bernard, maire de Marclopt.
Pourtant, selon la Fédération
française des sociétés d’assu-
rances, les agriculteurs
auraient pu se prémunir
contre ce type de dégâts :
« Les assurés ont la possibilité
de souscrire une extension de
couverture relative aux frais
de désamiantage. Mais elle est
optionnelle, modulable et pla-
fonnée », explique Delphine
Deleval, directrice de la com-
munication de la Fédération,
jointe à Paris.
Mais la majorité des agricul-
teurs n’ont donc pas de con-
trat de ce type. « Ils n’étaient
même pas au courant qu’il fal-
lait s’assurer contre ce risque,
les assureurs n’ont pas correc-
tement joué leur rôle de con-
seil », estime Christian Ber-
n a r d . « E t c e s o n t d e s
assurances très chères. Depuis
un an, la tonne de blé a baissé
de 100 €, les producteurs de
lait arrivent à peine à survivre
et les œufs se vendent mal.
Pour beaucoup, il est impossi-
ble de payer de telles assuran-
ces », insiste Robert Ponton-
nier, installé à Marclopt. Ce
producteur est aussi prestatai-
re de services dans les travaux
des champs pour d’autres
agriculteurs de la région. « Je
ne devrais pas avoir de problè-
mes sur mon exploitation,
mais j’ai des clients qui en ont
pour 250 000 € de réparation.
Ils ne pourront jamais payer »,
s’énerve-t-il. Et à une conjonc-
ture difficile s’ajoutent
d’autres dépenses pour les
agriculteurs. « Les normes
sanitaires ont déjà changé il y
a quelques années. Sur mon
exploitation, nous avons dû
faireunprêtquicourtjusqu’en
2020 pour se mettre en con-
formité avec la loi. Et je ne suis
déjà plus en règles, la régle-
mentation vient de changer.
Les banques ne suivront
jamais si je dois faire un nou-
veau prêt pour payer le désa-
miantage », se désole Pascal
Poncet.
« Sirienn’estfait,onvamettre
en péril tout un secteur écono-
mique de la région », insiste
Christian Bernard. « On ira
même au-delà de l’agricultu-
re, car certains artisans sont
dans la même situation. »
Pour l’heure, le cabinet du
ministre de l’Agriculture, Sté-
phane Le Foll, reste muet. I
Hugo Flotat-Talon
Après la grêle, l’amiante met
les agriculteurs foréziens en danger
Intempéries. Après l’orage de grêle du 6 août dernier,
beaucoup d’agriculteurs doivent reconstruire, mais aussi
désamianter leurs toitures. Un dernier point coûteux que
refusent de prendre en charge nombre d’assurances.
I Dans nombre d’exploitations, les plaques de toit sont anciennes et contiennent de l’amiante. «Des plaques
interdites parce que la loi a changé». Photo Frédéric Chambert
3 QUESTIONS À
Vous venez, avec Bernard
Fournier, sénateur de la
Loire, d’écrire au ministre
de l’Agriculture en appelant
à « la solidarité nationale ».
Est-ce normal que l’État
mette la main à la poche ?
Il faut savoir qu’à l’époque où
ces toits en fibrociment ont
été installés, ils étaient auto-
risés par la loi. L’État a donc
une responsabilité dans cette
histoire. Nous demandons
simplement une aide pour la
partie désamiantage, et rien
d’autre. Ce n’est pas ça qui va
mettre en péril le budget de
l’État.
Vous connaissez donc déjà
le montant de l’aide
nécessaire ?
Non, c’est d’ailleurs pour cela
qu’une réunion est organisée
la semaine prochaine à Mar-
clopt. Je veux chiffrer plus
précisément le coût de ces
travaux et j’irai ensuite ren-
contrer le ministre de l’Agri-
culture, Stéphane Le Foll.
Vous demandez aussi à
l’État de « sensibiliser les
compagnies d’assurance ».
Que voulez-vous dire ?
Les entreprises de travaux
demandent un acompte de
30 % dès le début de leurs
travaux. Il faut que les com-
pagnies d’assurances fassent
rapidement un premier ver-
sement pour que les travaux
puissent débuter. C’est ça
que l’État doit faire compren-
dre aux assureurs.
Photo Yves Flammin
Paul Salen, député Loire-Forez
« L’aide aux agriculteurs« L’aide aux agriculteurs
ligériens ne mettra pasligériens ne mettra pas
en péril le budget de l’État »en péril le budget de l’État »
Réunion jeudi 29
août à Marclopt
Les agriculteurs et entrepre-
neurs concernés par ces
problèmes de désamiantage
sont conviés à participer à
une réunion en mairie de
Marclop, jeudi prochain à
10h30. Chacun est invité à
venir avec ses devis de tra-
vaux.
Chez les particuliers, la situa-
tion semble moins probléma-
tique que celle des agricul-
teurs.
Dans les communes impac-
tées, les experts d’assurance
défilent chez les habitants. À
Champdieu, les assurés ren-
contrés cette semaine sem-
blaient plutôt satisfaits.
« L’expert vient de partir, tout
est pris en charge, on n’y
croyait pas », réagit un rési-
dent du village. Un bourg où il
est rare de trouver un toit
non protégé par des bâches.
Aux angles de rues, des bar-
rières métalliques éloignent
les passants des trottoirs :
« Risque de chutes de
tuiles ». Il suffit, en effet,
parfois d’une simple rafale de
vent pour faire tomber ces
dernières des toits. Comme
chez Simone Forest, à Saint-
Étienne-le-Molard. « Chez moi
tout est à refaire, j’ai un devis
de 22 000 €», montre cette
habitante. « L’expert n’a
même pas fait la grimace »,
sourit-elle. Un peu plus loin,
une voisine est dans la même
situation mais, vacances
obligent, l’expert n’est pas
encore passé : « Il est impos-
sible de joindre quelqu’un,
alors on patiente et on fait
attention. Il ne faudrait pas
qu’on prenne une tuile sur la
tête ou qu’une voiture soit
abîmée. »
Les particuliers ayant déjà
reçu la visite d’un expert
semblent, pour l’heure, satis-
faits. « Il faut simplement ne
pas être trop gourmand, je
doute qu’on aille jusqu’à
rembourser une chaise de
jardin percée qui traînait »,
estime un Champdieulat. Sur
un parking du village, Benoit
sait qu’il devra mettre la main
à la poche. « J’étais assuré au
minimum pour ma voiture. Il
faut que je change mon pare-
brise », explique-t-il en mon-
trant les fissures qui le traver-
sent. « Je sais qu’il faudra que
je paie cela. J’aurais préféré
que la zone soit classée en
catastrophe naturelle, on
m’aurait payé ça », sourit le
jeune homme.
La préfecture a écarté cette
hypothèse, puisque les
dégâts liés à la grêle sont
« assurables ».
En cas de soucis, veillez à
bien relire vos contrats
d’assurance et sachez qu’il
existe deux types de contrat
d’assurance habitation. « Cer-
tains prévoient un rembour-
sement à valeur neuf mais
d’autres prévoient un coeffi-
cient de vétusté », explique la
Fédération française des
sociétés d’assurances. Une
franchise pourra aussi vous
être appliquée.
H.F.T
Moins de problèmes chez les particuliers