Dans le cadre du projet PEI sur l’adaptation des élevages caprins de Nouvelle-Aquitaine au changement climatique, piloté par le Réseau REDCap (BRILAC), nous souhaitons connaître vos pratiques et questions sur le système fourrager et les ressources fourragères adaptées au changement climatique et à l’alimentation des chèvres. Ce questionnaire est ouvert à tous les éleveurs de chèvres de toutes les régions de France.
Identification de ressources fourragères utilisables en élevage caprin face au changement climatique
1. Identification de ressources fourragères
d’intérêt pour les systèmes caprins face
au changement climatique
Jérémie Jost (Idele-REDCap) et les animateurs des groupes d’éleveurs (Manon Proust, Manon
Bourrasseau, Romain Lesne, Valentin Py, Marie-Gabrielle Garnier, Laurène Robin)
2. Enquête en ligne réalisée en
mai-juin 2020
L’objectif de ce questionnaire est de connaître :
vos pratiques déjà mises en œuvre pour adapter votre système fourrager
au changement climatique
vos questions et attentes sur les ressources fourragères à développer
pour faire face au changement climatique.
Les réponses permettront de partager ces retours d’expérience et
d'approfondir certaines solutions.
Au total, l’enquête a reçu 61 réponses du questionnaire (éleveurs de
chèvres), dont :
64 % ont modifié leur système fourrager
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4. Présentation du questionnaire en ligne
Changements réalisés
Pour commencer, nous souhaitons vous poser quelques questions sur les changements réalisés ou en
cours de réalisation sur votre élevage de chèvres dans le cadre d’une adaptation au changement
climatique
Avez-vous déjà modifié votre système fourrager face au changement climatique?
De quelles façons avez-vous modifié votre système fourrager? (plusieurs réponses
possibles)
Dans le cadre du changement climatique, quelles modifications dans votre système
fourrager pensez-vous mettre en place d'ici 5 ans?
Dans le cadre du changement climatique, selon vous, comment devriez-vous adapter
votre système fourrager?
Votre élevage
Pour finir ce questionnaire, nous souhaitons vous poser quelques questions sur votre élevage.
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5. Présentation du questionnaire en ligne
Votre expérience
Maintenant, nous souhaitons connaître votre expérience concernant les espèces fourragères plus adaptées au changement climatique.
Dans le cadre du changement climatique, utilisez-vous déjà des ressources fourragères spécifiques
pour vous adapter?
Utilisez-vous une autre ressource fourragère qui sécurise ou pourrait sécuriser selon vous votre
système fourrager?
Selon vous, cette culture présente quels intérêts ?
Quelle est la pérennité de cette culture ?
Comment est cultivé cette plante ?
Cette espèce se cultive-t-elle dans des conditions spécifiques? (par exemple: sol acide, contexte très
séchant, ...)
Comment cette culture est-elle semée?
Faites-vous des interventions particulières entre le semis et la/les récolte(s) (par exemple: apport
d'azote, désherbage, taille, traitement, ...) ?
Comment valorisez-vous ce fourrage ?
Concrètement, ce fourrage représente dans la ration des chèvres:
Avez-vous des questions sur cette culture? Y-a-t-il des limites techniques à sa culture, sa récolte ou sa
valorisation par la chèvre?
Nouvelles ressources fourragères
Vous avez peut-être déjà entendu parler ou vous envisagez de cultiver d’autres espèces fourragères moins courantes mais d’intérêt face au
changement climatique. Notre objectif est d’identifier ces « nouvelles »ressources fourragères et d’ « expertiser » leurs intérêts dans les systèmes
caprins de demain.
Idem
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7. Résumé des résultats de l’enquête en ligne
Nombre de
chèvres
minimum 56
mediane 180
maximum 600
7
Région des
éleveurs
Nouvelle-Aquitaine 75%
AURA 20%
Pays de la Loire 5%
Depuis quand êtes-
vous éleveurs ?
15,6 ans en
moyenne (3-50)
Au total, l’enquête a reçu 61 réponses d’éleveurs de chèvres et 64 % ont modifié leur système
fourrager pour faire face au changement climatique.
Parmi les éléments marquants, on notera que :
- 69 % des éleveurs utilisent déjà de la luzerne comme levier d’adaptation face au changement climatique
- Les 5 leviers d’adaptation du système fourrager les plus mobilisés sont :
- l’utilisation de mélanges prairiaux,
- le choix d’espèces et de variétés fourragères adaptées,
- la récolte plus précoce de l’herbe,
- la valorisation de dérobées et de ressource ligneuse.
- Les besoins d’accompagnement des éleveurs concerne l’appui technique et l’animation de groupes
d’éleveurs sur le sujet, la communication des leviers et l’appui financier (investissement, changement
de pratique).
9. Dans le cadre du changement climatique, quelles modifications
dans votre système fourrager pensez-vous mettre en place d'ici
5 ans / avez-vous déjà mis en place? (plusieurs réponses
possibles)
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10. Dans le cadre du changement climatique, quelles modifications
dans votre système fourrager pensez-vous mettre en place d'ici
5 ans / avez-vous déjà mis en place? (plusieurs réponses
possibles)
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11. Dans le cadre du changement climatique,
utilisez-vous déjà des ressources fourragères
spécifiques pour vous adapter? (plusieurs
réponses possibles)
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12. Vous n’avez pas encore modifié votre
système fourrager, mais comment
pensez-vous le modifier d’ici 5 ans ?
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13. De quoi auriez-vous besoin pour adapter votre système au
changement climatique?
Il peut s'agir de références techniques, d'accompagnement, de soutien financier à l'investissement, d'outils, de
réunion d'échanges avec d'autres éleveurs, de visites de stations expérimentales, ...
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« Les besoins du troupeau en fonction du stade
physiologique et du nombre d'animaux »
« Production d’herbe selon besoins du troupeau »
« Un calendrier avec les espèces qui
poussent en fonction des saisons »
« Des recommandations techniques sur : méteil
fourrager, moha associé, sorgho bmr »
« Appui financier »
« Appui technique pour une bonne implantation »
« Conseil technique et aides
à l'implantation de culture »
« Échange éleveur »
« Retour d'expérience sur les arbres
fourragers »
« Réunion d’échange technique »
« Tout ça à la fois + communication sur
les expériences »
« Un peu de tout cela »
« Soutien financier pour plus de légumineuses »
« Retours d'expé des stations »
« échange entre éleveurs »
« Assurer les risques de semis raté à cause des intempéries
(chaleur pluviométrie excessive ou inexistante...) »
14. Suite au tour de table avec les éleveurs en
réunion
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Leviers pour s’adapter au changement climatique Réalisés Envisagés
Luzerne et/ou prairie multi-espèces Tous Tous
Irrigation III I
Contractualisation de luzerne sur pied ou achat de foin de luzerne IIII ou III
Pâturage des sous-bois
ou aire d’exercice arborée pour l’été
III
Autres fourragères : Sorgho ou betterave fourragère IIII ou I
Fauche plus précoce (ensilage, enrubannage, séchage en grange) IIIII
Augmenter la SFP (diminuer chargement) III I
Allonger la période de pâturage (fin d’automne et hiver) IIII
Drainage pour améliorer le sol I
Valorisation de feuilles d’arbre en été II
Semis de prairie sous-couvert - Méteil immature enrubanné IIIII
15. Ressources fourragères identifiées dans l’enquête en ligne ou lors
des réunion éleveurs méritant une évaluation bibliographique
Betterave fourragère
Plantain fourrager
Moha
Mûrier blanc
Colza fourrager
Cassia tora ou obtusifolia:
mbuum nduur
Moringa oleifera: nébédayou
saab saab
Haricot lablab
Niébé ou cow pea
Sarasin
Chicorée
Teff grass
Silphie
Sorgho fourrager
Vigne
Sainfoin
Lotier
Seradelle
Haie
Trèfle squarosome
Trèfle de perse
Trèfle fraise
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16. Sources
L’évaluation des dix ressources fourragères ci-après bénéficie à
la fois de références bibliographiques et de retour d’expérience
des éleveurs de chèvres participants aux groupes de travail
Références bibliographiques :
PAFC (2019). COMPTE RENDU DE MISSION Fourrages/Comptabilité.
https://www.feedipedia.org/
Revue Fourrages
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17. Cassia tora ou obtusifolia: mbuum nduur
Le mbuum nduur fait partie des légumineuses herbacées naturelles très
répandues au Sénégal. Elle est très peu consommée par les animaux
lorsqu’elle est verte mais une fois séchée de nombreux témoignages
d’éleveurs montrent que les ruminants la consomment. Elle est également
consommée par les hommes une fois bouillie.
Les feuilles peuvent être récoltées au début du développement de la
plante. En revanche si elle est coupée, cela peut ralentir sa repousse. Il
semblerait donc qu’une seule coupe soit possible avant floraison. La coupe
de l’ensemble de la tige à 10 cm du sol facilitera l’aération lors du séchage.
La durée du séchage peut varier de 2 à 5 jours avec une dernière journée à
l’ombre afin de perdre le moins de feuille possible.
Le fait qu’elle ne soit que très peu consommée en vert laisse penser que la
plante présente une certaine toxicité qu’elle perd peut-être au séchage. Il
convient néanmoins de s’assurer qu’elle ne présente pas d’effet toxique au-
delà d’une certaine quantité séchée incorporée dans la ration.
Excepté ce risque de toxicité, ses caractéristiques pourraient en faire un
bon fourrage naturel à condition de préserver chaque année des plants
pour le réensemencement.
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18. Betterave fourragère (et chou fourrager)
Antoine Bernard et Claire Mimault, de l’EARL Fromage de la Perrure, se sont installés en
2016 à Mervent (Vendée). Ils élèvent 100 chèvres, pour produire des fromages bio, en
valorisant au mieux la ressource fourragère, notamment au pâturage. Pour poursuivre la
distribution de fourrage vert en fin d’automne et en hiver, les éleveurs ont misé sur la
betterave et le chou fourragers. Pour les 100 chèvres, ils ont implanté 0,5 ha de choux et
0,5 ha de betteraves. Ces parcelles sont à proximité de l’élevage pour la surveillance et le
binage des cultures. La récolte est manuelle, souvent avec un stagiaire. Une réflexion est
en cours sur la récolte mécanique de ces aliments. Entre deux implantation de ces
cultures, de l’avoine est implanté en dérobée, et pâturé par les chèvres. Ceci permet de
limiter le salissement de la parcelle. Un mois avant le semis, un apport de fumier est
réalisé, suivi d’un labour et d’un passage de vibroculteur.
La ration hivernale (fin de lactation et tarissement) est composée en brut de 6 kg de chou
(un pied par chèvre environ), 1 kg de betterave (découpé à la pelle à bêcher) et de 400 g
de méteil grain. Le foin est donné à volonté. La distribution est manuelle pour ces
aliments.
Chou et betterave sont un moyen de gagner en autonomie alimentaire et de conserver
l’état des animaux en fin de lactation. La betterave, riche en sucres, permet une reprise
d’état tardive. Le chou fourrager permet un apport de vert au moment où le pâturage est
arrêté en fin d’automne. Ces deux aliments sont donc complémentaires pour l’apport
d’énergie et d’azote. Cela permet de maintenir le lait en fin de lactation, tout en
produisant de la matière utile (TP de 45) pour produire des fromages à cette période.
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19. Moha
Graminée annuelle estivale à cycle court dotée d’un fort pouvoir couvrant, le moha a un
développement très rapide et peut atteindre une hauteur de 1 à 1,5 m. Il est souvent associé à du
trèfle pour améliorer sa valeur alimentaire.
De mai à juillet à 25-30 Kg/Ha en pur ou associé avec du trèfle d’Alexandrie (13 Kg de moha + 12 Kg
de trèfle). 40 à 60 unités d’azote à la levée. Peu ou pas de repousses, gélif à 0 °C.
Le groupe GIEE de la Sarthe travaille sur la possibilité de faire pâturer les chèvres en période estivale.
L’enjeu pour ces systèmes caprins fromager-fermiers est de poursuivre le pâturage durant l’été, dans
un contexte de sol sableux à faible potentiel (et moins de 5 cm de sol). Un essai paysan a été mis en
place en 2020 dans un élevage caprin de 40 chèvres, avec une approche globale qui lie le sol la plante
et l’animal. Le 15 avril, la première coupe d’une vieille prairie a été incorporée au sol, comme un
engrais vert. En complément, des micro-organismes « EM » ont été incorporés avec un mulchage au
roto-labour. Le 26 mai, un mélange Millet-Moha-trèfle d’Alexandrie a été semé dans la parcelle. Le
pâturage au fil de la parcelle a commencé le 6 juillet pour durer jusqu’au 15 août. 2-3 tonnes de
matières sèches ont été pâturées par les chèvres. Les chèvres ont bien pâturé la parcelle. Cet essai a
permis au producteur d’assurer sa production de lait estivale (sans baisse de production
contrairement aux années précédentes), tout en économisant du foin. Cet essai est reconduit cette
année, avec un nouveau mélange sans moha et avec plus de trèfle d’Alexandrie, pour limiter l’apport
de concentrés cet été. Le pâturage sera réalisé à priori plus tôt, afin d’éviter de se faire dépasser par
le stade des graminées : avec 2 semaines d’avance environ, donc dès fin juin. L’utilisation du fil avant
(et arrière) permettra d’éviter le piétinement des repousses.
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20. Chicorée
La chicorée est une plante d’été active disposant d’un système racinaire en
pivot. Elle est très productive au printemps, en été ainsi qu’à l’automne. Les
origines de la chicorée ne sont pas certaines. Celle-ci serait probablement
native d’Europe, mais elle est aujourd’hui très utilisée à travers le monde,
notamment pour pallier une baisse de productivité, d’appétence et de
digestibilité pendant la période estivale. Dans les zones à faible
pluviométrie (< 600 mm), sa productivité durant la période sèche dépendra
de la capacité de rétention d’eau du sol.
Le retour des éleveurs est mitigé :
la plupart ayant essayé d’en cultiver considère qu’elle n’est pas compatible avec les
recommandations de gestion du parasitisme (temps de retour sur la parcelle,
valorisation en pâture et fauche, …)
Le cycle rapide de développement amène une montée rapide, obligeant à gérer des
tiges lignifiées (broyage en fin de saison
La grenaison est rapide, amenant une parcelle qui se densifie en chicorée
rapidement
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21. Colza fourrager
Le colza fourrager est une plante annuelle de la famille des Brassicacées,
anciennement nommée Crucifères, qui regroupe des plantes dicotylédones
telles que les choux, navets, radis, etc. Souvent utilisée en interculture
(entre 2 cultures principales annuelle successives), cette culture dérobée
fourragère est réputée pour être peu onéreuse, s’implanter facilement et
bénéficier d'une croissance rapide. Ceci permet notamment aux éleveurs
d’obtenir un fourrage frais de qualité à des périodes où d’autres plantes
auront plus de difficultés à produire (notamment à l'automne).
Retour des éleveurs :
Colza fourrager intéressant mais nécessité d’avoir de l’eau après l’implantation
Grosse interrogation des éleveurs sur le fait que le colza donne du goût au lait et/ou
aux fromages (retour de fromagers fluctuant). Ceci mériterait d’être étudié plus
finement.
Association favorable avec RGI 6 mois ou avoine, pour limiter les troubles
métaboliques
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22. Pennisetum purpureum : néma ou marafalfa
(herbe à éléphant)
L’implantation du néma se fait généralement par bouturage. Les
boutures sont prélevées sur des vieilles tiges (5 à 7 mois). Si la tige
est sèche, les boutures peuvent être trempées dans l’eau pendant
3 jours avant mise en terre. Les boutures doivent au moins
comprendre un à deux noeuds. Pour la mise en terre, deux
techniques ont été observées soit à la verticale soit à
l’horizontale. Les boutures sont enterrées à 5 cm maximum dans
le sol. Il faut bien tasser le sol au-dessus de la bouture. Une rigole
autour de la bouture doit permettre d’arroser par les côtés car il
faut éviter un arrosage direct. La levée des feuilles a lieu au bout
de onze jours. Il est nécessaire de fertiliser avec du fumier et de
l’urée. Au bout d’1 mois, la plante peut atteindre 1,5 m d e haut.
Les éleveurs rencontrés récoltent à 3 mètres de haut.
L'herbe à éléphant ( Pennisetum purpureum Schumach.) est une
graminée tropicale majeure. C'est l'une des graminées tropicales
les plus productives. C'est une espèce très polyvalente qui peut
être cultivée dans un large éventail de conditions et de systèmes :
conditions sèches ou humides, agriculture à petite échelle ou à
grande échelle. C'est un fourrage précieux et très populaire dans
toutes les régions tropicales, notamment dans les systèmes de
coupe et de transport ( Mannetje, 1992 ; FAO, 2015 ).
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24. Mûrier blanc
La ressource fourragère tirée des arbres est encore peu étudiée et soulève de
nombreuses questions sur leur valeur alimentaire, leur acceptabilité par les
animaux, et leurs itinéraires de production. Les premiers résultats ont été
obtenus dans le cadre des projets PARASOL (2015 – 2018, coord. Agroof) et
ARBELE (2015- 2018, coord. IDELE) et publiés dans Emile et al. (2017) sur les
teneurs en matières azotées totales (MAT), fibres, tanins condensés (TANc) et
digestibilité in vitro des feuilles. Le murier blanc présente un fort intérêt avec
une valeur alimentaire de 17% de MAT et 83,2% de digestibilité enzymatique.
Il n’y a pas de références sur la production de biomasse totale sur les parties
feuilles et rameaux, potentiellement consommables par les animaux. La
quantité produite dépend de l’arbre, de son âge, du contexte pédoclimatique
(Colin et al, 2018) et du mode de gestion.
Des enquêtes menées auprès d’éleveurs lors des projets ARBELE et PARASOL
(Béral, 2018) permettent d’approcher quelques notions de productivité et
d’apport aux animaux. Les questions essentielles sur la densité de plantation, le
type de taille ainsi que la prise en compte des besoins des animaux selon les
périodes restent entières.
Des essais sont prévus en Ardèche à la station du Pradel sur cette thématique.
Les éleveurs de la région n’ont pas de retour sur son utilisation.
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25. Sorgho fourrager multicoupes
Le semis est généralement réalisé sur des parcelles ayant des prairies
annuelles en vesce-avoine après que celles-ci aient été pâturées, donc vers
début juin. La réussite du semis est liée à la pluviométrie de : il faut un
minimum d’eau pour que le sorgho lève bien. Son coût d’implantation est
faible (60 €/ha environ), mais il demande plus de travail mécanisé.
Le sorgho est ensuite pâturé à partir d’août et trois à cinq passages
successifs sont ainsi possibles, jusqu’aux premières gelées s’il est pâturé
suffisamment tôt et que les conditions météo (pluie) permettent de bonnes
repousses. Les tours de pâturages durent de moins en moins longtemps au
fil du temps. Le pâturage se fait sur la longueur. Pour un troupeau de 150
chèvres, c’est un front d’environ 180 m qui est offert aux chèvres, avec un fil
avant repoussé de 3 mètre à chaque sortie ce qui fait près de 3,5 m² par
chèvre par repas. Un fil arrière est également mis en place pour favoriser la
repousse. Elles le consomment très vite et y restent une à deux heures
maximum pour éviter le parasitisme. Le sorgho peut être très haut quand
les chèvres y entrent mais elles ne doivent pas pâturer plus bas que 40 cm
au 1er passage. 2 hectares sont ainsi consommés par 150 chèvres en un
mois.
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26. Sainfoin
Le Sainfoin est une légumineuse, peu pérenne, aux fleurs groupées en
grappe allongée, et qui peut atteindre jusqu’à un mètre de hauteur. Cultivée
comme plante fourragère, elle s’adapte à des conditions difficiles de
culture: sols superficiels, calcaires et caillouteux, et aux régions aux hivers
rudes et aux étés secs. Plante quelque peu oubliée en France, elle garde
néanmoins une place intéressante en Aveyron et dans le Sud où les sols
sont parfois difficilement valorisés et où le climat est très variable.
Le retour des éleveurs sur cette légumineuse sont positifs d’un point de vue
alimentaire. Par contre, le rendement et la pérennité sont faibles. Il est
difficile de trouver des semences, et le coût à l’hectare est élevé. Certains
éleveurs ont participé à des travaux de multiplication de semences
population.
Des essais sont menés et prévus à INRAE Lusignan sur leur capacité à être
cultivé, valorisé par les chèvres et éventuellement avoir un impact sur la
maîtrise du parasitisme gastro-intestinal.
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27. Lotier
Le lotier corniculé est une plante riche en tanins. Il est adapté aux
sols séchants, calcaires mais aussi acides ainsi qu’aux sols
superficiels, voire siliceux. Il n’y a que les excès d’eau qui lui sont
défavorables. Le lotier est surtout destiné à être utilisé associé à du
dactyle ou de la fétuque élevée en zone séchante et donc
défavorable au trèfle blanc, ou à rentrer dans la composition dans un
mélange multi espèces. Le lotier corniculé n’est pas météorisant. La
dose de semis doit se situer entre 5 et 15 kg au sein de la
composition. La pérennité de cette espèce est de 2 à 3 ans mais si les
conditions lui conviennent, sa présence peut perdurer avec celle des
graminées qui lui sont associées.
Les retours des éleveurs sont mitigés : en mélange, on le retrouve
rarement, sauf après des étés secs et dans des parcelles « pauvres ».
Aucun éleveur n’a essayé un semis en pur, à cause du coût des
semences.
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