Nous vous proposons ce mois-ci un focus sur des avancées technologiques qui offrent des perspectives intéressantes
pour les systèmes énergétiques de demain.
Avec la démocratisation des objets connectés, l’Internet of Things trouve toujours plus d’applications. Nous mettons
en avant dans ce numéro la façon dont cette technologie peut se mettre au service de l’efficacité énergétique.
Nous vous proposons également de revenir sur la découverte récente d’un laboratoire du MIT, où des chercheurs
ont réussi à dépasser le rendement théorique des cellules photovoltaïques. Autre technologie d’avenir,
l’hydrogène tient une place centrale dans ce numéro. Dans cet article, vous découvrirez le rôle important que ce
gaz pourrait avoir dans la transition énergétique.
Nous consacrons également quelques pages aux énergies conventionnelles avec un zoom sur l’industrie offshore
oil & gas.
Enfin, dans ce numéro, c’est au tour du programme énergétique de la candidate frontiste Marine Le Pen d’être
présenté.
Sans oublier un petit clin d’oeil aux élèves qui se sont distingués au concours CNF CIGRE en février.
Bonne lecture !
6. Just Another Newsletter Title
INF’OSE Février 2017 n° 120 6
Promotion 2015Articles
énergétique nationale à hauteur d’au moins 10% (en
prenant uniquement le secteur résidentiel). Le potentiel
d’économie sur la consommation finale d’énergie relevé
par l’étude est de 18%. Ce potentiel est dynamique
et croissant car il est fonction des technologies et
des capacités d’innovation de la filière. Les solutions
d’efficacité énergétique actives sont en outre
génératrices d’emplois. On évalue à 56 000
a minima le nombre d’emplois qui seraient
créés par le développement à grande échelle
de l’EE active dans le bâtiment. Celle-ci se fait le
plus souvent en deux étapes : une première étape
d’installation dans le bâtiment des outils de mesure et
de comptage permettant un audit de la performance
énergétique puis une seconde où l’on optimise la
consommationàl’aidedesolutionsdepilotageautomatisé
des différents usages énergétiques.
Les outils ainsi mis en place permettent une maîtrise de la
demande d’énergie en gérant, par exemple, les appels de
pointedemanièreintelligenteetenfacilitantl’effacement.
Ils permettent en outre de s’affranchir de l’effet rebond.
Lecontrôleautomatisépermet,eneffet,d’éviterlesdérives
possibles après l’installation de solutions énergétiques
performantes.
Conclusion
Avec 1,8 million de compteurs connectés attendus d’ici 2018 et un chiffre d’affaires de 300 milliards de dollars
envisagé sur le marché des bâtiments intelligents, l’IOT est bel et bien présent dans le secteur de l’énergie.
L’époquedelaréalitévirtuelleadésormaiscommencé,offrantdespossibilitésinfiniesdontcertainessolutionsdifficiles
à imaginer il y a peu. Des solutions simples voient le jour et ont un impact colossal sur nos modes de vie. L’IOT a un bel
avenir devant lui, créant un océan d’opportunités !
Sources :
• Définition Internet of Things. (2014, mai 20). Consulté le Février 05, 2017, sur Objet connecté: http://www.objetconnecte.net/definition-
internet-of-things/
• 18 chiffres à connaître pour comprendre le potentiel des objets connecté. (2015, mai 12). Consulté le février 05, 2017, sur maddyness:
https://www.maddyness.com/innovation/2015/05/12/objets-connectes-securite/
• Le marché des objets connectés en Europe. (2015, juin 19). Consulté le février 05, 2017, sur Objet connecté: www.objetconnecte.com/
infographie-marche-europe-106/
• Bhardwaj, A. (2015). Leveraging the Internet of Things and Analytics for Smart Energy Management. TATA Consultancy Services.
• Cisco. (s.d.). The Internet of Things. Cisco Vizualisation.
• Dresto, P. (2016, Janvier 08). Objets connectés. Consulté le février 05, 2017, sur La plateforme de la rénovation: http://blog.laplateforme-
delarenovation.fr/objets-connectes-ces-2016/
• Fairley, P. (2014). The Lowly Thermostat, Now Minter of Megawatts. MIT Technology Review.
• Internet of Things that anyone can understand. (s.d.). Consulté le Février 07, 2017, sur Forbes: http://www.forbes.com/sites/jacobmor-
gan/2014/05/13/simple-explanation-internet-things-that-anyone-can-understand/#689c47dc6828
• La filière éco-électrique. (2012). L’efficacité énergétique levier de la transition énergétique.
• Percebois, J., Mandil, C., Auverlot, D., & Lavergne, R. (2012). Rapport Energies 2050. Direction Générale de l’Energie et du Climat, Cen-
tre d’analyse stratégique.
• Percebois Jacques [et al.] Rapport Energies 2050 [Rapport] = Rapport Energies 2050 / Centre d’analyse stratégique ; Direction Générale
de l’Energie et du Climat. - 2012.
Yanis HIRIDJEE
8. Afin d’atteindre les objectifs fixés par la COP21, il devient
plus que jamais nécessaire de décarboner l’économie.
Pour cela, les spécialistes s’accordent à dire que le secteur
à convertir en priorité est la production d’électricité. De
nombreuses technologies existent pour produire de façon
renouvelable l’électricité et sont en passe d’atteindre
leur maturité. Elles commencent à s’imposer sur le plan
économique. Par ailleurs, il est possible de transférer la
source énergétique de certains usages vers l’électricité
pour les décarboner. On pense notamment au chauffage
résidentiel mais également au secteur du transport qui a
représenté à lui seul 64,5% de la consommation en pétrole
en 2014 (IEA 2016).
Cette transition en cours implique la connexion de
nombreuses sources d’origine renouvelable aux réseaux
nationaux, ce qui induit certains problèmes dus à
l’injection difficilement prévisible d’électricité ENR.
On observe notamment l’apparition de situations où
il y a l’offre sur le réseau électrique est supérieure à la
demande, d’où des difficultés supplémentaires pour
les gestionnaires de réseau comme RTE. Des situations
inédites sont ainsi apparues où, pendant quelques
instants, de l’électricité a été vendue à prix négatif.
Cette problématique ne touche pas seulement les
réseaux conventionnels mais également les microgrids.
Sur Nice Grid (une expérimentation de smart grid située
près de Nice), le mode réseau autonome (ou îlotage) a
fait face à ce problème de surplus d’énergie et a dû se
reconnecter au réseau national pour éliminer l’excédent
d’électricité générée.
Ce déséquilibre entre l’offre et la demande a également
abouti à relancer le débat sur l’effacement et surtout sur
la nécessité de la mise en place de charges pilotables
agissant comme des soupapes réseau et éliminant
le surplus de production d’origine renouvelable
photovoltaïque ou éolien. On estime qu’en 2050, en
Allemagne, avec 90% d’énergie d’origine renouvelable,
170TWh/an d’énergie seraient perdus du fait de la
limitationdeproduction.Soitl’équivalentdelamoitiéde
l’énergie nécessaire pour alimenter la flotte automobile
allemande (Hydrogen Council 2017a).
La forte pénétration des EnR sur les réseaux électriques
traditionnels est donc conditionnée par la capacité de
ces réseaux à absorber de l’énergie à tout moment,
autrement dit par la flexibilité de la demande.
En 2014, 497Mt de pétrole ont été importées à l’échelle
mondiale. Aujourd’hui, le fait que le Monde consomme
une majorité d’énergie fossile rend le transport de
l’énergie facile. Cependant, dans un avenir décarboné, il
sera de plus en plus compliqué de transporter l’énergie
sans mettre en place de coûteuses infrastructures
de réseau. Et pourtant, le besoin en énergie
« transportable » demeurera nécessaire car, d’un point
de vue économique, il y aura toujours des endroits où la
production d’énergie sera meilleur marché vis-à-vis de
certaines régions.
Par ailleurs, l’OCDE impose à ses adhérents de disposer
d’une réserve stratégique de 90 jours d’énergie (AIE
2012) pour pouvoir absorber les chocs économiques
Just Another Newsletter Title
Promotion 2015
INF’OSE Février 2017 n° 120 8
Promotion 2015Articles
Comment l’hydrogène peut-il accélérer la
transition énergétique ?
Le forum de Davos 2017 a vu la naissance de l’Hydrogen Council, consortium de 13 industriels du secteur énergétique,
du transport et de l’industrie. Ce conseil a pour objectif de structurer la filière hydrogène, notamment en formulant des
propositions mettant en jeu le pouvoir public, les entreprises privées et les leaders du secteur de l’hydrogène (Hydro-
gen Council 2017b).
Un des premiers travaux du Conseil a été de mener une étude sur l’importance de l’hydrogène dans la transition
énergétique : « How hydrogen empowers the energy transition » (Hydrogen Council 2017a). Cet article présente une
synthèse de ce rapport tout en apportant un point de vue critique ainsi que des exemples concrets.
Limites et challenges imposés par la transition énergétique
Vers une importance croissante de la part
des EnR dans le mix énergétique
Figure 1 : Mix énergie renouvelable pour la
production d’électricité [Source : AIE]
Vers un accroissement du commerce de
l’énergie « transportable »
9. Just Another Newsletter Title
INF’OSE Février 2017 n° 120 9
Promotion 2015
et les éventuels effets des pénuries. Aujourd’hui, c’est
majoritairement du pétrole qui est stocké, mais dans
une société décarbonée, il sera nécessaire de stocker
différemment l’énergie. Etant donné que l’énergie sera
stockée pour une durée indéterminée, il faudra prendre
en compte ce facteur pour choisir le moyen de stockage
optimal. La figure ci-dessus compare les différents
moyens existants actuellement.
Les projets de réglementations concernant le CO2
et les
secteurs fortement émetteurs de GES illustrent le fait
qu’aujourd’hui une véritable initiative des gouvernements
se met en place pour lutter contre le réchauffement
climatique. Le scandale du « dieselgate » a montré que
certaines industries étaient déjà au pied du mur, et que
le respect des normes environnementales nécessite un
important effort économique. L’industrie des transports
est celle qui est la plus touchée et la plus médiatisée,
néanmoins, d’autres industries qui ont une forte intensité
énergétique comme les industries cimentière, verrière ou
sidérurgique sont également difficiles à décarboner car
des limites techniques ont déjà été rencontrées.
C’est pourquoi la plupart des scénarios prospectifs qui
favorisent une forte pénétration des EnR et une forte
réduction des émissions misent sur le développement de
lafilièredestockagedeCO2
(CCS:CarbonCaptureStorage).
Au-delàd’uncertaininvestissement,ildevienteneffetplus
rentabled’enfouirleCO2
qued’améliorerlesprocédéspour
en produire moins.
Articles
Figure 3a : Mix électrique prospectif (Selosse 2017)
Figure 2: Vue générale des technologies de stockage
d’électricité (AIE 2013)
Vers une réglementation de plus en plus
sévère pour les énergies fossiles et une mé-
tamorphose des moyens de production
Figure 3b : Emissions de GES en
fonction des scénarios (Selosse 2017)
10. Just Another Newsletter Title
Promotion 2015
INF’OSE Février 2017 n° 120 10
Promotion 2015Promotion 2015Articles
L’hydrogène, peu présent à l’état naturel, peut être produit
par différents procédés. Le procédé le plus utilisé actuelle-
ment est le vaporéformage qui transforme du méthane en
hydrogène avec un dégagement de CO2
. On estime que ce
procédéestàl’origined’environ90%del’hydrogèneactuel.
Cependant, son bilan carbone est lourd, 1T d’hydrogène
produit par ce procédé équivaut à 9T de CO2
(Giroudi
& Gall 2016). Néanmoins, il existe un autre procédé qui
semble davantage correspondre aux problématiques
réseaux et considérations écologiques : l’électrolyse.
L’électrolyse constituerait une charge pilotable sur le réseau
qui pourrait être activée par le gestionnaire du réseau de
transport (RTE) pendant les épisodes de surproduction
d’électricité afin de maintenir l’équilibre offre/demande.
Cela éviterait à RTE de devoir déconnecter la produc-
tion d’EnR. Ces coupures sont estimées à 4 mois selon
l’AIE pour un mix d’environ 30% d’éolien et 8% de photo-
voltaïque (Bouckaert 2016). Ces coupures auraient pour
effet l’augmentation du coût des EnR (17% pour l’éolien
d’ici 2020 en Allemagne (ClimatePolicyInitiative 2016)).
A contrario, pendant les épisodes de forte demande,
l’hydrogène produit pourrait être reconverti en électricité
via une pile à combustible. Ce cas-là est en cours d’étude
dans le cadre du projet Myrte basé en Corse, qui combine
une installation photovoltaïque avec un groupe électroly-
seur et pile à combustible. Le rendement de conversion to-
tal est égal à 35 %. Depuis le lancement du projet en 2007,
des progrès ont été faits, et actuellement on se rapproche
de 50% de rendement (60% pour la pile et 80% pour
l’électrolyseur), ce qui reste malgré tout faible comparé aux
autres technologies de stockage court/moyen terme tel
quelesvolantsd’inertieoulesbatterieslithiumionavecdes
rendements respectivement de 85 et 87% (ADEME 2017).
Notons également qu’en mer, la profondeur idéale
pour une telle installation est de 500 mètres. Toutefois,
pour des projets à plus de 3 kilomètres de distance de la
côte, le coût de la canalisation et la perte d’énergie in-
duite engendreraient des surcoûts importants [6], à
même de remettre en cause la pertinence de la solution.
Cependant, peu de technologies sont disponibles
pour le stockage inter-saisonnier et le stockage par hy-
drogène pourrait donc trouver son marché sur ce seg-
ment. L’ADEME estime qu’à partir de 80% d’EnR (ADEME
2015) dans le mix électrique, il devient nécessaire de dis-
poser d’un stockage saisonnier pour équilibrer les varia-
tions de performance des centrales photovoltaïques.
L’hydrogène peut être transporté et stocké, ce qui fait de
lui une solution intéressante pour du stockage d’énergie.
De plus, il dispose d’une grande intensité énergétique
(3 fois supérieure au gazole). En revanche, sa densité
énergétique volumique est 3000 fois plus faible que
celle du gazole (CDE 2016). Il doit donc être compressé
de 300 à 700 bars (contre au maximum 95 bars sur le
réseau gaz), ce qui génère une consommation énergé-
tique supplémentaire. Même à ces pressions, un cami-
on-citerne ne peut transporter qu’environ 300Kg d’H2
.
Actuellement, l’hydrogène est transporté via des
bouteilles ou des pipelines (2500 km de réseau de par
le monde (IFP 2012)). Et son transport se fait quasi-
ment sans pertes. De nombreuses recherches sont
en cours, notamment sur les technologies cryogé-
niques pour liquéfier l’hydrogène et gagner environ un
facteur 10 en volume. Le Japon, qui s’est pleinement
lancé dans l’hydrogène, a annoncé qu’il construirait
d’ici 2020 le premier bateau destiné au transport de
l’hydrogène (Afhypac 2016) à la manière des métha-
niers pour le gaz naturel. De l’hydrogène pourrait être
produit dans les zones où les EnR sont très présentes,
donc à bas coût, et ensuite être exporté vers les pays ne
disposant pas de tels potentiels EnR comme le Japon.
L’ évolution des vecteurs et des mix énergétiques utili-
sés devra également être prise en compte dans la
Le rôle de l’hydrogène dans la transition énergétique
Donner une plus grande flexibilité au réseau
Figure 4 : Présentation de la
plateforme Myrte (CEA 2015)
L’hydrogène : un vecteur d’énergie trans-
portable et stockable
11. Baptiste CALMETTE
Sources :
• ADEME, 2017. Stockage d’électricité M. Biscaglia - Ecole des Mines de Paris.
• ADEME, 2015. Un mix électrique 100% renouvelable ? Analyses et optimisations.
• Afhypac, 2016. Fiche 4.1 - Transport hydrogène.
• Bouckaert, S., 2016. IEA WEO - Cours à l’Ecole des Mines de Paris.
• CDE, 2016. Hydrogène dans les transports. Available at: http://www.connaissan-
cedesenergies.org/fiche-pedagogique/hydrogene-dans-les-transports.
• CEA, 2015. L’hydrogène, une énergie propre pour notre avenir. Available at: http://
www.cea.fr/70ans/Pages/innover-pour-demain/energies-renouvelables.aspx.
• ClimatePolicyInitiative, 2016. EU Curtailment Rules Could Increase German Wind
Costs by 17% by 2020. Available at: https://climatepolicyinitiative.org/2016/04/14/
eu-rules-curtailment-increase-cost-onshore-wind-germany-2020/.
• Giroudi, F. & Gall, L.E., 2016. Production des gaz de synthèse par vaporeformage
Production des gaz de synthèse par vaporeformage. Techniques de L’ingénieur,
33(0).
• GRTGaz, 2016. Démonstration du stockage massif des énergies renouvelables dans
le réseau de gaz naturel. Available at: http://www.jupiter1000.com/accueil.html.
• Hydrogen Council, 2017a. How hydrogen empowers the energy transition. , (Janu-
ary).
• Hydrogen Council, 2017b. Hydrogen Council. , pp.1–3.
• IEA, 2013. IEA Energy Technology Roadmap Hydrogen and Fuel Cells, JRC Scien-
tific and Policy Report.
• IEA, 2016. Key World Energy Statistics.
• IEA, 2012. Response System for OIL SUPPLY EMERGENCIES.
• IFP, 2012. L’hydrogène. Available at: http://www.ifpenergiesnouvelles.fr/Espace-
Decouverte/Les-cles-pour-comprendre/Les-sources-d-energie/L-hydrogene.
• Selosse, S., 2017. Evaluation des NDCs avec le modèle TIAM-FR - Centre de Maté-
matiques Appliquées Ecole des Mines de Paris,
• Semitan, 2016. L ’ hydrogène , une énergie pour l ’ avenir . 2 projets pour Nantes :
NavHybus et MuLTHy.
Just Another Newsletter Title
INF’OSE Février 2017 n° 120 11
Promotion 2015Articles
Tous ces éléments expliquent donc pourquoi l’hydrogène
se voit attribué le statut de vecteur énergétique : il
peut générer de l’énergie sous toutes les formes, être
transportémaiségalementstocké.Silestockaged’énergie
via hydrogène reste encore peu efficace, l’hydrogène
semble parfait pour décarboner certains secteurs
comme le chauffage résidentiel, via l’utilisation de pile
à combustible directement, ou via le Power to Gas. En
2017 sera lancé le projet européen Jupiter 1000, qui
consistera à produire de l’hydrogène lors des périodes de
surproduction d’électricité et à le convertir en gaz naturel
via le procédé de méthanation. Ce procédé consomme
du CO2
qui est produit par les industries environnantes.
Dans le futur, le développement des CCS pourra alimenter
la réaction chimique. Finalement, le bilan du gaz produit
est donc neutre en CO2
et contribue à réduire l’impact
environnemental des usages reposant sur le gaz naturel.
Un autre usage de l’hydrogène permettrait de décarboner
le secteur du transport. De nombreux constructeurs
(Toyota, Kia, Daimler, …) ont annoncé qu’ils produiraient
d’ici peu des FCEVs (Fuel Cell Electric Vehicle). Selon
l’Hydrogen Council, l’hydrogène trouverait son marché
sur les transports nécessitant un fort taux d’utilisation
comme les flottes de taxi, les transports routiers, les
trains,… La principale contrainte au déploiement des
FCEVsestlemanqued’infrastructuresdedistribution,mais
de nombreux projets sont en cours pour installer
des stations-services. En France, le projet Multhy a
récemment été lancé et prévoit l’installation d’une
station de distribution du côté de Nantes (Semitan
2016). Il est prévu que 2000 autres stations soient
déployées en Europe d’ici 2025 (Hydrogen Council 2017a).
L’hydrogène représente une solution directe pour
décarboner des usages, mais également une solution
indirecte pour permettre la réalisation technique de la
transition énergétique. Son développement nécessite
la mise en place d’infrastructures lourdes. Néanmoins,
de plus en plus de moyens sont mis en œuvre pour
créer une société de l’hydrogène et faire entrer cette
nouvelletechnologiedansunedimensionplusconcrète.
De plus en plus d’actions politiques sont prises : création
de territoires hydrogènes en France, création de la
HydrogenSocietyauJapon,…cequiouvredenouveaux
horizons et entraine une meilleure reconnaissance de
cette technologie dans les réglementations nationales.
Une solution de rupture : multiples possibilités
de valorisation
composition de la réserve stratégique de chaque
pays. Actuellement, les réserves sont constituées à
quasiment 100% de combustible fossile et représen-
tent 24% de la consommation en énergie finale an-
nuelle d’un pays (Hydrogen Council 2017a). Mais si
dans quelques années nos moyens de consommation
d’énergie sont convertis pour consommer une autre
forme d’énergie, il sera nécessaire de faire évoluer le
mix de ces réserves. En effet, si le parc automobile es-
sence / gazole est converti en parc hydrogène, faire des
réserves de carburant fossile n’aura plus aucun sens.
Synthèse
Figure 5 : Power to gas, le projet
Jupiter 1000 (GRTGaz 2016)
12. Just Another Newsletter Title
INF’OSE Février 2017 n° 120 12
Evénement OSEPromotion 2015Promotion 2015Articles
La production du pétrole et du gaz offshore constitue aujourd’hui un élément incontournable de l’approvisionnement
énergétique mondial. En effet, 30% de la production mondiale de pétrole et 25% de la production de gaz sont
assurées par l’industrie offshore (Planète Energies, 2015). La majeure partie de cette production est située dans
le « golfe du Mexique, au large du Brésil, en mer du Nord, en Afrique de l’Ouest, en Méditerranée, dans
le golfe Arabique et en mer de Chine du Sud » (Vallourec, 2015).
Ces proportions sont demeurées quasi constantes depuis le début des années 2000,
et ce malgré le fort développement des hydrocarbures non-conventionnels on-shore comme les hydrocarbures de
schiste et les sables bitumineux. Selon IFP Energies Nouvelles (IFP Energies Nouvelles), l’offshore va maintenir son
importance vu qu’il représente encore 20% des réserves mondiales de pétrole et 30% de celles de gaz.
L’industrie pétrolière Offshore : histoire et tour
d’horizon
L’industrie Offshore du Oil & Gas
Face à l’augmentation de la demande énergétique,
l’industrie pétrolière offshore s’est développée à partir des
années 1950 avec l’apparition des premières plateformes
offshores au niveau du golfe du Mexique et des côtes du
Texas. Il s’agissait de plateformes ancrées dans le fond à
l’aide de piliers métalliques ou de socles en béton, qui
permettent d’exploiter dans des eaux
peu profondes de l’ordre de 200m.
Suite au premier choc pétrolier de 1973, l’offshore
pétrolier s’est présenté comme un moyen pour
réduire la dépendance énergétique de plusieurs pays,
notamment européens, vis-à-vis des états du Moyen
Orient. C’est ainsi que plusieurs compagnies pétrolières
européennes se sont lancées dans la construction des
premières plateformes pétrolières en vue d’exploiter
des champs d’hydrocarbures dans la mer du Nord.
Au fil des années, la profondeur des gisements exploités
n’a cessé d’augmenter, passant d’un offshore peu
profond (là où la profondeur de l’eau est inférieure à
400m) à l’offshore profond (entre 400m et 1500m), qui
s’est véritablement développé à partir des années 2000.
Le futur challenge de l’industrie est d’atteindre des
profondeurs encore plus importantes, allant jusqu’à
4000m de profondeur.
L’ offshore profond et « ultra profond » présente des
gisements de pétrole et de gaz encore très peu explorés
et est considéré par les géants de l’industrie comme
un enjeu stratégique pour le futur énergétique. C’est
donc sur ce type de gisements que les compagnies
pétrolières focalisent leurs recherches en vue de
réaliser de nouvelles découvertes. Ceci dit, l’exploitation
de ce type de gisements nécessite une très haute
technicité et de lourds investissements. Le contexte
actuel de forte baisse des prix du pétrole brut peut
venir freiner l’aboutissement de ce type de projets.
Selon TOTAL (TOTAL, 2015), les réserves des grands fonds
marins présentent près de 350 milliards de bep (baril
équivalent pétrole) d’hydrocarbures, soit 8% des réserves
mondiales. Leur production, estimée à 7,5 millions de bep
parjouren2015,devraitpasserà18millionsdebepparjour
en2035.Legroupefrançaiss’estlancédansl’explorationdes
eaux profondes dans les années 1980, ce qu’il lui a permis
d’aboutir à un bon nombre de découvertes à la fin des
années1990.Aucoursdesdernièresannées,ladécouverte
de nouveaux champs géants en Afrique de l’Ouest a incité
TOTAL à réaliser d’importants investissements, dont le
démarrage de trois nouveaux FPSO (Floating Production
Storage and Offloading) d’ici 2020 (TOTAL, 2015).
Survenu le 20 avril 2010 au Golfe du Mexique et ôtant la
vieà11personnes,l’explosiondelaplateformepétrolière«
DeepWater»estconsidéréecommel’unedesplusgrandes
catastrophes industrielles jamais vécues. Avec l’équivalent
de cinq millions de barils de pétrole déversés en mer,
ce désastre écologique sans précédent a engendré la
formationdelapiremaréenoiredel’histoiredesEtats-Unis.
Aumomentdel’accident,laplateformeétaitexploitéepar
le géant pétrolier britannique BP (British Petroleum) pour
forer le plus profond puits offshore jamais réalisé avec
environ 10.5 km de profondeur dont plus d’un kilomètre
sous l’eau. Suite à ce drame, la compagnie britannique
a dû s’acquitter de « plus de 20 milliards de dollars
d’indemnités » pour mettre un terme aux poursuites
engagées par la justice américaine (Monicault, 2015). La
pollution engendrée a affecté l’écosystème et a menacé
plus de 400 espèces dont des dauphins, des baleines, des
lamantinsetplusieursespècesd’oiseaux(LeMonde,2010).
Cette catastrophe s’est soldée par un progrès significatif
en termes de durcissement des normes de sécurité des
installations pétrolières offshore. Sur le plan politique,
l’ancien président américain Barack OBAMA a reconnu
que les USA « font face à la pire marée noire de l’histoire
TOTAL et l’offshore profond
Accident du DeepWater Horizon
14. Just Another Newsletter Title
INF’OSE Février 2017 n° 120 14
Evénement OSEPromotion 2015Promotion 2015Articles
Marine Le Pen, son programme énergétique
Marine le Pen, candidate du Front National à la
présidentielle, est en tête de toutes les inten-
tions de vote des instituts de sondage depuis plus-
ieurs mois. Si ses positions concernant l’Union Euro-
péenne, le protectionnisme ou encore l’immigration
sont bien connues de tous, l’opinion publique est
aujourd’hui peu informée sur son programme en
matière d’énergie. Ces quelques lignes ont pour but
d’informer le lecteur sur les récentes déclarations de la
candidate sur sa vision de l’avenir énergétique du pays.
Mme Le Pen s’est exprimée en faveur du nucléaire. Elle
a déclaré le 7 janvier 2017, dans une vidéo consacrée
à cette énergie, être « attachée à l’indépendance éner-
gétique de la France ». Selon ses propos, le nucléaire
est « une source d’énergie parmi les moins polluantes
et les plus sûres ». Elle déclare vouloir maintenir la part
du nucléaire en France et prolonger la durée de vie des
centrales : « Je considère que le nucléaire doit être con-
servé car c’est un atout. Il faut aussi redonner tous les
moyens à EDF et à son personnel pour qu’ils puissent
assurer au mieux la sécurité des centrales nucléaires
de la France, et procéder dans les meilleures condi-
tions au grand carénage permettant de prolonger en
toute sécurité la durée de vie des centrales ». Dans la
même vidéo, la candidate nationaliste fustige l’Union
Européenne en jugeant que « EDF est affaiblie par la
désorganisation de la filière [nucléaire] par Bruxelles
avec le démantèlement de EDF en filières de produc-
tion et de réseau ». Elle se positionne également en
désaccord avec l’obligation faite à EDF de céder une
part de sa production nucléaire à la concurrence en
dénonçant « une compétition stérile, qui oblige EDF à
vendre à perte son électricité à des opérateurs privés
parfois simples boites aux lettres ». Dans cette même
vidéo, elle se déclare favorable à la renationalisation
totale d’EDF et dans sa publication Les 144 engage-
ments présidentiels, dit souhaiter « garder le contrôle
de l’État sur EDF, en lui redonnant une véritable mis-
sion de service public ». Dans ce contexte, elle indique «
refuser la fermeture de la centrale de Fessenheim. » [3]
Concernant les énergies renouvelables, la candidate a
donné sa position dans ce même document : elle sou-
haite « développer massivement les filières françaises
des énergies renouvelables (solaire, biogaz, bois...)
grâce à un protectionnisme intelligent, au patriotisme
économique, à l’investissement public et privé aux
commandes d’EDF». Cependant, pour Mme Le Pen,
toutes les énergies renouvelables ne se valent pas
notamment sur le plan de la protection du paysage.
Elle dit vouloir dans son 133ème engagement « décré-
ter un moratoire immédiat sur l’éolien ». Elle se déclare
également favorable à une réduction de la dépen-
dance énergétique de la France, notamment dans
le secteur du transport, en souhaitant « soutenir une
filière française de l’hydrogène (énergie propre), par
un appui de l’État en matière de recherche et dével-
oppement, afin de réduire notre dépendance au pé-
trole ». Concernant sa vision sur l’avenir de la filière hy-
droélectrique française, la candidate, en déplacement
dans le Jura le 17 février dernier, pour visiter le bar-
rage hydroélectrique de Vouglans, s’est exprimée sur la
loi sur la transition énergétique votée en 2015. Cette
loi, née sous la directive européenne sur l’ouverture
à la concurrence dans le secteur de l’énergie, prévoit
une privatisation des barrages hydroélectriques fran-
çais à hauteur de 66%. La candidate à la présidentielle
a indiqué être « totalement opposée à la privatisa-
tion de ces barrages », car selon elle, « le danger de
ces privatisations, c’est l’objectif de la rentabilité », au
détriment des mesures de sûreté. [4] Sur la question
du gaz de schiste, elle souhaite, selon le principe de
précaution, interdire son exploitation « tant que des
conditions satisfaisantes en matière d’environnement,
de sécurité et de santé ne seront pas réunies ».
Le programme énergétique de Mme Le Pen s’inscrit
dans la ligne directrice de son projet présidentiel na-
tionaliste et souverainiste. Ainsi, elle se prononce
pour le maintien la part du nucléaire dans le mix én-
ergétique français, pour le développement des én-
ergies renouvelables et de la filière hydrogène afin
d’assurer l’indépendance énergétique de la France
en utilisant des mesures protectionnistes. Elle sou-
haite également que la France retrouve une souver-
aineté sur la question de l’énergie en sortant des di-
rectives de Bruxelles notamment sur l’ouverture à la
concurrence de l’énergie. Enfin, la candidate confirme
sa volonté de renationaliser EDF à hauteur de 100%.
Sources :
• [1] https://www.marine2017.fr/2017/02/14/assises-presidentielles-
de-lyon-resume-discours-de-marine-pen/
• [2] http://www.frontnational.com/videos/marine-le-pen-donne-
sa-position-sur-le-nucleaire/
• [3] https://www.marine2017.fr/wp-content/uploads/2017/02/
projet-presidentiel-marine-le-pen.pdf
• [4] https://www.marine2017.fr/#videos
Geoffrey ORLANDO
15. Just Another Newsletter Title
Article
INF’OSE Février 2017 n° 120 15
Apolline FAURE
Concours CNF CIGRE
(De gauche à droite) Philippe Adam, Secrétaire général du CIGRE, François Gerin, Président de la SEE, les lauréats
Quentin Souvestre et Geoffrey Orlando, et Philippe Tailhades, Directeur Marketing Technique du Gimélec.
Les participants devaient rédiger un article de 15 000 signes sur le thème “les nou-
velles technologies, quels impacts sur la conception et la gestion d’un système électrique”.
Lors de la finale, le 16 février, Geoffrey et Quentin ont reçu le premier prix, d’une valeur de 2000 €, pour leur article
intitulé “Le Vehicle to Grid, une solution pour réduire l’impact de la mobili-
té décarbonée sur le système électrique” et succèdent ainsi à Mohamed Amhal et Cé-
dric Anglade, également élèves du Mastere OSE, qui ont ainsi reçu le premier prix l’an passé.
Dimitra IGNATIADIS, Geoffrey ORLANDO, Léa TATRY & Quentin SOUVESTRE, élèves OSE, ont concouru pour la
3ème édition du prix du meilleur article sur les réseaux électriques intelligents, or-
ganisée par le Comité National Français du Conseil international des grands ré-
seaux électriques (CNF CIGRE). Les deux binômes faisaient partie des 9 articles finalistes.
16. Rédacteurs en Chefs
Apolline FAURE - Thibaud ROY - Gildas SIGGINI
Maquettiste
Michael CHAN
Journalistes
Tous les élèves du MS OSE
Rédaction : Contacts :
Contact
infose@mastere-ose.fr
Téléphone
04 97 15 70 73
Mastère Spécialisé OSE
Centre de Mathématiques Appliquées
Mines ParisTech
Rue Claude Daunesse - CS 10207
06 904 SOPHIAANTIPOLIS Cedex
Votre avis nous intéresse !
Afin de faire progresser la qualité de ce journal nous sollicitons votre
avis. N’hésitez pas à nous transmettre vos commentaires par mail.
L’ équipe Inf’OSE
Toute reproduction, représentation, traduction ou adaptation, qu’elle soit intégrale ou partielle, quel qu’en soit le procèdé, le support ou le média, est strictement
interdite sans l’autorisation des auteurs sauf cas prévus par l’article L. 122-5 du code de la propriété intellectuelle.
Les élèves de la promo 2016 accompagnés de Sébastien ROSE (GRDF) , ancien du
matère OSE, participent à une démonstration sur les risques du gaz
Sources photo: fotolia