1. الجمهورية
الجزائريةالديمقراطيةالشعبية
RÉPUBLIQUE ALGÉRIENNE DÉMOCRATIQUE ET POPULAIRE
العلمي البحث و العالي التعليم وزارة
MINISTÈRE DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE LA RECHERCHE
SCIENTIFIQUE
عنابة مختار باجي جامعة
UNIVERSITÉ BADJI MOKHTAR ANNABA
العلوم كلية
FACULTÉ DES SCIENCES
الحيوية الكيمياء قسم
DÉPARTEMENT DE BIOCHIMIE
SPÉCIALITÉ : BIOCHIMIE
Projet Exposé
Thème :
MECANISMES IMMUNITAIRES DE
L’IMMUNOTHERAPIE ALLERGENIQUE
Présenté par :
BENAMMAR Ouafa
BENZARGUA Abir
LOUKIL Tesnim
Encadrante : Amel BOUMENDJEL-MESSARAH Grade : Professeur
Année universitaire 2021-2022
2. I
Dédicace
Je dédie cethumble travail à ma famille
À mes Très chers parents,
Malika et Salim
Quoi que je fasse ou que le dise, je ne saurai les remercier assez comme il se doit,
Ils n’ont cessé de me soutenir et de m’encourager tout le long de mon parcours
J’ai appris et sentie le vrais sens de ces mots
« Soutenir et Encourager « à travers leurs présence
durant toutes les années de mes études ils n’ont jamais cessé d’émettre des prières
à mon égard pour que j’atteigne cet objectif et de voir venir
Ce jour tant attendu tant pour moi que pour
toi maman Malika et Papa Salim
Enfin est arrivé le jour mémorable,
Recevez de ma part ce travail en signe de ma vive reconnaissance et mon profond Amour et estime
En vous souhaitons, bonheur et longue vie afin que je puisse vous combler à mon tour
Et je prie à mon tour qu’ALLAH Puisse le tout puissant vous donnent santé et bien être
à ma sœur Alaa
Tu es ma sœur, ma meilleure amie, mon âme sœur et la meilleure partie de moi, tu as été toujours à
mes côtés. À toi qui m'avez aidé, soutenu et épauler dans les moments difficiles.
Tu as été toujours mon exemple et mon guide. Je ne pourrais pas avoir une meilleure sœur que toi avec
notre autre petite sœur Houssna, en vous deux, j'ai trouvé tout l'amour,
le réconfort et le soutien possibles. Grâce à vous, j'ai trouvé le courage et la force de continuer.
Vous êtes mon point de repère, l'ancre de ma vie.
Avec mes autres petits frères
Mohamed et Mouayed
a qui je leurs souhaitent tout le bonheur et la réussite
Dans leurs vies privées et pressionnelles futures
Merci d'être toujours à mes côtés
A tous les moments d’enfance passés avec vous mes frère, en gage de ma profonde
estime pour l’aide que vous avez apporté. Vous avez soutenu, réconforté et encouragé
Mes chère copines, Abir , Selsabil, Rayene, Manel
Je suis très contente de vous avoir connues ; Vous êtes pour moi les meilleures amis que je puisse avoir
j'ai trouvé en vous tout le réconfort voulu.
LoukilTesnim
3. II
Dédicace
Je dédie ce travail à mes proches
À ma très chère mère,
Autant de phrases aussi expressives soient-elles ne sauraient montrer le degré d’amour et d’affection que
j’éprouve pour toi. Tu m’as comblé avec ta tendresse et affection tout au long de mon parcours. Tu n’as cessé
de me soutenir et de m’encourager durant toutes les années de mes études, tu as toujours été présente à mes
côtés pour me consoler quand il fallait. En ce jour mémorable, pour moi ainsi que pour toi, reçoit ce travail en
signe de ma vive reconnaissance et ma profonde estime. Puisse le tout puissant te donner santé, bonheur et
longue vie afin que je puisse te combler à mon tour.
A mon très cher père,
Tu as toujours été pour moi un exemple du père respectueux, honnête, de la personne méticuleuse, je
tiens à honorer l’homme que tu es. Grâce à toi papa j’ai appris le sens du travail et de la
responsabilité. Je voudrais te remercier pour ton amour, ta générosité, ta compréhension... Ton soutien
fut une lumière dans tout mon parcours. Aucune dédicace ne saurait exprimer l’amour l’estime et le
respect que j’ai toujours eu pour toi. Ce modeste travail est le fruit de tous les sacrifices
que tu as déployés pour mon éducation et ma formation. Je t’aime papa et j'implore le tout-puissant pour
qu'il t’accorde une bonne santé et une vie longue et heureuse.
A ma chère sœur,
Elle est ma sœur, ma meilleure amie, mon âme sœur et la meilleure partie de moi, qui a toujours été à
mes côtés. À vous qui m'avez aidé, soutenu et soutenu. A vous qui avez toujours été mon exemple et
mon guide. Je ne pourrais pas avoir une meilleure sœur que toi. En toi, j'ai trouvé tout l'amour, le
réconfort et le soutien possibles. Grâce à vous, j'ai trouvé le courage et la force de continuer. Tu es
mon point de repère, l'ancre de ma vie.
A mes chers frères,
A tous les moments d’enfance passés avec vous mes frère, en gage de ma profonde estime pour l’aide
que vous avez apporté. Vous avez soutenu, réconforté et encouragé.
A ma meilleures copine Amina ,
Ton amour ne m'a procuré que confiance et stabilité. Tu as partagé avec moi les meilleurs moments
de ma vie, aux moments les plus difficiles de ma vie, tu étais toujours à mes cotés, Je te remercie de
ne m'avoir jamais déçu. Aucun mot ne pourrait exprimer ma gratitude, mon amour et mon respect.
Ma chère copine tesnim ,
Je suis très contente de vous rencontrer. Tu es pour moi la meilleure amis que j'ai trouvé dans des
situations difficiles. Merci d'être toujours à mes côtés.
Benzargua Abir
4. III
Dédicace
:
Je dédie ce mémoire :
A mes parents « Noureddine et Rachida »
qui m’ont toujours encouragé et soutenu tout au long de mes études.
Ainsi qu’à mon frère et mes sœurs
«Soumaya, Ali, Sihem, Dalel , Souhaila »,
leurs petits enfants « Narimene, M.Lamine, M.Salem, I.Hamza »,
tonton Rafik et ma chère amie Ines
sans oublier ma grand-mère«Ghela»
A tous ceux qui m’ont aidé de prés ou de loin
pour l’accomplissement de ce travail.
Benammar Ouafa
5. IV
Remerciements
On tient en premier lieu à remercier « ALLAH » qui nous a donné le courage et la
patience pour réaliser ce mémoire de fin d’études.
Comme on tient en second lieu d’exprimer nous vifs remerciements au
Professeur Amel BoumendjeL
de nous avoir encadré et soutenus dans la réalisation de notre mémoire, de nous avoir
aider par ses remarques, par ses conseils, par son suivi et sa patience tout le long de
la réalisation de notre mémoire dans les meilleures conditions.
Pour terminer, on tient aussi à remercier nos parents nos proches et nos amis qui nous
ont aidé et apporter leur soutien moral et a tous ceux qui ont participé de près ou de
loin à la réalisation de ce mémoire de fin d’études.
6. V
Résumé :____________________________________________________
L’allergie est un problème majeur de santé publique qui affecte grandement la
qualité de vie des patients, principalement des enfants, et peut causer des
symptômes sévères voire mortels, vis-à-vis d’un allergène . La prévalence de
l’allergie est en constante augmentation. Sa prise en charge par des mesures
d’éviction allergénique et le recours à des thérapeutiques symptomatiques peut
parfois apparaître insuffisante.
L’immunothérapie spécifique de l’allergène, ou désensibilisation, constitue
l’unique traitement étiologique et curatif des hypersensibilités de type I.l existe 2
principaux types d’ITA : l’immunothérapie sous cutanée et l’immunothérapie
sublinguale.
Actuellement, l'immunothérapie sublinguale est plus efficace par à port á
celles sous cutanée.Dans notre mémoire on s'est intéressé a mieux comprendre les
différentes mécanismes immunitaires impliqués dans cette désensibilisation, On
revient sur la description des généralités relatives à l’allergie, IgE-médiée
principalement. Après en avoir donné une définition, sa physiopathologie est
détaillée dans le but de comprendre plus loin l’action de l’immunothérapie
spécifique.
Les différents allergènes incriminés ainsi que les symptômes entraînés sont
évoqués. Elle relate, ensuite, de l’importance du diagnostic. Celui-ci est mené via
un interrogatoire poussé et des tests cutanés voire biologiques. Il peut donner lieu à
la prescription des différentes classes pharmacologiques présentées, proposées
contre les manifestations cliniques uniquement. La preuve d’un lien de causalité
entre l’allergène et les symptômes, et du mécanisme IgE-médié est indispensable à
la mise en route d’un traitement adapté.
Enfin, l’immunothérapie spécifique est détaillée. Elle agit, à long terme, via
l’induction d’un état de tolérance immunologique pour l’allergène en cause. Elle
n’est actuellement employée que par voie sous-cutanée et sublinguale, dans le
traitement des allergies respiratoires et des allergies aux venins d’hyménoptères.
Son utilisation dans les allergies alimentaires voit progressivement le jour par
l’intermédiaire de nouvelles voies d’administration. Cette technique est pleine
d’avenir, plusieurs évolutions sont en cours d’études.
Mots clés : allergène, cellules du système immunitaire, maladie allergique, Immunothérapie
allergénique (ITA)
7. VI
Abstract: ____________________________________________________
Allergy is a major public health problem that greatly affects the quality of
life of patients, mainly children, and can cause severe or even fatal symptoms when
faced with an allergen. The prevalence of allergy is constantly increasing. Its
management through allergen avoidance measures and the use of symptomatic
therapies may sometimes appear insufficient.
Allergen-specific immunotherapy, or desensitization, is the only etiological
and curative treatment for type I hypersensitivity.
Currently, sublingual immunotherapy is more effective than subcutaneous
immunotherapy. In our dissertation, we are interested in better understanding the
different immune mechanisms involved in this desensitization. We will return to
the description of the generalities relating to allergy, mainly IgE-mediated. After
having given a definition, its physiopathology is detailed with the aim of further
understanding the action of specific immunotherapy.
The different allergens involved and the symptoms caused are discussed. It
then relates the importance of the diagnosis. This is carried out by means of a
thorough interrogation and skin and even biological tests. It may lead to the
prescription of different pharmacological classes, which are proposed only for
clinical manifestations. Proof of a causal link between the allergen and the
symptoms, and of the IgE-mediated mechanism, is essential for the initiation of an
appropriate treatment.
Finally, specific immunotherapy is detailed. It acts, in the long term, via the
induction of a state of immunological tolerance for the allergen in question. It is
currently only used subcutaneously and sublingually in the treatment of respiratory
allergies and allergies to hymenoptera venoms. Its use in food allergies is gradually
emerging through new routes of administration. This technique has a bright future
and several developments are currently being studied.
Keywords: allergen, immune system cells, allergic disease, Allergen immunotherapy (ITA)
9. VIII
LISTE DES FIGURES : Page
Figure 01
Pontage Allergène-IgE fixées sur leur récepteurs RFCε provoquant la dégranulation des
mastocytes
04
Figure 02 Différentes voies d’introduction de l’allergène 05
Figure 03 Mécanisme de déclenchement de l’allergie 13
Figure 04 Les symptômes d’allergie 14
Figure 05 Les voies d’administration de l’ITA 18
Figure 06 Mécanisme d’action de l’ITA 19
Figure 07
Exemple de l’efficacité sur les scores médicamenteux et cliniques d’une
immunothérapie à base d’ORALAIR*
20
Figure 08
Effets de l’immunothérapie allergénique sur les paramètres immunologiques et cliniques
de l’allergie
26
Figure 09 Rôle des cellules Treg et Breg dans la suppression de l'inflammation allergique 29
Figure10 Différenciation et implications de Th1 et Th2 32
Figure11 Rôle de la cellule dendritique dans l’immunothérapie 34
11. X
LISTE DES ABRÉVIATIONS
₵ Cellule
AA Allergie alimentaire
Ac Anticorps
Ag Antigène
ARIA Allergic Rhinitis and its impact on asthma
CD Cellule Dendritiques.
CMH Complexe Majeur d’Histocompatibilité
CPA Cellules présentatrices d’antigène.
DCA La dermatite de contact allergique.
EPIT Immunothérapie épicutanée
IFN γ Interféron gamma
IFN Interféron
Ig Immunoglobuline
IgE Immunoglobuline E
IgG Immunoglobuline G
IL Interleukine
ITA immunothérapie Allergénique
ITAM Immunoreceptor Tyrosine-based Activation Motif
ITC Immunothérapie spécifique
ITIM Immunoreceptor Tyrosine-based Inhibitory Motif
LB Lymphocytes B
LB rég Lymphocytes B régulateurs
LT Lymphocytes T
LT conv Lymphocyte T conventionnels
LT Eff Lymphocyte T effecteur
LTh0 Lymphocyte T Helper ou auxiliaire
LT rég Lymphocytes T régulateurs
NK natural killer
OIT L’immunothérapie par voie Orale
OMS Organisation mondiale de la santé
RFcε Récepteur FcƐRI de forte affinité pour les IgE
RI Réponse immunitaire.
RQLQ Rhinoconjonctivitis Qualité of Questionnaire
Sc Voie sous-cutanée.
SCIT L’immunothérapie par voie sous-cutanée
SI Système immunitaire
SL Sublingual
SLIT L’immunothérapie par voie Sublinguale
SPLF Société de pneumologie de langue française
TGF β Transforming Growth Factor béta
Th cellule T Helper (LT auxiliaire)
TNF α Tumor Necrosis Factor alpha
TNF Tumor Necrosis Factor
12. XI
TABLE DES MATIÈRES
Page
Dédicaces I
Remerciements IV
Résumés V
Liste des figures VIII
Liste des tableaux IX
Liste des abréviations X
Table des matières XI
INTRODUCTION……………………………………………………………………………………………………………………………………………………….. 01
CHAPITRE 01: L’ALLERGIE……………………………..………………………..………………………………………………………………………….. 03
1.1. DÉFINITION…………………………….……………………………..……………………………..……………………………..………………….……… 03
1.2. Les Types d’allergies……………………………..……………………………..……………………………..……………………………..……….. 05
1.2.1. Allergie Alimentaire……………………………..……………………………..…………………………….………………………… 05
1.2.2. Allergie Médicamenteuses……………………………..……………………………..…………………………………..……….. 07
1.2.3. Allergie Respiratoire……………………………..…………………………….…………………………….....………………………. 08
1.2.4. Allergie de contact……………………………..……………………………..……………………………..…………..……………… 09
1.2.5. Allergies professionnelles ………………………..……………………………..………………………………….…………….. 11
1.2.5.1. Allergie au latex……………………………..…………………………………………..…………………………….. 11
1.2.5.2. Allergie aux produits chimiques………………………………………………………………………………………………………………… 11
1.2.5.3. Allergie au produits d’entretien et lessives…………..…………………………………………………….………………….. 11
1.3. Le mécanisme de l’allergie……………………………..……………………………..……………………………..…………………..………… 12
1.4. Les Symptômes d’allergies……………………………..……………………………..……………………………..…………………..………… 14
1.5. Le diagnostic ……………………………..……………………………..……………………………..…………………………………………………….. 15
CHAPITRE 02: L'IMMUNOTHÉRAPIE ALLERGÉNIQUE……………………………..……………………………..…………………………… 17
2.1. DÉFINITION……………………………..……………………………..……………………………..……………………………………………………….. 17
2.2. Principe: la tolérance immunologique…………………………………………………………………………………………………………………………………………….…. 18
2.3. Efficacité……………………………..……………………………..……………………………..…………………………………………..……………….. 20
2.4. Les types de l'immunothérapie Allergénique…………………………………………………………..…………………………….. 23
2.4.1. L’immunothérapie par vois sous cutanées…………………..………………..…………………………………………………...……………………… 23
2.4.2. L'immunothérapie par voie sublinguale……………………………..………………..……………………………………………………………..…………. 24
CHAPITRE 03 : MÉCANISMES IMMUNITAIRES DE L’IMMUNOTHÉRAPIE ALLERGÉNIQUE……………………….… 26
3.1. Les différents: mécanismes de l’immunothérapie allergénique………………………………………….…………….. 26
3.1.1. Induction et activation de LT régulateurs (LTREG)…………………………………………………………….. 27
3.1.2. Orientation du profil cytokinique des LT effecteurs…………………………………………………………… 28
3.1.3. Induction de LB régulateurs (LBreg)……………………………………………………………………………………... 29
3.1.4. Déviation des anticorps (IgE IgG)………………………………………………………………………………..……….. 30
3.1.5. Désactivation des mastocytes et basophiles………………………………………………………….……………….. 31
3.1.6. Désactivation des Cellules dendritiques…………………………………………………………………………………. 32
CONCLUSION……………………………..……………………………..…………………..…………..……………………………..…………………………….. 35
Références bibliographiques 36
14. INTRODUCTION
1
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère l’allergie comme la cinquième
maladie parmi les pathologies chroniques (MARCON ET HISS, 2021).
Les maladies allergiques (dermatite, asthme, rhinite, conjonctivite et allergies
alimentaires) sont donc un problème majeur de santé publique. La prévalence de ces maladies
a amplement augmentée dans les pays industrialisés au cours des 20-30 dernières années
(BRIMAUD, 2016).
En effet l’allergie est une réaction anormale et spécifique de l’organisme au contact
d’une substance étrangère (allergène) qui n’entraîne pas de trouble chez la plupart des sujets.
La notion de l’allergie fut introduite en 1906 par le pédiatre autrichien Clemens Von Pirquet
dont il lui revient la paternité de ce concept lorsqu’il observa un ensemble de symptômes
locaux et systémiques, tels qu’un rash cutané ou encore de la fièvre, chez les patients atteints
par la scarlatine et traités par sérothérapie. Les mêmes symptômes avaient été également
observés chez des patients traités de la même manière contre la diphtérie et le tétanos. Il
comprit que dans les trois cas l’introduction du sérum, un agent extérieur, induisait une
hypersensibilité et non une immunité (ZAPPA, 2016).
Les traitements d’immunothérapie allergénique (ITA) sont utilisés depuis plus d’un
siècle et sont aujourd’hui, les seuls traitements capables de soigner les maladies allergiques en
induisant une tolérance allergénique spécifique à un ou plusieurs allergènes. Ces traitements
ont confirmé leur efficacité et leur sécurité dans de nombreuses études. Les traitements d’ITA
permettent de soulager les patients atteints de rhinite, d’allergies respiratoires et d’allergies
aux venins d’insectes, des symptômes de leur allergie et induit une tolérance qui perdure
plusieurs années après l’arrêt du traitement (MONTOYO, 2017) (PENAGOS ET AL, 2022).
L'ITA agit en amont du processus allergique selon, de nombreux mécanismes,
réduisant le taux des IgE spécifiques dirigée contre l'allergène causal, générant des IgG4
spécifiques de type protecteur, et induisant une anergie des LT spécifiques. Ceci explique le
maintien du bénéfice de l'ITA plusieurs années après son arrêt et son effet préventif sur
l'apparition de sensibilisations ultérieures à d'autres allergènes. L'ITA est donc l'un des très
rares traitements de maladies chroniques dont l'effet se maintient longtemps après son arrêt
(ZAPPA, 2016).
Au vu de l’importance de cette thématique, nous lui avons dédié notre projet de fin
d’études en biochimie appliquée. Ainsi, la première partie de ce projet-exposé est consacrée
15. 2
aux différents types de l'allergie, avec ses mécanismes d'action, les symptômes ainsi que les
méthodes de diagnostic. Dans la seconde partie, notre étude s’étalera sur les traitements
D'ITA: quant à leurs utilisations, leur efficacité et leur tolérance. Enfin, dans la dernière partie
de ce manuscrit, nous développons les différents mécanismes d'action de l'immunothérapie
allergénique.
17. CHAPITRE 1 – L’ALLERGIE
3
1.1/Définition
L’Allergie est une réaction d’hypersensibilité résultant d’une RI, à médiation
humorale ou cellulaire, suite à un contact avec un Ag. La réaction n’apparaît généralement
pas lors du premier contact avec l’organisme. Une phase de sensibilisation est alors nécessaire
avant le déclenchement de la réaction lors des contacts ultérieurs. Une réaction pouvant se
produire à la suite de chaque nouveau contact, l’allergie dure dans le temps ce qui fait d’elle
une maladie chronique. De nombreux Ag peuvent être responsables. Ils induisent une allergie
uniquement chez les personnes sensibilisées et, étant normalement inoffensifs ou tolérés,
aucune manifestation dans le reste de la population (ZAPPA, 1991).
Elle est définie comme l'ensemble des manifestations cliniques et biologiques
anormalement induites par les médiateurs chimiques libérés lors de la réaction
d'hypersensibilité immédiate qui apparaît chez des individus préalablement immunisés contre
un Ag (allergène) lors d'un deuxième contact avec cet allergène. Ces Ac dits "réaginiques",
principalement des IgE chez l'homme, sont synthétisés lors d'un premier contact avec
l'allergène. Lors de cette phase de sensibilisation, ils se fixent par leur fragment Fc à des
récepteurs membranaires au niveau des₵ cibles (mastocytes tissulaires, basophiles sanguins et
₵inflammatoires). Secondairement, la liaison spécifique de l'Ac à l'allergène, introduit une
seconde fois dans l'organisme, induit la libération de médiateurs par ces ₵ (ROITT et al,
2002).
L'allergie est à l'origine de pathologies diverses, classée au 6ème
rang des maladies
actuelles d'après l'OMS.
La maladie allergique classique est représentée parle rhume des foins causé par les
grains de pollen qui pénètrent dans le nez (rhinite) et dans les yeux (conjonctivite). Dans les
cas sévères, les patients peuvent également souffrir d'asthme saisonnier et de dermatite
saisonnière.
En 1873, Charles Blackley a démontré que les grains de pollen placés dans le nez
déclenchaient la rhinite. Il démontra également que l'extrait pollinique provoquait l'éruption
d'une papule érythémateuse chez des patients souffrant de rhume des foins. Alors que Portier
et Richet découvraient, en 1903 que l'immunisation de cobayes avec la toxine de la méduse
Physalia rendait les animaux particulièrement sensible à une seconde injection de la même
protéine. Celle-ci provoquait brusquement des difficultés respiratoires. Ils ont alors inventé le
terme d'anaphylaxie, et envisagèrent les relations de celle-ci avec d'autres formes
d'hypersensibilité. (ROITT et al, 2002).
18. 4
L’allergie est un terme général. En effet, il est parfois fait référence aux maladies
allergiques, tant elle peut être le résultat de plusieurs mécanismes, induite par des causes
diverses et variées et amenant à un grand nombre de manifestations cliniques différentes. Elle
montre une certaine hétérogénéité et englobe de vastes domaines de la médecine. Elle
implique, en réponse à de nombreux intervenants, la quasi-totalité des organes du corps,
notamment les voies respiratoires, les yeux, la peau, le tractus digestif, au sein de
combinaisons variables d’un sujet à l’autre. Sa gravité et son évolution diffèrent également au
sein de la population.
Elle est une pathologie fréquente affectant un nombre important de personnes. Sa
prévalence ne cesse d’augmenter depuis les dernières décennies et ne s’inversera pas dans un
avenir proche, prévisible. D’ici une quarantaine d’années, la moitié de la population mondiale
sera affectée. Diverses prises en charge sont disponibles mais l’ITS de l’allergène en
représente aujourd’hui l’unique traitement curatif (ZAPPA, 1991).
Figure 1 : Pontage Allergène-IgE fixées sur leur récepteurs RFCε provoquant la dégranulation
des mastocytes (DREAMSTIME, 2020)
19. 5
1.2/ Les types d’Allergie
On distingue plusieurs types d’allergies selon la voie d’entrée de l’allergène dans le corps
(Figure 2).
Figure 2 : Différentes voies d’introduction de l’allergène (INFO-PHARMA, 2022)
1.2.1/ Allergie alimentaire :
Elle est définie par le National Institute of Allergy and Infectious Diseases comme
étant une «réaction néfaste sur la santé induite par une RI spécifique qui se produit lors de
chaque exposition à un aliment donné». Autrement dit, il s’agit d’une réaction excessive de
notre SI en présence d’aliments normalement inoffensifs pour la majorité des individus.
Les allergènes sont les protéines présentes dans les aliments reconnues comme
étrangères par le SI et causant les réactions allergiques. Bien que plus de 170 aliments aient
été identifiés comme pouvant causer des réactions, Santé Canada répertorie 10 allergènes
comme étant prioritaires puisqu’ils sont responsables de plus de 90% des réactions
allergiques. Ces allergènes sont :
1. l’arachide,
2. le blé et le triticale (espèce de céréales issue du croisement entre les blés, tendre
ou dur, et le seigle),
3. le lait,
4. la moutarde,
20. 6
5. les noix,
6. l’œuf,
7. les poissons (incluant les mollusques et les crustacés),
8. le sésame,
9. le soya
10. les sulfites (plutôt associés à une sensibilité).
Le lait, l’œuf et l’arachide correspondent à la majorité des allergies chez les enfants
tandis que les adultes sont plus enclins à réagir aux noix, aux poissons et aux fruits de mer.
Chez l’Homme, les IgE sont les Ac qui se développent chez certaines personnes
contre les protéines alimentaires d’allergènes et qui causent des réactions à leur contact. Elles
sont impliquées dans les maladies atopiques telles que les AA de type IgE médiées, soit les
allergies dites «classiques». Ces allergies sont souvent confondues avec les allergies de type
non-IgE médiées qui impliquent plutôt les ₵ T et les intolérances alimentaires qui sont
causées, entres autres, par des sucres ou des additifs (LEROUX, 2019).
L’AA peut relever d’un mécanisme d’hypersensibilité de types 1, 2, 3et/ou 4. Sachant
que l’hypersensibilité de type 1 est la plus fréquente et la mieux connue.
Par contre, il est important de distinguer l’AA de :
a) L’intolérance alimentaire : que l’on rencontre chaque fois qu’il y a réaction avec
un aliment sans qu’il soit possible de mettre en évidence la responsabilité du SI.
b) La fausse allergie alimentaire : en rapport avec l’activation direct des mastocytes,
comme par exemple avec l’ingestion d’une quantité importante de fraises pouvant
entraîner chez de nombreux sujets une réaction urticarienne. S’il n’y a pas de
mécanisme IgE dépendant, la responsabilité en incombe à la libération d’histamine
due à l’activation directe des mastocytes, avec comme conséquence des signes
cliniques identiques à ceux de l’allergie.
Ainsi, la méconnaissance d’une AA peut laisser persister une pathologie, en
particulier respiratoire qui va se surinfecter donc s’aggraver. Il existe ainsi des asthmes par
AA graves (5 à 6 %) cortico-traités (SABBAH, 1994).
21. 7
1.2.2/ Allergie Médicamenteuse :
L’allergie médicamenteuse appartient au domaine de la iatrogénèse, c’est-à-dire
une réaction clinique pathologique due aux médicaments. Elle est très polymorphe
cliniquement. Les médicaments responsables sont très variés.Les réactions allergiques
médicamenteuses correspondraient environ à 10% de la pathologie iatrogène (SABBAH,
1994).
Celui qui n’amène aucune discussion est le paracétamol car indispensable sur le
terrain notamment en cas d’hyperthermie. Les bêta-lactamines sont également les
principaux antibiotiques contenus dans les pharmacies.
L’allergie à l’aspirine voire aux AINS est aussi sujet à polémique. Les
médicaments utilisés en cas d’urgence sont indispensables comme par exemple les
corticoïdes, les anesthésiques. Quant aux allergies aux vaccins, elles peuvent conduire à
des inaptitudes partielles, mais elles sont rares et n’entraînent pas obligatoirement une
inaptitude complète. (VALOIS, PALEIRON 2020).
Le diagnostic étiologique d’une allergie médicamenteuse a pour objectif l’éviction
du médicament responsable. Des inductions de tolérances sont plus rarement proposées.
Alors que les autres allergènes (pneumallergènes et trophallergènes) sont constitués par des
protéines, les médicaments sont de petites molécules (haptènes) qui se lient à des protéines
pour être allergisantes. Ils peuvent alors induire des réactions allergiques médiées par les
IgE (HAS, 2005).
Le diagnostic positif n’est pas toujours aisé, ce qui ne justifie pas de court-circuiter
cette étape diagnostique car une enquête bien conduite dans la majorité des cas, sera
fructueuse (SABBAH, 1994).
Des études diagnostiques sont portées sur les performances des IgE spécifiques
pour le diagnostic d’allergie aux pénicillines (Amoxicilline et Pénicilline G).
La recommandation de la Joint Task Force on Practice Parameters in Allergy,
Asthma and Immunology a confirmé que dans l’allergie médicamenteuse, après
l’anamnèse, les tests cutanés constituaient le test diagnostique de référence. Il existe peu de
tests d’identification d’IgE spécifiques à des médicaments en dehors des pénicillines,
domaine où ces tests peuvent constituer un complément utile (HAS, 2005).
Tous les médicaments sans exception sont susceptibles de donner des réactions
allergiques médicamenteuses. Certains cependant reviennent avec une plus fort fréquence,
22. 8
mais il faut noter qu’en général, la fréquence des allergies médicamenteuses est
proportionnelle à la consommation de ce médicament exemple les allergies à la Pénicilline
qui furent très fréquentes il y a une vingtaine d’années, le sont beaucoup moins depuis
l’utilisation ou la prescription des antibiotiques plus variés.
Les médicaments le plus souvent mis en cause dans l’allergie médicamenteuse sont:
Les antalgiques.
Les antibiotiques et aucune famille n’est épargnée (y compris les macrolides).
Les anesthésiques généraux (myorelaxant surtout)
Rappelons également qu’un médicament est complexe. Il est constitué:
d’une ou plusieurs molécules actives;
d’un ou plusieurs excipients;
Et que l’allergène peut se trouver parmi les molécules actives ou parmi les excipients
(allergie aux conservateurs de type sulfite) (SABBAH, 1994).
1.2.3/Allergie Respiratoire :
L’intérêt du diagnostic étiologique des manifestations respiratoires allergiques est
l’éviction du ou des allergènes responsables ou/et une ITS de ce produit atmosphérique.
(HAS, 2005).
C’est dans le domaine de l’allergie respiratoire que l’immunothérapie s’est
développée. De très nombreuses études ont été consacrées à l’analyse de l’efficacité de
l’immunothérapie surtout pour la rhinite saisonnière mais aussi dans l’asthme.
Les contributions les plus solides concernent les allergies aux pollens et aux
acariens, alors que les travaux ayant trait aux moisissures et aux animaux domestiques sont
beaucoup plus anecdotiques même si des travaux récents laissent supposer leur utilité pour
le chat par voie injectable. Les effets les plus démonstratifs de l’immunothérapie porte sur
la rhinite pollinique avec une réduction nette des coûts médicaux liés à la consommation
médicamenteuse.
L’efficacité est présente que le patient soit mono ou polysensibilisé. Il est établi que
le bénéfice du traitement apparaît au bout d’un an et que 3 années complètes apportent un
bénéfice supplémentaire qui perdure plusieurs saisons.
Une étude sur le devenir d’enfants désensibilisés par voie SC aux pollens de
graminées réévalué au moins trois ans après l’arrêt de l’immunothérapie. Ces enfants
avaient un asthme dans 85 % des cas et étaient polysensibilisé pour la moitié.
23. 9
Les scores symptomatiques restaient en dessous des scores cliniques moyens avant
désensibilisation (p < 0,0001). La toux sèche et/ou les crises d’asthme ne récidivaient pas
lors de la saison pollinique alors que les enfants gardaient des signes cliniques mineurs
(rhinorhée, éternuement, irritation conjonctivale lors du pic pollinique).
Les effets sur l’asthme sont plus difficiles à analyser, beaucoup d’études étant
difficilement comparables du fait des critères d’inclusion et de l’absence souvent
d’évaluation du contrôle.
Toutefois plusieurs travaux, des méta-analyses et des essais randomisés permettent
d’évaluer la place de l’immunothérapie dans l’asthme allergique. C’est le cas d’une revue
Cochrane de 2010 basée sur l’analyse de 35 études qui démontre un effet significatif de la
désensibilisation par voie sous cutanée aux pollens et aux acariens.
Pour l’ITSL le nombre d’études est moins important mais une revue systématique
de 2013 publié dans le JAMA démontre un bénéfice dans le traitement des symptômes
d’asthme, en particulier sur la diminution de scores symptomatiques.
Ceci est contredit par une nouvelle étude Cochrane en 2015, qui souligne le
caractère imparfait de l’évaluation des asthmes et des scores symptomatiques. Plus
récemment Rice JL et al ont effectué une revue synthétique de travaux pédiatriques
(enfants et adolescents). Ils ont répertorié 40 travaux (17 en sous cutané, 11 par voie SL,
les autres étant mixtes). Ils retiennent un effet modéré de l’ITSC sur l’utilisation à long
terme des médicaments antiasthmatiques avec un niveau de preuve faible sur l’effet sur la
qualité de vie et la modification de la fonction respiratoire.
Les résultats sont moins significatifs avec la voie SL. Ils concluent que les effets ne
sont pas démonstratifs sur les symptômes d’asthme et le recours au système de santé. C’est
certainement une partie de ces travaux qui a conduit les rédacteurs de la nouvelle version
du GINA 2020 à se montrer prudents sur le positionnement de l’immunothérapie dans la
prise en charge de l’asthme (AMAT, LABBÉ, 2020).
1.2.4/ Allergie de Contact :
La dermatite de contact est un problème dermatologique courant qui comprend une
série d'affections dérivant d'une réactivité de la peau à des substances exogènes. La
Sensibilisation de contact est la première étape du développement d'une réaction allergique
à des substances environnementales xénobiotiques et sa manifestation clinique est la DCA.
24. 10
La DCA est une réponse d'hypersensibilité à médiation cellulaire et diffère de la
dermatite de contact irritante (non allergique) qui est un processus non immunologique.
La physiopathologie de la DCA commence par le contact de l'allergène avec la
peau.
Les allergènes sont généralement constitués de petites molécules chimiques
appelées haptènes, qui peuvent pénétrer la barrière cutanée grâce à leur petite taille (moins
de 500 Da). Ces haptènes pénètrent dans la couche cornée, puis ils sont traités et présentés à
la surface par les CD, qui sont les CPA de l'épiderme. Ces dernières sont activées par les
haptènes directement ou indirectement par des récepteurs de reconnaissance des formes, tels
que les récepteurs Toll-like (TLR) associés à la membrane. Les cytokines produites par la
signalisation TLR2/4, telles quel'IL-1β et l'IL-18, induisent la maturation des CD et leur
migration vers les ganglions lymphatiques drainants, contribuant ainsi au processus de
sensibilisation. Les CD migrent vers les ganglions lymphatiques régionaux, présentant les
allergènes aux LT adjacents par l'intermédiaire de leurs multiples récepteurs de surface. À
cet endroit, après le processus d'expansion clonale et de prolifération induite par les
cytokines, des LT portant des récepteurs T uniques (TCR) spécifiques de l'Ag sont créés.
Enfin, ces lymphocytes retournent à l'épiderme par la circulation sanguine.
La DCA se divise en deux phases : la sensibilisation et l'élicitation. Le processus,
décrit jusqu'à présent, est appelé "phase de sensibilisation" ; il commence par le contact de
l'allergène avec la peau et se termine par la formation de lymphocytes spécifiques. La "phase
d'élicitation" se produit chez les individus sensibilisés après une nouvelle exposition de la
peau au même allergène. Après une réexposition aux haptènes, les kératinocytes, les ₵
endothéliales et les mastocytes sont activés et produisent plusieurs médiateurs chimiques.
Les kératinocytes produisent des cytokines pro-inflammatoires (telles que IL-1β,
TNF-α), conduisant les ₵ endothéliales à exprimer plusieurs molécules d'adhésion (telles
que ICAM-1, P/E-selectines. Ce processus inflammatoire conduit les ₵ T à transmigrer du
sang vers la peau. En outre, l'histamine dérivée des mastocytes conduit les ₵ neutrophiles à
s'infiltrer dans la peau. Le recrutement des neutrophiles est également accru par plusieurs
chimiokines (CXCL1, CXCL2) produites par les kératinocytes et les mastocytes, activés par
les haptènes. Les ₵ T effectrices spécifiques de l'Ag, une fois infiltrées et activées,
produisent des cytokines pro-inflammatoires, qui activent à leur tour les kératinocytes et
provoquent une nouvelle infiltration de ₵ inflammatoires.
25. 11
L'interaction entre les CD contenant l'Ag et les LT spécifiques de l'Ag déclenche
une réponse inflammatoire localisée provoquée par la libération de cytokines et d'autres
médiateurs inflammatoires. La DCA se développe généralement dans les 24 heures (ou
plus) après l'exposition à l'allergène. (FORTINA et al 2020).
1.2.5/Allergies professionnelles
Les allergies professionnelles se manifestent principalement par des symptômes
respiratoires et cutanés. Ici aussi, nous pouvons distinguer des allergies à manifestation
immédiate, classiques, faisant intervenir les IgE, comme l’asthme, et d’autres à
manifestation retardée, faisant intervenir des mécanismes non IgE-médiés,
commel’eczéma.
Les premières sont en général le fait de molécules biologiques de « grande » taille :
farines, insectes, latex, poussières agricoles, animaux, tabac, enzymes et protéines de
poissons. Les secondes sont plutôt dues à des petites molécules chimiques, comme le
chrome, le nickel, les isocyanates, les résines, les colorants, les persulfates etc. (OLIVIER,
2017).
1.2.5.1/Allergie au latex
L’allergie au latex peut toucher la peau (eczéma...), les yeux et le nez (rhinite,
conjonctivite...), le système respiratoire (asthme) ou encore l’ensemble du SI (choc
anaphylactique, gonflement des muqueuses...). La dermatite atopique en est le
symptôme le plus fréquent. Comme dans tout problème d’allergie, le terrain atopique
et le contact répété avec le latex sont les deux principaux facteurs de risque.
1.2.5.2/ Allergies aux produits chimiques
Les produits chimiques (formol ou formaldéhyde, le béton, les particules
de laine de verre, le PVC, les colles … etc.) sont depuis longtemps à l’origine
d’allergies professionnelles. Comme on les utilise aussi de plus en plus souvent chez
soi, on constate l’apparition de réactions d’allergie ou d’intolérance : problèmes
respiratoires (asthme, rhinite...), eczéma, maux de tête.
1.2.5.3/ Allergies aux produits d'entretien et lessives
Dans les produits de lessive, on retrouve les azurants optiques qui sont les
principaux coupables. Mais aussi, les adoucissants et assouplissants (qui contiennent
des conservateurs, parfums, azurants...) et les parfums, les détachants employés dans
les teintureries et qui représentent tous des substances irritantes pour la peau ou pour
les bronches (L’AFPRAL, 2009).
26. 12
1.3/Le mécanisme de l’allergie
L’allergie est une défaillance du SI: au lieu de nous défendre contre une agression
réelle, il en fait trop et se met à réagir contre des substances étrangères (allergènes)
normalement inoffensives (pollens, poussière, aliment parfum…). Cette réaction se traduit
notamment par une production d’Ac spécifiques de l’allergie - les IgE. Il s’agit d’une maladie
globale qui provoque des symptômes variés tels que : l’asthme, le rhume des foins (rhinite), la
conjonctivite, l’eczéma, l'urticaire et le choc allergique. Elle se manifeste quand l’organisme
« rencontre » l’allergène, par ingestion, par inhalation, par contact cutané. L’organisme va
alors mettre en action son système de défense, qui se manifestera de différentes façons selon
la personne au niveau :
des poumons (asthme, bronchite allergique),
du nez (rhinite allergique),
des yeux (conjonctivite),
de la peau (eczéma, urticaire),
de l’intérieur de la bouche et de la gorge (œdème de Quincke),
du cœur et des vaisseaux sanguins.
L’allergie peut débuter à tout âge. Un nouveau-né ou un très jeune enfant
peuvent être allergiques. Les symptômes peuvent apparaitre dès la naissance. Ils peuvent aussi
apparaitre à l’âge adulte. Cependant, elle est plus fréquente chez l’enfant.
Certaines personnes sont génétiquement prédisposées à manifester de l’allergie et ce, dès la
toute petite enfance ; on dit qu’ils sont atopiques. Si les 2 parents sont allergiques : 80 % de
risque pour l’enfant d’être allergique. Si 1 seul parent : 50 % de risque d’être allergique.
Cependant, même en l’absence de parents allergiques, un enfant peut développer des allergies
(L’AFPRAL, 2009).
Après une première phase de rencontre avec l'allergène, appelée sensibilisation,
une RI préférentielle de type Th2 s'engage. La RI Th2 est caractérisée par la production de
certaines cytokines (IL-4, IL-5, IL-13) polarisant la réponse immune et conduisant, entre
autres, à la production d'Ig d'isotype IgE, spécifiques de l'allergène. Ces derniers peuvent
ensuite se fixer sur leurs récepteurs de haute affinité (RFcε I) exprimés par différentes ₵
spécialisées de la lignée hématopoïétique contenant de nombreux granules intra
cytoplasmiques. Ces ₵ peuvent être des basophiles, ₵ circulantes, ou bien des mastocytes,
leurs homologues tissulaires.
27. 13
Les allergènes, lors de leurs réintroductions, se fixent sur les IgE spécifiques liées à leur
récepteur membranaire. Ceci induit une cascade de signalisation aboutissant à la
dégranulation c'est-à-dire la libération des médiateurs immunitaires (telle que l'histamine)
contenus dans les granules des ₵. Ces médiateurs (amines biogènes et cytokines) ont des
effets immédiats, vasodilatateurs et/ou bronchoconstricteurs, et retardés de type inflammatoire
(recrutement de ₵ sur les lieux de l'inflammation).Ils sont à l'origine des symptômes observés:
asthme, rhinoconjonctivite, kératite, prurit, eczéma, ou de son expression la plus aiguë:
l'anaphylaxie (LAYAZID, 2018).
Figure 3 : Mécanisme de déclenchement de l’allergie (LAYAZID, 2018).
28. 14
1.4/ Les symptômes d’allergies
Les formes d’allergies et les réactions sont variées ; elles provoquent différentes
réactions notamment en fonction du type d’allergie ou d’allergène :
nez qui coule, clair ou nez bouché et éternuements (rhinite allergique) ;
yeux qui grattent ou irrités, yeux rouges, larmoiement, conjonctivite allergique ;
inflammation et gonflement de la peau et du visage (œdème de Quincke)
symptômes respiratoires une toux survient la nuit ou à l’effort, quand les bronchites
sont à répétition (crise d’asthme)
éruptions cutanées (eczéma atopique, urticaire) ;
troubles digestifs sont récurrents (diarrhées, vomissements, constipation) ;
chute de la tension artérielle (choc anaphylactique).
les symptômes (fatigue, toux, démangeaisons…) reviennent chaque année à la même
époque ou régulièrement dans certaines circonstances
Il faut aussi savoir que les causes et les symptômes se conjuguent parfois de manière
inattendue. Ainsi, l’asthme peut être lié à une AA (lait, œuf...) et l’eczéma, à une allergie aux
acariens, moisissures... etc. (L’AFPRAL, 2009).
Certaines allergies peuvent également déclencher des symptômes oraux comme un
gonflement des lèvres ou de la gorge avec difficultés à avaler. Elles peuvent également être un
facteur de risques pour le développement de chalazions(kystes dû à l'inflammation chronique
d'une glande des paupières) (ZOÉ, 2021).
Figure 4 : Les symptômes d’allergie (SHUTTERSTOCK, 2003)
29. 15
1.5/ Le diagnostic :
Le diagnostic de l’allergie repose sur les tests cutanés ou les dosages d’Ac IgE dans le
sérum. Ces Ac font partie de la RI qui fait intervenir aussi d’autres isotopes (IgG1, IgG4 et
IgA), ainsi que des ₵T qui sont typiquement Th2. La libération d’histamine dans les 15
minutes après exposition à l’allergène n’explique qu’en partie les syndromes allergiques. En
particulier, on ne peut la mettre seule en cause dans les mécanismes de l’inflammation
chronique qui survient dans les poumons des asthmatiques ou dans la peau des patients
souffrant de dermatite utopique. En effet premièrement, la durée des symptômes est trop
longue. Deuxièmement, des ₵infiltrent les tissus enflammés, et troisièmement, il existe des
différences considérables entre malades alors qu’ils ont apparemment les mêmes quantités
d’IgE dans le sérum et la peau.
Plusieurs mécanismes, cités ci-dessus, contribuent à cette symptomatologie
chronique et interviennent dans la gravité de la maladie allergique.
1. Accumulation locale des mastocytes et des basophiles, combinée à une sensibilité
plus grande à la dégranulation. C’est ainsi qu’à dose égale d’allergène, les réponses
sont augmentées.
2. Libération des leucotriènes, chimiokines et cytokines à partir des mastocytes et des
basophiles. Les médiateurs peuvent avoir des effets directs sur les vaisseaux sanguins
et les muscles lisses. L’IL-5, le TNF et les chimiokines sont incriminés dans le
recrutement des ₵inflammatoires.
3. Action des ₵T effectrices. Les ₵T libèrent une grande variété de cytokines qui
peuvent exercer des effets inflammatoires directs.
Il est difficile de faire la part du rôle de chacun de ces mécanismes, mais on peut être
guidé par les informations fournies par les effets de divers médicaments, particulièrement le
cromoglycate, les antagonistes des leucotriènes et des anti-IgE, et par des expériences de
transfert passif. Le fait que le cromoglycate peut inhiber à la fois les réponses pulmonaires
immédiate et tardive au test allergénique plaide pour une intervention des mastocytes dans les
deux phases. Mais, il est clair que le cromoglycate ne peut contrôler qu’une partie de
l’inflammation chronique. Par contre, les stéroïdes, qui constituent un traitement effectif de la
plupart des mécanismes inflammatoires de l’asthme, agissent sélectivement sur la phase
tardive. Cependant, la réponse au traitement stéroïdien ne peut être utilisée dans la distinction
entre les effets retardés de la dégranulation mastocytaire et les effets directs des ₵T, puisque
ces deux mécanismes sont inhibés par les stéroïdes.
30. 16
L’injection locale ou systémique d’Ac IgE peut transférer passivement la sensibilité,
qui se manifeste alors sous forme de la papule érythémateuse typique. Cependant, le transfert
passif de sérum d’un allergique (c.-à-d. qui contient des Ac IgE) dans la peau d’une personne
non allergique, peut aussi transférer certains aspects de la réponse cellulaire tardive. Les
réactions tardives qui suivent une injection intradermique d’allergène ou qui se développent
après 48 heures au patch test peuvent être transférées passivement. Cette expérience démontre
que le pontage des Ac IgE sur les mastocytes dans le tissu d’un individu non allergique peut
conduire au recrutement local d’éosinophiles en absence de ₵ T spécifiques de l’Ag. Donc,
dans toute analyse des factures impliqués dans la gravité de la maladie allergique, par
exemple la réponse au traitement pharmacologique ou la réponse à l’immunothérapie, il faut
prendre en considération les contributions respectives des mastocytes et des ₵ T effectrices
(ROITT et al, 2002).
32. CHAPITRE 2 – L’IMMUNOTHERAPIE ALLERGENIQUE
17
2.1/ Définition :
L’ITS est également appelée hypo sensibilisation, désensibilisation ou vaccination
anti-allergie. Elle est utilisée pour obtenir un effet à long terme et une amélioration durable
des symptômes allergiques qui peuvent éventuellement persister encore des années après la
fin du traitement. La différence principale entre le traitement symptomatique et l'ITS est que
cette dernière induit une tolérance à la substance responsable de l'allergie et modifie ainsi
l'évolution naturelle de la maladie. Ce traitement est disponible pour les allergènes les plus
répandus (Alk, 2017).
L’ITAS , familièrement appelée « injections contre les allergies », fait référence à
l’administration de quantités croissantes d’allergènes spécifiques auxquels un patient présente
une hypersensibilité immédiate de type 1. Le traitement consistera donc à l’administration
répétée de doses croissantes d’un composé allergénique jusqu’à atteindre une dose optimale à
laquelle on observe une amélioration des symptômes provoqués par l’exposition à l’allergène.
(Montoyo, 2017).
Pour que l’ITS de l’allergène soit efficace, elle doit tenir compte de la voie
d’administration de l’allergène qui se fait en général par voie ITSC ou par voie ITSL, et de la
durée et la périodicité en fonction de l’allergène.
L’ITA offre ainsi au patient une protection contre les réactions inflammatoires et les
symptômes allergiques associés à l’exposition à l’allergène. Bien que le mécanisme précis qui
explique l’efficacité de l’immunothérapie soit inconnu, de nombreux changements
immunologiques qui se produisent avec l’immunothérapie on été identifiés (Lei & Saltoun,
2019).
On distingue deux formes d'administration de l'immunothérapie spécifique : L'ITSL et
l' ITSC. Dans le cas de l’ITSL , l'hyposensibilisation est effectuée avec des comprimés que la
personne allergique doit généralement prendre quotidiennement. Dans le cas de l’ITSC,
l'allergène est injecté sous la peau par un allergologue. Pour les deux formes d'administration,
le traitement dure de trois à cinq ans (Alk, 2017).
33. 18
2.2/ Principe : la tolérance immunologique
L’objectif principal du traitement curatif de toutes maladies immunologiques, dont fait
partie l’allergie, consiste en une modification de la réponse immune vis-à-vis d’Ag
spécifiques, ici les allergènes, afin d’obtenir un impact au long terme avec des effets
rémanents, durables suite à l’arrêt du traitement. L’ITA conduit à une RI normale, non
inflammatoire, par induction d’un état de tolérance contre l’allergène ciblé, avec modulation
des réponses lymphocytaires T. Le résultat est une diminution voire une élimination de la
capacité à déclencher une réaction allergique suite à l’exposition à un allergène. Le SI répond
à l’effet important induit par les fortes quantités d’allergènes administrées. Une dose
représente environ cent fois la quantité annuelle entrant en contact avec l’organisme lors
d’une exposition naturelle. Le principe met alors en jeu deux mécanismes, une déviation
immunitaire vers la voie Th1 ainsi que l’induction de LTreg spécifiques, ayant plusieurs
conséquences dont une modification de la réponse Ac (figure 6). Avant même l’apparition de
ces deux phénomènes, très rapidement après l’administration des premières doses de
traitement, il est observé une désensibilisation des mastocytes et des basophiles avec une nette
diminution de leur activité. Le mécanisme n’est pas encore élucidé, il pourrait faire intervenir
l’histamine (ZAPPA, 2016).
Figure 5 : Les voies d’administration de l’ITA (DOROFEEVA ET AL, 2020
35. 20
2.3/ Efficacité :
L’efficacité de IS est clairement établie par de nombreux protocoles en double insu
contre placébo. Cependant, cette thérapeutique fait l’objet de très virulentes critiques qui ne
sont pas toutes loin de là injustifiées (SABBAH, 1994).
L’efficacité de ce traitement est confirmée par les études de la décennie 2000, incluant de
grands effectifs de patients avec des protocoles en double insu contre placebo, qui ont donné
lieu à plusieurs méta-analyses ou revues générales.
Figure 7 : Exemple de l’efficacité sur les scores médicamenteux et cliniques d’une immunothérapie à base
d’ORALAIR* (PHAM-THI, 2018)
* contient des extraits allergéniques de pollens de différentes graminées.
36. 21
Efficacité chez les patients souffrant de rhinoconjonctivite allergique : L’efficacité sur
la symptomatologie de rhino-conjonctivite est généralement appréciée par des scores de
symptômes et par la quantification de la consommation médicamenteuse. Certaines études
comportent aussi une évaluation de la qualité de vie, en général par un questionnaire
spécifique de la qualité de vie dans la rhinite, le RQLQ. Le score symptomatique le plus
utilisé est le score total de symptômes quotidiens de la rhino-conjonctivite qui évalue quatre
symptômes nasaux (rhinorrhée, obstruction nasale, prurit nasal et éternuements) et deux
symptômes oculaires (prurit oculaire et larmoiement), chaque symptôme est généralement
côté de zéro à trois. La quantification de la consommation médicamenteuse fait appel soit à un
score en attribuant une valeur arbitraire à chaque type de traitement de secours utilisé
(antihistaminique, corticoïdes locaux, corticoïdes par voie générale), soit à l’évaluation du
nombre de jours avec et sans prise de traitement symptomatique. (MAILHOL, & DIDIER,
2013).
L’efficacité de l’ITA par voie SC dans le traitement de la rhinite allergique au pollen a
été évaluée dans une méta-analyse Cochrane. Cette dernière a retenu 51 études portant sur
l’efficacité de l’ITA injectable et confirme qu’il existe un effet significatif sur les scores de
symptômes de la rhino-conjonctivite et la quantification de la consommation
médicamenteuse. Le document ARIA 2007 retient un niveau de preuve élevé pour l’efficacité
de l’ITA injectable dans la rhinite. Pour l’ITA SL, une première méta-analyse de 21 études,
montrait en 2003 un résultat global en faveur d’un bénéfice sur les symptômes (−42 % en
moyenne) et sur la consommation médicamenteuse (−43 % en moyenne). Néanmoins, dans
l’analyse allergène par allergène, l’effet était significatif essentiellement pour les pollens de
graminées et pas pour les autres allergènes considérés, en particulier pas pour les acariens.
Mais en 2009, une méta-analyse axée sur la désensibilisation de patients ayant une rhinite aux
acariens a mis cette fois en avant des résultats positifs. Chez l’enfant, une méta-analyse
rassemblant 484 patients atteints de rhinite allergique a montré l’efficacité de la voie SL sur
les symptômes et sur la consommation médicamenteuse. La revue systématique la plus
récente inclut 60 études correspondant à plus de 4500 patients. Quarante essais concernaient
l’ITA SL aux pollens (pollens de graminées surtout, mais aussi de pariétaire, d’ambroisie et
des pollens d’arbres). Cette publication confirme l’efficacité de la désensibilisation par voie
SL sur les critères d’évaluation habituels de la rhinite allergique que sont le score
symptomatique et la consommation médicamenteuse. Pour les symptômes oculaires, une
méta-analyse de 46 études utilisant la voie SL (suspension ou comprimés) démontre que
celle-ci est efficace sur le score global des symptômes oculaires et sur les scores de
symptômes individuels (larmoiement, prurit oculaire) (MAILHOL, & DIDIER, 2013).
37. 22
Le développement des comprimés a donné lieu à des études multicentriques sur un
nombre important de patients (en général autour de 600) en population adulte, et en
population pédiatrique, certaines d’entre elles appréhendent le maintien de l’effet au cours de
plusieurs saisons sous traitement. Ces études à grande échelle démontrent aussi une efficacité
sur d’autres paramètres comme les symptômes considérés individuellement au niveau nasal
ou oculaire ou la qualité de vie. Au terme de ces études, le document ARIA 2010 attribue à la
désensibilisation SL le niveau de preuve le plus élevé dans le traitement de la rhinite
allergique de l’enfant et de l’adulte.
Efficacité chez les patients souffrant d’asthme allergique : Dans la désensibilisation de
l’asthme allergique, la voie SC a fait la preuve de son efficacité dans la méta-analyse
d’Abramson et al (MAILHOL & DIDIER, 2013), dont la dernière mise à jour rassemble 75
essais randomisés et contrôlés utilisant la voie injectable chez plus de 3500 patients
asthmatiques. Parmi eux, 25 essais concernent l’ITA injectable au pollen. L’efficacité a pu
être démontrée sur les symptômes cliniques, l’hyperréactivité bronchique spécifique et non
spécifique et la consommation médicamenteuse. La désensibilisation restait sans influence sur
le VEMS. Par ailleurs, seuls les essais conduits avec les acariens ou les pollens ont été
concluants. Les phanères d’animaux et les mélanges d’allergènes n’ont pas fait émerger de
résultats satisfaisants. Un niveau de preuve très élevé a été attribué à l’ITA injectable dans
l’asthme dans les recommandations « Asthme et allergie » de la SPLF. Dans l’évaluation de la
voie SL, la méta-analyse de Calamita et al. a retenu 25 études (MAILHOL & DIDIER,
2013).
Qu’elles aient été conduites chez l’adulte ou chez l’enfant, elles ont été en faveur de
l’ITA pour l’ensemble des critères considérés (réduction des symptômes d’asthme,
diminution de la consommation médicamenteuse et de l’hyperréactivité bronchique,
amélioration de la fonction respiratoire). Une mention particulière est faite dans ce travail à
propos de l’innocuité de ce traitement. Une seconde méta-analyse s’est intéressée à l’ITA SL
chez l’enfant (de trois à 18 ans). Elle a pu mettre en évidence une efficacité sur les scores de
symptômes et sur les scores de médicaments avec une tolérance relativement bonne (pas
d’événements d’allure systémique en dehors de quatre exacerbations d’asthme sur les 232
enfants qui ont reçu une désensibilisation). Sur les neuf essais considérés dans cette analyse,
trois concernent les pollens. Celui portant sur le pollen d’olivier, Olea europaea, permet
d’objectiver une diminution
significative des scores de dyspnée lors de la première et de la seconde saison de traitement.
Comme pour la rhinite allergique, le document ARIA 2007 considère le niveau de preuve le
38. 23
plus élevé pour l’efficacité de la voie SL dans le traitement de l’asthme allergique chez
l’adulte et chez l’enfant. Dans les recommandations de la SPLF « Asthme et allergie » de
2007, la voie SL est considérée comme une alternative possible à la voie injectable dans
l’asthme.
Ainsi, l’ITA a fait la preuve de son efficacité dans la rhino-conjonctivite allergique. Dans
l’asthme allergique, l’ITA injectable au pollen ou aux acariens s’est avérée efficace sur les
symptômes cliniques, l’hyperréactivité bronchique spécifique et non spécifique et la
consommation médicamenteuse mais n’a pas modifié le VEMS. La voie SL est une
alternative possible à la voie injectable dans l’asthme (MAILHOL, & DIDIER, 2013).
2.4/ Les types de l’immunothérapie Allergénique :
2.4.1-/ L’immunothérapie sous-cutanée :
Il y a un siècle, Noon a parfaitement décrit les bases de l’ITA par voie SC, encore
pratiquée de nos jours. Un extrait de pollen, généré par congélation décongélations
successives puis chauffage était injecté par voie SC à concentrations faibles et à intervalles
plus ou moins réguliers. L’efficacité était évaluée par un test de provocation conjonctival qui
démontrait une augmentation du seuil de tolérance chez les patients allergiques. Ce travail
mentionne l’importance de la dose injectée, les très fortes doses étant susceptibles d’aggraver
les symptômes ou de déclencher une attaque d’asthme (MAILHOL, & DIDIER, 2013).
C’est en répétant l’administration de préparations d’allergènes qu’une tolérance
immunologique et clinique envers les allergènes ciblés apparaît. Il existe d’abord une phase
d’induction, suivie d’une phase de maintien. La personne peut ensuite être exposée à
l’allergène de façon naturelle tout en présentant une diminution des symptômes, voire même,
dans 25 % des cas, sans manifester de symptômes d’asthme ou de rhinite. La préparation
d’allergènes est administrée par voie SC, puis la réaction locale est mesurée et la rougeur
évaluée. Chaque fois que le diamètre de l’induration est inférieur à 50 mm, la dose peut être
augmentée. L’ITSC utilise une dose progressive une ou deux fois par semaine avec deux jours
d’intervalle, pour arriver à une dose d’entretien administrée une fois par mois.
La durée optimale de la désensibilisation SC est de trois à cinq ans Par ailleurs, selon
plusieurs études, la thérapie semble devenir cliniquement efficace après une période de deux à
quatre mois. Dans le cas où aucune amélioration clinique n’est perçue après une année, il faut
réévaluer la pertinence du traitement. L’effet de la désensibilisation semble persister jusqu’à
12 ans après la fin du traitement. Les traitements de désensibilisation en mode continu ou en
39. 24
période pré-saisonnière ont tous les deux été associés à une diminution des symptômes et des
recours à la médication pour maîtriser les symptômes d’asthme et de rhinite. Un traitement de
désensibilisation permettrait d’économiser jusqu’à 80 % des coûts des médicaments
permettant de soulager les symptômes d’allergie (GRENIER, ET PHARM, 2016).
2.4.2/ L’immunothérapie par voie sublinguale :
En 1998, l’OMS a accepté l’ITSL comme choix acceptable en remplacement de
l’ITSC13. L’ITSL utilise des comprimés qui contiennent des allergènes lyophilisés. Il existe
différents produits pour l’ITSL sur le marché, notamment les comprimés contenant un extrait
allergénique de pollen des graminées, un extrait d’allergène standardisé de petite herbe à poux
ou un extrait allergénique standardisé de fléole des prés.
Bien que peu d’études comparatives existent permettant une comparaison directe
entre l’ITSC et l’ITSL, les conclusions des auteurs d’études de comparaisons indirectes
tendent à démontrer l’efficacité non inférieure de la voie SL par rapport à la voie SC , ainsi
qu’une innocuité comparable des deux approches thérapeutiques. En 2012, Bahceciler a
comparé les voies SC et SL en utilisant les données disponibles les plus récentes. Il a conclu
que l’amélioration clinique survenait plus rapidement avec l’ITSC que par voie orale en
raison d’une légère différence dans le blocage des IgE, mais que les deux voies étaient
efficaces pour traiter les maladies respiratoires allergiques. Objectivement, les deux voies
d’administration entraînent une augmentation du taux des LT1, des LTreg et des IgG4, ainsi
qu’une diminution du taux des IgE. Yukselen et coll. ont passé en revue quatre essais
contrôlés à répartition aléatoire qui comparent directement l’ITSC et l’ITSL pour les
asthmatiques. Leurs analyses tendent à démontrer que l’ITSC posséderait une efficacité
supérieure, qui se manifesterait en outre plus rapidement.
L’ITSL avec l’extrait allergénique de pollen des graminées est indiquée pour le
traitement des symptômes de la rhinite allergique saisonnière modérée à grave associée au
pollen de graminées. Elle est indiquée pour les personnes de 5 à 50 ans qui ont un test cutané
positif au pollen de poacées (graminées) et qui ont eu une réponse insatisfaisante à la
pharmacothérapie conventionnelle deux années consécutives pendant la saison des allergies.
Chaque comprimé contient les extraits de pollen lyophilisé de cinq graminées. Le traitement
devrait démarrer quatre mois avant le début de la saison des allergies et continuer tout le long
de celle-ci. En l’absence d’amélioration après trois saisons, il faut envisager l’interruption du
traitement pour les adultes. Pour les enfants, l’expérience avec le produit est seulement d’une
saison. Pour tous, l’administration de la première dose doit s’effectuer sous supervision
médicale et être suivie d’une période d’observation. Le protocole thérapeutique dure trois
40. 25
jours et consiste en un comprimé par jour en dose croissante, soit 100 IR (indice de réactivité)
au jour un, 200 IR au jour deux, la dose d’entretien de 300 IR étant maintenue par la suite. Il
est important que les utilisateurs soient capables de reconnaître les réactions indésirables
possibles et leur gravité.
L’ITSL avec l’extrait d’allergène standardisé de petite herbe à poux est indiquée pour
les personnes de 18 à 65 ans présentant une allergie à l’herbe à poux et qui ont un test cutané
positif pour Ambrosia artemisiifolia. La première dose doit être administrée sous supervision
médicale et la personne doit demeurer en observation. Les doses subséquentes peuvent être
prises à la maison.
Enfin, l’ITSL avec l’extrait d’allergène standardisé de fléole des prés est indiquée pour
le traitement des signes et des symptômes de l’allergie aux graminées chez les adultes et les
enfants d’un âge égal ou supérieur à cinq ans qui ont reçu un diagnostic confirmé de rhinite
allergique depuis deux saisons polliniques et qui ont obtenu un test cutané positif
pour Phleum pratense. Les études comparant directement l’efficacité et l’innocuité de l’ITSC
et de l’ITSL sont peu nombreuses et la pratique actuelle repose davantage sur la comparaison
indirecte de certains paramètres tels que la maîtrise des symptômes de rhinite allergique ainsi
que la diminution de l’utilisation de corticostéroïdes inhalés ou du nombre de réactions
systémiques (GRENIER ET PHARM, 2016).
42. CHAPITRE 3 – MECANISMES IMMUNITAIRES DE L’IMMUNOTHERAPIE
ALLERGENIQUE
26
3.1/ Les différents mécanismes de l’immunothérapie allergénique :
Les différents mécanismes immunologiques proviennent d’études cliniques et précliniques
utilisant des protocoles de désensibilisation par SCIT, SLIT ou OIT, pour le traitement
d’allergies respiratoires ou aux venins d’hyménoptères. Il s’agit donc de présenter ici les
mécanismes généraux liés à l’efficacité de la désensibilisation, puis de préciser les
mécanismes immunitaires communs ou spécifiques au traitement par EPIT de l’allergie
alimentaire (LAOUBI, 2020).
Parmi ces mécanismes on peut citer :
1. Induction et activation de LT régulateurs.
2. Orientation du profil cytokinique des LT effecteurs.
3. Induction de LB régulateurs.
4. Déviation des Ac.
5. Désactivation des mastocytes et basophiles.
6. Désactivation des CD.
Figure8 : Effets de l’immunothérapie allergénique sur les paramètres immunologiques et cliniques de
l’allergie (MONTOYO, 2017)
43. 27
L’ITA va influencer les réponses cellulaires et humorales dirigées contre l’allergène. Le
nombre en LTh2 diminue, de même que la concentration des cytokines Th2, tandis que les
LTh1, les LTrég et les concentrations de leurs cytokines respectives augmentent. Les
concentrations en IL-10 et en TGF-β augmentent, ce qui va favoriser la commutation
isotypique des LB pour la production d’IgG1, d’IgG4 et d’IgA. On observe une réduction du
recrutement des éosinophiles, des neutrophiles et des basophiles dans les tissus, de même que
le relargage de leurs médiateurs. Les symptômes cliniques sont diminués durablement à
l’issue du traitement (MONTOYO, 2017).
3.1.1/ Induction et activation de LT régulateurs (LTREG) :
Les LTREG sont les ₵ essentielles de l’équilibre entre les réponses immunitaires effectrices
et l’homéostasie. Leur absence ou un défaut de leurs fonctions peuvent conduire à des
maladies auto-immunes ou l’apparition d’allergies. Un des mécanismes majeurs de la
désensibilisation repose sur l’induction et l’activation de LTREG au cours de l’ITA. En effet,
de par leurs fonctions inhibitrices multiples, les LTREG vont permettre de limiter la
réactivation de l’ensemble des autres ₵ immunitaires telles que les LT conventionnels (naïfs
ou mémoires), les LB, les CD, les granulocytes ou les mastocytes et les basophiles. Il s’agit
d’une étape essentielle de l’ITA. Les LT régulateurs sont très actifs dans la régulation de la RI
(LAOUBI, 2020).
Les LTreg jouent un rôle important dans la désensibilisation, notamment durant la phase
initiale, leur induction étant très rapide. Le taux de LTreg spécifiques à l’allergène ciblé et des
médiateurs qu’ils libèrent, augmentent dès les premiers mois de traitement dans le sang et les
tissus. Il diminuera durant la phase d’entretien du traitement mais restera toujours supérieur
au taux présent avant le début de l’ITA. L’augmentation du taux de Tr1 est corrélée à une
diminution des manifestations cliniques. La suppression de ces Tr1 entraînant la réapparition
des symptômes. Les LTreg spécifiques agissent par contact cellulaire direct via des molécules
de surface, ou par l’intermédiaire de cytokines que sont l’IL-10 et le TGFβ.
Leur première action reconnue est la régulation à la baisse des réponses lymphocytaires de
type Th1 et principalement Th2, car prédominante dans l’allergie, aboutissant à l’état de
tolérance périphérique. Les LTreg inhibent la prolifération des ₵ Th1 et Th2 spécifiques suite
au contact avec l’allergène, ainsi que la production de leurs cytokines respectives. Chez les
sujets sains non allergiques, il existe un équilibre entre les LTreg, les ₵ Th1 et Th2. La
majorité des LT spécifiques de l’allergène sont des
44. 28
LTreg dont des Tr1. Alors que chez les sujets allergiques, il existe une orientation franche de
la réponse lymphocytaire vers la voie Th2 et un éventuel déficit en LTreg (ZAPPA, 2016).
3.1.2/ Orientation du profil cytokinique des LT effecteurs :
Chez les sujets allergiques, les ₵ LT conventionnelles adoptent principalement un
profil cytokinique qui entretient la pathologie en favorisant la production d’IgE par les LB et
l’activation des mastocytes, basophiles lors d’un contact avec l’allergène. Du fait de
l’induction de LTreg décrite précédemment, et leur capacité à inhiber ou dévier le profil
cytokinique des LTconv (LAOUBI, 2020).
Les fortes doses d’allergène administrées lors de l’ITA provoquent une déviation de la
réponse immune de la voie Th2 vers une réponse cellulaire de type Th1. Les CD libèrent de
l’IL-12 favorable à la différenciation des LTh0 en LTh1. Ceci s’accompagne d’une
augmentation de la sécrétion de TNFα. d’INF γ ou encore d’IL-2. Ces cytokines vont inhiber
la voie Th2 et la sécrétion des cytokines correspondantes comme l’IL-4, l’IL-5, l’IL-9 ou
encore l’IL-13. L’augmentation de TNFα, associée à la diminution d’IL-4, favorable à la
commutation de classe vers les IgE, empêche la production de ces dernières. Parallèlement,
l’INF γ oriente le switch isotypique vers l’IgG. Enfin, l’inhibition de la voie Th2 a pour autre
conséquence la diminution de réactivité des ₵ effectrices de l’allergie que sont les
mastocytes, les polynucléaires basophiles ou encore les éosinophiles (ZAPPA, 2016).
On peut résumer, dans le tableau 1, les effets de l’induction des profils Th1 et Th2 sur les
réponses immunitaires et leur conséquences sur les ₵ cibles en fonction des cytokines
sécrétées par chaque profil Th1 ou Th2.
Tableau1 : Induction des profils Th1 et Th 2 et leur conséquences respectives (FANFANO, 2017)
45. 29
3.1.3/ Induction de LB régulateurs (LBreg) :
Les LB au-delà de leur capacité à produire des Ac peuvent également sécréter des cytokines
pro- ou anti-inflammatoires qui vont moduler la et notamment les LT conv (LAOUBI, 2020).
L'équilibre entre les ₵ Th2 et les ₵ Treg est décisif pour le développement ou la suppression
de l'inflammation allergique (Figure 9). Les ₵ Treg et leurs cytokines suppriment les
réponses immunitaires de type Th2 et contribuent au contrôle des maladies allergiques de
plusieurs manières majeures. Les flèches rouges indiquent les effets régulateurs et
suppresseurs des ₵ Treg, qui exercent leurs fonctions régulatrices directement ou
indirectement sur les ₵ B en induisant des IgG4 et des IgA et en supprimant les IgE ; sur
l'endothélium vasculaire en supprimant le retour des ₵ Th2 vers les tissus ; sur les
mastocytes, les basophiles et les éosinophiles via des effets suppresseurs directs et indirects ;
et sur la suppression directe et indirecte de l'activation des ₵ épithéliales et des propriétés
pro-inflammatoires. De plus, les ₵ B reg suppriment également les ₵ T effectrices et
contribuent à la synthèse des IgG4 (AKDIS, 2014).
Figure 9 : Rôle des ₵ Treg et Breg dans la suppression de l'inflammation allergique
(AKDIS, 2014).
46. 30
3.1.4/ Déviation des anticorps (IgE / IgG) :
L’ITA vise à une modulation des taux sériques d’IgE et d’IgG spécifiques de l’allergène au
cours du traitement (LAOUBI, 2020).
La principale résultante est une modification de la composition isotypique de la réponse Ac.
L’ITA conduit à l’inhibition de la synthèse d’IgE et favorise la commutation de classe vers la
production d’IgG et plus faiblement d’IgA. Des variations dans les taux d’Ac sont alors
notées en plus des effets déjà cités. La diminution du rapport IgE/IgG4, reflète l’inhibition de
la voie Th2 au profit des voies Th1 et Treg, induite par le traitement. Bien que soit observée, à
l’initiation du traitement, une augmentation du taux sérique d’IgE, celle-ci n’est que
transitoire.
Le taux tend progressivement à décroître de façon continue lors de la phase d’entretien soit
sur plusieurs années de traitement. Ceci s’accompagne d’une diminution retardée de la
réactivité cutanée des sujets observée notamment lors des prick tests. La baisse d’IgE est
relativement tardive et ne suffit alors pas, à elle seule, pour expliquer la réponse de
l’organisme à l’ITA. De plus, cette diminution n’est pas corrélée avec l’amélioration clinique
qui survient bien plus tôt. Il a, cependant, été remarqué que, chez les patients présentant une
allergie aux pollens de graminées et en cours de désensibilisation, ce taux d’IgE n’augmente
pas durant la saison pollinique, l’ITA jouant alors un rôle préventif. Au fur et à mesure de
l’avancée, puis après l’arrêt du traitement, la baisse du taux engendre tout de même quelques
répercussions.
En effet, comme la quantité d’IgE disponibles est plus faible, le nombre de mastocytes et de
polynucléaires basophiles sensibilisés en présence de l’allergène est moins important. De
même, la présentation allergénique par les CPA aux LT est affaiblie, car habituellement
facilitée par les IgE. Parallèlement, sous l’influence des cytokines sécrétées par les ₵ Th1 ou
Treg, se produit une hausse relativement précoce du taux d’IgG4, en adéquation avec
l’amélioration clinique observée chez les patients, mais aussi des taux d’IgG1 et d’IgA. Les
taux se trouvent augmentés d’un facteur 10 à 100. Les sécrétions d’IgG et d’IgA sont
contrôlées respectivement par l’INF γ et l’IL-10, et le TGFβ. Les IgG sont libres. Lorsque les
IgG et les IgE sont dirigés contre les mêmes épitopes, en découle une compétition pour la
liaison à l’allergène. Les IgG vont complexer les allergènes avant même que ceux-ci ne
rencontrent une cellule effectrice sensibilisée par les IgE ou une IgE circulante.
Ainsi, préviennent-ils l’activation et la dégranulation des ₵ effectrices, mais aussi la capture
puis la présentation aux LT de l’allergène par les CPA. Les IgG, tout comme les IgA,
peuvent, également, jouer le rôle d’Ac bloquants. Le complexe IgG-allergène peut co-agréger
47. 31
les RFƐcI et les RFcγIIB sur une même cellule et empêcher le processus d’activation
cellulaire. En effet, les IgG se lient à des récepteurs de faible affinité, comme le RFcγIIB,
exprimés à la surface des ₵ effectrices dont les mastocytes, les polynucléaires basophiles ou
encore les LB.
Ces récepteurs sont inhibiteurs, ils possèdent, dans leur domaine intracytoplasmique, un motif
ITIM (Immunoreceptor Tyrosine-based Inhibitory Motif) qui va inhiber le signal produit par
les motifs ITAM (Immunoreceptor Tyrosine-based Activation Motif) des récepteurs
activateurs, comme les RFcƐI, présents sur la même cellule (ZAPPA, 2016).
3.1.5/ Désactivation des mastocytes et basophiles :
La désactivation des mastocytes et basophiles est un évènement précoce observé en quelques
jours lors des traitements par SCIT pour l’allergie au venin d’hyménoptères par exemple,
avant même un changement des taux ou de la nature des IgE/IgG circulantes (LAOUBI,
2020).
Les fortes doses d’allergène administrées lors de l’ITA provoquent une déviation de la
réponse immune de la voie Th2 vers une réponse cellulaire de type Th1. Les CD libèrent de
l’IL-12 favorable à la différenciation des LTh0 en LTh1. Ceci s’accompagne d’une
augmentation de la sécrétion de TNFα (Tumor Necrosis Factor alpha), d’INF γ ou encore
d’IL-2. Ces cytokines vont inhiber la voie Th2 et la sécrétion des cytokines correspondantes
comme l’IL-4, l’IL-5, l’IL-9 ou encore l’IL-13.
L’augmentation de TNFα, associée à la diminution d’IL-4, favorable à la commutation de
classe vers les IgE, empêche la production de ces dernières. Parallèlement, l’INF γ oriente le
switch isotypique vers l’IgG. Enfin, l’inhibition de la voie Th2 a pour autre conséquence la
diminution de réactivité des ₵ effectrices de l’allergie que sont les mastocytes, les
polynucléaires basophiles ou encore les éosinophiles (ZAPPA, 2016).
L'immunothérapie spécifique de l'allergène, de par sa capacité à induire des CD produisant
des cytokines tolérogènes ou inflammatoires, permet de modifier la différentiation
lymphocytaire préférentiellement Th2 observée chez le patient allergique.
Elle conduit notamment à la réorientation des LT vers une voie Th1.En effet, les CD qui
produisent notamment de l'IL-12 favorisent une différentiation des LT naïfs Th0 vers une
polarisation Th1.
Ces lymphocytes producteurs de cytokines inflammatoires (TNFα, INFγ) peuvent alors
inhiber la voie Th2 (IL-4, IL-13, IL-5, IL-9), prédominante chez le sujet allergique.
48. 32
Les cytokines inflammatoires, comme l'INFγ, peuvent également intervenir au niveau des LB
sur la commutation de classe des Ig, en réduisant la production des IgE. Par ailleurs, la
diminution de la production des cytokines comme IL-4 et IL-13 liée à la moindre polarisation
Th2 est également responsable d'une diminution de la production d'IgE, qui n'apparaît
cependant que secondairement au cours de l'immunothérapie spécifique de l'allergène
(CARCELAIN, 2018).
Figure10 : Différenciation et implications de Th1 et Th2 (FANFANO, 2017)
3.1.6/ Désactivation des Cellules dendritiques :
Les CD sont les CPA par excellence qui définissent le profil cytokinique et
l’amplitude des réponses adaptatives. Leur phénotype et leur fonction jouent un rôle essentiel
dans la réorientation de la RI en place au cours de l’ITA. A ce titre, les signaux de
costimulation au moment de la capture d’un Ag (environnement inflammatoire ou tolérogène
: ligands de TLR, cytokines) sont déterminants (LAOUBI, 2020).
Ainsi, les CPA, et essentiellement les CD, jouent un rôle majeur dans la RI permettant
un lien entre l’immunité innée et l’immunité adaptive. En effet, en fonction de
l’environnement cytokinique créé par les ₵ de l’immunité innée présentes au niveau du site
d’introduction de l’allergène telles que les neutrophiles ou les ₵ NK (natural killer), les CPA
49. 33
sont capables de sécréter des cytokines qui orientent, ensuite, l’activation des LT vers les
voies Th1, Th2 ou Treg.
Chez le sujet allergique, les CD sécrètent principalement de l’IL-4. Ceci oriente,
comme vu précédemment, la RI vers une réponse humorale de type Th2. Les principales
conséquences sont la sécrétion d’IgE par les LB ainsi que le recrutement et l’activation des ₵
effectrices, dont les mastocytes et les polynucléaires basophiles, libérant les médiateurs de
l’inflammation.
Lors d’un traitement par ITA, les allergènes sont administrés le plus souvent par voie
SC ou SL. Via la voie Sc, ils vont rencontrer de nombreuses CD tout d’abord au niveau de
l’épiderme, avec une forte concentration de ₵ de Langerhans, puis dans le derme où sont
présents plusieurs sous-types de CD interstitielles. Via la voie SL, ils seront reconnus
majoritairement par des ₵ de Langerhans.
Les CPA captent les allergènes, les clivent puis les associent avec des molécules du
CMH II et migrent dans les ganglions lymphatiques afin de les présenter aux LT. Dans le
cadre de l’ITA, suite à l’introduction massive d’allergènes dans l’organisme à doses
croissantes, la maturation des CD conduit à la production d’IL-12 orientant vers une réponse
de type Th1. Certaines CD vont perdre leur capacité de présentation de l’Ag, sous l’influence
de l’IL-10 et du TGFβ (Transforming Growth Factor bêta), aboutissant à une autre
différenciation des Th0 en Treg spécifiques (ZAPPA, 2016).
50. 34
Figure11 : Rôle de la cellule dendritique dans l’immunothérapie (GHOSN ET AL, 2018)
52. CONCLUSION
35
En conclusion, on peut dire que l’allergie est une maladie complexe, qui est la
résultante de l’interaction entre de nombreux facteurs génétiques et environnementaux.
On peut distinguer cinq types d’allergie: l’allergie respiratoire, l’allergie de contact,
l’allergie médicamenteuse, les allergies professionnelles et l’allergie alimentaire. Cette
dernière étant la plus répandue. Les allergies peuvent être le résultat de plusieurs
mécanismes, induite par des causes diverses et variées et amenant à un grand nombre de
manifestations cliniques différentes provoquant différents symptômes qui apparaissent sur :
la peau, dans les sinus, dans les voies respiratoires ou dans le système digestif.
Certains traitements existent et qui aident à soulager ces symptômes, Comme L’ITA
(l’immunothérapie allergénique), qui consiste à administrer de manière répétée, le ou les
allergènes responsables de l’allergie afin d’induire une tolérance spécifique à ce ou ces
allergènes, préalablement identifiés. Le traitement consistera donc à l’administration répétée
de doses croissantes d’un composé allergénique jusqu’à atteindre une dose optimale à
laquelle on observe une amélioration des symptômes provoqués par l’exposition à
l’allergène. L’ITA est aujourd’hui administrée de deux manières : par voie sous-cutanée
(SCIT) ou par voie sublinguale (SLIT). Ainsi, l’ITA) est un traitement ambitieux qui vise à
réintroduire une réponse tolérogène vis-à-vis d’un allergène chez des patients allergiques.
Le succès de l’ITA implique l’inhibition des réponses cellulaire et humorale
responsables des symptômes. Dans ce contexte, les CD représentent le premier maillon de la
chaine immunitaire : elles intègrent l’information allergénique et la délivrent aux LT et LB
afin de favoriser le développement de LTreg et inhiber les réponses cellulaire et humorale
pathologiques. Néanmoins, les DC sont hétérogènes et conditionnées par un ensemble de
signaux environnants lors de la prise en charge de l’allergène. L’efficacité de cette thérapie a
été prouvée par plusieurs études, mais il reste beaucoup à faire afin d’optimiser dans
l’avenir les différents traitements de désensibilisation.
53. 36
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