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JOURNAL DU LYCÉE IMMACULÉE CONCEPTION
mai 2017
Rédacteurs et contributions : Manon Hardy, Louis-Paul Émeriau, Valentin Harnois, Coline
Lappeman, Jennifer Colin, Maxime Duret, Pierre-Ambroise Gallouet, Clément Juliot, Juliette
Bruneau, Louis Dréano, Mathieu Guérin, Millena Brandao, Anne Dubouch, Marie Barbé, Cylia
Slamani, Claudie Merlet (sans qui le journal serait truffé de fautes)
Éditorial par Louis Dréano
Nous y sommes. Le dernier
numéro du Tohu Bahu de
l’année scolaire 2016-2017
sort et relève le défi de la
mobilisation – nous comptons
15 contributeurs à ce numéro.
Avant la fin, nous souhaitons,
de tout cœur, que le flambeau
soit repris. Cette somme de
papier grandira tant que nous,
jeunes d’aujourd’hui, serons
inspirés et indignés. Dans son
manifeste Indignez-vous !,
Stéphane Hessel, résistant
français et grand diplomate, ne
déclarait-il pas : « Regardez
autour de vous, vous y
trouverez les thèmes qui
justifient votre indignation.
Vous trouverez des situations
concrètes qui vous amènent à
donner cours à une action
citoyenne forte. Cherchez et
vous trouverez ! » Trop
souvent, on se sent comme ce
petit enfant (photo de Gilles
Clarke de The Guardian) lors
du conflit de Sanaa : on a envie
de tout reconstruire face à un
tas de ruines qu’est pourtant
notre monde. Notre journal, il
nous sert à ça, exprimer notre
indignation, notre espoir !
1
INTERNATIONAL
Le déclin de la Turquie par Louis Dréano
Au lendemain de la chute de
l’Empire ottoman, la Turquie
avait su incarner une
conciliation exemplaire entre
l’islam et la démocratie.
Pourtant, depuis quatre ans,
celle-ci s’est profondément
désagrégée. Le putsch avorté
du 15 juillet 2016 aura donné
une plus grande visibilité au
phénomène, en accroissant les
tensions sécuritaires dans le
pays. Depuis, plus de 40 000
personnes ont été placées en
détention provisoire, 9000
fonctionnaires ont été limogés,
plusieurs centaines de médias
et d’ONG ont été fermés, des
journalistes, des militants et
des parlementaires ont été
arrêtés. L’autoritarisme d’un
homme est le facteur de ce
déclin : Recep Tayyib Erdogan.
Référendum d’avril
Le dimanche 16 avril, les
Turcs votaient « oui » à un
référendum qui formalisa la
mainmise catégorique du
Président Erdogan sur son
pays. En effet, Levent Gültekin
écrira au lendemain du vote
dans son journal Diken :
« Cette révision
constitutionnelle signe l’arrêt
de mort de la justice,
transforme la Turquie en parti-
État et lie son avenir au bon
vouloir d’un seul homme
plutôt qu’aux volontés de 80
millions de citoyens. »
L’essentiel du pouvoir exécutif
appartient désormais au
président, qui nomme lui-
même les ministres et un ou
plusieurs vice-présidents. Le
poste de premier ministre,
actuellement occupé par Binali
Yildirim, est à disparaître. Le
président a aussi la haute main
sur le pouvoir judiciaire. Il
nomme douze des quinze
membres de la Cour
constitutionnelle et six des
treize membres du Haut
Conseil des juges et
procureurs, chargés de nommer
et de destituer le personnel du
système judiciaire. Le
Parlement choisira les sept
autres. Erdogan devient le chef
du parti, alors qu’il devait
jusqu’à présent abandonner
toute charge au sein de son
mouvement. Pour limiter le
risque de cohabitation, il remet
son propre mandat en jeu. Les
élections législatives et
présidentielles seront
simultanées et se dérouleront
tous les cinq ans — contre
quatre actuellement. Enfin, si
le nombre maximum de
mandats était réinitialisé à
partir de l’élection de 2019, M.
Erdogan, 62 ans, pourrait
rester au pouvoir jusqu‘en
2029.
Apogée islamiste en Turquie
Pour comprendre la
dangereuse résurgence islamo-
conservatrice qu’incarne
Erdogan, il faut connaître
l’évolution du paysage
politique turc. À peine
promulguée en 1923, la
République de Turquie
supprime le califat et bien
d’autres références à une
quelconque islamité de la
nation. Dans ce contexte de
laïcisme affiché comme l’une
des « six flèches » du
kémalisme, l’islam, et
notamment l’islam politique,
demeure longtemps sous un
contrôle strict. Cependant, au
début des années 1970, il refait
surface et n’a de cesse ensuite
de progresser dans l’opinion au
grès de ses changements
d’appellation et de ses
évolutions doctrinales. La
première formation politique
de cette mouvance est le Parti
du Salut national créé en 1970
et dirigé par Necmettin
Erbakan. La dictature de 1980
lui est fatale, avant que le Parti
de la Prospérité ne se
construise en héritier en 1983.
En rupture avec le kémalisme,
il incarne la nostalgie de
l’Empire ottoman mais c’est
surtout sa dimension
tribunitienne et son réseau
d’associations caritatives qui
lui valent d’attirer de plus en
plus de suffrages, dans une
société turque au
développement social et
territorial très déséquilibré.
Après avoir conquis certaines
grandes collectivités en 1991,
la gestion de ces associations
parfois réussie et l’usage de
leurs budgets à des fins
2
clientélistes renforcent
l’ancrage du parti qui fait une
percée aux législatives de 1995
(22% des voix) au point d’être
associé au pouvoir dans le
cadre d’une direction tournante
avec le Parti de la Juste voie
(DYP). Porteur de projets
fortement empreints
d’islamisme (interdiction de la
vente d’alcool, autorisation du
port du voile dans les
universités, transformation de
Sainte-Sophie en mosquée), il
se heurte aux militaires,
gardiens de l’idéologie
kémaliste.
Le Parti de la Prospérité doit
quitter le pouvoir avant d’être
dissous en janvier 1998. Dès le
mois de février 1998, un
nouvel avatar apparaît – le
Parti de la vertu – interdit à son
tour en 2001, puis remplacé
par l’AKP ( Parti de la Justice
et du Développement) en 2002.
Plus modéré et réaliste que ses
prédécesseurs, ce parti
conservateur sur le plan
sociétal et libéral sur le plan
économique agrège ainsi une
bourgeoisie entrepreneuriale en
plus de son électorat populaire.
Profitant du processus de
négociation avec l’Union
européenne, il impose des
réformes visant à restreindre le
rôle de l’armée dans la sphère
publique. Par ailleurs, il profite
d’une forte croissance
économique et de certains
succès diplomatiques pour
conforter son ancrage
électoral. Mieux implanté à
l’intérieur du pays que sur les
côtes occidentales plus
favorables aux kémalistes. Les
dernières élections législatives
de 2015 confirment son
influence malgré le
ralentissement économique et
la dérive autoritaire du
président Erdogan.
Aujourd’hui, l’AKP jouit
d’une base populaire de plus
en plus contestable – car
amadouée en partie par la peur
– et marque, par la présidence
d’Erdogan, une nette rupture
avec le kémalisme qui faisait la
grandeur de la Turquie
moderne. Aujourd’hui, la
théorie de l’évolution est
bannie du programme scolaire
et l’étude coranique est
renforcée.
Une main sur le Proche-
Orient
Depuis 2014, la Turquie tente
de réajuster sa politique
étrangère à l’aune de
l’évolution du conflit syrien et
de sa situation intérieure. La
diplomatie de bon voisinage
mise en œuvre par le ministre
des affaires étrangères Ahmet
Davutoğlu et le dynamisme
d’une économie émergente
contribuaient à donner une
image positive de ce pays au
Proche-Orient. Pourtant, la
position d’Ankara vis-à-vis des
mouvements djihadistes dans
la crise syrienne, sa proximité
avec les gouvernements
islamistes nés des transitions
politiques en Égypte et en
Tunisie et la répression
violente des manifestations
populaires du printemps 2013
et des Kurdes ont terni son
étoile. Tous ces facteurs
poussent Ankara à revoir son
positionnement diplomatique
et géostratégique ; c’est dans
ce contexte qu’Erdogan tente
d’affirmer ses prérogatives et
son pouvoir présidentiels.
Le changement de pied
diplomatique turc implique un
rapprochement avec l’Arabie
saoudite et une prise de
distance avec l’Iran – au
printemps 2015, le président
turc a apporté un soutien
appuyé à l’intervention
militaire saoudienne au
Yémen, en accusant l’Iran de
vouloir « dominer » le Proche-
Orient. Cette convergence
turco-saoudienne surprend
dans la mesure où le
gouvernement turc n’adhérait
pas, jusqu’alors, à la logique
de confrontation entre chiites
et sunnites. Au fond, elle vise à
favoriser le retour d’Ankara
dans la crise syrienne car c’est
surtout du soutien à apporter à
une partie des forces rebelles
syriennes que discutent les
dirigeants turcs et saoudiens
lorsqu’ils se rencontrent.
D’autre part, la Turquie et la
Russie se sont très nettement
rapprochées en 2016 mais leur
relation est loin d’être fiable :
le processus d’Astana
(conférence de Paix pour la
Syrie) n’a permis de surmonter
ni la rivalité turco-iranienne ni
le différend russo-turc à propos
de la crise syrienne, leurs
rapports bilatérales avec les
États-Unis sont antagonistes. A
terme, la Turquie ne pourra
que difficilement continuer à
valoriser sa relation avec son
3
voisin turc pour faire pression
sur son allié américain, comme
elle a pu le faire à la fin du
mandat de M. Obama.
Seulement 51 %
Si la société civile turque reste
active, elle demeure bridée par
des mesures répressives prises
dans le cadre de l‘état
d‘urgence. Le régime
présidentiel voulu par M.
Erdogan est donc surtout un
régime autoritaire dont les
prémices effacent déjà les
années d‘ouverture de l‘AKP
au pouvoir. Pourtant, la
victoire au référendum s’est
faite de justesse, à 51 %
seulement. Un chiffre qui
devrait animer la persévérance
de la résistance face à la quête
obsessionnelle de pouvoir fort
du président.
Atlas du Moyen-Orient, aux racines de la violence, « L’islamisme à l’épreuve des urnes » par Pierre
Blanc
Le Monde Diplomatique, « La fin du modèle turc » par Jean Marcou, n°757 d’avril 2017
Courrier International, « La lutte contre Erdogan doit continuer » par Levent Gültekin dans Diken,
n°1381 du 20 au 26 avril 2017
http://lemonde.fr/proche-orient/video/2017/03/09/cinq-minutes-pour-comprendre-le-declin-de-la-
democratie-en-turquie_5091906_3218.html?xtmc=turquie&xtcr=55
http://www.lemonde.fr/europe/article/2017/04/10/les-enjeux-de-la-reforme-constitutionnelle-en-
turquie_5109073_3214.html#ZOsHKxl8wcRBxEVu.9
À travers l’Asie selon Le Monde et Asialyst
Chine
Pékin a l’obsession de
sécuriser la mer de Chine du
Sud face à l’influence militaire
des États-Unis dans la région.
Fin avril, il vient de lancer son
navire T-001A. Un troisième
porte-avions chinois, en
principe doté d’un système de
catapultage semblable à celui
du Charles-de-Gaulle, est en
chantier à Shanghaï.
Corée du Nord
Le secrétaire d’État américain,
Rex Tillerson, a assuré devant
le Conseil de sécurité des
Nations unies (ONU), vendredi
28 avril, que « toutes les
options » étaient sur la table en
cas de nouvelle provocation de
Pyongyang. Cet avertissement
n’a pas dissuadé la Corée du
Nord de lancer quelques
heures plus tard un missile de
moyenne portée, en violation
des résolutions onusiennes. Ce
tir a échoué après seulement
quelques minutes. La Corée du
Nord, qui rêve de construire un
missile capable de porter le feu
nucléaire sur le continent
américain, a déjà mené deux
essais de missiles en avril. M.
Trump se dit prêt à rencontrer
Kim Jong-un.
Hong-Kong
Baggio Leung et Yau Wai-
ching, deux élus
indépendantistes empêchés
d’occuper leur fauteuil de
député à la suite d’une
intervention de Pékin, ont été
arrêtés et inculpés, mercredi 26
avril, pour des incidents au
Parlement de l’ancienne
colonie britannique. Pour
Youngspiration, parti favorable
à l’indépendance de l’ancienne
colonie britannique, rétrocédée
à la Chine en 1997, leur
arrestation pourrait augurer de
« jours sombres ». Ils font
partie d’une nouvelle
génération de militants qui
réclament que Hongkong
divorce totalement de la Chine,
à l’heure où de plus en plus
d’habitants de la région semi-
autonome ont l’impression que
Pékin y accroît sa mainmise.
Ces appels à l’indépendance
sont nés sur les cendres du
mouvement dit « des
parapluies » de 2014, qui avait
échoué à obtenir de Pékin la
moindre réforme politique. Le
mois dernier, au lendemain de
l’élection, avec l’appui de
Pékin, de Carrie Lam à la tête
de l’exécutif hongkongais,
neuf chefs de file de la
contestation de 2014 ont été
formellement inculpés pour
4
incitations à des occupations
de l’espace public.
Inde
Le 31 mars, la Haute Cour de
l’Utarakhand (nord de l’Inde,
dans la chaîne de l’Himalaya)
a déclaré que les glaciers de
Gangotri et de Yamunotri,
considérés comme sacrés par
des centaines de millions
d’Indiens, étaient des entités
vivantes. Ce statut signifie que
les fleuves et les glaciers
peuvent bénéficier d’une
protection juridique.
Désormais, si quelqu’un leur
porte tort ou les pollue, la loi
pourrait s’appliquer de la
même façon que pour un
préjudice affectant une
personne physique. Cette
décision permettra ainsi de
mieux les préserver.
SPORTS
La football français monte par Louis-Paul Émeriau
Peu à peu, la France monte au
classement de l’UEFA, elle qui
était cinquième, il y a peu
(précisément lors de la victoire
lyonnaise 4 à 2 face à l’AS
Roma le 9 mars dernier) est
aujourd’hui sur le podium.
En ce moment la France
occupe la belle place de
troisième sur l’ensemble de la
saison 2016-2017. Et cela
grâce à ses équipes en forme :
Lyon et Monaco, toutes les
deux demi-finalistes
respectivement de l’Europa
Ligue et de la Ligue Des
Champions.
Pourtant tout n’avait pas bien
commencé cette saison.
Après l’élimination du PSG
face à Barcelone 6-1 en
huitième de finale, la France
pouvait avoir peur. Lyon s’était
fait rétrograder en Europa
Ligue et devait affronter l’AS
Roma à l’extérieur alors favori
de la compétition et ne
possédait qu’une maigre
avance de deux buts. Et
Monaco avait dur à faire face à
Manchester City. Seulement
voilà, les deux équipes se sont
battues pour obtenir leur quart
de finale respectif, et ont
même réussi à gagner pour
atteindre les demi-finales de
leurs compétitions, en mettant
à l’avant de la scène le jeune
Kylian Mbappé et la France
sur le podium à l’indice UEFA
à la même occasion.
Ces jours-ci la France aura
donc un nouveau défi à relever
pour garder son podium et
même essayer de distancer les
nations concurrentes.
Pour Monaco, ce sera surement
un des matchs les plus
difficiles face à la Juventus. La
meilleure attaque de ligue 1
(Monaco) avec une différence
de 66 buts devra faire face au
bloc défensif et à la charnière
centrale de la meilleure
défense de ligue des
Champions. En effet, la
Juventus n‘a encaissé que deux
buts durant l’ensemble de la
compétition un face à Lyon et
l’autre face à Séville durant les
phases de poule.
Pour Lyon, ce sera tout de
même plus facile. L’OL devra
affronter le leader du
championnat néerlandais,
l’Ajax Amsterdam. Notons que
l’équipe française jouera le
retour dans son antre au Parc
OL, et que l’ensemble des
joueurs sera présent (Lacazette
blessé aux ischio-jambiers ne
sera pas titulaire mais sera tout
de même présent au match
aller ainsi que Tolisso, sorti sur
blessure face à Angers qui est
aussi de la partie). Enfin il
serait intéressant pour Lyon de
gagner cette demi-finale car
son adversaire (le Celta Vigo
ou Manchester United) aura
l’obligation d’affronter les
Gones dans son nouveau stade.
Ndlr : L’indice UEFA permet
de déterminer le nombre de
clubs qui peuvent être engagés
dans les compétitions
européennes par une nation.
La saison dernière, à l’issue
des compétitions européennes,
l’indice UEFA avait plafonné à
11,083 alors qu’il est
aujourd’hui de trois points de
plus. (Source : L’Équipe)
5
EXPÉRIENCES
Une PMM et après … !? par Valentin Harnois
La Préparation Militaire
Marine est une formidable
expérience humaine. Après
avoir constitué un dossier
auprès du CIRFA (Centre
d’Informations et de
Recrutement des Forces
Armées) et après étude du
dossier, j’ai contracté un
engagement d’un an dans la
PMM du Mans. Au cours de
l’année, je me suis rendu tous
les 15 jours au Mans par le
train (tous frais payés). Le
premier jour personne ne se
connaissait mais pourtant il
fallait faire preuve d’unicité en
revêtant l’uniforme de la
marine nationale.
Et cette fois c’était parti !!!
J’allais goûter au monde
militaire.
Nous étions encadrés par 4
instructeurs plus ou moins
expérimentés et avec qui, au fil
du temps nous avons tissé des
liens. Chaque jour nous avions
des cours pour connaître les
grades, le compartimentage
(pour se repérer sur un navire),
apprendre à marcher au pas,
comprendre la météo … et puis
entre temps les instructeurs
nous faisaient part de leurs
expériences toutes aussi
différentes les unes que les
autres : des voyages dans le
monde entier aux tempêtes
maritimes en passant par les
bons moments qu’ils ont
partagés avec leurs camarades.
La pratique était également au
programme de nos journées :
marche au pas, premiers
secours, chants, sport …
Et en dehors de ces journées
mouvementées, il y eut les
cérémonies. La première fut
celle de notre engagement dans
la marine, les autres,
commémorant des jours fériés.
Ces moments solennels ont été
des bons moments. Au fil du
temps, nous avons tissé des
liens de camaraderie et une
cohésion qui nous a permis de
souder le groupe rendant la vie
ensemble plus facile.
Au mois de Février, le moment
tant attendu arriva : le départ
pour la base navale de Brest, la
première semaine des
vacances. Au cours de cette
semaine, nous avons pu visiter
des navires de la marine, un
sous-marin nucléaire lanceur
d’engin, puis embarquer à bord
d’un voilier (bateau école) sur
lequel nous avons participé
aux différentes manœuvres et
nous avons pu tirer au Famas
dans un stand de tir : un
moment sensationnel !
Et en plus de ces souvenirs qui
resteront gravés, l’entraide, la
cohésion et tout ce que l’on
peut y associer étaient
omniprésents. La fin de cette
année sera marquée par une
dernière cérémonie au cours de
laquelle seront remis les
insignes de la PMM (pour ceux
qui ont la moyenne). Eh oui !
La PMM ne regroupe pas que
des moments de plaisir puisque
les connaissances sont
évaluées par des petits
contrôles. A l’issue de la PMM
j’ai choisi de postuler pour la
réserve cet été et je souhaite
m’engager dans la marine pour
en faire mon métier et vivre
des moments inoubliables.
Quelques mots pour résumer la
PMM : cohésion, entraide,
discipline, envie de réussir,
engagement.
6
Le système au pair par Maxime Duret
Vous êtes doué(e) en langues et
vous voulez améliorer auprès
de purs natifs ? Dans ce cas, le
système au pair est fait pour
vous. Pendant minimum 4
mois, vous pouvez partir à
l'étranger pour vous
perfectionner en langue. Le
principe : vous serez logés et
nourris par une famille qui en
contrepartie vous demandera
de réaliser des tâches diverses
et variées (par exemple du
baby-sitting).
De plus, en échange de ces
services, vous serez payés de
80€ à 120€ par semaine.
Pendant ce séjour, vous
pourrez bénéficier de 2 jours
de congé par semaine et d'une
semaine de congés tous les 6
mois. En plus de ce « job »,
vous pourrez prendre des cours
de langues (à vos frais).
Pour pouvoir accéder à ce
système, il faudra remplir des
conditions au préalable :
➔ Avoir la nationalité
Française
➔ Être majeur
➔ Avoir de l’expérience
dans la garde d'enfants
(en dehors de la
famille)
➔ Avoir un niveau
minimum dans la
langue voulue
Vous pouvez partir sur cet
exemple de fils/fille sur ce site
web : http://www.pebbles.fr/
Eine tolle Werkbesichtigung in MANN+HUMMEL par Louis Dréano
Le vendredi 10 mars, le
premier groupe germaniste de
Terminale de Madame
Rouland-Kobel est allé visiter
le site de production
MANN+HUMMEL à
Louverné. Créé en 1941, cet
équipementier automobile
allemand de Ludwigsburg est
spécialisé dans le système de
filtration d’air, de fluide et de
carburant. Ses principaux
clients sont PSA et General
Motors. En 2006, il implante le
siège de sa filiale française en
Mayenne, et il compte
aujourd’hui près de 500
employés. L’usine a réussi à
développer un impressionnant
pôle de recherche et de
développement (R&D) qui fait
travailler environ 80
techniciens et ingénieurs.
Nous avons pu visiter la
production et rencontrer Bruno
Langer, directeur général de
MANN+HUMMEL France, et
son assistante qui nous ont
chaleureusement accueillis et
présenté l’entreprise.
Cette filiale est fondée sur la
synergie de deux manières de
travailler et de penser : les
Français, plus fous et latins,
apporteraient les idées
originales alors que les
Allemands, plus rigoureux et
logiques, permettraient la
réalisation concrète des
projets.
À l’heure où le repli sur soi
tend à cristalliser l’Europe, le
site MANN+HUMMEL de
Louverné témoigne d’une
coopération commerciale
franco-allemande dynamique
et des intérêts – notamment
économiques – que la France
et l’Allemagne ont en
commun. Dans une telle
perspective, la maîtrise de la
langue allemande – langue
maternelle de plus de 105
millions de personnes dans le
monde – devient un véritable
atout dans le monde du travail
et assure l’amitié franco-
allemande pour aujourd’hui et
demain.
7
RÉFLEXIONS
Into the wild : une bouffée d’oxygène par Manon Hardy
«Voyage au bout de la
solitude». Cette traduction
française décrit à elle seule le
but de Chris, le héros de
l’adaptation cinémato-
graphique « Into the Wild »
(2007). Son histoire est
épatante. Nous sommes en
1992. A 23 ans, fraîchement
diplômé, Christopher
McCandless est promis à de
prestigieuses études. Mais
Chris ne veut pas de cette vie
déjà toute tracée. Avide
d’aventures et d’expériences
nouvelles, il décide de tout
plaquer pour voyager sur les
routes d’Amérique. Son départ,
méticuleusement préparé, est
fait sans prévenir personne.
Après avoir détruit la moindre
chose qui pourrait le rattacher
à son identité (carte d’identité,
papiers...), Chris brûle son
argent, fait don de toutes ses
économies à Oxfam et s’en va,
tout simplement. Sur les
routes, il devient « Alexander
Supertramp ». Au cours de son
fabuleux périple, il fera de
merveilleuses rencontres, sera
confronté à des situations
extrêmes, découvrira la beauté
du Grand Canyon, l’Arizona,
le Colorado… et enfin
l’Alaska, son but ultime. A cela
s’ajoute la superbe bande-
originale d’Eddy Vedder, écrite
spécialement pour le film. La
voix rauque de l’artiste nous
transporte encore plus
profondément dans cette
ambiance « road-trip »
américain.
« Pour vivre heureux, vivons
cachés ». Cette citation
d’Epicure illustre parfaitement
ce que cherche Alex dans son
voyage. Ayant eu une enfance
difficile, celui-ci se réfugie
dans son escapade en partie
pour échapper à ses parents,
mais aussi pour donner du sens
à sa vie. Sortir du schéma
études/voiture/métier presti-
gieux/mariage/enfants dans
lequel la société nous enferme.
Revenir à l’essence même des
choses. Vivre le moment
présent. Ne pas se soucier de la
montagne de travail qui nous
attend, du stress des examens,
de l’incertitude de l’avenir...
Qui n’a jamais rêvé de tout
plaquer, tout laisser tomber,
dire un grand « Merde ! » à
cette société qui nous étouffe
et nous conditionne ?
Cette histoire vraie expose une
critique très intéressante de
notre société matérialiste et
élitiste et nous ouvre une porte
vers la liberté totale.
Évidemment la question qui
nous a tous traversé l’esprit
après ce film : et si Alex a pu
le faire, si quelqu’un a pu le
faire, pourquoi pas moi ?
Cependant, l’épopée d’Alex
nous met également en garde :
« Le bonheur n’est réel que
lorsqu’il est partagé ». Celui-ci
en prend conscience à la toute
fin de son histoire… En effet,
si l’on prend le film dans son
intégralité, le bonheur le plus
riche et le plus fort est présent
lors des moments de partages
d’Alex et ses rencontres. Enfin
voilà : après avoir
méticuleusement détruit son
identité, voilà que notre Alex
veut la retrouver, et retrouver
les siens. Arrivé au « bout de
sa solitude », Alexander
Supertramp redevient
Christopher McCandless.
8
Klaus Barbie par Clément Juliot
Le 1er octobre 1971, le
procureur de Munich, Manfred
Ludolph, remet deux photos de
Klaus Barbie à Beate
Klarsfeld, dont une de 1968.
Le 20 décembre 1971, l'Institut
d'anthropologie de Munich
certifie qu'« en supposant que
Klaus Altmann ne soit pas un
proche parent, par exemple un
frère, de Klaus Barbie, on est
fondé à conclure qu'il est très
probable que ces deux hommes
soient identiques ». Les
Klarsfeld pensent que cela va
suffire pour extrader Barbie de
Bolivie. Cependant la France
n'est pas prête à le faire et ne
va pas le faire. En février
1972, le journaliste Ladislas de
Hoyos réussit à obtenir une
interview de Klaus Altmann.
En effet, contre quelques
dollars, une femme qui connaît
le ministre de l’intérieur
bolivien a demandé à ce
dernier la permission de
l'interview. Le ministre a
accepté mais sous certaines
conditions - quelques milliers
de dollars - un entretien de
trois minutes et des questions
en espagnol uniquement. Klaus
Altmann rentre dans la pièce
mais, comme le remarque le
journaliste, son regard n'arrête
pas de bouger. De plus, il note
que Barbie n'a pas peur de lui.
Les premières questions sont
en espagnol mais à un
moment, Ladislas de Hoyos ne
respecte plus les règles
convenues et parle à Barbie en
allemand. Il lui dit que le
procureur de Munich est sûr
que Klaus Altmann est Klaus
Barbie, ce à quoi Barbie
répond en allemand : « Je ne
suis pas Barbie, comme je l'ai
déjà dit, je suis Klaus Altmann
». Seulement, parler en
allemand n'est pas la seule idée
de Ladislas de Hoyos. Le
journaliste coupe le soi-disant
Klaus Altmann dans sa réponse
en lui demandant cette fois-ci «
n'êtes-vous jamais allé à
Lyon ? », qui lui répond, en
allemand, qu'il n'est jamais allé
à Lyon. Barbie est pris au
piège, le ressortissant bolivien
qui ne prétendait ne pas
comprendre le français a bel et
bien répondu à la question sans
une hésitation. Le journaliste
vient donc de prouver que
Klaus Altmann parle bien le
français.
Après les questions, Ladislas
de Hoyos présente au présumé
Barbie une photo de Jean
Moulin en lui demandant s'il le
reconnaît, ce n'est pas la
réponse qui intéresse
réellement le journaliste. En
effet, le présumé Klaus Barbie
pose son pouce sur la photo et
le journaliste espère confondre
définitivement Klaus Barbie.
Le journaliste ne s'arrête pas
là, il lui demande de répéter
des phrases en français, Barbie
lui rétorque qu'il ne pense pas
avoir assez de base en français
pour cela mais Ladislas de
Hoyos lui fait quand même
répéter les phrases. Barbie
répète les phrases : « je ne suis
pas un assassin », « je n'ai
jamais torturé ». Sur les
dernières questions, il a plus de
mal, il répète de façon plus
compliquée la phrase « je ne
suis jamais allé à la Gestapo de
Lyon » et il ne répète pas
entièrement la phrase « je ne
connais pas Jean Moulin » en
expliquant au journaliste, qu'en
espagnol on disait « Mouline
». Klaus Barbie sent qu'il ne
sort pas indemne de cette
interview.
Cette interview a été réalisée
en 1972, soit 27 ans après la
fin de la guerre mais Barbie n'a
été extradé vers la France qu'en
1983. Comment le « boucher
de Lyon » responsable de la
mort de Jean Moulin et de la
déportation des orphelins
d'Izieu (44 enfants juifs) a pu
fuir pendant si longtemps alors
qu'à la fin de la Seconde
Guerre mondiale, les Alliés
cherchaient les nazis ?
L'historien allemand, Peter
Hammerschmidt a écrit un
ouvrage sur Klaus Barbie
nommé Klaus Barbie Nom de
code : ADLER, dans lequel il
relate la vie de Barbie et
surtout sa deuxième vie après
la Seconde Guerre mondiale et
son travail auprès des services
secrets américains. « Alors
que la France recherchait
Barbie pour le juger, il
travaillait pour les services
secrets américains et…
allemands. » François
Kersaudy
9
Est-ce immoral de manger de la viande ? par Pierre-Ambroise Gallouet
Un assassin parle aux végans.
On ne peut pas les manquer sur
les réseaux sociaux : quand on
parle d'animaux, d'élevage,
d'agriculture voire d'écologie,
cette sous-branche des cyber-
chevaliers de la morale et de la
justice se montre. Leur nom ?
Les végans. Les végans, pour
ceux qui dorment dans une
grotte, sont des végétariens qui
rejettent toute consommation
de produits issus ou extraits
d'animaux. Il peut s'agir tout
aussi bien de la viande que du
lait ou de la laine. Leur combat
? Faire cesser l'exploitation des
animaux au nom de la paix. Si
la cause est jolie à première
vue, les méthodes utilisées (par
beaucoup d'entre eux) peuvent
être qualifiées sans risque de
fascistes, sectaires et
agressives. Qui n'a jamais vu
un végan insulter de « sale
meurtrier » lorsque le sujet de
manger rouge venait ? Ce qui
m'amène au sujet de cet
article : est-ce immoral de
manger de la viande ? Êtes-
vous un monstre car vous
mangez du steak ? Pour
répondre à cela, je diviserai
mon argumentation en
plusieurs parties :
* Les animaux sont-ils ou
pourraient-ils devenir des
personnes ?
* La consommation de viande
est-elle immorale ?
* Sommes-nous faits pour
consommer de la viande ?
* Remarques taquines
* Une note douce pour finir
1 – Les animaux sont-ils ou
pourraient-ils devenir des
personnes ?
Question qui n'est pas si
impromptue que cela,
puisqu’une pétition au début
des années 2000, signée entre
autres par Luc Ferry et
Mathieu Ricard, demandait
que les animaux soient
considérés comme des
personnes. Qu'en est-il ? Est-ce
intellectuellement envisageable
? Juridiquement (car je suis en
fac de droit donc allons-y), une
personne juridique est une
personne capable d'être
titulaire de droits et de devoirs.
Non seulement cela, mais elle
est capable, par sa volonté, de
créer des situations entraînant
des effets juridiques. Exemple
simple : vous pouvez passer un
contrat avec quelqu'un et vous
soumettre aux règles du
contrat. C'est une chose qui est
donc spécifique aux hommes.
Alors, j'entends déjà rager dans
mon potager : « oui mais
certaines personnes n'ont pas la
faculté mentale de faire tout
cela. Pourtant elles ont une
personnalité juridique. Alors,
pourquoi pas les animaux ? ».
Il y a une raison simple : ils
sont nés hommes et sont, ainsi,
protégés comme tels car ils
sont au sein de la société
humaine. Les lois concernant
l'universalité du genre humain,
ils ont besoin d'être protégés
juridiquement. D'ailleurs,
veuillez noter que cette
personnalité s'accompagne
souvent d'une tutelle, preuve
qu'ils ne sont pas libres
totalement de passer des
contrats etc. Pour l'heure, les
animaux sont des biens
meubles doués d'une certaine
sensibilité. À ceux qui
penseraient que cela ne les
protège pas, je rappelle que
nos codes (comme le code
pénal) disposent qu'ils doivent
"être traités selon les
impératifs biologiques propres
à leurs espèces". Sans compter
que les actes de cruauté envers
eux sont réprimés. Autant dire
que, pour des biens meubles,
on ne fait pas n'importe quoi
avec eux. Les animaux
pourraient-ils prétendre à
devenir des personnes ?
Philosophiquement (et
espérons-le), non. Selon
Defrénois : "Il y a un danger
mortel à réifier la personne (la
faire devenir objet) et
personnaliser l'animal".
Pourquoi ? L'homme dispose
de plusieurs caractéristiques
qui lui sont propres. La
capacité de se projeter dans le
temps, le langage articulé avec
ses signifiants et signifiés...
Mais surtout, une conscience
morale. C'est cette conscience
morale qui va faire qu'une
personne est responsable
juridiquement. Une personne a
le choix tandis que l'animal vit
par son instinct. Peut-on
10
reprocher au lion de courir
après une antilope pour la
manger ? Non : il va le faire de
lui-même sans s'interroger sur
la finalité morale de cet acte.
L'homme, lui, pourra toujours
dire "non" et refuser de s'en
prendre à la pauvre bête.
Personnaliser l'animal, ce
serait lui octroyer des capacités
qu'il ne possède pas et, à
fortiori, cela serait un bond en
arrière considérable. Au
Moyen-Âge, on faisait des
procès aux animaux. Or, on
voit bien qu'entre l'homme est
l'animal, ces différences font
que l'animal n'a ni
responsabilité (il n'a ni la
morale ni la conscience de
faire du mal), ni une capacité
de produire lui-même des
effets juridiques, ni la capacité
de vivre dans la société
humaine (par son manque de
langage et sa capacité à se
projeter dans le temps). Ainsi,
on ne peut qualifier un animal
de personne. Ou alors, il
faudrait vivre sur la Planète
des Singes.
2 – La consommation de
viande est-elle immorale ?
Pour que la consommation de
viande soit réputée immorale,
il faudrait trouver dans les
mœurs une preuve de son
caractère anormal pour notre
espèce. Or, ces messieurs vont
me dire : "nos mœurs sont
corrompues par le grand vilain
lobby carniste". Si on exclut
donc le sophisme de cette
argumentation, il nous faut
donc nous référer à quelque
chose de supérieur aux mœurs
humaines afin de savoir si, oui
ou non, manger de la viande
est un crime. Pour cela, deux
solutions : soit on regarde du
côté des religions, soit on
regarde du côté de la nature.
Envoyez Morgan Freeman
d'abord je vous prie ! Plus
sérieusement, en y regardant
de plus près, aucune religion
ne fait de la consommation de
viande un tabou explicite et
absolu. Et ce n'est ni Jésus qui
mangeait des poissons, car
réputés pour n'avoir pas d'âme,
ni Bouddha qui mangeait de la
viande chez ses hôtes, qui nous
diront le contraire. Du coup, il
nous reste la nature. Que nous
dit-elle ? Et bien il n'y a pas de
texte dans la nature elle-même
mais, cependant, par une
simple observation générale du
règne naturel, on peut en tirer
deux règles simples en lien
avec notre problématique :
"tuer ou être tué" (#Flowey
Dans Undertale) ainsi que
"survit, et si tu as faim :
bouffe". La survie, dans le
monde, s'est toujours faite sur
cette base : pour vivre, il faut
nier l'existence de notre
nourriture. En gros, il faut la
tuer en niant sa volonté de
survie, caractéristique de l'être
vivant. Le meurtre est
universel. Cela marche pour
tout. Quand vous déterrez une
carotte, vous la tuez. Et ne me
dites pas que l'action de tuer
est moins grande parce qu'il
s'agit d'un légume sans
conscience et ne souffrant pas.
Peut-être souhaitez-vous que je
sois assez taquin pour vous
faire une litanie morale sur les
personnes à l'état de légumes ?
Ainsi, suis-je un meurtrier si je
mange une vache ? Je vous
réponds : oui et je l'assume
complètement. Non seulement
je suis un assassin mais j'en
suis fier. Et je dirais même plus
: je me sens davantage plus
morale qu'un de mes
congénères, tueur de végétaux,
qui s'impose comme une oie
blanche par le seul fait qu'il
soit un tueur sélectif. Tuer un
animal, si la fin est alimentaire
ou si ma survie directe est en
jeu, m'apparaît être normal et
naturel. Et je souligne : les
raisons employées ci-dessus
m'apparaissent les seules
acceptables. Il n'y a aucune
raison de tuer un animal pour
le plaisir (sauf si vous êtes un
chat, aussi nommé "truc à poil
démoniaque"). Le loup se rue-
t-il derrière une biche après
s'être rassasié ?
3 – Sommes-nous faits pour
consommer de la viande ?
Après avoir abattu l'argument
de l'immoralité, la question de
notre capacité à manger de la
« barbac » reste en jeu. Nous
allons balayer l'argument de
notre impossibilité à manger
de la viande en deux temps.
Vous avez sans doute déjà vu
cette fameuse vidéo d'un
professeur de biologie qui
expliquait à ses élèves que nos
intestins seraient aussi longs
que ceux des herbivores. Et
donc, par conséquent, nous
sommes faits pour manger des
11
végétaux (avant de partir dans
un délire sur les prétendus
mensonges des lobbys
carnistes). Sauf que, il y a un
grave problème avec cette
argumentation. Nous comparer
à un mouton ou à une vache est
tout aussi intelligent que de
nous comparer à un lion.
N'importe quel professeur de
biologie, un tantinet rigoureux,
vous dira que le mieux est de
nous comparer avec des
animaux ayant des gènes
similaires aux nôtres. Par
exemple, le cochon ou le singe.
Et ces animaux sont des quoi ?
Des omnivores. Comme c'est
curieux... Ensuite, on dit
souvent que la
surconsommation de viande
peut entraîner des maladies
diverses. J'aime beaucoup cet
argument car je n'ai presque
pas besoin de le détruire : il est
lui-même assez lézardé de
fissures comme ça. Vous ne
trouvez pas ? Allons faites un
effort ! Toujours pas ? Vous
tenez vraiment à ce qu'il éclate
entre mes doigts ? Soit. Eh
bien ça tient dans ce seul mot :
"surconsommation". Et oui :
tout ce qui est à l'excès est
nuisible. La viande, les fruits et
même l'eau n'échappent pas à
cette règle. Si vous mangez
trop de tomates, vous
acidifierez votre estomac. Si
vous mangez trop de pruneaux,
vous aurez un sacré problème
intestinal. Si vous buvez trop
d'eau, vous vous abîmerez les
reins (la pub de votre enfance
durant les canicules vous a
bien menti sur le "à volonté"),
si vous ne changez pas votre
eau régulièrement vous aurez
des carences etc.
4 – Remarques taquines
Je trouve un peu rigolo de
constater que des hommes
prônant la paix et la tolérance,
au travers de la lutte pour la
protection des animaux, usent
de méthodes qui raviraient les
jeunesses hitlériennes tant leur
fanatisme et leur haine sont
grands. Et plus rigolo encore,
je trouve que les carnistes,
dépeints comme des meurtriers
et des violeurs d'enfants dans
les bouches véganes, sont
beaucoup moins agressifs que
ces chevaliers de la morale et
de la justice. La preuve des
vertus positives des saucisses
dans l'organisme n'est donc
plus à faire : elles calment la
fureur et endorment les
pulsions asociales. Alors, faites
un don de viande à nos pauvres
amis. Provocation de très
mauvais goût mis à part, je
respecte énormément les
végétariens et je soupçonne
seulement notre société, où la
reconnaissance sociale est
importante, d'en pousser
certains à se radicaliser. L'effet
de groupe jouant alors, on peut
assister à de véritables
lynchages verbaux à l'encontre
des "carnistes" qui n'ont
pourtant rien demandé. C'est
pourquoi cet article n'a en rien
le but de pointer les
végétariens du doigt mais de
répliquer à certains qui
travestissent un noble combat
en une excuse pour pratiquer le
harcèlement moral en bande.
Je pense qu'il y a deux types de
végans. Bien que je respecte
son travail et l'apprécie
beaucoup, il y a ceux à l'image
de LinksTheSun :
moralisateurs et pétrie des
défauts qu'ils pointent du doigt.
Cela peut déboucher sur des
personnes encore pires comme
la fameuse "AnneSoFruit",
s'interrogeant sérieusement sur
la valeur de la vie des
carnistes. Et puis, il y a ceux
comme DidiChiandouidoui,
vegan pacifiste, posé et
tolérant. Des gens qui, même si
je ne crois pas en leurs idées de
paix animale (le jour où lions
et hyènes feront un traité de
paix, on sera dans la m....) ou
d'osmose avec la nature par le
non-meurtre, font que je
respecte leurs convictions et
m'intéressent à elles. Des gens
qui, même si je suis un carniste
indécrotable, me font réfléchir
sur mon mode de vie et sur la
vie.
5 – Une note douce pour finir
Malgré ces défauts, les
végétariens/végans "normaux"
ont des luttes qui sont nobles.
Ils se battent pour limiter les
souffrances des animaux dans
les abattoirs ; pour revoir notre
consommation de viande peut-
être trop haute et qui, en la
baissant, permettrait peut-être
de nourrir plus de monde ;
pour la sauvegarde de la
biodiversité... Même si je ne
suis pas prêt (et je ne le serais
jamais, j'aime trop ça) à
changer mes habitudes, je
pense que ce sont des luttes qui
méritent qu'on y jette un œil.
12
Coup de gueule et bol de riz par Juliette Bruneau
Déçue. Stupéfaite. Surprise. Je
suis restée muette, bouche bée
et, mon plateau en arrêt à
l’horizontal, je ne pouvais
rester silencieuse devant ce
manque, cette absence.
L’absence d’élèves, de têtes
bouclées, blondes ou sérieuses
au self lors du bol de riz. À
l’origine, événement
synonyme de générosité,
aujourd’hui, dévalué au rang
de « régime spécial » d’un jour
pour certains. Il faut dès lors
revenir à l’aube du projet,
regarder avec nostalgie
l’époque où des groupes de
hard rock improvisés faisaient
trembler les murs de l’Ancien
Gymnase, où ce concert
atypique n’était offert qu’aux
participants et où le riz
triomphait comme roi du jour
dans des chariots extraits du
self. Ne soyons pas utopistes et
n’affirmons pas qu’alors
chaque fier élève de
l’Immaculée Conception
choisissait de ranger son
estomac et d’y préférer sa
raison mais soyons réalistes
néanmoins ; les « isolés »,
cantonnés au décor quotidien
de la chapelle, étaient fort peu
nombreux face à la foule
excitée et joyeuse se pressant
contre la timide entrée du
populaire festival.
Je ne choisis pas ici d’élever
les participants au rang de
saints, se sacrifiant en évitant
le dessert pour imiter Jésus et
sa traversée du désert.
Je ne choisis pas non plus de
lapider par mes mots les
sensibles élèves attachant de
l’importance au goût et
choisissant de ne pas réaliser
une sortie de route les rendant
un peu fous.
Important, cependant, il est, de
souligner la maigre action qui
était demandée : laisser
tomber, pour un midi, nos
assortiments gourmands pour
introduire quelques affables
morceaux de riz dans un
estomac assez solide pour
supporter le manque d’un plat
en 3 étapes, rassurez-vous.
Alors les « je suis trop fragile,
je ne supporterai pas », « et si
je m’évanouis en sport ? » ou
encore « il me semble être
allergique au riose », sont
condamnés à être réfutés !
Mon indignation ne réside
néanmoins pas dans la
réfutation du projet pour cause
de « préférence alimentaire »,
non, mais dans le fond du
sujet, lorsque l’on creuse un
peu et que l’on découvre - si,
je vous l’assure, certains
n’étaient pas au courant ! - que
le bol de riz reste un
événement à valeur caritative
et vise à apporter un support
financier à quelques
associations tout en élevant, à
valeur symbolique, la
compréhension d’une
importante partie des citoyens
du monde entier qui ne dispose
pas de notre confort
alimentaire. Autour d’une
assiette immaculée agrémentée
de pyramides de grains de riz,
sur fond musical de révélations
artistiques et dans une
ambiance chaleureuse et le
sourire aux lèvres, nous
pouvions alors partager un
moment convivial en
effectuant dans le même temps
une action généreuse. Il ne
s’agissait pas non plus de
gonfler notre ego en
instrumentalisant cette
participation pour en faire une
fierté humanitaire, simplement
de s’oublier un temps pour
penser altruiste avant tout.
Alors les élèves de l’Immac’
ne sont-ils pas assez sensibles
au monde et à la condition de
l’Autre ? Et bien ce que l’on
peut déjà affirmer est que les
« immaculéens » sont
ambitieux, qu’ils visent
toujours plus loin, toujours
plus haut, toujours plus fort ! À
l’heure d’une torture douce à
propos de l’ordre de nos vœux
APB, revenons sur ces rêves
que nous exprimons : on parle
de devenir médecin, ingénieur,
professeur, journaliste, peintre,
styliste, agriculteur, ébéniste,
diplomate et autres professions
prometteuses, appétissantes et
véhiculant à chacun des
souhaits grandissant. Mais
dans une France, une Europe et
un Monde à tendance
nationaliste, protectionniste et
opposée à toutes libertés,
choisissons de donner de la
voix et de créer NOTRE
liberté. Choisissons de devenir
médecin à Haïti et de former
les étudiants locaux, de devenir
ingénieur des eaux pour
construire des puits et un
meilleur accès à l’eau en
Afrique subsaharienne, de
devenir professeur dans les
banlieues sensibles de France
et de se battre pour une mixité
dans l’enseignement,
choisissons d’être artiste pour
relayer la tristesse de la Terre
13
pour sensibiliser d’une manière
innovante et juste le bas peuple
… ; choisissons d’être nous,
tout simplement et assurons-
nous de, tout d’abord, changer
le monde. Cet élan mondial, ce
regard tourné vers des fléaux
qui nous surpassent commence
par une considération des
démunis, aidés par les
associations subventionnées
par … le bol de riz. Si vous
avez louper le coche, pour une
raison qui vous laisse perplexe
aujourd’hui, il est toujours
temps de s’engager au
quotidien, la générosité est à
taille humaine ! Le 23 avril
pour les heureux majeurs, vous
avez pu décider de créer une
nouvelle page d’histoire
ensemble, en espérant que des
idées révolutionnaires nous
animeront alors parce que
nous, les « jeuns », allons vivre
cette nouvelle page demain.
Être homo au lycée par Mathieu Guérin
Il est d’usage de penser que les
choses s’améliorent en
grandissant, en particulier
lorsqu’on est adolescent et que
l’on peut enfin quitter le
collège, un lieu où seul le mot
« jugement » semble pouvoir
résumer l’état d’esprit du lieu.
Oui, nous aimerions tous
échapper au regard des autres.
En réalité, l’illusion ne dure
que peu de temps. Le lycée est
en somme, un lieu quelque peu
plus évolué que le collège,
mais de là à croire que
l’acceptation de la différence
se fait en clin d’œil, seul un
fou s’y risquerait.
En effet, il est amusant de voir
à quel point chacun peut
revendiquer sa différence, mais
comme tous reculent devant
l’inhabituel. Tous sont des
mannequins bien hétérosexuels
qui par le plus grand tour de
magie définissent les codes qui
doivent être suivis par des
moutons asservis.
Naturellement, si être un
mouton ne vous plaît pas, vous
êtes très vite remarqué(e).
L’exemple le plus parlant est
sans aucun doute
l’homosexualité. Quelle
étrangeté qu’un « pédé »
dirons certains, d’autres
préférerons le mot « tapette »,
ou ceux qui ont même un
cerveau encore plus développé
se vanteront d’avoir trouvé la
formulation de « tapette aux
manières de pédé ». Quelle
beauté dans le langage, n’est-
ce pas ?
Comme il est fascinant de voir
à quel point on peut s’insurger
devant un propos raciste et de
la même manière s’asseoir sur
le même banc à chaque
récréation en groupe de 4 et de
sourire parce que l’orientation
sexuelle d’un homme est
différente des autres. Étonnant
de constater que les propos
racistes sont proscrits mais
qu’une plaisanterie sur un
homo qui tenterait de draguer
une fille grâce à un vulgaire
piano passe à merveille. Et
bien entendu si vous avez le
malheur de montrer votre
mécontentement, on vous
répondra qu’il est inutile de se
« vexer ». La question que je
ne peux alors m’empêcher de
me poser est de savoir si c’est
l’âge qui fait agir ou s’il s’agit
tout simplement d’un bourrage
de crâne effectué depuis 2000
ans.
Bourrage de crâne qui
justifierait le comportement de
certains ou certaines…
Voyez-vous, lorsqu’un Danois
s’assoit à coté de vous, une
réaction dite « normale » serait
de se rendre compte qu’il ne
s’agit que d’un élève en
voyage scolaire. Mais un
lycéen qui pense se comporter
de manière dite « normale » ne
pourra s’empêcher de vous
demander ce que vous avez
pensé de ce Danois. Et si votre
réponse n’est pas celle que vos
« amies » attendaient, elles
penseront que vous avez
interprété la chose comme
étant de l’homophobie, là où
en fait vous avez seulement ri
du ridicule de ces personnes
qui détestent les stéréotypes
mais qui n’hésitent pas à
plonger dedans quand bon leur
semble. Amusant ? Non ?
Amusant de voir que les
choses changent aussi vite que
l’humeur de ces hétérosexuels
qui dirigent nos petits moutons
asservis.
Prenons un autre exemple, les
Poppers. A première vue, ceux
qui savent de quoi il s’agit
vous dirons que ce n’est
qu’une substance pour « gays
». Puis la seconde d’après, s’il
vient l’envie à certains d’entre
eux de se justifier sur le fait
que ce ne soit pas que pour les
« homos » alors de manière
14
fortuite, la chose deviendra «
normale ».
Oui, le fonctionnement du
lycée est bien plus énigmatique
qu’il n’y paraît, mais vous
l’aurez compris au fond tout
ceci est normal.
Pourtant certaines choses
demeurent inexplicables.
Comment, par exemple,
expliquer la mode au lycée ?
Comment expliquer que l’on
critique une tapette aux
manières de pédé alors que ces
fameux hétérosexuels si virils
qui portaient le jean au ras des
fesses ne voient à présent
aucun inconvénient à porter
des slims plus serrés que le
sexe féminin, avec le bas
retroussé qui plus est. S’il y a
une raison, je serai ravi que
l’on m’explique la chose en
évitant l’excuse déjà fournie
par la « mode ». Mais il est
évident que tout ceci est
normal, car comparé à
l’homosexualité, cette manière
de porter un pantalon a le
mérite d’être à la mode,
certains dirons « swag » étant
donné le niveau d’anglais
impressionnant qu’ils
possèdent.
Mais la mode n’est qu’un
élément mystère parmi tant
d’autres.
Comment pourriez – vous
expliquer le comportement
d’un homme au lycée ? Il est
toujours très étrange (ou peut-
être pathétique) de voir que
beaucoup de ces hétéros
fustigent les pédés comme on
fustige les lépreux, mais
comme tous exhibent leur
virilité dans les douches et loin
des filles. Il est tout aussi
étrange d’écouter la
profondeur des conversations
de ces mêmes hétéros dans les
vestiaires. En somme, les
discussions de ces prétendus
experts de l’anatomie féminine
ne tournent qu’autour du sexe.
Mais alors pourquoi ne parler
que de « pédés » ? Pourquoi ne
parler que d’hommes si les
femmes sont leur seul centre
d’intérêt commun (hormis
celui de la drogue et des
cigarettes naturellement) ?!
Pourquoi se taire lorsqu’un
homo entre dans les vestiaires
alors que l’on chantait une
chanson paillarde sur les pédés
? Le ridicule tuerait–il
soudain ? Il y aurait d’autres
exemples comme celui de la
peur d’un hétéro croyant qu’un
homo est intéressé, mais je
m’arrêterais là.
Fort heureusement, vous
trouverez toujours des gens
pour vous aider. En ce qui me
concerne si je n’avais pas eu
un ami ouvert d’esprit je ne
serais peut-être pas en train
d’écrire. Mais quand bien
même vous êtes entourés de
gens qui vous aident, cela ne
suffit pas. L’intention peut être
bonne, mais vous êtes le seul à
rentrer chez vous le soir en
étouffant les pleurs avec les
oreillers pour éviter
d’expliquer la situation à vos
parents . Qu’il s’agisse de vos
amis ou de vulgaires crétins, la
vérité c’est que l’on est seul.
On peut sourire, plaisanter,
parfois même se montrer fort
face aux critiques, mais en
réalité, les chuchotements dans
les couloirs, les sourires
hypocrites vous marquent.
Ayant actuellement 19 ans, le
lycée m’aura au moins appris
que les rêves sont une perte de
temps. Espérer un changement
est possible mais l’obtenir ne
l’est guère car la vérité c’est
qu’un pédé au lycée n’a pas sa
place parmi les autres. Il serait
hypocrite de penser qu’en
2017 les choses ont changé,
que la Gay Pride ou le mariage
pour tous y changeront
quelque chose parce qu’en
réalité, le mépris continue. On
peut vous faire croire qu’il n’y
a aucun problème, mais un
seul commentaire du style : «
je vais lui demander ce que
pense l’Islam des pédés » suffit
à vous faire comprendre où est
votre place, si toutefois vous
en avez une.
Les gens m’ont toujours vu
comme un excentrique.
Longtemps surnommé Louis
XIV au collège, je suis à
présent le « pédé » du lycée.
J’aurais au moins eu le gain de
gagner un titre à défaut d’avoir
souffert pendant ces 7
dernières années. J’aurai au
moins eu le privilège
d’apprendre à aimer sans rien
attendre en retour, à endurer
les moqueries en me disant
qu’il ne s’agit que d’un
mauvais moment à passer. Je
suis arrivé en tant que simple
élève de sixième naïf et
désireux de réussir sa scolarité,
je repars aujourd’hui en tant
que Terminale qui a conscience
du pathétisme et de la fausseté
exercée chaque jour par 2000
élèves. C’est cette même
fausseté qui m’a contraint à
15
l’intolérance et qui a fait de
mes 3 dernières années un
enfer lorsque tout le monde a
appris que j’étais gay.
Peut être que certains
attendront un conseil. Et bien
soit, j’en donnerais un :
Arrêtez !
Arrêtez de vous comporter
comme de vulgaires moutons
pour pouvoir vous faire
accepter, arrêtez d’acheter un
sac Longchamp ou Eastpack
pour ne pas être ridicule parce
que « tout le monde en a un ».
Il est affligeant de croire qu’un
Iphone ou un compte Snapchat
rendra votre vie meilleure,
qu’une fête d’étudiants le jeudi
soir rendra votre quotidien plus
divertissant. Devenu majeur ou
presque, le regard ne devrait
plus poser problème. Car je ne
suis pas dupe, je doute fort
qu’il est un seul homosexuel
dans une seule institution.
Quand vous rentrez chez vous
le soir, prenez un instant
devant votre miroir, et laissez
tomber le masque, tout en vous
demandant le pourquoi du
comportement qui est le vôtre
au lieu de penser qu’un permis
de conduire et un accès à
l’université vous rendrons
libre.
Alors, n’attendez pas un
changement quelconque,
provoquez-le. Souvenez-vous
que les gens ne vous aideront
jamais, tant les professeurs que
les élèves, il arrive même que
vous ne trouviez pas de
réconfort chez vous alors ayez
au moins le mérite de pouvoir
montrer votre différence…
“Be yourself, everyone is already taken.” Oscar Wilde
Being gay at school by Mathieu Guérin
It is admitted that things tend
to improve when growing up,
especially when we are a
teenager and our secondary
school years come to an end,
where only the word
"judgement" seems to best
summarise the state of mind of
the place.
Yes, we would all like to
escape other people’s opinion.
In fact, the illusion doesn’t last
forever. High school is a
somewhat more developed
place than secondary school,
but only a fool would go
drawing from that conclusion
that accepting difference is
done in a blink of an eye.
It's fun to see how everyone
can claim their difference and
how each step backwards
toward the unusual. Indeed,
they are all straight models,
who by the greatest trick ever,
define the rules that should be
followed by blind followers.
Naturally, if you do not like
being a trendy lemming, you
will be quickly noticed.
The most striking example is
16
undoubtedly homosexuality.
What a "faggot" will say some,
others will prefer the word
queer, or those who have a
more developed brain will
boast themselves with the
queer – mannered formulation.
What a beautiful use of the
language!
How fascinating it is to see
how much you can rise up
against racist comments and sit
on the same bench at each
recess with a group of 4 guys
and smile ironically because a
man’s sexual orientation is
different from the others. If
you show some displeasure,
you will be told there’s no
need to take offence. In this
particular case, I can’t stop
wondering whether the age
triggers this specific behaviour
or if it is simply a brainwash
that has been living on for over
2000 years.
That so – called brainwash
would justify some people’s
behaviour actually… You see,
when a Danish guy sits next to
you, a so-called "normal"
reaction would be to say that it
is only a student on a school
trip. A high school student
thinking their behaviour is
"normal" cannot help asking
what you think of that boy. If
your answer is not the one
your "friends" were waiting
for, they will think you got it
all wrong, as if it were
homophobia, whereas you only
laughed at the absurdity of
those people who hate
stereotypes but don’t hesitate
to take a dip in whenever they
feel like it. Quite funny, isn’t
it?
Funny to see that things
change as fast as people’s
mood, the same ones who rule
the little enslaved sheep.
Let's take another example,
Poppers. In the beginning,
those who know what it is
about will say it’s a gay thing.
However, if some of them wish
to justify on why it is not just
for "homos", then the thing
will become "normal" all of a
sudden.
Yes, school system is much
more complex than that, but
you must have figured
everything’s normal already.
Yet, some things remain odd.
How to explain fashion in high
school? How to explain the
criticism made upon a homo,
whereas those supposed manly
heterosexuals who used to be
saggers have no problem with
wearing rolled-up slims tighter
than girls. If there’s a reason,
I’d be delighted to be given a
proper answer apart from the
one fashion provides. But this
must be normal thing. After all,
wearing rolled-up slims is
trendy at least compared to
being homosexual. Perhaps
some people might say "swag"
since their English is actually
quite breathtaking (or so…).
Fashion is only a problem out
of many. How could you
explain a guy’s behaviour at
school? It is always weird (or
maybe pathetic) to see many of
those straights shun gay guys
as people used to shun the
lepers, while they don’t
hesitate to show off in
showers, far away from girls;
and so is it to notice how deep
their conversations can be. In
fact, those so-called experts’
discussions about the female
anatomy only revolve around
sex. Why only talk about
"faggots" then? Why only talk
about men if women are their
only interest (apart from drugs
and cigarettes of course)?!
Why keep silent when a gay
guy walks in if singing smutty
songs about queers was so
easy? Has the cat got
someone’s tongue? There
would be other examples such
as the fear a straight guy may
feel if he thinks some gay guy
is into him, but I’m going to
stop with these examples.
Fortunately, you will always
find people to help you out. As
for me, if I had not had an
open-minded friend I wouldn’t
be writing now. Despite the
people who surround you, their
help isn’t enough. It might be
seen as a valuable help, but
you’re the only one going back
home at night, trying to stifle
the weeping with your pillow
to avoid explaining things to
your parents. No matter how
many friends or jerks you
encounter, one is lonely. You
can smile, joke, sometimes
even try to overcome other
people’s opinions, but
whispers and hypocritical
smiles in the corridors strike
you.
Now that I’ve just turned 19,
high school will have taught
me that dreams are a complete
waste of time. Hoping for a
slight change is feasible but
getting it isn’t, because the
truth remains, a faggot is and
will always be lonely. It would
17
be hypocritical to think, in
2017 things have changed, that
Gay Pride or Gay Marriage
will change it all, because
contempt still goes on. You
may be told there’s no
problem, but a little something
such as: "I’ll ask him Islam’s
opinion about fags" is enough
to make you understand where
you belong, if at least you do
belong somewhere.
People have always seen me as
an oddball. Known as Louis
XIV in secondary school I am
now the High School Queen. I
eventually won a title after
trying to pull through for the
past 7 years. Yet, as cheesy as
it may sound, I got the
privilege to learn what love
means without expecting
anything in return, to undergo
mockery by telling myself that
it was only a bad time to go
through. I came here as a
simple and naive seven-year
student eager to succeed in
studying. As I find myself on
the verge of leaving school as a
student I am now well aware
of how pathetic people can be
and self-deception 2000
students put themselves into
every day. That same
deception led me to being
bullied in the corridors and
mocked at for no reason during
the last 3 years because
everyone suddenly heard
“there was a faggot in a
catholic school”.
Some of you might be waiting
for a piece of advice. So be it,
I'll give one: Stop it all! Stop
being trendy lemmings to be
accepted, stop swooping
towards Longchamp and
Eastpack bags so as not to be
ridiculous because "everyone
has got one." It is a pity to
think an Iphone or a Snapchat
account will make your life
better, or regular Thursday
parties will entertain you even
more. When being in high
school, opinion should no
longer be a problem. That is
precisely what I have learned
throughout these years. Yes,
despite how wretched people
might depict me it doesn’t
mean I got soft in the head, in
fact I doubt there’s only one
homosexual guy in an
overcrowded institution. So
when going back home in the
evening, just have a look at
yourself and instead of
thinking a driving license or
enrolling at the college you
want are the keys to freedom,
just remove the mask while
wondering why you behave
like this, and for once think
over!
So, don’t expect any change to
occur, make it happen.
Remember people will never
help you, as well as teachers
and students, sometimes you
won’t even find support at
home, therefore, be proud of
showing your difference…
The decision par Anne Dubouch
Quelle décision avaient-ils
prise ? Après ce grand conflit
qui avait fait trembler toute la
Terre, une organisation
internationale avait été créée.
Elle avait pour but de préserver
la paix et de soutenir le
développement des pays. On
voulait s'entraider, et ne plus
avoir à s'entretuer. Cela tenait.
Cependant, quand la crise vint,
ils décidèrent de ne plus faire
partie de cette organisation
internationale. Ils n'avaient
plus d'envie d'aider quel pays
que ce soit, en ayant des
problèmes économiques et
politiques : l'immense masse
noire des révolutionnaires se
profilait à l'Est, et de sombres
idéologies apparaissaient à
l'horizon. Alors chacun
retourna dans son coin, la peur
et la haine de l'étranger nous
ayant renfermés sur nous-
mêmes, et la SDN disparut,
faute de préservation de la
paix. C'est ainsi que la
dictature et ses idées noires
vinrent. Et elles nous
conduisirent au pire qui soit
sur Terre. Une seconde guerre
mondiale où des millions
d’êtres humains furent tués eut
lieu. Les Américains étaient
venus une fois de plus aider les
Alliés et avaient une fois de
plus gagné le conflit. Ils étaient
les sauveurs du monde.
Désormais que la guerre était
terminée, nous ne savions pas
ce qu'ils allaient faire. Allaient-
ils rentrer chez eux et retourner
à leur politique isolationniste ?
Ou bien allaient-ils créer une
nouvelle Société Des Nations ?
Ma mère et moi attendions la
décision des États-Unis ainsi
que la réaction des autres pays,
la peur et l'espoir se battant
l'une contre l'autre : que
deviendrait notre pauvre pays,
l'Allemagne ?
18
L’espoir et l’espérance par Millena Brandao
Que signifie l’espoir pour
vous ?
« L’espoir c’est attendre
quelques choses qui nous rend
heureux, un but. Pour
l’atteindre, il faut s'en donner
la peine et être patient. » -
Elias B.
« Pouvoir toujours croire. » -
Donia T.
« Avoir la foi en un succès
même si tout semble
l’empêcher de se réaliser. » -
Lucas B.
« Espérer peut nous rendre
malheureux. Surtout lorsque
l’on s’accroche à quelque
chose qui ne nous est pas
destinée. » - Arthur S.
« Quand tu ne perds pas la
motivation et gardes en toi la
certitude que tu auras ce que tu
veux. » - Vanessa S.
L’espoir est le dernier qui
meurt
Il n’existe aucune vie
dépourvue de tourments.
Cependant, les épreuves que
subit l’Homme au cours de son
existence laisse place à un
sentiment optimiste et confiant
que l’on nomme
communément : Espoir. Celui-
ci évoque l’attente de
l'exaucement d'un désir ou
d'une ambition. Un proverbe
populaire brésilien dit «
L’espoir est le dernier qui
meurt. ». Nous gardons tous en
nos cœurs des perspectives de
conquêtes et de réussites dans
tous les domaines de notre vie.
Ainsi, l’espoir est essentiel à
chacun d’entre nous puisqu’il
nous donne la force de vaincre
l’adversité et surmonter les
obstacles, de lutter pour ce que
nous convoitons. Nous avons
la patience pour attendre la
réalisation de nos projets
même quand tout nous incite à
abandonner. Néanmoins, la
force donnée par l'espoir
trouve sa source dans une
dimension existentielle
humaine. Il ne constitue donc
pas une totalité ou une
certitude mais plutôt un calcul
de probabilité, une estimation.
En effet, l'espoir sera dirigé
vers un objet qui semble à
première vue être réalisable
par nos propres moyens ou par
le biais d'autrui. Il dépendra
des différentes circonstances
intellectuelles, émotionnelles,
matérielles de l'Homme et sera
limité par notre propre nature
humaine.
Cependant, parfois, l’Homme
est envahi par une force
transcendante et extérieure à
lui-même. Alors, il naît un
sentiment nouveau, certes
similaire sur quelques points
mais opposé en d’autre. On
l'appelle l'espérance. Il est
communément admis que le
sens de ces deux mots (espoir
et espérance) est identique. Je
pense que l'on peut cependant
apporter une nuance.
L'espérance peut être rattachée
à un principe divin de
l'Homme envers Dieu. En
effet, elle fait partie, dans la
religion chrétienne, des trois
vertus théologales avec la foi
et la charité.
Dans ce cas, l'espérance ne se
lie pas aux événements ou aux
circonstances humaines mais
se base sur une promesse de
Dieu ce qui fait d'elle une
assurance. En effet, c'est la foi
en un Dieu omnipotent qui fait
le bonheur et la sérénité du
croyant. L'objet de l'espérance
vise souvent quelque chose
d'irréalisable par l'Homme lui-
même. Par conséquent,
l'espérance est intimement liée
à la manifestation de la fidélité
de Dieu qui ne déçoit pas et
permet la complète satisfaction
de celui qui croit. L'espérance
est immanente au temps. Elle
reste continue et enracinée tout
au long de l'existence. Tout
comme l'espoir, l'espérance
donne la détermination, la
persévérance et le courage
d'attendre la concrétisation de
nos envies. Elle permet de
venir à bout des entraves et de
persister sur le chemin de
l'accomplissement de nos
rêves.
« Celui qui a de l’espoir voit le
succès où d’autres voient
l’échec, le soleil où d’autres
voient les ténèbres et la
tempête. »
O.S. Marden
« Tout ce qui est fait de grand
dans le monde est fondé sur
l’espoir."
Martin Luther King
19
EXPRESSIONS LITTÉRAIRES
Extraits de Rêves Inachevés par Pierre-Ambroise Gallouet
7
Les jours passèrent. Puis les
semaines. Puis les années. Nous
revoici six ans plus tard. Blanche
ouvrit la porte du placard à balais
du fast-food dans lequel elle
travaillait. Après une journée à
recevoir les commandes de
personnes désagréables lui
crachant presque quelques
morceaux de glaire au visage
entre deux insultes, la jeune fille
avait reçu la demande de la
direction de bien vouloir nettoyer.
Prenant son peu de courage à
deux mains, la jeune fille, du haut
de ses 23 ans, passa
énergiquement sa serpillière afin
de rendre le sol plus reluisant que
jamais. Tâche ardue que
d'extirper les bouts de nuggets au
goût de caoutchouc, dont les
gamins de douze ans raffolaient,
et les jouets épars des menus-
enfants... D'ailleurs, aujourd'hui,
l'un des gosses avait lancé sa
babiole à la figure de Blanche en
s'exclamant d'un ton impérieux : «
Il est nul-euh ». Ce gamin aurait
bien mérité un sacré savon ! Il y
avait aussi des frites sur le
carrelage, si grasses qu'après une
journée chaude elles collaient
comme de la colle...
Blanche avait raté ses études, elle
n'avait plus d'envies. L'injustice
existera pour toujours et à jamais.
Pourquoi certains s'acharnent
ainsi dans cette vie ? Il n'y a pas
de sens à cela... traînons-nous
jusqu'à nos tombes et nous y
abandonnerons là le complaisant
et l'autolâtre. Que faisait-elle
encore ici après tant d'années ?
Son travail terminé, la jeune fille
ferma la porte du restaurant, prit
sa voiture et rentra chez elle, le
front en sueur, couvert par la
graisse des machines servant à
huiler les frites.
Elle rentra chez elle après une
dure journée de travail.
Remontant les escaliers de son
immeuble. Enfin la porte de chez
elle ! Elle marcha sur son
paillasson. À son contact, elle ne
put s'empêcher de soupirer
d’exaspération : le chien du
voisin venait encore de pisser là...
Le voisin laissait la vilaine bête se
promener dans tout l'étage. Le
vieux s'en excusait toujours
platement et offrait des
dédommagements à tous ses
voisins en exprimant, avec toute
sa sincérité, à quel point il était
désolé. Mais que faisait-il pour
changer cela ? Rien. Blanche ne
s'énervait même plus désormais :
elle subissait en silence. À quoi
bon chicaner ? Il est comme tous
les autres ; et les autres sont à
l'image de la bêtise.
Elle ouvrit la porte de son
domicile, un appartement étroit
disposant d'une fenêtre, un lit
minuscule, une télévision
cathodique, une douche petite,
une cuisinière et un frigo
juxtaposé à son lit. Seule la table
et la chaise en bois, coincées dans
un coin de son appartement où la
tapisserie verte pomme
s'effilochait d'un peu partout,
étaient à peu près jolies.
Elle retira son manteau, le jetant à
l'aveugle sur la chaise, et alla
s'allonger sur son lit en attrapant
la télécommande de la télévision
avec lassitude. Le poste s'alluma
et elle brancha mécaniquement
les chaînes d'information. Elle se
leva soudain, ayant une petite
faim, et se dirigea vers son
réfrigérateur. La demoiselle en
sortit une assiette de salade et
quelques petites bouteilles de
bière de vingt-cinq centilitres
avant de se réinstaller sur son lit.
Ses cheveux avaient légèrement
poussé et étaient plus
broussailleux qu’auparavant. Ses
yeux noisette s'étaient quelques
peu assombris comme les traits de
son visage. Elle était épuisée de
tout. Elle recevait de temps à
autre un coup de téléphone de sa
famille, toujours très inquiète de
son état de santé. Elle tentait de
les rassurer au mieux par des
réponses prémâchées pour
lesquelles elle n'avait aucune foi.
Elle posa son assiette de crudité à
même le sol et commença à
ouvrir la première bière. Elle
pouvait bien se permettre de boire
: on était Vendredi soir et, si elle
avait une gueule de bois, ça ne
regardait plus qu'elle désormais.
Et quand bien même elle perdrait
son métier, cela lui passait au-
dessus de la tête. Le téléphone
portable de Blanche sonna
soudainement. La jeune fille se
leva pour aller répondre. Elle se
saisit de l'appareil et reconnut une
voix familière à l'autre bout du
fil :
« Allô ?
- Allô ? Mademoiselle Ainot ?
Nous vous rappelons que vous
n'avez toujours pas payé votre
facture d'électricité et que...
- Ça va faire trois jours que je
vous les ai envoyées » Répondit-
elle au fournisseur d'électricité.
Elle raccrocha vivement le
téléphone en pestant. Elle regagna
son canapé nonchalamment,
décapsula une nouvelle bouteille
qu'elle but, cette fois, entière
d'une traite.
Les infos continuaient sur un
attentat. Il fallait qu'ils aient un
20
sens de l'humour extrêmement
douteux ou être fort limités
intellectuellement pour massacrer
hommes, femmes et enfants et se
revendiquer martyrs.
Alors que le présentateur allait
aborder le troisième sujet de son
journal, l'image se flouta, ondula
et enfin grésilla. Elle se releva et
alla voir si l'un des câbles s'était
débranché...Elle regarda. Tout
était en ordre semblait-il. Le poste
continuait à grésiller. Elle tapa
alors dessus et la machine se
remis en route.
Elle but une nouvelle bouteille, la
portant à ses lèvres, et l'avalant en
plusieurs longues gorgées sans
aucun plaisir. Au bout de
quelques minutes, elle sentit que
sa tête devenait lourde. Elle tenait
mal l'alcool et n'aimait pas la
bière. Cela avait l'avantage d'être
peu cher. Une fois son devoir fini
envers la bière, elle alla remettre
lourdement le paquet d'alcool
dans le réfrigérateur et sortit une
bouteille de vodka translucide, à
moitié vide, et en but quelques
gorgées au goulot. Ça lui brûlait
la langue. Elle la remit à sa place.
Son crâne lui faisait mal. Elle
n'était pas fière de boire ainsi,
mais ses problèmes ne
disparaissaient jamais mieux
qu'avec quelques grammes
d'alcool dans le sang. Posant un
pied devant l'autre avec une
extrême prudence, elle appuyait
ses mains contre le mur de son
appartement qui ne tenait pas en
place. Trop de vaguelettes
partout. Elle suait à grosses
gouttes et retira son pull ne la
laissant qu'avec un t-shirt très fin.
Suspendue comme sur une boule
de cirque, elle examina le sol
avec beaucoup de précaution pour
trouver son équilibre. Celui-ci
trouvé, elle jeta son vêtement à
l'aveugle et, tombant à genoux,
elle se traîna à quatre pattes vers
son lit, prit la télécommande entre
ses mains après quelques essais
infructueux, et finit par éteindre la
télévision.
À genoux devant son lit, elle fit
quelques efforts surhumains pour
se glisser à l'intérieur. Sur ses
draps, elle passa son bras sur son
front et regardait tout autour d'elle
le monde se dévoilant sous un
autre angle. Elle respirait par la
bouche à grandes bouffées. Elle
avait juste envie de s'évader
d'ici... Ses paupières, toutes
lourdes de sommeil et d'alcool, la
firent tomber dans les bras de
Bacchus.
8
Sa migraine s'était évaporée. Elle
se releva sur son lit les yeux clos.
Lorsqu'elle les ouvrit, elle eut une
envie inexplicable et irrationnelle
d'aller prendre l'air. Elle se leva
hors de son lit. Elle ne fit pas
trop faire attention au décor de
son appartement qui l'entourait et
qui était reluisant. Sans doute
était-ce grâce à la magnifique
lumière argentée qui émanait de
l'astre reine des nuits. Après
plusieurs tentatives de
stabilisation mises en échec, elle
marcha jusqu'à son pallier, droite,
en titubant presque à certains
moments, mais à peu près
rectiligne allons-nous dire. Elle
gagna la porte de son appartement
et, ne prenant pas garde de fermer
derrière elle, elle entreprit de
descendre les escaliers qui, sans
qu'elle se soit donnée la peine
d'allumer la lumière du couloir,
étaient plutôt bien éclairés
pour un lieu sombre, en
colimaçon et sans la moindre
ouverture. Ils étaient même plus
large que d'habitude. Aurait-on
fait des travaux hier soir sans
qu'elle ne s'en soit aperçue ? Il lui
vint une pensée : elle était donc si
torchée que ça ? Alors ça c'était
trop fort ! Elle avait vraiment dû
abuser...
Arrivée pieds-nus à la dernière
marche du grand escalier de
marbre, originellement fait de
bois noir, Blanche fit face à une
immense fontaine de laquelle
sortait trois jets : un devin, un
d'eau et un de lait. Passant devant
cette fontaine très amusée et
euphorique, elle ouvrit la fenêtre
à côté de la porte d'entrée et sortit
par cette dernière et non par la
porte. À la place d'un trottoir
collé à la route, elle se trouvait au
beau milieu d'un immense jardin
verdoyant et rempli d'arbres, de
fleurs, de perce-neiges géants
avec des grosses cloches en
argent et de statues. À chaque pas
qu'elle faisait, elle était un peu
moins ivre et les statues lui
apparaissaient comme fissurées
ou couvertes de végétation.
Certaines d'entre elles étaient
même brisées. Son esprit
reprenant très rapidement le
dessus, Blanche remarqua une
lumière inhabituelle se dessiner
dans un coin quelque peu reculé
du parc.
Poussée par une curiosité tout à
fait candide, Blanche se dirigea
vers cette source. Elle pensait,
tout naturellement, qu'il s'agissait
sans doute du phare d'une voiture
ou quelque chose de semblable.
Elle n'avait plus la mesure de ce
qui était inhabituel, ou habituel,
sans quoi elle aurait remarqué le
paradoxe de sa pensée. Quelle ne
fut pas sa stupeur, lorsqu'
atteignant sa destination, elle
aperçut un escalier blanc,
translucide et lumineux qui
descendait plus bas. Blanche
-encore un peu hébétée- éprouva
une sorte de fascination
irrésistible envers l'objet. Elle
toucha d’abord de sa main la
première marche qui, en dépit du
fait qu'elle soit solide, donnait à la
main de notre héroïne la sensation
de toucher de l'eau. Rassurée sur
le fait que la surface semblait
solide, elle descendit tout
naturellement les marches une à
une.
Arrivée en bas, elle se retrouva
21
dans une pièce circulaire dont l'air
lui-même y était lumineux et
familier. Le sol était tapissé
d'herbe émeraude. Il y avait une
sorte de petite cascade au fond
qui formait un petit ruisseau qui
circulait tout autour de la pièce.
Au centre, dans son socle de
pierre poncée, reposait une épée
de la même couleur que l’escalier
mais avec une teinte plus argentée
et plus opaque. Elle irradiait une
faible lueur blanche et douce. À
peine avait-elle fait trois pas dans
cette salle qu'un bruit sourd
retentit soudainement. L'escalier
qui l'avait si sympathiquement
mené ici venait de se volatiliser.
Elle paniqua un peu, appela
l'extérieur, chercha un moyen de
sortie mais en vain. Une voix de
jeune fille se fit entendre : « Par
ici »
Blanche se retourna. Personne.
L'épée au centre irradiait de la
lumière de manière plus
importante qu'une minute
auparavant. Elle s'approcha. À
quelques pas de la lame, la voix
se fit de nouveau entendre : «
Regardez derrière vous »
Blanche se retourna lentement.
Elle vit une très jeune femme qui
flottait au-dessus du sol. Ses
cheveux étaient argentés. Elle
avait littéralement le teint blanc
comme de la neige et portait des
vêtements de cette même couleur
avec un losange bleu sur le côté
gauche de sa poitrine. Une pièce
de vêtement, tout autour de son
cou, lui faisait comme une sorte
d'écharpe épaisse qui laissait
apercevoir la gorge délicate de cet
être ravissant. C'était une espèce
de poupée ; un être juvénile, une
créature de synthèse dont les
proportions avaient été dessinées
pour être les plus symétriques et
les plus proportionnées. Ses yeux,
deux yeux aux iris bleus de
saphir, vous regardaient comme
s'ils étaient des yeux humains.
Deux ailes de plumes,
pratiquement invisibles si on
ne faisait pas attention, étaient
situées sur les omoplates de la
fille. Elle ressemblait en tout et
pour tout à une sorte de fée aussi
grande qu'une femme adulte d'un
mètre soixante-cinq.
Elles se fixèrent quelques temps
puis la fille aux cheveux d'argent
reprit la parole et se présenta en
ces termes :
« Je m'appelle Faanivy. Je suis
l'esprit de cette épée et votre
fidèle servante.
– C'est très probablement un
rêve ! Se dit à elle-même la
principale intéressée, le sourire
aux lèvres laissant la gamine-fée
poursuivre.
– Je suis venue vous faire
accomplir votre destinée et
vous servir, ô puissante
maitresse.
– Bah tiens donc ! S'en amusa
Blanche. Moi, une destinée ? Il
faudrait encore me le prouver. Et
me protéger de quoi ? Si c'est
bien ton rôle tu arrives un peu en
retard : vois donc un peu toute la
merde que j'ai vécu ! Maintenant,
si tu avais un peu d'argent pour
me dépanner, ça serait top je
t'avoue.
– Maîtresse.... Je pense que vous
ne prenez pas ce que je dis au
sérieux...
– Et tant que tu y es, si tu pouvais
aller me chercher de l'alcool ça
m’aiderait à changer de trip s'il te
plaît.
– On vous recherche activement :
vous êtes en grand danger et vous
devez vous saisir de Durendal-
Excalibur pour...
– Et merde... Je savais bien que
sortir de chez moi bourrée le soir,
ce n’était pas une bonne idée... fit
Blanche ennuyée et se parlant à
elle-même. Quoique je ne perde
pas grande chose à me perdre ou
à finir sous un 2 tonnes après
réflexions.
– Vous valez mieux que ce que
vous pensez. Personne n'est
inutile : chacun à quelque chose à
offrir.
– Puisque tu le dis, je te crois
dans ce cas.
– À la bonne heure j'espère... fit-
elle en doutant un peu. Veuillez
retirer je vous prie cette épée de
son socle : elle est la légitime
propriété de votre sang et de votre
esprit.
– Pourquoi cela ? Il se passe quoi
si je la retire ?
– Pour l'amour du ciel !
S'impatienta, de manière presque
imperceptible dans sa voix, la
gamine-fée. Faites ce que je dis et
retirez-là, je vous en conjure !
–Très bien ! Très bien ! »
Blanche regarda très
attentivement la lame. En dépit de
son élégance, ce n'était pas une
lame de gamin : c'était une vraie
épée qui semblait peser bien
lourd. Blanche regarda une
nouvelle fois la lame et se décida.
« Juste une dernière... »
Blanche n'écoutait plus Faanivy
qui essayait de l'avertir. Elle se
plaça juste au-dessus de l'arme et
se laissa « jouer au jeu » puisque
tout ceci n'était à ses yeux que «
le fruit de ses hallucinations ».
Elle entoura la garde de l'épée de
ses deux mains et, sans même
devoir faire des efforts, la glissa
hors de son socle avec un grande
aisance. Elle la brandissait
fièrement au-dessus de sa tête
d'une seule main, cette épée
resplendissante. Cette légèreté lui
semblait extraordinaire si bien
qu'elle fit plusieurs moulinets
maladroits sans aucune difficulté.
« Il est temps de se réveiller et de
bientôt se mettre en chemin »
murmura Faanivy à l'oreille de sa
nouvelle détentrice.
Tout, autour de Blanche,
s'illumina d'une lumière vive.
L'instant d'après, elle se réveilla
dans son lit dans la même
position qu'au moment où elle
s’endormit. Elle s'était un peu
bavé dessus durant son sommeil
22
et s'essuya d'un revers de manche.
Il était midi et, à sa surprise, sa
gueule de bois était passée plutôt
bien. Elle n'avait pas la tête
comme un tambour pour une fois.
La première chose à laquelle elle
pensa fut alors le rêve qu'elle
venait de faire. En s'étirant de tout
son corps comme un chat, elle
s'exclama à voix haute pour elle-
même : « Bon sang ! Voilà un
rêve bien étrange ! »
Pendant qu'elle s'étirait, sa main
vient toucher quelque chose de
froid et de métallique. Elle jeta
un regard en direction de cet objet
: c'était une épée. Cette épée...
PEINTURES
Psychose par Cylia Slamani
Les hommes sont fragiles et doivent
faire face a des tortures
psychologiques. Parfois la résilience
suffit à faire disparaître les maux pour
un temps mais les mauvais souvenirs
jonchent toujours le sol de notre
inconscient et rejaillissent de temps à
autre, nous plongeant dans d’intenses
états de torture morale.
23
Hydrangea flowers – or when you have to accept to say goodbye par Coline Lappeman
Beautiful skies of storm
See her coming
With her heart pain-beating
As she crosses the line
Alone
Of distorted worlds
She has to go from the down
She has to leave seeking for the up
Her steps have been long and
peaceful
All her life
All our lives
The pure and hurt wrinkles of your voice
Shatter our hearts in droplets
Falling on the floor
On the marble of your bed
Hopeless tears in the rain
Yet the sun never stop shining
For you
As the thousand flowers of your
mind
Gifted my soul of pure intentions
And love
And compassion
We will achieve
the step of acceptance
of your reunion with the ghosts of our past
existence.
Les Amis par Jennifer Colin
Tout débute par cet été
Quand nos chemins se sont croisés
De belles journées passées
Jusqu’à ne plus se séparer
Souvenez-vous !
Ces soirées marquées
Des rires partagés
On ne pouvait se laisser
À présent, on grandit ensemble
Avec un 11 qui se rassemble
Comme une famille qui tremble
Rien qu’une bande
On partira
Mais on se reverra
Pour tous, on ne s’oubliera pas
Ne vous inquiétez pas
On se remerciera
Soldat par Marie Barbé
A ce moment-là, j’avais seize ans.
Avant, j’avais des rêves plein la tête.
J’avais tout tracé : mes amis, ma famille, la
musique et l’armée.
J’étais heureuse…
Samedi 11 février 2012, à 13 heures 30 tout a
basculé.
Ma tête a pris feu.
Ma vie, j’étais perdue…
La souffrance, 15 jours dans le noir.
J’étais en prison, je n’avais plus de mots.
Pendant 5 mois, j’ai flotté sans l’air.
Inconsciente de ce qui s’était passé.
Et là… tout à coup, j’ai découvert l’horreur.
Tous mes rêves étaient brisés.
Mes ailes n’arrivaient plus à se rappeler
comment voler.
Alors mes racines m’ont tenue debout.
Et à petits pas, les mots sont revenus
m’apportant de la joie de vivre.
J’ai volé à travers mon esprit.
J’ai tracé ma route toute seule mais pas en
solitaire.
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Tohu bahu N°4 mai 2017

  • 1. JOURNAL DU LYCÉE IMMACULÉE CONCEPTION mai 2017 Rédacteurs et contributions : Manon Hardy, Louis-Paul Émeriau, Valentin Harnois, Coline Lappeman, Jennifer Colin, Maxime Duret, Pierre-Ambroise Gallouet, Clément Juliot, Juliette Bruneau, Louis Dréano, Mathieu Guérin, Millena Brandao, Anne Dubouch, Marie Barbé, Cylia Slamani, Claudie Merlet (sans qui le journal serait truffé de fautes) Éditorial par Louis Dréano Nous y sommes. Le dernier numéro du Tohu Bahu de l’année scolaire 2016-2017 sort et relève le défi de la mobilisation – nous comptons 15 contributeurs à ce numéro. Avant la fin, nous souhaitons, de tout cœur, que le flambeau soit repris. Cette somme de papier grandira tant que nous, jeunes d’aujourd’hui, serons inspirés et indignés. Dans son manifeste Indignez-vous !, Stéphane Hessel, résistant français et grand diplomate, ne déclarait-il pas : « Regardez autour de vous, vous y trouverez les thèmes qui justifient votre indignation. Vous trouverez des situations concrètes qui vous amènent à donner cours à une action citoyenne forte. Cherchez et vous trouverez ! » Trop souvent, on se sent comme ce petit enfant (photo de Gilles Clarke de The Guardian) lors du conflit de Sanaa : on a envie de tout reconstruire face à un tas de ruines qu’est pourtant notre monde. Notre journal, il nous sert à ça, exprimer notre indignation, notre espoir ! 1
  • 2. INTERNATIONAL Le déclin de la Turquie par Louis Dréano Au lendemain de la chute de l’Empire ottoman, la Turquie avait su incarner une conciliation exemplaire entre l’islam et la démocratie. Pourtant, depuis quatre ans, celle-ci s’est profondément désagrégée. Le putsch avorté du 15 juillet 2016 aura donné une plus grande visibilité au phénomène, en accroissant les tensions sécuritaires dans le pays. Depuis, plus de 40 000 personnes ont été placées en détention provisoire, 9000 fonctionnaires ont été limogés, plusieurs centaines de médias et d’ONG ont été fermés, des journalistes, des militants et des parlementaires ont été arrêtés. L’autoritarisme d’un homme est le facteur de ce déclin : Recep Tayyib Erdogan. Référendum d’avril Le dimanche 16 avril, les Turcs votaient « oui » à un référendum qui formalisa la mainmise catégorique du Président Erdogan sur son pays. En effet, Levent Gültekin écrira au lendemain du vote dans son journal Diken : « Cette révision constitutionnelle signe l’arrêt de mort de la justice, transforme la Turquie en parti- État et lie son avenir au bon vouloir d’un seul homme plutôt qu’aux volontés de 80 millions de citoyens. » L’essentiel du pouvoir exécutif appartient désormais au président, qui nomme lui- même les ministres et un ou plusieurs vice-présidents. Le poste de premier ministre, actuellement occupé par Binali Yildirim, est à disparaître. Le président a aussi la haute main sur le pouvoir judiciaire. Il nomme douze des quinze membres de la Cour constitutionnelle et six des treize membres du Haut Conseil des juges et procureurs, chargés de nommer et de destituer le personnel du système judiciaire. Le Parlement choisira les sept autres. Erdogan devient le chef du parti, alors qu’il devait jusqu’à présent abandonner toute charge au sein de son mouvement. Pour limiter le risque de cohabitation, il remet son propre mandat en jeu. Les élections législatives et présidentielles seront simultanées et se dérouleront tous les cinq ans — contre quatre actuellement. Enfin, si le nombre maximum de mandats était réinitialisé à partir de l’élection de 2019, M. Erdogan, 62 ans, pourrait rester au pouvoir jusqu‘en 2029. Apogée islamiste en Turquie Pour comprendre la dangereuse résurgence islamo- conservatrice qu’incarne Erdogan, il faut connaître l’évolution du paysage politique turc. À peine promulguée en 1923, la République de Turquie supprime le califat et bien d’autres références à une quelconque islamité de la nation. Dans ce contexte de laïcisme affiché comme l’une des « six flèches » du kémalisme, l’islam, et notamment l’islam politique, demeure longtemps sous un contrôle strict. Cependant, au début des années 1970, il refait surface et n’a de cesse ensuite de progresser dans l’opinion au grès de ses changements d’appellation et de ses évolutions doctrinales. La première formation politique de cette mouvance est le Parti du Salut national créé en 1970 et dirigé par Necmettin Erbakan. La dictature de 1980 lui est fatale, avant que le Parti de la Prospérité ne se construise en héritier en 1983. En rupture avec le kémalisme, il incarne la nostalgie de l’Empire ottoman mais c’est surtout sa dimension tribunitienne et son réseau d’associations caritatives qui lui valent d’attirer de plus en plus de suffrages, dans une société turque au développement social et territorial très déséquilibré. Après avoir conquis certaines grandes collectivités en 1991, la gestion de ces associations parfois réussie et l’usage de leurs budgets à des fins 2
  • 3. clientélistes renforcent l’ancrage du parti qui fait une percée aux législatives de 1995 (22% des voix) au point d’être associé au pouvoir dans le cadre d’une direction tournante avec le Parti de la Juste voie (DYP). Porteur de projets fortement empreints d’islamisme (interdiction de la vente d’alcool, autorisation du port du voile dans les universités, transformation de Sainte-Sophie en mosquée), il se heurte aux militaires, gardiens de l’idéologie kémaliste. Le Parti de la Prospérité doit quitter le pouvoir avant d’être dissous en janvier 1998. Dès le mois de février 1998, un nouvel avatar apparaît – le Parti de la vertu – interdit à son tour en 2001, puis remplacé par l’AKP ( Parti de la Justice et du Développement) en 2002. Plus modéré et réaliste que ses prédécesseurs, ce parti conservateur sur le plan sociétal et libéral sur le plan économique agrège ainsi une bourgeoisie entrepreneuriale en plus de son électorat populaire. Profitant du processus de négociation avec l’Union européenne, il impose des réformes visant à restreindre le rôle de l’armée dans la sphère publique. Par ailleurs, il profite d’une forte croissance économique et de certains succès diplomatiques pour conforter son ancrage électoral. Mieux implanté à l’intérieur du pays que sur les côtes occidentales plus favorables aux kémalistes. Les dernières élections législatives de 2015 confirment son influence malgré le ralentissement économique et la dérive autoritaire du président Erdogan. Aujourd’hui, l’AKP jouit d’une base populaire de plus en plus contestable – car amadouée en partie par la peur – et marque, par la présidence d’Erdogan, une nette rupture avec le kémalisme qui faisait la grandeur de la Turquie moderne. Aujourd’hui, la théorie de l’évolution est bannie du programme scolaire et l’étude coranique est renforcée. Une main sur le Proche- Orient Depuis 2014, la Turquie tente de réajuster sa politique étrangère à l’aune de l’évolution du conflit syrien et de sa situation intérieure. La diplomatie de bon voisinage mise en œuvre par le ministre des affaires étrangères Ahmet Davutoğlu et le dynamisme d’une économie émergente contribuaient à donner une image positive de ce pays au Proche-Orient. Pourtant, la position d’Ankara vis-à-vis des mouvements djihadistes dans la crise syrienne, sa proximité avec les gouvernements islamistes nés des transitions politiques en Égypte et en Tunisie et la répression violente des manifestations populaires du printemps 2013 et des Kurdes ont terni son étoile. Tous ces facteurs poussent Ankara à revoir son positionnement diplomatique et géostratégique ; c’est dans ce contexte qu’Erdogan tente d’affirmer ses prérogatives et son pouvoir présidentiels. Le changement de pied diplomatique turc implique un rapprochement avec l’Arabie saoudite et une prise de distance avec l’Iran – au printemps 2015, le président turc a apporté un soutien appuyé à l’intervention militaire saoudienne au Yémen, en accusant l’Iran de vouloir « dominer » le Proche- Orient. Cette convergence turco-saoudienne surprend dans la mesure où le gouvernement turc n’adhérait pas, jusqu’alors, à la logique de confrontation entre chiites et sunnites. Au fond, elle vise à favoriser le retour d’Ankara dans la crise syrienne car c’est surtout du soutien à apporter à une partie des forces rebelles syriennes que discutent les dirigeants turcs et saoudiens lorsqu’ils se rencontrent. D’autre part, la Turquie et la Russie se sont très nettement rapprochées en 2016 mais leur relation est loin d’être fiable : le processus d’Astana (conférence de Paix pour la Syrie) n’a permis de surmonter ni la rivalité turco-iranienne ni le différend russo-turc à propos de la crise syrienne, leurs rapports bilatérales avec les États-Unis sont antagonistes. A terme, la Turquie ne pourra que difficilement continuer à valoriser sa relation avec son 3
  • 4. voisin turc pour faire pression sur son allié américain, comme elle a pu le faire à la fin du mandat de M. Obama. Seulement 51 % Si la société civile turque reste active, elle demeure bridée par des mesures répressives prises dans le cadre de l‘état d‘urgence. Le régime présidentiel voulu par M. Erdogan est donc surtout un régime autoritaire dont les prémices effacent déjà les années d‘ouverture de l‘AKP au pouvoir. Pourtant, la victoire au référendum s’est faite de justesse, à 51 % seulement. Un chiffre qui devrait animer la persévérance de la résistance face à la quête obsessionnelle de pouvoir fort du président. Atlas du Moyen-Orient, aux racines de la violence, « L’islamisme à l’épreuve des urnes » par Pierre Blanc Le Monde Diplomatique, « La fin du modèle turc » par Jean Marcou, n°757 d’avril 2017 Courrier International, « La lutte contre Erdogan doit continuer » par Levent Gültekin dans Diken, n°1381 du 20 au 26 avril 2017 http://lemonde.fr/proche-orient/video/2017/03/09/cinq-minutes-pour-comprendre-le-declin-de-la- democratie-en-turquie_5091906_3218.html?xtmc=turquie&xtcr=55 http://www.lemonde.fr/europe/article/2017/04/10/les-enjeux-de-la-reforme-constitutionnelle-en- turquie_5109073_3214.html#ZOsHKxl8wcRBxEVu.9 À travers l’Asie selon Le Monde et Asialyst Chine Pékin a l’obsession de sécuriser la mer de Chine du Sud face à l’influence militaire des États-Unis dans la région. Fin avril, il vient de lancer son navire T-001A. Un troisième porte-avions chinois, en principe doté d’un système de catapultage semblable à celui du Charles-de-Gaulle, est en chantier à Shanghaï. Corée du Nord Le secrétaire d’État américain, Rex Tillerson, a assuré devant le Conseil de sécurité des Nations unies (ONU), vendredi 28 avril, que « toutes les options » étaient sur la table en cas de nouvelle provocation de Pyongyang. Cet avertissement n’a pas dissuadé la Corée du Nord de lancer quelques heures plus tard un missile de moyenne portée, en violation des résolutions onusiennes. Ce tir a échoué après seulement quelques minutes. La Corée du Nord, qui rêve de construire un missile capable de porter le feu nucléaire sur le continent américain, a déjà mené deux essais de missiles en avril. M. Trump se dit prêt à rencontrer Kim Jong-un. Hong-Kong Baggio Leung et Yau Wai- ching, deux élus indépendantistes empêchés d’occuper leur fauteuil de député à la suite d’une intervention de Pékin, ont été arrêtés et inculpés, mercredi 26 avril, pour des incidents au Parlement de l’ancienne colonie britannique. Pour Youngspiration, parti favorable à l’indépendance de l’ancienne colonie britannique, rétrocédée à la Chine en 1997, leur arrestation pourrait augurer de « jours sombres ». Ils font partie d’une nouvelle génération de militants qui réclament que Hongkong divorce totalement de la Chine, à l’heure où de plus en plus d’habitants de la région semi- autonome ont l’impression que Pékin y accroît sa mainmise. Ces appels à l’indépendance sont nés sur les cendres du mouvement dit « des parapluies » de 2014, qui avait échoué à obtenir de Pékin la moindre réforme politique. Le mois dernier, au lendemain de l’élection, avec l’appui de Pékin, de Carrie Lam à la tête de l’exécutif hongkongais, neuf chefs de file de la contestation de 2014 ont été formellement inculpés pour 4
  • 5. incitations à des occupations de l’espace public. Inde Le 31 mars, la Haute Cour de l’Utarakhand (nord de l’Inde, dans la chaîne de l’Himalaya) a déclaré que les glaciers de Gangotri et de Yamunotri, considérés comme sacrés par des centaines de millions d’Indiens, étaient des entités vivantes. Ce statut signifie que les fleuves et les glaciers peuvent bénéficier d’une protection juridique. Désormais, si quelqu’un leur porte tort ou les pollue, la loi pourrait s’appliquer de la même façon que pour un préjudice affectant une personne physique. Cette décision permettra ainsi de mieux les préserver. SPORTS La football français monte par Louis-Paul Émeriau Peu à peu, la France monte au classement de l’UEFA, elle qui était cinquième, il y a peu (précisément lors de la victoire lyonnaise 4 à 2 face à l’AS Roma le 9 mars dernier) est aujourd’hui sur le podium. En ce moment la France occupe la belle place de troisième sur l’ensemble de la saison 2016-2017. Et cela grâce à ses équipes en forme : Lyon et Monaco, toutes les deux demi-finalistes respectivement de l’Europa Ligue et de la Ligue Des Champions. Pourtant tout n’avait pas bien commencé cette saison. Après l’élimination du PSG face à Barcelone 6-1 en huitième de finale, la France pouvait avoir peur. Lyon s’était fait rétrograder en Europa Ligue et devait affronter l’AS Roma à l’extérieur alors favori de la compétition et ne possédait qu’une maigre avance de deux buts. Et Monaco avait dur à faire face à Manchester City. Seulement voilà, les deux équipes se sont battues pour obtenir leur quart de finale respectif, et ont même réussi à gagner pour atteindre les demi-finales de leurs compétitions, en mettant à l’avant de la scène le jeune Kylian Mbappé et la France sur le podium à l’indice UEFA à la même occasion. Ces jours-ci la France aura donc un nouveau défi à relever pour garder son podium et même essayer de distancer les nations concurrentes. Pour Monaco, ce sera surement un des matchs les plus difficiles face à la Juventus. La meilleure attaque de ligue 1 (Monaco) avec une différence de 66 buts devra faire face au bloc défensif et à la charnière centrale de la meilleure défense de ligue des Champions. En effet, la Juventus n‘a encaissé que deux buts durant l’ensemble de la compétition un face à Lyon et l’autre face à Séville durant les phases de poule. Pour Lyon, ce sera tout de même plus facile. L’OL devra affronter le leader du championnat néerlandais, l’Ajax Amsterdam. Notons que l’équipe française jouera le retour dans son antre au Parc OL, et que l’ensemble des joueurs sera présent (Lacazette blessé aux ischio-jambiers ne sera pas titulaire mais sera tout de même présent au match aller ainsi que Tolisso, sorti sur blessure face à Angers qui est aussi de la partie). Enfin il serait intéressant pour Lyon de gagner cette demi-finale car son adversaire (le Celta Vigo ou Manchester United) aura l’obligation d’affronter les Gones dans son nouveau stade. Ndlr : L’indice UEFA permet de déterminer le nombre de clubs qui peuvent être engagés dans les compétitions européennes par une nation. La saison dernière, à l’issue des compétitions européennes, l’indice UEFA avait plafonné à 11,083 alors qu’il est aujourd’hui de trois points de plus. (Source : L’Équipe) 5
  • 6. EXPÉRIENCES Une PMM et après … !? par Valentin Harnois La Préparation Militaire Marine est une formidable expérience humaine. Après avoir constitué un dossier auprès du CIRFA (Centre d’Informations et de Recrutement des Forces Armées) et après étude du dossier, j’ai contracté un engagement d’un an dans la PMM du Mans. Au cours de l’année, je me suis rendu tous les 15 jours au Mans par le train (tous frais payés). Le premier jour personne ne se connaissait mais pourtant il fallait faire preuve d’unicité en revêtant l’uniforme de la marine nationale. Et cette fois c’était parti !!! J’allais goûter au monde militaire. Nous étions encadrés par 4 instructeurs plus ou moins expérimentés et avec qui, au fil du temps nous avons tissé des liens. Chaque jour nous avions des cours pour connaître les grades, le compartimentage (pour se repérer sur un navire), apprendre à marcher au pas, comprendre la météo … et puis entre temps les instructeurs nous faisaient part de leurs expériences toutes aussi différentes les unes que les autres : des voyages dans le monde entier aux tempêtes maritimes en passant par les bons moments qu’ils ont partagés avec leurs camarades. La pratique était également au programme de nos journées : marche au pas, premiers secours, chants, sport … Et en dehors de ces journées mouvementées, il y eut les cérémonies. La première fut celle de notre engagement dans la marine, les autres, commémorant des jours fériés. Ces moments solennels ont été des bons moments. Au fil du temps, nous avons tissé des liens de camaraderie et une cohésion qui nous a permis de souder le groupe rendant la vie ensemble plus facile. Au mois de Février, le moment tant attendu arriva : le départ pour la base navale de Brest, la première semaine des vacances. Au cours de cette semaine, nous avons pu visiter des navires de la marine, un sous-marin nucléaire lanceur d’engin, puis embarquer à bord d’un voilier (bateau école) sur lequel nous avons participé aux différentes manœuvres et nous avons pu tirer au Famas dans un stand de tir : un moment sensationnel ! Et en plus de ces souvenirs qui resteront gravés, l’entraide, la cohésion et tout ce que l’on peut y associer étaient omniprésents. La fin de cette année sera marquée par une dernière cérémonie au cours de laquelle seront remis les insignes de la PMM (pour ceux qui ont la moyenne). Eh oui ! La PMM ne regroupe pas que des moments de plaisir puisque les connaissances sont évaluées par des petits contrôles. A l’issue de la PMM j’ai choisi de postuler pour la réserve cet été et je souhaite m’engager dans la marine pour en faire mon métier et vivre des moments inoubliables. Quelques mots pour résumer la PMM : cohésion, entraide, discipline, envie de réussir, engagement. 6
  • 7. Le système au pair par Maxime Duret Vous êtes doué(e) en langues et vous voulez améliorer auprès de purs natifs ? Dans ce cas, le système au pair est fait pour vous. Pendant minimum 4 mois, vous pouvez partir à l'étranger pour vous perfectionner en langue. Le principe : vous serez logés et nourris par une famille qui en contrepartie vous demandera de réaliser des tâches diverses et variées (par exemple du baby-sitting). De plus, en échange de ces services, vous serez payés de 80€ à 120€ par semaine. Pendant ce séjour, vous pourrez bénéficier de 2 jours de congé par semaine et d'une semaine de congés tous les 6 mois. En plus de ce « job », vous pourrez prendre des cours de langues (à vos frais). Pour pouvoir accéder à ce système, il faudra remplir des conditions au préalable : ➔ Avoir la nationalité Française ➔ Être majeur ➔ Avoir de l’expérience dans la garde d'enfants (en dehors de la famille) ➔ Avoir un niveau minimum dans la langue voulue Vous pouvez partir sur cet exemple de fils/fille sur ce site web : http://www.pebbles.fr/ Eine tolle Werkbesichtigung in MANN+HUMMEL par Louis Dréano Le vendredi 10 mars, le premier groupe germaniste de Terminale de Madame Rouland-Kobel est allé visiter le site de production MANN+HUMMEL à Louverné. Créé en 1941, cet équipementier automobile allemand de Ludwigsburg est spécialisé dans le système de filtration d’air, de fluide et de carburant. Ses principaux clients sont PSA et General Motors. En 2006, il implante le siège de sa filiale française en Mayenne, et il compte aujourd’hui près de 500 employés. L’usine a réussi à développer un impressionnant pôle de recherche et de développement (R&D) qui fait travailler environ 80 techniciens et ingénieurs. Nous avons pu visiter la production et rencontrer Bruno Langer, directeur général de MANN+HUMMEL France, et son assistante qui nous ont chaleureusement accueillis et présenté l’entreprise. Cette filiale est fondée sur la synergie de deux manières de travailler et de penser : les Français, plus fous et latins, apporteraient les idées originales alors que les Allemands, plus rigoureux et logiques, permettraient la réalisation concrète des projets. À l’heure où le repli sur soi tend à cristalliser l’Europe, le site MANN+HUMMEL de Louverné témoigne d’une coopération commerciale franco-allemande dynamique et des intérêts – notamment économiques – que la France et l’Allemagne ont en commun. Dans une telle perspective, la maîtrise de la langue allemande – langue maternelle de plus de 105 millions de personnes dans le monde – devient un véritable atout dans le monde du travail et assure l’amitié franco- allemande pour aujourd’hui et demain. 7
  • 8. RÉFLEXIONS Into the wild : une bouffée d’oxygène par Manon Hardy «Voyage au bout de la solitude». Cette traduction française décrit à elle seule le but de Chris, le héros de l’adaptation cinémato- graphique « Into the Wild » (2007). Son histoire est épatante. Nous sommes en 1992. A 23 ans, fraîchement diplômé, Christopher McCandless est promis à de prestigieuses études. Mais Chris ne veut pas de cette vie déjà toute tracée. Avide d’aventures et d’expériences nouvelles, il décide de tout plaquer pour voyager sur les routes d’Amérique. Son départ, méticuleusement préparé, est fait sans prévenir personne. Après avoir détruit la moindre chose qui pourrait le rattacher à son identité (carte d’identité, papiers...), Chris brûle son argent, fait don de toutes ses économies à Oxfam et s’en va, tout simplement. Sur les routes, il devient « Alexander Supertramp ». Au cours de son fabuleux périple, il fera de merveilleuses rencontres, sera confronté à des situations extrêmes, découvrira la beauté du Grand Canyon, l’Arizona, le Colorado… et enfin l’Alaska, son but ultime. A cela s’ajoute la superbe bande- originale d’Eddy Vedder, écrite spécialement pour le film. La voix rauque de l’artiste nous transporte encore plus profondément dans cette ambiance « road-trip » américain. « Pour vivre heureux, vivons cachés ». Cette citation d’Epicure illustre parfaitement ce que cherche Alex dans son voyage. Ayant eu une enfance difficile, celui-ci se réfugie dans son escapade en partie pour échapper à ses parents, mais aussi pour donner du sens à sa vie. Sortir du schéma études/voiture/métier presti- gieux/mariage/enfants dans lequel la société nous enferme. Revenir à l’essence même des choses. Vivre le moment présent. Ne pas se soucier de la montagne de travail qui nous attend, du stress des examens, de l’incertitude de l’avenir... Qui n’a jamais rêvé de tout plaquer, tout laisser tomber, dire un grand « Merde ! » à cette société qui nous étouffe et nous conditionne ? Cette histoire vraie expose une critique très intéressante de notre société matérialiste et élitiste et nous ouvre une porte vers la liberté totale. Évidemment la question qui nous a tous traversé l’esprit après ce film : et si Alex a pu le faire, si quelqu’un a pu le faire, pourquoi pas moi ? Cependant, l’épopée d’Alex nous met également en garde : « Le bonheur n’est réel que lorsqu’il est partagé ». Celui-ci en prend conscience à la toute fin de son histoire… En effet, si l’on prend le film dans son intégralité, le bonheur le plus riche et le plus fort est présent lors des moments de partages d’Alex et ses rencontres. Enfin voilà : après avoir méticuleusement détruit son identité, voilà que notre Alex veut la retrouver, et retrouver les siens. Arrivé au « bout de sa solitude », Alexander Supertramp redevient Christopher McCandless. 8
  • 9. Klaus Barbie par Clément Juliot Le 1er octobre 1971, le procureur de Munich, Manfred Ludolph, remet deux photos de Klaus Barbie à Beate Klarsfeld, dont une de 1968. Le 20 décembre 1971, l'Institut d'anthropologie de Munich certifie qu'« en supposant que Klaus Altmann ne soit pas un proche parent, par exemple un frère, de Klaus Barbie, on est fondé à conclure qu'il est très probable que ces deux hommes soient identiques ». Les Klarsfeld pensent que cela va suffire pour extrader Barbie de Bolivie. Cependant la France n'est pas prête à le faire et ne va pas le faire. En février 1972, le journaliste Ladislas de Hoyos réussit à obtenir une interview de Klaus Altmann. En effet, contre quelques dollars, une femme qui connaît le ministre de l’intérieur bolivien a demandé à ce dernier la permission de l'interview. Le ministre a accepté mais sous certaines conditions - quelques milliers de dollars - un entretien de trois minutes et des questions en espagnol uniquement. Klaus Altmann rentre dans la pièce mais, comme le remarque le journaliste, son regard n'arrête pas de bouger. De plus, il note que Barbie n'a pas peur de lui. Les premières questions sont en espagnol mais à un moment, Ladislas de Hoyos ne respecte plus les règles convenues et parle à Barbie en allemand. Il lui dit que le procureur de Munich est sûr que Klaus Altmann est Klaus Barbie, ce à quoi Barbie répond en allemand : « Je ne suis pas Barbie, comme je l'ai déjà dit, je suis Klaus Altmann ». Seulement, parler en allemand n'est pas la seule idée de Ladislas de Hoyos. Le journaliste coupe le soi-disant Klaus Altmann dans sa réponse en lui demandant cette fois-ci « n'êtes-vous jamais allé à Lyon ? », qui lui répond, en allemand, qu'il n'est jamais allé à Lyon. Barbie est pris au piège, le ressortissant bolivien qui ne prétendait ne pas comprendre le français a bel et bien répondu à la question sans une hésitation. Le journaliste vient donc de prouver que Klaus Altmann parle bien le français. Après les questions, Ladislas de Hoyos présente au présumé Barbie une photo de Jean Moulin en lui demandant s'il le reconnaît, ce n'est pas la réponse qui intéresse réellement le journaliste. En effet, le présumé Klaus Barbie pose son pouce sur la photo et le journaliste espère confondre définitivement Klaus Barbie. Le journaliste ne s'arrête pas là, il lui demande de répéter des phrases en français, Barbie lui rétorque qu'il ne pense pas avoir assez de base en français pour cela mais Ladislas de Hoyos lui fait quand même répéter les phrases. Barbie répète les phrases : « je ne suis pas un assassin », « je n'ai jamais torturé ». Sur les dernières questions, il a plus de mal, il répète de façon plus compliquée la phrase « je ne suis jamais allé à la Gestapo de Lyon » et il ne répète pas entièrement la phrase « je ne connais pas Jean Moulin » en expliquant au journaliste, qu'en espagnol on disait « Mouline ». Klaus Barbie sent qu'il ne sort pas indemne de cette interview. Cette interview a été réalisée en 1972, soit 27 ans après la fin de la guerre mais Barbie n'a été extradé vers la France qu'en 1983. Comment le « boucher de Lyon » responsable de la mort de Jean Moulin et de la déportation des orphelins d'Izieu (44 enfants juifs) a pu fuir pendant si longtemps alors qu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Alliés cherchaient les nazis ? L'historien allemand, Peter Hammerschmidt a écrit un ouvrage sur Klaus Barbie nommé Klaus Barbie Nom de code : ADLER, dans lequel il relate la vie de Barbie et surtout sa deuxième vie après la Seconde Guerre mondiale et son travail auprès des services secrets américains. « Alors que la France recherchait Barbie pour le juger, il travaillait pour les services secrets américains et… allemands. » François Kersaudy 9
  • 10. Est-ce immoral de manger de la viande ? par Pierre-Ambroise Gallouet Un assassin parle aux végans. On ne peut pas les manquer sur les réseaux sociaux : quand on parle d'animaux, d'élevage, d'agriculture voire d'écologie, cette sous-branche des cyber- chevaliers de la morale et de la justice se montre. Leur nom ? Les végans. Les végans, pour ceux qui dorment dans une grotte, sont des végétariens qui rejettent toute consommation de produits issus ou extraits d'animaux. Il peut s'agir tout aussi bien de la viande que du lait ou de la laine. Leur combat ? Faire cesser l'exploitation des animaux au nom de la paix. Si la cause est jolie à première vue, les méthodes utilisées (par beaucoup d'entre eux) peuvent être qualifiées sans risque de fascistes, sectaires et agressives. Qui n'a jamais vu un végan insulter de « sale meurtrier » lorsque le sujet de manger rouge venait ? Ce qui m'amène au sujet de cet article : est-ce immoral de manger de la viande ? Êtes- vous un monstre car vous mangez du steak ? Pour répondre à cela, je diviserai mon argumentation en plusieurs parties : * Les animaux sont-ils ou pourraient-ils devenir des personnes ? * La consommation de viande est-elle immorale ? * Sommes-nous faits pour consommer de la viande ? * Remarques taquines * Une note douce pour finir 1 – Les animaux sont-ils ou pourraient-ils devenir des personnes ? Question qui n'est pas si impromptue que cela, puisqu’une pétition au début des années 2000, signée entre autres par Luc Ferry et Mathieu Ricard, demandait que les animaux soient considérés comme des personnes. Qu'en est-il ? Est-ce intellectuellement envisageable ? Juridiquement (car je suis en fac de droit donc allons-y), une personne juridique est une personne capable d'être titulaire de droits et de devoirs. Non seulement cela, mais elle est capable, par sa volonté, de créer des situations entraînant des effets juridiques. Exemple simple : vous pouvez passer un contrat avec quelqu'un et vous soumettre aux règles du contrat. C'est une chose qui est donc spécifique aux hommes. Alors, j'entends déjà rager dans mon potager : « oui mais certaines personnes n'ont pas la faculté mentale de faire tout cela. Pourtant elles ont une personnalité juridique. Alors, pourquoi pas les animaux ? ». Il y a une raison simple : ils sont nés hommes et sont, ainsi, protégés comme tels car ils sont au sein de la société humaine. Les lois concernant l'universalité du genre humain, ils ont besoin d'être protégés juridiquement. D'ailleurs, veuillez noter que cette personnalité s'accompagne souvent d'une tutelle, preuve qu'ils ne sont pas libres totalement de passer des contrats etc. Pour l'heure, les animaux sont des biens meubles doués d'une certaine sensibilité. À ceux qui penseraient que cela ne les protège pas, je rappelle que nos codes (comme le code pénal) disposent qu'ils doivent "être traités selon les impératifs biologiques propres à leurs espèces". Sans compter que les actes de cruauté envers eux sont réprimés. Autant dire que, pour des biens meubles, on ne fait pas n'importe quoi avec eux. Les animaux pourraient-ils prétendre à devenir des personnes ? Philosophiquement (et espérons-le), non. Selon Defrénois : "Il y a un danger mortel à réifier la personne (la faire devenir objet) et personnaliser l'animal". Pourquoi ? L'homme dispose de plusieurs caractéristiques qui lui sont propres. La capacité de se projeter dans le temps, le langage articulé avec ses signifiants et signifiés... Mais surtout, une conscience morale. C'est cette conscience morale qui va faire qu'une personne est responsable juridiquement. Une personne a le choix tandis que l'animal vit par son instinct. Peut-on 10
  • 11. reprocher au lion de courir après une antilope pour la manger ? Non : il va le faire de lui-même sans s'interroger sur la finalité morale de cet acte. L'homme, lui, pourra toujours dire "non" et refuser de s'en prendre à la pauvre bête. Personnaliser l'animal, ce serait lui octroyer des capacités qu'il ne possède pas et, à fortiori, cela serait un bond en arrière considérable. Au Moyen-Âge, on faisait des procès aux animaux. Or, on voit bien qu'entre l'homme est l'animal, ces différences font que l'animal n'a ni responsabilité (il n'a ni la morale ni la conscience de faire du mal), ni une capacité de produire lui-même des effets juridiques, ni la capacité de vivre dans la société humaine (par son manque de langage et sa capacité à se projeter dans le temps). Ainsi, on ne peut qualifier un animal de personne. Ou alors, il faudrait vivre sur la Planète des Singes. 2 – La consommation de viande est-elle immorale ? Pour que la consommation de viande soit réputée immorale, il faudrait trouver dans les mœurs une preuve de son caractère anormal pour notre espèce. Or, ces messieurs vont me dire : "nos mœurs sont corrompues par le grand vilain lobby carniste". Si on exclut donc le sophisme de cette argumentation, il nous faut donc nous référer à quelque chose de supérieur aux mœurs humaines afin de savoir si, oui ou non, manger de la viande est un crime. Pour cela, deux solutions : soit on regarde du côté des religions, soit on regarde du côté de la nature. Envoyez Morgan Freeman d'abord je vous prie ! Plus sérieusement, en y regardant de plus près, aucune religion ne fait de la consommation de viande un tabou explicite et absolu. Et ce n'est ni Jésus qui mangeait des poissons, car réputés pour n'avoir pas d'âme, ni Bouddha qui mangeait de la viande chez ses hôtes, qui nous diront le contraire. Du coup, il nous reste la nature. Que nous dit-elle ? Et bien il n'y a pas de texte dans la nature elle-même mais, cependant, par une simple observation générale du règne naturel, on peut en tirer deux règles simples en lien avec notre problématique : "tuer ou être tué" (#Flowey Dans Undertale) ainsi que "survit, et si tu as faim : bouffe". La survie, dans le monde, s'est toujours faite sur cette base : pour vivre, il faut nier l'existence de notre nourriture. En gros, il faut la tuer en niant sa volonté de survie, caractéristique de l'être vivant. Le meurtre est universel. Cela marche pour tout. Quand vous déterrez une carotte, vous la tuez. Et ne me dites pas que l'action de tuer est moins grande parce qu'il s'agit d'un légume sans conscience et ne souffrant pas. Peut-être souhaitez-vous que je sois assez taquin pour vous faire une litanie morale sur les personnes à l'état de légumes ? Ainsi, suis-je un meurtrier si je mange une vache ? Je vous réponds : oui et je l'assume complètement. Non seulement je suis un assassin mais j'en suis fier. Et je dirais même plus : je me sens davantage plus morale qu'un de mes congénères, tueur de végétaux, qui s'impose comme une oie blanche par le seul fait qu'il soit un tueur sélectif. Tuer un animal, si la fin est alimentaire ou si ma survie directe est en jeu, m'apparaît être normal et naturel. Et je souligne : les raisons employées ci-dessus m'apparaissent les seules acceptables. Il n'y a aucune raison de tuer un animal pour le plaisir (sauf si vous êtes un chat, aussi nommé "truc à poil démoniaque"). Le loup se rue- t-il derrière une biche après s'être rassasié ? 3 – Sommes-nous faits pour consommer de la viande ? Après avoir abattu l'argument de l'immoralité, la question de notre capacité à manger de la « barbac » reste en jeu. Nous allons balayer l'argument de notre impossibilité à manger de la viande en deux temps. Vous avez sans doute déjà vu cette fameuse vidéo d'un professeur de biologie qui expliquait à ses élèves que nos intestins seraient aussi longs que ceux des herbivores. Et donc, par conséquent, nous sommes faits pour manger des 11
  • 12. végétaux (avant de partir dans un délire sur les prétendus mensonges des lobbys carnistes). Sauf que, il y a un grave problème avec cette argumentation. Nous comparer à un mouton ou à une vache est tout aussi intelligent que de nous comparer à un lion. N'importe quel professeur de biologie, un tantinet rigoureux, vous dira que le mieux est de nous comparer avec des animaux ayant des gènes similaires aux nôtres. Par exemple, le cochon ou le singe. Et ces animaux sont des quoi ? Des omnivores. Comme c'est curieux... Ensuite, on dit souvent que la surconsommation de viande peut entraîner des maladies diverses. J'aime beaucoup cet argument car je n'ai presque pas besoin de le détruire : il est lui-même assez lézardé de fissures comme ça. Vous ne trouvez pas ? Allons faites un effort ! Toujours pas ? Vous tenez vraiment à ce qu'il éclate entre mes doigts ? Soit. Eh bien ça tient dans ce seul mot : "surconsommation". Et oui : tout ce qui est à l'excès est nuisible. La viande, les fruits et même l'eau n'échappent pas à cette règle. Si vous mangez trop de tomates, vous acidifierez votre estomac. Si vous mangez trop de pruneaux, vous aurez un sacré problème intestinal. Si vous buvez trop d'eau, vous vous abîmerez les reins (la pub de votre enfance durant les canicules vous a bien menti sur le "à volonté"), si vous ne changez pas votre eau régulièrement vous aurez des carences etc. 4 – Remarques taquines Je trouve un peu rigolo de constater que des hommes prônant la paix et la tolérance, au travers de la lutte pour la protection des animaux, usent de méthodes qui raviraient les jeunesses hitlériennes tant leur fanatisme et leur haine sont grands. Et plus rigolo encore, je trouve que les carnistes, dépeints comme des meurtriers et des violeurs d'enfants dans les bouches véganes, sont beaucoup moins agressifs que ces chevaliers de la morale et de la justice. La preuve des vertus positives des saucisses dans l'organisme n'est donc plus à faire : elles calment la fureur et endorment les pulsions asociales. Alors, faites un don de viande à nos pauvres amis. Provocation de très mauvais goût mis à part, je respecte énormément les végétariens et je soupçonne seulement notre société, où la reconnaissance sociale est importante, d'en pousser certains à se radicaliser. L'effet de groupe jouant alors, on peut assister à de véritables lynchages verbaux à l'encontre des "carnistes" qui n'ont pourtant rien demandé. C'est pourquoi cet article n'a en rien le but de pointer les végétariens du doigt mais de répliquer à certains qui travestissent un noble combat en une excuse pour pratiquer le harcèlement moral en bande. Je pense qu'il y a deux types de végans. Bien que je respecte son travail et l'apprécie beaucoup, il y a ceux à l'image de LinksTheSun : moralisateurs et pétrie des défauts qu'ils pointent du doigt. Cela peut déboucher sur des personnes encore pires comme la fameuse "AnneSoFruit", s'interrogeant sérieusement sur la valeur de la vie des carnistes. Et puis, il y a ceux comme DidiChiandouidoui, vegan pacifiste, posé et tolérant. Des gens qui, même si je ne crois pas en leurs idées de paix animale (le jour où lions et hyènes feront un traité de paix, on sera dans la m....) ou d'osmose avec la nature par le non-meurtre, font que je respecte leurs convictions et m'intéressent à elles. Des gens qui, même si je suis un carniste indécrotable, me font réfléchir sur mon mode de vie et sur la vie. 5 – Une note douce pour finir Malgré ces défauts, les végétariens/végans "normaux" ont des luttes qui sont nobles. Ils se battent pour limiter les souffrances des animaux dans les abattoirs ; pour revoir notre consommation de viande peut- être trop haute et qui, en la baissant, permettrait peut-être de nourrir plus de monde ; pour la sauvegarde de la biodiversité... Même si je ne suis pas prêt (et je ne le serais jamais, j'aime trop ça) à changer mes habitudes, je pense que ce sont des luttes qui méritent qu'on y jette un œil. 12
  • 13. Coup de gueule et bol de riz par Juliette Bruneau Déçue. Stupéfaite. Surprise. Je suis restée muette, bouche bée et, mon plateau en arrêt à l’horizontal, je ne pouvais rester silencieuse devant ce manque, cette absence. L’absence d’élèves, de têtes bouclées, blondes ou sérieuses au self lors du bol de riz. À l’origine, événement synonyme de générosité, aujourd’hui, dévalué au rang de « régime spécial » d’un jour pour certains. Il faut dès lors revenir à l’aube du projet, regarder avec nostalgie l’époque où des groupes de hard rock improvisés faisaient trembler les murs de l’Ancien Gymnase, où ce concert atypique n’était offert qu’aux participants et où le riz triomphait comme roi du jour dans des chariots extraits du self. Ne soyons pas utopistes et n’affirmons pas qu’alors chaque fier élève de l’Immaculée Conception choisissait de ranger son estomac et d’y préférer sa raison mais soyons réalistes néanmoins ; les « isolés », cantonnés au décor quotidien de la chapelle, étaient fort peu nombreux face à la foule excitée et joyeuse se pressant contre la timide entrée du populaire festival. Je ne choisis pas ici d’élever les participants au rang de saints, se sacrifiant en évitant le dessert pour imiter Jésus et sa traversée du désert. Je ne choisis pas non plus de lapider par mes mots les sensibles élèves attachant de l’importance au goût et choisissant de ne pas réaliser une sortie de route les rendant un peu fous. Important, cependant, il est, de souligner la maigre action qui était demandée : laisser tomber, pour un midi, nos assortiments gourmands pour introduire quelques affables morceaux de riz dans un estomac assez solide pour supporter le manque d’un plat en 3 étapes, rassurez-vous. Alors les « je suis trop fragile, je ne supporterai pas », « et si je m’évanouis en sport ? » ou encore « il me semble être allergique au riose », sont condamnés à être réfutés ! Mon indignation ne réside néanmoins pas dans la réfutation du projet pour cause de « préférence alimentaire », non, mais dans le fond du sujet, lorsque l’on creuse un peu et que l’on découvre - si, je vous l’assure, certains n’étaient pas au courant ! - que le bol de riz reste un événement à valeur caritative et vise à apporter un support financier à quelques associations tout en élevant, à valeur symbolique, la compréhension d’une importante partie des citoyens du monde entier qui ne dispose pas de notre confort alimentaire. Autour d’une assiette immaculée agrémentée de pyramides de grains de riz, sur fond musical de révélations artistiques et dans une ambiance chaleureuse et le sourire aux lèvres, nous pouvions alors partager un moment convivial en effectuant dans le même temps une action généreuse. Il ne s’agissait pas non plus de gonfler notre ego en instrumentalisant cette participation pour en faire une fierté humanitaire, simplement de s’oublier un temps pour penser altruiste avant tout. Alors les élèves de l’Immac’ ne sont-ils pas assez sensibles au monde et à la condition de l’Autre ? Et bien ce que l’on peut déjà affirmer est que les « immaculéens » sont ambitieux, qu’ils visent toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus fort ! À l’heure d’une torture douce à propos de l’ordre de nos vœux APB, revenons sur ces rêves que nous exprimons : on parle de devenir médecin, ingénieur, professeur, journaliste, peintre, styliste, agriculteur, ébéniste, diplomate et autres professions prometteuses, appétissantes et véhiculant à chacun des souhaits grandissant. Mais dans une France, une Europe et un Monde à tendance nationaliste, protectionniste et opposée à toutes libertés, choisissons de donner de la voix et de créer NOTRE liberté. Choisissons de devenir médecin à Haïti et de former les étudiants locaux, de devenir ingénieur des eaux pour construire des puits et un meilleur accès à l’eau en Afrique subsaharienne, de devenir professeur dans les banlieues sensibles de France et de se battre pour une mixité dans l’enseignement, choisissons d’être artiste pour relayer la tristesse de la Terre 13
  • 14. pour sensibiliser d’une manière innovante et juste le bas peuple … ; choisissons d’être nous, tout simplement et assurons- nous de, tout d’abord, changer le monde. Cet élan mondial, ce regard tourné vers des fléaux qui nous surpassent commence par une considération des démunis, aidés par les associations subventionnées par … le bol de riz. Si vous avez louper le coche, pour une raison qui vous laisse perplexe aujourd’hui, il est toujours temps de s’engager au quotidien, la générosité est à taille humaine ! Le 23 avril pour les heureux majeurs, vous avez pu décider de créer une nouvelle page d’histoire ensemble, en espérant que des idées révolutionnaires nous animeront alors parce que nous, les « jeuns », allons vivre cette nouvelle page demain. Être homo au lycée par Mathieu Guérin Il est d’usage de penser que les choses s’améliorent en grandissant, en particulier lorsqu’on est adolescent et que l’on peut enfin quitter le collège, un lieu où seul le mot « jugement » semble pouvoir résumer l’état d’esprit du lieu. Oui, nous aimerions tous échapper au regard des autres. En réalité, l’illusion ne dure que peu de temps. Le lycée est en somme, un lieu quelque peu plus évolué que le collège, mais de là à croire que l’acceptation de la différence se fait en clin d’œil, seul un fou s’y risquerait. En effet, il est amusant de voir à quel point chacun peut revendiquer sa différence, mais comme tous reculent devant l’inhabituel. Tous sont des mannequins bien hétérosexuels qui par le plus grand tour de magie définissent les codes qui doivent être suivis par des moutons asservis. Naturellement, si être un mouton ne vous plaît pas, vous êtes très vite remarqué(e). L’exemple le plus parlant est sans aucun doute l’homosexualité. Quelle étrangeté qu’un « pédé » dirons certains, d’autres préférerons le mot « tapette », ou ceux qui ont même un cerveau encore plus développé se vanteront d’avoir trouvé la formulation de « tapette aux manières de pédé ». Quelle beauté dans le langage, n’est- ce pas ? Comme il est fascinant de voir à quel point on peut s’insurger devant un propos raciste et de la même manière s’asseoir sur le même banc à chaque récréation en groupe de 4 et de sourire parce que l’orientation sexuelle d’un homme est différente des autres. Étonnant de constater que les propos racistes sont proscrits mais qu’une plaisanterie sur un homo qui tenterait de draguer une fille grâce à un vulgaire piano passe à merveille. Et bien entendu si vous avez le malheur de montrer votre mécontentement, on vous répondra qu’il est inutile de se « vexer ». La question que je ne peux alors m’empêcher de me poser est de savoir si c’est l’âge qui fait agir ou s’il s’agit tout simplement d’un bourrage de crâne effectué depuis 2000 ans. Bourrage de crâne qui justifierait le comportement de certains ou certaines… Voyez-vous, lorsqu’un Danois s’assoit à coté de vous, une réaction dite « normale » serait de se rendre compte qu’il ne s’agit que d’un élève en voyage scolaire. Mais un lycéen qui pense se comporter de manière dite « normale » ne pourra s’empêcher de vous demander ce que vous avez pensé de ce Danois. Et si votre réponse n’est pas celle que vos « amies » attendaient, elles penseront que vous avez interprété la chose comme étant de l’homophobie, là où en fait vous avez seulement ri du ridicule de ces personnes qui détestent les stéréotypes mais qui n’hésitent pas à plonger dedans quand bon leur semble. Amusant ? Non ? Amusant de voir que les choses changent aussi vite que l’humeur de ces hétérosexuels qui dirigent nos petits moutons asservis. Prenons un autre exemple, les Poppers. A première vue, ceux qui savent de quoi il s’agit vous dirons que ce n’est qu’une substance pour « gays ». Puis la seconde d’après, s’il vient l’envie à certains d’entre eux de se justifier sur le fait que ce ne soit pas que pour les « homos » alors de manière 14
  • 15. fortuite, la chose deviendra « normale ». Oui, le fonctionnement du lycée est bien plus énigmatique qu’il n’y paraît, mais vous l’aurez compris au fond tout ceci est normal. Pourtant certaines choses demeurent inexplicables. Comment, par exemple, expliquer la mode au lycée ? Comment expliquer que l’on critique une tapette aux manières de pédé alors que ces fameux hétérosexuels si virils qui portaient le jean au ras des fesses ne voient à présent aucun inconvénient à porter des slims plus serrés que le sexe féminin, avec le bas retroussé qui plus est. S’il y a une raison, je serai ravi que l’on m’explique la chose en évitant l’excuse déjà fournie par la « mode ». Mais il est évident que tout ceci est normal, car comparé à l’homosexualité, cette manière de porter un pantalon a le mérite d’être à la mode, certains dirons « swag » étant donné le niveau d’anglais impressionnant qu’ils possèdent. Mais la mode n’est qu’un élément mystère parmi tant d’autres. Comment pourriez – vous expliquer le comportement d’un homme au lycée ? Il est toujours très étrange (ou peut- être pathétique) de voir que beaucoup de ces hétéros fustigent les pédés comme on fustige les lépreux, mais comme tous exhibent leur virilité dans les douches et loin des filles. Il est tout aussi étrange d’écouter la profondeur des conversations de ces mêmes hétéros dans les vestiaires. En somme, les discussions de ces prétendus experts de l’anatomie féminine ne tournent qu’autour du sexe. Mais alors pourquoi ne parler que de « pédés » ? Pourquoi ne parler que d’hommes si les femmes sont leur seul centre d’intérêt commun (hormis celui de la drogue et des cigarettes naturellement) ?! Pourquoi se taire lorsqu’un homo entre dans les vestiaires alors que l’on chantait une chanson paillarde sur les pédés ? Le ridicule tuerait–il soudain ? Il y aurait d’autres exemples comme celui de la peur d’un hétéro croyant qu’un homo est intéressé, mais je m’arrêterais là. Fort heureusement, vous trouverez toujours des gens pour vous aider. En ce qui me concerne si je n’avais pas eu un ami ouvert d’esprit je ne serais peut-être pas en train d’écrire. Mais quand bien même vous êtes entourés de gens qui vous aident, cela ne suffit pas. L’intention peut être bonne, mais vous êtes le seul à rentrer chez vous le soir en étouffant les pleurs avec les oreillers pour éviter d’expliquer la situation à vos parents . Qu’il s’agisse de vos amis ou de vulgaires crétins, la vérité c’est que l’on est seul. On peut sourire, plaisanter, parfois même se montrer fort face aux critiques, mais en réalité, les chuchotements dans les couloirs, les sourires hypocrites vous marquent. Ayant actuellement 19 ans, le lycée m’aura au moins appris que les rêves sont une perte de temps. Espérer un changement est possible mais l’obtenir ne l’est guère car la vérité c’est qu’un pédé au lycée n’a pas sa place parmi les autres. Il serait hypocrite de penser qu’en 2017 les choses ont changé, que la Gay Pride ou le mariage pour tous y changeront quelque chose parce qu’en réalité, le mépris continue. On peut vous faire croire qu’il n’y a aucun problème, mais un seul commentaire du style : « je vais lui demander ce que pense l’Islam des pédés » suffit à vous faire comprendre où est votre place, si toutefois vous en avez une. Les gens m’ont toujours vu comme un excentrique. Longtemps surnommé Louis XIV au collège, je suis à présent le « pédé » du lycée. J’aurais au moins eu le gain de gagner un titre à défaut d’avoir souffert pendant ces 7 dernières années. J’aurai au moins eu le privilège d’apprendre à aimer sans rien attendre en retour, à endurer les moqueries en me disant qu’il ne s’agit que d’un mauvais moment à passer. Je suis arrivé en tant que simple élève de sixième naïf et désireux de réussir sa scolarité, je repars aujourd’hui en tant que Terminale qui a conscience du pathétisme et de la fausseté exercée chaque jour par 2000 élèves. C’est cette même fausseté qui m’a contraint à 15
  • 16. l’intolérance et qui a fait de mes 3 dernières années un enfer lorsque tout le monde a appris que j’étais gay. Peut être que certains attendront un conseil. Et bien soit, j’en donnerais un : Arrêtez ! Arrêtez de vous comporter comme de vulgaires moutons pour pouvoir vous faire accepter, arrêtez d’acheter un sac Longchamp ou Eastpack pour ne pas être ridicule parce que « tout le monde en a un ». Il est affligeant de croire qu’un Iphone ou un compte Snapchat rendra votre vie meilleure, qu’une fête d’étudiants le jeudi soir rendra votre quotidien plus divertissant. Devenu majeur ou presque, le regard ne devrait plus poser problème. Car je ne suis pas dupe, je doute fort qu’il est un seul homosexuel dans une seule institution. Quand vous rentrez chez vous le soir, prenez un instant devant votre miroir, et laissez tomber le masque, tout en vous demandant le pourquoi du comportement qui est le vôtre au lieu de penser qu’un permis de conduire et un accès à l’université vous rendrons libre. Alors, n’attendez pas un changement quelconque, provoquez-le. Souvenez-vous que les gens ne vous aideront jamais, tant les professeurs que les élèves, il arrive même que vous ne trouviez pas de réconfort chez vous alors ayez au moins le mérite de pouvoir montrer votre différence… “Be yourself, everyone is already taken.” Oscar Wilde Being gay at school by Mathieu Guérin It is admitted that things tend to improve when growing up, especially when we are a teenager and our secondary school years come to an end, where only the word "judgement" seems to best summarise the state of mind of the place. Yes, we would all like to escape other people’s opinion. In fact, the illusion doesn’t last forever. High school is a somewhat more developed place than secondary school, but only a fool would go drawing from that conclusion that accepting difference is done in a blink of an eye. It's fun to see how everyone can claim their difference and how each step backwards toward the unusual. Indeed, they are all straight models, who by the greatest trick ever, define the rules that should be followed by blind followers. Naturally, if you do not like being a trendy lemming, you will be quickly noticed. The most striking example is 16
  • 17. undoubtedly homosexuality. What a "faggot" will say some, others will prefer the word queer, or those who have a more developed brain will boast themselves with the queer – mannered formulation. What a beautiful use of the language! How fascinating it is to see how much you can rise up against racist comments and sit on the same bench at each recess with a group of 4 guys and smile ironically because a man’s sexual orientation is different from the others. If you show some displeasure, you will be told there’s no need to take offence. In this particular case, I can’t stop wondering whether the age triggers this specific behaviour or if it is simply a brainwash that has been living on for over 2000 years. That so – called brainwash would justify some people’s behaviour actually… You see, when a Danish guy sits next to you, a so-called "normal" reaction would be to say that it is only a student on a school trip. A high school student thinking their behaviour is "normal" cannot help asking what you think of that boy. If your answer is not the one your "friends" were waiting for, they will think you got it all wrong, as if it were homophobia, whereas you only laughed at the absurdity of those people who hate stereotypes but don’t hesitate to take a dip in whenever they feel like it. Quite funny, isn’t it? Funny to see that things change as fast as people’s mood, the same ones who rule the little enslaved sheep. Let's take another example, Poppers. In the beginning, those who know what it is about will say it’s a gay thing. However, if some of them wish to justify on why it is not just for "homos", then the thing will become "normal" all of a sudden. Yes, school system is much more complex than that, but you must have figured everything’s normal already. Yet, some things remain odd. How to explain fashion in high school? How to explain the criticism made upon a homo, whereas those supposed manly heterosexuals who used to be saggers have no problem with wearing rolled-up slims tighter than girls. If there’s a reason, I’d be delighted to be given a proper answer apart from the one fashion provides. But this must be normal thing. After all, wearing rolled-up slims is trendy at least compared to being homosexual. Perhaps some people might say "swag" since their English is actually quite breathtaking (or so…). Fashion is only a problem out of many. How could you explain a guy’s behaviour at school? It is always weird (or maybe pathetic) to see many of those straights shun gay guys as people used to shun the lepers, while they don’t hesitate to show off in showers, far away from girls; and so is it to notice how deep their conversations can be. In fact, those so-called experts’ discussions about the female anatomy only revolve around sex. Why only talk about "faggots" then? Why only talk about men if women are their only interest (apart from drugs and cigarettes of course)?! Why keep silent when a gay guy walks in if singing smutty songs about queers was so easy? Has the cat got someone’s tongue? There would be other examples such as the fear a straight guy may feel if he thinks some gay guy is into him, but I’m going to stop with these examples. Fortunately, you will always find people to help you out. As for me, if I had not had an open-minded friend I wouldn’t be writing now. Despite the people who surround you, their help isn’t enough. It might be seen as a valuable help, but you’re the only one going back home at night, trying to stifle the weeping with your pillow to avoid explaining things to your parents. No matter how many friends or jerks you encounter, one is lonely. You can smile, joke, sometimes even try to overcome other people’s opinions, but whispers and hypocritical smiles in the corridors strike you. Now that I’ve just turned 19, high school will have taught me that dreams are a complete waste of time. Hoping for a slight change is feasible but getting it isn’t, because the truth remains, a faggot is and will always be lonely. It would 17
  • 18. be hypocritical to think, in 2017 things have changed, that Gay Pride or Gay Marriage will change it all, because contempt still goes on. You may be told there’s no problem, but a little something such as: "I’ll ask him Islam’s opinion about fags" is enough to make you understand where you belong, if at least you do belong somewhere. People have always seen me as an oddball. Known as Louis XIV in secondary school I am now the High School Queen. I eventually won a title after trying to pull through for the past 7 years. Yet, as cheesy as it may sound, I got the privilege to learn what love means without expecting anything in return, to undergo mockery by telling myself that it was only a bad time to go through. I came here as a simple and naive seven-year student eager to succeed in studying. As I find myself on the verge of leaving school as a student I am now well aware of how pathetic people can be and self-deception 2000 students put themselves into every day. That same deception led me to being bullied in the corridors and mocked at for no reason during the last 3 years because everyone suddenly heard “there was a faggot in a catholic school”. Some of you might be waiting for a piece of advice. So be it, I'll give one: Stop it all! Stop being trendy lemmings to be accepted, stop swooping towards Longchamp and Eastpack bags so as not to be ridiculous because "everyone has got one." It is a pity to think an Iphone or a Snapchat account will make your life better, or regular Thursday parties will entertain you even more. When being in high school, opinion should no longer be a problem. That is precisely what I have learned throughout these years. Yes, despite how wretched people might depict me it doesn’t mean I got soft in the head, in fact I doubt there’s only one homosexual guy in an overcrowded institution. So when going back home in the evening, just have a look at yourself and instead of thinking a driving license or enrolling at the college you want are the keys to freedom, just remove the mask while wondering why you behave like this, and for once think over! So, don’t expect any change to occur, make it happen. Remember people will never help you, as well as teachers and students, sometimes you won’t even find support at home, therefore, be proud of showing your difference… The decision par Anne Dubouch Quelle décision avaient-ils prise ? Après ce grand conflit qui avait fait trembler toute la Terre, une organisation internationale avait été créée. Elle avait pour but de préserver la paix et de soutenir le développement des pays. On voulait s'entraider, et ne plus avoir à s'entretuer. Cela tenait. Cependant, quand la crise vint, ils décidèrent de ne plus faire partie de cette organisation internationale. Ils n'avaient plus d'envie d'aider quel pays que ce soit, en ayant des problèmes économiques et politiques : l'immense masse noire des révolutionnaires se profilait à l'Est, et de sombres idéologies apparaissaient à l'horizon. Alors chacun retourna dans son coin, la peur et la haine de l'étranger nous ayant renfermés sur nous- mêmes, et la SDN disparut, faute de préservation de la paix. C'est ainsi que la dictature et ses idées noires vinrent. Et elles nous conduisirent au pire qui soit sur Terre. Une seconde guerre mondiale où des millions d’êtres humains furent tués eut lieu. Les Américains étaient venus une fois de plus aider les Alliés et avaient une fois de plus gagné le conflit. Ils étaient les sauveurs du monde. Désormais que la guerre était terminée, nous ne savions pas ce qu'ils allaient faire. Allaient- ils rentrer chez eux et retourner à leur politique isolationniste ? Ou bien allaient-ils créer une nouvelle Société Des Nations ? Ma mère et moi attendions la décision des États-Unis ainsi que la réaction des autres pays, la peur et l'espoir se battant l'une contre l'autre : que deviendrait notre pauvre pays, l'Allemagne ? 18
  • 19. L’espoir et l’espérance par Millena Brandao Que signifie l’espoir pour vous ? « L’espoir c’est attendre quelques choses qui nous rend heureux, un but. Pour l’atteindre, il faut s'en donner la peine et être patient. » - Elias B. « Pouvoir toujours croire. » - Donia T. « Avoir la foi en un succès même si tout semble l’empêcher de se réaliser. » - Lucas B. « Espérer peut nous rendre malheureux. Surtout lorsque l’on s’accroche à quelque chose qui ne nous est pas destinée. » - Arthur S. « Quand tu ne perds pas la motivation et gardes en toi la certitude que tu auras ce que tu veux. » - Vanessa S. L’espoir est le dernier qui meurt Il n’existe aucune vie dépourvue de tourments. Cependant, les épreuves que subit l’Homme au cours de son existence laisse place à un sentiment optimiste et confiant que l’on nomme communément : Espoir. Celui- ci évoque l’attente de l'exaucement d'un désir ou d'une ambition. Un proverbe populaire brésilien dit « L’espoir est le dernier qui meurt. ». Nous gardons tous en nos cœurs des perspectives de conquêtes et de réussites dans tous les domaines de notre vie. Ainsi, l’espoir est essentiel à chacun d’entre nous puisqu’il nous donne la force de vaincre l’adversité et surmonter les obstacles, de lutter pour ce que nous convoitons. Nous avons la patience pour attendre la réalisation de nos projets même quand tout nous incite à abandonner. Néanmoins, la force donnée par l'espoir trouve sa source dans une dimension existentielle humaine. Il ne constitue donc pas une totalité ou une certitude mais plutôt un calcul de probabilité, une estimation. En effet, l'espoir sera dirigé vers un objet qui semble à première vue être réalisable par nos propres moyens ou par le biais d'autrui. Il dépendra des différentes circonstances intellectuelles, émotionnelles, matérielles de l'Homme et sera limité par notre propre nature humaine. Cependant, parfois, l’Homme est envahi par une force transcendante et extérieure à lui-même. Alors, il naît un sentiment nouveau, certes similaire sur quelques points mais opposé en d’autre. On l'appelle l'espérance. Il est communément admis que le sens de ces deux mots (espoir et espérance) est identique. Je pense que l'on peut cependant apporter une nuance. L'espérance peut être rattachée à un principe divin de l'Homme envers Dieu. En effet, elle fait partie, dans la religion chrétienne, des trois vertus théologales avec la foi et la charité. Dans ce cas, l'espérance ne se lie pas aux événements ou aux circonstances humaines mais se base sur une promesse de Dieu ce qui fait d'elle une assurance. En effet, c'est la foi en un Dieu omnipotent qui fait le bonheur et la sérénité du croyant. L'objet de l'espérance vise souvent quelque chose d'irréalisable par l'Homme lui- même. Par conséquent, l'espérance est intimement liée à la manifestation de la fidélité de Dieu qui ne déçoit pas et permet la complète satisfaction de celui qui croit. L'espérance est immanente au temps. Elle reste continue et enracinée tout au long de l'existence. Tout comme l'espoir, l'espérance donne la détermination, la persévérance et le courage d'attendre la concrétisation de nos envies. Elle permet de venir à bout des entraves et de persister sur le chemin de l'accomplissement de nos rêves. « Celui qui a de l’espoir voit le succès où d’autres voient l’échec, le soleil où d’autres voient les ténèbres et la tempête. » O.S. Marden « Tout ce qui est fait de grand dans le monde est fondé sur l’espoir." Martin Luther King 19
  • 20. EXPRESSIONS LITTÉRAIRES Extraits de Rêves Inachevés par Pierre-Ambroise Gallouet 7 Les jours passèrent. Puis les semaines. Puis les années. Nous revoici six ans plus tard. Blanche ouvrit la porte du placard à balais du fast-food dans lequel elle travaillait. Après une journée à recevoir les commandes de personnes désagréables lui crachant presque quelques morceaux de glaire au visage entre deux insultes, la jeune fille avait reçu la demande de la direction de bien vouloir nettoyer. Prenant son peu de courage à deux mains, la jeune fille, du haut de ses 23 ans, passa énergiquement sa serpillière afin de rendre le sol plus reluisant que jamais. Tâche ardue que d'extirper les bouts de nuggets au goût de caoutchouc, dont les gamins de douze ans raffolaient, et les jouets épars des menus- enfants... D'ailleurs, aujourd'hui, l'un des gosses avait lancé sa babiole à la figure de Blanche en s'exclamant d'un ton impérieux : « Il est nul-euh ». Ce gamin aurait bien mérité un sacré savon ! Il y avait aussi des frites sur le carrelage, si grasses qu'après une journée chaude elles collaient comme de la colle... Blanche avait raté ses études, elle n'avait plus d'envies. L'injustice existera pour toujours et à jamais. Pourquoi certains s'acharnent ainsi dans cette vie ? Il n'y a pas de sens à cela... traînons-nous jusqu'à nos tombes et nous y abandonnerons là le complaisant et l'autolâtre. Que faisait-elle encore ici après tant d'années ? Son travail terminé, la jeune fille ferma la porte du restaurant, prit sa voiture et rentra chez elle, le front en sueur, couvert par la graisse des machines servant à huiler les frites. Elle rentra chez elle après une dure journée de travail. Remontant les escaliers de son immeuble. Enfin la porte de chez elle ! Elle marcha sur son paillasson. À son contact, elle ne put s'empêcher de soupirer d’exaspération : le chien du voisin venait encore de pisser là... Le voisin laissait la vilaine bête se promener dans tout l'étage. Le vieux s'en excusait toujours platement et offrait des dédommagements à tous ses voisins en exprimant, avec toute sa sincérité, à quel point il était désolé. Mais que faisait-il pour changer cela ? Rien. Blanche ne s'énervait même plus désormais : elle subissait en silence. À quoi bon chicaner ? Il est comme tous les autres ; et les autres sont à l'image de la bêtise. Elle ouvrit la porte de son domicile, un appartement étroit disposant d'une fenêtre, un lit minuscule, une télévision cathodique, une douche petite, une cuisinière et un frigo juxtaposé à son lit. Seule la table et la chaise en bois, coincées dans un coin de son appartement où la tapisserie verte pomme s'effilochait d'un peu partout, étaient à peu près jolies. Elle retira son manteau, le jetant à l'aveugle sur la chaise, et alla s'allonger sur son lit en attrapant la télécommande de la télévision avec lassitude. Le poste s'alluma et elle brancha mécaniquement les chaînes d'information. Elle se leva soudain, ayant une petite faim, et se dirigea vers son réfrigérateur. La demoiselle en sortit une assiette de salade et quelques petites bouteilles de bière de vingt-cinq centilitres avant de se réinstaller sur son lit. Ses cheveux avaient légèrement poussé et étaient plus broussailleux qu’auparavant. Ses yeux noisette s'étaient quelques peu assombris comme les traits de son visage. Elle était épuisée de tout. Elle recevait de temps à autre un coup de téléphone de sa famille, toujours très inquiète de son état de santé. Elle tentait de les rassurer au mieux par des réponses prémâchées pour lesquelles elle n'avait aucune foi. Elle posa son assiette de crudité à même le sol et commença à ouvrir la première bière. Elle pouvait bien se permettre de boire : on était Vendredi soir et, si elle avait une gueule de bois, ça ne regardait plus qu'elle désormais. Et quand bien même elle perdrait son métier, cela lui passait au- dessus de la tête. Le téléphone portable de Blanche sonna soudainement. La jeune fille se leva pour aller répondre. Elle se saisit de l'appareil et reconnut une voix familière à l'autre bout du fil : « Allô ? - Allô ? Mademoiselle Ainot ? Nous vous rappelons que vous n'avez toujours pas payé votre facture d'électricité et que... - Ça va faire trois jours que je vous les ai envoyées » Répondit- elle au fournisseur d'électricité. Elle raccrocha vivement le téléphone en pestant. Elle regagna son canapé nonchalamment, décapsula une nouvelle bouteille qu'elle but, cette fois, entière d'une traite. Les infos continuaient sur un attentat. Il fallait qu'ils aient un 20
  • 21. sens de l'humour extrêmement douteux ou être fort limités intellectuellement pour massacrer hommes, femmes et enfants et se revendiquer martyrs. Alors que le présentateur allait aborder le troisième sujet de son journal, l'image se flouta, ondula et enfin grésilla. Elle se releva et alla voir si l'un des câbles s'était débranché...Elle regarda. Tout était en ordre semblait-il. Le poste continuait à grésiller. Elle tapa alors dessus et la machine se remis en route. Elle but une nouvelle bouteille, la portant à ses lèvres, et l'avalant en plusieurs longues gorgées sans aucun plaisir. Au bout de quelques minutes, elle sentit que sa tête devenait lourde. Elle tenait mal l'alcool et n'aimait pas la bière. Cela avait l'avantage d'être peu cher. Une fois son devoir fini envers la bière, elle alla remettre lourdement le paquet d'alcool dans le réfrigérateur et sortit une bouteille de vodka translucide, à moitié vide, et en but quelques gorgées au goulot. Ça lui brûlait la langue. Elle la remit à sa place. Son crâne lui faisait mal. Elle n'était pas fière de boire ainsi, mais ses problèmes ne disparaissaient jamais mieux qu'avec quelques grammes d'alcool dans le sang. Posant un pied devant l'autre avec une extrême prudence, elle appuyait ses mains contre le mur de son appartement qui ne tenait pas en place. Trop de vaguelettes partout. Elle suait à grosses gouttes et retira son pull ne la laissant qu'avec un t-shirt très fin. Suspendue comme sur une boule de cirque, elle examina le sol avec beaucoup de précaution pour trouver son équilibre. Celui-ci trouvé, elle jeta son vêtement à l'aveugle et, tombant à genoux, elle se traîna à quatre pattes vers son lit, prit la télécommande entre ses mains après quelques essais infructueux, et finit par éteindre la télévision. À genoux devant son lit, elle fit quelques efforts surhumains pour se glisser à l'intérieur. Sur ses draps, elle passa son bras sur son front et regardait tout autour d'elle le monde se dévoilant sous un autre angle. Elle respirait par la bouche à grandes bouffées. Elle avait juste envie de s'évader d'ici... Ses paupières, toutes lourdes de sommeil et d'alcool, la firent tomber dans les bras de Bacchus. 8 Sa migraine s'était évaporée. Elle se releva sur son lit les yeux clos. Lorsqu'elle les ouvrit, elle eut une envie inexplicable et irrationnelle d'aller prendre l'air. Elle se leva hors de son lit. Elle ne fit pas trop faire attention au décor de son appartement qui l'entourait et qui était reluisant. Sans doute était-ce grâce à la magnifique lumière argentée qui émanait de l'astre reine des nuits. Après plusieurs tentatives de stabilisation mises en échec, elle marcha jusqu'à son pallier, droite, en titubant presque à certains moments, mais à peu près rectiligne allons-nous dire. Elle gagna la porte de son appartement et, ne prenant pas garde de fermer derrière elle, elle entreprit de descendre les escaliers qui, sans qu'elle se soit donnée la peine d'allumer la lumière du couloir, étaient plutôt bien éclairés pour un lieu sombre, en colimaçon et sans la moindre ouverture. Ils étaient même plus large que d'habitude. Aurait-on fait des travaux hier soir sans qu'elle ne s'en soit aperçue ? Il lui vint une pensée : elle était donc si torchée que ça ? Alors ça c'était trop fort ! Elle avait vraiment dû abuser... Arrivée pieds-nus à la dernière marche du grand escalier de marbre, originellement fait de bois noir, Blanche fit face à une immense fontaine de laquelle sortait trois jets : un devin, un d'eau et un de lait. Passant devant cette fontaine très amusée et euphorique, elle ouvrit la fenêtre à côté de la porte d'entrée et sortit par cette dernière et non par la porte. À la place d'un trottoir collé à la route, elle se trouvait au beau milieu d'un immense jardin verdoyant et rempli d'arbres, de fleurs, de perce-neiges géants avec des grosses cloches en argent et de statues. À chaque pas qu'elle faisait, elle était un peu moins ivre et les statues lui apparaissaient comme fissurées ou couvertes de végétation. Certaines d'entre elles étaient même brisées. Son esprit reprenant très rapidement le dessus, Blanche remarqua une lumière inhabituelle se dessiner dans un coin quelque peu reculé du parc. Poussée par une curiosité tout à fait candide, Blanche se dirigea vers cette source. Elle pensait, tout naturellement, qu'il s'agissait sans doute du phare d'une voiture ou quelque chose de semblable. Elle n'avait plus la mesure de ce qui était inhabituel, ou habituel, sans quoi elle aurait remarqué le paradoxe de sa pensée. Quelle ne fut pas sa stupeur, lorsqu' atteignant sa destination, elle aperçut un escalier blanc, translucide et lumineux qui descendait plus bas. Blanche -encore un peu hébétée- éprouva une sorte de fascination irrésistible envers l'objet. Elle toucha d’abord de sa main la première marche qui, en dépit du fait qu'elle soit solide, donnait à la main de notre héroïne la sensation de toucher de l'eau. Rassurée sur le fait que la surface semblait solide, elle descendit tout naturellement les marches une à une. Arrivée en bas, elle se retrouva 21
  • 22. dans une pièce circulaire dont l'air lui-même y était lumineux et familier. Le sol était tapissé d'herbe émeraude. Il y avait une sorte de petite cascade au fond qui formait un petit ruisseau qui circulait tout autour de la pièce. Au centre, dans son socle de pierre poncée, reposait une épée de la même couleur que l’escalier mais avec une teinte plus argentée et plus opaque. Elle irradiait une faible lueur blanche et douce. À peine avait-elle fait trois pas dans cette salle qu'un bruit sourd retentit soudainement. L'escalier qui l'avait si sympathiquement mené ici venait de se volatiliser. Elle paniqua un peu, appela l'extérieur, chercha un moyen de sortie mais en vain. Une voix de jeune fille se fit entendre : « Par ici » Blanche se retourna. Personne. L'épée au centre irradiait de la lumière de manière plus importante qu'une minute auparavant. Elle s'approcha. À quelques pas de la lame, la voix se fit de nouveau entendre : « Regardez derrière vous » Blanche se retourna lentement. Elle vit une très jeune femme qui flottait au-dessus du sol. Ses cheveux étaient argentés. Elle avait littéralement le teint blanc comme de la neige et portait des vêtements de cette même couleur avec un losange bleu sur le côté gauche de sa poitrine. Une pièce de vêtement, tout autour de son cou, lui faisait comme une sorte d'écharpe épaisse qui laissait apercevoir la gorge délicate de cet être ravissant. C'était une espèce de poupée ; un être juvénile, une créature de synthèse dont les proportions avaient été dessinées pour être les plus symétriques et les plus proportionnées. Ses yeux, deux yeux aux iris bleus de saphir, vous regardaient comme s'ils étaient des yeux humains. Deux ailes de plumes, pratiquement invisibles si on ne faisait pas attention, étaient situées sur les omoplates de la fille. Elle ressemblait en tout et pour tout à une sorte de fée aussi grande qu'une femme adulte d'un mètre soixante-cinq. Elles se fixèrent quelques temps puis la fille aux cheveux d'argent reprit la parole et se présenta en ces termes : « Je m'appelle Faanivy. Je suis l'esprit de cette épée et votre fidèle servante. – C'est très probablement un rêve ! Se dit à elle-même la principale intéressée, le sourire aux lèvres laissant la gamine-fée poursuivre. – Je suis venue vous faire accomplir votre destinée et vous servir, ô puissante maitresse. – Bah tiens donc ! S'en amusa Blanche. Moi, une destinée ? Il faudrait encore me le prouver. Et me protéger de quoi ? Si c'est bien ton rôle tu arrives un peu en retard : vois donc un peu toute la merde que j'ai vécu ! Maintenant, si tu avais un peu d'argent pour me dépanner, ça serait top je t'avoue. – Maîtresse.... Je pense que vous ne prenez pas ce que je dis au sérieux... – Et tant que tu y es, si tu pouvais aller me chercher de l'alcool ça m’aiderait à changer de trip s'il te plaît. – On vous recherche activement : vous êtes en grand danger et vous devez vous saisir de Durendal- Excalibur pour... – Et merde... Je savais bien que sortir de chez moi bourrée le soir, ce n’était pas une bonne idée... fit Blanche ennuyée et se parlant à elle-même. Quoique je ne perde pas grande chose à me perdre ou à finir sous un 2 tonnes après réflexions. – Vous valez mieux que ce que vous pensez. Personne n'est inutile : chacun à quelque chose à offrir. – Puisque tu le dis, je te crois dans ce cas. – À la bonne heure j'espère... fit- elle en doutant un peu. Veuillez retirer je vous prie cette épée de son socle : elle est la légitime propriété de votre sang et de votre esprit. – Pourquoi cela ? Il se passe quoi si je la retire ? – Pour l'amour du ciel ! S'impatienta, de manière presque imperceptible dans sa voix, la gamine-fée. Faites ce que je dis et retirez-là, je vous en conjure ! –Très bien ! Très bien ! » Blanche regarda très attentivement la lame. En dépit de son élégance, ce n'était pas une lame de gamin : c'était une vraie épée qui semblait peser bien lourd. Blanche regarda une nouvelle fois la lame et se décida. « Juste une dernière... » Blanche n'écoutait plus Faanivy qui essayait de l'avertir. Elle se plaça juste au-dessus de l'arme et se laissa « jouer au jeu » puisque tout ceci n'était à ses yeux que « le fruit de ses hallucinations ». Elle entoura la garde de l'épée de ses deux mains et, sans même devoir faire des efforts, la glissa hors de son socle avec un grande aisance. Elle la brandissait fièrement au-dessus de sa tête d'une seule main, cette épée resplendissante. Cette légèreté lui semblait extraordinaire si bien qu'elle fit plusieurs moulinets maladroits sans aucune difficulté. « Il est temps de se réveiller et de bientôt se mettre en chemin » murmura Faanivy à l'oreille de sa nouvelle détentrice. Tout, autour de Blanche, s'illumina d'une lumière vive. L'instant d'après, elle se réveilla dans son lit dans la même position qu'au moment où elle s’endormit. Elle s'était un peu bavé dessus durant son sommeil 22
  • 23. et s'essuya d'un revers de manche. Il était midi et, à sa surprise, sa gueule de bois était passée plutôt bien. Elle n'avait pas la tête comme un tambour pour une fois. La première chose à laquelle elle pensa fut alors le rêve qu'elle venait de faire. En s'étirant de tout son corps comme un chat, elle s'exclama à voix haute pour elle- même : « Bon sang ! Voilà un rêve bien étrange ! » Pendant qu'elle s'étirait, sa main vient toucher quelque chose de froid et de métallique. Elle jeta un regard en direction de cet objet : c'était une épée. Cette épée... PEINTURES Psychose par Cylia Slamani Les hommes sont fragiles et doivent faire face a des tortures psychologiques. Parfois la résilience suffit à faire disparaître les maux pour un temps mais les mauvais souvenirs jonchent toujours le sol de notre inconscient et rejaillissent de temps à autre, nous plongeant dans d’intenses états de torture morale. 23
  • 24. Hydrangea flowers – or when you have to accept to say goodbye par Coline Lappeman Beautiful skies of storm See her coming With her heart pain-beating As she crosses the line Alone Of distorted worlds She has to go from the down She has to leave seeking for the up Her steps have been long and peaceful All her life All our lives The pure and hurt wrinkles of your voice Shatter our hearts in droplets Falling on the floor On the marble of your bed Hopeless tears in the rain Yet the sun never stop shining For you As the thousand flowers of your mind Gifted my soul of pure intentions And love And compassion We will achieve the step of acceptance of your reunion with the ghosts of our past existence. Les Amis par Jennifer Colin Tout débute par cet été Quand nos chemins se sont croisés De belles journées passées Jusqu’à ne plus se séparer Souvenez-vous ! Ces soirées marquées Des rires partagés On ne pouvait se laisser À présent, on grandit ensemble Avec un 11 qui se rassemble Comme une famille qui tremble Rien qu’une bande On partira Mais on se reverra Pour tous, on ne s’oubliera pas Ne vous inquiétez pas On se remerciera Soldat par Marie Barbé A ce moment-là, j’avais seize ans. Avant, j’avais des rêves plein la tête. J’avais tout tracé : mes amis, ma famille, la musique et l’armée. J’étais heureuse… Samedi 11 février 2012, à 13 heures 30 tout a basculé. Ma tête a pris feu. Ma vie, j’étais perdue… La souffrance, 15 jours dans le noir. J’étais en prison, je n’avais plus de mots. Pendant 5 mois, j’ai flotté sans l’air. Inconsciente de ce qui s’était passé. Et là… tout à coup, j’ai découvert l’horreur. Tous mes rêves étaient brisés. Mes ailes n’arrivaient plus à se rappeler comment voler. Alors mes racines m’ont tenue debout. Et à petits pas, les mots sont revenus m’apportant de la joie de vivre. J’ai volé à travers mon esprit. J’ai tracé ma route toute seule mais pas en solitaire. 24