❤️ #VACCINS #PLANTES
✅ Et si nous options pour un vaccin comestible contre la #Covid19 à base de plantes ?
⏩ Des projets mûrissent dans les entreprises d'agriculture moléculaires : Newcotiana, Pharma-Factory, etc.
🔊 L’agriculture moléculaire pourrait jouer un rôle important dans le dépistage massif de la Covid-19. Bon marché, simple à massifier, elle pourrait permettre un accès équitable à l'ensemble des régions du globe.
1. Courrier international — no 1560 du 24 au 30 septembre 2020
—Horizon Bruxelles
l’agriculture moléculaire
consiste à modifier géné-
tiquement des plantes
pour que, outre leurs consti-
tuants biochimiques habituels,
leurscellulesproduisentdesbio-
moléculesutilesàl’homme.L’idée
n’estpasnouvelle.Cettediscipline
est née en 1989, quand des cher-
cheurs ont manipulé des plants
de tabac afin qu’ils produisent
une protéine d’anticorps [à titre
expérimental].Dansladécennie
suivante,onabeaucoupcommu-
niqué autour de ces techniques.
L’une des premières idées était
qu’ellesallaientouvrirlavoieàdes
médicaments comestibles – des
bananes, parexemple,qui expri-
meraientunvaccindansleurscel-
lules. L’agriculture moléculaire
paraissait une idée révolution-
naire, qui permettrait de fournir
facilementdesmédicamentsbon
marchéàdesmillionsd’individus.
L’une des raisons pour les-
quelles la révolution a tardé à
venir,selonJulianMa,chercheurà
StGeorge,universitédeLondres,
estqu’ilpeutêtredifficiledemaî-
triserlesdosagesaveclesvaccins
comestibles :“Commentempêcher
quelqu’undemanger20 bananess’il
pensequec’estbonpoursasanté?Il
y a un moment où tout le monde a
sautédejoie,pourfinalements’aper-
cevoirqueleschosesneseraientpas
si simples.”
Les êtres vivants font appel à
des biomécanismes qui utilisent
les acides nucléiques comme un
mode d’emploi pour synthéti-
ser des protéines. L’agriculture
moléculaire détourne ces méca-
nismes et les amène à se servir
desinstructionsdesynthèsepour
produire de nouvelles protéines.
Mais certaines bactéries, ainsi
que des cellules de mammifères,
commecellesd’ovairesdehams-
tersdeChine(ditescellulesCHO),
peuventégalementlefaire.Defait,
lescellulesCHOsontlespluscou-
ramment utilisées.
Lesprotéinesmisesenculture
serventprincipalementàproduire
des médicaments, afin de traiter
des maladies comme le diabète
ou les troubles de la coagulation.
Lesméthodesdeculturesontplus
coûteusesetplusfastidieusesque
cellesdel’agriculturemoléculaire,
maislesprocessussontbienrodés
et ont été validés. L’agriculture
sCIenCes
Desvaccins
dansdesplantes?
Agriculture moléculaire. Àlafaveurdes
nouvellestechniquesgénétiques,laculture de plantes
capablesdeproduiredescomposéspharmaceutiques
prend unnouvelélan.
moléculaire n’en est pas encore
là, mais elle commence à rattra-
per son retard.
Il y a quelques années, Julian
Maamenéuneétudededémons-
trationdefaisabilitépourmontrer
qu’unanticorpspouvaitêtrepro-
duit dans des végétaux et isolé à
l’aidedetechniquesdeséparation
simples, mais aussi que les pro-
téinesobtenuespouvaientêtretout
aussipuresetdoncadaptéesàun
usage médical en toute sécurité.
Autre facteur [contribuant au
développement de l’agriculture
moléculaire] : l’essor d’une tech-
nologiedemodificationgénétique
appelée l’expression transitoire.
Cette technique consiste à faire
en sorte que les cellules expri-
menttemporairementunepartie
du génome. Et le plus beau, c’est
qu’elle est très facile à mettre en
œuvre avec les végétaux. Il suffit
de les plonger dans une solution
spéciale et de les laisser pousser.
Les équipements se multi-
plient. À Owensboro, la ferme
de Kentucky BioProcessing,
une entreprise établie de longue
date, a participé à la production
du cocktail d’anticorps ZMapp
pour soigner le virus Ebola lors
de l’épidémie de 2015. Une autre
grandeinstallationestencoursde
constructionauQuébec.LeBrésil
a également annoncé son inten-
tion d’en construire une.
C’est dans ce contexte que
DiegoOrzáez,del’Institutdebio-
logiemoléculaireetcellulairedes
végétaux à Valence, en Espagne,
dirigeleprojetNewcotiana.Avec
sonéquipe,ilstravaillentsurdeux
plantes très proches. Nicotiana
benthamiana,unevariéténaineet
plus fragile du tabac, est l’espèce
cultivéedanslaplupartdesfermes
moléculaires commerciales, car
elleesttrèsfacileàmodifiergéné-
tiquement. Nicotiana tabacum,
plus grande et plus résistante,
est cultivée à des fins commer-
cialesparlesgrandscigarettiers.
L’objectif est de tirer pleinement
parti des deux variétés.
DiegoOrzáezachoisiNicotiana
tabacumpouruneraisonparticu-
lière. Il explique qu’il existe en
Europe des communautés qui
cultiventtraditionnellementcette
plantepourenfairedescigarettes
maisquisontstigmatiséesàcause
decela.Et,àencroirelechercheur,
bonnombred’entreellesseraient
raviesqueleursculturesserventà
fairedesmédicamentsplutôtque
des cigarettes.
Leprojetprésenteuninconvé-
nient : au sein de l’Union euro-
péenne,laréglementationsurles
organismesgénétiquementmodi-
fiésinterditdecultiverdesplantes
génétiquementmodifiéesenexté-
rieur.DiegoOrzáezespèretoute-
foisconvaincrelesautorités.Bien
qu’officiellementclasséescomme
OGM, les plantes de son projet
ontétéproduitesgrâceàdestech-
niques “d’édition génétique” et
ellesnecontiennentpasdegènes
d’autres organismes, contraire-
ment à la plupart des OGM.
Enattendant,sonprojetdonne
des résultats encourageants. Il a
produit un cultivar de Nicotiana
tabacum qui ne fleurit pas, ce qui
signifiequ’ilnevapasrépandrede
grainesoudepollenetdevraitdonc
pouvoir être cultivé sans danger
travaillent déjà sur des vaccins.
Par exemple, Medicago, dont le
siègesocialestauQuébec,aréussi
à orienter les plantes vers la pro-
ductiondeprotéinesquipeuvent
êtreassembléesenuneparticule
semblable à un virus, qui res-
semble à l’enveloppe protéique
du virus Sars-CoV-2 [respon-
sable du Covid-19] sans rien à
l’intérieur. L’entreprise affirme
que les résultats de tests effec-
tués sur des souris ont provo-
qué la production d’anticorps et
elle prévoyait de commencer les
essais cliniques de phase I sur
l’homme cet été.
Diego Orzáez précise que son
équipe a elle aussi commencé
à travailler sur le Sars-CoV-2,
en modifiant certaines de ses
plantes pour qu’elles produisent
laprotéinespike(S)duvirus[qui
lui permet de pénétrer les cel-
luleshumainespourlesinfecter].
Cette protéine S est un réactif
important dans les tests séro-
logiques qui déterminent si une
personne [qui a été infectée par
le virus] a développé des anti-
corps. L’équipe doit encore s’as-
surerquelesprotéinesproduites
répondent aux critères de sécu-
rité – et, si c’est le cas, l’agricul-
ture moléculaire pourrait jouer
un rôle important dans le dépis-
tage massif du Covid-19.
L’intérêtdel’agriculturemolé-
culaire n’a pas changé depuis les
années1980 :elleestbonmarché,
sûreetpeutfacilementetrapide-
ment être développée à grande
échelle. Avec la pandémie de
Covid-19 et la course aux vac-
cins qui en découle, elle pourrait
être extrêmement intéressante
pour les régions les plus pauvres
du monde.
—Caleb Davies
Publié le 25 août
“Pour stocker un
vaccin, les graines
seraient parfaites.”
Julian Ma,
CherCheUr
à l’extérieur et, séparément, un
cultivar qui produit un composé
anti-inflammatoire. L’étape sui-
vante consiste à les combiner en
une seule lignée de plantes. Il dis-
poseégalementdeversionsamélio-
rées [par croisement] de
dans le cadre d’essais en plein
champ.
Dans tous les travaux de Diego
Orzáez, les protéines sont expri-
méesdanslesfeuilles.Maisilpour-
rait également être utile de les
exprimer dans d’autres parties de
laplante.“Pourstocker(unvaccin),
par exemple, les graines seraient par-
faites, explique Julian Ma. Ce sont
des organes naturels de stockage des
protéines, et elles sont d’une stabilité
incroyable. Vous pourriez avoir une
grange pleine de graines et les conser-
ver presque indéfiniment.”
Le chercheur londonien coor-
donne un projet appelé Pharma-
Factory,quidéveloppedenouvelles
plateformes agricoles, afin que
les protéines puissent être expri-
mées dans les feuilles, les graines
et les racines, mais aussi dans des
algues.Ceprojet estmisenœuvre
par cinq petites entreprises ; il est
prévude développerplusieurspro-
téines thérapeutiques – dont un
anticorps neutralisant le VIH – et
de faire aboutir le projet jusqu’à
leur commercialisation.
Qu’en est-il des
coronavirus ?
Plusieurs grandes entreprises
d'agriculturemoléculaire
Avec du tabac, faire
des médicaments
plutôt que
des cigarettes.