Captivé par l’évolution des mœurs de nos politiques en quête de l’Elysée, j’ai décidé de vous proposer un slideshare sous forme d’E-Book qui retrace l’épopée numérique des principaux partis depuis 2007 illustré par quelques comparaisons avec les Etats-Unis mais aussi des constats et une ouverture pour 2012.
Décryptage de la communication digitale d'Anne Hidalgo et de Nathalie Koscius...
Présidentielles de 2012: Pourquoi les réseaux sociaux vont-ils influer sur vos intentions de vote?
1.
2. [2007- 2008] Premiers pas des réseaux
sociaux à l’heure des présidentielles
Introduction
Avant de porter un regard sur l’optimisation numérique de nos
politiciens aux vues des présidentielles 2012, arrêtons-nous sur
l’exercice précédent de 2007. Aujourd’hui encore, on compare trop
facilement le travail effectué par les équipes web de Nicolas Sarkozy
en 2007 et de Barack Obama en 2008 et cela sans grande objectivité.
3. Obama, premier président 2.0
Certes, l’ex-sénateur doit beaucoup à Internet qui a joué un Encore plus incroyable, pour toucher les jeunes, les
rôle décisif en amont de son investiture à la Maison Blanche. communicants 2.0 ont également acheté de la publicité sur
Grâce au web, l’actuel président a pu lever des montagnes de XBox Live dans des jeux vidéo en ligne.
dollars (Il a récolté au total plus de 600 millions de dollars,
dont 90% par Internet) et tisser une toile impressionnante de C'est essentiellement via les réseaux sociaux que les 2 millions
micro réseaux sociaux à travers les États-Unis. de volontaires ont été recrutés aux Etats-Unis. Barack Obama
disposait alors d'une force de frappe impressionnante en
matière de collecte de fonds et d’un militantisme passé du
Il faut dire qu’il a su s’entourer de pointures, contrairement
virtuel au réel. Une révolution CRM au sein de la
à son concurrent John McCain alors âgé de 71 ans. Outre
communication politique misant avant tout sur des milliers de
Robert Gibbs directeur de campagne et fidèle d’Obama
petits donateurs plutôt que sur quelques personnalités au
depuis 2004, L'un des artisans de cette réussite « online »
portefeuille bien garni.
s’appelle Chris Hughes. Actuel CEO de Jumo, son nom ne
vous dit certainement rien pourtant, il fut choisi comme
A noter le soutien et l’investissement du milliardaire Warren
directeur médias sociaux du démocrate à seulement vingt-
Buffet, mais aussi de Richard Parsons, président de Time
cinq ans. Avec sa tête de surfer californien, ses mèches
Warner et Eric Schmidt, l’ex PDG de Google, consultés à
blondes et son visage de gamin, Chris Hughes est loin d’être
plusieurs reprises.
un novice puisqu’il fait partie des quatre co-fondateurs de
Facebook.
Ce dernier a orchestré la conception du site officiel de
Barack Obama (programme du candidat, Web TV,
storytelling, boutique) permettant de recruter de nouveaux
sympathisants, de collecter des fonds (Display) et de
remonter de l'information de la «base».
4. Les présidentielles de 2007 sous l’air de l’internet 1.0
Tous les partis en lice pour les présidentielles de 2007 ont
plus ou moins investi la toile, mais l'UMP a su conserver une
longueur d'avance. D’ailleurs Nicolas Sarkozy s'est empressé
de trouver une agence pour sa stratégie en ligne, dès son
élection à la tête du parti en novembre 2004. L’appel d'offres
fut remporté en 2005 par L' « Enchanteur des nouveaux
médias », une agence dirigée par Arnaud Dassier.
Seule « challenger online », Segolène Royale dont la
campagne numérique a été dirigée entre 2006 et 2007 par un
certain Benoît Thieulin, c’est également rapidement intégrée
sur la toile avec son site Desirdavenir.org. Pour revenir à
Benoît Thieulin, il s’agit d’un acteur du web alors membre du
« think-tank » Terra Nova et qui vous le verrez jouera un rôle
important lors de la campagne du PS pour les présidentielles
de 2012.
Courriels, bannières, sites, blogs, webfilms, podcasts... les
techniques exploitées pour occuper l'espace public « virtuel »
dans l’hexagone n’avaient pas de quoi pâlir face aux
investissements numériques outre-Atlantique. Pourtant un
des éléments de taille a fait la différence, il s’agit de la
politique de SMO (Social Media Optimisation), inexistante en
France jusqu’à l’élection de Sarkozy en 2007, alors que celle-ci
aura largement contribuée un an plus tard à l’émergence de
l’actuel président américain.
5. L’UMP en avance sur son temps
En visite en France au printemps 2007, des émissaires L’UMP a su s’entourer à l’époque de pointures comme Franck
Démocrates et Républicains, ont pu découvrir avec intérêt la Tapiro co-président de l’agence Hémisphère droit, François de
campagne numérique de Nicolas Sarkozy, à l’aube de son La Brosse ancien publicitaire initiateur de la NSTV, mais aussi
élection présidentielle. Il s’avère que la France a donné à Loic Le Meur actuel CEO de Seesmic et influent de la Silicon
Valley. Un casting de choix mais incomparable à celui réalisé
l’époque une véritable « e-leçon » aux politiques américains, par l’actuel président des Etats-Unis. Même constat sur le plan
à un an de leurs scrutins. financier. A titre de comparaison l'UMP a dépensé 600 000
euros sur le Web, sur plus de 20 millions d'euros de budget de
Cette visite trop souvent oubliée a pourtant été reprise campagne, c'est-à-dire environ 3 à 4 %. Obama aurait
outre-Atlantique dans des titres phares comme Adweek, qui accumulé 700 millions de dollars majoritairement constitués
de donations individuelles et aurait investi 16 millions sur
titrait en juin 2007 « Ce que les français nous ont appris ». Internet dont 7,5 millions chez Google ou encore 1.5 million
David Mercer, un des consultants démocrates, déclarait chez Yahoo et AOL.
même dans le Herald Tribune : « Je n'ai plus grand-chose à
faire, j'ai juste à copier». Quelque temps plus tard Clinton TV En bref, 2007 a été l’année de l’UMP tant sur le plan électoral
et Obama TV semblaient même inspirés de la NSTV, le que numérique. Outre son élection, le président Sarkozy a fait
bouquet de chaînes vidéo conçu pour Nicolas Sarkozy. Cette figure d’avant-gardiste face à ses concurrents, allant même
approche a séduit les américains ayant alors pris conscience jusqu’à inspirer les américains, qui n’ont pas tardé à s’imposer
que l’actuel président de la République était parvenue à dans le monde comme référents ultimes en termes de
s'imposer tel un média à part entière sur internet, où la communication politique 2.0. Une normalité aux vues des
moyens financiers investis et du poids des sociétés américaines
souplesse est plus grande que dans les médias classiques. issues des nouvelles technologies (Google, Facebook,
Microsoft...).
La France étant à l’époque championne du monde du Haut
Alors que le média internet occupe une place prépondérante
Débit, cela a certainement contribué à cette réussite dans le quotidien des français, comment les politiques ont-ils
hexagonale ou du moins à rassurer les politiques quant à évolué ces 4 dernières années ?
l’appropriation de ce nouveau média.
7. La France en phase de numérisation
La numérisation, l'accélération des temps médiatiques ont
bouleversé le rapport entre politiques et citoyens. Outre la
gestion de l’e-reputation de nos politiques, elle a surtout
permis d’ouvrir les débats à l’ensemble des français faisant
d’Internet le principal espace du débat public. Plutôt que de
considérer la toile comme une « poubelle à rumeur » il faut
plutôt y voir une formidable expérimentation de la discussion
démocratique, qui permettra à notre Nation de prendre des
décisions concertées, donc solidement établies.
L’instantanéité des nouveaux médias permet également de
lutter efficacement et en temps réel contre les bourdes ou
toutes sortes d’imprévus - chose impossible via les médias
traditionnels.
L'impact des réseaux sociaux, hermétique lors de la dernière
campagne pour la présidence, a depuis explosé. Twitter, le
site de microblogging très en vogue chez les journalistes, sur
lequel l'information circule en temps réel, sert de relais
d'influence. Facebook fort de ses 20 millions d'utilisateurs
actifs en France fait office d’outil de masse permettant de
toucher tout le monde en un temps record. Un argument de
choix face à l’autre média de masse, la télévision, où les
partis politiques rencontrent quelques contraintes comme la
réglementation au niveau de leur temps de parole.
8. L’heure du déclin pour les sondages « traditionnels » ?
Longtemps considérés comme indicateurs de vote, les De son côté Vote2012.fr mise sur Facebook pour définir
sondages ont toujours leurs importances pour guider les l’identité du futur président. Ce site établit un classement
électeurs dans leur choix. Malgré tout, les enquêtes quotidien, hebdomadaire et mensuel et permet d’accéder au
d’opinion semblent controversées notamment par les top des articles les plus signalés sur Facebook. Un outil
réseaux sociaux dont les prévisions et spéculations semblent
plus proches de la réalité. C’était le cas lors des primaires spéculatif utile pour mesurer l’impact de la communication
socialistes ou la montée en puissance d’Arnaud Montebourg numérique de chaque candidat. On peut également citer le
était évidente notamment sur Twitter, alors que les instituts Baromètre E-réputation Présidentielle 2012 qui mesure la
n’avaient pas pressenti la chose. présence et l’impact des principaux acteurs politiques sur les
médias sociaux dont Facebook, Twitter, Google+ et les
Face à ces sondages et en renfort d’outils traditionnels de plateformes de partage vidéo comme YouTube et DailyMotion.
SMO (Analytics, Tweedeck, Hootsuite, Xiti…), les équipes
numériques des candidats à l’Elysée disposent d’instruments Autant d’outils ombrageux pour les sondages et études dits
de mesure Adhoc. classiques, qui souffrent d’un manque d’instantanéité et de
crédibilité face à des logiciels informatiques de tracking
L'Institut TrendyBuzz par exemple évalue en temps réel personnalisables, servant de base solide chez l’électeur pour
l'Unité de Visibilité sur Internet (UVI) des personnalités conforter son intension de vote et d’outil de travail pour les
politiques. Cette UVI est calculée selon le nombre de communicants de nos politiques. « La décision de vote, comme
citations et l'influence des sources émettrices. Celles-ci sont la décision d’achat, s’est déplacée vers les nouveaux médias »
ensuite rapportées au volume de données indexées au cours déclarait dernièrement Benoît Thieulin.
d'une journée. L’idée étant d’identifier les stratégies de
communication des politiques en fonction des actualités et
de mesurer les clivages partisans sur ces sujets (chômage,
RSA, Règle d'or...). A noter que le TrendyPanel est composé
de 1 200 000 sources actives d'information, ventilées par
types (institutionnelles, médias, blogs, forums, réseaux
sociaux).
9. Politiques et Médias Sociaux
La « conversation » est donc l’axe central de cette nouvelle
campagne électorale. Ce qui nous amène à concentrer notre
attention sur l’optimisation médias sociaux des différents
politiques. Facebook, Google +, Twitter, Youtube, autant de
plateformes investies pour le meilleur et pour le pire…
« Out » en 2007, le Parti Socialiste semble renverser la
tendance au lendemain de la désignation de son
représentant pour 2012. Les récentes études menées autour
des primaires socialistes confortent le fait qu’il est essentiel
d’intégrer les médias sociaux au débat politique français.
Donnant successivement François Hollande ou Arnaud
Montebourg vainqueur des débats des primaires, les
infographies dont celle ci-jointe prouvent combien il est
devenu impossible de travailler sans les réseaux sociaux.
10. Twitter penche à Gauche
A l’aube des présidentielles de 2012, Twitter est A noter le poids de Benoit Hamon suivi par près de 71 600
certainement le réseau social le plus influent et qualitatif personnes. Son succès se résume à sa capacité à créer de la
grâce au feedback général qui en ressort. Ces chiffres sont conversation et cela en répondant aux messages qui lui sont
dus en grande partie à l’investissement des principaux adressés et en ne tombant pas dans l’auto promotion
protagonistes qu’ils soient politiques, militants, journalistes excessive.
etc. Quand un représentant de droite, de gauche ou même
du centre débat à la télévision c’est toute une armée de En toute transparence, celui-ci n’hésite pas d’ailleurs à signaler
partisans qui combattent dans l’ombre à coups de tweets quand ses tweets sont postés par des Community Managers.
pour imposer leur candidat et donc influencer les électeurs. Son usage naturel de Twitter est sa grande force qui le
différencie des autres politiques dont les usages du site de
microblogging se limitent à la simple « communication
Utilisé par une poignée d’entre eux, Twitter n’en reste pas
d’agenda ».
moins la référence lorsqu’il s’agit de prendre la température
en amont et en aval de chaque évènement politique. Il en va
Principal « challenger » et actuel parti présidentiel, l’UMP
de même lors de l’élaboration d’infographies et de sondages
semble à la traine sur un réseau social où ses acteurs majeurs,
qui ne sont que rarement basés sur des chiffres issus de
Alain Juppé (3500 followers), François Fillon (19 followers sans
Facebook ou Google +.
officialisation du compte) et Jean-François Copé ( 12 600) se
retrouvent dans une situation délicate, où leurs comptes
Premier constat sur le site de microblogging, les principaux respectifs - excepté celui de JF Copé – ne passionnent pas
acteurs du Parti Socialiste maîtrisent bien ce réseau social particulièrement les internautes.
avec un nombre de followers allant de 42 000 pour François
Holland, représentant du parti aux présidentielles à 8 700
pour Manuel Valls.
11. Twitter penche à Gauche
Le résultat est radical, puisqu’en recherchant leurs profils il Malgré tout, je pense qu’il faut relativiser sur l’omniprésence
s’avère que ceux-ci se retrouvent moins bien référencés sur du Parti Socialiste, étant donné qu’il n’y a pas pour le moment
les moteurs de recherches que des comptes parodiques de représentant officiel à l’UMP pour 2012 et que le plus
détournant leurs images. Il est d’ailleurs étonnant qu’aucune probable des candidats occupe actuellement ce poste qui ne
action n’ai été mise en place pour gommer cette lui permet pas d’investir la toile et de lancer sa campagne .
imperfection.
Il y a fort à parier qu’à l’annonce de sa candidature et à son
Même constat pour les comptes dédiés aux partis inscription officielle sur le site de microblogging, son nombre
politiques, où le PS (15 700 followers) s’impose avec un d’abonnés grimpera en flèche et se rapprochera de celui de son
nombre d’abonnés et un taux de feedback supérieur à celui concurrent Socialiste, François Hollande.
de l’UMP (9 800 ) qui devance également le Modem (3 100),
le Parti Communiste (1 200), les Verts inexistants en France A noter que Nicolas Sarkozy n’en reste pas moins la troisième
et le FN (2 600). personnalité politique la plus citée au mois de septembre sur
Twitter, une place devant François Hollande, selon le
Twittoscope.
Ce dernier qui jugeait sa présence insuffisante dans les
médias traditionnels a décidé avec beaucoup de maladresse
de recruter de nouveaux sympathisants sur les réseaux
sociaux dont Twitter. Peu à peu l’Extrême Droite a perdu le
contrôle des messages postés et des débats d’idées sur les
sujets les plus extrêmes…
12. Facebook résolument à Droite
Les français se trouvant massivement sur Facebook, il Depuis, le représentant de l’Etat figure régulièrement au cœur
paraissait logique que les politiques investissent ce réseau de l’actualité alors que de leur côté les principaux acteurs pour
social qui fédère dans l’hexagone 20 millions d’internautes. 2012 figuraient jusqu’à peu dans l’ombre de Ségolène Royale
pour l’un et de Jean-Marie Le Pen pour l’autre.
Après 7 ans d’existence, celui-ci a une telle pénétration dans
la société que l’on peut s’avancer sur le fait que le candidat Xavier Moisant assurait cet été sur Atlantico qu’ « en 2012, le
qui aura la page Facebook la plus puissante (nombre de fan candidat qui aura le plus de fans Facebook sera élu ». Une
et taux de feedback élevé) bénéficiera d’un avantage approche que je ne partage pas personnellement, car comme
technique. pour les marques, « liker » une page politique permet avant
tout de répondre à un besoin d’estime vis-à-vis de ses amis.
Inutile de se lancer dans une analyse pointue pour se rendre En effet devenir fans d’hommes et de femmes politiques
compte que les pratiques des candidats à l’Elysée sont toutes permet de dégager une image de personne actif à la fois
autres sur Facebook que sur Twitter. En effet l’actuel cultivée et impliquée. Un constat qui consolide le fait qu’une
président fédère une communauté de plus de 467 000 fans fois fan d’un politicien ou de son Parti, la majorité des
alors que ses concurrents sont à la traine. internautes ne suivent pas pour autant ses publications.
Marine Le Pen (23 000 fans) devance François Hollande En revanche pour revenir sur Twitter, l’internaute est certes
(20 000 fans) et François Bayrou (14 000). La domination de moins présent, mais on le sent davantage engagé et curieux.
l’actuel Président de la République est logique puisque le
réseau social de Marck Zuckerberg était déjà dans les plans Autre constat, avec près de 41 000 « fans », le mouvement de
de Loic Le Meur, en charge des médias sociaux et du blogging Marine Le Pen est le premier parti sur le réseau social, devant
pour le candidat Sarkozy en 2007. le PS (29 500 fans ), l’UMP (11 500 fans ) et le Modem (3 700
fans). Encore une fois les Verts sont très mal positionnés et ne
comptent que peu de fans.
13. Facebook résolument à Droite
Le réseau social apporte également son lot de problèmes
notamment à l’extrême droite qui doit lutter contre des
dizaines de faux profils de Marine Le Pen, à l'image de ce que
vie notamment l’UMP sur Twitter.
Un aléa que personne ne semble prendre en compte ou alors
avec impuissance, ce qui risque de leur faire perdre
beaucoup d'internautes noyés entre toutes sortes de faux
profils. Attention également aux chiffres, car la date de
création de la page fans Facebook d’un homme politique ou
de son parti a son importance quant à sa popularité sur le
réseau.
A noter que l’UMP est le Parti qui a le plus progressé ces
derniers mois.
14. Google + absent dans les plans de l’UMP
La présence des politiques est significative du manque Plus de 13 500 internautes ont rajouté François Hollande à des
d’intérêt du public pour ce réseau social pourtant plein cercles, 13 000 suivent Ségolène Royale et environ 12 000
d’avenir. D’ailleurs d’après les chiffres Nielsen-Mediamétrie, Martine Aubry.Près de 12 500 adeptes de Google + ont rajouté
l’audience de Google+ en France a dépassé celle de Twitter. François Bayrou tête d’affiche du Modem et seulement 250
Au mois de septembre Google + a enregistré 3,03 Millions de Marine Le Pen.
VU contre 2,98 Millions pour la plateforme Twitter. Seul
bémol, l’étude ne prend pas en compte l’utilisation mobile. Celle-ci a le mérite d’avoir investi le réseau social même si cela
Hors une grande partie de l’accès au site de microblogging se ne rentre pas dans le cadre d’une réelle stratégie de
fait depuis un terminal mobile à l’inverse du nouveau réseau communication. D’ailleurs son profil n’a pas été validé par
social. Google contrairement à celui des autres politiques. Fait
marquant, aucun protagoniste de l’UMP ne figure sur le réseau
Intégré à l’écosystème global de Google, on peut qualifier social. Un parti pris imposé par leurs communicants?
Google + d’ « Influencer on Search » étant donné que Dommage quand on connaît le potentiel et la visibilité offerte
chaque contenu que vos amis recommandent via le bouton par cette plateforme sociale.
+1 bénéficiera d’un meilleurs « ranking » et influencera
naturellement vos recherches par la suite sur le moteur de Malgré tout, à l’heure ou les pages de marques font irruptions
recherche. Autant une marque qui n’est pas présente les sur Google +, l’UMP semble reverser la tendance en s’imposant
médias sociaux rate de nombreuses opportunités, autant comme un précurseur. En effet, le partie de droite est le
une marque qui n’optimise pas sa présence sur Google est… premier à avoir lancé sa page officielle dès le 8 novembre
inexistante. 2011, jour d’inauguration de cette expansion du réseau social.
Cet outil devrait vite séduite l’ensemble des partis, grâce à sa
Les chiffres qui suivent ne font qu’annoncer l’avance du Parti notion de cercles qui permet d’adapter son message pour
Socialiste. En effet trois des principaux acteurs du Parti de chaque abonné. A noter que les pages Google+ remontent
Gauche y sont présent et bénéficie d’un feedback dans les résultats de recherche de Google si vous utilisez le « +
relativement fort. ».
15. Youtube plébiscité par la majorité des partis politiques
La vidéo, qui représente aujourd’hui 40% des données Etonnamment, c’est le Modem de François Bayrou qui se
véhiculées sur la toile, va exploser en terme du trafic généré démarque le mieux avec près de 445 000 visionnages de ses
dans un futur proche. D'après Laurant Blanchard de Cisco, vidéos et près de 115 000 contacts avec sa chaîne mise en ligne
d’ici 2015, ces données atteindront 90%. En sachant que en janvier 2007
Youtube est de loin la plateforme vidéo la plus fréquentée, il
serait dommage pour les candidats à l’Elysée de passer à Autre élément significatif, alors que le PS dénombre 70
côté d’un tel phénomène. abonnés sur sa chaîne, le Modem lui, en compte environ 250.
L’UMP occupe bien sûr la seconde place avec une chaîne
Le media social de Google a d’ailleurs lancé sa chaîne pour conçue en mars 2006 et qui compte à l’heure actuelle 120 000
les présidentielles de 2012. Lieu de débats entre candidats et visionnages de ses vidéos et une mention pour son habillage
internautes, « Youtube Election 2012 » propose à ces qui est le seul à inclure les boutons de ses profils Facebook
derniers d'interroger les personnalités politiques reçues Twitter et Flickr .
toutes les deux semaines par le CFJ et l'AFP. Avant chaque
entretien, ils pourront soumettre leurs questions par écrit ou Je ne reviendrais pas sur Flickr, réseau social en phase de déclin
par vidéo sur YouTube ou Twitter. Il leur sera ensuite proposé selon moi. Le PS, l’UMP et le Modem l’utilisent malgré tout
de voter pour les questions qu’ils préfèrent. avec intelligence en relayant de très belle photographies
prisent lors de débats et divers événements.
En mai 2011, le Parti socialiste était le premier à lancer une
campagne publicitaire de Pre-Roll sur You Tube, afin de
mobiliser les Français sur son projet pour l'élection
présidentielle de 2012. Malgré tout, le PS ne se retrouve qu’à
la troisième position en termes de trafic sur sa chaîne
Youtube, crée en mai 2006 avec un nombre de visionnage
global de ses vidéos avoisinant pour le moment 70 000 vues..
16. Tumblr confirme l’avance du Parti Socialiste
Tumblr fait office de source directe entre les politiciens et Excepté François Hollande dont le Tumblr n’est que faiblement
leur électorat. Malgré tout il reste méconnu en France et alimenté, les autres politiques à l’image de Nicolas Sarkozy,
génère seulement 2% du trafic dans le monde. Il a tout de Martine Aubry, François Bayrou, Jean-Luc Mélenchon ou
même l’avantage de réunir une communauté de gens assez encore Eva Joly se retrouvent à leur insu sur la plateforme. En
influents effet l’éditeur du site elus20.fr a conçu des Tumblr à leur nom
afin de les prévenir du risque qu’ils encourent à ne pas réserver
Il est intéressant de parler de ce site de microblogging, car ce leur nom sur tout réseau social.
type d’outil risque de se démocratiser dans les prochaines
années, où la photographie et la vidéo domineront les
usages « online ».
Pourtant d’origine Américaine, Tumblr a été rapidement
investi par le Parti Socialiste qui a même devancé Barack
Obama pourtant considéré comme référence numérique du
monde politique. En effet le démocrate a investi la
plateforme le lundi 24 octobre 2011 alors que le Tumblr
officiel du Parti Socialiste est accessible depuis le week-end
du premier tour des primaires citoyennes .
Le PS à d’ailleurs rapidement compris l’intérêt de Tumblr en
lançant un appel aux internautes à envoyer leurs photos des
bureaux de vote durant les primaires et donc de participer à
la campagne. Chaque utilisateur de Tumblr devient ainsi un
électeur potentiel.
17. Les Réseaux Sociaux Politiques essentiels à l’UMP
comme au PS
Epine dorsale de la campagne d’Obama en 2008, la plate- Proche de Loïc Le Meur il est reconnu pour son expertise e-
forme d’organisation et de mobilisation mybarackobama.com CRM, technologique et stratégique et a notamment orchestré
n’a pas laissé indifférent les communicants numériques du PS avec son agence Emanika le lancement mondial d'Internet
et de l’UMP. Ces deux partis comptent bien organiser leurs Explorer 9 et la réalisation de l'intranet mondial de L'Oréal
élections via les réseaux sociaux politiques ce qui permettra Corporate.
notamment de fluidifier et structurer les échanges à
l’intérieur des équipes de campagne. L’agence aura la tâche difficile de recruter et de fédérer des
soutiens à l'UMP et à son candidat potentiel en plus de la
En effet ces partis ont lancé dès 2010 leur propre plateforme refonte du site et de l’optimisation de la stratégie social media.
ouverte aux militants. A droite, Thierry Solère, alors chargé
de l'économie numérique à l'UMP, défendait le réseau social Le match des réseaux sociaux est donc favorable au Parti
«les créateurs de possibles» dont la fermeture en janvier Socialiste, qui à l’heure actuelle dispose d’une longueur
dernier a mis le parti, de Jean-François Copé, en grande d’avance due en partie à l’engouement médiatique autour de
difficulté et en retard à moins d'un an de la présidentielle. A ses primaires. Il y a fort à parier que dans les mois qui suivent,
gauche, Benoît Thieulin dont je vous parlais précédemment à l’UMP rattrapera son retard ce qui rendra les débats d’autant
jouer un rôle d’architecte du réseau social du PS baptisé la plus intéressant.
« Coopol ».
Cette plateforme permet donc au parti mené par François
Hollande de prendre une longueur d’avance une fois de plus
face à un parti majoritaire définitivement en difficulté. C’est
sans doute la raison pour laquelle l’agence Isobar a passé le
relais à l’agence Emakina dirigée par Manuel Diaz.
18. Les quelques erreurs à ne pas reproduire
Malgré cette prise en compte raisonnée des réseaux sociaux
à droite comme à gauche on ne maîtrise pas encore
totalement le canal numérique. Au PS malgré une
domination apparente, les boulettes se succèdent à
commencer par l’incompréhensible apparition d’une photo
de jeunes partisans de l’UMP en home page du site internet
du Parti. Celle-ci aurait été maladroitement récupérée sur un
moteur de recherche.
N’oublions pas non plus les déclarations de Martine Aubry
sur son désamour pour les réseaux sociaux ou encore le
manque d’anticipation des équipes d’Hollande ayant
engendré l’acquisition du nom de domaine hollande2012.fr
par un anonyme.
Enfin, la tête d’affiche du Parti Socialiste, s’est retrouvée au
cœur d’une polémique qui l’accusait de recourir a des
« Robots Humains » c'est-à-dire que ses équipes auraient
pris la main sur le compte Twitter de cobayes consentants,
pour faire ce que l’on appelle dans le jargon Twitter un « top
tweet ».
19. Constats pour l’année pré-électorale
En bref, nous sommes dans un cycle de « vraie fausse Ce qui fait la différence chez Obama, c’est sa vision à long
maturité » où les politiques, malgré une envie naissante terme sur la toile. Le président qui avait ouvert son site de
d’optimiser leur personal branding sur les réseaux sociaux, campagne vingt et un mois avant son élection est toujours en
n’ont toujours pas compris qu’il ne suffisait pas d’être contact avec ses électeurs et interagi avec ses followers
présent pour avoir la prétention de se qualifier de candidat contrairement aux politiques français qui peinent à convaincre
2.0. malgré des désirs d’avenir, mais des stratégies parfois trop
centrées sur les outils plutôt que les idées .
Ce qu’il manque à la majorité des protagonistes, c’est une
qualité à créer de la conversation et à impliquer l’internaute Les politiques sont de réelles marques, il est donc nécessaire
dans les débats et non de faire de l’auto promotion. Inutile quelles adoptent une vision à l’horizontale des médias sociaux
de se tourner vers les Etats-Unis pour trouver un modèle en adoptant une politique de Social ERM (Elector Relationship
puisque des politiques à l’image de Benoit Hamon sont Management).
plutôt bien aux faits des bonnes pratiques à appliquer sur les
réseaux sociaux. Il est rare de voir les principaux soutient des candidats –
hyperactifs en offline - persévérer de la sorte sur la toile, hors
c’est sur ce média que la différence se fera notamment chez les
François Bayrou de son côté, s’est même essayé au électeurs issus de la génération Y.
LiveTweet en répondant en direct aux interrogations de ses
followers. Malgré toutes les bonnes volontés, difficile de L’explosion du « newgaming » étant imminente, il semble
parler d’automatisme ce qui nous amène souvent à porter un judicieux de terminer ce constat en saluant l’avance prise par le
regard sur nos amis Démocrates, qui associent parfaitement Parti Socialiste sur un média qui commence à révolutionner le
logique CRM et Communautaire. marché du numérique.
20. Constats pour l’année pré-électorale
En effet, l’advergaming (jeu publicitaire) débute une
ascension fulgurante à l’image de ce que les réseaux sociaux
ont réalisé ces 5 dernières années. Le Parti a lancé en
partenariat avec Le Monde, un Advergame baptisé
« Primaires à Gauche ».
Celui-ci a permis à des milliers d’internautes de comprendre
plus en profondeur les aspects stratégiques de cette
campagne en s’immergeant dans la peau d’un candidat.
Il faut savoir que le taux de mémorisation d’un de ces jeux
vidéo avoisine les 86% selon diverses études, alors que celui
de la télévision ne dépasse pas les 15%. Divertir tout en
conservant l’attention du public, voilà les ingrédients du
prochain canal de communication que devront investir les
partis en routes pour la présidentielle, s’ils veulent fédérer
leurs électeurs potentiels et rendre accessibles les débats.
21. Conclusion
En conclusion, arrêtons de comparer la campagne
présidentielle de l’homme fort d’une nation comptant 208
millions de personnes susceptibles de voter à celle d’un Etat
recensant 43 millions d’électeurs potentiels ; du leader
mondial économique à la 9ème puissance mondiale ; d’un ex-
sénateur dont la campagne aura coûtée 700 millions de
dollars à un ex-ministre dont le budget avoisinait les 20
millions d’euros. Manuel Diaz déclarait très justement que
« Demain si Nicolas Sarkozy va chez Linkedin, on va lui
reprocher d'aller chez une boîte américaine pour sa
campagne ».
Le problème majeur ne vient pas des candidats mais des
acteurs économiques susceptibles de contribuer au
développement numérique de ces élections. La France et
l’Europe d’ailleurs, manque d’acteurs numériques majeurs
face à la puissance américaine soutenue par des players
comme Google, RIM ou encore Linkedin. L’Etat subit son
manque d’investissement dans l’industrie naissante de
services et technologies. Les candidats ont parfaitement Credit Photo:
compris l’enjeu d’optimiser leur présence sur les réseaux Owni/Google Images
sociaux, ils ne leur restent plus qu’à poursuivre leurs efforts
en adoptant les bonnes pratiques.