1. Sur la route…
de 2002 à 2012
By Virginie Klon (19.09.1974)
Jour 1 : Los Angeles
A peine sortie de l’avion, je respire ce grand air de liberté qui m’a tant manqué. J’inspire
plusieurs bouffées de cet air chaud et humide, à m’en gonfler les poumons au maximum.
Pourquoi donc le sol américain me fait cet effet-là ? Une sensation immense de retrouver
une terre de liberté et d’opportunités. Il se fait tard, nous venons d’atterrir et la nuit sombre
a déjà pointé son nez. Depuis l’avion, j’apercevais les lumières de L.A., ville du rêve et de la
réalité. Première pensée : prendre possession de la voiture de location, rejoindre l’Hacienda
Hotel, déposer les bagages et m’enfiler un Taco bell dont je salive depuis quelques heures
dans mes pensées. Taco Bell est une chaîne de fastfood aux allures mexicaines. J’opte pour
un Crunchy Taco Supreme rempli de bœuf, tomate, salade, cheddar et cette fameuse sour
cream dont seuls les américains ont le secret. Epuisée de ce long voyage, je m’enfonce dans
le King Size Bed de l’hôtel pour m’endormir sans attendre.
Jour 2 : Santa Barbara – San Simeon
D’inspiration latine, Santa Barbara est un lieu où il fait bon de flâner, tongs aux pieds et
sirotant un smoothie de fruits frais. Je longe Cabrillo Bld, bordée par un large trottoir entre la
plage, les palmiers et le boulevard bruyant. Je me fais happer par des sportifs en rollers,
parés de casque et genouillères, naviguant à pleine vitesse entre les passants. Les carrelages
colorés sur les façades des haciendas blanches aux toits orangés témoignent des origines
hispaniques de cette ville magnifique. J’aimerais m’éterniser ici. Un crochet par Hearst Castle
à San Simeon, sur les hauteurs de la baie, niché dans un écrin de verdure et fleurs plus vives
les unes que les autres, je suis éblouie par ce palais de style espagnol dans toute sa
grandeur. Ce festival de couleurs, des plafonds dorés, des carreaux céramiques d’un bleu
intense, des décors boisés où je côtoie, fumant le cigare, les célébrités – Winston Churchill
ou Charlie Chaplin - qui se sont assises sur cette même chaise.
Jour 3: San Simeon - Monterey - San Francisco
Aujourd’hui, j’ai enfilé ma jupe longue à volants, je veux m’imprégner du lieu, qui à ce qu’il
paraît, était un lieu hippie mythique. Un air de Jimi dans la tête, « Hey Joe » 1… étrangement,
je me sens légère, non pas par ce petit vin blanc fruité aux consonances françaises, issu des
vignes avoisinantes, dégusté lors du repas mais par l’atmosphère de cette petite ville. « Run,
run, Forrest », l’histoire se déroulait à Monterey. Ma culture cinématographique m’a imposé
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http://www.youtube.com/watch?v=hxd8tfPEDg0
2. ce détour par ce petit resto Bubba Gump sur Cannery Row. J’y ai mangé en compagnie de
Tom Hanks (et Zorro) de fabuleuses « Crispy and fried schrimps » (grosses crevettes frits).2
Ce périple ressemble plus à une découverte culinaire mais les sens de la bouche ne sont-ils
pas associés au visuel qui nous entoure ? Je retiens chaque ville par ces endroits si
particuliers, si gourmands à mes yeux.
Jour 4 : San Francisco
Encore une escale gustative: Ghirardelly chocolate. Il ne vaut peut-être pas autant que notre
bon chocolat belge mais l’endroit est incontournable à mes papilles. Situé non loin de
Fisherman’s Wharf, je suis obligée d’attendre patiemment pour qu’une petite table se libère
dans le café bondé. Dans l’attente, je me laisse envoûter par cette odeur de chocolat qui
plane tandis que j’admire la fabrication en temps réel du fondant. Je craque pour le Rocky
Road Sundae3, avant d’embarquer sur le bateau pour une visite d’Alcatraz. Le brouillard s’est
levé. Sur la baie de San Fran, j’admire cette incroyable vue du Golden Gate, tel un pont entre
ciel et terre…un pont entre liberté et captivité. Il paraîtrait, selon le guide, que seulement 5
prisonniers ont réussi à rejoindre l’autre rive à la nage. Les cellules sont exiguës, couvertes
de traces encore bien présentes d’hommes qui rêvaient, eux aussi, de liberté.
Jour 5: San Francisco - Yosemite National Park - Fresno
Direction Sierra Nevada. J’aurais bien troqué la nuit au Best Western contre une nuit sous
tente dans le parc national, cuisant des «s’mores » (marshmallows et chocolat fondus entre
deux biscuits) au-dessus d’un feu de bois. Je me sens ici toute petite au milieu de ces falaises
brutes, ces roches et pics immenses, entourées de chlorophylle renaissante, où la vie
reprend peu à peu son droit d’Etre, sur une partie de la forêt qui a été ravagée par les
flammes il y a quelques années. Sur la route vers le point culminant de la vallée, j’aperçois
de minuscules tâches humaines escalader El Capitan, ce granit de plus de 1000 mètres de
haut. L’immensité de la nature nous rappelle à l’essentiel. Ici, je ne suis plus que moi, par
rapport à moi seule. Mon esprit a laissé s’effiler tous les soucis, je ne peux qu’admirer, de
Glacier Point, la nature, Grande et Unique, qui s’offre à moi. J’aurais presque envie de m’y
perdre à jamais.
Jour 6: Fresno - Bakersfield - Las Vegas
Viva Las Vegas! Here we come! J’y retrouve Bruno. Nous nous étions unis, pour le meilleur et
pour le pire, à Little Chapel of the Flowers. Je voulais un mariage hors du commun (je vous -
et nous- rassure, Elvis n’était pas libre ce jour-là comme témoin). Nous nous étions promis
d’y revenir 10 ans plus tard pour renouveler nos vœux mais je crois que je n’aurais pas tenu
parole si je n’avais pas gagné ce concours. Je ressens la même ébullition du premier jour: ma
robe de mariage louée la veille chez Best Bridal & Tuxedos, la course-poursuite photos à
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http://www.bubbagump.com/assets/menus/monterey.pdf
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http://ghirardelli.com/sites/default/files/locationsevents/Ghirmenu_March2012.pdf
3. travers les hôtels de Las Vegas pour ne rien rater de ces endroits luxueux et démesurés.
Nous deux, seuls, amoureux, dans une chapelle issue des contes de fées. Le mariage avait
été retransmis sur Internet en direct pour notre famille. Pas de repas fastueux, juste un plat
nostalgique dans mon restaurant préféré, le Cheescake Factory avec plus de 40 sortes de
cheesecake différents, une petite faiblesse pour le Caramel Pecan Turtle Cheesecake.
Jour 7 : Las Vegas - Los Angeles
La nuit fut courte, nous avons parcouru le strip, cette grande artère qui traverse la ville où
sont alignés ces somptueux hôtels. J’ai apprécié les fééries aquatiques du Bellagio, sur une
musique de virtuose. J’ai voulu tenter ma chance en pariant quelques dollars au casino,
dans les machines à sous. Nous reprenons la route vers L.A. traversant ce no man’s land
désertique durant des centaines de km. Nous faisons une halte à Santa Monica, là où la
route 66 plonge dans l’océan. Notre cœur s’arrête de battre face à des « Indians »
authentiques, motos au mythe dépassant celui des Harley. Santa Monica est un lieu
éclectique, un repère d’artistes en tout genre. Je préfère me laisser toucher par ce « street
art », je visiterai le Paul Getty Museum en image. Que direz-vous d’un brunch ? Pancakes,
fruits, omelette dans un resto cosy (dont j’ai oublié le nom). Le ventre plein, je serai moins
tentée d’acheter du Prada sur Rodeo Drive, au risque de faire une indigestion financière.
Jour 8 : Los Angeles
Dernier jour à L.A. Je me suis crue dans un film tout au long de ce voyage, je me suis
imprégnée de ce rôle d’American way of life. Il serait inutile d’arrêter de sitôt ! L’histoire
continue de tourner jusqu’à la dernière seconde. Je me retrouve sur cette place avec un air
de « déjà vu » : il y avait une horloge à remonter le futur ? Cela vous dit quelque chose ? Le
train que j’emprunte pour visiter le parc est soudainement emporté par un torrent d’eau et
de boue dévalant la route, je m’accroche au bras de Bruno. Je passe devant la demeure de
Hitchcock alors que le requin carnivore des dents de la mer nous nargue au loin (il me
semblait plus effrayant cachée sous le coussin devant ma TV).
Dans le parc d’Universal Studios, hamburgers à volonté, je n’oserai terminer sur cette mal-
bouffe omniprésente. Je me suffis de délicieux Pretzels, chez AuntieAnne’s4 (ce sont les
meilleurs), ceux au cinnamon sugar et au garlic.
Jour 9 : Los Angeles International Airport. Retour au pays.
Ce n’est pas tant les paysages qui m’impressionnent dans mon moi intérieur mais plutôt
toutes ces odeurs, ces sensations (im)palpables qui me font rêver. Je pourrais vous en parler
pendant des heures, touchée par ce paysage unique, cette atmosphère du tout est possible.
J’inspire une dernière fois cet air chaud et humide pour qu’il s’engramme en moi. Entre
douleur de partir et joie d’avoir pu revenir, mes émotions se mélangent. Oscar Wilde ne
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http://www.auntieannes.com/
4. disait-il pas « l’émotion nous égare, c’est son principal mérite. » et quelle ironie que de citer
un irlandais pour terminer ce périple ! J’allais oublier ! Mon Starbucks Coffee5 avec un filet
de sirop aux noisettes et mon Chocolate chip cookie, avant de décoller.
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