1. Support de cours
UNIVERSITE HASSAN II – Mohammedia
Faculté des Lettres et des Sciences humaines – Mohammedia
Département de Philosophie, Sociologie et Psychologie
FILIERE DE SOCIOLOGIE Enseignante : Souad AZIZI
U.E. : LES GRANDS DOMAINES DE L’ANTHROPOLOGIE
Année : 2004-2005
LES GROUPES DE PARENTÉ
La filiation indifférenciée ou cognatique ne donne pas lieu à la formation de groupes de parenté
particuliers, basés sur des critères d’appartenance sélectifs comme c’est le cas dans les différents
systèmes à filiation unilinéaires.
Toutefois même dans les sociétés monogames ne faisant pas de différence entre la lignée agnatique
(filiation par les hommes) et la lignée utérine (filiation par les femmes), ego appartient au moins à
deux familles nucléaires dont il constitue le lien s’il s’agit de deux familles ne partageant avant le
mariage de ego aucun lien de parenté ou d’alliance. Les deux familles d’appartenance de ego da ce cas
de figure sont :
La famille nucléaire d’orientation : c’est-à-dire la famille où il/elle est né/e (son père, sa mère
et ses germains) ;
La famille nucléaire de procréation : c’est-à-dire la famille qu’il/elle a fondé en se mariant
(son époux/épouse et ses enfants).
Par contre, dans les sociétés qui pratiquent les différentes formes de filiation unilinéaire, en plus de ces
deux familles d’appartenance de base communes aux membres de toutes les sociétés humaines, ego
appartient à des groupes de parenté plus larges et composés de plusieurs générations. Ces groupes de
parenté sont par ordre de grandeur : le lignage, le clan, la phratrie et la moitié.
Le lignage
Dans ce premier groupe de parenté, tous les membres du groupe peuvent retracer leur filiation à un(e)
ancêtre commun(e), dont l’identité est connue. Si la parenté est transmise par la ligne utérine, on dira
qu’il s’agit d’un matrilignage et si la parenté est transmise par la ligne agnatique, on parlera de
patrilignage.
Le clan
Le clan est constitué de plusieurs matrilignages ou de plusieurs patrilignages, dont tous les membres se
disent apparentés à un(e) ancêtre unique. Mais cet(te) ancêtre est souvent mythique, car les membres
d’un clan ne peuvent définir avec précision leurs liens de parenté avec il/elle. Il peut également s’agir
d’un(e) ancêtre non humain(e), animal ou plante objet de respect et d’interdits. Dans ce cas on parle de
totem.
Totem : terme d’origine obijwa, langue d’un peuple amérindien de la région des Grands Lacs. Les Obijwas sont
organisés en clans patrilinéaires exogames. Chaque clan a pour éponyme un nom d’espèce animale : le clan de
l’ours, le clan de l’aigle, le clan du loup, etc.
- Le clan est souvent une unité exogamique, c’est-à-dire que ces membres doivent se marier avec des
personnes appartenant à d’autres clans.
- Il peut constituer une unité politique. La fédération de plusieurs clans donne une tribu comme chez
les Nuer du sud du Soudan.
- Le clan peut correspondre mais pas toujours à une unité territoriale. Les lignages appartenant à un
même clan peuvent très bien être disséminés sur des territoires différents. C’est le cas pour les Nuer
dont EE. Evans-Pritchard a analysé le système de parenté, le système politique et la religion dans des
ouvrages aujourd’hui devenus des classiques de l’anthropologie sociale. Par contre chez les
Filière de Sociologie / Les grands domaines de l’anthropologie / 3ème semestre // Enseignante : Souad AZIZI 1
2. Support de cours
Trobriandais qui ont été étudiés par Malinowski, le village est habité par plusieurs sous-clans. Les
premiers sont patrilinéaires, tandis que les seconds sont matrilinéaires.
La phratrie
La phratrie constitue un regroupement de plusieurs clans unilinéaires, dont les liens généalogiques ne
sont pas bien définis et dont l’ancêtre commun est aussi généralement une entité mythique.
La moitié
Dans certaines sociétés à filiation unilinéaire, l’ensemble des clans ou des phratries composant la
société se regroupent pour former deux sous-ensembles. La dite société est alors divisée en deux
moitiés.
On trouve ce type de groupe de parenté chez les Kariera, peuple aborigène d’Australie (occidentale).
Les Kariera sont des chasseurs-cueilleurs qui vivent en hordes (ou groupes locaux) d’une trentaine de
personnes environ. Leur système de filiation est patrilinéaire. Leurs groupes se subdivisent en deux
moitiés. Pour le mariage, les individus de la même génération de chacune des moitiés sont répartis
dans deux sections ou classes de mariage exogames :
La Moitié A est composée des sections Karimera (a) et Burung (b) ;
La Moitié B est composée des sections Palyeri (c) et Banaka (d).
Figure 1 : Moitiés et classes de mariage Kariera1
Première génération : Les hommes Karimera (a) de la moitié A doivent épouser les femmes Palyeri (c)
de la moitié B, et leurs enfants sont Burung (b) et appartiennent à la moitié A puisque le système de
filiation est patrilinéaire. Inversement, les hommes Palyeri (c) doivent épouser des femmes Karimera
(a) et leurs enfants sont Banaka (d) et appartiennent à la moitié B.
Deuxième génération : Les hommes Burung (b) épousent des femmes Banaka (d) et leurs enfants sont
Karimera (a) et appartiennent à la moitié A. Les hommes Banaka épousent des femmes Burung, leurs
enfants sont Palyeri et appartiennent à la moitié B. Et ainsi de suite.
1
Diagramme disponible en ligne sur le site de Reynier.
Filière de Sociologie / Les grands domaines de l’anthropologie / 3ème semestre // Enseignante : Souad AZIZI 2